2 Nous donnons ici en premier lieu les références au ms. A, édité par J. J. Salverda de Grave, Paris, Champion, 1925 et 1931, CFMA 44 et 62, et ensuite les références au ms. D, édité par A. Petit, Le Livre de Poche, Lettres Gothiques, Paris, 1997.
3 R. R. Bezzola, Les origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200), 3e partie, t. I, p. 273-74.
4 « … C’est dans son entourage, et sans doute pour répondre au goût personnel de cette fille d’Aquitaine connaissant le latin, qu’on trouve miraculeusement réunis entre 1150 et 1175 tous les grands auteurs influencés par Ovide… » : R. Lejeune, « Rôle littéraire d’Aliénor d’Aquitaine et de sa famille », Cultura Neolatina, XIV, 1954, p. 5-57.
5 J. Frappier, « Vues sur les conceptions courtoises dans les littératures d’oc et d’oïl au XIIe siècle », publié d’abord dans Cahiers de civilisation médiévale, 1959, p. 135-56 puis dans Amour courtois et Table Ronde, Droz, Genève, Publications Romanes et Françaises, CXXVI, 1973, p. 1-31. Ce qui concerne Ovide figure aux p. 21-23.
6 Op. cit., t. I, p. XXI.
7 Dictionnaire des Lettres Françaises, Le Moyen Âge, Paris, 1992, col. 406a.
8 Lire, écouter, récrire l’Énéide. Réceptions de l’épopée virgilienne du IXe au XIIe siècle, 1991, p. 183-85.
9 L’Eneas, une traduction au risque de l’invention, Champion, Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge 48, Paris, 1999, p. 301.
10 Nous utilisons ici l’édition Jacques Perret, Les Belles Lettres, Paris, t. I (livres I-IV), 1977, t. II (livres V-VIII), 1978, t. III (livres IX-XII), 1980.
11 Énéide VI, 764-65 ; VII, 52-58 ; 71-80, 267-70 ; 314, 359 ; XI, 479 ; XII, 17, 64-69, 80, 194, 605, 937.
12 « Le jeune homme qui tient cette lance à la main pour emblème quittera le premier ce séjour pour gagner l’air de là-haut ; te le donnera pour fils Lavine, la fille du roi Latinus, il naîtra dans une forêt et sera appelé Silvius : il sera chef suprême des rois et gouvernera l’empire d’Albe. »
13 « Lavine est tienne, je te l’accorde. »
14 Virgile, Énéide, t. III, p. 262.
15 « avec elle je t’abandonne toute la terre »
16 Comme le souligne C. Croizy-Naquet, d’après G. Duby, dans Thèbes, Troie, Carthage. Poétique de la ville dans le roman antique au XIIe siècle, Champion, Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge 30, Paris, 1994, p. 343.
17 Dans ses Recherches sur les sources latines des contes et romans courtois du Moyen Âge, Champion, Paris, 1913, p. 126.
18 Dans sa première édition du Roman d’Eneas, Eneas, texte critique, Niemeyer (Bibliotheca Normannica, IV), Halle, 1891, p. LIX.
19 Nous reprenons ci le terme employé par G. Genette dans Palimpsestes. La littérature au second degré, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1982, p. 393 sq.
20 « L’amour est-il donc une maladie ? – Non, mais il s’en faut de bien peu ; il vaut une fièvre quarte. Il est bien pire qu’une fièvre aiguë, pas de guérison si l’on n’en sue pas ; par amour il faut souvent suer, se glacer, frémir, trembler, soupirer et bâiller, perdre le boire et le manger, s’agiter et tressaillir, changer de couleur et pâlir, gémir, se plaindre, blêmir, être anxieux, sangloter, veiller, pleurer : voilà le lot habituel de qui aime sincèrement et vit sa passion. Tels sont amour et sa nature. Si tu désires t’en préoccuper, il te faudra souvent supporter ce que tu m’entends te conter et bien davantage. »
21 Voir A. Petit, « Dido dans le Roman d’Eneas », dans Réception et représentation de l’Antiquité, Bien dire et bien aprandre, 24, 2006, p. 121-140, p. 127-128.
22 Op. cit., p. 109-154. Voir aussi sur ce sujet A. Petit, « Aspects de l’influence d’Ovide sur les romans antiques du XIIe s. », dans R. Chevallier (dir.), Colloque « Présence d’Ovide », coll. Caesarodunum XVII bis, Les Belles Lettres, Paris, 1982, p. 219-240. Réédité dans Aux origines du roman. Le Roman de Thèbes, Champion, Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge 94, Paris, 2010 , p. 75-99.
23 « Aujourd’hui je l’aime, hier il était pour moi peu de chose. – Folle Lavine, qu’as-tu dit ? – Amour me torture pour lui. – Évite-le donc, fuis-le ! – Je ne puis en trouver la force dans mon cœur. – Tu étais pourtant hier farouche. – À présent Amour m’a toute domptée. – Tu t’en es bien mal préservée. – J’en faisais bien peu de cas ce matin, à présent il me met au supplice ; je ne vivrai pas longtemps ainsi. – Pourquoi t’arrêtas-tu ici ? – Pour regarder le Troyen. – Tu aurais bien pu t’en abstenir. – Pourquoi ? – Ce ne fut pas sagesse que de venir le voir ici. – J’en ai vu bien d’autres… »
24 Signalons (voir supra) ici l’importante influence d’un autre passage des Métamorphoses sur le Roman d’Eneas, et ensuite, sur le ms. P du Roman de Thèbes : c’est le début du livre VIII dans lequel Scylla, du haut de la tour d’Alcathoüs, remarque Minos, venu assiéger Mégare, et tombe amoureuse de lui (32-54). Voir sur ce point A. Petit, art. cit. [1982].
25 « Souvent me sera reproché d’avoir été la première à me déclarer, et il me tiendra pour impudente. »
26 E. Faral, op. cit. p. 126 sq. (c’est le premier point de la démonstration du fait que, pour cet épisode inédit des amours d’Eneas et de Lavine, le « trouveur français » a suivi Ovide « pas à pas »).
27 « je devrais détenir cette domination : il devrait me prier d’amour, me cajoler et m’entourer de soins. »
28 « la femme, par nature, est plus faible que l’homme pour supporter le mal ; elle ne peut maîtriser son cœur. La femme est trop hardie en amour, l’homme sait mieux cacher ses sentiments. »
29 « J’ai été, dit-elle, mal inspirée ! J’ai manqué de discernement, puisque mon ami n’a pas ma manche ; il frapperait bien mieux de sa lance ; ou bien, si je lui avais envoyé ma guimpe, il en aurait fait bon usage. Son épée trancherait beaucoup mieux aujourd’hui, et Turnus en aurait reçu un coup. Je m’en suis avisée trop tard : il aurait déjà dû recevoir de ma part un emblème à cette occasion ; mais s’il se soucie de mon amour, il me verra à la fenêtre et redoublera de hardiesse. »
30 « Amour m’a donné quatre mains. Amour, tu remplis l’homme de hardiesse, Amour, tu as tôt fait de l’instruire ! Amour, tu combles de vaillance ! Amour, tu donnes bien du cœur ! Amour, tu es d’une très grande force ! Amour, tu es d’une violence inflexible ! Amour, tu m’as bien vite vaincu… »
31 Dans One Heart One Mind: the Rebirth of Virgil’s Hero in Medieval French Romance, University of Mississippi, Romance Monographs, 1973, p. 213.
32 « Je lui ferai savoir en parfait ami dans quel tourment elle m’a plongé dans sa douce et oppressante prison… »
33 « À sa belle, tendre et noble main, cet petit anneau que je lui envoie, qu’elle veuille bien le porter pour l’amour de moi, comme témoignage éternel d’un amour parfait et toujours stable et d’un cœur amoureux et tendre. »
34 « en parfaite et loyale amoureuse fait à son tour présent à son amant d’un saphir et d’un diamant fixés sur de petits anneaux. »