2 Charles Perrault, Le siècle de Louis le Grand, J.-B. Coignard, Paris, 1687, p. 3.
3 Ibid.
4 Voir J. Fabre-Serris, « Les figures amoureuses dans les tragédies de Didon : étude de la réception du livre IV de l’Énéide aux XVIIe et XVIIIe siècles français », dans R. Martin (dir.), Énée et Didon : naissance, fonctionnement et survivance d’un mythe, Centre national de la recherche scientifique, 1990, p. 107-116.
5 Ibid., p. 112.
6 Marie-Jeanne L’Héritier, Les épîtres héroïques d’Ovide traduites en vers françois, Brunet et fils, Paris, 1732, p. IX.
7 Ibid. p XI.
8 Voir M.-Cl. Chatelain, Ovide Savant, Ovide Galant, H. Champion, Paris, 2005.
9 Ute Heidmann a montré, par une étude sur les différentes éditions des Histoires ou contes du temps passés avec des moralités, que Perrault modifie en 1697 son texte de 1695 en réponse aux Œuvres Meslées de 1696 de L’Héritier. Voir U. Heidmann et J.-M. Adam, Textualité et intertextualité des contes : Perrault, Apulée, La Fontaine, Lhéritier, Classiques Garnier, Paris, 2010, p. 69-80.
10 J’entends « matière épique » au sens large et restreint à la fois, à savoir tous les éléments qui relèvent du genre de l’épopée et les marqueurs textuels précis qui renvoient à l’Énéide de Virgile elle-même.
11 Pour l’étude de l’intertextualité entre le chant IV de l’Énéide et l’héroïde VII, voir, entre autres, T. Means, « A comparison of the treatment by Vergil and by Ovid of the Aeneas-Dido myth », Classical Weekly 23.6, 1929, p. 41-44, M. Desmond, « When Dido reads Vergil: Gender and intertextuality in Ovid’s Heroid 7 », Helios 20, 1993, p. 56-58, L. Piazzi, Heroidum epistula VII : Didon Aeneae, Mondadori Education, Firenze, 2007. Cette dernière évoque en particulier, dans l’introduction de son commentaire, l’« elegizzazione » de Virgile pratiquée par Ovide (p. 35-47).
12 Voir L. Timmermans, L’accès des femmes à la culture (1598-1715). Un débat d’idées de Saint-François de Sales à la Marquise de Lambert, H. Champion, Paris, 1993, p. 362-363 : « L’ignorance était la règle, la bienséance impose aux femmes de professer “une espèce d’ignorance volontaire”. Il n’y a donc guère de différences entre les connaissances dont les femmes ne doivent pas faire grand secret et celles qu’elles ne doivent jamais avouer ».
13 Th. Pavel, L’Art de l’éloignement. Essai sur l’imagination classique, Gallimard, Paris, 1996, p. 25.
14 Traduction personnelle.
15 Non, une déesse n’est pas ta mère et Dardanus n’est pas l’auteur de ta race, perfide ; mais du chaos de ces roches, le dur Caucase t’a engendré et les tigresses d’Hyrcanie t’ont donné leur lait (trad. J. Perret, CUF).
16 L. Piazzi, op. cit., p. 160.
17 A. Hardy, Didon se sacrifiant, J. Quesnel, 1603, p. 37 : « Non, Dardan ne fut onc de ton tige l’auteur, / Tu n’as d’une déesse infecté la gésine, / Ains conceu du Caucase, à ta bouche enfantine / Quelque trigresse aura ses mamelles presté ! »
18 Lefranc de Pompignan, Didon, Ghelen, Vienne, 1732, rééd. 1764, p. 47-48 : « Non, tu n’es point le sang des Héros ni des Dieux, / Au milieu des rochers tu reçus la naissance, / Un monstre des forêts élevé ton enfance, / Et tu n’as rien d’humain que l’art trop dangereux / De séduire une amante, et de trahir ses feux ».
19 J. Fabre-Serris, art. cit., p. 115.
20 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 98.
21 Pierre Deimier ainsi que Jean Barrin et Étienne d’Algay ont donné chacun une traduction des Héroïdes d’Ovide dans laquelle ils faisaient précéder chaque lettre d’un « Argument » présentant l’épisode mythologique abordé.
22 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 152.
23 Virgile, Énéide IV, 219-295.
24 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 97.
25 Dans ses traductions en vers, L’Héritier reproduit une pratique de la société galante qui consiste à développer quasi mathématiquement un distique en un quatrain. En développant un seul pentamètre en un quatrain, elle déroge à cette règle et nous invite à considérer l’importance de ce vers.
26 En fait, Ovide avait lui-même réduit à un vers ce qui, chez Virgile, se déployait sur plusieurs, au tout début du chant IV de l’Énéide (v. 3-5) . Marie-Jeanne L’Héritier semble de fait redéployer Ovide avec Virgile, mais en dépouillant Virgile – ou, en l’occurrence, Énée – de toute uirtus, pour ne garder que sa beauté (« image charmante »).
27 Énéide IV, 335, IV, 610, V, 3.
28 Ovide, Hér. VII, 1-2 (traduction personnelle).
29 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 95.
30 Ovide, Hér. VII, 101-102 (traduction personnelle).
31 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 103.
32 Ovide, Hér. VII, 193-194 (traduction personnelle).
33 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 111.
34 Voir à ce sujet L. Piazzi, op. cit., p. 223.
35 Ovide, Hér. VII, 191-192 (traduction personnelle).
36 Trad. J. Perret (CUF).
37 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 111.
38 U. Heidmann et J.-M. Adam, Textualité et intertextualité des contes : Perrault, Apulée, La Fontaine, Lhéritier…, Classiques Garnier, Paris, 2010, p. 131-132.
39 Selon Ute Heidmann, Charles Perrault répond, par un jeu complexe de renvois intertextuels à des textes anciens, à la Satire X contre les femmes de Nicolas Boileau et tend plus généralement à dénoncer la politique maritale de la société de l’Ancien Régime. La Barbe Bleue de Perrault reconfigure entre autres l’épopée de Virgile, auteur considéré par les Anciens comme modèle indépassable, dans le but de dénoncer une politique condamnée par les Modernes.
40 Ute Heidmann (op. cit., p. 130-139) montre comment Charles Perrault a opéré une reconfiguration du chant IV de l’Énéide. Elle rapproche notamment les personnages d’Énée et de Barbe-Bleue par la reprise de l’image du rocher : « Prié de repousser son départ pour l’Italie, Énée reste si imperturbable que le narrateur virgilien le compare à “un chêne robuste au cœur durci par les ans” qui “s’attache aux rochers” [Énéide IV, vers 441-445]. Perrault reprend l’image du rocher : “Elle aurait attendri un rocher, belle et affligée comme elle estoit ; mais la Barbe Bleue avoit le cœur plus dur qu’un rocher” ». (ibid., p. 133). De même, elle rapproche Anna, la sœur de Didon, d’Anne, la protagoniste du conte de Perrault par la mise en évidence de la reprise intertextuelle du vers 416 du chant IV, Anna, uides toto properari litore circum ? (« Anne, vois-tu comme ils s’empressent sur tout le rivage ? » ). « La célèbre question, en italiques dans le texte [de Perrault], “Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir” apparaît comme un calque de cet insistant Anna, uides » (ibid., p. 133-134).
41 La traduction des Héroïdes d’Ovide par L’Héritier a été publiée en 1732. Pourtant, étant donné la pratique éditoriale de la traductrice, il y a de fortes chances que cette œuvre soit bien antérieure à sa publication, que j’estime, pour ma part, dater des années 1710.
42 Marie-Jeanne L’Héritier, op. cit., p. 111.
43 Voir par ex. J.-M. Pelous, Amour précieux, Amour galant (1650-1675) – Essai sur la représentation de l’amour dans la littérature et la société mondaine, Klincksieck, Paris, 1976.
44 Marie-Jeanne L’Héritier, Le Triomphe de Madame Deshoulières, dans Œuvres Meslées, Brunet fils, Paris, 1696, p. 409.