2 Pétrone, Satiricon 118.
3 Sat. 39.3.4, ‘Sic notus Vlixes ?’ [= Virgile, Én. II, 44]. Quid ergo est ? Oportet etiam inter cenandum philologiam nosse, « “Est-ce là connaître Ulysse ?” Hé ! quoi donc ? Il faut même en dînant connaître sa littérature ». (Les traductions du Satiricon sont d’A. Ernout, Les Belles Lettres, 1990 ; celles des autres textes latins cités sont également empruntées à la Collection des Universités de France).
4 Sat. 68. Cf. Virgile, Én. V, 1.
5 Pour le rapport entre le roman pétronien et l’épopée virgilienne, voir surtout G. B. Conte, The Hidden Author. An Interpretation of Petronius’ Satyricon, University of California Press, Berkeley, Los Angeles, London 1996. Pour différentes approches et mises au point sur la question de la parodie de l’épopée et/ou le positionnement littéraire de Pétrone (en particulier par rapport aux théories et à la pratique poétique d’Eumolpe) voir E. Courtney, « Parody and Literary Allusion in Menippean Satire », Philologus 106, 1962, p. 86‑100 ; J. P. Sullivan, The Satyricon of Petronius: A Literary Study, London 1968 (« Criticism and Parody in the “Satyricon” », spéc. p. 158-193) ; P. G. Walsh, The Roman Novel, Cambridge 1970, spéc. p. 43-52 ; R. Beck, « Eumolpus poeta, Eumolpus fabulator: a study of characterisation in the Satyricon », Phoenix 33, 1979, p. 239-353 ; P. Soverini, « Il problema delle teorie retoriche e poetiche di Petronio », ANRW II, 32, 3, 1985, p. 1706-1779 ; M. Labate, « Eumolpo e gli altri, ovvero lo spazio della poesia », MD 34, 1995, p. 153-175 ; C. Panayokatis, « Petronius and the Roman Literary Tradition », dans J. Prag et I. Repath (dir.), Petronius. A Handbook, Blackwell, 2009, p. 48-64.
6 Ovide, Rem., 395-396. Voir supra p. 21.
7 Sur l’imitation de Virgile ici, voir R. B. Steele, « Literary adaptations and references in Petronius », The Classical Journal 15, 1920, p. 279-293 : p. 281 ; P. G. Walsh, op. cit., p. 37. L’influence de l’épisode de Céyx et Alcyone a été reconnue, déjà, par A. Collignon, Étude sur Pétrone, Paris 1892, p. 265-256. On notera entre autres la reprise de Mét. XI, 715-722 en Sat. 115 : Encolpe, rescapé du naufrage et découvrant le cadavre de Lychas, n’est plus seulement identifié à Céyx mais à Alcyone, lorsque celle-ci retrouve son époux mort (cf. par ex. les larmes versées par le narrateur du roman et l’héroïne ovidienne lorsque du rivage ils aperçoivent le corps d’un naufragé qu’ils croient inconnu : Mét. XI, 720, et tamquam ignoto lacrimam daret ~ Sat. 115.11, tamquam ignotum deflebam). Sur les liens intertextuels entre cet épisode pétronien et son (/ses) modèle(s) ovidien(s), voir M. Labate, « Il Cadavere di Lica. Modelli letterari e istanza narrativa nel Satyricon di Petronio », Taccuini 8, 1988, p. 83-89.
8 Cf. Sat. 114.8-9 et Ovide, Mét. XI, 539-546 vs Virgile, Én. I, 94-101.
9 J’emprunte l’adjectif à Stephen Hinds qui analyse ainsi la représentation biaisée de l’Art d’aimer comme un manuel érotique (au sens actuel) , telle qu’elle est construite dans l’épigramme XI, 104 de Martial (vers 13-14), l’« allusion tendancieuse » permettant à Martial de ne retenir du poème ovidien que la section consacrée aux positions sexuelles physiquement avantageuses (S. Hinds, Allusion and Intertext. Dynamics of appropriation in Roman poetry, Cambridge University Press, 1998, p. 129-135).
10 Cf. Sat. 126.2 et Ovide, A. A. III, 433-435 (en outre, le terme medicamen employé en Sat. 126.2 rappelle le titre du traité ovidien sur les cosmétiques).
11 Cf. par ex. le dégoût professé par Chrysis et par l’amant ovidien à l’idée d’embrasser des cicatrices dues aux coups de fouet : Sat. 126.10 et Ovide, Am. II, 7, 21-22.
12 Cf. Sat. 126.10, ego etiam si ancilla sum, numquam tamen nisi in equestribus sedeo, « mais moi, toute servante que je suis, je ne chevauche que des chevaliers » (trad. CUF modifiée) ~ Ovide, A.A. III, 777-778, Parua uehatur equo : quod erat longissima, numquam / Thebais Hectoreo nupta resedit equo, « la femme petite prendra la posture du cavalier ; comme elle était fort longue, jamais la Thébaine, l’épouse d’Hector, ne se mit sur son mari comme sur un cheval ». Il n’est pas insignifiant que ce soit là le distique d’Ovide qui, selon l’analyse de S. Hinds, permet à Martial de faire rétrospectivement d’Ovide le précurseur des poètes érotiques les plus licentieux (voir supra n. 8, et op. cit., p. 130 sq.).
13 Voir A. Collignon, op. cit., p. 263 ; n. 1 p. 263-264 ; E. Courtney, « Parody and Literary Allusion… », art. cit., p. 99 ; P. G. Walsh, op. cit., p. 42 ; M. Pacchieni, « Nota petroniana. L’episodio di Circe e Polieno (capp. 126-131 ; 134) », BstudLat 6, 1976, p. 79-90 : p. 86-87 ; R. Dimundo, « Presenze elegiache nel Satyricon », dans L. Castagna et E. Lefèvre (dir.), Studien zur Petron und seiner Rezeption. Studi su Petronio e sulla sua fortuna, W. de Gruyter, Berlin-New York, 2007, p. 183-195 : p. 186-191. À ces études, il faut ajouter désormais celle de Judith Hallett qui fait le bilan des emprunts et des allusions manifestes de Pétrone au texte d’Amours III, 7, mais considère aussi la différence de traitement entre l’impuissance d’Encolpe et celle de son modèle élégiaque : J. P. Hallett, « Anxiety and Influence: Ovid’s Amores 3.7 and Encolpius’ Impotence in Satyricon 126 ff », dans M. Futre-Pinheiro, M. Skinner et F. Zeitlin (dir.), Narrating Desire: Eros, Sex and Gender in the Ancient Novel, W. de Gruyter, Berlin-Boston, 2012, p. 209-220.
14 Cf. par ex. Sat. 139.2 (grauis ira Priapi) ~ Virgile, Én. V, 781 (Iunonis grauis ira). Voir G. B. Conte, op. cit., p. 95, n. 23.
15 Sat. 132.11.
16 Il a été noté, par exemple, que les questions rhétoriques qui ouvrent le texte ovidien pour rappeler la beauté de celle qui n’a pas pu susciter l’ardeur de son partenaire (Ovide, Am. III, 7, 1-2, At non formosa est, at non bene culta puella, / at, puto, non uotis saepe petita meis !, « Elle n’est donc pas belle cette femme, elle n’est donc pas élégante, elle n’a donc pas été assez longtemps l’objet de mes vœux ? ») sont reprises et dupliquées par Circé offensée de subir le même affont… : cf. Sat. 128.3, Numquid indecens sum ? Numquid incompta ? numquid ab aliquo naturali uitio formam meam excaeco ? « Suis-je donc si laide ? Suis-je mal mise ? Quelque défaut naturel vient-il faire ombrage à ma beauté ? », et 128.1 (où à la reprise de la structure anaphorique ternaire s’ajoute celle de la forme puto), Numquid te osculum meum offendit ? Numquid spiritus ieiunio marcet ? Numquid alarum negligens sudor ? Puto, si haec non sunt, numquid Gitona times ?, « Mon baiser, par hasard, te dégoûterait-il ? Ai-je, pour te choquer, l’haleine aigrie par le jeûne ? Ou quelque relent de sueur malpropre sous les aisselles ? Et s’il n’en est rien, c’est Giton, je pense qui te fait peur ? ».
17 Cf. par ex. Sat. 128, ueneficio contactus sum, « je suis victime d’un sortilège » ~ Ovide, Am. III, 7, 27 (ueneno) et, surtout, v. 79 où l’amant ovidien mentionne l’empoisonneuse d’Éa (Aeaea uenefica), c’est-à-dire Circé – le souvenir intertextuel du passage ovidien rendant ironique l’excuse alléguée par Encolpe à l’homonyme de la magicienne.
18 Ovide, Am. III, 7, 69, quin istic pudibunda iaces, pars pessima nostri ? « que ne restes-tu engourdie de honte, partie la plus vile de moi-même ? » ; cf. Sat. 132.9-12.
19 Cf. Sat. 132.10 et Ovide, Am. III, 7, 17-20.
20 Sat. 132.11.
21 Voir Virgile, Én. IX, 435-437 qui évoque le cou ployé d’Euryale mort « comme une fleur de pourpre tranché par la charrue languit mourante ; comme les pavots, leur cou lassé, ont incliné la tête quand la pluie les appesantit », purpureus ueluti cum flos succisus aratro / languescit moriens lassoue papauera collo / demisere caput pluuia cum forte grauantur.
22 Sat. 132.8.
23 Virgile, Én. II, 792-794 = VI, 700-702.
24 Voir par ex. Virgile, Én. II, 772, ipsius umbra Creusae.
25 Ovide, Am. III, 7, 16, et non exactum, corpus an umbra forem, « et l’on pouvait douter si j’étais un corps ou une ombre ». À l’appui de l’hypothèse d’une utilisation par Pétrone de ce vers ovidien comme source du jeu qu’il pratique sur le modèle virgilien, on peut relever la présence, dans le même contexte, d’une formule semblable par la syntaxe comme par le sens (Sat. 128.5 : interrogare animum meum coepi, an uera uoluptate fraudatus essem… : « je me demandais en conscience si c’était bien d’un plaisir réel que j’avais été sevré »).
26 Virgile, Én. II, 479, cf. aussi Én. XI, 651, nunc ualidam dextra rapit indefessa bipennem, « tantôt, infatigable, elle saisit en poing la puissante bipenne ». Plus largement, sur les formulations virgiliennes insérées dans ce poème sotadéen, voir M. Bettini, « A proposito dei versi sotadei, greci e romani : con alcuni capitoli di “analisi metrica lineare” », MD 9, 1982, p. 59-105 : p. 85-86.
27 Voir par ex. J. N. Adams, The latin sexual vocabulary, Duckworth, London, 1982, p. 21.
28 Sat. 130.4.
29 Voir Ovide, Am. I, 9 passim, et (pour la métaphore des armes) v. 25, (amantes) sua… arma mouent, « [les amants] font usage de leurs armes à eux ».
30 Ovide, Am. III, 7, 71, per te deprensus inermis, « tu me laisses surprendre sans armes ».
31 Ovide, Trist. II, 533-534.
32 Sat. 118.5.
33 Sat. 2.2, Leuibus enim atque inanibus sonis ludibria quaedam excitando, effecistis ut corpus orationis enerueretur et caderet, « En le réduisant à une musique vaine et creuse, à des jeux de mots ridicules, vous avez fait du discours un corps sans force et sans vie ».
34 Sat. 2.8, Ac ne carmen quidem sani coloris enituit, sed omnia quasi eodem cibo pasta non potuerunt usque ad senectutem canescere, « La poésie elle-même a perdu son éclat, son bel air de santé ; et de toutes les productions de cet art, qu’on dirait nourries au même régime, aucune n’a pu atteindre aux cheveux blancs de la vieillesse ». Cf. le régime amaigrissant prodigué par Euripide à la muse tragique, dans les Grenouilles (Aristophane, Grenouilles 939-944) , modèle du prologue des Aitia et de la λεπταλέη μοῦσα de Callimaque.
35 Sat 2.9, Aegyptorum audacia tam magnae artis compendiarum inuenit, « l’impudente Égypte a osé réduire en abrégé les règles de ce grand art ».
36 Voir notamment A. Collignon, op. cit., p. 262-263 ; I. M. Garrrido, « Notes on Petronius’ Satyricon 135 », CR 44, 1930 ; E. Courtney, « Parody and Literary allusion… », art. cit., p. 100. En outre, ce jeu de filiation textuelle qui unit le texte de Callimaque, celui d’Ovide et celui de Pétrone qui les parodie tous deux, est conforté par la présence d’un autre texte de Callimaque – le séjour d’Héraclès chez Molorchos décrit dans les Aitia – comme modèle de l’épisode ovidien lui-même repris dans le Satiricon : cf. par ex. Callimaque, Aitia III, fr. 54c Harder, v. 2, δίκρον φιτρὸν ἀειραμένη, « elle, soulevant une fourche de bois » ~ Ovide, Mét. VIII, 647, furca leuat illa…, « elle, grâce à une fourche, elle souleva… » ~ Sat. 135.4, detulit furca : « avec une fourche, elle enlève… ».
37 Sat. 135.8, v. 15-16, Qualis in Actaea quondam fuit hospita terra, / digna sacris Hecales…, « Telle jadis sur la terre attique fut l’hôtesse qui reçut Thésée, Hécalé, qui mérita d’être honorée parmi les dieux ». En outre, ce vers rappelle le premier vers de l’Hécalé (fr. 1 H : Ἀκταίη τις ἔναιεν Ἐρεχθέος ἔν ποτε γουνῷ…, « Une femme d’Acté, jadis, séjournait sur la colline d’Érechthée »), tandis que le terme hospita reprend l’adjectif callimachéen φιλόξεινος, et que l’expression digna sacris rappelle les cérémonies annuelles instituées par Thésée en l’honneur d’Hécalé dans le texte de Callimaque (voir E. Courtney, The poems of Petronius, Atlanta, Georgia, 1991, p. 41). D’autre part, la suite du poème pétronien, fort corrompue, pourrait comporter le nom même de Callimaque, si l’on accepte la reconstitution proposée par Müller pour la fin du v. 16 et le v. 17 : … quam Musa loquentibus aeuis / Battiadae uatis miranda tradidit arte (K. Müller, Satyrica : Schelmengeschichten3, Munich, 1983).
38 Pour diverses interprétations de cet écart entre la réalité sordide décrite en prose et la vision idéalisée que transmettent les vers, voir R. Beck, « Some Observations on the Narrative Technique of Petronius », Phoenix 27, 1973, p. 42-61 : p. 48 sq. ; E. Courtney, A Companion to Petronius, Oxford 2001, p. 202-204.
39 Sat. 135.7.
40 Il est intéressant, dans notre perspective, de rappeler l’argument de Müller, en faveur de sa reconstitution miranda… arte, selon lequel Pétrone aurait repris ici la vision de Callimaque donnée précisément, par Ovide lui-même en Am. I, 15, 13-14 : Battiades… arte ualet.
41 Sat. 31.
42 Posidippe de Pella, P. Mil. Vogl. VIII, 309, col. X, 16-25 = 63 A.-B., v. 2.
43 Horace, Art Poétique 32-33 ; 292-294.
44 Perse, Satires, I, 63-65 : … carmina molli / nunc demum numero fluere, ut per leue seueros / effundat iunctura ungues, « aujourd’hui seulement les poèmes coulent d’un rythme moelleux, de sorte que les joints laissent courir sur une surface lisse des ongles exigeants ».
45 Sat. 68.
46 Le rossignol était, semble-t-il, convoqué dans le prologue des Aitia comme image de la poésie de Callimaque (Callimaque, Aitia I, fr. 1, 16 : ἀ[ηδονίδες] δ’ ὧδε μελιχρ[ό]τεραι, « (les rossignols) sont plus doux ainsi »). Cette image du chant du rossignol, reprise par Catulle comme comparant d’une poétique néo-alexandrine (voir le poème 65, v. 12-14, qui annonce précisément la traduction de la Coma Berenices qu’est le poème 66), est consacrée par Ovide, notamment dans l’élégie d’Am. III, 1, 4 (sur le chant du rossignol, l’élégie et le modèle de Callimaque chez Ovide, voir R. Hunter, The Shadow of Callimachus. Studies in the reception of Hellenistic poetry at Rome, Cambridge University Press, Cambridge, 2006, p. 30).
47 Sat. 108.13.
48 Virgile, Én. VIII, 114-116 : « Qui genus, unde domo ? pacemne huc fertis an arma ? » / Tum pater Aeneas puppi sic fatur ab alta / Paciferaeque manu ramum praetendit oliuae, « “Quelle est votre race, votre patrie ? Apportez-vous ici la paix ou la guerre ?”. Alors du haut de sa poupe, le vénérable Énée, de la main, tend un rameau d’olivier en gage de paix, et dit… »
49 Sat. 108.14, v. 1-3 (traduction de la CUF, légèrement modifiée).
50 Virgile, Én. V, 670-673 : Quis furor iste nouus ? Quo nunc, quo tenditis, inquit, / heu miserae ciues ? Non hostem inimicaque castra / Argiuum, uestras spes uritis. En, ego uester / Ascanius !, « Quelle étrange fureur est la vôtre, s’écrit-il ? ; où courez-vous ? Que prétendez-vous ? Hélas ! Malheureuses concitoyennes ! Ce n’est pas l’ennemi, ce n’est pas le camp détesté des Argiens, ce sont vos espérances que vous brûlez ! Me voici, moi, votre Ascagne ! ».
51 A. Setaioli, « Cinque poesie petroniane », Prometheus 24, 1988, p. 217-242 : p. 230.
52 Sat. 109.6-7.
53 Sat. 109.9.
54 Sat. 109.8.
55 Perse, Sat. I, 51-52 : siqua elegidia crudi / dictarunt proceres, « les petites élégies qu’ont dicté les grands seigneurs avant digestion ».
56 Perse, Sat. I, 93-102 : ‘Claudere sic uersum didici : Berecynthius Attis / Et : qui caeruleum dirimebat Nerea delphin / sic : costam longo subduximus Appennino. / Arma uirum, nonne hoc spumosum et cortice pingui, / ut ramale uetus uegrandi subere coctum ?’ Quidnam igitur tenerum et laxa ceruice legendum ? ‘Torua Mimalloneis implerunt cornua bombis / et raptum uitulo caput ablatura superbo / Bassaris et lyncem Maenas flexura corymbi / Euhion ingeminat ; reparabilis adsonat echo’, « “j’ai appris à clore un vers comme ceci : Attis de Berecynte et : Le dauphin qui fendait l’azur de Nérée ; comme ceci : Nous avons enlevé une côte du long Appenin. Arma uirum, n’est-ce pas quelque chose de mousseux, à l’écorce épaisse, comme une vieille ramure desséchée par le développement anormal du liège ?”. Quel est donc le morceau délicat, celui qu’il faut lire sans raidir la nuque ? “Ils ont empli les trompes farouches des ronflements des Mimallones et la Bassaride, qui emportera la tête arrachée au veau superbe, la Ménade, qui dirigera le lynx avec des guirlandes de lierre, répètent Euhion ; l’écho sonore leur répond.” ». Dans les vers « délicats » qui encadrent la critique des mots arma uirum par ce détracteur de Virgile, on pourra souligner, par exemple, que la iunctura Berecynthius Attis (v. 93) associe deux fins de vers ovidiennes (Mét. X, 104, Cybeleius Attis et Mét. XI, 106, Berecynthius heros), tandis que reparabilis adsonat echo (v. 102) juxtapose à une fin de vers ovidienne (Mét. III, 507, adsonat echo) l’adjectif reparabilis qui ne se trouve, avant cet emploi chez Perse, que chez Ovide. Pour l’ensemble de ces emprunts, voir R. A. Harvey, A Commentary on Persius, Brill, Leiden, 1981, p. 43 sq.
57 Pour l’étude de l’elegidarion d’Eumolpe en ce sens, voir F. Klein, « Les bouclettes d’Encolpe (Sat. 109.9) : une critique pétronienne du néo-alexandrinisme ovidien ? », Eugesta 2, 2012, p. 241-262 = http://eugesta.recherche.univ-lille3.fr/revue/pdf/2012/Klein-2_2012.pdf.
58 Ovide, Am. I, 14, 31. A. Collignon mentionnait cet écho dans la liste des « réminiscences ovidiennes » qui lui paraissaient les plus signifiantes : voir A. Collignon, op. cit., p. 265.
59 Ibid., v. 35, Quid male dispositos quereris periisse capillos, « pourquoi te plaindre d’avoir perdu une coiffure que tu trouvais mal disposée ? ».
60 Pour ces rapprochements et/ou d’autres, voir notamment P. Habermehl, Petronius, Satyrica 79-141. Ein philologisch-literarischer Kommentar. 1. Sat. 79-110, Berlin, New York, 2006, p. 469-479 ; G. Vannini, Petronii Arbitri « Satyricon » 100-115. Edizione critica e commento, Berlin, New York, 2010, p. 220-227.
61 Sat. 107.15, cui deo crinem uouisti ? « à quel dieu as-tu voué ta crinière ? ».
62 Callimaque, Aitia IV, fr. 110 Harder, v. 50, ἄρτι [ν]εότμητόν με κόμαι ποθέεσκον ἀδε[λφεαί, « les boucles, mes sœurs, me pleuraient, moi qui venais d’être coupé » .
63 Ibid., v. 74-75, οὐ τάδε μοι τοσσήνδε φέρει χάριν ὅσ[σ]ον ἐκείνης | ἀ]σχάλλω κορυφῆς οὐκέτι θιξόμεν[ος, « la joie que cela m’apporte est moindre que la tristesse de ne plus toucher cette tête ».
64 Sat. 109.9, v. 3-4, nunc umbra nudata sua iam tempora maerent, / aeraque attritis ridet adusta pilis, « maintenant, dénudés de leur ombrage, nos fronts sont en deuil ; et nos crânes tondus, brûlés par le soleil, semblent tout joyeux de cette calvitie ».
65 Ovide, Am. I, 14, 35-36, Quid male dispositos quereris periisse capillos ? / Quid speculum maesta ponis, inepta, manu ?, « Pourquoi te plains-tu qu’aient péri des cheveux que tu trouvais mal disposés ? / Pourquoi, sotte, déposes-tu ton miroir d’une main affligée ? ».
66 Ovide, Am. I, 14, 5 (erant tenues) ; 23 (cum gracilis essent).
67 Ibid., v. 7-8, pede quod gracili deducit aranea filum, / cum leue deserta sub trabe nectit opus, (les cheveux étaient semblables au) « fil que, de sa patte grêle, étire l’araignée, lorsque, sous les combles déserts, elle trame sa toile légère ». Sur ce passage, et le leue opus arachnéen comme image de la poétique callimachéenne de la λεπτότης revendiquée par Ovide, voir F. Klein, La leuitas dans l’œuvre ovidienne. Étude d’une catégorie poétique dans le système littéraire de la Rome augustéenne, thèse de doctorat, Lille 3, 2008.
68 Voir F. Klein, « Les bouclettes d’Encolpe… », art. cit., pour le détail de la démonstration.
69 Voir Sat. 3.4 ; cf. Platon, Sophiste 218e sq. pour la longue comparaison entre le sophiste et le pêcheur à la ligne.
70 Cicéron, Orator 84, … ne elaborata concinnitas et quoddam aucupium delectationis manifesto deprehensum appareat, « il ne faut pas que la recherche élaborée d’harmonie et, pour ainsi dire, des procédés d’oiseleur mis en œuvre pour plaire se laissent voir ouvertement ».
71 Sat. 109.7.
72 Ibid.