1 Cf. également Xénophane, fr. 24 et 34 DK ; Parménide, fr. 6, 6-9 DK. Sauf indication contraire, les traductions sont les nôtres.
2 Cf. le célèbre incipit de la Métaphysique d’Aristote (980 a 21-25). Sur l’évolution du motif, cf. W. Deonna, Le Symbolisme de l’œil, Paris, de Boccard, 1965. Pour une approche anthropologique, voir D. Le Breton, La Saveur du monde. Une anthropologie des sens, Paris, Métailié, coll. « Traversées », 2006, p. 61-111.
3 Cf. par exemple Antiphon, fr. 36 Thal. et le traité hippocratique De l’art, 2, 1 avec le commentaire de J. Jouanna, Hippocrate. Tome V, Première partie. Des vents. De l’art, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 1988, p. 178-179.
4 Voir notamment G. Schepens, L’« Autopsie » dans la méthode des historiens grecs du ve siècle avant J.-C., Bruxelles, Palais des Académies, 1980. Cf. aussi G. Nenci, « Il motivo dell’autopsia nella storiografia greca », SCO, 3, 1953, p. 14-46 et F. Hartog, Le Miroir d’Hérodote. Essai sur la représentation de l’autre, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 1980, p. 271-316.
5 Cf. aussi 2, 29 ; 2, 156 ; 4, 16.
6 Sur le rapport ente ἵστωρ, ἱστορία et ἰδεῖν cf. É. Benveniste, Vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, Minuit, coll. « Le sens commun », 1969, t. 2, p. 173.
7 Cf. F. Hartog, « L’œil de Thucydide et l’histoire “véritable” », Poétique, 49, 1982, p. 22-30.
8 À lire avec le commentaire de R. Dupont-Roc et J. Lallot, Aristote. La Poétique, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1980, p. 256-259. Sur le savoir tragique, cf. V. Di Benedetto et E. Medda, La tragedia sulla scena, Turin, Einaudi, coll. « Piccola Biblioteca Einaudi », 2002, p. 368-389.
9 Cf. Gorgias, Éloge d’Hélène, 9 ; Isocrate, 2, 48-49. On retrouve cette idée chez les théoriciens anciens de la « musique » : cf. Pseudo-Plutarque, De la musique, 1140 a8-b5 et Aristide Quintilien, De la musique, 56,6. Sur ce double appel sensoriel de la tragédie attique, voir les réflexions de C. Segal, « L’homme grec, spectateur et auditeur », J.-P. Vernant (dir.), L’Homme grec, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1993, p. 239-276.
10 Sur la double énonciation, voir A. Ubersfeld, Lire le théâtre, Paris, Belin, coll. « Lettres Belin Sup », 1977, p. 250-251.
11 J’emprunte la terminologie à M. De Marinis, Semiotica del teatro. L’analisi testuale dello spettacolo, Milan, Bompiani, coll. « Studi Bompiani : Campo semiotico », 2002, p. 162-163.
12 Sur la connaissance dans l’Œdipe roi, voir en particulier C. Segal, Oedipus Tyrannus. Tragic Heroism and the Limits of Knowledge, Oxford, Oxford University Press, 2001 ; F. Ahl, Sophocles’ Oedipus. Evidence and Self-Conviction, Ithaca - Londres, Cornell University Press, 1991 ; F. Marshall, Edipo Tirano. A tragédia do saber, Porto Alegre, Universidade Federal do Rio Grande do Sul, 2000. Sur les Bacchantes, cf. J. Roux, Euripide, Les Bacchantes, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Bibliothèque de la Faculté des Lettres de Lyon », 1970, p. 43-71 ; I. Rizzini, « Le Baccanti o l’ossessione della visione », A. Beltrametti (dir.), Studi e materiali per le Baccanti di Euripide, Pavie, Ibis, 2007, p. 107-162 et V. Di Benedetto, Euripide. Le Baccanti, Milan, Rizzoli, « Biblioteca Universale Rizzoli », 2004, p. 19-25.
13 Une comparaison sur un plan psychologique est proposée par F. Zeitlin, « Thebes : Theater of Self and Society in Athenian Drama », J. J. Winkler et F. Zeitlin (dir.), Nothing To Do With Dionysos ? Athenian Drama in its Social Context, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 130-167, p. 135-136, et par C. Segal, « Œdipe et Penthée. Intégration et dislocation », Europe, 837-838, 1999, p. 82-96.
14 L’expression est reprise d’I. Rizzini, « Le Baccanti o l’ossessione della visione », art. cit., qui propose une lecture articulée du personnage de Penthée en rapport avec les débats intellectuels de l’époque. Une lecture du personnage d’Œdipe comme expression de la « razionalità indagatrice » a été proposée par M. Vegetti, Tra Edipo e Euclide. Forme del sapere antico, Milan, Il Saggiatore, coll. « L’arco », 1983, p. 24-29.
15 Cf. aussi Euripide, Hippolyte, 1038 et Platon, La République, 364 b-e. Sur ces accusations, cf. M. Carastro, La Cité des Mages. Penser la Magie en Grèce ancienne, Paris, Million, coll. « Horos », 2006, p. 43-64.
16 Je ne vois pas de raisons de corriger le texte des manuscrits δ᾽ ἰδόντ᾽ en δὲ δρῶντ᾽, comme le font Lloyd-Jones et Wilson pour la Bibliotheca Oxoniensis. Je reprends donc ici la leçon des manuscrits, qui est d’ailleurs acceptée par nombre d’éditeurs.
17 Cf. les v. 105, 116-117, 348, 1045.
18 L’insistance qu’Œdipe montre tout au long de la tragédie sur la recherche d’un témoin oculaire me laisse croire qu’il faut donner ici tout son sens étymologique au mot οἶσθα, qu’on peut ainsi paraphraser : « que tu le saches par un homme qui a vu ».
19 Sur les « fuites » d’Œdipe, cf. R. Marseglia, « Œdipe, un héros en fuite », L’Analisi linguistica e letteraria, 22, 2014, p. 45-50.
20 Pour une analyse des rapports entre la voix de l’oracle et la voix du sphinx, voir C. Segal, La Musique du Sphinx. Poésie et Structure dans la tragédie grecque, Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui », 1987, p. 107-119. Sur les qualités ambivalentes de la voix du Sphinx, voir C. Calame, Masques d’autorité. Fiction et Pragmatique dans la poétique grecque antique, Paris, Les Belles Lettres, coll. « L’âne d’or », 2005, p. 191-193.
21 Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2009 (1958, huitième tirage revu et corrigé par J. Irigoin, 1994).
22 Cf. à ce propos l’article de S. Lagrou dans ce volume.
23 Cf. Callimaque, Hymne au bain de Pallas, 70-130. Il s’agit d’ailleurs d’un caractère propre à tous les devins mythologiques. Cf. par exemple l’histoire de Phinéus (Apollodore, Bibliothèque, 1, 120) et de Mélampous (ibid., 1, 97). Sur Tirésias et sur son mythe, voir L. Brisson, Le Mythe de Tirésias. Essai d’analyse structurale, Leyde, Brill, coll. « Études préliminaires aux religions orientales », 1976. Pour ce qui concerne les voix des oiseaux et l’importance de l’ouïe dans la divination, voir M. Bettini, Voci. Antropologia sonora del mondo antico, Turin, Einaudi, coll. « Saggi », 2008, p. 187-218.
24 Cf. C. Segal, La Musique du Sphinx, op. cit., p. 242-262. Pour une réflexion sur le renversement des espaces et des rôles sociaux cf. F. Zeitlin, « Playing the Other : Theater, Theatricality and the Feminine in Greek Drama », J. J. Winkler et F. Zeitlin (dir.), Nothing To Do With Dionysus, op. cit., p. 63-96.
25 Cf. R. Seaford, Euripides. Bacchae, Warminster, Aris and Phillips, 1996, p. 167.
26 Cf. ibid., p. 174-176.
27 Pour l’Œdipe roi, voir D. Seale, Vision and Stagecraft in Sophocles, Chicago, University of Chicago Press, 1982, p. 215-260. Cf. aussi C. Segal, Oedipus Tyrannus, op. cit. ; F. Ahl, Sophocles’ Oedipus, op. cit., et F. Marshall, Edipo Tirano, op. cit., aux lieux déjà cités à la note 12. Pour ce qui est des Bacchantes, voir I. Rizzini, « Le Baccanti o l’ossessione della visione », art. cit., et J. Gregory, « Some aspects of seeing in Euripides’ Bacchae », G&R, 32, 1985, p. 23-31. Une analyse détaillée trouve également place dans ma propre enquête doctorale.
28 Sur l’association entre connaissance et piété religieuse, voir ce que j’écris dans « L’amathia de Penthée. Aspects de la connaissance dans les Bacchantes d’Euripide », AC, 85, à paraître en 2016.
29 Sur le rapport entre vision et aveuglement, cf. R. Buxton, « Blindness and Limits : Sophocles and the Logic of Myth », JHS, 100, 1980, p. 22-37.
30 Pour l’aveuglement comme substitut de la mort, cf. H. Musurillo, The Light and the Darkness. Studies in Dramatic Poetry of Sophocles, Leyde, Brill, 1967, p. 85-92.
31 L’authenticité de ces vers a été questionnée, cf. la discussion de J. Bollack, L’Œdipe Roi de Sophocle. Le Texte et ses Interprétations, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires de Lille, coll. « Cahiers de Philologie », 1990, vol. 4, p. 1038-1054, et R. D. Dawe, Sophocles. Oedipus Rex, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Greek and Latin Classics », 1982, p. 247. Même s’ils ne sont pas authentiques, ces vers témoignent de l’importance qu’a la vision dans la dernière partie du drame.
32 Cf. C. Calame, Masques d’autorité, op. cit., p. 190-195.
33 Cf. J. Barrett, Staged Narrative. Poetics and the Messenger in Greek Tragedy, Berkeley, University of California Press, 2002, p. 210-213.