1 À ce sujet, cf. J. Dangel, « Devanciers grecs et romains de Sénèque le tragique », M. Billerbeck et E. Schmidt (dir.), Sénèque le tragique. Vandœuvres - Genève, Fondation Hardt, 2003, p. 63-120.
2 Sur les fonctions de la mémoire poétique dans la littérature latine, cf. G. B. Conte, Memoria dei poeti e sistema letterario, Turin, Einaudi, 1974.
3 C. Calame, Poétique des mythes dans la Grèce antique, Paris, Hachette, 2000, p. 46.
4 Voir notamment R. J. Tarrant, « Senecan Drama and Its Antecedents », HSCP, 82, 1978, p. 213-263. La critique s’est intéressée aussi aux divers aspects de l’imitation créatrice de la tragédie de Sénèque par rapport à ses sources. À ce sujet, cf. H. J. Mette, « Die Römische Tragödie un die Neufunde zur Griechischen Tragödie », Lustrum, 9, 1964, p. 5-211 ; M.-H. François-Garelli, « Tradition littéraire et création dramatique dans les tragédies de Sénèque », Latomus, 57, 1998, p. 15-32.
5 On y a étudié spécialement la présence des principes stoïciens, le motif d’une grandeur illusoire, du pouvoir royal et d’une revendication de la liberté et des valeurs républicaines. Se reporter, parmi d’autres auteurs, à B. Marti, « Seneca’s Tragedies. A New Interpretation », TAPhA, 76, 1945, p. 216-245, et « The Prototypes of Seneca’s Tragedies », CPh, 42, 1947, p. 1-16 ; T. Pratt, « The Stoic Base of Senecan Drama », TAPhA, 79, 1948, p. 1-11 ; D. Henry et B. Walker, « The Œdipus of Seneca : an Imperial Tragedy », A. J. Boyle (dir.), Seneca Tragicus : Essays on Senecan Drama, Victoria, Aureal Publications, 1983, p. 128-139 ; D. et E. Henry, The Mask of Power. Seneca’s Tragedies and Imperial Rome, Warminster, Aris and Phillips, 1985 ; E. Lefèvre, « Die politische Bedeutung der römischen Tragödie und Senecas Œdipus », ANRW II, 32, 1985, p. 1242-1262 ; C. A. J. Littlewood, Self-Representation and Illusion in Senecan Tragedy, Oxford, Oxford University Press, 2004.
6 Pour le texte latin de l’Œdipe de Sénèque et pour sa traduction, nous suivons l’édition de F.-R. Chaumartin (Sénèque, Tragédies, t. II, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 1999). Nous avons aussi consulté le texte latin d’O. Zwierlein (L. Annaei Senecae Tragœdiae. Recognouit breuique adnotatione critica instruxit, Oxford, Oxford University Press, 1986) ainsi que l’édition commentée d’A. J. Boyle (Seneca, Oedipus, Edited with Introduction, Translation and Commentary, Oxford, Oxford University Press, 2011).
7 Le verbe prospicio signifie « regarder en avant », d’où aussi « prévoir », « projeter ». Ostendo acquiert le sens de « mettre devant les yeux », « montrer », « dévoiler » à partir de sa valeur propre d’« exposer », « tendre devant ». À ce sujet, cf. A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, Klincksieck, 1959 (quatrième édition).
8 Sur les démarches de la phono-stylistique en tant qu’étude des rapports entre le sens d’un texte et son architecture phonique, cf. les analyses d’A. Traina, « Due note a Seneca tragico », Maia, 31, 1979, p. 273-276. Se reporter aussi à C. Facchini Tosi, Euphonia. Studi di fonostilistica (Virgilio Orazio Apuleio), Bologne, Pàtron Editore, 2000, au sujet de Virgile, Horace et Apulée.
9 Cf. l’édition de F.-R. Chaumartin, p. 6 de l’Introduction.
10 Nous empruntons cette notion à P. Brunel, Mythocritique. Théorie et Parcours, Paris, PUF, 1992, notamment p. 81-86.
11 Comme l’a bien précisé N. Palmieri, « Alia temptanda est via : allusività e innovazione nell’Edipo di Seneca », MD, 23, 1989, p. 175-189, p. 180-181, ce long récit introduit dans le code dramatique les traits propres aux excursus épico-didactiques. Il condense et exacerbe les topoi d’un genre de poésie qui a eu son initiateur avec Lucrèce (De rerum natura, VI, 1140 sq., peste d’Athènes) et a été développé après par Virgile (Géorgiques, III, 474 sq., peste du Norique) et Ovide (Métamorphoses, VII, 532 sq., peste d’Égine). Sur ce locus horridus, voir aussi R. Muggellesi, « Il senso della natura in Seneca tragico », Argentea aetas, in memoriam E. V. Marmorale, Genova, Pubblicazioni dell’Istituto di filologia classica dell’Università di Genova, 1973, p. 29-66, p. 43-49.
12 Pour des paysages similaires chez Sénèque, cf. Thyeste, 650-656 et 821-827 ; Hercule furieux, 698-706.
13 Cf. Œdipe, 1025-1026 (Omne confusum perit, / incesta, per te iuris humani decus).
14 Au sujet de l’efficacité de cette stratégie langagière dans le texte de Lucain, se reporter aux excellentes analyses de P. Esposito (« Lucano e la negazione per antitesi ») dans P. Esposito et E. M. Ariemma (dir.), Lucano e la tradizione dell’epica latina, Naples, Guida, 2004, p. 60-65.
15 Pour une définition du monstrum romain à partir de l’anomalie, cf. B. Cuny-Le Callet, Rome et ses Monstres. Naissance d’un concept philosophique et rhétorique, Grenoble, Millon, 2005. G. A. Staley, Seneca and the Idea of Tragedy, Oxford - New York, Oxford University Press, 2010, a associé la poétique tragique de Sénèque à la notion de monstrum au sein de la doctrine stoïcienne.
16 En ce qui concerne les différentes formes de réécriture topique du récit du messager dans les tragédies de Sénèque, cf. J. Dangel, « Devanciers grecs et romains de Sénèque le tragique », art. cit., p. 77-80.
17 J. Dangel, « Sénèque, poeta fabricator : lyrique chorale et évidence tragique », J. Dangel (dir.), Le Poète architecte. Arts métriques et Art poétique latins, Louvain - Paris, Peeters, coll. « Bibliothèque d’Études Classiques », 2001, p. 187-292, p. 283.
18 Pour une même interpénétration des deux mondes, cf. Thyeste, 665 sq.
19 J. Dangel, « Sénèque, poeta fabricator », art. cit., p. 240-241. Quant à l’anapeste entendu comme un contre-dactyle à vocation anti-héroïque, cf. ibid., p. 206-222, et J. Luque Moreno, De pedibus, de metris : las unidades de medida en la rítmica y en la métrica antiguas, Grenade, Universidad de Granada, 1995, p. 274-275.
20 Le point culminant en est l’image du cortège sinistre qui accompagne Œdipe (Violenta Fata et horridus Morbi tremor / Maciesque et atra Pestis et rabidus Dolor, / mecum ite, v. 1059-1061). Du point de vue rythmique, les anapestes réapparaissent à la fin de la tragédie comme un point d’aboutissement du processus tragique (v. 980-997) et ils achèvent, de ce fait, la dynamique des subversions du texte.
21 Cf. Œdipe, 102 au sujet du Sphinx (ac triste carmen alitis solui ferae).
22 À ce sujet, cf. F. Dupont, Les Monstres de Sénèque, Paris, Belin, 1995, p. 201.
23 Même symbolique du feu dans Thyeste, 768-770 et 990-991.
24 Cf. Ovide, Métamorphoses, VI, 63-67.
25 Sur les interprétations de cette image comme une allusion à Étéocle et Polynice, cf. M. Bettini, « L’arcobaleno, l’incesto e l’enigma. A proposito dell’Oedipus di Seneca », Dioniso, 54, 1983, p. 137-153, p. 137-139.
26 Cf. F. Dupont, Les Monstres de Sénèque, op. cit.
27 Comme l’a bien observé M. Bettini, « L’arcobaleno, l’incesto e l’enigma », art. cit., p. 140, l’emploi du verbe oberrauit reféré à l’indéfinition des couleurs (v. 319) intensifie les incertitudes et confusions de la scène. L’auteur parle, plus exactement, de « la vittoria del continuum sul discretum » comme de l’un des axes symboliques du texte de Sénèque.
28 Une même confusion entre les catégories uir et filius, coniunx et socer se retrouve dans Œdipe, 1009-1010 et 1034-1036. Pour une étude de l’inceste à Rome, se reporter à P. Moreau, Incestus et prohibitae nuptiae. L’Inceste à Rome, Paris, Les Belles Lettres, 2002. Pour une approche métaphorique de l’inceste au sein du système romain de la filiation, voir aussi M. Bretin-Chabrol, L’Arbre et la Lignée. Métaphores végétales de la filiation et de l’alliance en latin classique, Grenoble, Millon, 2012.
29 Sur l’innovation sénéquienne relative à l’inclusion de Laïus dans cette scène, cf. N. Palmieri, « Alia temptanda est via », art. cit., p. 182 sq.
30 Pour une analyse métrique exhaustive du deuxième chœur de l’Œdipe de Sénèque (v. 403-508), cf. J. Dangel, « Sénèque, poeta fabricator », art. cit., p. 267-269 et 283, et « Devanciers grecs et romains de Sénèque le tragique », art. cit., p. 82-83.
31 Sur les visées ironiques de ce chant, voir J. A. Stevens, The Chorus in Senecan Tragedy. The Uninformed Informer, Durham, Diss. Duke University, 1992.
32 P. Paré, « L’énigme du savoir et du pouvoir : la sententia dans l’Œdipe de Sénèque », BAGB, 3, 2002, p. 284-302, p. 297-299, a bien mis en évidence, dans ce passage du texte, le champ lexical d’une parole forcée et dangereuse chez Créon et menaçante du côté d’Œdipe.
33 Voir supra pour une même analyse phono-stylistique des v. 18-22.
34 Quant aux allusions à Cadmus et à sa famille dans la tragédie, cf. Œdipe, 110-111, 176a-176b, 233, 626-627, 712 sq. et 751 sq. En ce qui concerne l’imaginaire de la confusion dans ce mythe, cf. le début de la Thébaïde de Stace, où le poète déclare qu’il chantera la Oedipodae confusa domus (v. 17). Pour une analyse de la portée de cette légende chez Stace et chez Sénèque, cf. J. Dangel, « Genre, généricité et trans-généricité : le personnage d’Œdipe en énigme tensionnelle de la tragédie de Sénèque à l’épopée de Stace », BAGB, 1, 2011, p. 154-173.
35 Pour une même ironie, cf. Les Phéniciennes, 88-89 ; Thyeste, 717b-719 ; Les Troyennes, 900-902 ; Agamemnon, 960.
36 Comme l’a bien précisé J. Dangel, « Accius et l’altérité à l’œuvre : théâtre idéologique et manifeste littéraire », S. Faller et G. Manuwald (dir.), Accius und seine Zeit. Identitäten und Alteritäten, Würzburg, Ergon Verlag, 2002, p. 105-125, p. 121, l’adjectif nouus évoque une altérité qui n’exclut pas l’idée d’« étrangeté », voire de « subversion ».
37 Voir aussi les vers 353 (Non […] ut solent) et 374 (nec more solito positus alieno in loco) au cœur de la même scène.
38 Sur ces mêmes aspects dans le Thyeste de Sénèque, cf. les excellentes lectures d’A. Schiesaro, The Passions in Play. Thyestes and the Dynamics of Senecan Drama, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
39 Pour une étude du lexique de la pièce de Sénèque, cf. D. J. Mastronarde, « Seneca’s Oedipus : the Drama in the Word », TAPhA, 101, 1970, p. 291-315.
40 L’Œdipe de Sophocle donne à voir, en revanche, une progression linéaire vers le désastre, voire du jour à la nuit. Les effets de responsio dépassent l’espace clos de la tragédie sénéquienne à partir des démarches insistantes d’auto- et intertextualité. À ce sujet, cf. l’étude citée d’A. Schiesaro sur la poétique de Sénèque apparentée à sa théorie des émotions. Sur l’autotextualité de Sénèque concernant les motifs de son Œdipe, cf. E. Tola, « Una lectura del Agamemnon de Séneca : nefas trágico e imaginario poético », Auster, 14, 2009, p. 85-99, et « El texto y sus fronteras : cuerpo, ritual y poética trágica en el Tiestes de Séneca », CFC(L), 30.1, 2010, p. 117-130.
41 Cf. Thyeste, 60-61 et 239-241 et Agamemnon, 983-985. Sur le motif de la turbatio sanguinis, cf. G. Guastella, La contaminazione e il parassita : due studi su teatro e cultura romana, Pisa, Giardini, 1988, p. 68-72 ; G. Petrone, Metafora e tragedia. Immagini culturali e modelli tragici nel mondo romano, Palerme, Sellerio, 1996, p. 15-46.
42 Cf. Œdipe, 302 (signa), 319 (notis), 331 (notis), 352 (notas), 384 (signa), 509 (notas), 516 (indicium), 821 (nota).
43 Phèdre, 1256-1258, 1264-1267 et 1277-1279.