1 L’expression est de L. Alfonsi, « L’inquadramento filosofico delle metamorfosi ovidiane », N. I. Herescu (dir.), Ovidiana. Recherches sur Ovide, Paris, Les Belles Lettres, 1958, p. 265-272, p. 265.
2 I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, Louvain - Paris - Sterling, Peeters, coll. « Bibliothèque d’Études Classiques », 2001.
3 P. Fornaro emploie les expressions « quasi […] fuori genere » et « extra genus » (Metamorfosi con Ovidio. Il classico da riscrivere sempre, Florence, Saggi di Lettere Italiane, 1994, respectivement p. 62 et 84).
4 S. Hinds parle d’une « inherent hospitality of Ovid’s epic to intertextual dialogue with tragic poetry » et poursuit : « The Metamorphoses itself engages with many tragic models for its myths […] ; and, more than that, […] it includes many meta-tragic touches which display self awareness of the generic electricity capable of being generated between tragedy and epic. » (« Seneca’s Ovidian Loci », SIFC, quarta serie 9, 2011, p. 5-63, p. 21).
5 « Alors (prodige incroyable) la glèbe commence à se mouvoir ; d’abord apparaissent des pointes de lances, ensuite des casques agités par des têtes qu’ils couvrent de leur cône aux vives couleurs ; puis des épaules, des poitrines, des bras chargés de traits sortent de terre et il pousse une moisson de soldats armés de boucliers ; ainsi, les jours de fête, quand on lève le rideau dans les théâtres, on voit surgir des figures, qui montrent d’abord leurs visages, puis peu à peu tout le reste, jusqu’à ce que, tirées par un mouvement lent et progressif, elles soient visibles tout entières et posent leurs pieds sur le bord de la scène. » (Métamorphoses, III, 106-114 ; traduction de G. Lafaye, dont j’utiliserai ici l’édition : Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2007 [1925] pour le t. I, 2008 [1928] pour le t. II, 2010 [1930] pour le t. III).
6 Cf. à ce sujet H. Vial, « Comparaisons, métaphores et images théâtrales chez Ovide : la complexité générique portée sur la scène poétique », I. Jouteur (dir.), La Théâtralité de l’œuvre ovidienne, Paris, ADRA, diff. de Boccard, coll. « Études anciennes », 2009, p. 249-264. À propos de cette comparaison, P. Hardie écrit que la généalogie thébaine est ici présentée comme « a stagey, tragic world » (« Ovid’s Theban History : The First “Anti-Aeneid” », CQ, 40, 1990, p. 224-235).
7 Cf. les v. 25-28 de l’élégie V, 7 des Tristes.
8 Cf. H. Vial, « Présence d’Ovide dans l’Œdipe de Sénèque : formes et significations », REL, 92, 2014, p. 163-195.
9 Op. cit.
10 Tragedy in Ovid. Theater, Metatheater, and the Transformation of a Genre, Cambridge, Cambridge University Press, 2013. Le constat initial du livre, « Ovid, elegist and epicist, is a relatively recent invention » (ibid., p. 2), conduit notamment l’auteur à relire et réinterpréter les Métamorphoses en prenant en compte leur « theatricality and performability » (ibid., p. 3) et à les parcourir comme « a series of spectacles » (ibid.), conçue à la fois théâtralement – en particulier tragiquement – et métathéâtralement. Cf. aussi les articles d’I. Gildenhard et A. Zissos, « “Somatic Economies” : Tragic Bodies and Poetic Design in Ovid’s Metamorphoses », P. Hardie, A. Barchiesi et S. Hinds (dir.), Ovidian Transformations. Essays on Ovid’s Metamorphoses and its Reception, Cambridge, Cambridge Philological Society, 1999, p. 162-181, et d’A. Keith, « Sources and Genres in Ovid’s Metamorphoses », B. W. Boyd (dir.), Brill’s Companion to Ovid, Leyde, Brill, 2002, p. 235-269.
11 « […] un travail de toujours » (Amours, III, 1, 68 ; je cite la traduction d’H. Bornecque dans son édition, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2003 [1930]).
12 […] quod petit illa, breue est (« ce que demande l’Élégie dure peu de temps », ibid.).
13 « […] une immortelle renommée » (ibid., v. 65).
14 D. Curley a récemment proposé la date de 13 avant J.-C. (Tragedy in Ovid, op. cit., p. 40, et plus largement les p. 37-49, consacrées à la Médée d’Ovide).
15 Respectivement X, 1, 98 et XII.
16 Sceptra tamen sumpsi curaque tragoedia nostra / creuit et huic operi quamlibet aptus eram. (« j’ai pris le sceptre ; à force de soins notre tragédie avançait ; d’ailleurs personne n’avait plus d’aptitude que moi pour ce genre. »)
17 Et dedimus tragicis scriptum regale cothurnis, / quaeque grauis debet uerba cothurnus habet, / dictaque sunt nobis, quamuis manus ultima coeptis / defuit, in facies corpora uersa nouas. (« J’ai donné aussi au cothurne tragique un ouvrage sur les rois, dont l’expression a la gravité qui sied au cothurne, et j’ai conté, sans pouvoir mettre la dernière main à mon entreprise, les êtres qui changèrent de forme. » ; Tristes, II, 553-554, édition de J. André, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2008 [1968]).
18 Cf., sur l’approche de cette question par la critique, I. Gildenhard et A. Zissos, « “Somatic Economies” », art. cit., notamment p. 163 : « critics have by and large abandoned the sterile (and ultimately meaningless) quest for the generic essence of the Metamorphoses. Instead they now generally seek to elaborate how a multiplicity of generic patterns functions within the poem. »
19 C’est le fameux Cur aliquid uidi ? (« Pourquoi ai-je vu ? ») des Tristes (II, 103).
20 R. Galvagno, Le Sacrifice du corps. Frayages du fantasme dans les Métamorphoses d’Ovide, Paris, Panormitis, 1995.
21 Quelques-uns seulement : il suffit de parcourir brièvement la bibliographie sur le sujet pour en trouver d’autres, tels les épisodes d’Ino et Athamas ou de Térée, Procné et Philomèle (Métamorphoses, respectivement IV, 416-562 et VI, 412-674), que j’ai laissés de côté et qui attirent au contraire l’attention d’I. Gildengard et A. Zissos dans leur article « “Somatic Economies” », art. cit., p. 164-170 et 174-176.
22 Les développements concernant les personnages seront indiqués par des lettres, ceux qui portent sur les deux phénomènes définis ci-dessus des chiffres. Le plan sera donc le suivant : a, 1, b, 2, c.
23 Cf. H. Vial, La Métamorphose dans les Métamorphoses d’Ovide. Étude sur l’art de la variation, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Études anciennes », 2010.
24 J’emprunte cette idée, et l’emploi du terme color, à I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 63.
25 Ce sont les v. 11-71.
26 « L’art des magiciens ». L’expression se trouve au v. 195, au sein d’un second long monologue (v. 192-219) où Médée dit avec orgueil les pouvoirs que lui confère son don.
27 Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 124.
28 Ibid., p. 125.
29 Métamorphoses, respectivement VI, 170-201, VIII, 44-80 et 481-511 et X, 320-355. La liste n’est pas exhaustive.
30 On peut lire ou relire, à ce propos, Les Monstres de Sénèque. Pour une dramaturgie de la tragédie romaine de F. Dupont (Paris, Belin, 1995), notamment p. 12-19 (« Le cri, le rire et le corps morcelé »), 109-149 (« Du scénario au spectacle »), 151-197 surtout (« La construction du héros par lui-même ») et 275-283 (« La chair obscène des héros »).
31 Métamorphoses, respectivement VI, 621, IX, 166-169, XI, 677-683 et XIII, 1-399. Cf. I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 127-128.
32 « Le furor de Myrrha (Ovide, Métamorphoses, X, 311-502) » ; J.-M. Frécaut et D. Porte (dir.), Journées ovidiennes de Parménie, Bruxelles, Latomus, 1985, p. 83-91, p. 83. La relecture de l’article de F. Dupont fait apparaître la convergence entre cet article et les travaux de son auteure sur Sénèque, rapports qui ne tiennent pas seulement à F. Dupont elle-même, mais à la fraternité symbolique et poétique des tragédies de Sénèque avec l’œuvre ovidienne, fraternité sur laquelle je reviendrai à la fin de cet article.
33 Telle est la trajectoire des tragédies de Sénèque, telle que F. Dupont la définit dans Les Monstres de Sénèque (cf. en particulier la Deuxième Partie, « De l’homme au monstre. Le trajet spectaculaire du héros tragique », op. cit., p. 63-192).
34 « Je vais chanter une affreuse histoire » (Métamorphoses, X, 300).
35 I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 152 (l’expression « pantomime contractée » est de F. Dupont).
36 Métamorphoses, XI, 266-409. Cf. I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 158-162.
37 Ibid., p. 129-138. Sur la tragédie d’Euripide, cf., plus loin dans ce volume, l’article de C. Kossaifi.
38 Cf. I. Calvino, « Ovide et la contiguïté universelle » (traduction française de « Gli indistinti confini », Préface à l’édition italienne des Métamorphoses, avec introduction et traduction de P. Bernardini Marzolla, Turin, Einaudi, 1979), I. Calvino, La Machine littérature. Essais, Paris, Seuil, coll. « Pierres Vives », 1984, p. 119-130.
39 Telle est l’hypothèse de R. Degl’Innocenti Pierini, Studi su Accio, Florence, CLUSF, 1980, p. 24.
40 Ce monologue fait l’objet d’une étude dans les p. 154-157 de Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide d’I. Jouteur (op. cit.).
41 Ibid., p. 157, où les points de contact sont établis entre le monologue d’Althée et celui de Médée (Médée, 893-977), mais sans aller jusqu’à parler d’influence, comme je crois possible de le faire.
42 « Sans en rien savoir et quoique éloigné » (Métamorphoses, VIII, 515).
43 In noua […] mutatas […] formas / corpora (ibid., I, 1-2).
44 Dans ce paragraphe, je reprends dans leurs grandes lignes, comme base pour ma réflexion personnelle, les intéressantes analyses d’I. Jouteur à propos de cet épisode (Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 280-291).
45 « Quel est ce mal dévastateur et d’où est-il venu m’assaillir ? » (Accius, Œuvres (Fragments), fragment XIV, traduction de J. Dangel dans son édition, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2002 [1995]).
46 Les quatre termes placés entre guillemets dans cette phrase sont d’I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 285.
47 Cf. H. Vial, « Vertiges ovidiens de la liste », H. Vial (dir.), La Variatio. L’Aventure d’un principe d’écriture, de l’Antiquité au xxie siècle, Paris, Classiques Garnier, « Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne », 2014, p. 205-228.
48 Nec plura sinit tempusque pudorque / dicere ; maius opus magni certaminis urget. (« Les circonstances et l’honneur ne lui permettent pas d’en dire davantage ; il y a pour lui une plus grande entreprise : le grand combat qui l’appelle en toute hâte. » ; Métamorphoses, VIII, 327-328).
49 Je cite ici dans sa totalité le prooemium (ibid., I, 1-4) : In noua fert animus mutatas dicere formas / corpora ; di, coeptis, nam uos mutastis et illas, / adspirate meis primaque ab origine mundi / ad mea perpetuum deducite tempora carmen. « Je me propose de dire les métamorphoses des corps en des corps nouveaux ; ô dieux (car ces métamorphoses sont aussi votre ouvrage), secondez sans interruption ce poème depuis les plus lointaines origines du monde jusqu’à mon temps. »
50 Présentés par I. Jouteur dans Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 329-348.
51 Métamorphoses, III, 316-338.
52 « Que tu serais heureux si, privé, toi aussi, de la lumière, tu ne voyais pas les rites sacrés de Bacchus ! » (ibid., III, 517-518).
53 Tristes, I, 1, 119-120 : His mando dicas inter mutata referri / fortunae uultum corpora posse meae (« je te charge de leur dire qu’on peut ajouter au nombre de ces corps métamorphosés le visage de ma fortune »).
54 […] in tenebris numerosos ponere gestus / quodque legas nulli scribere carmen idem est (« c’est danser dans les ténèbres qu’écrire des vers qu’on ne lit à personne », Pontiques, IV, 2, 33-36 ; édition de J. André, Paris, Les Belles Lettres, « CUF », 2002 [1977]).
55 Cf. I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 347.
56 Métamorphoses, I, 4. Cf. supra, n. 49.
57 Cf. I. Jouteur, Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 348 : « Aussi la courbe pourrait-elle être une clé de lecture du passage ».
58 Dans les v. 439-444 surtout, ainsi que 615-618 et 1004-1007, que l’on comparera à Métamorphoses, III, 710-733. Cf. à ce sujet H. Vial, « Présence d’Ovide dans l’Œdipe de Sénèque », art. cit.
59 Respectivement « le fleuve de Calydon » (v. 2) et « le héros fils de Neptune » (v. 1).
60 Dont les implications idéologiques et politiques ont été étudiées notamment (à propos, essentiellement, de l’apothéose du héros) par J. Fabre-Serris, Mythe et Poésie dans les Métamorphoses d’Ovide. Fonctions et Significations de la mythologie dans la Rome augustéenne, Paris, Klincksieck, coll. « Études et commentaires », 1995, p. 149-151.
61 Métamorphoses, IX, 239-241 : Iamque ualens et in omne latus diffusa sonabat / securosque artus contemptoremque petebat / flamma suum (« Déjà la puissante flamme grondait, répandue sur tous les flancs du bûcher, et gagnait les membres du héros, qui l’attendait avec un tranquille mépris »).
62 Les trois termes sont, significativement, rassemblés dans l’espace étroit des v. 155-157 : ignaroque Lichae, quid tradat, nescia luctus / ipsa suos tradit blandisque miserrima uerbis, / dona de tilla uiro, mandat ; capit inscius heros ; « sans soupçonner le danger, elle confie elle-même à Lichas, qui ne s’en doute pas davantage, ce vêtement qui la mettra en deuil et avec d’aimables paroles (l’infortunée !) elle le charge d’en faire présent à son époux ; le héros la reçoit sans savoir ce qui l’attend ».
63 Jeux de genre dans les Métamorphoses d’Ovide, op. cit., p. 329.
64 « Lorsque l’intérêt public a vaincu la tendresse d’Agamemnon pour sa fille, lorsque le roi a vaincu le père et qu’Iphigénie, prête à donner son sang pur, a pris place devant l’autel parmi les prêtres en larmes, la déesse est vaincue à son tour ; elle étend un nuage devant tous les yeux et pendant la cérémonie, au milieu du tumulte du sacrifice, au milieu du bruit des prières, elle remplace, dit-on, par une biche la jeune fille de Mycènes. » (Métamorphoses, XII, 29-34).
65 Nusquam corpus erat (« le corps avait disparu », ibid., III, 509).
66 Finalité que mettent au contraire en lumière les travaux d’A. Estèves et en particulier sa thèse, Poétique de l’horreur dans l’épopée et l’historiographie latines, de l’époque cicéronienne à l’époque flavienne : imaginaire, esthétique, réception, soutenue à l’université Paris 4 en 2005.
67 J.-P. Néraudau, Ovide ou les Dissidences du poète, Paris, Hystrix, coll. « Aristée », 1995, p. 163.
68 Ibid.
69 […] aliquem Hippolytum […] credulitate patris, sceleratae fraude nouecae / occubuisse neci (« un certain Hippolyte, qui périt victime de la crédulité d’un père et de la perfidie d’une marâtre infâme », Métamorphoses, XV, 497-498). L’on note à nouveau ici la réduction phénoménale qu’Ovide fait subir à la trame tragique.
70 G. Lafaye traduit : « cet Hippolyte, c’est moi » (ibid., 500).
71 « Mais cet enfant, c’est moi » (ibid., III, 463).
72 Ille ego sum lignum qui non admittar in ullum ; / ille ego sum frustra qui lapis esse uelim (« Mais à moi il n’est pas donné d’être changé en arbre ; moi, je voudrais en vain devenir pierre. » Pontiques, I, 2, 33-34).
73 Sur ce passage, cf. aussi I. Gildenhard et A. Zissos, « “Somatic Economies” », art. cit., p. 176-181, qui y voient une mise en contraste des idéologies culturelles de la Grèce et de Rome autour du corps souffrant qu’est le corps tragique.
74 Pensons aux v. 131-137, qui concluent la fondation de Thèbes en faisant peser sur le bonheur de Cadmus et de sa famille de lourdes menaces que résume la formule finale, significativement empruntée à la conclusion de l’Œdipe roi de Sophocle (v. 1530-1532) : ultima semper / exspectanda dies homini est, dicique beatus / ante obitum nemo supremaque funera debet (« c’est le dernier jour qu’il faut toujours attendre : aucun homme ne doit être appelé heureux avant qu’il ait quitté la vie et reçu les honneurs suprêmes », v. 135-137). Cf. S. Hinds, « Seneca’s Ovidian Loci », art. cit., p. 21, qui, reprenant une réflexion de P. Hardie (« Ovid’s Theban History », art. cit., p. 229), suggère que Thèbes est mobilisée par Ovide « both as an inherently tragic space and as a privileged locus for the discovery of mythic truths closer to home/Rome – under the influence of the Attic dramatists’ sense of Thebes as the location of an admonitory “theatre of the Other” ». Cf. également I. Gildenhard et A. Zissos, « “Somatic Economies” », art. cit., p. 171, qui citent l’expression de F. Zeitlin (« Thebes : Theater of Self and Society in Athenian Drama », J. Winkler et F. Zeitlin (dir.), Nothing to do with Dionysos ? Athenian Drama in its Social Context, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 130-167, p. 131) définissant Thèbes, dans la tragédie attique, comme « the radical tragic terrain where there can be no escape from the tragic ».
75 Cf. supra, dans ce volume, l’article d’A. de Cremoux.
76 Métamorphoses, III, 111-114 (cf. supra, n. 5).
77 « […] s’il ne se connaît pas » (ibid., III, 348).
78 La présence de Sémélé et de Penthée dans les Bacchantes d’Euripide est bien connue. Je me suis davantage interrogée sur Actéon et Tirésias, et A. de Cremoux et M.-H. Garelli m’ont rendu l’immense service de me faire partager leurs connaissances et de faire des recherches à propos de ces deux personnages ; qu’elles en soient ici remerciées très chaleureusement. Leurs réponses, que je compile ici en espérant ne pas les trahir, ont conforté l’impression générale qui était la mienne. Actéon a pu faire l’objet de tragédies grecques : d’après la Souda, s. v. Phrynikos, Iophon et Cléophon, ces trois auteurs grecs auraient écrit des tragédies dont Actéon était le personnage principal ; en outre, il y aurait peut-être eu un Actéon d’Eschyle (mais cette hypothèse repose sur une correction à des manuscrits mentionnant le titre ; cf. Tragicorum Graecorum Fragmenta, vol. 3, p. 130, F 1) et ses Toxotides devaient traiter d'Actéon (sans que l’on sache s’il en était le personnage principal) ; cf. aussi, pour d’autres pièces peut-être, classées dans les adespota, ibid., vol. 2, p. 334 et 340. À Rome, nous n’avons pas de titres ou de références à une tragédie classique consacrée à Actéon : M. Bonaria le mentionne comme un possible sujet de mime, ce qui laisse parfois penser que, le mime étant parodique, il pouvait y avoir un modèle tragique, mais ce n’est qu’une hypothèse très fragile et l’éditeur reste très prudent (Romani mimi, Romae, in aedibus Athenaei, coll. « Poetarum latinorum reliquiae », 1965, p. 93) ; il est probable en revanche qu’Actéon a été le personnage principal de pantomimes sous l’Empire, en Grèce comme à Rome (cf. un fragment des Satires Ménippées, le Synephebus, fr. 515, éd. J.-P. Cèbe, Rome, École Française de Rome, 1998). Il n’y a donc pas de traces conservées d’une tragédie latine consacrée à Actéon, mais certains témoignages laissent penser qu’il fut peut-être le héros de certaines pièces parodiques, sans que l’on puisse en préciser clairement le genre. Quant à Tirésias, il n’a sans doute pas été le personnage principal de tragédies (il est simplement évoqué dans un fragment des adespota, Tragicorum Graecorum Fragmenta, vol. 2, p. 344 ; et il n’y a pas de tragédies latines classiques consacrées à ce personnage), mais il constitue une figure récurrente du monde tragique. Le personnage de Narcisse, lui, semble avoir été emprunté par Ovide aux poètes alexandrins et en particulier à Parthénios de Nicée, dont la version du mythe, composée vers 50 av. J-C., a été retrouvée en 2004 dans les papyrus d’Oxyrhynque à Oxford (cf. D. Keys, « Ancient manuscript sheds new light on an enduring myth », BBC History Magazine, 5.5, 2004, p. 9) ; plusieurs auteurs contemporains d’Ovide – Conon, Hygin, Strabon – évoquent le personnage.
79 Cf. notamment I. Gildenhard et A. Zissos, « Ovid’s Narcissus (Met. 3.339-510) : Echoes of Oedipus », AJPh, 121 (1), 2000, p. 129-147, et le récent mémoire de T. MacDonald, « I’ll Be Your Mirror » : The Appropriation of Ovid’s Metamorphoses and the Philosophy of Self-Construction in Seneca’s Oedipus (Washington University in Saint Louis, 2013), consultable en ligne à l’adresse suivante : http://openscholarship.wustl.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=2175&context=etd (Electronic Theses and Dissertations), en particulier le chapitre II, p. 31-44 (« Natura in Uno Vertit : Narcissus at Thebes »).
80 Je me permets, sur tous ces points, de renvoyer à mon article « Présence d’Ovide dans l’Œdipe de Sénèque : formes et significations », art. cit.
81 Telle est la trajectoire du héros tragique sénéquien telle que la met très clairement en évidence F. Dupont dans Les Monstres de Sénèque, op. cit.
82 Il n’y fait l’objet que d’une brève allusion : Métamorphoses, VII, 759-761. Et Œdipe n’apparaît que deux fois dans le reste de l’œuvre d’Ovide : Tristes, I, 1, 105-114 et Contre Ibis, 261-262.
83 Et S. Hinds forme l’hypothèse qu’Œdipe n’est peut-être pas si absent de l’œuvre d’Ovide, où de nombreux éléments « font signe » vers lui : « recent Ovidian critics have argued that the Theban myths which Ovid does here [= dans le livre III des Métamorphoses] tell (including Actaeon, Narcissus and Pentheus) can be felt to gesture thematically towards Oedipus as their absent centre and reference-point » (« Seneca’s Ovidian Loci », art. cit., p. 10).
84 Je reprends ici, parce qu’elle me semble constituer un signal de la « charge tragique » présente dans les Métamorphoses, l’expression Dira canam (« Je vais chanter une affreuse histoire ») d’Orphée au moment de raconter l’histoire de Myrrha (Métamorphoses, X, 300).
85 Tristes, II, 103 (cf. supra, n. 19).
86 Ibid., I, 1, 119-120 (cf. supra, n. 53).
87 Notamment ibid., I, 3.
88 Pontiques, I, 2, 33-34 (cf. supra, n. 72).
89 Métamorphoses, respectivement III, 463 et XV, 500. Cf. supra, n. 69 (Hippolyte) et 70 (Narcisse).
90 Cf. Pontiques, IV, 2, 33-36 (cf. supra, n. 54).