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Chapitre 9. De l’intermédiation financière à l’intermédiation économique : La mission ignorée de la banque islamique

p. 237-268

Résumés

Le monde contemporain est témoin du développement de modes de finance originaux qui ont pour objectifs de corriger les excès du système financier actuel ou d’en pallier certaines carences. Ces pratiques remettent ainsi en cause certains des procédés de la finance contemporaine sans vraiment s’interroger sur la pertinence globale du système. Pourtant, ces « finances autrement » partagent le même désir de favoriser le mieux-être général en mettant un économique pérenne « domestiqué » au service du social et, en cela, apparaissent comme hautement révolutionnaires au regard d’un système maintenant mondialisé qui place le profit au premier rang de ses priorités.
Ce chapitre explore la possibilité de l’existence de systèmes financiers réellement alternatifs et tente d’évaluer l’incidence possible de leur utilisation. À cette fin, il analyse le cas la finance islamique. Celle-ci trouve ses racines dans le religieux et « ré-enchante » ainsi un champ de la finance contemporaine qui se réclame d’un strict rationalisme profane. D’aucuns voient en cette caractéristique la seule différence de fond entre cette « finance dite pour musulman » et les pratiques de la finance contemporaine. D’autres estiment que les similitudes / dissimilitudes de ces modes de finances remettraient en question la notion d’universalisme du paradigme de la finance dominante et donc de la prégnance des notions de profits matériels et d’équilibre par les marchés. Si tel est effectivement le cas, l’analyse du paradigme de la finance islamique permettrait de déterminer l’incidence socio-économique d’un système financier non-maximisateur.

The contemporary world is witnessing the development of original mode of finance which aims to correct the excesses of the current financial system, or to overcome some of its deficiencies. These new practices challenge some of the methods used by the dominant mode of finance without really questioning the overall relevance of the system. Yet, those “other finances” share the desire to promote greater well-being by putting a sustainable and “domesticated” economic system at the service of the social realm. In this, they appear as highly revolutionary compared to a globalized system that puts profit at the forefront of its priorities.
This chapter explores the possibility of implementing a truly alternative financial systems and attempts to assess the potential impact of its use. To this end, it analyzes the case of Islamic finance. This mode of finance is rooted in religion and thus “re-enchants” the field of contemporary finance which claims a strict secular rationalism. Some specialists consider that this religious grounding is the only substantive difference between this “finance for Muslim” and the practices of contemporary finance. Others believe that the similarities / dissimilarities of these modes of finances question the notion of the universalism of the paradigm of mainstream finance and therefore challenge the dominance of the concepts of material profit and market equilibrium. If this is the case, the analysis of the Islamic financial paradigm could help outlining the possible socio-economic impact of a non-maximizing financial system.


Extrait

Introduction

1Le développement du monde contemporain est rythmé par des crises périodiques qui alternent des temps d’arrêt économiques aux effets souvent dramatiques et des reprises d’activité accrues. Ce cycle perdure depuis la moitié du XIXe siècle en dépit de la transformation radicale des économies et de l’effet d’apprentissage des états qui, confrontés de façon récurrente à ce type de situation, devraient être à même d’y mettre un terme. Mais, le peuvent-ils vraiment ? D’aucuns considèrent que ces soubresauts font parties intégrantes du système. Ils constitueraient depuis plus d’un siècle et demi « … une sorte de mécanisme central propre au capitalisme » (Sewell, 2008 : 522) qui accompagne (soutient ?) l’expansion sans fin du système et la marchandisation (commodification) progressive de toutes les sphères de la société. Assez paradoxalement, l’histoire du capitalisme s’est aussi accompagnée très tôt d’une réflexion centrée sur la responsabilité sociale des entreprises et s

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