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Chapitre 1. Une alternative à la création de valeur actionnariale. Production d’usages et gestion en commun de ressource pour une émancipation du seul échange capitaliste

p. 25-84

Résumés

Le monde traverse une crise sans précédent qui mêle finance, économie, social et culture. Si nous ne voulons pas être rejetés de ce monde, il faut alors questionner l’utopie fondatrice de nos sociétés modernes. Cette utopie a fondé la reconnaissance de la liberté individuelle. Mais l’idéologie du monde qu’elle a accouché, a borné l’exercice de cette liberté par la propriété privée capitaliste. Ce chapitre propose de repenser la propriété privée non plus à l’aune de la valeur d’échange mais de la valeur d’usage en s’appuyant sur le développement des communautés de marque et le questionnement des coopératives. Il propose pour ce faire une approche par les « commons » qui permet de proposer des règles de coordination de l’action collective dans la gestion du bien commun qui aura été défini au préalable ou qui est l’objet de cette action. Ce bien est donc tout autant une ressource à produire qu’une ressource à gérer. Penser l’entreprise hors la société/firme s’impose alors pour s’interroger sur les fins et les moyens de l’action collective, citoyenne. En effet, sur le plan méthodologique, partir de l’entreprise comme organisation sans la différencier de la société/firme pour réfléchir à l’action collective entrepreneuriale conduit à un point de blocage. L’absence de définition juridique de l’entreprise réduit sa compréhension et l’évaluation de sa performance, à celle de la société qui fait l’objet d’une définition légale. Le glissement implicite ainsi créé facilite l’assimilation de l’une à l’autre dans un phénomène d’entonnoir qui d’un projet collectif ramène aux seuls projets des apporteurs de capitaux.

This chapter reconsiders commonly held views on the ownership and management of private property, contrasting capitalist and simple property, particularly in relation to how a firm shareholder governance model has shaped society. By contrasting an exchange value standpoint with a use value perspective, this article explicates current conditions in which neither the state nor the market prevail in organising economic activity (i. e., cooperative forms of governance and community-created brand value). This consideration is motivated by the scale and scope of the modern global crisis, which has combined financial, economic, social, and cultural dimensions to produce world disenchantment. Because forsaking society as it stands is a radical response, this historical moment makes it necessary to revisit the ideals on which modern societies build, including the philosophy of freedom for all. This utopian concept has produced an ideology that is limited by capitalist notions of private property; this chapter offers recommendations related to formalised conditions for collective action and definitions of common guiding principles that can facilitate new expressions of the principles of co-ordination. Such behaviours can support the development of common resources, which then should lead to a re-appropriation of the world. It is necessary to think of enterprises outside a company or firm context when reflecting on the end purpose and means of collective, citizen action. From a methodological standpoint, current approaches or studies that view an enterprise as an organisation, without differentiating it from a company, create a deadlock in relation to entrepreneurial collective action. The absence of a legal definition of enterprise reduces understanding and evaluations of its performance to simply the performance by a company. The implicit shift thus facilitates the assimilation of one with the other, in a funnel effect that reduces collective projects to the sole projects of capital providers.


Extrait

« (…) la méthode qui consiste à s’élever de l’abstrait au concret n’est pour la pensée que la manière de s’approprier le concret, de le reproduire sous la forme d’un concret pensé » - Marx K. Contribution à la critique de l’économie politique, Éditions Sociales, 1972 : 165.

Introduction

1Il existe un enjeu majeur de société qui est celui de la construction du sens collectif, partageable et partagé2. Il ne peut y avoir de démocratie sans projet partagé et celle-ci ne peut ni être déléguée, ni se fonder dans un retour au passé témoignage d’une peur de l’avenir.

2La crise que nous traversons révèle l’enjeu que représente une réappropriation du monde (Fischbach, 2009) à une époque où tout le monde se sent impuissant, vit d’une certaine manière « une perte du monde » (idem : 7 ; Honneth, 2007), une perte de points de références soit pour croire à un autre monde, soit pour vouloir encore changer ce monde. Cette réappropriation nécessite de définir le projet commun autour duquel nous mob

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