1 Une première version de ce travail trouve son origine dans l’ouvrage « Construire l’Euroméditerranée » paru chez L’Harmattan, 2008. Il a été révisé et enrichi à l’occasion de la communication au 8e congrès du RIODD de Lille « Quelle articulation des problématiques sociales et environnementales au sein des organisations ? », 18-21 juin 2013, ainsi qu’aux 23es Journées de l’Association d’économie sociale, Marne La Vallée, « Les nouvelles frontières de l’économie sociale et solidaire », 12-13 septembre 2013 dont les Actes sont publiées aux Presses Universitaires de Louvain. Il s’appuie sur l’article paru en 2014 dans le numéro spécial de La Revue des Sciences de Gestion faisant suite au Workshop « Les coopératives, des entreprises pour un monde meilleur ? » Grenoble 7 décembre 2012 – Grenoble École de Management. Il reprend aussi et développe les arguments présentés dans l’article paru dans Économie et Société, série « Entreprise et finance », KF, n° 1, 11/2010 : 1721-1744. Il a fait aussi l’objet, sous une forme abrégée, d’un riche échange dans le cadre du séminaire « Territoire, coopération et biens communs » organisé conjointement par la Chaire « Finance autrement », le LEST et l’ESIA et co-animé avec Nadine Richez-Battesti. Merci aux participants ainsi qu’à Jean Michel Servet, Jean-Marie Bouquery et Henri Jacot de leurs remarques et suggestions ainsi qu’à Camille Meyer. Bien sûr toutes les erreurs ou omissions relèvent de notre seule responsabilité.
2 Lire à cet égard l’article concernant la construction du sens en marketing de Caru et Cova (2006) qui soulignent les difficultés opérationnelles qui surgissent quand on se contente de prendre les qualités du tout sans pouvoir les « rattacher » aux parties, en l’occurrence le comportement du consommateur immergé dans la situation concrète de consommation, et donc en interaction avec un ou des environnements, et l’identification des déterminants au niveau individuel pour en tirer des applications commerciales.
3 Voir aussi Marx (2010 : 132) et Sève 2012.
4 Les mots soulignés le sont par les auteurs cités, sauf mention contraire.
5 À cet égard, on peut qualifier cette propriété privée de propriété d’exclusion sur la base même de ses fondements juridiques (voir Rochfeld, 2013).
6 Je pourrais dire « commun » à la place de collectif ou comme synonyme en suivant Grandjonc (2013) et son travail sur l’origine du mot communisme et son développement. Dans ce sens « collectif » exprime la dynamique des interactions sociales et socialisantes ; il a une dimension structurante, à structurer…
7 Pour une lecture critique plus détaillée voir Weinstein (2010), Gomez (2009), Rainelli-Le Montagner (2009), Keen (2014). Voir aussi les travaux de Meiksins-Wood sur l’émergence de la démocratie et la construction de la « polis ».
8 Par cette opposition nous reprenons sous un vocable différent ce que Marx qualifie, respectivement, de propriété privée (capitaliste), c’est la propriété privée des moyens de production et d’échange, et de « propriété véritablement humaine et sociale » (1972 : 68 ; 1974b : 103) que nous qualifions de « personnelle », la première donnant du « pouvoir sur la moindre quantité de travail d’autrui » (1976 : 227). Pour une lecture critique de cette interprétation voir Dardot, Laval (2012 : 641 et suivantes ; 2014 : 233 et suivantes). Pour une étude historique voir Meiksins-Wood (2013, 2014).
9 Sur l’émergence du libéralisme, il est intéressant de relire ce qu’en disait Marcuse (1971), en particulier sur la contribution de Luther et de Calvin (p. 26, 53, 122, 124-125, 183 par exemple).
10 « Le rapport de l’homme à la nature se définit comme travail. L’homme n’est pas naturellement un animal politique : c’est un animal propriétaire et travailleur, propriétaire parce qu’il est travailleur, travailleur pour être propriétaire » (Manent, 1987 : 97).
11 Voir Dockes à propos de Hobbes (2008) et Meiksins-Wood (2014) en particulier le chapitre 7.
12 Au sens de Ricœur (1997).
13 Voir Polanyi (1983), Braudel (1979).
14 Sur ce mot, voir Audier (2012), l’essentiel est de relever que dans le courant le plus « ultra » dans son affirmation du tout marché, nous trouvons un élitisme et, paradoxalement sur un plan épistémologique, un autoritarisme affirmés (Audier, 2012 : 410). Il est d’ailleurs surprenant (ou pas) de relever que nombre des économistes libéraux, malgré leurs différences, peut/pouvait se retrouver sur des positions politiques autoritaires voire fascisante (idem : 492 ou 494 par exemple, ainsi que la citation de Aron reprise par Audier page 504). Sur le projet libéral, voir Audier (2012), en particulier les chapitres 3 et 4 et Dardot et Laval (2010) pages 122 et suivantes. Sur une analyse des fondements voir Klotz (1985), en particulier la contribution de Latouche « L’ordre social naturel ne sert pas seulement d’assise imaginaire de la société libérale capitaliste… » (1985 : 207).
15 Pour une discussion sur le lien entre l’ESS et le libéralisme voir McMurtry, 2013.
16 À condition de ne pas raisonner en terme alternatif ou dichotomique à partir de ces « ideals types » mais bien à partir « de la combinaison de normes sociales, de règles formelles et informelles qui modèlent leurs [l’économie sociale et solidaire et les autres formes d’organisations économiques] morphologies respectives » (Chanteau, Labrousse, 2013 : 72).
17 Alternatives Économiques, n° 249, juillet-août 2006 : 92-94.
18 Nous prenons les deux termes comme synonymes même si l’un renvoie plus au champ de l’économiste et l’autre à celui du gestionnaire (Baudry, 2003 ; Bouba-Olga, 2003).
19 Voir à ce propos l’essai de Fleurbaey, en particulier la section « Le mythe du contrat » (2006 : 175).
20 Voir Defalvard (1992), Hodgson (2007) et Birnbaum et Leca (1991) pour la présentation des termes du débat entre individualisme méthodologique, holisme, dialectique et convention.
21 Pour une présentation critique des termes du débat entre individualisme méthodologique et dialectique voir Sève (2004 : 179 et suivantes). Voir aussi Birnbaum et Leca en particulier, bien que la question ne soit pas de savoir s’il faut partir de l’individu pour comprendre les choix économiques et sociaux, mais beaucoup plus de savoir comment se construit cette capacité de choix et donc d’actions (1991 : 244 et suivantes).
22 En suivant Sève (2004 : 242, note 111) « l’épistémologie est proprement réflexion sur la science, la gnoséologie réflexion sur l’ensemble des formes du connaître (…) » (souligné par nous).
23 Pour un critique du fonctionnement des Conseil d’Administration (Weinstein, 2010 : 101-109).
24 Pour une présentation de cette contradiction voir Jacot, 1974.
25 « Le résultat du procès de production capitaliste n’est ni un simple produit (valeur d’usage) ni une marchandise, c’est-à-dire une valeur d’usage qui a une valeur d’échange déterminée. Son résultat, son produit, c’est la création de la plus value pour le capital et donc la transformation effective d’argent ou de marchandise en capital… » (Marx, 1974 : 467-468).
26 « Dès que les individus se font face comme des personnes libres, sans salariat pas de production de survaleur, sans production de survaleur pas de production capitaliste, donc pas de capital et pas de capitaliste ! Capital et travail salarié (c’est ainsi que nous appelons le travail du travailleur qui vend sa propre capacité de travail) n’expriment que les deux facteurs d’un seul et même rapport » (Marx, 2010 : 159). Cette citation montre aussi la difficulté à sortir du vocabulaire quotidien pour saisir le concept. Pas de survaleur ne veut pas dire pas d’excédent pour investir, former, embaucher, rémunérer… Le salariat est le régime légal et le nom du revenu qu’un salarié reçoit mais il est plus que cela, il est un rapport social. À ce titre, il exprime « le procès d’aliénation de son propre travail » (idem : 132).
27 Ce qui pose la question de la place de la marchandise et la pression permanente à la marchandisation, et donc de celle de l’authenticité définit comme « une pure valeur d’usage définie dans un rapport singulier à un utilisateur » (Boltanski et Chiapello, 2011 : 594). À titre anecdotique peut être voir dans les Échos du 18 juillet 2013 : 17, l’encart « Les bricoleurs préfèrent l’usage à la propriété » (http://entrepreneur.lesechos.fr/entreprise/tendances/actualites/0202902956118-tendance-le-commerce-collaboratif-s-etend-a-de-plus-en-plus-de-secteurs-10031218.php - accédé le 2 septembre 2013).
28 Il y aurait tout un travail à faire sur les temps des civilisations. Par exemple le temps au sein de l’Islam n’est pas linéaire mais plus perçu/vécu comme une « accumulation d’instant » (Madoui, 2005). Merci à Cécile Perret de cette indication.
29 Cet aspect nous rapproche du concept de « délibération » (Dacheux Goujon, 2013).
30 Pour un développement sur le concept de communauté, de collectif, voir Lehavi, 2008. Voir aussi l’économie communautaire (Elsen, 2013 : 173 en particulier).
31 Pour une revue critique du concept de « Commun » voir Dardot Laval (2014). Pour une définition stricte du « common » opposé aux autres biens voir Coriat (2015). Il rappelle qu’« un commun n’existe que sous la triple existence de la “ressource” mise en commun et partagée, (…) du mode d’accès à la ressource, et des règles de son partage, (…) du mode de gouvernance de la ressource » (Coriat, 2005 : 2). Dans le reste du texte nous suivrons cette définition quand bien même nous utiliserons l’expression bien commun ou ressource commune, sans mention autre.
32 Voir sur cette ambivalence, Chanteau et Labrousse, 2013.
33 « The brand equity produced by user-consumers becomes a target of valorisation as the monetary value attributed to branded goods, such as Lego bricks or Virgin broadband, is factored into the stock price of the companies owning the intellectually property vested in the brand » (Willmott, 2010 : 521).
34 Qui se caractérise selon Testart par le fait « que la décision de vendre n’est pas acquise et, bien que les questions de valeur et de prix se posent, l’échange dépend de rapports autres que des rapports strictement économiques » (2007 : 135). Il précise que dans « l’échange marchand, c’est la chose qui domine, ce sont les relations entre les choses elles-mêmes » (idem : 145) ce qui n’est pas sans rappeler le procès de réification développé par Lukacs (1960), Marcuse (1969, 1971)…. Il rajoute que cet échange marchand « est susceptible d’être utilisé à deux types de fins, selon que l’échangiste cherche la valeur d’usage du bien fourni en contrepartie ou sa valeur d’échange » (Testart, 2007 : 156), qui s’inscrit alors dans un rapport commercial capitaliste (mais qui peut ne pas être capitaliste tout en restant commercial) de recherche de la valeur pour la valeur.
35 « Le capital même est double, du fait qu’il consiste en marchandises. Valeur d’échange (argent), mais valeur se valorisant, valeur qui par la même crée de la valeur, qui s’accroit en valeur, reçoit un incrément consistant en valeur. (…). Valeur d’usage et ici il apparaît selon les rapports déterminés qui sont les siens dans le procès de travail. » (Marx, 2010 : 238-239).
36 À cet égard, le cas de kibboutz est intéressant à analyser, voir Warhurst (1996a et 1996b), Bradley et Sosis (2002) et Lehavi (2008), en particulier sur la question de la valeur d’usage : « many kibbutz branches operate on use value alone » (Warhurst, 1996a : 423).
37 Pour une mise en perspective voir Dunlavy (2006) et Segrestin et Hatchuel (2011).
38 Pour une revue voir Henriksen et alii (2011), Feng et Hendrikse (2008, 2011), Prinz (2002), Espagne (1997) ou encore Gios et Santuari (2002). Pour les coopératives de crédit voir Goglio et Leonardi (2010), Cuevas et Fischer (2006) et Cutcher et Mason (2014).
39 Il existe d’autre forme de propriété mettant les salariés au cœur du dispositif comme dans le cas de John Lewis Partnership Plc au Royaume-Uni même si dans ce cas « l’appropriation » passe plus par le mode de gouvernance que par un contrôle sur le capital (Paranque, Willmott, 2014).
40 Précisons que la forme dominante était le capitalisme familial fondé sur l’héritage.
41 Voir la mise en place en France des SCIC, Société Coopérative d’Intérêt Collectif, http://www.scic.coop/entreprise-cooperative.htm.
42 Ce qui se retrouve dans les règles de fonctionnement des coopératives évoquées précédemment : si les dividendes ne peuvent être distribués et que la valorisation « spéculative » des titres est impossible, il n’y a pas d’échanges capitalistes possibles.
43 Voir aussi Marx (1980 : 401) .
44 Ce qui est moyen donc de lutter contre la réification (Honneth, 2007 ; Fischbach, 2009 ; Lukacs, 1960 ; Marcuse, 1969, 1971 ; Orleans, 2011).
45 « La marchandise est d’abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n’importe quelle espèce. Que ces besoins aient pour origine l’estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à l’affaire (…). Chacune est un ensemble de propriétés diverses et peut, par conséquent, être utile par différents côtés. Découvrir ces côtés divers et, en même temps, les divers usages des choses est une œuvre de l’histoire » (Marx, 1978 : 51).
46 Cela renvoie à la distinction entre « ressource en propriété commune » et un « pool de ressources communes » (Hess et Ostrom, 2011 : 5 ; Hess et Ostrom, 2007), ces dernières pouvant être gérées en tant que biens publics (sans exclusion de bénéficiaires) ou privés (la consommation de l’un réduit le stock disponible pour les autres).
47 Pour la communauté, le sentiment de propriété ne sera pas tangibilisé seulement par un droit mais aussi par l’appartenance.
48 À cet égard, Ostrom (2010b) apporte des éléments intéressants pour notre analyse en commentant une approche en termes de « Commons » des opens sources sowftware (Madison, Frischmann et Strandburg 2010 ; voir aussi Schweik, 2011).
49 Voir Fischbach (2009 : 233 et suivantes) et Marx (1972 : 90-91).
50 Ce débat élargit les réflexions concernant les « commons » qui traitent de ressources soit tangibles, naturelles, soit intangibles, immatérielles (même si elles peuvent donner lieu à des biens (livres, logiciels…). Dans le prolongement du travail engagé par d’autres dans le cadre du programme PROPICE (Coriat, 2013b), notre objectif est de travailler à la production d’un « common » qui exprime un projet collectif en mobilisant des ressources matérielles (des actifs partagés mais aussi à mobiliser comme l’accès à des matières premières) à entretenir, et des ressources immatérielles à développer (des valeurs en commun au projet collectif proprement dit sur et pour un territoire) à l’image de la Banca de Palma (Meyer, 2012).
51 Ce qui est aussi un choix social comme l’indique Boltanski et Chiapello (2011 : 639) : « ce qu’il s’agit de défendre, c’est d’abord l’égale dignité des personnes qui leur ouvre un accès égal à des biens primaires (…) ».
52 Voir Descola sur « les schèmes de relations » (2005 : 425), qui caractérise le don comme une relation sans contrepartie. À la différence de Descola, nous ne retenons pas la prédation, c’est-à-dire prendre une chose sans contrepartie, dans la mesure où notre propos concerne la coopération. Voir les pages 426 et suivantes.
53 Ceci peut être néanmoins discuté comme le montre la définition du don par Caillé (2007) et ce qu’en dit Bourdieu 1994, 178.
54 Voir aussi Ostrom, Dietz, Dolsak, Stern, Stonich and Weber, 2002.
55 Pour une analyse historique et épistémologique de ces « communs » voir Dockes : « Une lutte progressive est menée pour libérer les biens ruraux des pratiques communautaires et des servitudes ou droits d’usage collectif… » (1985 : 81) et Dardot et Laval (2014) ; on est bien loin d’une évolution « naturelle » comme le laisse entendre le discours dominant actuel. Voir aussi Luxembourg qui montre bien combien la lutte contre les formes traditionnelles de propriété collective a été un enjeu de la colonisation (1967 : 43 et suivantes).
56 À cet égard le travail de Gaël Giraud (chapitres 7 et suivants, 2012) est très intéressant appliqué à la finance et à la monnaie comme ressource collective « common-pool ressource ». Il rappelle qu’il ne s’agit pas de « biens » au sens matériel mais « des systèmes régissant des actions collectives, des modes d’existence et d’activités de communautés » (p. 142) et rajoute que « la liquidité et le crédit devraient être organisés à la manière de communs » (p. 143).
57 Voir Graeber (2013) pour une étude du rôle du crédit dans l’histoire humaine.
58 Cela a fait débat durant un cours avec des étudiants à propos du commerce de la banane. Comment soutenir des producteurs locaux dans le cadre du développement du commerce équitable tout en réduisant l’impact de l’approvisionnement sur l’environnement lors du transport vers l’Europe du produit ? Peut-on dissocier les deux, en disant « je n’achète que des produits de saison » si les producteurs, du fait du poids de l’histoire et des choix antérieurs, n’ont pas d’autres choix ; si, encastrés dans des rapports de pouvoirs, ils ont besoin de temps pour diversifier leur production ? Quelle doit être notre capacité à élaborer des compromis, y compris avec nos propres exigences ?
59 Et, pourrait-on ajouter, de la finance. Ceci nous parait d’autant plus important les travaux d’Ostrom n’évoquent jamais la question du financement des activités étudiées. En fait la question du financement est absente. Nous ne savons pas comment ont été financées les institutions de gestion collective, pas plus que l’activité des acteurs eux-mêmes, et encore moins quelle est leur relation au marché. Par exemple dans le cas des pêcheries (Ostrom, 2010 : 209), nous ne savons rien des interactions réelles ou potentielles entre les contraintes liées à la vente de la pêche sur le marché traditionnel et celles résultantes de la coordination collective et du respect de ses règles.
60 Voir en particulier pages 59 et suivantes : « … pour l’économie néoclassique la relation aux objets prime sur la relation aux autres individus ou à la société » (Orléans, 2011 : 59). Pour une critique de l’analyse de la « valeur-travail » comme « substance » (Orléans, 2011) voir Dardot (2014).
61 Voir l’exemple des kibboutz (Warhurst, 1996a et 1996b ; Bradley and Sosis, 2002 ; Lehavi, 2008).
62 Pour une analyse critique de ce que recouvre le concept de social, voir Fradin (1985) à confronter à Latouche (1985).
63 Nous utilisons l’expression « ressources communes » comme synonymes de « bien commun » pour éviter la confusion trop rapide avec son sens de « vivre ensemble » même si pour autant ce sens est pleinement inclus dans notre approche et indissociable d’un construire ce vivre ensemble. Voir Desreumaux et Brechet, 2013.
64 Comme le précisent Dardot et Laval en rappelant qu’Ostrom insiste sur la spécificité des institutions de gestion en commun dont les règles « représentent ce que font réellement les gens » et « qu’il ne faut pas croire qu’il ne peut y avoir d’institutions en dehors de celles créées par l’État » (2014 : 149) même si ces institutions ne peuvent exister sans les règles de droit permettant leur mise en place.
65 Ce qu’on peut définir comme un territoire « comme un espace considéré et reconnu comme pertinent par les agents économiques pour leurs actions » (Paranque, 2008 : 11).
66 Sur ce concept voir Ostrom (2005 : 16 et suivantes).
67 À cet égard, en suivant Weinstein (2013) dans son analyse des travaux de Elinor Ostrom, on pourrait considérer la SA comme une forme de propriété commune faisant ainsi écho à Marx cité, à condition dans le même temps de remettre en cause le statut hégémonique donné à l’actionnaire et aux managers.
68 Repris de Paranque (2010).
69 http://www.fralib.fr/011-44-1-unilever-et-elephant-40-ans-d-histoire-commune.html, accédé le 2 septembre 2013.
70 http://www.regionpaca.fr/emploi-developpement-economique/les-prides/les-29-prides.html, accédé le 26 avril 2013 ; http://www.regionpaca.fr/economie-emploi/innovation-et-recherche/les-prides/labellisation.html et http://www.regionpaca.fr/economie-emploi/economie-sociale-et-solidaire/les-politiques-ess-et-leur-perimetre.html, accédés le 15 juin 2015.
71 http://www.hom-ter.com/web/index.php, accédé le 15 juin 2015.
72 http://confiblog.wordpress.com/tag/recettes-de-confitures/ accédé le 15 juin 2015.
73 L’utilisation du terme entreprise permet de simplifier le propos mais aussi renforce son ambiguïté. En effet, nous avons les termes de firme, de société, de compagnie, d’organisation productive. Or l’entreprise n’a pas de définitions légales, seules la société en une. Dès lors parler d’entreprise peut donner l’impression de laisser de côté la question de la propriété. De plus, une société n’appartient pas à ses actionnaires. Que ces derniers soient des salariés ou des investisseurs ne changent rien à cela. Par conséquent, la question de la propriété des moyens de production est moins comprendre en terme uniquement légal quand terme de pouvoir, c’est-à-dire de capacité d’action coordonnée et organisée. C’est pour cela que l’accent doit être mis sur les formes de gouvernance et d’organisation de l’élaboration de la prise de décisions et de sa mise en œuvre.
74 À partir de Meyer (2012).
75 http://www.ceras-projet.org/index.php?id=5521, accédé le 15 juin 2015.
76 Voir d’autres exemples similaires dans Cutcher et Mason (2014).
77 http://www.autogestion.asso.fr/?p=108 accédé le 15 juin 2015.
78 Voir l’enjeu du débat sur cette question dans Dardot et Laval (2012 : 641 et suivantes).
79 Pour une approche sur les difficultés d’une telle lecture voir Jossa (2005).
80 « L’aliénation de l’ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet, une existence extérieure, mais que son travail existe, en dehors de lui, indépendamment de lui, étranger à lui, que la vie qu’il a prêtée à l’objet s’oppose à lui, hostile, étrangère » (Marx, 1972 : 58).
81 Cette question de l’échelle des projets est complexe et délicate si on veut éviter un enfermement dans le localisme, voire le protectionnisme, et l’antiétatisme. Quelle est l’échelle pertinente ? Qu’est ce qu’un territoire ? Comment articuler les différents espaces d’actions entre eux ? Ceci est crucial car l’action collective localisée ne peut pas se passer d’un État qui permet, en particulier via la Loi, d’assurer la crédibilité des engagements pris localement (voir Ostrom, 2005 : 278 par exemple).
82 Aristote : De Republica, Livre 1er, chap. IX (édition I. Bekkeri, Oxonii, 1837 [Opera, vol. X : 13 et suiv.]) : « Car tout bien peut servir à deux usages… L’un est propre à la chose en tant que telle, mais pas l’autre ; ainsi une sandale peut servir de chaussure, mais aussi d’objet d’échange. Il s’agit, dans les deux cas, de valeurs d’usage de la sandale, car celui qui échange la sandale contre ce qui lui manque, des alimenta par exemple, se sert lui aussi de la sandale. Mais ce n’est pas là son usage naturel. Car elle n’est pas faite pour être échangée. Il en est de même pour les autres biens. »
83 Un point important, peu traité dans le chapitre, est celui du rapport au global, c’est-à-dire comment éviter de s’enfermer dans un local s’opposant au global, c’est-à-dire aussi aux échanges avec l’Autre. Pour des éléments de débats voir Scott Cato (2014) et Ganesh et Zoller (2014).
84 Tout cela n’est pas sans proximité avec l’économie communautaire dont certains des critères recoupent ceux des institutions de gestion des pools de ressources (Elsen, 2013 : 171).
85 Dont la définition est rappelée par Boltanski et Chiapello comme « le fait de ne pas reconnaître les dettes contractées à l’égard d’autres personnes – individuelles ou collectives (Sarthou-Lajus, 1997) » (2011 : 517). Voir Graeber (2013) et Servet (2013) pour une histoire du concept de dette.
86 Voir à ce propos les développements de Roubine (2009 : 42).
87 Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle forme d’exploitation, celle des consommateurs après celle des salariés, mais d’investissements socialisés qui vont permettre aux entreprises de limiter l’immobilisation des capitaux qui seraient nécessaires pour produire ces nouvelles marchandises.
88 Ou, comme le dit Meiksins-Wood, « Dans son essence, l’économie capitaliste est une économie dans laquelle on a transféré au domaine économique tout un éventail d’activités humaines qui, en d’autres temps et d’autres lieux, sont assujetties à différentes règles communales ou étatiques. » (Meiksins-Wood, 2014 : 619).
89 Voir Guerreiro-Ramos (1981) par exemple pages 106, 108, 118-119, 121, 141 et s.
90 La réciprocité qui est au cœur du commun met « en évidence une dimension essentielle, que la théorie économique standard ne permet pas de voir : le lien étroit entre la norme de réciprocité, la gestion démocratique et la participation active dans la production d’un certain nombre de ressources » (Dardot, Laval, 2014 : 151) comme cela peut être illustré dans le cas des communautés de marque.
91 La réciprocité n’implique aucun rapport causal, ni obligation ; l’échange implique une cause et une obligation ; le don est sans obligation que ce soit pour le cédant ou le bénéficiaire (Testart, 2007 : 221).
92 Voir aussi Meiksins-Wood, 2013 : 57-58 ; 172.