Monde, versions et textes
p. 83-97
Texte intégral
1Il existe au sujet de Goodman une sorte de légende qui en fait un philosophe austère, auteur d’une œuvre dense et abrupte, adepte de méthodes déflationnistes et d’humeur volontiers intraitable. Une telle image n’est pas tout à fait fausse mais à coup sûr incomplète car elle ne tient suffisamment compte de l’évolution de sa pensée et d’une tension interne jamais résolue entre une orientation méthodologique restrictive et une volonté pluraliste d’ouverture. Goodman apparaît en effet comme le représentant type d’un rationalisme logique dont le projet de base consiste à rendre compte de la diversité du réel à partir de la base ontologique la plus économe, au prix d’un alourdissement considérable de l’appareillage formel. Mais il convient immédiatement de remarquer que cette entreprise conduit moins à résorber toute la variété des choses dans une structure unique, à la manière des grands systèmes métaphysiques du rationalisme français ou de l’idéalisme allemand, qu’à envisager la possibilité de structures alternatives, avec leurs inconvénients et leurs avantages. Plutôt que de parler de construction en général, il vaut mieux mettre l’accent sur une reconstruction de notre expérience qui ne se dit pas en un seul sens, ainsi que sur les contraintes et les limites lorsqu’on entreprend de les jauger et de les comparer.
1. Une interprétation irréaliste du monde
2Dans La Structure de l’apparence1, ce sont sans conteste les restrictions qui dominent. Cela tient pour une part importante à ce que le livre constitue une sorte de manifeste en faveur d’une conception phénoménaliste, nominaliste et méréologique. Le phénoménalisme adopte comme base des qualia, véritables atomes sensoriels – à la fois irréductibles et répétables – de trois espèces : temps, endroit et couleur, qui engendrent par concrétion des complexes qualitatifs ; le nominalisme impose de n’admettre que des individus et de traiter toute autre entité comme une construction linguistique ; enfin la méréologie entreprend de remplacer le langage ensembliste (appartenance d’un élément à une classe) par un calcul tout/parties dont l’opérateur de base est le chevauchement. Je n’entrerai pas dans l’analyse de cet ouvrage mais je vais concentrer mon attention sur les phases postérieures du travail de Goodman, après le tournant que représente Langages de l’art. De prime abord, on pourrait penser que rien de fondamental n’a changé dans son approche et l’on retrouve d’ailleurs souvent des mises au point ou des remarques méthodologiques qui assurent la continuité avec l’ouvrage mentionné. Pourtant Goodman a aussi de plus en plus de mal à définir sa place au sein du spectre des positions philosophiques habituelles. Par exemple, dans l’avant-propos de WW, il écrit :
Peu d’étiquettes philosophiques conviennent aisément à un livre qui se brouille autant avec le rationalisme qu’avec l’empirisme, avec le matérialisme, l’idéalisme et le dualisme, avec essentialisme et existentialisme, avec mécanisme et vitalisme, avec mysticisme et scientisme, aussi bien qu’avec la plupart des autres ardentes doctrines. Ce qui en ressort pourrait éventuellement être qualifié de relativisme radical sous contraintes de rigueur, lequel débouche sur quelque chose d’apparenté à de l’irréalisme.2
3On retrouve dans la Préface de MOM de semblables formules marquées par une tonalité apophatique, et la même difficulté à se réclamer d’une position sans devoir l’assortir aussitôt d’une clause qui en restreint la portée ! Visiblement quelque chose a pris le dessus qui, par-delà la continuité souterraine, plaide désormais pour une réélaboration qui, sur certains points, équivaut à une rupture.
4L’objet de cette communication est d’examiner deux thèmes d’apparence antithétique et néanmoins fortement corrélés puisqu’ils renvoient tous deux au problème de l’interprétation : d’un côté le monde en proie à la démultiplication de ses versions, de l’autre le texte confronté tout à la fois à son origine et à ses lectures. Ces deux questions ont une généalogie propre au sein de l’œuvre, elles émergent de manière distincte, et elles ont d’abord été traitées indépendamment sur des modes respectivement ontologique et sémiotique, mais elles se rencontrent explicitement dans le chapitre 3 de RP, « Interprétation et identité, l’œuvre survit-elle au monde ? » Ce qui m’intéresse réside dans ce qui les relie autant que dans ce qui constitue la teneur originale de chacune.
5Le point central et problématique de la seconde philosophie de Goodman est la notion d’irréalisme. Il en donne souvent une caractérisation épistémologique (comme dans le passage que je viens de lire : un relativisme sous contrainte de rigueur) mais la notion ne peut pas ne pas avoir une portée ontologique : « je suis un anti-réaliste et un anti-idéaliste – et donc un irréaliste » (MOM Préface). Étant donné que le réalisme métaphysique est la croyance que le monde possède une existence indépendante de l’esprit qui le pense, le non-réalisme équivaut à défendre la thèse selon laquelle il n’y a pas de sens à parler du monde en lui-même, soit parce qu’il serait ultimement inconnaissable (une chose-en-soi qui sert de fondement à nos représentations mais n’est pas elle-même représentable), soit parce qu’il serait une pure construction à base d’idées, d’énoncés ou de schèmes conceptuels. Le réalisme métaphysique est par nature moniste alors qu’il y a de multiples manières de ne pas être réaliste, non équivalentes entre elles et entre lesquelles il n’y a pas de moyen absolu de trancher. Chacune correspond à un modèle possible du monde avec ses avantages et ses limites, et qui s’ajoute aux autres sans pouvoir les remplacer. Si l’on rejette à la fois le réalisme et l’idéalisme, cela signifie en effet qu’on abandonne l’idée que l’esprit est capable de poser le monde (disons, à la manière de Fichte) et qu’on se replie sur une position moins forte ou plus instrumentale selon laquelle ce que nous appelons le monde environnant résulte avant tout des méthodes mises en œuvre pour y accéder et des objectifs qui guident ces choix.
6Dès LA, lorsque Goodman revendique que chaque manière de représenter et de décrire comporte une part d’invention puisqu’elle « engendre une classification aussi souvent qu’elle en enregistre une » (LA 57), il pourrait sembler qu’il ne fait qu’apporter un argument supplémentaire à l’encontre d’une théorie mimétique de l’art. Mais il s’empresse d’ajouter : « Que la nature imite l’art est une maxime trop timide » (58), ce qui veut dire que la célèbre affirmation d’Oscar Wilde prenant le contre-pied du réalisme esthétique ordinaire est encore en dessous de la réalité, et il enchaîne aussitôt en écrivant que « la nature est un produit de l’art et du discours » (id.)3. Dans le contexte du chapitre, on se borne en général à y voir l’expression rhétorique d’une position banalement conventionnaliste qui met l’accent sur la créativité foncière de l’art ; on doit se demander rétroactivement si ce genre de passage n’annonce pas déjà l’irréalisme qui triomphera dans WW.
7C’est à propos de la notion de fait que cette perspective se concrétise, lorsque Goodman revendique de manière provocante sinon provocatrice qu’on les fabrique (WW, chap. VI).4 On a spontanément tendance à penser que les faits sont des ingrédients ultimes ou neutres et même des invariants qui permettent de comparer différentes versions, chaque version se présentant comme une sorte de réarrangement des mêmes faits. Cette intuition est aux yeux de Goodman totalement erronée, elle repose sur la même erreur que celle que Quine a dénoncée dans la notion de signification : de ce que je peux passer d’une phrase française à une phrase anglaise de même sens alors que les mots et la syntaxe ont changé, ou d’une expression à une autre qui lui est synonyme, il ne s’ensuit pas que ce qui est préservé dans la traduction ou la synonymie soit la signification5 qui n’est en réalité qu’un mythe commode. Il en va de même des faits qui ne sont pas des données incorrigibles précédant toute théorie mais varient en fonction de la version adoptée, à la manière dont une carte géographique exprime des informations qui sont relatives au type de projection et à l’échelle adoptés ou à la manière dont les relations entre le soleil et la terre sont traitées différemment dans un cadre géocentrique et un cadre héliocentrique. « Comme les significations s’effacent au profit de certaines relations entre termes, ainsi les faits s’effacent-ils au profit de certaines relations entre versions » (WW 124). Tout se ramène donc en définitive à savoir comparer des versions, ce qui inverse le sens du problème : ce ne sont plus les versions qui sont comparées vis-à-vis de faits posés comme invariables mais le résultat de la comparaison entre versions et leur mode d’engendrement à partir de versions antécédentes fait ou non apparaître la stabilité de certaines propriétés et leur valeur de repère. Toute modification de position (stance) engendre en réalité un reclassement ; par exemple, « la révolution copernicienne a constitué une telle modification. Elle n’a pas plus modifié la cosmologie pour répondre aux faits qu’elle n’a transformé les faits en modifiant la position de la terre par rapport au soleil » (RP 104) mais l’ensemble des connaissances s’est trouvé redistribué. Il n’y a donc pas lieu de se demander « Qu’est-il advenu des “faits” » (102) ou « De quoi toutes ces versions sont-elles des versions ? » (id.) car on ne pourrait répondre à ces questions qu’en inventant une nouvelle version, ce qui réengendre la question et conduit à supposer que la distinction entre fait et convention a elle-même quelque chose de conventionnel (100), tout comme celle entre donné et langage dont elle n’est d’ailleurs qu’un aspect.6
8La conclusion de tout cela pourrait être quelque peu désolante puisqu’elle revient à constater que « si nous faisons abstraction de tous les traits responsables des désaccords entre les vérités, il ne nous reste rien que des versions sans choses, ni faits, ni mondes » (WW 152). Est-on donc menacé par un effondrement généralisé ou – ce qui revient au même – est-on dans l’incapacité de savoir évaluer les mérites respectifs de chaque version, condamnant du même coup toute prise de position à une équivalence douteuse ou fatale ? Dans WW, Goodman semble apporter une réponse presque trop « ironique » face à ce blocage apparent : « le réaliste résistera à conclure qu’il n’y a pas de monde ; l’idéaliste résistera à conclure que toutes les versions en conflit décrivent des mondes différents. En ce qui me concerne, je trouve ces vues également délicieuses et également déplorables – car, après tout, elles diffèrent entre elles de façon purement conventionnelle ! » (WW 153) S’il ne s’agit pas d’une simple pirouette, qu’est-ce qui autorise Goodman à soutenir cela ?
9Derrière ce que cette formulation peut avoir de provocateur ou au moins de désinvolte, il convient de discerner l’ébauche de plusieurs stratégies qui ont toutes en commun de comporter une forme d’allégeance à la pensée pragmatiste.
101/la « vacillation judicieuse » (MOM 32) entre plusieurs positions n’est pas une simple hésitation ou une décision opportuniste mais la prise en compte que le choix de toute position découle de la globalité de la situation. C’est en fait une application élémentaire du principe d’équilibre réfléchi qui commande de conserver une loi ou une règle tant qu’il est possible d’y ajuster les cas nouveaux mais qu’il convient de la changer lorsqu’il devient trop artificiel de le faire. Et cela vaut aussi pour l’interprétation du cadre lui-même :
Au niveau théorique, nous voltigeons entre des extrêmes aussi joyeusement qu’un physicien entre la théorie des particules et la théorie des champs. Quand le verbiage menace de tout dissoudre dans le néant, nous soutenons que toutes les versions vraies décrivent des mondes. Quand le sentiment du droit à la vie nous menace d’une surpopulation de mondes, nous appelons tout cela bavardage. Pour le dire autrement, le monde est comme le séducteur : il se retrouve toujours coincé avec rien ou trop. (WW 153).
112/Lorsque Goodman écrit que « nous ferions mieux de nous concentrer sur les versions que sur les mondes » (WW 127), il n’omet pas d’ajouter que « parler de mondes et parler de bonnes versions est souvent interchangeable » (MOM 41, mes italiques), et il maintient que seules « les versions vraies font des mondes » (MOM 34). Le vrai problème n’est donc pas de trouver un monde dans une version mais de construire une version (de monde) adéquate. Toutefois, comme on ne peut plus faire fond sur une conception correspondantiste de la vérité et que la conception cohérentiste risque d’être insuffisante, la seule issue consiste à faire évoluer la vérité vers une notion de la correction qui prenne en compte des aspects non propositionnels et même non verbaux, ainsi que d’autres facteurs relatifs à la pertinence et à l’usage.7 Moyennant une juste dose de vigilance, Goodman peut désormais décalquer sa formule précédente sous la forme « nous faisons des mondes en faisant des versions correctes » (RP 51), sans pour autant ouvrir la voie à l’anarchisme épistémologique à la Feyerabend où tout peut marcher dans un contexte approprié, ni à l’incontinence ontologique des mondes possibles.8
123/Le conventionnalisme ici revendiqué n’a rien d’un indifférentisme mais il est solidaire d’un désengagement ontologique ; Goodman parlera plus tard d’« ontologie évanescente » (MOM 33), ce qui dépasse de loin les thèses quiniennes sur la relativité de l’ontologie. Or, comme le fait remarquer Roger Pouivet, ordinairement « nous parlons des choses de ce monde et jamais du monde dans lequel il y a ces choses »9, à tel point que l’idée de « comparer des mondes entre eux » est étrange et peut-être dénuée de sens. Selon lui, Goodman tomberait ici à son corps défendant dans le vieux piège métaphysique dans lequel, du Parménide de Platon à la « Dialectique transcendantale » kantienne, ne manque pas de s’empêtrer quiconque en vient à parler du monde en sa totalité.
13Il suggère qu’il y a deux lectures à faire de l’évolution de Goodman. La moins bonne consiste à voir dans l’irréalisme une manœuvre quelque peu désespérée pour donner une solution acceptable à l’énigme de l’induction, en termes d’implantation de prédicats. Une bien meilleure – et non affectée par les doutes sur la précédente – est de souscrire à une théorie généralisée des systèmes symboliques (cf. RP 175-6). Il n’est pourtant pas sûr que le choix d’adhérer à cette thèse soit ultimement cohérent car Goodman le subordonne en réalité à une théorie épistémique10 : dans la reconception de la philosophie qu’il propose, la compréhension en tant que processus cognitif remplace systématiquement la connaissance, si bien que le soupçon d’idéalisme sophistiqué tendrait plutôt à se renforcer qu’à s’évanouir – sauf si l’on décide de replacer l’ensemble de ces analyses dans un horizon pragmatiste.
2. Résistances : interprétation versionnelle vs objectivale
14Inutile de préciser que les idées défendues par Goodman dans WW (et prolongées dans MOM) ont suscité de nombreuses réactions, souvent en provenance de proches – de Quine à Scheffler et Putnam – qui tous ont écrit des compte rendus assez critiques sur cet ouvrage. Je vais me concentrer sur quelques points de résistance récurrents qui illustrent assez bien la questionnement sur la relation entre versions et mondes.11
15Un point central dans la recension de Scheffler est que Goodman ne définit nulle part la notion de monde et peut en conséquence jouer sur l’indétermination du mot. En effet, remarque-t-il, Goodman oscille entre deux interprétations non synonymes et dont les engagements sont très différents ; certains passages peuvent se contenter de la plus faible alors que d’autres exigent le recours à celle qui est plus onéreuse :
Selon la première, l’interprétation versionnelle, un monde est une version du monde vraie (ou correcte) ; dans ce cas, le pluralisme défendu reflète simplement, en l’étendant aux versions en général, la doctrine de la Structure de l’apparence selon laquelle, pour tout sujet pré-philosophique, on peut se trouver face à des systématisations en conflit. Selon la seconde, l’interprétation objectivale, un monde est un domaine de choses (de versions ou de non-versions) auxquelles une version du monde correcte réfère ou qu’elle décrit.12
16L’interprétation versionnelle est inoffensive car elle se borne à entériner le fait que le pluralisme est inhérent à une approche ouverte de la réalité, ce qui ne dérange que l’absolutiste forcené, surtout lorsqu’il est matérialiste. Goodman défendait déjà ce point de vue en 1960 dans The Way the World Is, en revendiquant que le monde existe d’autant de manières qu’il peut être vu ou décrit. Aucune n’est la manière d’être du monde et toute prétention en ce sens serait déraisonnable, mais chacune contribue à en éclairer un aspect. Si la quête du mystique le reconduit inévitablement au silence, ce qui menace le philosophe avide de pluralité et de différencialisme (MOM 15) est la discordance des langages et des représentations. Celle-ci pose des problèmes de sélection et de commensuration qui peuvent se révéler délicats mais elle ne comporte pas en principe d’implications ontologiques hasardeuses.
17Il en va tout autrement dans une interprétation objectivale qui s’aventure au-delà du niveau épistémique et pour laquelle « nous avons à faire ce que nous faisons, qu’il s’agisse de la Grande Ourse, de nourriture, de carburant ou d’une chaîne stéréo » (MOM 36). Goodman a beau préciser que « nous ne faisons pas des étoiles comme nous faisons des briques ; toute fabrication ne consiste pas à modeler de la boue » (MOM 42)13, l’avocat du sens commun ne peut s’empêcher d’objecter que les étoiles existaient bien avant que des hommes en prennent conscience et surtout qu’il est difficile de comprendre comment il est concevable de « fabriquer des choses avec des mots »14 ou même en manipulant les systèmes symboliques les plus sophistiqués.
18Concernant le premier point, la position irréaliste revient à affirmer qu’il est impossible de donner sens à un trait du monde indépendant de toute version (MOM 41)15 et qui appartiendrait pour ainsi dire à un réel précédent toute conceptualisation. En accord avec N. Hanson – lui-même inspiré de Wittgenstein – qui défendait l’idée qu’il n’y a pas de vocabulaire descriptif qui ne soit déjà imprégné de théorie, Goodman peut proposer une sorte d’argument itératif fonctionnant comme suit : une fois qu’on a admis que ce n’est pas la nature qui a fait la Grande Ourse mais une version astronomique, on doit admettre aussi que c’est une version qui en a fait une constellation, puis de même un corps céleste, et ainsi de suite, sans qu’on rencontre jamais un donné absolu – si bien qu’en définitive « ce qui n’est ni en tant que chose-ainsi ni en tant que non-chose-ainsi se réduit à rien ».16 La conclusion qu’en tire Goodman peut à première vue surprendre : « alors que j’insiste sur la multiplicité des versions correctes du monde, je ne souligne aucunement qu’il existe plusieurs mondes – ou effectivement au moins un » (WW 126), ce qui permet à Putnam de s’écrier : « bondissant tout armée du sein de la philosophie analytique contemporaine, une forme d’idéalisme aussi extrême que celle de Hegel ou de Fichte ! »17 Et effectivement il y a de quoi trouver le rapprochement assez paradoxal.
19Il existe toutefois une lecture plus charitable de cette notion de « faire monde », comme Antonia Soulez a proposé de traduire l’expression de world-making.18 Elle consiste à soutenir une forme de solipsiste méthodologique modéré selon laquelle « on pourrait dire qu’il y a seulement un monde mais [où] cela vaut pour chacun des nombreux mondes » (MOM 33) qui trouvent place dans le réel. Cette version s’apparente à ce que Putnam appelle le « réalisme interne », à savoir une théorie qui tient pour vaine toute interrogation sur l’ameublement ultime du monde19 ou l’attachement à une base privilégiée, à l’encontre de Quine par exemple qui maintient que seule la physique peut déterminer quelles versions sont recevables.20 Ce qui importe en pratique est qu’on ne pense jamais que dans un seul monde à la fois où s’effectue la construction, alors que la question relève d’un niveau méta-théorique où la signification de positions comme le monisme, le pluralisme ou le nihilisme tend à se brouiller. Il convient aussi de remarquer que, si cette posture de défiance vis-à-vis du réalisme – qu’il soit métaphysique ou épistémologique – suscite en général quelque appréhension chez les philosophes attachés à la défense de la rationalité, elle suscite infiniment moins de perplexité chez les physiciens quantiques dont l’approche en termes de quasi-réalisme les prépare plus facilement à négocier ces réaménagements de type catégoriel. Ici encore, c’est du côté du pragmatisme qu’on peut le mieux rendre compte de cette évolution de fond de la pensée philosophique.
3. Monde et texte : parallélisme et dissymétrie
20Lorsque Goodman revient une dernière fois sur ces questions dans l’article « Interprétation et identité, l’identité survit-elle au monde ? »21, le contexte est à la fois semblable et très différent. On retrouve certes dans la première partie des considérations générales portant sur la relativité conceptuelle dans ce qu’elle a d’inévitable et en même temps de potentiellement dangereux puisque échapper au dogmatisme pour sombrer dans le scepticisme épistémique de Rorty ou Feyerabend n’a rien de très engageant. Comme l’avait remarqué Putnam, Goodman ne pourrait que rejeter avec horreur la position qui voit dans les mots « vrai » ou « correct » de simples termes indexicaux, avec la conséquence redoutable qu’un énoncé vrai serait seulement « vrai-pour-moi ».22 Il maintient au contraire qu’une théorie générale de la compréhension ne peut se désintéresser de la sélection des versions qu’elle admet ; comme on peut s’y attendre, le pluralisme est l’alternative la plus crédible lorsque la correction s’applique à un contexte où le monde est perdu.
21Mais un autre facteur, absent jusque-là des préoccupations goodmaniennes, vient infléchir profondément la situation ou réorienter l’approche : la prise en compte de l’interprétation des œuvres littéraires. De prime abord, il ne semble pas y avoir de raison de rapprocher en soi le monde et les œuvres sauf que, comme le remarque John Gibson, une œuvre a beau ne consister qu’en un tissu de mots, « ce tissu de mots réalise quelque chose d’extraordinaire lorsqu’il est placé dans le contexte d’une œuvre littéraire : il fait tenir en place la texture d’un monde ».23 En d’autres termes, la littérature ne se contente pas de décrire le monde, elle dispose de la capacité d’engendrer des mondes et de mobiliser à partir du langage les ressources imaginatives du lecteur qui s’engage dans leur exploration. De l’œuvre au monde, la conséquence est bonne mais sans réciprocité puisque tout monde n’est pas fait de phrases et n’est pas accessible au moyen d’une stratégie de faire semblant. Ce qui rend néanmoins tentant et naturel d’appliquer aux œuvres les conclusions relatives aux versions de monde est que la pluralité herméneutique semble poser moins de problèmes que sa contrepartie métaphysique. Après tout, n’est-ce pas une banalité de reconnaître qu’une œuvre est susceptible de recevoir plusieurs interprétations, quelquefois inégalement intéressantes mais d’autres fois non ? Et personne en général ne se scandalise que des lectures du même roman puissent diverger sensiblement dans l’importance reconnue aux divers épisodes ou parfois se contredire radicalement ; en matière littéraire, c’est plutôt l’unanimité qui paraît suspecte. Comme dans le cas des versions, il ne saurait être question de traiter à égalité n’importe quelle interprétation, ce qui a pu conduire les émules américains de Derrida comme H. Miller ou G. Hartman à oblitérer toute construction métalinguistique et à « confondre le texte littéraire avec les associations du lecteur ».24 Mais il n’est pas pour autant davantage question de retenir – à la manière de Hirsch, Stecker ou Iseminger – une unique interprétation, par défaut celle qui serait imposée par la compréhension de l’œuvre à travers les intentions de l’auteur.25 Si l’auteur ne peut jouer le rôle de principe de sélection, nous sommes dans une situation homologue à celle rencontrée dans le cas du monde : chaque interprétation légitime est l’équivalent d’une version correctement construite et il existe autant d’œuvres différentes qu’il y a d’interprétations défendables.
22On serait donc tenté de conclure que l’identité de l’œuvre n’est pas moins perdue que celle du monde, et pourtant Goodman refuse d’endosser cette conclusion, en raison d’une dissymétrie flagrante entre œuvre et monde. En effet, « des interprétations opposées concernent un unique texte, alors que des versions opposées n’ont aucune base commune » (RP 56). Certes on pourrait aussi décider que toute interprétation constitue une œuvre séparée mais on risque alors de brouiller la frontière entre des œuvres qui diffèrent ou non dans leur texte et ainsi ouvrir la voie à une multiplicité non maîtrisable. L’existence du texte présente l’avantage non négligeable d’être « pour le moins, tout aussi palpable et accessible que toute interprétation. On regroupe diverses interprétations en fonction du texte interprété ; ce texte n’est pas atteint par les luttes interprétatives et les changements qui s’y opèrent. » (RP 56)
23Toutefois, si l’identité d’une œuvre est relative à son texte de base, ce qui devient problématique est le traitement de deux fragments de texte indifférenciables. Il faut en réalité distinguer ici entre deux cas de figure. Selon le premier, deux inscriptions sont syntaxiquement identiques mais elles appartiennent à deux langues différentes ; cela se produit entre autres avec le mot « chat » qui désigne un animal en français et l’action de bavarder en anglais. On a ici deux textes distincts et deux œuvres, en dépit d’une similitude sémiotique accidentelle. Plus délicat est en revanche le cas des homonymes puisqu’il s’agit d’une inscription monolinguistique possédant deux sens distincts. Si ces homonymes sont aussi homographes et homophones comme le sont les mots « serviette » et « fraise », faut-il considérer que ces répliques strictement interchangeables dans le discours constituent deux œuvres distinctes ou bien deux lectures alternatives de la même ? Sous ses apparences modestes, l’exemple précédent illustre la même situation que le conte célèbre écrit par Borges, « Pierre Ménard, auteur du Quichotte ».26
24Comme on sait, Borges imagine qu’un obscur poète post-symboliste du début du XXe siècle se donne la tâche inattendue sinon déraisonnable de réécrire le Quichotte de Cervantès. Son intention n’est pas de le recopier comme auraient fait Bouvard et Pécuchet, ni d’en donner une version modernisée, dans la veine d’Unamuno, mais de réinventer le résultat par un cheminement qui soit pleinement le sien.27 Ce qu’il engendre correspond mot pour mot au texte de son prédécesseur et pourtant Borges affirme que « le fragmentaire Quichotte de Ménard est plus subtil que celui de Cervantès […] (et) presque infiniment plus riche » (p. 472-3). À l’opposé, Goodman revendique que « toute inscription du texte, quel que soit celui ou ce qui l’a produite, supporte toutes les mêmes interprétations que n’importe quelle autre » (RP 63) puisqu’en dépit de l’originalité de sa démarche, Ménard s’est contenté de produire une réplique supplémentaire improbable. Autrement dit, l’approche différencialiste des littéraires pour qui c’est la valeur communicationnelle et non la simple conformité de la séquence verbale qui prévaut ne peut qu’entrer en conflit avec la thèse restrictionniste et textualiste de Goodman qui postule l’équivalence fonctionnelle entre texte et œuvre : 1 texte ⇔1 œuvre. Mais s’il est naturel d’accepter que tout changement dans le texte produit une œuvre nouvelle ou au moins une variante nouvelle, l’inverse n’est pas aussi évident car il ne va pas de soi que la modification d’une œuvre résulte uniquement de celle du texte. Il existe en réalité deux situations symétriques qui violent toutes deux la correspondance bi-univoque entre œuvre et texte, quoique avec des implications de portée inégale :
25La première est caractéristique de la traduction. Puisqu’une traduction correcte garantit le transfert sémantique entre le texte source et le texte cible, les deux paraphrases renvoient à la même œuvre. Lire un roman en langue originale ou dans une traduction ne produit certes pas exactement la même expérience, mais le fait de choisir telle langue de préférence à telle autre n’a pas non plus pour conséquence qu’on lit alors une autre œuvre28. La seconde situation correspond à ce que Michel Lafon dénomme « ménardisation », à savoir la possibilité que deux œuvres littéraires différentes partagent le même texte support. Contrairement à ce qu’il pourrait sembler si on met l’accent sur le caractère hautement spéculatif de l’exploit de Ménard, il ne s’agit nullement d’un cas de figure exceptionnel, c’est même une situation assez courante dans les arts visuels tout au long du XXe siècle et également dans nombre de pratiques textuelles d’avant-garde.29
26Il est évidemment beaucoup plus délicat de faire le lien avec les développements de Goodman au sujet du monde. Si l’on se souvient que « quoi qu’on ait à décrire, on est limité par les manières de décrire » (WW 11) et que les lignes de démarcation qui permettraient de découper le donné « font partie du donné, quel que soit la conception du donné » (PP 27), on est incité à conclure que chaque version vaut pour elle-même, exactement comme chaque œuvre n’est réductible à aucune autre. Mais Goodman insiste aussi sur le fait qu’il n’existe aucun monde neutre sous-jacent (WW 29)30 qui servirait de pierre de touche ultime, alors que le texte représente un sol en apparence fixe et stable. Ce constat suffit-il à expliquer que Goodman puisse traiter de manière aussi dissymétrique les deux questions ? Si l’on prend au sérieux non pas le concept de ménardisation lui-même mais les effets courants qui en découlent pour la théorie littéraire31, on est au contraire incité à adopter une interprétation plus charitable concernant le caractère allographique de la littérature, et par conséquent son analogie possible avec le monde. Je voudrais donc suggérer pour finir deux lignes de questionnement, respectivement épistémologique et ontologique, qui ne fournissent pas une réponse mais permettent de localiser un peu mieux les questions.
27En adoptant une base sémiotique en esthétique, Goodman a été conduit à donner de plus en plus d’importance aux propriétés syntaxiques et sémantiques des systèmes symboliques. Si les images se rapprochent du monde en ce qu’elles ne comportent pas de structure articulée intrinsèque32, les textes et les partitions constituent des entités différenciées pour lesquels il existe des réquisits opératoires de discrimination, au moins pour les aspects qui sont couverts par la notation. On peut se demander si Goodman ne trouve pas dans le textualisme, fût-ce à son corps défendant, un point de résistance à sa propre dérive ontologique. Jusqu’à quel point cependant le recours à certains types de symboles plutôt qu’à d’autres est-il susceptible d’avoir une forme d’incidence sur la compréhension qu’on a de la structure du monde ? Goodman semble souvent supposer quelque chose de cet ordre, bien qu’il reste très allusif sur les modalités qui la rendent effective. Il y a en revanche un envers à l’option sémiotique puisque, ce faisant, il bascule dans une position qui n’est pas moins problématique, pour l’esthétique cette fois, dans la mesure où il tend à négliger une bonne part de ce qui fait la texture même du travail littéraire.33 Ce qui pourrait d’abord passer pour un détail concernant un exemple imaginaire se révèle donc vite un point central qui polarise les limites de son approche.
28L’autre ligne de questionnement bute aussi sur une restriction, quoique de nature différente. Goodman insiste sur le fait que « les mondes sont faits en faisant ainsi des versions avec des mots, des nombres, des images, des sons, ou tous autres symboles de toutes sortes dans n’importe quel médium » (WW 124) mais il ne précise nulle part ce qui fait le lien entre la construction symbolique et l’analyse ontologique. S’il effleure en passant la question de la compatibilité de l’irréalisme et du nominalisme (MOM 29-30), il ne dit rien en revanche du rapport entre qualia et symboles. Tous deux s’inscrivent dans un modèle constructionniste mais ils ne sont pas interchangeables ; aucune des deux catégories ne peut être réduite à l’autre ni même traduite dans l’autre. On ne voit donc pas non plus comment faire un pont entre le phénoménalisme développé dans SA et le physicalisme qui sert de base aux analyses de LA qui semblent appartenir à deux programmes peut-être incommensurables. Une part non négligeable des incertitudes relatives à l’irréalisme me semble aussi tenir à l’existence de ce point aveugle. On peut en outre rappeler que l’attachement de Goodman à un extensionnalisme sourcilleux l’a certainement empêché d’envisager une interprétation modérée de la théorie des mondes possibles, comme celle que va défendre Stalnaker lorsqu’il les voit comme des scénarios possibles au sein du monde réel et non pas comme d’autres mondes à côté du nôtre.34 Le rejet du fondationnalisme dissimule le problème plutôt qu’il ne contribue à le résoudre, laissant à la merci d’une multiplicité inorganisée.
29À la question : « L’œuvre peut-elle survivre au monde ? », Goodman et Elgin apportaient en fin d’article la solution suivante : « la réponse à laquelle ces réflexions semble conduire est oui, mais peut-être seulement au moyen de soins intensifs » ((RP 66). Si, comme c’est mon cas, on n’a pas été convaincu par la teneur de cette réponse, on peut être tenté de renverser la question et de se demander ce que le modèle de l’œuvre peut apporter au sujet du monde. Ceci exige de faire prévaloir la notion d’interprétation sur celle d’identité et de traiter chaque création du monde comme une sorte de création complexe et originale. Rien dans les écrits de Goodman n’impose d’aller à l’encontre de cela, à condition toutefois qu’on ne refuse pas par principe toute révision dans les choix théoriques. Il convient d’y voir moins un prix à payer qu’une ouverture féconde à exploiter.
Notes de bas de page
1 Abréviations : SA La Structure de l’apparence, PP Problems and Projects, LA Langages de l’art, WW Manières de faire des mondes, MOM Of Mind and Other Matters, RP Reconceptions en philosophie. À l’exception de MOM (dont seule la seconde moitié est traduite sous le titre L’art en théorie et en action, je cite (sauf mention contraire) les œuvres dans leurs traductions françaises.
Goodman (1951/1977). Dans l’Introduction de LA, il remarque que « le lecteur de mon premier livre comprend que “Structures de l’apparence” aurait été un titre plus adéquat » (28).
2 WW 7.
3 « Ce qu’on appelle notre image ordinaire du monde est vraiment le produit conjoint de la description et de la dépiction » (WW 134).
4 « Mon titre, “La fabrication des faits”, a l’avantage, non seulement d’indiquer assez clairement ce que je vais discuter, mais aussi d’irriter ces fondamentalistes qui savent sans le moindre doute que les faits sont trouvés et non pas construits, qu’ils constituent l’unique monde réel et seulement lui, et que la connaissance consiste à croire les faits. » (WW 121)
5 Cf. Quine (1999), chap. 2.
6 Voir Quine, « Les deux dogmes de l’empirisme » dans Quine (2004) ; les deux dogmes en question concernent l’analyticité et la distinction entre langage observationnel et langage théorique, à quoi Davidson ajoutera un troisième dogme, celui du dualisme entre schème et contenu (« Sur l’idée même de schème conceptuel » in Davidson (1993).
7 RP 166-169 ; le seul point qui n’est pas négociable pour Goodman concerne la distinction entre les versions correctes et les autres.
8 Voir en particulier WW 10, 30-31 et 125.
9 Pouivet (1997), 192-3.
10 Cf. Nadeau (1993), 203 ; on peut rappeler que « la philosophie de l’art devrait alors être conçue comme partie intégrante de la métaphysique et de l’épistémologie » (WW 133).
11 La plupart des textes mentionnés dans cette partie ont été rassemblés dans McCormick (1996).
12 Scheffler (1980).
13 De même, « bien que nous fassions des mondes en faisant des versions, nous ne faisons pas plus un monde en associant des symboles au hasard qu’un charpentier ne fait une chaise en assemblant au hasard des morceaux de bois » (WW 125).
14 Lorsqu’il se sert de cette formule évoquant Austin, Goodman ne manque pas d’ajouter cette note : « avec mes excuses à J. L. Austin qui n’a pas explicitement inclus la fabrication de choses dans ce que nous faisons avec des mots » (MOM 34) ; le titre de l’ouvrage d’Austin est en effet How to Do Things with Words [Austin (1970)]. De « to do » à « to make », il y a toute la distance entre la problématique des actes de langage et celle de la fabrication de monde.
15 Cf. aussi PP 9 et LA 37-38.
16 « Quelques tracas mondains » in Pouivet (1992), 17.
17 Putnam (1992), 111.
18 Voir Cahiers Art et Science, n° 7 (2002) 167.
19 « Cela n’a aucun sens de penser que le monde se divise en “objets” (ou “entités”) indépendamment de notre usage du langage. C’est nous qui divisons “le monde” – à savoir, les événements, états de choses, et systèmes physiques, sociaux, etc., dont nous parlons – en des “objets”, “propriétés” et “relations”, et ce, de toutes sortes de manières. », déclare Putnam dans ses « Comments and Replies » [Putnam (1994), 243].
20 Quine le réaffirme dans le compte-rendu de WW qu’il fait pour la New York Review of Books du 25 novembre 1978.
21 In RP, chap. 3 (co-signé avec Catherine Elgin).
22 Putnam (1983), 168.
23 Gibson (2006), en commentaire de Harrison (2004).
24 Voir par exemple Zima (1994), not. Chap. III (cit. p. 71).
25 Je laisse ici de côté la discussion de la thèse de l’intentionnalisme hypothétique en termes d’auteur impliqué, défendue par Tollhurst ou Levinson ; sur cette question, voir Kieran (2006), chap. 17 et 18.
26 Borges (1993).
27 Pour des analyses plus approfondies, voir Morizot (1999), not. Chap. 1.
28 À l’exception des cas particuliers que sont les traductions de poésie ou les quasi-recréations comme pour Finnegans’s Wake de Joyce ou La maison des feuilles de Danielewski.
29 Pour un choix d’exemples diversifiés, réels et fictionnels, voir le chapitre V de Sur le problème de Borges ainsi que les deux articles « Littéralité et “ménardisation” » et « Ménard, de la littérature aux arts visuels » in Morizot (2004).
30 Voir aussi WW 11-14.
31 Cf. Schaeffer (1989), chap. 3.
32 Bien qu’il rejette le critère de la ressemblance, cette proximité est relative au mode d’action commune joué par la perception visuelle (dans les approches récognitionnelles).
33 Voir notamment les critiques de Genette (1994), 269 sq.
34 Stalnaker (1984/1987), not. chap. 3 ; sa position est diamétralement opposée à celle de D. Lewis.
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