Orientation générale
p. 185
Texte intégral
1Moins que la division entre « sciences de la nature » et « sciences de l’esprit », c’est ici la relation entre ces diverses sciences et le « moment philosophique » comme tel qui pourrait paraître poser problème. La précision et la richesse historique des contributions ici proposées pourrait paradoxalement aller dans ce sens. Cependant, on comprendra vite à la lecture quels sont ici les recoupements décisifs, vers lesquels on ne fera qu’orienter à nouveau.
2On peut les résumer d’un croisement : entre la pertinence physique des modèles mathématiques, d’un côté, et le soubassement biologique des phénomènes mentaux, de l’autre. Il ne s’agit pas seulement d’un lien général entre deux problèmes, qui les relie d’ailleurs au problème de fond étudié dans la première partie, que l’on trouvera en effet repris ici (notamment à propos du « conventionalisme »), à savoir : l’application des mathématiques au monde est-il un signe de leur relativité (ou de leur commodité) pratique et biologique, confirmée par le fondement lui-même biologique ou neurologique de notre pensée, et reliant ainsi de l’intérieur la connaissance et la vie ? On le voit, c’est là une toile de fond réelle et capitale. Mais c’est aussi bien plus compliqué puisque, comme on verra, Poincaré qui est « conventionaliste » développe les outils mathématiques pour la nouvelle physique du hasard, puisque par ailleurs la Traumdeutung de Freud, loin d’aller dans le sens d’un biologisme simple, repose au contraire, comme le montre l’étude de P.H. Castel, sur une philosophie complète de l’esprit. Ce qui ressort donc plutôt, c’est le lien entre les problèmes « scientifiques » dans leur nouvelle formulation, et les problèmes « philosophiques » : les « fondements » ne sont pas ébranlés de l’extérieur, par une sorte d’abstraction, mais de l’intérieur, à partir d’expériences et de concepts nouveaux par exemple du hasard, de la mémoire, etc. Pour le dire d’un mot, il n’y a pas d’un côté les faits (scientifiques) et de l’autre les problèmes (philosophiques), mais plutôt des deux côtés une relation entre les faits et les problèmes, qui tisse là aussi, par-delà une diversité irréductible, la trame d’un moment commun.
F.W.
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