Orientation générale
p. 17
Texte intégral
1Cette première partie illustre sans doute de manière exemplaire la diversité constitutive du « moment 1900 en philosophie » et les relations qui, sans abolir cette diversité, nous obligent cependant à en renouveler la compréhension.
2Quoi de plus opposé en effet en apparence que la coupure, qui semble ici confirmée, entre le moment « métaphysique » qui caractérise surtout la philosophie « française », autour de Bergson, Brunschvicg, Alain, Blondel, et les institutions qui les réunissent, et le moment « logique et herméneutique » illustré par Frege ou Husserl, Russell ou Hilbert ? S’il y a bien dans chaque cas une diversité interne, sensible à travers les confrontations orchestrées (aussi bien d’un côté que de l’autre) par les études ici rassemblées, et qui passionneront, la coupure entre les deux ne semble-t-elle pas, quant à elle, irréversible ?
3Il ne s’agit pas ici de répondre à cette question, mais seulement de la proposer comme fil directeur à la lecture de ce qui suit.
4On dira seulement à titre d’orientation que la différence même entre ces deux directions renvoie à quelque chose comme leur problème commun que l’on retrouverait non seulement entre les œuvres, mais aussi à l’intérieur de chacune d’elles, pourvu qu’on dépasse son image ou sa position figée dans le regard rétrospectif, pour retrouver son problème propre et sa puissance de nouveauté. Plus précisément encore, ce qui nous frappe est la place centrale de la question de la science, et de son fondement, sur le fond de l’action ou de la vie : faut-il chercher à revenir à ce fond lui-même, comme le fait Bergson, mais aussi en un sens Dilthey, ou autrement Husserl ? faut-il au contraire radicaliser ce fondement, en l’appuyant sur l’autonomie de la référence ou de la signification, et les problèmes qu’elle pose, par exemple sur les mathématiques (en critiquant tout psychologisme, pragmatisme ou biologisme), ou comme Alain et Brunschvig, sur les actes du jugement ? Il ne s’agit en tout cas pas seulement de restaurer d’un côté une ancienne « métaphysique », de l’autre de formaliser une nouvelle « logique » ou « herméneutique ». Dans les deux cas, que la science doive être située dans la vie, ou la vie comprise à partir de la science, leur relation définit une nouvelle dualité, dans l’immanence, et non plus entre immanence et transcendance, et marquera à ce titre toute la pensée du siècle, plus « moderne » et même « contemporaine » que jamais.
F.W.
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