Chapitre VII. La mort clinique
p. 169-186
Texte intégral
La mort et les médecins
1La mort est ce qui arrive à un vivant, ce qui n’est pas vivant ne peut pas non plus devenir mort. Le vivant n’est pas un objet. Or la science actuelle le considère comme tel, elle le traite comme tel tant qu’il est vivant et l’expédie, toujours comme tel, dans la mort (même s'il est encore vivant alors qu’on le croit mort).
2Entre l’apparence, les signes de la vie, et la vie il y a quelque chose de beaucoup plus complexe qu’entre les apparences d’ordre de marche d’une machine et son fonctionnement. C’est ce que notre science ne peut saisir. De même que la religion antérieure ne pouvait poser le problème que subjectivement et à cause de cela ne pouvait croire à la non-survie subjective, celle de l’âme, la médecine actuelle ne peut le poser qu’objectivement et refuse toute importance à la subjectivité du vivant.
3Dans les deux cas on aboutit au même, à précipiter les choses, à ne pas concevoir les relations subtiles et contradictoires entre l’apparence de la mort et le maintien de la vie de l’organisme animal de l’homme — qui n’est pas une machine, pas un objet parce qu’il est un animal, et non pas bien qu’il le soit, comme pensait Descartes à l’aube de la science moderne des machines.
4Mais l’homme est un animal en quelque sorte plus animal encore que les autres, c’est-à-dire moins chose, moins machine et en conséquence la considération objective-subjective, celle de leur rapport, doit l’emporter. C’est à ce rapport et à la non-rupture de ce rapport qu’il faut accorder notre attention, car la mort c’est quand le rapport entre le sujet et l’objet n’existe plus, donc, à proprement parler, il est vrai que l'homme ne meurt pas objectivement, ce qu'a saisi la religion, qu’il ne meurt pas non plus subjectivement, ce qu’a saisi la science, et qu’il meurt à la fois objet, comme vie organique, et conscience de cette vie organique et qu’en conséquence le discernement des signes de la mort ne peut être ni subjectif seulement ni objectif uniquement.
5La force avec laquelle des vivants, ayant l'apparence de morts ont appelé et appellent, ne peut pas ne pas se faire sentir, et sentir comme une malédiction sur ceux qui restent. D’où l’idéologie religieuse selon laquelle cette réalité se faisait connaître, on cherchait à apaiser les nécroi (en réalité des vivants enterrés ou brûlés comme déjà morts alors qu’ils ne le sont pas) par des rites. Il est de fait que les rites funéraires s'ils durent assez longtemps —même s’ils durent en temps que rites et non pour sauver les vivants crus morts — peuvent arriver à les sauver. De même d’ailleurs que les précautions et les tests scientifiques, là aussi s’ils durent assez longtemps et même s’ils ont pour but la réanimation et non pas simplement de laisser le temps à des vivants de montrer qu’ils le sont encore. Les médecins comme la religion peuvent donc être utiles en quelque sorte malgré elles et en dépit de leur idéologie technicienne de l’autre vie ou technique de réanimation.
6Il y a les périodes d’idéologie religieuse, puis, depuis cent cinquante ans environ, celle d’idéologie scientifique mais, fondamentale, il y a l’angoisse de la mort qui s’abrite derrière elles. Aussi ont-elles toutes deux, la science actuelle et la religion du passé, comme une complicité avec la mort au lieu de faire une même chose avec l'exercice de notre vie.
7Agonies interminables sous le couvert du respect de la vie par la science, multiplication des opérations chirurgicales dont on sait qu’elles n'aboutiront pas, souffrance de moribonds dont la conscience ne peut plus s’ajuster au rapport sensible et moteur avec leur corps1 ; d’un côté on maintient en vie contre toute euthanasie naturelle « ad majorem scientiae gloriam »2, de l’autre la même science garantit comme déjà morts des vivants qui, comme on dit, « se réveillent » dans leur tombe ou servent encore tout chauds à de véritables opérations de vivisection pour prélèvement d’organes.
8C’est cette opposition même qui livre la clé du problème car dans les deux cas cela revient à accroître la souffrance des vivants. Elle révèle une horreur de la mort, d’autant plus contradictoire à sa manière, que pour la plupart des médecins et des savants dans leur ensemble la notion de mort a bien été remplacée par celle de lyse, de décomposition, correspondant médical à la définition d'un non-état, à celle du cadavre qui ne représente plus un organisme qu’en apparence.
9Il paraît que de plus en plus les croyants séparent leur foi en Dieu de l’idée de leur résurrection. N’est-ce pas que peu à peu l'idée même du thanatos, d’une certaine manière celle de non-vie, se substitue pour eux à celle d’une survivance nécrique et que c’est seulement la superstition médicale (qui actuellement, par sa prétention vaine à une certitude des signes de la mort qu’aucune science véritable, empirique ou théorique, ne garantit) qui fait se prolonger pour les vivants que nous sommes la terreur nécrique (une angoisse fondée sur les faits ou à tout le moins leur appréhension et sentiment indubitables) qui crée à son tour l'angoisse de la mort, celle d’un non-état sensible qui ne sera pas si facile à atteindre que cela.
10On se donne beaucoup de mal pour prouver ou pour nier la possibilité d’échanges respiratoires non apparents. Ces disputes médicalo-scientifiques ressemblent aux disputes scolastico-théologiques de jadis. Ce qui compte est que des gens qui « apparemment » ne respirent plus aient survécu, et donc continué dans cet état de vivre. C’est là un fait et c’est de lui dont il faut partir.
11Il me semble de ce point de vue que l’empirisme simpliste de nos médecins et de la plupart de nos savants à propos de la mort, qui ne se demandent pas ce qu'elle est pour nous mais la traitent comme un objet et rien d’autre, est la façon la moins rationnelle et la manière la plus puissante de dévoyer l’homme de son humanité qu’on puisse trouver. A l'inverse il y a toujours eu au sein de l’idéalisme et de la religion par le respect du vivant et du mort une véritable sensibilité à l'animalité humaine, qui n’est, au fond, que sa conscience implicite se refusant idéologiquement à elle-même.
12La question de la mort apparente n’est que celle de l’incertitude scientifique des signes de la mort certes mais cette mort objectivement apparente s’accompagne d’une vie subjective, — comateuse, agonisante ou anesthésiée « à mort » qu'elle soit — qui mérite qu’on y prête attention comme à un domaine à part de la vie. Etat de déconnection, sensation d’être coupé de son corps, conscience mentale qui ne se relie plus à des possibilités motrices, d’où l'idée, car c’est une idée, du corps comme un objet étranger. L’idée qu’ils ont un corps, mais pas matériel, indique cette déconnection de la conscience et du corps, du cerveau...
13Il est évident qu’il y a le risque d’exagérer l’importance de cette période, précisément parce qu’à notre époque on fait tout pour l’escamoter. Exactement comme la pensée matérialiste grecque a mis l’accent sur l’être mort par réaction au problème nécrique mal compris et boursouflé, nous risquons de faire l’inverse. La conception uniquement objective de la lyse, qui est celle de la médecine actuelle, peut apporter par réaction une boursouflure d’attention à l’état de transition à la mort mais je crois que cette déformation de l’attention, si c’en est une, est au moins provisoirement nécessaire.
14A cause de la conception objective ou plutôt chosiste de la lyse qui est celle de la médecine actuelle (et en dépit de l’utilité certaine de son livre) il y a trois choses que le docteur Péron-Autret mêle ou confond inextricablement3.
Les morts qu’on peut réanimer (noyés...). J’entends par morts, selon la définition épicurienne, la seule scientifique (aussi bizarre que cela paraisse), ceux qui ne sentent pas, qui ne sont plus conscients de rien. En les condamnant à mort prématurément, sans les réanimer, on les prive d’une période de vie, on ne les fait pas sortir de la conscience puisqu’ils l’avaient déjà perdue.
Les enterrés vivants qui ont la conscience sans possibilité motrice. Si on ne peut leur rendre leur rapport avec leur corps il faudrait les tuer complètement, de la manière la plus sûre et en même temps la moins douloureuse possible avant de les inhumer, brûler ou de les embaumer.
Les enterrés qui reprennent conscience sous terre, dans le four crématoire, dans les glaces de la morgue ou sous le scalpel (greffe d’organes, etc). Il faut tout faire pour donner à cette conscience la possibilité de passer à l’acte « de leur vivant », c’est-à-dire avant qu’ils ne soient définitivement pris pour morts.
15Ce sont donc les cas 2 et 3 les plus atroces. Le cas I l’est relativement moins mais comme il doit être fort difficile, en fait, de le distinguer des deux autres, on comprend que les analyses médicales les mêlent étroitement et même arrivent à les confondre.
16On parle d’états comateux, d’agonisants, de mourants. Tout cela indique bien l’idée d’un état de vie qui n’est pas réductible aux autres états de vie (rêve, veille, sommeil profond).
17D’autre part, la comparaison de la mort avec le sommeil (« In that sleep of death what dreams may come ») est fausse pour la mort parce que le sommeil est un état de vie caractérisé (ou plutôt deux états de vie : rêve et sommeil profond) mais elle peut être juste pour indiquer la vie nécrique où la sensibilité et la conscience survivent encore mais de façon différente de celle des trois états de vie proprement dits ?
18De même ces termes dont se servent les médecins, bien qu’ils désignent « un état de mort », dès lors qu’ils le font de la mort dont on revient, on est revenu ou on peut revenir, ne montrent que sa différence d’avec un état de vie normale, c’est-à-dire habituelle.
19Les termes mort provisoire, mort temporaire, mort clinique, mort relative ou, comme auparavant au Moyen Age, la fausse morte, le faux mort, le gisant ou plus avant encore l’âme en peine, le fantôme, le double et finalement le nécros, désignent bien sous le vocable de mort un moment de la vie.
20On emploie d'ailleurs pour les désigner le terme de « réveillés ou réanimés », ce qui montre bien que, dans l’esprit de ceux qui en parlent, ils sont passés d’un état de vie à un autre état de vie lui aussi, comme on passe du sommeil à la veille.
21Outre la veille, le rêve et le sommeil profond il y a un état voisin de l'état (artificiellement) anesthésié, une manière d’anesthésie naturelle. Le docteur Stevenson note que des médecins du temps passé, qui ne connaissaient pas l’anesthésie, auraient considéré les anesthésiés pour des morts4. Or, cet état est un état de vie latente ; respecter cette vie latente, tout faire pour la prolonger et la défendre contre une inhumation ou une crémation prématurée, tel est notre devoir de vivants.
22Le problème est donc bien de reconnaître la survivance de morts-présumés, de discerner un état de vie.
23Dans le pays occidental où la médecine est la plus perfectionnée grâce à des quantités de laboratoires et à tous les moyens de l’électronique et de la science moderne (cette science qui envoie des hommes dans le cosmos), il arrive que ce soit au moment de prélever des organes sur des morts qu'on s’aperçoive, par hasard, qu'ils sont vivants. Comme l’indique une dépêche de New York, en date du 10 janvier 1984 que j’ai relevée dans un journal italien :
Titre : « Un cadavre ressuscite. On suspend aux Etats-Unis le prélèvement de ses organes ».
Texte : « New York 10 — Par une quinte de toux aussi improvisée qu’inattendue un « cadavre » a signalé aux médecins sur le point de lui ôter des organes destinés à être donnés, qu’il était en réalité toujours vivant. Agé de 20 ans le protagoniste de cet événement insolite est Alan Supergan de Libertyville, Illinois, qui, victime d’un accident d’automobile, la semaine précédante avait été déclaré mort cliniquement ».
24Puis la dépêche fait état d’un autre événement semblable qui montre qu’il n’est pas si « insolite » que cela :
C’est la seconde fois cette semaine qu’a lieu aux Etats-Unis un fait de ce genre. Dans un hôpital de Memphis, au Tenessee, un autre patient considéré mort cliniquement a fait suspendre une opération de prélèvement d’organes après qu’il ait à l’improviste commencé à remuer un pied5.
25Chose peut-être la plus paradoxale de toutes, alors que la loi prévoit des recours pour n’importe quel dommage, depuis un choc à notre auto, avec des peines graduées selon la gravité à l'offense, il n'y a rien de prévu du tout pour une déclaration médicale de mort quand il s’agit d’un vivant, c’est-à-dire la condamnation à mort la plus horrible et la plus inconsidérée.
S'ils risquent des ennuis en accordant le permis d’inhumer à la victime d’un meurtre par contre aucune condamnation ne peut les atteindre s’ils font inhumer un vivant.
26Privilège de la médecine mais derrière ce privilège, privilège de l’homme qui ne se croit pas un animal, qui se croit une manière de dieu capable de « juger des vivants et des morts », comme ça sans aucun effort.
27Les médecins de notre temps n’épargnent même pas les nouveaux-nés, comme l’atteste cette dépêche publiée en première page du même journal le 17 septembre 1985.
Cosenza — Un nouveau-né donné pour mort samedi soir, a «ressuscité » le dimanche matin à la morgue de l’hôpital de l’Annoncaition de Cosenza. Une infirmière, étant entrée dans la chambre des morts, a entendu un vagissement et s’est ainsi aperçue que le bébé était vivant. Le petit va bien maintenant. Les médecins cherchent une explication scientifique, alors que les parents du bébé parlent de miracle6.
Les témoignages du Docteur Moody
28Toute l’ambiguïté, pour ne pas dire la confusion de l’analyse du Docteur Moody tourne autour de la notion de « mort clinique » et de mort tout court7.
29Le « mort clinique » est celui que la médecine déclare mort sur des signes scientifiquement incontestables, scientifiquement certains. Or le mort clinique peut être mort ou il peut être vivant. Mais comme pour la science il est mort, il en résulte que toutes les prétentions spiritualistes, celles d’une suite de la vie terrestre dans la mort, d’une continuité de sensibilité empirique du mort, se glissent à partir de là.
30La deuxième confusion est celle entre mort clinique et désincarnation, de rupture totale avec le corps et survivance d’une conscience dans le cas de mort apparente. Comme la science prétend tout connaître du corps, du moment qu’un vivant est déclaré mort par elle il faut que « le corps » soit mort et que ne subsiste à ce moment que l'âme. Telle est la seconde assertion de Moody.
31Donc, suivant ce type de raisonnement, si quelqu’un déclare dans un état de mort (sous-entendu clinique) « j’ai entendu des infirmières dire telle chose, mes parents telle autre, vu telle chose », c’est qu’il les entendait, les voyait, sentait directement avec son âme. Donc l’âme sent, voit, etc. après la rupture avec le corps.
32Les analyses du genre de celles de Moody n’ont-elles aucune importance ? Si, car une idéologie fausse, quand elle est partagée par beaucoup, représente toujours quelque chose de réel. Ce qu’il y a de réel est que l’état de mort clinique est un état particulier du vivant.
33Je retiendrai ce qui caractérise « physiquement » les témoignages rapportés par le Docteur Moody :
De nombreux patients attestent qu’ils ont entendu leur médecin ou d’autres personnes présentes annoncer leur mort8.
34Cela recoupe le récit de Tolstoï, La mort d'Ivan Illitch :
« C’est fini », dit une voix au-dessus de lui. Il entendit ces mots et les répéta dans son âme. C’est seulement alors, après qu’on l’eût jugé mort qu’« Ivan Illitch aspira une bouffée d’air, s’arrêta à mi-souffle et mourut »9.
35Dans Maître et serviteur (1984) c’est un paysan gelé qui, une fois réanimé, croit qu'il est mort. Il entend parler autour de lui. Tiens, pense-t-il, on parle aussi chez les morts.
Nikita, lui, vivait encore, bien que son corps fût gelé par places. Lorsqu’on le réveilla, il s’imagina qu’il était déjà mort et que ce qui lui arrivait se passait dans l'autre monde. Quand il entendit les cris des paysans qui déblayaient le traîneau et soulevaient le corps de Vassili Andréitch, il fut tout étonné au premier instant qu’il y eût des corps dans l’autre monde et que l’on s’y disputât comme dans celui-ci ; mais quand il comprit qu’il était encore sur la terre...10.
36Le Docteur Moody se réfère de manière allusive à ces passages de Tolstoï afin d’appuyer sa thèse qu’on peut expérimenter la mort. C’est pourquoi il est bon de citer Tolstoï qui dit explicitement quelque chose de tout différent, sinon même le contraire.
37Une question peut se poser en analysant certains témoignages rapportés par le Docteur Raymond Moody. Se souviennent-ils de leur état de vie nécrique (j’entends dans sa durée) ou du passage de cet état à un état de vie anormale. C’est le problème même du réveil que Valéry a posé à propos du sommeil.
38« Je commençais à éprouver des sensations délicieuses »11. J’insiste sur le terme de sensation ; il s’agit bien de rapport avec le corps, d’une conscience sensible mais le « délice » a-t-il consisté pour ce témoin à entrer dans cette vie nécrique, et à y demeurer ou à en sortir ? Il est plus probable que ce soit en en sortant qu’on s'en rappelle. Et (c’est une simple hypothèse) que le délice soit précisément de sentir qu’on en sort, qu'on est donc sauvé, qu'on sera considéré comme vivant alors qu'on risquait de mourir horriblement comme cru mort.
39Ce serait donc tout le contraire de ce que veut démontrer à toutes forces Moody, le délice d’être mort (car il n’y a pas de vie du mort) et de se sentir mort, mais celui au contraire de repasser de l’état nécrique de vie à l'état de veille, qui, à partir de là, nous est délicieux. Ce serait donc ce passage, ou repassage de l’état de mort apparente (donc condamné à mort) à l’état de vie apparente qui nous fait voir désormais la vie autrement et non pas du tout les révélations de l’« autre vie », parce qu’on n’a pas vécu empiriquement une autre vie mais un autre état de vie, horrible parce qu’on y était « cru » mort par les autres mais qui peut dans certains cas être supportable en lui-même.
40Je vois aussi dans ce livre du Docteur Moody que ceux qui ont été conduits à cet état par une tentative de suicide se le reprochent. C’est tout à fait normal puisque le suicide est ressenti durant la veille comme un acte de vie, un acte de liberté qui conduit à la mort. Du moment que cet acte les a amenés dans l’impasse de la vie nécrique, un état de vie où l’homme est comme paralysé, où il ne peut même pas se suicider et où, s’il doit mourir, il le fait dans un sentiment d’impuissance, en quelque sorte celui même qu'il avait dans la vie et qui l’a amené à la quitter, mais beaucoup plus fort, absolu.
41« Docteur James, je viens de tuer votre cliente, Mrs Martin »12 (il ne l’avait pas tuée, mais droguée à l'excès avec ses médicaments ; le patient n’est plus qu’une manière de cobaye pour ces gens-là), raconte la patiente qui proteste : « Mais je savais bien que je n’étais pas morte ». Ce témoignage dit le contraire de ce que les conclusions en tirent. Mrs Martin affirme qu elle vivait. Elle ne prétend pas du tout avoir été morte : « J’ai voulu bouger pour le prévenir » ajoute-t-elle.
42Au contraire de ce que voudrait faire croire Moody les témoignages montrent bien qu'ils sont vivants.
43« Peu de temps avant ma prétendue morte... »13. Pourtant Moody intitule en toute tranquillité ce chapitre : « L’expérience de la mort » alors que ces prétendus morts préviennent eux-mêmes qu’ils étaient vivants.
44On reste toujours dans le système mental de la science positive. Les médecins les ont déclarés « cliniquement morts » donc ils l’étaient. Qu’importe le reste.
45Lorsque les témoignages évoquent des morts dont ils ont senti la présence dans leur état de vie nécrique, ce sont toujours de morts récents qu’il s’agit. Etaient-ils morts ou des survivants nécriques, eux aussi crus morts et desquels la présence parvenait plus facilement, ou moins difficilement à d’autres survivants nécriques que lorsqu’on est à l'état de veille ou de rêve ?
46La période nécrique s’accompagne d’une intense activité de remémoration. Il est normal que l'activité mentale s’exaspère lorsque l’action est impossible.
Expérience d’isolement
Selon le témoignage d’un homme, il voyait tout ce qui se passait autour de lui dans l’hôpital, les médecins, les infirmières et tout le personnel vaquant à ses tâches, mais il lui était impossible de communiquer avec eux, si bien que, dit-il « j’étais terriblement seul »14.
47Je crois que cela est particulier à la vie nécrique. C’est une veille solitaire. Car dans l'état de sommeil profond, certes, on est seul mais isolé aussi de soi-même en quelque sorte, donc c'est aussi une plénitude, car son rapport avec les autres et avec soi est le même, on n’y est seul que par rapport à la veille. Quant au rêve il suscite tout un monde.
Je ne pouvais rien toucher ni communiquer avec l’entourage. C’était une affreuse sensation de solitude, un isolement total, je me voyais complètement abandonné15.
48Abandonné à la mort réelle à cause de l'apparence de la mort seulement.
Pourtant, pendant tout ce temps, j’avais conscience d’être seul, seul... comme un étranger16.
49En effet les vivants considèrent le survivant nécrique comme déjà mort, comme étranger à leur monde car il n’y a pas de plus complète séparation des vivants que la mort.
50Certains témoignages décrivent fort bien l’éloignement de ceux qui restent. Le soi-disant mort, le survivant nécrique n’est plus de leur monde ; aussi s’éloignent-ils de lui. Jamais plus qu’à notre époque on n’a moins entouré le mourant, on n’a été plus indifférent à l’état du mourant dans son ensemble17. Privés du sentiment spirituel du mourant qu'apportait la religion, nous n’avons pas encore le sentiment rationnel de sa présence nécrique, de son état de vie subsistante et consciente parmi nous.
« Ils vinrent entourer mon lit et quand le docteur a cru que je mourais»18 (c’est le docteur qui « l’a cru », pas son patient qu’il condamnait) « mes parents avaient l’air de s’éloigner de plus en plus ; c’était eux qui partaient, pas moi ».
51En effet, lui, il restait vivant (survie nécrique) mais ses parents l’excluaient du monde des vivants ; ils s'éloignaient moralement et le plus souvent même physiquement de lui, puisque dans ce cas l’exclusion du mort fait qu’on le laisse tout seul à l'hôpital ou dans sa chambre. Ceci par soi-disant respect de la mort ou du mort, en fait par incapacité de communiquer, cette incapacité qui dure toute la vie et atteint son point limite — le point d’exclusion atroce — dans le rapport avec les survivants nécriques.
52Ce mot de communication (« je ne pouvais pas communiquer avec l’entourage ») évoque la philosophie existentielle, qui a fait de la communication le problème même de l’état de veille dans le monde moderne. N’est-ce pas parce que les rapports sociaux de production actuels, ayant transformé les rapports entre les personnes en rapport entre les choses et entre des choses et des personnes, l’état de veille est devenu par là même une sorte d’état nécrique anticipé ? Il importe donc, pour retourner à l’état de veille, un état de veille qui en soit un et non comme son ombre, de re-communiquer. La communication, qui est l’essence même de l’état de veille, devient donc un problème. La vie devient un problème (alors que normalement c’est la mort qui l’est) et dans cette perspective la vie nécrique au lieu d’être un autre état de vie que la veille devient une manière d’exaspération de la solitude de l’état de veille, sa limite d'isolement, comme est par rapport à l’isolement pénal ordinaire celui des quartiers de haute sécurité et de la cellule de la mort, tout ce que je nomme l’état nécrique par destination et où on attend solitairement la mort19.
53Là aussi Pascal avait splendidement anticipé, il avait tout compris. « On mourra seul » (l’état nécrique, celui du mourant, est un état de solitude). D’où il concluait qu'il faut vivre seul (seul avec Dieu), que toute autre société est illusoire. Non, il faut casser la solitude au contraire, et d’abord en supprimant les rapports sociaux de production qui l’exaspèrent. C’est pourquoi le terme même de communisme, qui signifie d'abord vie en commun, s’oppose à la notion de capitalisme, sinon cette opposition serait subjectivement absurde20.
Le retour
54Le chapitre de Moody intitulé « Le retour » est sans doute, dans son esprit, la plus grande preuve que les survivants dont il cite les témoignages ont atteint une vie de mort, un état bienheureux selon lui dont ils ne voulaient plus partir.
55Or cela rentre au contraire admirablement dans mon système explicatif que l’état nécrique est un autre état de vie que les trois autres. Car il y a souvent une grande difficulté à se réveiller. On sent comme un devoir de le faire (de même parfois de s'endormir d’ailleurs) mais « c’est dur ». Serait-ce parce qu’on est mort ? Tout état de vie apporte avec lui sa propre logique interne, qui peut n’être pas sans douceur (jusqu’à l’état de vie nécrique inclus) et ceci est profondément dans la logique matérialiste-épicuréenne, bien qu’à moi-même cela me semble très difficile à admettre. Il ne faut pas oublier non plus que la plupart de ceux qui témoignent de ce bien être ont été drogués, anesthésiés de façon à supporter une opération ou pour pouvoir « passer » sans souffrance. Il y a donc à considérer que ce sont des états artificiellement nécriques dans la plupart des cas et que ce qu’ils regrettent alors est moins leur nécros que leur drogue, moins de retourner à l’état d’action (la veille) que le fait qu’il faudra précisément agir et s’agiter loin de leur paradis médical artificiel. Ainsi dans de pareils cas la science médicale d’abord condamne à mort, elle reconnaît « comme mort », puisqu’elle prononce que c’est (ou que c’est peut-être, et dans ce peut-être on voit le fin du fin du scrupule scientifique) la séparation de l'âme et du corps, la mort ; enfin elle anesthésie, elle drogue à fond, elle fait vivre dans un état artificiel de bien-être ce qui est normalement un passage atroce, elle insinue alors que la difficulté morale « du retour » (à l’état de veille) prouverait qu’on avait atteint à l’état de bienheureux désincarné. Par la première démarche (prendre un état de vie pour un état de mort, alors qu’il n’y a pas d’état de mort) on se moque de la science, par le deuxième, prendre une situation de « drogué à mort » ou d’anesthésié, pour un état de bienheureux immortel (tel un martyr chrétien des premiers temps) on se moque de la religion. De toute manière on ne quitte pas l'absurdité et l'irrespect des vivants, de la sensibilité animale comme de la lucidité de leurs consciences.
56« Le docteur avait constaté ma mort, mais je vivais toujours»21. C’est grave, ce docteur était-il ignorant ou criminel ? De toute manière irresponsable, et les discours de Moody sont du même type qui dit, ou tout le moins qui insinue, que ces gens-là ont été morts, d’où le titre du chapitre que j’ai déjà cité « L’expérience de la mort ».
57Je me pose seulement la question en lisant toutes ces pages : dans quel état de vie se trouvèrent-ils et par quel état de vie identique passerons-nous nécessairement ? Voilà ce qu’il importe de reconnaître, de définir et de respecter, respecter le vivant animal et humain jusqu’au bout et non de s’emparer de n'importe quoi pour en faire un pur esprit.
58Car tout le raisonnement de Moody est à peu près le suivant (implicitement) : ces patients furent considérés par la science médicale comme morts. Or la science ne se trompe pas, donc ils l’étaient. La religion ne se trompe pas non plus ; elle dit qu’on revit après la mort. Donc ils étaient en train de vivre après leur mort.
59Ce sont des raisonnements d’aphasiques. C’est Moody qui est mentalement semblable à un mort, inexistant, et ceci par un mélange de la superbe scientifique et de réminiscences d’une religiosité vague, mal comprise, devenue absurde.
60Cette même patiente a ce très beau témoignage de voir son mari et sa sœur à son chevet, pleurant de joie qu'elle se ranime.
J’ai eu l’impression d’avoir été rappelée, je dirais presque aimantée ». (magnifique expression) « par la puissance de l’amour que me portaient ma sœur et mon mari »22.
61Ils sont restés attentifs à sa vie nécrique et par là lui permirent de ne pas mourir ; à l’inverse des médecins, ils ne l’ont pas condamnée. Quelles que leurs croyances eussent été l’important c’est qu'ils restaient près d’elle, qu’ils pensaient à elle, que leur présence physique aidait son retour de l’état de vie nécrique à l’état de veille, puis plus tard de sommeil, et c’est cela qui la préserva de la mort.
62Autre témoignage :
... Je suis d’abord parti à la dérive, puis je me suis endormi. Et brusquement je me suis réveillé dans mon lit...23.
63Malgré l’idéologie du soi-disant défunt, certains témoins décrivent le passage d’un état de vie à un autre état de vie et c’est d’autant plus important que visiblement ils ne le font pas exprès, que le contexte idéaliste, scientiste et de religiosité mêlée qui était le leur, devait les en tenir écartés.
« Lorsqu’on a fait l’expérience que j’ai faite », dit l’un d’eux, « on conserve la certitude que la mort n’existe pas. On passe simplement d'un état au suivant » (souligné par moi) « comme dans les études, lorsqu’on passe d’une classe à la classe supérieure »24.
64Or il n’était pas mort dans l’état dont il parle, mais il a eu l’expérience du passage d’un état de vie à un autre état (toujours de vie). C’est, je pense, cette différence d’états de vie qui crée toute la difficulté.
65En général à travers les siècles et les civilisations, le processus mental apparaît simple. On invente une survivance nécrique dans la mort (alors que le nécros n’est que le vivant proche de la mort) pour échapper à l’angoisse thanatienne, celle d’être insensible, de n’être pas. Mais la certitude d’une vie nécrique devient vite abominable et terrifiante et la terreur nécrique renforce l'angoisse thanatienne, sous laquelle désormais elle se fait jour et en quelque sorte s’incarne.
66Comment expliquer qu’à notre époque (Moody, etc.) le retour à l'idée d’une vie nécrique après la mort soit douce ? Parce qu’elle n’est encore qu’une hypothèse, qu’un supposé scientifico-religieux, (en fait ni l’un, ni l’autre) et comme telle elle paraît atténuer l’angoisse de n’être pas, l’angoisse thanatienne. Mais c’est une illusion, presque une simple hypothèse intellectuelle, l’hypothèse timide qu'elle est actuellement, et dès qu'elle se transformera en certitude et dans la mesure où elle le fera elle retrouvera les effets des superstitions nécriques des cultures antérieures ; elle deviendra vite terrifiante.
67Car qu’est-ce que cette vie « désincarnée », ces lumières, etc. peuvent avoir d’apaisant, de « sécurisant » si on les extrapolait pour l’éternité ? Qu’est-ce que l’ombre d'un corps, un corps qui n’en est pas, ou contempler du dehors son corps souffrant ou disséqué et ceci pendant des siècles ou des millénaires, peuvent être d’autre qu’une perspective atroce.
68Le nécros c'était d’abord l'idée du mort-vivant qu’on brûle, d’où la représentation de souffrances infernales (du feu d’enfer) portée à la limite ; celle aussi qu’on enterre les morts, d’où l’idée du monde souterrain, chtonien qui est le leur, celui des enterrés vivants. A notre époque l’idée du nécros est celle de l'opéré, du disséqué sur la table d’opération ou à qui l'on enlève les organes alors qu’ils vivent encore.
Nécros un jour ou pour l’éternité
69Qu’on se pose la question du mort par rapport à la mort et non pas à quelque expérience à l'état de veille et on verra ce que donnera cette conception d’une mort nécrique (et non d’un état de vie de comateux, d’agonisant anesthésié mortellement, ou de nécrique par destination, l’isolement de la cellule de la mort ou la tombe des morts prématurés). Au lieu de considérer cet état comme ce qu’il faut éviter, écourter, et en tout cas adoucir durant la vie, ils le considèrent comme un acompte sur la mort rempli de douceur. Au lieu d'en tirer simplement l’idée que la mort est mêlée à la vie, qu’il faut la penser quand on pense la vie, ce qui est l’évidence, ils croient à l’utilité d’expériences aussi douloureuses. N’est-ce-pas la plus grande marque de l’inconscience moderne qu'il faille de pareils chocs pour leur donner un peu la conscience de la liaison inévitable de la vie à la mort ?
70C'est à cause d’une intention préméditée inexacte que le Docteur Moody et les siens ont mis la main sur un fait considérable. En voulant prouver que des êtres ont été morts et en sont revenus, donc que leur témoignage prouve ou prouverait que la conscience et même la sensibilité subsistent chez les morts (donc qu'il y a une âme indépendante du corps une sensibilité dans la mort, une sensibilité des morts, ceci pour échapper à l’angoisse thanatienne, celle de l'être-mort) ils ont par contre mis en évidence qu’il y a un état de vie, celui que je nomme vie nécrique, qui n’est ni l'état de veille, ni celui de rêve ni celui de sommeil profond. Mais qui tient un peu des trois autres, de celui de veille à cause de la sensibilité à la vie empirique extérieure, du sommeil profond par l’impression de s'enfoncer loin de la vie ou bien d’émerger, qui n’est pas que son envers, du rêve enfin par ce qu’il peut y avoir de subjectivité indépendante et coupée, au moins de manière motrice, de son corps tout en demeurant profondément lié à lui.
71Ils ont en insistant sur le côté subjectif de l'existence nécrique, celui du passage par l’état nécrique, vu ce que la science « positive » escamote par la considération de la seule existence objective du mourant, comme une sorte de pré-cadavre.
72Cette deuxième manière de voir a l’avantage pour elle de l’empirisme, du positivisme. Mais c’est un empirisme, un positivisme qui font fi de la sensibilité, de l’affectivité et de la conscience animale de l’homme. Car traiter un être vivant comme une chose c’est le contraire de le respecter comme animal, comme vivant ; l’abrutir de médicaments pour le rendre insensible c’est le contraire de prendre humainement en considération sa sensibilité. Ce positivisme, ce scientisme, ce réalisme sont donc les plus terribles des irrationnalismes pseudo-scientifiques, tout comme le pseudo-idéalisme spiritualiste de Moody, etc., est à sa manière la plus irréligieuse des attitudes, car elle ne comprend rien de la liaison de la vie à la mort, qui est à la fois très complexe et très simple. A sa manière leur psychologie prolonge dans l'absurde la non-psychologie des romans policiers. Dès qu’on n’est plus vivant selon les trois formes habituelles de conscience c’est qu’on est mort (toujours l’idée du passage immédiat et comme instantané de la vie à la mort) ; si on revient c’est qu’on « a été mort » et qu’il y a une subjectivité de la mort, un « en-soi » dont il dépend de nous faire un « pour soi » de la mort.
73A mi-chemin entre la réluctance théologique aux apparitions du moi survivant des morts et à son refus philosophique qui détache de la notion de survie d’un contenu de vie celle de la survie d’un moi, le protestantisme est désarmé par là-même devant la diffusion du spiritisme et des conceptions populaires de la croyance chrétienne à l’autre vie. Car, en ne distinguant pas entre les nécroi divins et les diaboliques qui apparaissent, il est ramené aux survies nécriques d’un moi quelconque présentant aux vivants la preuve que les morts sentent et pensent et que, n’agissant pas, ils n’en sont pas moins les témoins des actions des autres qu'ils s’approprient dans leur vie subjective. C’est le sens des « preuves » du Docteur Moody que j’ai choisies comme caractéristiques de cette « méthode » (si on peut dire) de connaissance ou de reconnaissance de la vie des morts.
74Du moment, dit-on, que dans l’état de « mort clinique » la possibilité de sentir et la conscience sont conservées, c'est qu’ils peuvent l’être dans la mort. Non, c’est simplement que nous avons toujours à faire avec la vie et non avec la mort, que l’être sentant et conscient était demeuré vivant.
75Bien qu’incompréhensibles de la part d’un tel observateur, puisque ses conclusions sont en contradiction évidente avec ses observations de clinicien, ses conclusions sont tout à fait conséquentes puisque dès lors la pensée tend à démontrer et d’abord à montrer qu’une subjectivité humaine (ou un être humain tel quel, c’est-à-dire en fait un vivant) survit à la mort. Il faut donc qu’on montre qu’il est mort et qu'il est vivant. La distinction entre le caractère néfaste des manifestations phénoménologiques de la survie dans le passé et son caractère admirable actuel note rien au principal de mon propos, qui tend à affirmer la pérennité de la croyance en une vie nécrique semblable à la vie tout court du sujet comme tel.
76C’est toujours, à la manière d’un miroir renversé, l’incapacité de comprendre la subjectivité de l’être humain mourant, celle de donner toute notre attention aux vivants et non de les considérer prématurément comme disparus, puis de crier au miracle et de tirer des conclusions sur la mort alors que cette mort anticipée n’est vue telle qu’à cause des insuffisances de notre science, prenant le relais de celles des religions antérieures.
77Aussi « ranime »-t-on les religions sous une forme laïcisée particulièrement stupide que les religions traditionnelles n’ont jamais présentée, de même qu'on remplace le positivisme sordide de la science officielle (qui met entre parenthèses la sensibilité animale humaine devant la mort) par une métaphysique pseudo-scientifique illusoire.
Notes de bas de page
1 J’en ai eu un avant-goût dans les quatre heures de mon pseudo-réveil ou pré-réveil à la clinique du boulevard Tzarevitch à Nice.
2 On parle d’euthanasie, de mourir avec le moins de douleur possible comme si la première euthanasie n'était pas de préserver les vivants d’être entérrés vivants ou brûlés vifs dans des fours crématoires.
3 Cf. Docteur Péron-Autret, « Les Enterrés vivants », éd. Balland, Paris, 1979.
4 Cf. L.G. Stevenon, « Suspended Animation and the History of Medecine », Bulletin of the History of Medecine, 1978.
5 « La Repubblica », 11 février 1984, p. 10.
6 « La Repubblica », mardi 17 septembre 1985, p. 1 sous le titre « Mort depuis 20 heures un nouveau-né ressuscite ».
7 Docteur Raymond Moody, « Le vie après la vie », Robert Laffond, Paris 1978.
8 Idem, p. 43.
9 Tolstoï, « La mort d’Ivan Illitch », Le livre de Poche, p. 91.
10 Idem, p. 165.
11 Docteur Raymond Moody, op. cit., p.45.
12 Idem, p. 75.
13 Idem., p. 75.
14 Idem., p. 71.
15 Idem, p. 72.
16 Ibid
17 Sauf pour en tirer les conclusions du genre de celles du Docteur Moody en croyant qu’ils avaient à faire à des morts. Des connaissances scientifiques et des rémiscences religieuses ainsi que des notations expérimentales aussi mal digérées les unes que les autres.
18 Idem, p.95.
19 Parlant des quartiers de haute sécurité où un détenu qu'on y gardait depuis des années, porté au désespoir, venait de se suicider. Roger Knobelspiess, qui les avait connus lui-même, écrivit « D’arriver à ce qu'un jour le fait de prison » (les Q.H.S.) « soit qualifié crime contre l’humanité, de mode de torture le plus intolérable qui soit car distillé tous les jours au moral et dans la totalité de l’être captif à qui l’on intériorise la douleur permanente de la non-vie, de la vie ramenée à rien ! Dans le corps intérieur qui se décélère d'exister, se décharne et ne laisse que l'apparence », (« Libération » 3 mars 1980, p. 5., la fin soulignée par moi J.F.).
20 Le « On mourra seul » de Pascal n’exprimait pas une vérité éternelle mais de la part de cet attaché à une idéologie féodale attardée, le pressentiment de ce que les rapports sociaux de production nouveaux allaient imposer à la subjectivité humaine. Les vivants qui restent escamotent le départ de ce vivant. On le nomme un « disparu ». Il disparaît comme il est « apparu », dans des rapports marchands ; la médecine qui le maintient en vie, pourvu qu’il soit riche, le plus longtemps et le plus dispendieusement possible, les « pompes funèbres » ensuite, avec à leurs côtés, ces « Messieurs et ces Dames de la famille », les amis qui leur serrent la main, sont comme des personnages rendus à l’ombre par la disparition de leur ami.
21 Idem., p. 100.
22 Idem, p. 100.
23 Idem, p. 117.
24 Idem, p. 117.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Donner, reconnaître, dominer
Trois modèles en philosophie sociale
Louis Carré et Alain Loute (éd.)
2016
Figures de la violence et de la modernité
Essais sur la philosophie d’Éric Weil
Gilbert Kirscher
1992
Charles Darwin, Ébauche de L’Origine des Espèces
(Essai de 1844)
Charles Darwin Daniel Becquemont (éd.) Charles Lameere (trad.)
1992
Autocensure et compromis dans la pensée politique de Kant
Domenico Losurdo Jean-Michel Buée (trad.)
1993
La réception de la philosophie allemande en France aux XIXe et XXe siècles
Jean Quillien (dir.)
1994
Le cœur et l’écriture chez Saint-Augustin
Enquête sur le rapport à soi dans les Confessions
Éric Dubreucq
2003