Chapitre III. Des variations des instincts et autres attributs mentaux à l’état de domestication et à l’état de nature ; des difficultés du sujet, et des difficultés analogues concernant les structures corporelles
p. 69-85
Texte intégral
1Je me suis contenté jusque-là de faire allusion aux qualités mentales, qui diffèrent profondément d’une espèce à l’autre. Je précise ici que, comme on le verra dans la seconde partie, il n’existe pas de preuve — et par conséquent je ne tenterai pas de le démontrer— que tous les organismes existants descendent d'une même souche commune, mais que, dans le langage des naturalistes, seuls ceux qui descendent d’une souche commune sont clairement reliés l’un à l’autre. C’est pourquoi les faits et le raisonnement avancés dans ce chapitre ne s’appliquent ni à l’origine première des sens1, ni aux principaux attributs mentaux que sont la mémoire, l’attention, le raisonnement, etc. qui caractérisent la plupart des grands groupes reliés, ou même tous ; ils ne s’appliquent pas non plus à l’origine première de la vie, à la croissance, ou au pouvoir de reproduction. Les faits que j’ai amassés concernent simplement les différences de qualités mentales primaires et d’instincts des espèces appartenant aux divers grands groupes. Chez les animaux domestiques, tout observateur a remarqué à quel point, chez les individus d’une même espèce, des qualités telles que le courage, l’opiniâtreté, la méfiance, l’agitation, la confiance, le caractère, la combativité, l’affectivité, le soin apporté à la progéniture, etc., varient. Il faudrait un métaphysicien très compétent pour expliquer combien de qualités primaires de l’esprit auraient dû changer pour causer la diversité de ces qualités complexes. Du fait de l’hérédité de ces qualités, prouvée par des témoignages unanimes, se forment des familles et des races variables à cet égard. Je puis donner comme exemple le bon et le mauvais caractère de différentes souches d’abeilles et de chevaux, la combativité et le courage des coqs de combat, l’opiniâtreté de certains chiens comme le bouledogue, et la sagacité d’autres ; pour la turbulence et la méfiance comparez un lapin sauvage élevé depuis l’âge le plus tendre à l’extrême soumission de la race domestique du même animal. La progéniture des chiens domestiques redevenus sauvages à Cuba, même prise tout à fait jeune, est très difficile à apprivoiser, probablement presque autant que l’était la souche originelle d’où descend le chien domestique. Les habitudes périodiques de différentes familles de la même espèce diffèrent, par exemple selon la date annuelle de la reproduction, le moment de la vie où la capacité en est acquise, l’heure du jucher (comme chez les poules de Malaisie), etc. Ces habitudes périodiques sont peut-être essentiellement corporelles, et peuvent être comparées à des habitudes presque similaires des plantes, habitudes connues pour varier à l’extrême. Les mouvements que Muller appelle mouvements coordonnés varient et sont héréditaires, par exemple le canter et l’amble des chevaux, la culbute des pigeons, et peut-être l'écriture, qui est parfois si semblable de père en fils, peuvent être rangés dans cette catégorie. Les manières, et même les tics qui ne sont peut-être que des manières particulières, suivant W. Hunter et mon père, sont distinctement héréditaires, dans les cas où les enfants ont perdu leurs parents en bas âge. L’hérédité de l’expression, qui souvent révèle les plus délicates nuances de caractère, est familière à tous.
2Les goûts et les plaisirs des différentes races varient également : c’est ainsi que le chien de berger prend plaisir à poursuivre les moutons, mais n’a aucun désir de les tuer, le terrier (voir Knight) prend plaisir à tuer les rats, et l'épagneul à découvrir le gibier. Mais il est impossible de séparer leurs particularités mentales comme je viens de la faire : la culbute des pigeons, que j’ai prise comme exemple d’un mouvement consensuel, pourrait être appelée tic, et elle est associée au goût de voler en troupe serrée à une grande hauteur. Certaines races de poules aiment jucher sur les arbres. Les comportements divers des pointers et des setters peuvent être rangés dans la même catégorie, ainsi que la manière particulière de chasser de l’épagneul. Qui plus est, dans la même race de chiens, notamment le fox-hound, selon l’autorité des meilleurs juges en la matière, chaque chiot naît avec des tendances différentes : il en est qui sont meilleurs pour découvrir le renard à couvert ; d’autres sont capables de courir dispersés, d’autres meilleurs pour faire des détours et retrouver au flair une trace perdue, etc., et ces particularités sont indubitablement transmises à la progéniture. Ou bien encore la tendance à l’arrêt pourrait être considérée comme une habitude distincte devenue héréditaire, de même que la tendance d’un vrai chien de berger (on m'a assuré la véracité du fait) à courir autour du troupeau au lieu de se diriger directement sur lui, comme c’est le cas avec d’autres jeunes chiens quand on essaie de leur apprendre. Les moutons transhumants d’Espagne (plusieurs auteurs), qui depuis plusieurs siècles font chaque année un voyage de plusieurs centaines de milles d’une province à l’autre, savent quand le moment du départ arrive et font preuve alors d’une grande nervosité (comme les oiseaux migrateurs en cage), et il est difficile de les empêcher de partir d’eux-mêmes, ce qu’ils font parfois en trouvant seuls leur chemin. Il y a un cas attesté (Hogg) de brebis qui, au moment d'agneler, retournait à travers une contrée montagneuse jusqu'à son lieu de naissance, bien qu'à d’autres moments de l’année elle ne fût pas d’humeur vagabonde. Ses agneaux avaient hérité de la même disposition, et allaient faire leurs petits à la ferme d’où provenaient leurs géniteurs, et cette habitude était si gênante que la famille entière fut détruite.
3Ces faits doivent conduire à la conviction, si étonnante soit-elle, qu’un nombre presque infini de nuances dans les caractères, les goûts, les mouvements particuliers, et même les actions individuelles, peut être modifié ou acquis par un individu et transmis à sa progéniture. L’on est forcé d’admettre que les phénomènes mentaux (sans doute à cause de leur rapport intime avec le cerveau) sont héritables, tout comme les différences infiniment nombreuses et délicates de la structure corporelle. De même que les particularités de la structure corporelle lentement acquises ou perdues durant la vie adulte (particulièrement reconnaissables dans les maladies), tout comme les particularités congénitales, sont transmises, de même semble-t-il en être pour l’esprit. Les allures héréditaires du cheval ont sans doute été apprises par contrainte pendant la vie des parents, et le caractère et l’obéissance peuvent être modifiés dans une race par le traitement auquel sont soumis les individus. Sachant qu’on a pu apprendre à un porc à arrêter le gibier, l’on est tenté de supposer que cette qualité chez les chiens d’arrêt n'est rien d’autre que le résultat de l'habitude, mais des faits relatifs à l’apparition occasionnelle d’une qualité similaire chez d’autres chiens donnerait à penser qu'elle est apparue à l’origine à un degré moins parfait, par hasard, c’est-à-dire par une tendance congénitale chez le parent de la race des pointers2. Il n'est pas possible de croire que la culbute et le vol élevé en groupe serré d’une race de pigeons a été appris, et, dans le cas des diverses manières de chasser des chiens de renard, il s’agit indubitablement de traits congénitaux. L’hérédité des phénomènes mentaux précédents et d’autres similaires susciterait peut-être moins de surprise si l’on gardait présent à l’esprit qu’en aucun cas les actes individuels de raisonnement, les mouvements ou autres phénomènes liés à la conscience, ne semblent être transmis. Un acte, même fort complexe, lorsque par une longue pratique il est accompli inconsciemment et sans aucun effort (et précisément dans le cas de nombreuses particularités de manières opposées à la volonté), est dit, selon l’expression courante, être exécuté instinctivement3. Les cas de paroles et de chants appris dans le jeune âge et complètement oubliés, parfaitement répétés dans l’inconscience de la maladie m’apparaissent à peine moins étonnants que s'ils avaient été transmis à une seconde génération4.
Habitudes héréditaires comparées aux instincts
4Les caractéristiques principales des vrais instincts semblent être leur invariabilité et leur non-perfectionnement pendant la vie adulte de l’individu ; l'absence de connaissance de la fin pour laquelle l’acte est accompli est cependant parfois associée à un certain degré de raison, sujette à des erreurs, associée à certains états du corps ou à des moments de l’année ou du jour. A maints égards, il y a une ressemblance entre les cas mentionnés ci-dessus de qualités mentales acquises ou modifiées pendant la domestication. Sans aucun doute les instincts des animaux sauvages sont plus uniformes que les habitudes ou qualités modifiées ou récemment acquises pendant la domestication, de la même manière et pour les mêmes causes que la structure corporelle à l’état domestique est moins uniforme que chez les êtres vivants à l'état de nature. J’ai vu un jeune pointer se mettre en arrêt le premier jour où on le sortit, avec autant d’immobilité qu’un vieux chien ; Magendie affirme qu’il en alla de même pour un retriever qu’il avait élevé lui-même ; la culbute des pigeons ne s’améliore probablement pas avec l’âge ; nous avons vu ci-dessus que les jeunes brebis héritaient de la tendance à migrer vers leur lieu de naissance la première fois qu'elles mettaient bas. Ce dernier fait offre un exemple d’instinct domestique associé à un état corporel, comme il l’est à un moment de l’année chez les moutons transhumants. Ordinairement, les instincts acquis des animaux domestiques semblent exiger un certain degré d’éducation (comme en général chez les pointers et les retrievers) pour être parfaitement développés ; peut-être en va-t-il de même pour les animaux sauvages dans une mesure plus grande qu’on ne le suppose généralement, par exemple pour le chant des oiseaux et la connaissance des meilleures herbes chez les ruminants. Il semble assez évident que les abeilles transmettent leur connaissance de génération en génération. Lord Brougham insiste énormément sur l’ignorance du but comme éminemment caractéristique des vrais instincts, et ceci me semble s’appliquer à beaucoup d’habitudes héréditaires acquises, par exemple dans le cas du jeune chien d’arrêt déjà mentionné, qui se mit à l’arrêt si obstinément le premier jour que nous fûmes obligés plusieurs fois de le déplacer de force. Ce jeune chien se mettait à l’arrêt non seulement devant les moutons, les grandes pierres blanches, les petits oiseaux, mais devant les autres chiens d’arrêt ; il devait être aussi inconscient du but pour lequel il se mettait en arrêt (faciliter à son maître la prise du gibier pour le manger) que l’est un papillon qui pond ses œufs sur un chou afin que les chenilles en mangent les feuilles. De même un cheval qui marche à l’amble instinctivement ignore manifestement qu’il prend cette allure particulière pour la commodité de l’homme, et pourtant, si l’homme n’avait jamais existé, il n’aurait jamais marché à l’amble. Le jeune chien qui se mettait en arrêt devant des pierres blanches semble avoir acquis un instinct aberrant, tout comme les mouches à viande qui pondent leurs œufs sur certaines fleurs au lieu de le faire sur de la viande en putréfaction. Si vrai que soit en général le critère de l’ignorance du but, il est clair que les instincts sont associés à un certain degré de raison : par exemple, le tisserin qui tisse des fils avec lesquels il fait son nid se sert de fils artificiels quand il peut s’en procurer et l’on a connu un vieux pointer qui avait rompu l’arrêt, contourné une haie et chassé un oiseau vers son maître.
5Il y a une autre méthode tout à fait différente de comparer les instincts ou habitudes acquises sous l’effet de la domestication avec ceux qui sont donnés par la nature : c’est un test d’ordre fondamental, je veux parler de la comparaison des facultés mentales des métis et des hybrides. Les instincts, ou habitudes, goûts et dispositions d’une race d’animaux, lorsque cette race est croisée avec une autre race, par exemple un chien de berger avec un chien courant, sont mélangés, et font preuve du même caractère curieusement mixte aussi bien à la première génération qu’à celles qui suivent, exactement comme cela se produit quand une espèce est croisée avec une autre. Ce ne pourrait être le cas s’il existait une différence fondamentale entre instincts domestiques et instincts naturels, si les premiers étaient, pour utiliser une expression métaphorique, purement superficiels (donner une définition de l’instinct, ou au moins de ses principaux attributs. Le terme instinct est souvent employé dans un sens qui n'implique rien d’autre que le fait que l’animal accomplit l’acte en question. Les facultés et les instincts ne peuvent, je pense, être qu'imparfaitement séparés. La taupe a la faculté de creuser des galeries, et l'instinct de le faire. L’oiseau de passage a la faculté de trouver son chemin et l’instinct de mettre cette faculté en action à certaines périodes. On peut difficilement dire qu'il possède la faculté de connaître le temps, car il n’en possède pas les moyens, si ce n’est une conscience de sensations passagères. Réfléchir à toutes les actions habituelles et voir si les facultés et les instincts peuvent être séparés. Nous avons la faculté de nous éveiller à une certaine heure de la nuit ou du jour. Sauvages trouvant leur chemin. Récit de Wrangel —probablement une faculté inexplicable pour son possesseur. Il y a, outre les facultés, les moyens, tels que la conversion des larves en neutres ou en reines. Je pense que tout cela implique généralement quelque chose d’utile).
Variations dans les attributs mentaux des animaux sauvages
6En ce qui concerne la variation des facultés mentales des animaux à l’état sauvage, nous savons qu'il existe une différence considérable dans le caractère des individus d’une même espèce, comme l'ont constaté tous ceux qui ont eu à s’occuper d’animaux sauvages dans une ménagerie. En ce qui concerne la sauvagerie des animaux, c’est-à-dire la peur dirigée particulièrement contre l’homme, qui semble être un instinct aussi vrai que la peur d’une jeune souris devant un chat, nous avons de bonnes preuves de penser qu’elle est acquise lentement et devient héréditaire. Il est également certain que, à l'état naturel, des individus de la même espèce perdent ou n’exercent pas leurs instincts migrateurs, par exemple les bécasses à Madère. En ce qui concerne les variations des instincts plus complexes, il est bien sûr très difficile de les déceler, encore plus que dans le cas de la structure corporelle, où nous avons vu que les variations sont minimes, et peut-être inexistantes dans la majorité des espèces à une période donnée. Cependant, pour prendre un excellent exemple d’instinct, celui des nids des oiseaux, les observateurs qui ont accordé le plus d’attention au sujet ont constaté que non seulement certains individus ( ? espèce) ne semblent être capables de les construire que très imparfaitement, mais que l’on peut discerner fréquemment des différences d’habileté entre les individus. Certains oiseaux, en outre, adaptent leurs nids aux circonstances ; le merle d'eau ne fait pas de voûtes lorsqu’il bâtit à l’abri d’un rocher, le moineau bâtit très différemment selon qu’il niche sur un arbre ou dans un trou, et le roitelet huppé suspend son nid sous les branches d'arbres ou bien parfois le place dessus.
Principes de sélection applicables aux instincts
7Les instincts des espèces étant tout aussi importants pour leur préservation et leur multiplication que leur structure corporelle, il est évident que, s’il existe de minimes différences congénitales dans les instincts et les habitudes, ou que si certains individus sont amenés durant leur vie à modifier leur comportement ou y sont obligés, et si ces différences sont un tant soit peu favorables à leur préservation dans des conditions extérieures légèrement modifiées, ces individus doivent à la longue avoir de meilleures chances d’être préservés et de se multiplier. Une fois ceci admis, une série de petits changements peut, comme dans le cas de la structure corporelle, susciter de grands changements dans les facultés mentales, les habitudes et les instincts de toute espèce.
Difficultés dans l’acquisition d’instincts complexes par sélection
8Tout le monde aura d’abord tendance à expliquer (comme je l’ai moi-même fait longtemps) que bon nombre des instincts les plus compliqués et les plus merveilleux n’ont pu être acquis de cette manière5. Dans la seconde partie de cet ouvrage, je me demande jusqu'à quel point l'économie générale de la nature est conforme ou s’oppose à la thèse que les espèces et les genres voisins descendent de souches communes, mais nous pouvons ici nous demander si les instincts des animaux présentent un cas prima facie d’impossibilité d'acquisition graduelle susceptible de justifier le rejet de cette théorie, quels que soient par ailleurs les faits qui plaident en sa faveur. Je répète encore une fois que je désire traiter ici, non de la probabilité mais de la possibilité de l'acquisition d’instincts complexes par la sélection lente et continue sur une longue durée de très légères modifications (quelles soient congénitales ou produites par l'habitude) d’instincts plus simples, chaque petite modification étant aussi utile et nécessaire à l’espèce qui l’acquiert que la plus compliquée.
9Prenons d’abord le cas des nids d’oiseaux : parmi les espèces existantes (infiniment peu nombreuses comparées à la multitude de celles qui ont dû exister depuis la période du nouveau grès rouge de l’Amérique du Nord, et dont nous ignorons toujours les habitudes) il serait possible d’établir une liste assez parfaite, des œufs pondus à même le sol à d'autres entourés de quelques brindilles, puis des nids simples comme ceux des pigeons ramiers, jusqu’à d’autres de plus en plus compliqués ; si, comme on l’affirme, il existe de temps en temps de légères différences entre les individus dans l’art de la construction, et si, ce qui est pour le moins probable, ces différences tendent à devenir héréditaires, alors nous pouvons voir qu’il est au moins possible que les instincts de nidification aient été acquis par la sélection graduelle, pendant des milliers de générations, des œufs et des oisillons des individus dont les nids étaient dans quelque mesure mieux adaptés à la préservation de leurs oisillons, dans les circonstances du moment. L’un des instincts les plus surprenants que l’on connaisse est celui du mégapode de Lathan en Australie, qui enfouit ses œufs sous un énorme tas de matériaux putrescibles ; mais dans ce cas les habitudes d’une espèce voisine montrent comment cet instinct aurait pu être acquis. Cette seconde espèce habite une région tropicale, où la chaleur du soleil est suffisante pour faire éclore ses œufs, et cet oiseau enterre ses œufs, apparemment pour les cacher, sous un amas de débris moins volumineux, mais de nature sèche, de sorte qu’ils ne fermentent pas. Supposons maintenant que cet oiseau se soit lentement introduit sous un climat plus frais, aux feuilles plus abondantes : dans ce cas, les individus qui auraient la chance d'avoir l’instinct collecteur le plus développé feraient un tas un peu plus grand, et les œufs, aidés pendant une saison un peu plus froide sous le climat légèrement plus frais, par la chaleur d’un commencement de fermentation, écloraient à la longue plus facilement, et engendreraient probablement des petits dotés des mêmes tendances collectrices développées ; de nouveau, parmi ces derniers, ceux qui auraient les facultés les plus développées tendraient à élever le plus grand nombre d’oisillons. Ainsi il serait possible que cet étrange instinct soit acquis dans l’ignorance parfaite par tous les individus, des lois de la fermentation et de la chaleur qui en résulte, et tel doit bien être le cas.
10Deuxièmement, prenons le cas des animaux qui (pour utiliser l’expression courante) simulent la mort pour échapper au danger. Dans le cas des insectes, il est possible de montrer une série parfaite, depuis certains insectes qui demeurent immobiles un instant et d’autres qui contractent légèrement les pattes une seconde, jusqu’à ceux qui demeurent immobiles, ramassés sur eux-mêmes pendant un quart d’heure, qui peuvent être coupés en deux ou rôtis à petit feu sans montrer le moindre signe de sensibilité. Personne ne doutera que la longueur de temps pendant laquelle chacun d’entre eux reste immobile est bien adaptée pour permettre à l’insecte d’échapper aux dangers auxquels il est le plus exposé, et peu de naturalistes nieront la possibilité de glissement d’un stade à un autre, par les moyens et la raison déjà évoqués. Comme je trouvais cependant merveilleux (sans être impossible) que cette attitude de mort ait été acquise par des méthodes qui n'impliquent pas l’imitation, j’ai comparé plusieurs espèces simulant, comme on dit, la mort, avec d’autres individus de la même espèce vraiment morts, et leurs attitudes n’étaient dans aucun cas les mêmes.
11Troisièmement, en considérant de nombreux instincts, il est utile de tenter de distinguer la faculté par laquelle ils sont actualisés et le pouvoir mental qui détermine la performance, celui-ci étant plus précisément appelé instinct6. Nous avons un instinct qui nous pousse à manger, nous avons des mâchoires etc. qui nous donnent la faculté de le faire. Ces facultés nous sont souvent inconnues : les chauves-souris, aveugles, peuvent éviter des cordes suspendues au travers d'une chambre, et actuellement nous ne savons pas grâce à quelle faculté elles y parviennent. De même, pour les oiseaux migrateurs, c’est un instinct merveilleux qui les pousse à certains moments de l’année à se déplacer dans une certaine direction, mais c’est une faculté qui leur fait connaître le moment et trouver leur chemin. En ce qui concerne le temps7, l’homme, sans voir le soleil, peut plus ou moins deviner l’heure, tout comme le bétail qui descend des montagnes pour se nourrir d’algues découvertes à l’heure variable de la marée basse (McCulloch et autres). Un faucon (D’Orbigny) semble certainement avoir acquis la connaissance d’intervalles de 21 jours. Dans les cas déjà mentionnés des brebis qui retournaient à leur lieu de naissance pour mettre bas, et des moutons d’Espagne qui connaissent le moment de leur départ, nous pouvons supposer que la tendance au départ est associée —nous pouvons alors dire instinctivement— à des sensations corporelles. Quant à la direction, il est aisé de concevoir comment la tendance à se déplacer selon un parcours déterminé a pu vraisembablement être acquise, bien qu’il nous faille admettre notre ignorance de la façon dont les oiseaux parviennent à maintenir leur cap par une nuit noire sur la surface de l’océan. Qu’il me soit permis de remarquer que le pouvoir que détiennent certaines races sauvages de l’humanité de trouver leur chemin, bien qu'il soit sans doute tout à fait différent de la faculté des oiseaux, nous est presque aussi incompréhensible. Un navigateur habile, Belihnghausen, décrit avec la plus grande admiration la manière dont certains Eskimos le guidèrent jusqu’à un certain point, par des chemins qui n’étaient jamais droits, à travers des tertres de glace fraîchement formés, par un jour de brouillard épais, alors que lui-même, avec une boussole, sans repères sur un chemin extrêmement tortueux, éprouvait beaucoup de difficultés à conserver une direction fixe ; il en va de même des sauvages australiens dans les forêts épaisses. Dans les Amériques du Nord et du Sud, beaucoup d'oiseaux se déplacent lentement vers le nord ou le sud selon les saisons, en quête de nourriture ; qu’ils continuent à agir ainsi jusqu’à ce que, comme dans le cas des moutons d'Espagne, cela devienne un désir instinctif impératif, et ils accéléreront graduellement leur course. Ils traverseront des rivières étroites, et si ces dernières sont ensuite transformées par affaissement en estuaires étroits, puis, graduellement, au cours des siècles, en bras de mer, nous pouvons supposer que leur désir impérieux de se déplacer les poussera à traverser ce bras de mer, même si sa largeur a rendu le bord opposé invisible. Comment sont-ils capables de suivre leur chemin dans une direction donnée, c’est, je l’ai dit, une faculté qui nous demeure inconnue. Pour donner un autre exemple des moyens par lesquels je conçois la possibilité de la détermination des directions de la migration, l’élan et le renne de l’Amérique du Nord traversent chaque année, comme s’ils pouvaient merveilleusement voir ou flairer à une distance de cent milles, un large espace absolument désert pour arriver à certaines îles où ils trouvent une maigre subsistance ; les changements de température, attestés par la géologie, permettent de supposer que ce désert était autrefois recouvert de végétation, et qu’ainsi ces quadrupèdes pourraient y avoir été poussés tous les ans, jusqu'à ce qu'ils atteignent des lieux plus fertiles, et ils auraient ainsi acquis, comme les moutons d’Espagne, leurs facultés migratrices.
12Quatrièmement, en ce qui concerne les rayons de l’abeille domestique8 : ici encore, nous devons envisager une faculté ou des procédés par lesquels sont construits leurs cellules hexagonales, sans cependant voir dans cet instinct quelque chose de purement machinal. Actuellement cette faculté nous est totalement inconnue : M. Waterhouse suppose que plusieurs abeilles sont poussées par leur instinct à creuser une masse de cire jusqu’à atteindre une certaine minceur, et qu'il en résulte nécessairement des hexagones. Que cette théorie ou une autre soient exactes, les abeilles doivent bien posséder une faculté de ce genre. Elles possèdent, de surcroit, de véritables instincts qui sont parmi les plus merveilleux que nous connaissions. Si nous examinons le petit nombre de faits connus concernant les habitudes d’autres espèces d’abeilles, nous trouvons des instincts bien plus simples : le bourdon remplit simplement de grossiers cocons de cire avec du miel et les assemble sans grand ordre dans un nid d’herbes rudimentaire. Si nous connaissions les instincts de toutes les abeilles qui ont existé, il n’est pas improbable que nous trouvions des instincts de tous les degrés de complexité, depuis les actions les plus simples comme celles d’un oiseau construisant un nid et élevant ses oisillons, jusqu’à l'architecture et l'organisation merveilleuses des abeilles ; du moins cela est possible, et c’est tout ce que je prends en compte ici.
13Enfin, j’aborderai sous le même point d’angle une autre classe d’instincts qui ont souvent été considérés comme véritablement merveilleux, ceux des parents qui apportent à leurs petits une nourriture qu'eux-mêmes n’aiment et ne partagent pas ; — par exemple, le moineau commun, oiseau granivore, nourissant ses petits de chenilles. Nous pourrions naturellement aborder le problème à un autre niveau, et chercher quelle est l’origine chez les parents de cet instinct nourricier, mais il est inutile de perdre son temps en conjectures sur une série de gradations, des oisillons qui se nourrissent eux-mêmes en étant assistés légèrement et occasionnellement dans leur quête de nourriture à ceux qui sont entièrement nourris par leurs parents. En ce qui concerne les parents qui leur apportent une nourriture tout à fait différente de la leur, nous pouvons supposer, soit que la souche éloignée dont proviennent les moineaux et autres oiseaux apparentés était insectivore, et que ses structures et ses habitudes ont été transformées, alors que ses anciens instincts envers leurs petits n’ont pas varié, soit que les parents ont été amenés à modifier légèrement la nourriture de leurs petits à cause d’une insuffisance de leur subsistance habituelle (ou bien parce que les instincts de certains individus n’étaient pas très développés), et en ce cas les jeunes qui étaient les plus capables de survivre étaient nécessairement le plus souvent préservés, devenaient à leur tour parents, et étaient de la même manière poussés à modifier la nourriture de leurs oisillons. Dans le cas des animaux dont les jeunes se nourrissent eux-mêmes, des modifications de leurs instincts alimentaires et de leur structure pourraient être sélectionnées à partir de légères variations, de la même manière que chez les animaux adultes. Et, là où l’alimentation des jeunes dépend de l’endroit où la mère place ses œufs, comme dans le cas des chenilles du papillon de chou, nous pouvons supposer que la souche de l’espèce déposait ses œufs, tantôt sur une sorte de plante, tantôt sur une autre apparentée (comme le font aujourd’hui certaines espèces), et que si le chou convenait aux chenilles mieux que toutes les autres plantes, les chenilles des papillons qui auraient choisi le chou proliféreraient et produiraient des papillons plus aptes à pondre leurs œufs sur le chou que sur d'autres plantes.
14Quelque vagues et peu philosophiques que puissent apparaître ces conjectures, elles sont utiles, je pense, pour montrer que la première réaction de rejet de toutes les théories qui postulent une acquisition graduelle de ces instincts qui de tout temps ont suscité l’émerveillement de l’homme doit au moins être différée. Une fois admis que des dispositions, des goûts, des actions et des habitudes peuvent légèrement se modifier, soit par de légères différences congénitales (probablement dans le cerveau) ou par l’effet des circonstances extérieures, et que ces petites modifications peuvent être rendues héritables —proposition que personne ne peut rejeter— il sera difficile de trouver une limite à la complexité et à l’extravagance des goûts et des habitudes qui peuvent être acquis de cette manière.
Difficultés dans l’acquisition par sélection de structures corporelles complexes
15Après cette discussion, il conviendra peut-être d’examiner ici si quelques organes particuliers, ou si la structure générale de quelques animaux, sont assez extraordinaires pour justifier le rejet de notre théorie au premier abord9. Dans le cas de l'œil, comme dans celui des instincts les plus complexes, la première réaction, cela est certain, est de rejeter entièrement toute théorie de ce type. Mais si nous pouvons montrer qu’il existe une série graduée, de l’œil sous sa forme la plus complexe jusqu’à un état extrêmement simple, si la sélection peut produire le plus petit changement, et si une telle série existe, alors il est clair (car dans cet ouvrage nous n’avons pas à traiter de l’origine première des organes sous leur forme la plus simple) qu'il est possible que l’œil ait été formé par une sélection graduelle de déviations légères, mais à chaque fois utiles (et que chaque œil dans tout le règne animal n’est pas seulement très utile, mais parfait pour son possesseur). Tout naturaliste, lorsqu’il rencontre un organe nouveau et singulier, s’attend toujours à trouver, et recherche, des modifications différentes et plus simples de cet organe chez d’autres êtres vivants. Dans le cas de l’œil, nous avons une multitude de formes différentes, plus ou moins simples, qui ne constituent pas une série continue, mais sont séparées par des trous ou intervalles ; mais nous devons tenir compte du fait que, si nous connaissions les yeux de tous les fossiles qui ont existé, le nombre des structures visuelles serait incomparablement plus grand. Nous traiterons de l’énorme proportion probable des types éteints par rapport aux formes récentes dans la seconde partie de cet ouvrage. Malgré les grandes séries des formes existantes, il est extrêmement difficile d’émettre, fût-ce une hypothèse sur les étapes intermédiaires par lesquelles beaucoup d’organes auraient pu passer pour devenir complexes, mais nous devons tenir compte du fait qu’une partie qui a originellement une fonction complètement différente peut, d’après la théorie de la sélection graduelle, être lentement adaptée à un tout autre usage ; les gradations de forme qui font croire aux naturalistes à la métamorphose hypothétique d’une partie de l’oreille en vessie natatoire chez les poissons, et des pattes en mâchoires chez les insectes, montrent la manière dont cela est possible. De même qu’à l’état de domestication apparaissent, sans aucune sélection continue, des modifications de structure que l’homme trouve très utiles, ou précieuses par leur originalité (comme le calice crochu des chardons à foulon, ou la fraise sur le cou de certains pigeons), de même, à l’état de nature, quelques petites modifications, apparemment merveilleusement adaptées à certaines fins, sont peut-être dues aux accidents du système reproducteur, et peuvent se propager immédiatement sans sélection continue de petites déviations tendant vers cette structure. Faire des conjectures sur les étapes par lesquelles un organe complexe d’une espèce a pu arriver à son état actuel, même si nous pouvons nous appuyer sur l’existence d’organes analogues d’autres espèces existantes, ne saurait être qu’une aide et un guide pour notre imagination, car pour connaître les étapes réelles nous devons prendre en considération uniquement la lignée d’une espèce jusqu’à la souche ancienne dont elle descend. En considérant l’œil d’un quadrupède, par exemple, bien que nous puissions envisager l’œil d’un mollusque ou d’un insecte comme preuve de la simplicité que peut avoir un organe pour remplir quelques uns des buts de la vision, et l’œil du poisson comme exemple de cette simplification, nous devons nous souvenir que c’est simplement par hasard (en admettant un instant le bien-fondé de notre théorie) qu’un être organisé vivant a pu conserver tel ou tel organe exactement dans le même état que celui où il existait dans les espèces anciennes à une époque géologique éloignée.
16Quelques naturalistes ont considéré que certaines structures, de par leur nature ou leur condition, étaient sans utilité pour leur possesseur, mais formées uniquement pour le bien d’autres espèces ; on a pensé par exemple que certains fruits et certaines graines étaient faits pour servir de nourriture à certains animaux — et que de nombreux insectes, particulièrement sous leur forme larvaire, existaient à cet effet— que certains poissons avaient des couleurs brillantes pour aider certains oiseaux de proie à les capturer, etc. Si cela pouvait être prouvé (ce que je suis loin d’admettre), la théorie de la sélection naturelle serait complètement réfutée, car il est évident que la sélection, dépendant de l’avantage qu’un individu possède sur d’autres grâce à une légère déviation, ne produirait jamais une structure ou une qualité profitant seulement à une autre espèce. Bien sûr un être profite des qualités d'un autre, et peut même causer son extermination, mais cela est loin de prouver que cette qualité a été produite à cette fin. Il peut être avantageux pour une plante d’avoir des graines qui attirent les animaux, si une sur cent ou mille d’entre elles échappent à la digestion, car cela favorise ainsi la dissémination : les couleurs brillantes d’un poisson peuvent être de quelque avantage pour lui, ou peuvent plus probablement résulter de l’exposition à certaines conditions dans des endroits favorables à l’alimentation, malgré le fait que cela fasse de lui plus aisément la proie de certains oiseaux10.
17Si, au lieu d’envisager, comme ci-dessus, certains organes en particulier, en spéculant sur les étapes par lesquelles leurs parties ont été perfectionnées et sélectionnées, nous considérons un animal individuel, nous nous trouvons en présence de difficultés semblables ou plus grandes, mais qui, je crois, comme dans le cas d'un seul organe, tiennent entièrement à notre ignorance. L’on peut se demander par quelles formes intermédiaires, par exemple, pourrait avoir passé une chauve-souris ; mais on aurait pu se poser la même question pour le phoque si nous ne connaissions par la loutre et d’autres quadrupèdes carnivores semi-aquatiques. Mais, dans le cas de la chauvesouris, qui pourrait dire ce que pourraient avoir été les habitudes d’une forme mère aux ailes moins développées, alors que nous connaissons actuellement des oppossums insectivores et des écureuils herbivores adaptés simplement pour glisser à travers les airs (personne ne contestera que le glissement est très utile, probablement nécessaire pour ces espèces). Une espèce de chauve-souris a actuellement des habitudes en partie aquatiques (Est-ce le galeopithecus ? J’ai oublié)11. Les pics et les rainettes sont particulièrement adaptés, comme leur nom l’indique en anglais12, pour grimper aux arbres, cependant il existe des espèces dans les deux cas qui habitent les plaines ouvertes de La Plata, où il n’y a pas d’arbres. Je pourrais m’appuyer sur ces cas pour maintenir qu’une structure éminemment faite pour grimper aux arbres peut provenir de formes qui habitent un pays où n’existe aucun arbre. Malgré ces faits et une multitude d'autres bien connus, de nombreux auteurs ont soutenu qu’une espèce, par exemple de l’ordre des carnivores, ne pourrait se transformer en une autre, par exemple en une loutre, parce que, à l’état transitionnel, ses habitudes ne seraient adaptées à aucune condition de vie ; mais le jaguar est dans sa structure un quadrupède tout à fait terrestre, et pourtant il se met volontiers à l’eau et capture beaucoup de poissons ; dira-t-on qu’il est impossible que les conditions de son habitat puissent devenir telles que le jaguar soit poussé à se nourrir davantage de poisson qu’il ne le fait actuellement ? Et dans ce cas est-il impossible, n’est-il pas probable, que la plus faible déviation de ses instincts, de la forme de son corps, de la largeur de ses pieds, de l’extension de la peau (qui unit déjà la base de ses doigts) donnerait aux individus ainsi modifiés une meilleure chance de survivre et de donner naissance à des jeunes présentant des déviations du même ordre, à peine perceptibles (bien que tout à fait formées) ? (Voir dans Richardson un bien meilleur cas de putois (Mustela Vison) qui est aquatique la moitié de l’année). Qui dira ce qui pourrait alors se produire au cours de dix mille générations ? Qui pourra répondre à la même question en ce qui concerne les instincts ? Si personne n’y parvient, l’on ne saurait rejeter catégoriquement la possibilité (car dans ce chapitre nous n’en sommes pas à envisager la probabilité) d’une transformation d’organes ou d’êtres organisés, par la sélection naturelle et par l’effet d’agents extérieurs, en organes ou organismes complexes.
Notes de bas de page
1 Cf., L'Origine des Espèces, I, p. 276.
2 Dans le chapitre VIII de L'Origine des Espèces consacré aux instincts, Darwin n’accepte pas l’idée que les instincts puissent être réduits à des habitudes héréditaires : « Mais ce serait une grave erreur de croire que la plupart des instincts ont été acquis par habitude dans une génération, et transmis ensuite par hérédité aux générations suivantes » (I, p. 277).
3 Une définition très proche est donnée par Darwin dans L'Origine des Espèces, I, p. 276.
4 Ces vues sont proches des thèses de Hering sur la « mémoire inconsciente » développées par la suite contre Darwin par Samuel Butler (Unconscious Memory) ; elles sont déjà exprimées dans le « manuscrit M » (1838) de Darwin, qui, par la suite, les récusera.
5 Les exemples fournis dans L’Origine des Espèces (coucou, fourmis) sont tout à fait différents.
6 Cette distinction était déjà esquissée dans une note de Darwin en début de chapitre. Elle est absente de L'Origine des Espèces.
7 Ici une note dans le manuscrit qui n'est pas de la main de Darwin : « Du temps où le blé était amassé en vrac au marché au lieu d'être vendu au boisseau, les oies des prés autour de Newcastle (Staffordshire) connaissaient le jour du marché et venaient y picorer le blé en vrac ».
8 Cf., L'Origine des Espèces, I, pp. 295-305.
9 Dans L'Origine des Espèces, un chapitre complet (VI) est consacré aux « difficultés de la théorie » (absence de variétés transitionnelles, organismes très perfectionnés, etc.).
10 Le problème des couleurs brillantes sera traité dans L'Origine des Espèces (et dans La Descendance de l’Homme) dans le cadre de la sélection sexuelle. Wallace continuera à les expliquer par la sélection naturelle proprement dit, et polémiquera avec Darwin à ce sujet.
11 Il est probable que cette note s’applique (en partie) à la phrase précédente. Le « galéopithèque volant » n’a pas d'habitudes aquatiques.
12 En anglais pic = woodpecker, rainette = tree-frog.
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