1 Cette réflexion s’est nourrie des présentations de Christian Lazzeri sur James C. Scott et d’Emmanuel Renault sur « Reconnaissance et domination » dans le séminaire « Conceptions contemporaines de la domination » à l’Université Paris Ouest La Défense en 2013-2014.
2 Honneth, A., La Lutte pour la reconnaissance, trad. P. Rusch, Paris, Gallimard, 2000.
3 Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », in La Société du mépris. Vers une nouvelle Théorie critique, édition dirigée par O. Voirol, Paris, La Découverte, 2006, p. 245-274.
4 Honneth, A., « Une pathologie sociale de la raison. Sur l’héritage intellectuel de la Théorie critique », in La Société du mépris, p. 101-130.
5 Honneth, A., Le Droit de la liberté. Esquisse d’une éthicité démocratique, trad. F. Joly et P. Rusch, Paris, Gallimard, 2015.
6 Cf. Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 247.
7 « De toutes les formes de “persuasion clandestine”, la plus implacable est celle qui est exercée tout simplement par l’ordre des choses » (Bourdieu, P., Wacquant, L., Réponses, Paris, Seuil, 1992, p. 143).
8 Honneth, A., Kritik der Macht. Reflexionsstufen einer kritischen Gesellschaftstheorie, Francfort, Suhrkamp, 1988.
9 Honneth, A., « Les paradoxes du capitalisme : un programme de recherche » (avec M. Hartmann), in La Société du mépris, p. 275-303.
10 Honneth, A., La Lutte pour la reconnaissance, p. 138.
11 Honneth analyse les processus historiques qui confèrent son importance à l’enfance et conduisent au développement de l’institution du mariage, ainsi que le développement des droits modernes (la reconnaissance juridique des individus qui s’est détachée de l’ordre social hiérarchique des valeurs) qui fournit sinon la pratique du moins l’idée normative d’égalité juridique. Il analyse enfin l’émergence de l’idée de prestation ou de succès individuel, sous l’influence de la valorisation du travail salarié et de la transformation du principe d’honneur dont une partie s’est égalisée (en égalité de dignité) et une partie s’est méritocratisée.
12 La société capitaliste est conçue comme un ordre institutionnalisé de reconnaissance, et la lutte pour la reconnaissance vise les déficits internes de cet ordre.
13 Cf. Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 248. Il faut nuancer ces exemples, précise Honneth, et les replacer dans certaines conditions historiques : la reconnaissance a toujours eu une certaine positivité, cf. p. 249.
14 Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 246.
15 Ailleurs, Honneth prend l’exemple des néo-nazis qui revendiquent d’être reconnus, et celui de l’« entrepreneur de soi » du néolibéralisme.
16 Honneth, A., « La Théorie critique de l’École de Francfort et la théorie de la reconnaissance », in La Société du mépris, p. 151-180, citation p. 176.
17 Honneth, A., « La Théorie critique de l’École de Francfort et la théorie de la reconnaissance », p. 177.
18 Cf. Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 253-254.
19 Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 249.
20 « Si la nouvelle manière de s’adresser aux employés et aux travailleurs qualifiés en tant qu’‘entrepreneurs d’eux-mêmes’ comprend certes de manière évaluative la promesse de reconnaître un degré accru d’individualité et de motivation au travail, elle ne se soucie précisément pas, en soi, des dispositions institutionnelles permettant une véritable réalisation de ces nouvelles valeurs […] » (Honneth, A., « La reconnaissance comme idéologie », p. 272-273).
21 Honneth se distingue d’une entreprise comme celle de Charles Taylor dans « La politique de la reconnaissance », in Multiculturalisme. Différence et démocratie, trad. D. Armand-Canal, Paris, Champs Flammarion, 1994, p. 41-99. Cela apparaît également dans le débat qu’Axel Honneth mène avec Nancy Fraser, in Umverteilung oder Anerkennung ? Eine politisch-philosophische Kontroverse, Francfort, Suhrkamp, 2003.
22 Butler, J., La vie psychique du pouvoir. L’assujettissement en théories, trad. B. Matthieussent, Paris, Léo Scheer, 2002.
23 Butler écrit : « Le sujet est l’effet rétroactif du pouvoir » (La vie psychique du pouvoir, p. 28).
24 Cf. l’expression de Catherine Malabou dans la préface à La vie psychique du pouvoir, p. 17 ; voir aussi l’ouvrage qu’elle publie avec Judith Butler, Sois mon corps. Une lecture contemporaine de la domination et de la servitude chez Hegel, Paris, Bayard, 2010.
25 Butler, J., Le récit de soi, trad. B. Ambroise et V. Aucouturier, Paris, PUF, « Pratiques théoriques », 2007, p. 15.
26 Butler, J., Le récit de soi, p. 16.
27 Ibidem.
28 Butler, J., Le récit de soi, p. 17.
29 « La critique aurait essentiellement pour fonction le désassujettissement dans le jeu de ce qu’on pourrait appeler, d’un mot, la politique de la vérité » (Foucault, M. « Qu’est-ce que la critique ? », Bulletin de la Société française de philosophie, LXXXIV, 1990, p. 39, republié dans Qu’est-ce que la critique ? suivi de La culture de soi, Paris, Vrin, 2015, p. 39) ; voir J. Butler, « Qu’est-ce que la critique ? Essai sur la vertu selon Foucault », in M. -C. Granjon, Penser avec Michel Foucault, Paris Karthala, 2005.
30 James C. Scott, La Domination et les arts de la résistance. Fragments d’un discours subalterne, trad. O. Ruchet, Paris, Ed. Amsterdam, 2009, p. 252.
31 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 248.
32 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 253 et 254.
33 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 249.
34 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 59.
35 Scott, J. C., Zomia ou l’art de ne pas être gouverné, trad. N. Guilhot, F. Joly, O. Ruchet, Paris, Seuil, 2013.
36 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 156.
37 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 166.
38 Dans son essai sur l’invisibilité sociale, « Invisibilité. Sur l’épistémologie de la reconnaissance », in La Société du mépris, p. 225-243.
39 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 148. « Le recours à une déférence stéréotypée et dépourvue de la moindre aspérité crée une barrière sociale impénétrable qui, parce qu’elle emploie les observances exigées par le dominant, n’en est que plus durable ».
40 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 127. Scott poursuit : « De même, le labeur et les récoltes soutirés aux paysans ne seront pas plus à privilégier que les marques requises d’hommage et de soumission, les expressions interdites lorsque l’on s’adresse à quelqu’un de haut rang, le droit de cuissage ou les coups de fouets infligés en public. »
41 Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 130.
42 « Mais penserions-nous beaucoup, et penserions-nous bien, si nous ne pensions pas pour ainsi dire en commun avec d’autres, qui nous font part de leurs pensées et auxquels nous communiquons les nôtres ? » (Kant, E., Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?, trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 2001, p. 96).
43 De même, ajoute-t-il, qu’il se passe de « la tendance habermassienne à traiter la société civile et politique comme si elle devait toujours ressembler dans son fonctionnement à un séminaire de thèse parfaitement organisé » (Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 130).
44 Le texte caché n’existe véritablement que « comme pratique » (Scott, J. C., La Domination et les arts de la résistance, p. 134).
45 Point sur lequel l’exposé de Christian Lazzeri sur James C. Scott dans le séminaire « Conceptions contemporaines de la domination » à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense en 2013-2014 attire l’attention.
46 La Boétie veut expliquer « ce monstrueux vice » (p. 197) qui fait que « ce sont donc les peuples qui se laissent, ou plutôt se font garrotter, puisqu’en refusant seulement de servir, ils briseraient leurs liens » (p. 199) ; il cherche à « découvrir, s’il est possible, comment s’est enracinée si profondément cette opiniâtre volonté de servir qui ferait croire qu’en effet l’amour même de la liberté n’est pas si naturel » (E. de La Boétie, Le Discours de la servitude volontaire, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1993, p. 203).
47 Cette situation a toutefois une histoire, il n’en a pas toujours été ainsi. La lecture de Pierre Clastres insiste sur le fait que le passage à l’état de servitude volontaire est un « malencontre : accident tragique, malchance inaugurale dont les effets ne cessent de s’amplifier au point que s’abolit la mémoire de l’avant, au point que l’amour de la servitude s’est substitué au désir de liberté » (cf. Clastres, P., « Liberté, malencontre, innommable », in E. de La Boétie, Le Discours de la servitude volontaire, p. 247-267, citation p. 249)
48 Foucault, M., Qu’est-ce que la critique ? suivi de La culture de soi, Paris, Vrin, 2015, citations p. 37 et 39. Il ne s’agit pas de ne pas vouloir être gouverné du tout, mais « on repère une perpétuelle question qui serait : ‘ comment ne pas être gouverné comme cela, par ceux-là, au nom de ces principes-ci, en vue de tels objectifs et par le moyen de tels procédés, pas comme ça, pas pour ça, pas par eux ?’ » (Foucault, M., Qu’est-ce que la critique ?, p. 37).