1 Ce texte de Honneth publié dans West End I, 2010 est la version allemande complète d’un exposé plus court prononcé en anglais le 30 janvier 2010 à l’ISF lors d’un symposium sur Le Prix de la vérité (version allemande Suhrkamp, 2009) auquel m’a invité Axel Honneth et auquel ont participé les autres contributeurs de ce numéro spécial (Thomas Bedorf, Robin Celikates, Dirk Quadlflieg ; Stefan Moebius a ajouté son texte plus tard). Qu’il me soit permis ici de remercier encore Axel Honneth et son groupe de travail pour l’organisation de cette rencontre et pour leurs denses contributions. La mienne avait justement pour titre « On the norm of reciprocity », mais c’est un autre texte qui fut joint au volume : « Die Welt des Handels, die Welt der Gabe. Wahrheit und Anerkennung » trad. Eva Buddeberg.
2 Hénaff, M., Le Prix de la vérité. Le don, l’argent, la philosophie, Paris, Seuil, 2002 ; trad. allemande Der Preis der Wahrheit. Gabe, Geld, Philosophie, Frankfurt, Suhrkamp, 2009.
3 C’est le cas, par exemple, dans un texte présenté lors d’un colloque tenu à Kyoto en octobre 2005 sur et avec Amartya Sen ; ce texte est intitulé « Gift exchange, Market and Social Justice », in Gotoh, R., Dumouchel, P. (dir.), Against Injustice. The New Economics of Amartya Sen, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.
4 Je dois avouer que je ne connaissais pas encore les ouvrages de Honneth au moment de la rédaction de mon chapitre sur le don cérémoniel dans Le Prix de la vérité ; je n’ai pu y faire allusion que de manière trop brève, avant publication, dans le prolongement d’une note qui concernait la lutte pour la reconnaissance chez Hegel. Dans plusieurs textes parus après 2002, j’ai eu l’occasion de rendre justice aux travaux de Honneth sur la reconnaissance sociale.
5 J’ai surtout repris l’exposé de mes principaux arguments dans mon récent livre Le Don des philosophes. Repenser la réciprocité (Paris, Seuil, 2012) particulièrement dans les trois chapitres intitulés « Propositions » (I, II et III).
6 Mauss l’a si peu compris que le mot réciprocité n’apparaît pas (sauf une fois, incidemment) dans l’Essai sur le don. Je ne m’en suis rendu compte tardivement moi-même (et ce fut une surprise) qu’à l’occasion de la préparation de mon exposé pour le colloque sur Mauss organisé à Cerisy par A. Caillé et Ph. Chanial à Cerisy en 2008 ; on trouvera ma démonstration (« Mauss et l’invention de la réciprocité ») dans la publication des actes de ce colloque, in La Revue du MAUSS, no 36, Automne 2010. Je montre que même si le mot réciprocité n’apparaît pas, le mot échange, qui revient à chaque page, lui tient lieu d’équivalent ; ce qui est aussi souvent le cas chez Lévi-Strauss non sans risque de malentendus sur le mot « échange » lui-même. Ce n’est que dans un texte plus tardif que Mauss problématise – et de manière remarquable – la notion de réciprocité, notamment entre générations comme « réciprocité alternative indirecte » (« La cohésion sociale dans les sociétés polysegmentaires » [1931] », in Œuvres, Paris, Minuit, 1969, T. 3, p. 11-26).
7 Lewis Morgan avec Systems of Consanguinity and Affinity of the Human Family (1871).
8 On peut noter, en passant, que Honneth est l’auteur d’un texte original sur le Lévi-Strauss de Tristes tropiques ; plus précisément concentré sur la figure de Rousseau. Paradoxalement, dans ce texte, Lévi-Strauss est présenté comme un penseur romantique ; très loin donc de son image de théoricien systémique. Cf. Honneth, A., « Un Rousseau Structuraliste », in Ce que social veut dire I, Paris, Gallimard, 2013, chap. 6.
9 Voir sur ce point Anthropologie structurale chap. XV : « La notion de structure en anthropologie ». Comparant les jeux de société et les règles du mariage Lévi-Strauss remarque : « Les premiers sont destinés à permettre à chaque joueur d’obtenir pour son avantage des écarts différentiels aussi grands que possible à partir d’une régularité statistique initialement donnée. Les règles du mariage agissent en sens inverse : rétablir une régularité statistique, en dépit des valeurs différentielles qui se manifestent entre les individus et les générations » (p. 328).
10 Lévi-Strauss, C., « La structure et la forme », in Anthropologie Structurale Deux, Paris, Plon, 1973, p. 139 ; ce texte est de loin le plus important de Lévi-Strauss concernant cette compréhension réaliste de la structure.
11 Lévi-Strauss, C., De près et de loin, Paris, Plon, 1988, p. 159.
12 Hénaff, M., Le Prix de la vérité, p. 192.
13 Lévi-Strauss, C., Structures élémentaires de la parenté [1948], Paris, PUF, 1967, p. 60.
14 Lévi-Strauss, C., Structures élémentaires de la parenté, p. 61.
15 La famille dont parlent Aristote, Hegel, Marx, Arendt ou tant d’autres philosophes n’est donc en rien la parenté dont parlent les anthropologues. Précisons aussitôt que ces systèmes de parenté se sont effacés dans les sociétés modernes (ou en voie de modernisation) et que les distinctions désormais établies entre le privé et le public sont pertinentes. Mais appliquer rétroactivement sur les sociétés traditionnelles notre opposition famille/État ne peut que conduire à des contresens.
16 On trouvera sur ces questions une analyse plus détaillée dans le chapitre 8 du Don des philosophes, intitulé « La relation duelle et la question du tiers ».
17 Honneth, A., « La théorie critique de l’École de Francfort et la théorie de la reconnaissance », in La Société du mépris, Paris, La Découverte, 2006, p. 170. Ce texte est un entretien avec Olivier Voirol.
18 Ibidem.
19 Sur Peirce voir les importantes analyses de Descombes, V., Les Institutions du sens, Paris, Minuit, 1996.
20 Sur ces questions on pourra se reporter aux analyses de Searle, J., La Construction de la réalité sociale, Paris, Gallimard, 1998 [Orig. 1997] et plus encore à l’ouvrage de Descombes, V., Les Institutions du sens, Paris, Minuit, 1996.
21 Honneth, A., Le Droit de la liberté. Esquisse d’une éthicité démocratique, Paris, Gallimard, 2015. Cf. l’excellent compte rendu qu’en a fait Louis Carré dans La Vie des idées, 16 novembre 2011.