22. Les acteurs du culte de Magna Mater à Rome et dans les provinces occidentales de l’Empire
p. 467-484
Résumés
L’auteur présente dans cet article un état de la question sur les acteurs spécifiquement attachés au culte de Magna Mater, à Rome et dans les provinces occidentales de l’Empire (prêtre et prêtresse de la déesse, archigalle, galles, collèges de dendrophores et de cannophores, musiciens). Sont posées les questions de l’identité et du statut des protagonistes du culte mais aussi de leurs fonctions et de leurs interactions.
This paper deals with the actors of the Magna Mater’s cult, in Rome and in the Occidental provinces of the Empire (goddess’ sacerdotes, archigallus, galli, collegium dendrophorum and cannophorum, musicians). It discusses the questions of cult protagonists’identity and statute and their functions and interactions.
Texte intégral
1Les prêtres publics de Rome ont fait l’objet de plusieurs études fondamentales ces dernières décennies : on pense particulièrement aux travaux de J. Scheid, consacrés aux frères arvales et aux figures sacerdotales à Rome et dans les cités romaines, ou encore à deux instruments de travail très utiles parus récemment : les Fasti sacerdotum de J. Rüpke et un volume du Thesaurus Cultus Rituumque Antiquorum1 ; le premier fournit une prosopographie des acteurs sacerdotaux à Rome, le second, un état de la question sur les prêtres romains. Les acteurs du culte de Magna Mater y sont abordés mais de manière assez rapide (ce qui est normal d’ailleurs dans ce genre d’outil) et parfois incomplète ou « éclatée »2.
2Je souhaite présenter ici un état de la question sur les acteurs du culte de Magna Mater à Rome et dans les provinces occidentales de l’Empire. Je m’intéresserai plus particulièrement aux acteurs qui lui étaient spécifiquement attachés, en posant, dans un premier temps, la question de leur identité (voire de leur identification) et de leur statut, dans un second temps la question de leurs fonctions et de leurs interactions3. Si quelques études ont été consacrées à un type de protagonistes de ce culte4 – les galles ou les dendrophores par exemple –, on manque toutefois d’une analyse de la collaboration entre ces acteurs, qui permettrait d’évaluer dans quelle mesure leurs rôles étaient complémentaires.
3Avant de poursuivre, il me paraît utile de fournir quelques repères sur le culte de Magna Mater à Rome et dans le monde romain occidental, en mettant l’accent sur les nouveautés, tant au niveau des sources que de l’interprétation des données.
Le culte de Magna Mater à Rome et dans le monde romain occidental : quelques repères
4Le culte de Magna Mater est introduit officiellement à Rome à la fin de la seconde guerre punique, en 204, à la suite d’une consultation des livres sibyllins selon laquelle la déesse de Pessinonte permettrait aux Romains de remporter la victoire. Un temple lui est construit sur la colline du Palatin, à côté du temple de la Victoire. Le choix de ce site s’explique par la participation de Magna Mater à la légende troyenne : nouvelle arrivée, elle assume aussi le statut de divinité ancestrale et tutélaire5.
5Sous la République et jusqu’à l’empereur Claude, deux formes de culte parallèles coexistent pour rendre hommage à la déesse : une forme romaine lors des fêtes publiques d’avril, célébrées par des magistrats romains et les citoyens, et une forme phrygienne lors des fêtes de mars qui restent en bonne partie tenues à l’écart du peuple romain et qui sont assumées par un prêtre et une prêtresse d’origine phrygienne ainsi que par les galles, ces dévots de la déesse qui lui offraient leur virilité. Cette situation constitue une nouveauté par rapport au culte rendu aux autres divinités importées précédemment ; les formes de leur culte restaient « grecques » et, dans le cas de Cérès du moins, sa prêtresse, originaire d’une cité grecque d’Italie, recevait la citoyenneté romaine6. Se dessine ainsi tout le paradoxe de Magna Mater, « divinité à la fois étrangère et ancestrale ».
6À partir de l’empereur Claude, les fêtes phrygiennes de mars font leur entrée dans le calendrier officiel romain, en adoptant – au moins partiellement – des formes romaines7. En outre, quelques nouveautés apparaissent sous l’Empire dans le culte romain de Magna Mater, parmi lesquelles la figure sacerdotale de l’archigalle et le taurobole. Cette pratique rituelle, sacrifice d’un taureau dont les testicules sont offerts à la divinité, a été interprétée comme un rite de substitution à la castration réservée aux galles – ce rite, accessible aux citoyens, leur permet de se faire initier aux mystères de la déesse, en évitant la castration8. Les tauroboles sont notamment accomplis pro salute imperatoris. On notera que, depuis l’étude de Ph. Borgeaud, on ne peut plus suivre l’interprétation du taurobole basée sur le Peristephanon de l’auteur chrétien Prudence9, selon lequel le myste descendait dans une fosse couverte d’une grille au-dessus de laquelle était sacrifié un taureau dont le sang se répandait sur le fidèle. Prudence vise plutôt à présenter les sacrifices païens sous la forme d’un horrible baptême de sang auquel il oppose le baptême du sang des martyrs.
7Les chercheurs attribuent généralement l’introduction de ces deux nouveautés au règne d’Antonin le Pieux, sur la base (explicitée ou non) des considérations suivantes : le taurobole daté le plus ancien remonte à 16010 ; le Campus de Magna Mater d’Ostie a largement été aménagé sous ce règne ; c’est également vers le milieu du iie s. qu’Attis – le parèdre de la déesse – commence à être vénéré en tant que dieu11. Plusieurs découvertes récentes amènent à reconsidérer la datation de l’introduction du taurobole et de l’archigallat : d’une part, plusieurs études relatives au Campus d’Ostie ainsi que des fouilles (non publiées) prouvent que la première phase de l’aire sacrée de la déesse remonte au milieu du ie s. de n. è.12 ; d’autre part, une inscription taurobolique retrouvée à Bénévent permet de faire remonter dans le temps l’apparition de cette pratique, puisqu’elle est datée de l’époque flavienne (ou du début du principat de Trajan)13 ; enfin, quelques tablettes de defixio de Mayence (et de Gross-Gerau), datables de la même époque, mentionnent Attis en tant que dieu14. Il me semble donc possible que le taurobole et l’archigallat qui y est en partie lié, nous le verrons, puissent remonter eux aussi aux réformes de Claude officialisant les fêtes phrygiennes de la déesse.
8Remarquons enfin que le culte de Magna Mater est adopté officiellement aussi bien dans les colonies et municipes d’Italie que dans les provinces occidentales de l’Empire. Les récentes découvertes de Mayence témoignent qu’il y a été implanté officiellement dès la deuxième moitié du ier s. de n. è.15. Ces communautés adoptent ainsi un culte romain, tel qu’il a été défini à Rome, et la pratique du taurobole lié au salut de l’empereur et à la sauvegarde de l’Empire.
Acteurs : sources, questions d’identité, d’identification et de statut
9Avant d’étudier les fonctions des protagonistes du culte de Magna Mater et leurs collaborations au sein des rites pratiqués, il convient de présenter les principaux types d’acteurs spécifiques à ce culte. De nombreux chercheurs se sont certes penchés avant moi sur ces figures – et dans certains cas, leurs réflexions me seront fort utiles – mais il est assez frappant de constater que plusieurs problèmes d’identification n’ont guère été débusqués et demeurent lancinants16. Or, cette incertitude latente porte à conséquence, quand il s’agit d’envisager les fonctions assumées par les acteurs du culte. Ainsi, par exemple, de nombreux chercheurs confondent souvent le prêtre ou summus sacerdos de la Mère des dieux avec l’archigalle (et attribuent ainsi au second des fonctions qui étaient peut-être dévolues aux premiers)17, tandis que d’autres qualifient parfois rapidement les galles de prêtres, sans que cette affirmation ne soit étayée18.
10Il me paraît donc indispensable de mieux cerner les principaux acteurs du culte, en étant notamment attentif aux sources qui nous les font connaître, au statut de ces personnages – s’agit-il d’acteur officiel ou privé du culte ? –, à leur hiérarchie éventuelle.
Prêtres et prêtresses
11Selon Denys d’Halicarnasse, c’étaient un prêtre phrygien et une prêtresse phrygienne qui assuraient le culte de Magna Mater, selon leur tradition, « en parcourant la ville en procession, faisant la quête pour la déesse, portant sur la poitrine des effigies et agitant leurs tambourins »19. Denys précise en outre qu’à la suite d’une loi et d’un sénatus-consulte20, les prêtres de la déesse, homme et femme, ne peuvent être Romains de naissance. Remarquons, à la suite de M. Beard, que la mention de « Romains de naissance » paraît étrange : elle ne correspond, semble-t-il, à aucune catégorie juridique précise21. Se dessinerait-il en filigrane du texte de Denys que des Romains d’origine orientale étaient, quant à eux, autorisés à devenir prêtres ou prêtresses de la déesse ?
12Les sources épigraphiques romaines permettent de constater que si, au début de l’ère impériale, ces prêtres et prêtresses se recrutent principalement parmi les esclaves, les affranchis ou les pérégrins, on comptera dès le iie s. parmi leur rang des citoyens romains – dont le nom pourrait toutefois laisser supposer une origine orientale ou une ascendance servile. Comme le suggère fortement la comparaison avec la situation observée dans les colonies romaines, ces prêtres et prêtresses de Magna Mater à Rome étaient très vraisemblablement publics. Dans les colonies romaines, les prêtres de la déesse étaient en effet choisis par le sénat local et pouvaient être confirmés par un décret des quindécemvirs de Rome qui leur permettaient de porter les insignes de leur fonction – occabus et corona – ainsi que d’exercer leur sacerdoce à l’intérieur des limites de leur colonie ; ils pouvaient dès lors porter le titre de sacerdos quindecemuiralis. Le lien avec leur cité se marque aussi très clairement dans leur titre, prêtre de telle colonie ou prêtre de telle cité22.
13L’épigraphie laisse percevoir que pouvait parfois exister une hiérarchie entre les sacerdotes de la déesse : c’est le cas à Bénévent où sont attestées des prêtresses in primo loco ou in secondo loco23 ; c’est peut-être aussi le cas à Rome, avec les sacerdotes maximae24 et sans doute aussi le sacerdos Phryx maximus – son titre même sacerdos ainsi que l’épithète maximus comparable à celle accolée à certaines prêtresses de Magna Mater à Rome m’incitent à reconnaître dans ce personnage un prêtre de la déesse. Notons aussi l’insistance mise sur son caractère phrygien, encore au ive s.25.
14Quant à la durée du sacerdoce, plusieurs inscriptions prouvent qu’un prêtre ou une prêtresse resta en fonction de nombreuses années26 – voire qu’il mourut après avoir exercé le sacerdoce pendant autant d’années27.
Archigalles
15Comme les prêtres de la déesse, l’archigalle est revêtu d’un statut officiel – l’atteste une inscription de Rome qui n’est malheureusement pas datée mais qui pourrait remonter au iie s. de n. è.28. De plus, en Italie, comme dans les provinces, l’archigalle porte souvent dans son titre le nom de la cité au sein de laquelle il officie29.
16La figure de l’archigalle romain nous est connue par un texte juridique, une bonne quinzaine d’inscriptions et quelques passages d’auteurs chrétiens. Elle fait son apparition sous l’Empire, à un moment qu’il reste difficile à préciser dans l’état actuel de nos connaissances. Selon certains, sa création (à la romaine) remonterait à l’empereur Claude30 ; pour la majorité des chercheurs, il faudrait plutôt la situer sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux auquel on attribue en général l’apparition du taurobole – ce rite est cependant plus ancien et l’on a vraisemblablement surestimé l’importance de ce règne pour les changements dans le culte de Magna Mater, nous l’avons vu. Le terme même « archigalle » indiquerait pour d’autres l’origine orientale de cette institution31 – notons toutefois que, d’une part, ce substantif n’est pas connu pour la période hellénistique ; que, d’autre part, le grec était utilisé dans le culte de Magna Mater à Rome32 et que le collège des dendrophores au service de ce culte, créé sous l’empereur Claude, porte aussi un nom grec33. On pourrait donc suggérer que l’archigallat a été créé sous ce règne.
17Les archigalles de Rome et de l’Empire, dont la fonction semble avoir été viagère34, étaient citoyens, comme le prouve l’épigraphie ; ils ne devaient donc pas, contrairement aux galles, se soumettre au rite phrygien de l’éviration35. On a parfois affirmé qu’ils étaient, à l’instar des prêtres, confirmés par les quindécemvirs36 : c’est une possibilité qu’aucun élément ne permet toutefois d’étayer.
18Le personnage de l’archigalle a été présenté par un certain nombre de chercheurs comme celui d’un grand-prêtre37, qui aurait eu autorité sur les prêtres et prêtresses. L’archigalle de Rome aurait même joui d’une « sorte de préséance métropolitaine, voire d’un primat spirituel sur ses collègues indépendants, en d’autres lieux »38. Le modèle implicite de telles présentations modernes réside bien évidemment dans les structures hiérarchiques du catholicisme (comme le laissent clairement entrevoir, par le vocabulaire choisi, certains auteurs du début du xxe s.39). Dans la partie suivante de cet exposé, on verra cependant que les liens cultuels entre ces différents acteurs ne relèvent pas d’une hiérarchie mais plutôt d’une complémentarité dans les fonctions assumées.
19Une question fort complexe reste celle que le nom même d’archigalle suggère : était-il « chef » des galles – de ces dévots de la déesse qui lui sacrifiaient leur virilité mais qui n’avaient pas de statut officiel au sein du culte de Magna Mater à Rome40 ? Si les sources n’apportent pas de réponse directe à ce problème41, l’examen des fonctions revêtues par les différents acteurs lors des fêtes de la déesse permettra peut-être, nous le verrons, de suggérer des pistes de réponse42.
Musiciens
20D’après de très nombreux témoignages anciens, la musique jouait un rôle fondamental dans les fêtes et processions de Magna Mater43. On n’est donc guère étonné de trouver des musiciens spécifiquement attachés à ce culte, qu’il s’agisse de flûtistes (des hommes, semble-t-il) ou de joueuses de tambourins et de cymbales ou encore d’hymnologi. Ils étaient affranchis ou citoyens.
21Selon plusieurs inscriptions, de Rome et d’ailleurs, certains de ces musiciens au moins jouissaient d’un statut public. Dans certains cas, apparaît une hiérarchie entre les joueuses d’un même instrument44.
Collèges et associations liés au culte de la Mère des dieux : dendrophores, cannophores et groupements religieux
22Divers collèges et associations étaient aussi intimement liés au culte de la Mère des dieux. Ainsi, selon Jean le Lydien, les dendrophores portaient un pin en procession sur le Palatin lors de la fête de l’arbor intrat instituée par l’empereur Claude. Ce collège religieux est largement attesté par l’épigraphie dans le monde romain occidental, presqu’exclusivement dans des cités de type romain, où l’on a généralement retrouvé des traces du culte de Magna Mater. Composés d’affranchis et de citoyens appartenant principalement à la plebs media, ces collèges de dendrophores jouissaient d’une visibilité certaine au sein de leur cité – dont ils portaient souvent le nom dans leur titre. En outre, certains de ceux-ci avaient explicitement reçu du Sénat romain l’autorisation de se réunir, vraisemblablement en raison de leur utilité publique en matière de sacra45.
23Quant aux cannophores, ils étaient liés à la cérémonie du canna intrat, du 15 mars. Dans l’état actuel de nos connaissances, ceux-ci sont uniquement attestés en Italie, par un nombre restreint d’inscriptions46.
24Outre les dendrophores et cannophores qui portaient le titre de collège et bénéficiaient d’une reconnaissance publique certaine, plusieurs associations plus informelles ont gravité autour du culte de Magna Mater, principalement attestées à Rome et en Italie, qu’il s’agisse des sodales ballatores47 ou de cultores48 ou encore de religiosi49 – ces groupements ne portent pas le titre de collège.
Galles
25Qu’en est-il enfin des galles, largement évoqués dans les sources littéraires (païennes et chrétiennes) mais presque totalement absents des témoignages épigraphiques ? Les textes littéraires sont souvent fort allusifs et difficiles à traiter en raison de leur nature satirique (Juvénal, Martial, Perse50) ou polémique (auteurs chrétiens51). Quant aux inscriptions, il s’agit de trois tablettes de defixio retrouvées récemment à Mayence lors de la fouille exemplaire ayant révélé le sanctuaire de Magna Mater et d’Isis. Datées de la fin du ier ou des deux premières décennies du iie s., celles-ci contiennent des références étonnantes aux galles : il y est ainsi demandé à la Mère des dieux que la personne maudite soit punie à l’instar des galles qui « se coupent et se tranchent le sexe », ou encore « comme les galles ou les bellonaires se sont coupés ou blessés, ainsi la fidélité, la renommée, la capacité doivent lui être coupées. Comme ceux-ci n’appartiennent pas aux hommes, celui-ci ne doit pas non plus leur appartenir »52. L’image des galles en tant qu’individus se mutilant et en marge du monde des hommes, qui se dégage de ces tablettes, est fort proche de celle qui nous est livrée par les auteurs : elle relève d’abord de représentations largement diffusées et partagées mais rend difficile une approche « objective » de ces personnages, dont l’apparence physique et l’accoutrement sont régulièrement moqués.
26Les galles en rapport avec le culte romain de Magna Mater étaient-ils prêtres comme l’affirment nombre de modernes53 ? Toute tentative de réponse dépend évidemment de la définition même que l’on donnera au terme « prêtre » – vaste débat dans lequel je n’entrerai pas ici. Notons simplement d’abord que seuls les auteurs chrétiens qualifient parfois les galles de prêtres (sacerdotes)54, à la différence des auteurs païens qui utilisent le terme technique gallus, ou des appellations peu élogieuses tels eunuques de la déesse, efféminés, semiuiri etc. ou parfois des termes non péjoratifs, témoignant de leur attachement à Magna Mater, tels famuli ou ministri55. Ce premier constat invite déjà à la prudence. Remarquons en outre que les galles – qui ne pouvaient être citoyens romains en raison de leur auto-castration – n’ont pas davantage fait partie des « structures officielles » du culte (à Rome ou dans les cités de type romain), même si leur présence lors des processions en l’honneur de la déesse était manifestement tolérée. Il s’agit là d’une différence frappante avec certaines cités hellénistiques d’Asie Mineure où les galles occupaient un rôle éminent dans la religion de leur cité56 ; cette observation aussi doit susciter des précautions méthodologiques – on ne peut calquer purement et simplement ce que l’on sait de ces galles « orientaux » sur les galles liés au culte romain de Magna Mater.
27Après avoir reparcouru les sources, je me demande si l’on ne peut pas distinguer deux types de galles dans le monde romain57 : certains paraissent en effet avoir été rattachés (d’une manière ou d’une autre) à un sanctuaire, comme les galles du Palatin ou de Carthage dont se gaussent Varron et Augustin58 ; d’autres semblent avoir plutôt formé des troupes itinérantes59. On pourrait dès lors se demander si l’archigalle officiant à Rome ou dans une colonie n’aurait pas en quelque sorte supervisé les galles rattachés au sanctuaire de sa cité, tandis que, par abus de langage, le « chef » d’une bande de galles itinérants aurait pu être qualifié par certains d’archigalle.
Fonctions des acteurs du culte de Magna Mater
28Examinons quelles fonctions revêtaient ces acteurs officiels ou tolérés du culte de la Mère des dieux, ainsi que les associations qui s’y consacraient et comment ces divers protagonistes collaboraient, notamment lors des fêtes de mars et à l’occasion des tauroboles.
Tauroboles
29Ce sont les inscriptions commémorant l’accomplissement d’un taurobole qui nous permettent de percevoir le plus facilement les interactions entre divers acteurs du culte de Magna Mater60. Ces textes rappellent le taurobole exécuté par un individu ou une collectivité, à titre privé ou officiel, souvent pour le salut de l’empereur et de la maison impériale61. Parmi les dédicants de tauroboles, on trouve notamment des prêtres et prêtresses de la déesse ainsi que des dendrophores62. Plusieurs tauroboles ont été accomplis sur l’ordre de la déesse ou à la suite des vaticinations de l’archigalle63. On peut supposer que les mentions de « l’ordre de la déesse » supposent en filigrane – au moins dans certains cas – l’intervention de l’archigalle64.
30La fonction prophétique de l’archigalle en matière de taurobole est également attestée par un passage des Fragmenta vaticana : quiconque fera un sacrum pour le salut de l’empereur à la suite des vaticinations de l’archigalle de Portus sera exempté de tutelle65. Les Modernes ont, depuis longtemps, reconnu dans ce sacrum la cérémonie du taurobole66.
31Le taurobole, rappellent souvent les inscriptions, est fait en présence d’un ou de prêtre(s) et prêtresse(s) de la déesse, qui y assistent, éventuellement en dictant une formule, ou le reçoivent ou le transmettent67. Selon l’épigraphie, participent aussi souvent à la cérémonie musiciens – flûtiste ou joueuse de tympanum ou cymbalum – mais également parfois les dendrophores, cannophores ou autres dévots de la déesse.
32L’inscription rappellant la cérémonie est souvent posée en un lieu public attribué par décret des décurions.
33Autour de ce rite qui jouit, au moins partiellement, d’une visibilité certaine et qui peut être accompli tant à titre privé que public, gravitent donc divers acteurs du culte de Magna Mater : l’archigalle qui, prophétisant sur ordre de la déesse, en demande l’accomplissement, les musiciens qui accompagnent la cérémonie au son de leur instrument, mais aussi le prêtre ou la prêtresse qui y participent soit comme protagonistes principaux soit comme acteurs secondant le dédicant – en tant que garant en somme de son bon déroulement – ou encore les dendrophores qui semblent simplement y assister.
Fêtes de mars
34À la différence des interactions apparaissant clairement dans les inscriptions tauroboliques, il est souvent plus délicat de saisir directement les rapports entre les différents acteurs lors des cérémonies célébrées en mars. La collecte des informations éparses à travers les témoignages antiques permet toutefois d’apporter quelques précisions sur les interactions entre les participants au culte et sur leurs fonctions.
De l’introduction de la déesse à Rome aux réformes de Claude
35Rappelons brièvement que, jusqu’aux réformes officialisant les fêtes de mars de la déesse sous l’empereur Claude, celles-ci se déroulaient principalement au sein de son sanctuaire du Palatin, en présence de ses prêtre et prêtresse et de ses desservants galles châtrés. Le dernier jour de ces festivités, ceux-ci étaient cependant autorisés à sortir en procession et à faire la quête, au son de la musique phrygienne, pour la lauatio de la déesse dont la statue était baignée dans l’Almo (un affluent du Tibre)68. Un texte de Lucain permet de supposer que les quindécemvirs ont participé à cette cérémonie au moins dès la fin de la République69.
À partir des réformes de Claude
36La lauatio du 27 mars, reconnue officiellement à partir de l’empereur Claude, connaît un succès manifeste, dans les cités du monde romain, durant tout l’Empire : en témoignent principalement les attaques d’auteurs chrétiens contre cette festivité. Ceux-ci dénoncent la participation massive du peuple70 ou de hauts personnages71, lesquels y entendent, selon Augustin, les obscénités chantées par de vils histrions (scaenici) devant la litière de la déesse.
37Les cérémonies qui précèdent sont elles-aussi désormais intégrées dans le calendrier public. Je ne me poserai pas ici la question de la date de leur apparition et les envisagerai dans l’ordre du calendrier.
38Le 15 mars, jour de l’« entrée du roseau », canna intrat, commémore vraisemblablement la découverte d’Attis enfant par la Mère des dieux, aux bords de la rivière Gallus. Selon Jean le Lydien, était alors sacrifié « un taureau de six ans pour le bien des cultures (ou des pâturages : agrôn) de montagne, sous la direction de l’archiereus et de canéphores de la Mère »72. Ce « grand-prêtre » est souvent identifié par les Modernes avec l’archigalle73. Je souhaite toutefois attirer l’attention sur deux points : d’une part, archiereus représente la traduction grecque de la formule sacerdos summus ou pontifex maximus74 ; d’autre part, la comparaison avec la cérémonie de l’arbor intrat – on va le voir dans un instant – m’incite plutôt à reconnaître dans ce personnage un prêtre du culte de Magna Mater.
39Le 22 mars, l’« entrée de l’arbre » (arbor intrat) se rapporte selon toute vraisemblance à la mort d’Attis sous un pin, comme le suggèrent tant le mythe pessinontien que l’iconographie situant la mort d’Attis sous un conifère75. Le collège des dendrophores joue un rôle indéniable dans la procession introduisant cet arbre dans le sanctuaire, mais il est difficile de le cerner avec précision. Observons que les dendrophores de Bovillae se sont vus assigner en 147 un emplacement public pour y planter des pins ; ils commémorent cet événement par une inscription érigée pour le salut de l’empereur Antonin et de la famille impériale, le 5 avril – durant les jeux en l’honneur de Magna Mater donc76. Une inscription d’Ostie évoque la participation du prêtre de la déesse à cette cérémonie : son épitaphe rappelle qu’il a « introduit les arbres » pendant 19 ans77. Qu’il s’agisse de l’« entrée du roseau ou de celle de l’arbre », une collaboration entre un collège dédié au culte de Magna Mater et l’un de ses prêtres est ainsi perceptible.
40Quant aux célèbres critiques émises par Arnobe contre cette cérémonie (sur laquelle il fournit des renseignements uniques) et ses interprétations païennes, elles semblent faire allusion à la présence des galles et à leurs manifestations de deuil, dès ce jour-là78. Plusieurs auteurs chrétiens évoquent d’ailleurs la participation des galles aux sacra de Magna Mater et leurs lamentations sur le sort d’Attis, sans en préciser le moment exact79. Quoi qu’il en soit, deux jours plus tard, le dies sanguinis du 24 mars constitue le point culminant du deuil, marqué par l’autocastration des galles80 ou leur auto-flagellation81. Cette pratique, qui paraît avoir été limitée à ce « jour du sang », a perduré durant tout l’Empire82 ; elle était perçue comme une sorte de consécration des galles à la déesse83.
41En ce jour, l’archigalle de Rome84 – qui était, rappelons-le, un prêtre public – semble jouer un rôle important, si l’on en croit un passage de Tertullien qui le tourne en dérision :
« le très respectable archigalle [de Rome] faisant des libations d’un sang impur et se déchirant les bras, le neuvième jour des mêmes calendes (24 mars), donna les ordres habituels pour le salut de l’empereur Marcus, qui était déjà mort ! O courriers trop lents, ô somnolentes dépêches ! C’est par votre faute que Cybèle n’a pas appris plus tôt la mort de l’empereur, pour empêcher les chrétiens de rire d’une telle déesse ! »85.
42La mention d’imperia solita, d’ordres habituels, suggère qu’il s’agissait d’une fonction récurrente de l’archigalle, invitant alors les dévots (et peut-être la communauté civique) à sacrifier pour le salut de l’empereur, comme le faisait d’ailleurs l’archigalle de Portus. Le substantif imperia évoque en outre les formules ex imperio figurant sur certains tauroboles effectués à la suite d’un ordre dont l’émetteur n’est généralement pas précisé. On peut y reconnaître tant la déesse que son « intermédiaire », l’archigalle86.
43Remarquons en outre que, selon Tertullien, l’archigalle aussi se lacérait les bras. Peut-être s’agit-il d’un amalgame de l’auteur chrétien. On notera cependant que, si les Modernes insistent généralement sur l’auto-mutilation des galles en ce jour, il semble que d’autres dévots aussi se soient alors livrés à la douleur, lacérés ou mutilés, sans pour autant nécessairement devenir des galles87.
44Les notices tardives relatives aux Hilaria célébrant la « vie retrouvée », voire la « résurrection » d’Attis n’évoquent pas les acteurs de cette fête, introduite tardivement88. Tout au plus, une allusion de l’Histoire Auguste, dans la Vie d’Aurélien, pourrait laisser penser que le préfet de la Ville y ait assisté89. Certains Modernes ont suggéré de reconnaître les Hilaria dans la description faite par Hérodien d’une procession en l’honneur de Magna Mater, aux teintes carnavalesques, durant laquelle le peuple se déguisait et l’empereur présentait ses trésors devant la statue de la déesse90.
45Il reste à envisager les quêtes qui se déroulent durant les fêtes de Magna Mater : déjà sous la République, celles-ci sont autorisées, pour les famuli de la déesse, mais uniquement certains jours, comme l’atteste Cicéron91. Seuls des non-Romains ont le droit d’y prendre part, précise quant à lui Denys d’Halicarnasse, quand il décrit la procession de la déesse à travers la Ville92. Sous l’Empire, ces collectes constituent aussi un élément important du culte organisé de Magna Mater, auxquels font allusion plusieurs auteurs93 mais aussi une inscription de Narbonne, selon laquelle un taurobole, ordonné par la déesse, a été offert par la res publica, à la suite d’une quête94.
Fonctions remplies par les galles hors du culte officiel
46Sous l’Empire, la pratique de la quête – non liée cette fois aux fêtes de Magna Mater – forme aussi l’un des topoi attachés à l’image des galles, qui mendient pour assurer leur subsistance, en profitant parfois de la crédulité des gens95.
47Les galles sont aussi perçus comme des devins ou prophètes (voire comme des charlatans abusant de la naïveté des badauds)96. M.-F. Baslez a récemment mis en lumière la fonction prophétique que les galles remplissaient déjà dans les cités hellénistiques d’Asie Mineure – prophéties exprimées lors des danses extatiques auxquelles se livraient les galles, hochant la tête et poussant des hululements97.
48La collaboration entre les divers acteurs du culte de Magna Mater est bien visible lors des tauroboles mais est aussi perceptible lors des fêtes de mars. D’une part, le prêtre et la prêtresse – publics – semblent jouer un rôle important lors des processions, pas seulement lors de la lauatio (ce qui était déjà bien connu) mais aussi lors des processions du canna intrat et de l’arbor intrat, à l’occasion desquelles ils pouvaient être amenés à sacrifier. D’autre part, ils assurent le bon déroulement des tauroboles. Ces différents rites étaient accompagnés du son des instruments, les musiciens occupant une place non négligeable dans le culte.
49L’archigalle, pour sa part, revêt une fonction publique de nature prophétique, lors du dies sanguinis (où il invite à sacrifier pour le salut de l’empereur) ou quand il vaticine afin qu’un taurobole soit accompli (souvent aussi pour le salut impérial). On peut à mon avis se demander si l’archigalle n’aurait pas repris ainsi la « fonction prophétique » des galles, telle qu’ils la remplissaient publiquement à l’époque hellénistique dans certaines cités d’Asie Mineure où ils pouvaient d’ailleurs être qualifiés d’Attis98 – comme le sera un archigalle de Rome – ou prédire la victoire (tout comme dans le monde romain des tauroboles sont accomplis, sur l’ordre de l’archigalle, pro salute et uictoria imperatoris99).
50Quant aux galles de Rome (et des cités occidentales de l’Empire), ils remplissent lors des fêtes de la déesse un rôle de mendiants (rôle qu’assument aussi d’autres dévots) ainsi qu’une fonction d’auxiliaires lors de la procession de la lauatio (ils portent la statue de la déesse sur leurs épaules) – et ce dès la République. En revanche, ce rôle d’« acolyte » ne leur semble plus dévolu pour les processions instituées sous l’Empire, la cannophorie et la dendrophorie, où la fonction de « porteurs » est désormais attribuée à des collèges de bons citoyens et affranchis, autorisés officiellement par le Sénat ou leur cité.
51Les fonctions essentielles du culte reposent donc entre les mains des prêtres et archigalles au statut officiel ou sont confiées à des collèges reconnus – le tout étant accompli en lien étroit avec les autorités officielles de la cité, comme le montrent les tauroboles accomplis publiquement dans une série de cités romaines.
Notes de bas de page
1 J. Scheid, « Les prêtres officiels sous les empereurs julio-claudiens », dans ANRW, II, 16, 1, Berlin-New York, 1978, p. 610-654 ; J. Scheid, « Le prêtre et le magistrat. Réflexions sur les sacerdoces et le droit public à la fin de la République », dans Cl. Nicolet (éd.), Des ordres à Rome (Publications de la Sorbonne. Série Histoire ancienne et médiévale), Paris, 1984, p. 243-280 ; J. Scheid, « Il sacerdote », dans A. Giardina (éd.), L’uomo romano, Storia e società, Rome, Bari, 1989, p. 45-79 ; J. Scheid, Romulus et ses frères. Le collège des frères arvales, modèle du culte public dans la Rome des empereurs (BEFAR 275), Rome, 1990 ; J. Rüpke, Fasti sacerdotum. Die Mitglieder der Priesterschaften und das sakrale Funktionspersonal römischer, griechischer, orientalischer und jüdisch-christlicher Kulte in der Stadt Rom von 300 v. Chr. bis 499 n. Chr. Teil 1 : Jahresund Kollegienlisten. Teil 2 : Biographien. Teil 3 : Quellenkunde und Organisationsgeschichte. Bibliographie. Register (Potsdamer Altertumswissenschaftliche Beiträge 12, 1-3), Stuttgart, 2005 (= Fasti). Voir aussi dans le ThesCRA (Thesaurus cultus et rituum antiquorum. V. Personnel of cult. Cult instruments, Los Angeles, 2005) les articles de N. Mekacher, « Priesterschaft der Mater Magna in Rom (gallus, archigallus, cistophori, dendrophori) », p. 97-100 (= Priesterschaft) et de J. Delgado Delgado, « Priests of Italy and the Latin Provinces of the Roman Empire », p. 116-140, part. p. 132-133, 138-139 (= Priests).
2 Ainsi, on ne trouve pas de mention de l’archigalle de Rome dans la prosopographie de J. Rüpke, qui en outre distille les renseignements sur les acteurs de ce culte en divers endroits de l’ouvrage.
3 Je ne focaliserai donc pas mon attention sur un type particulier d’acteur – les galles par ex. – ou sur les « représentations » attachées à ceux-ci.
4 Voir références infra.
5 Sur le culte de Magna Mater, on consultera toujours avec profit H. Graillot, Le culte de Cybèle, mère des dieux (BEFAR 107), Rome, 1912 (= Cybèle), ainsi que la synthèse désormais incontournable de Ph. Borgeaud, La Mère des dieux. De Cybèle à la Vierge Marie, Paris, 1996, p. 95-100, 131-134 (= Mère des dieux), sur laquelle se basent très largement les lignes qui suivent.
6 Voir Cic., Balb., 55.
7 Nous reviendrons sur ces fêtes quand nous examinerons le rôle des acteurs du culte. Voir N. Belayche, « “Deae Suriae Sacrum”. La romanité des cultes “orientaux” », RH, 2000, p. 565-592, part. p. 572 (= Romanité) ; Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 132.
8 Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 164-165.
9 Prud., perist., 10, 1006-1050.
10 CIL, XIII, 1751 (Lyon).
11 Voir par ex. P. Lambrechts, « Les fêtes “phrygiennes” de Cybèle et d’Attis », BIHBR, 27, 1952, p. 141-170 (= Fêtes) ; D. Fishwick, « The Cannophori and the March Festival of Magna Mater », TAPA, 97, 1966, p. 193-202, part. p. 200-202 (= Cannophori) ; G. Thomas, « Magna Mater and Attis », dans ANRW, II, 17, 3, 1984, p. 1500-1535, part. p. 1517 (= Magna Mater) ; Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 133 (et bibliographie antérieure citée p. 220, n. 12).
12 Voir S. Berlioz, « Il campus Magnae Matris di Ostia », CCG, 8, 1997, p. 97-110 part. p. 98 ; R. Mar, « Cambios de nivel en las calles de Ostia. Los datos de la excavación arqueológica en el santuario de Cibeles », MedNedInstRome, 58, 1999, p. 83 ; K. Rieger, Heiligtümer in Ostia (Studien zur antiken Stadt 8), Munich, 2004, p. 172.
13 S. Adamo Muscettola, « I Flavi tra Iside e Cibele », La Parola del Passato, 49, 1994, p. 83-118 part. p. 96-99.
14 Voir les deux contributions suivantes dans K. Brodersen et A. Kropp (éd.), Fluchtafeln. Neue Funde und neue Deutungen zum antiken Schadenzauber, Francfort s/ Main, 2004 : M. Scholtz, A. Kropp, « “Priscilla, die Verräterin” : Eine Fluchtafel mit Rachegebet aus Gross-Gerau », p. 33-40 ; J. Blänsdorf, « “Guter, heiliger Atthis” : Eine Fluchtafel aus dem Mainzer Isis-und Mater-Magna-Heiligtum (Inv.-Nr. 201 B 36) », p. 51-58. J. Blänsdorf, « Cybèle et Attis dans les tablettes de defixio inédites de Mayence », CRAI, 2005, p. 669-692 (= Cybèle) ; AE, 2005, 1122-1126.
15 M. Witteyer, Das Heiligtum für Isis und Mater Magna, Mayence, 2004.
16 Outre les références déjà citées, voir J. Carcopino, Aspects mystiques de la Rome païenne, Paris, 1942 (p. 76-173 consacrées aux « Galles et archigalles ») (= Galles) ; L. Richard, « Juvénal et les galles de Cybèle », RHR, 169, 1966, p. 51-67 (= Galles) ; G. Sanders, « Gallos », dans RAC, 8, col. 984-1034 (= Gallos) ; G. Sanders, « Les galles et le gallat devant l’opinion chrétienne. La position de Tertullien », dans Hommages à Maarten J. Vermaseren, III (EPRO 68), Leyde, 1978, p. 1062-1091 (= Gallat) ; G. Thomas, « Flavius Antonius Eustochius (CIL, VI, 508) n’était pas un archigalle », RBPH, 49, 1971, p. 55-65 (= Archigalle).
17 J. Carcopino, Galles, p. 77, identifie ainsi le summus sacerdos de Prudence à l’archigalle, sans même se justifier ; G. Thomas, Archigalle, a quant à lui discuté l’identification du sacerdos Phryx maximus à l’archigalle, en posant les questions de méthodes qui s’imposent (on y trouvera les références à la bibliographie antérieure, témoignant de cette confusion archigalle-sacerdos maximus).
18 Voir infra.
19 Dion. Hal., 2, 19, 4 : « Au terme d’une loi et d’un décret du sénat, aucun Romain de naissance (authigenôn) n’a le droit de faire la quête pour la déesse, de suivre, vêtu d’une robe bariolée, la procession qui parcourt la ville au son de la flûte, ou de célébrer les mystères de la déesse selon le rite phrygien » (trad. V. Fromentin, J. Schnäbele [La Roue à Livres]).
20 Observons au passage le rôle du peuple et du sénat en matière de réglementation religieuse ; celui-ci correspond à l’une de leurs attributions habituelles en matière de culte public.
21 M. Beard, J. North et S. Price, Religions of Rome, Cambridge, 1998, t. I, p. 97 ; t. II, p. 210.
22 Voir Fr. Van Haeperen, « Les fonctions des autorités politiques et religieuses romaines en matière de “cultes orientaux” », dans C. Bonnet, J. Rüpke et P. Scarpi (éd.), Religions orientales, culti misterici, Mysterien : Nouvelles perspectives - nuove perspettive - neue Perspektiven (Potsdamer Altertumswissenschaftliche Beiträge 16), Stuttgart, 2006, p. 39-51 et part. p. 41-44 (= Fonctions).
23 CIL, IX, 1541 = 1401 (ILS, 4184 ; M. J. Vermaseren, Corpus Cultus Cybelae Attidisque [EPRO 50], Leyde, 1978 [= CCCA], IV, 101) : Attini sacrum / et Mineruae / Paracentiae / Terentia Flauiana / sacerdos secundo loco XV/uir(alis) ob taur(obolium) tra/d[it]u(m) a Seruilia / Varia sac(erdote) prima ; CIL, IX, 1542 = 1400 (CCCA, IV, 102) : Attini sac(rum) / et Mineruae / Paracentiae / Trebulana Ius/tina [t]ym[p]anis/tr(a) o[b taur]ibol(ium) / tr[aditu]m a Ser/ui[l]ia [Va]ria sa[c(erdote)] / [prima] XI K(alendas) Aug(ustas).
24 CIL, VI, 2257 (ILS, 4160 ; CCCA, III, 258), Laberia Felicla.
25 CIL, VI, 508 : Fl(auius) Antonius Eustochius (PLRE, I, 314) ; voir G. Thomas, Archigalle.
26 CIL, VI, 2211 (ILMN-01, 56 = CCCA, III, 222), mention de la 12e année de sacerdoce.
27 Des appariteurs pouvaient assister ces prêtres (voir par ex. CIL, XIII, 1754 (ILS, 4134 ; CCCA, V, 395), lors d’un taurobole.
28 CIL, VI, 2183 (ILS, 4161 ; CCCA, III, 261), iiie s. ?, J. Carcopino, Galles, p. 93. D’après H. Solin, Die griechischen Personennamen in Rom. Ein Namenbuch, 2003, p. 65, le surnom de son affranchi, Eucratianus, mentionné dans cette inscription funéraire, renvoie au ie ou iie s.
29 Voir par ex. Archigallus coloniae Ostiensis : CIL, XIV, 34 (ILS, 4111 ; CCCA, III, 401). Autres références dans Fr. Van Haeperen, Fonctions, p. 43.
30 J. Carcopino, Galles, p. 80s.
31 F. Cumont, « Archigallus », dans RE, II, 1895, col. 484 (= Archigallus) ; H. Graillot, Cybèle, p. 230 ; G. Sanders, Gallos, col. 1009.
32 Serv., georg., 2, 394 : hymni uero matris deum ubique propriam, id est Graecam, linguam requirunt.
33 Voir infra.
34 CIL, III, 2920a ; CIL, XIII, 1751 et références citées par G. Sanders, Gallos, col. 1011.
35 H. Graillot, Cybèle, p. 230-235 ; G. Sanders, Gallos, col. 1008-1114.
36 J. Carcopino, Galles, p. 79 ; P. Lambrechts, Fêtes, p. 148.
37 F. Cumont, Archigallus, col. 484 ; J. Carcopino, Galles, p. 79-80 ; G. Sanders, Gallos, col. 1009 ; R. Turcan, Les cultes orientaux dans le monde romain, Paris, 1992 (2e tirage revu et corrigé), p. 51, 55-55 (= Cultes) ; J. Delgado Delgado, Priests, p. 132.
38 Voir G. Sanders, Gallos, col. 1010 (qui identifie ensuite, sur cette base fragile, l’archigalle au sacerdos maximus) ; H. Graillot, Cybèle, p. 235 ; J. Carcopino, Galles, p. 166. Cette affirmation repose sur un texte de Tertullien (voir infra), mal interprété à mon avis.
39 H. Graillot, Cybèle, p. 142, 235 (évoque la « suprématie diocésaine » et la « qualité de métropolitain » de l’archigalle de Rome) ; J. Carcopino, Galles, p. 79, 108-109.
40 Cette question a été bien posée par G. Sanders, Gallos, col. 1011, qui n’ébauche toutefois pas de réponse…
41 Les textes invoqués par G. Sanders, Gallos, col. 1011 (Firm. Mat., math., 3, 5, 24 et Serv., aen. 9, 115) ne permettent pas d’affirmer que l’archigalle était considéré comme le chef des galles.
42 Quelques rares auteurs mentionnent des archigalles émasculés (Tert., resurr., 16 ; Schol. ad Juv., 2, 116 ; Serv., aen., 9, 115 ; Firm. Mat., math., 3, 5, 24 ; 3, 6, 22 ; 4, 13, 5). Il est possible, comme le suggère G. Sanders, Gallos, col. 1011 et Gallat, p. 1087, qu’ils les aient confondus « avec les chefs des troupes errantes de galles mendiants », voir aussi infra.
43 Références dans H. Graillot, Cybèle, p. 255-259.
44 CIL, VI, 32444 (ILS, 4164 ; CCCA, III, 298) : un hymologus primus publicus. IPOstie-A, 142 = ISIS, 178 : une tympanistria publica (à Portus). Une cymbalistria loco secundo : CIL, IX, 1538 = 1399 (ILS, 4185 ; CCCA, IV, 98), Bénévent.
45 Sur les dendrophores, voir J.-M. Salamito, « Les dendrophores dans l’Empire chrétien. À propos du Cod. Theod., XIV, 8, 1 et XVI, 10, 20, 2 », MEFRA, 99, 1987, p. 991-1018 ; id., « Les collèges de fabri, centonarii et dendrophori dans les villes de la Regio X à l’époque impériale », dans La città nell’Italia settentrionale in età romana : morfologie, strutture e funzionamento dei centri urbani delle regiones X e XI, Rome, 1990, p. 163-177 ; B. Goffaux, « Schola, Collège et Cité : à propos de CIL, XIV, 2634 (Tusculum) », RBPH, 2008, p. 47-67 ; Fr. Van Haeperen, à paraître.
46 Sur les cannophores (principalement attestés à Ostie, Hordona, Locres et Milan), D. Fishwick, Cannophori. On pourrait aussi évoquer les hastiferi, collège en rapport avec le culte de Bellone, lui-même lié à celui de Magna Mater, cf. D. Fishwick, « Hastiferi », JRS, 57, 1967, p. 142-160.
47 CIL, VI, 2265 (ILS, 4179).
48 Collegium cultorum: CIL, VI, 494 (ILS, 4098; CCCA, III, 303).
49 CIL, X, 1894 ; voir H. Graillot, Cybèle, p. 283, n. 7.
50 Voir L. Richard, Galles.
51 G. Sanders, Gallos, col. 1025-1031 ; G. Sanders, Gallat, p. 1978.
52 AE, 2005, 1123, 1124, 1126 ; J. Blänsdorf, Cybèle.
53 G. Sanders, Gallos, col. 1001, évoque une prêtrise de second rang, subordonnée à l’autorité des prêtres phrygiens ; H. Graillot, Cybèle, p. 77, 288-289 ; J. Rüpke, Fasti, II, no 1844 (« Als Gallus war er Sacerdos Matris deum ») ; N. Mekacher, Priesterschaft, p. 97 ; K. Rieger, « Lokale Tradition versus überregionale Einheit : der Kult der Magna Mater », dans C. Bonnet, S. Ribichini et D. Steuernagel (éd.), Religioni in contatto nel Mediterraneo antico. Modalità di diffusione e processi di interferenza, Pise, 2008, p. 89-120, part. p. 92. F. Cumont, « Gallos », dans RE, 13, 1910, col. 674-682, part. col. 677 (= Gallos) distingue par contre clairement les galles des sacerdotes. Je ne prends en considération que les galles liés au culte romain de Magna Mater et non ceux qui ont joué un rôle bien plus prestigieux dans certaines cités hellénistiques.
54 Firm. Mat., err., 3, 1 ; Hier., comm. in Hoseam, I, 4, 14 ; Lact., epit., 8, 6 ; diu. inst., 1, 17, 7 ainsi que l’auteur anonyme du Carmen ad senat. Une exception : Pline, nat., 5, 147 ; 35, 165.
55 Pour ces diverses dénominations, G. Sanders, Gallos, col. 986-988.
56 Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 127 ; M.-F. Baslez, « Les Galles d’Anatolie : images et réalités », Res Antiquae, 1, 2004, p. 234 245 (= Galles), part. p. 240.
57 Voir déjà L. Richard, Galles, p. 65-66 ; G. Sanders, Gallos, col. 1016.
58 Varro, Eum., 132-143 (J.-P. Cèbe, Varron, Satires Ménipées. Édition, traduction et commentaire. 4 [CEFR 9], Rome, 1977) ; Aug., ciu., 7, 26. Voir aussi Arn., nat., 1, 41 : 4. nonne illum Attin Phrygem abscisum et spoliatum uiro magnae matris in adytis deum propitium, deum sanctum Gallorum conclamatione testamini ?
59 Mart., III, 91, 2 ; Phaedr., 4, 4 ; Tibull., 1, 4, 68-69. Voir aussi Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 63-64 : « Un fragment de Babrius conservé par Natale Conti décrit les galles, dans leur rôle d’agurtai faisant le tour des villages. Ils appellent au spectacle en criant : “Qui parmi les villageois ne connaît pas le blond Attis, et combien il fut aimé ? Qui n’a pas encore déposé, dans le tambourin sacré de Rhéa, les prémices de ses légumes et de ses victuailles” » (Babrius, 137 (14, 1, 1) cité par Natale Conti (Natalis Comes), Mythologiae siue explicationis fabularum libri decem, lib. IX, cap. 5, Hanovre, 1605, p. 968).
60 On trouvera commodément rassemblées les inscriptions tauroboliques dans R. Duthoy, The Taurobolium. Its Evolution and Terminology (EPRO 10), Leyde, 1969 (= Taurobolium).
61 En voici un exemple significatif issu de Lectoure (Aquitaine) : CIL, XIII, 511 (ILS, 4126 ; CCCA, V, 229) : Pro salute imp(eratoris) M. / Antoni Gordiani / Pii Fel(icis) Aug(usti) et Sa/biniae Tranquil/linae Aug(ustae) toti/usq(ue) domus diui/nae proq(ue) statu / ciuitat(is) Lactor(atium) / tauropolium fe/cit ordo Lact(oratium) / d(omino) n(ostro) Gordiano / Aug(usto) II et Pompeiano co(n)s(ulibus) / VI idus Dec(embres) curantib(us) / M(arco) Erotio Festo et M(arco) / Carinio Caro sacerd(ote) / Traianio Nundinio (8 déc 241).
62 Fr. Van Haeperen, Fonctions, p. 45-47.
63 En voici un exemple, une inscription trouvée à Tain mais se rapportant vraisemblablement à Lyon, dans la mesure où le taurobole est fait pour cette colonie, sur vaticination de l’archigalle de cette cité) : Tegna (Tain), autel, CIL, XII, 1782 add. p. 827 (ILS, 4130 ; CCCA, V, 369) : M[a]tr(i) m(agnae) [Id]e[ae] / [pro salute imp(eratoris) M(arci) Aur(elii) Commodi] / [Antonini Aug(usti) Pi]i domuusq(ue) diui/nae colon(iae) Copiae Claud(iae) Aug(ustae) Lug(dunensium) / taurobolium fecit Q(uintus) Aquius Antonia/nus pontif(ex) perpetuus / [e]x uaticinatione Pusoni Iuliani archi/galli. Inchoatum XII kal(endas) Mai(as) consum/matum VIIII kal(endas) Mai(as) L(ucio) Eggio Marullo / Cn(aeo) Papirio Aeliano co(n)s(ulibus) praeeunte Aelio C[astren]s[e] sacerdote tibicine Albio / Verino (date : 20-23 avril 184).
64 G. Thomas, Archigalle, p. 60-61 attire déjà l’attention sur ce rôle prophétique de l’archigalle : « Les attributions respectives sont ainsi nettement définies : au pontifex ou sacerdos summus, maximus, assisté d’un prêtre de rang subalterne, revient l’honneur de procéder au sacrifice, tandis que l’archigalle en est le devin, lui-même entouré d’un tibicen ».
65 Frag. Vat., 148 : Is qui in Portu pro salute imperatoris sacrum facit ex uaticinatione archigalli, a tutelis excusatur. Ce texte, retrouvé à la Bibliothèque vaticane par A. Mai en 1821, contient une série de fragments de iura et de constitutiones, émanant d’empereurs et datables entre 202 et 372 (éd. Th. Mommsen, Collectio librorum iuris anteiustiniani, III, Berlin, 1890, p. 1-106).
66 F. Cumont, Archigallos, col. 484 ; J. Carcopino, Galles, p. 70-71 ; P. Lambrechts, Fêtes, p. 156-159 ; G. Sanders, Gallos, col. 1012-1013.
67 Sur le taurobole et sa nature initiatique qu’expriment les verbes suscipere, accipere, percipere, tradere, fréquents dans les inscriptions, voir Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 156-168.
68 Je suis ici Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 98 et 206.
69 Lucan., 1, 599-600 : tunc qui fata deum secretaque carmina seruant/et lotam paruo reuocant Almone Cybelen. Voir Fr. Van Haeperen, Fonctions, p. 45.
70 Aug., ciu., 2, 4.
71 Prud., perist., 10, 154-160 (proceres togatos).
72 Lyd., mens., 4, 49, trad. de Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 219.
73 G. Sanders, Gallos, col. 1012 ; N. Mekacher, Priesterschaft, p. 98 ; Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 219 est plus prudent. G. Thomas, Archigalle, p. 63 est par contre d’avis que cet archiereus remplit « des attributions réservées en propre au grand prêtre ».
74 Voir Fr. Van Haeperen, « Grand prêtre ou hiérophante. Les traductions grecques du terme pontifex », AC, 73, 2004, p. 149-163.
75 Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 132.
76 AE, 1927, 115 ; N. Tran, Les membres des associations romaines. Le rang social des collegiati en Italie et en Gaules sous le Haut-Empire (CEFR 367), Rome, 2006, p. 332-333.
77 CIL, XIV, 4627 (ILS, 9509 ; AE, 1914, 158) : D(is) M(anibus) / Calpurnius Io/uinus Iulio Ch/arelampe fra/tri carissimo fe/cit sacerdoti / Matri deum colo/niae Ostiensium / qui induxit arbores X/VIIII ui{i}xit(!) annis XLVIII / mensibus II. Le Carmen contra paganos (106ss) évoque la participation de sénateurs qui portent l’arbre coupé lors de cette procession.
78 Arn., nat., 5, 16, 1-5-17, 1.
79 Aug., ciu., 6, 7, 4 ; Lact., diu. inst., 1, 17, 7.
80 Sur la castration des galles lors du dies sanguinis (ou durant les sacra de mars), Julian., or., 8 (5), 9 (168c/169) : Ovid., am., 2, 13, 18 ; Val. Flacc., 8, 239ss ; Tert., adu. Marc., 1, 13 (et commentaire de G. Sanders, Gallat, p. 1065) ; Prud., perist., 10, 1059-1076 ; Aug., ciu., 2, 7 ; 6, 7, 4 ; Firm. Mat., err., 3, 1 ; Serv., aen., 9, 115. Pour d’autres références à la castration des galles (sans indication du moment où avait lieu la mutilation, voir réf. dans G. Sanders, Gallos).
81 Sur leur auto-flagellation : Sen., Ag., 689 ; Tert., adu. Marc., 1, 13 (et commentaire de G. Sanders, Gallat, p. 1065) ; Prud., perist., 10, 1059-1076 ; carm. ad senat., 19-20 : Mente fremunt, lacerant corpus, funduntque cruorem./ Quale sacrum est uero, quod fertur nomine sanguis ? ; Ambrosiast., quaest., 127 (sans que le moment exact durant les sacra de Mars ne soit précisé : Arn., nat., 5, 17, 1 ; Sen., ep., 108, 7 ; uita beat., 13, 3).
82 G. Sanders, Gallos, col. 1003-1005 (contre J. Carcopino, Galles, p. 83 qui a tenté de prouver, contre toute évidence, que la castration des galles ne constituait plus qu’un phénomène marginal sous l’Empire).
83 Voir Juv., 2, 115ss ; Prud., perist., 10, 1076 ; Epit. Caes., 23, 2 ; Aug., ciu., 7, 26. G. Sanders, Gallos, col. 1005.
84 Archigalle que R. Turcan qualifie de grand prêtre (Cultes, p. 51).
85 Tert., apol., XXV, 5 : Itaque maiestatis suae in urbem collatae grande documentum nostra etiam aetate proposuit, cum Marco Aurelio apud Sirmium subito interempto die sexto decimo kalendarum aprilium archigallus ille sanctissimus die nono kalendarum earundem, quo sanguinem impurum lacertos quoque castrando libabat, pro salute Marci iam intercepti solita aeque imperia mandauit (trad. J.-P. Waltzing, CUF, 3e tirage, 1971).
86 Parmi les tauroboles datés, un seul a été accompli durant les fêtes de mars (le 25 mars 238 à Cordoue ; CIL, II, 5521) ; un grand nombre d’entre eux ont toutefois pris place en avril ou en mai (souvent en un jour de fête ; voir R. Duthoy, Taurobolium, p. 70) – peut-être pourrait-on interpréter cette constatation de la manière suivante : l’ordre donné par l’archigalle de sacrifier pour l’empereur pouvait être suivi avec un certain délai.
87 Suet., Otho, 8, 5 ; R. Turcan, Cultes, p. 54.
88 P. Lambrechts, Fêtes, p. 161-168 (introduction des Hilaries à l’époque antonine) ; au ive s. selon Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 134.
89 HA, Aurel., 1, 1.
90 Herod., 1, 10, 5 (pour l’identification avec les Hilaria, voir A. Degrassi, Fasti, Rome, 1963 ; G. Sanders, Gallos, col. 1015 ; N. Mekacher, Priesterschaft, p. 98). Plus nuancé, P. Lambrechts, Fêtes, p. 162 (il pourrait s’agir d’une procession lors de la lauatio).
91 Dion. Hal., 2, 19, 4 ; Cic., leg., 2, 9, 22 ; 2, 16, 40 : Stipem sustulimus, nisi eam quam ad paucos dies propriam Idaeae Matris excepimus. Voir aussi Lucret., 2, 623ss.
92 Ces quêtes ont vraisemblablement lieu tant lors de la procession menant à la lauatio de la déesse, le 27 mars que lors de la procession marquant l’ouverture des jeux romains de la déesse le 4 avril (voir Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 206).
93 Ovid., pont., 1, 1, 39ss ; carm. c. pag., 57ss, à propos d’un dévot « taurobolié » : Quis tibi taurobolus uestem mutare suasit, / inflatus diues, subito mendicus ut esses, / obsitus et pannis, modica stipe factus epaeta, / sub terra<m> missus, pollutus sanguine tauri, / sordidus infectus ? Vestes seruare cruentas, / uiuere cum speras uiginti mundus in annis ?
94 CIL, XII, 4321; ILS, 4119; CCCA, V, 268: Matri / deum / taurobolium indictum / iussu ipsius ex stipe conlata // celebrarunt publice Narbon(enses).
95 Phaedr., 4, 4 ; Babrius (cité supra n. 59) ; Aug., ciu., 7, 26.
96 Juv., 6, 512ss ; Lucan., 1, 566ss ; Prud., c. Symm., 2, 863ss ; Sen., ep., 108, 7 ; Serv., aen., 10, 220.
97 M.-F. Baslez, Galles, part. p. 241-245. Voir Liv. et Polyb. cités par Ph. Borgeaud, Mère des dieux, p. 127 ; J. Carcopino, Galles, p. 106.
98 M.-Fr. Baslez, Galles, p. 240-241.
99 M.-Fr. Baslez, Galles, p. 241, n. 65 : on peut considérer « que les Romains ont institué l’Archigalle comme le contre-modèle de l’Attis et du Battakès ».
Auteur
Université catholique de Louvain
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