21. Onomastique et société dans le monde romain
p. 447-465
Résumés
Dans le monde romain, d’une part, la structure de la nomenclature reflète strictement le statut des personnes et, d’autre part, les dénominations des élites sont conditionnées par les appartenances familiales et les alliances ; dès lors, l’examen des noms de personne permet d’étudier différents aspects de l’histoire sociale. L’accent a été mis d’abord sur la prosopographie équestre et sénatoriale d’après quelques généalogies bien documentées ; ensuite, l’étude porte sur les phénomènes d’acculturation selon l’histoire des cités, dans le cadre de la répartition des citoyens et des pérégrins en Narbonnaise, Gaule Belgique et Germanie inférieure, puis dans celui de l’identité religieuse des dévots de Mars et de Mercure en Germanie supérieure.
In the Roman world, the structure of the names indicates directly the statute of the people; further, the family relationships and the marriages determinate the nomenclature of the persons in the upper classes: consequently the study of the names offers clues to analyse social history. First we study the senatorial and equestrian prosopography with some models of genealogies; then the distribution of citizens and peregrini and the acculturation in civitates of the provinces of Narbonensis, Gallia Belgica and Germania inferior. Finally we search the particularities of the cultores of Mars and Mercure in Germania superior.
Texte intégral
1La société romaine est composée d’éléments et de catégories complexes qui peuvent se définir au travers de multiples paramètres. Parmi les clefs d’analyse et de compréhension, l’étude des noms de personnes1 se révèle pertinente à des degrés divers et dans des domaines variés, qui vont des pratiques de stratégie familiale des élites, qui peuvent aider à dénouer les fils complexes de la prosopographie, aux usages religieux des provinciaux en passant par les mécanismes et les processus de romanisation et de latinisation2.
Introduction
2Le premier point sur lequel il convient d’insister car il conditionne toute l’étude est le critère le plus extérieur et en apparence le plus objectif : la structure de la nomenclature qui reflète directement le statut des personnes et, en particulier, trace la ligne de partage entre pérégrins et citoyens3. Quelles que soient les nuances qu’on est parfois conduit à introduire, c’est un principe fondamental auquel, quoi que puissent prétendre certains historiens4, on ne doit pas déroger car les usurpations par les pérégrins sont négligeables et ne sauraient être invoquées à l’appui de l’allégation selon laquelle mode de dénomination et statut civique sont fréquemment dissociés. En outre, la transmission du gentilice de père à enfants est également un principe intangible même si les provinces gallo-et germano-romaines ont pratiqué une variante, à savoir le gentilice patronymique variable construit sur le surnom du père5. Toutefois, l’usage est parfois plus souple que le droit et certains citoyens romains indubitables ne sont quelque fois désignés dans les sources que par une nomenclature incomplète. Par ailleurs, la dénomination des pérégrins peut connaître des variantes d’application mais la base fondamentale est le nom unique, complété parfois mais non systématiquement par la filiation.
Onomastique et prosopographie
3Avant de développer des exemples liés aux composantes culturelles de l’empire, il peut être intéressant d’évoquer une application traditionnelle de l’étude des noms, celle de la reconstitution des familles. En effet, en complément au principe de base de la distinction civique des personnes d’après la forme de leur nomenclature, il convient aussi de rappeler que les noms ne sont pas donnés aux enfants selon le hasard de l’imagination des parents. C’est une évidence, qu’il n’est toutefois pas inutile de mentionner ici, que les grandes familles, en particulier, recouraient à des éléments onomastiques récurrents et qu’on reconnaît sans peine les Scipions ou les Metelli dans les textes comme des Cornelii ou des Caecilii ; non seulement ces familles avaient des pratiques traditionalistes très implantées et durables, mais encore les autres familles respectaient ces usages et n’empruntaient pas des cognomina clairement « réservés ». Les noms des membres des familles sénatoriales et équestres, notamment, sont porteurs d’informations familiales et révèlent des alliances, des parentés, des descendances que les textes ne nous ont pas nécessairement conservées6.
4Le premier exemple donnera des fondements à la possibilité d’émettre des hypothèses de nature onomastique, puisqu’il procure, chose rare, une véritable généalogie7 qu’il suffira de brièvement commenter.
ILS, 1105, Cirta: Sosiae Falconillae Q. Pompei Sosi Prisci cos. fil. Q. Pompei Falconis cos. nep. Q. Sosi Senecionis cos. II pro. Sex. Iuli Frontini cos. III abn. - - -
AE, 1935, 26, Minturnes: Pompeiae Q. f. Sosiae Falconillae Q. Pomp. Sosii Prisci cos. f. Q. Pompei Falconis cos. nepti Q. Sosii Senecion. cos II pronepti Sex. Iuli Frontini cos. III abnepti Minturnenses publice.
5Nous voyons ici à l’œuvre une stratégie onomastique significative des rapports entre les familles : selon que la famille maternelle ou paternelle est la plus brillante, ce sont les éléments onomastiques issus de la lignée maternelle ou paternelle qui sont mis en évidence. Pompeia Sosia Falconilla8 est définie, en effet, comme fille de Pompeius Sosius Priscus et petite-fille de Pompeius Falco, mais à la génération précédente, on la présente comme descendante de Sosius Senecio, soit le père de sa grand-mère Sosia Polla9, et ensuite comme celle de Frontin, en passant donc indubitablement deux fois à la lignée féminine. Autre point important : le gentilice principal, légal, peut être omis pour les filles si le second gentilice en provenance de la lignée maternelle est plus brillant10. Point n’est besoin dans ces cas-là d’imaginer des adoptions ou autres explications compliquées, comme on l’a parfois fait. L’exemple de Pompeia Sosia Falconilla, appelée simplement Sosia Falconilla dans l’inscription de Cirta, est absolument clair sur ce point.
6Prenons ensuite l’inscription de Tellène (AE, 1967, 57) : Corneliae Ser(ui) f(iliae) Cetegillae Cethegilla et Orfitus et Piso nepotes.
7L’inscription est un autel funéraire dédié à une certaine Cornelia Cet(h)egilla, fille de Servius Cornelius, par ses petits-enfants, porteurs des cognomina Cethegilla, Orfitus et Piso. En Italie sous l’Empire, il ne peut donc s’agir, en ce qui concerne les dédicants, que de citoyens romains qui ne font état que de leurs cognomina.
8Pour identifier les personnes mentionnées11, l’association de surnoms connus dans l’aristocratie conduit à des familles bien précises. Cethegilla est la version féminine de Cethegus et Servius Cornelius Cethegus12 est le nom d’un consul de 24 de notre ère. Il est donc vraisemblable de placer cette femme dans sa descendance. Piso est un surnom traditionnel des Calpurnii, mais plus rare est le rapprochement des cognomina Piso et Orfitus, qui conduit à des inscriptions qui mentionnent ces deux éléments ensemble soit sur des tombes d’affranchis (dont ils sont les co-patrons)13 soit sur des fistules de plomb14, association de noms qui fait songer à des frères. Comme ils ont donné le gentilice Calpurnius à leurs affranchis, on suggérera Ser. Calpurnius Scipio Orfitus (cos 172)15 et L. Calpurnius Piso (cos 175)16. L’évocation de ces noms fait apparaître une nouvelle pièce du dossier : l’apparition des éléments « Scipio Orfitus » chez les Calpurnii alors que ce sont des surnoms caractéristiques des Cornelii. Les noms n’étant pas le fruit du hasard ou de la fantaisie, il faut donc supposer une alliance entre les Calpurnii et les Cornelii, hypothèse déjà émise de longue date par Klebs17 par exemple. C’est donc sans doute cette alliance que l’inscription de Tellène permet de préciser : les consuls de 172 et 175 seraient les petits-fils de Cornelia Cet(h)egilla qui serait elle-même l’épouse de L. Calpurnius Piso18 (cos 111) et mère du Calpurnius Piso non attesté mais de génération indispensable19 entre le consul de 111 et ceux de 172/175. Il faut cependant reconnaître que ce stemma n’est pas la seule hypothèse possible. En effet, une autre inscription20, d’Eleusis cette fois, indique que deux frères Orfitus et Piso21 existent aussi à la génération suivante. Ils sont les fils du consul de 172. On ne peut donc exclure que le trio Cethegilla, Orfitus et Piso se situe une génération plus tard et que la défunte, Cornelia Cet(h) egilla, soit plutôt l’épouse du Calpurnius Piso « supposé ». Un dernier point : une étude récente a montré que le mariage ici reconstitué entre Calpurnia Lepida22 et le consul de 172 n’était pas possible, car le monument de Calpurnia Lepida doit être daté du courant du ier siècle23. Orfitus, mari de Calpurnia, doit appartenir à une génération précédente24. On voit donc ici que l’onomastique permet des avancées dans le domaine de la prosopographie sénatoriale mais sans certitude complète étant donné, précisément, la permanence du recours familial aux mêmes éléments de nomenclature25.
9On pourrait faire le même exercice pour une famille équestre26 :
10Au iiie siècle, Appia Alexandria27, fille du procurateur Appius Alexander et de Desidiena Cincia, acquiert le titre de clarissima femina ; elle a donc épousé un membre de l’ordre sénatorial qui pourrait être Pompeius Faustinus ; en effet, elle est attestée sur une même inscription28 de Thugga avec Pompeia Appia Cincia Agathoclia, sa fille sans doute ; le préfet de la Ville de 300, Pompeius Appius Faustinus, devrait être plutôt son petit-fils. On notera que Desidiena Cincia a transmis son surnom à sa petite-fille ; pour l’élément Agathoclia, on songerait volontiers à Maevia Agathoclia29, épouse du clarissime Pompeius Faustinus Severianus et mère de Pompeius Faustinus30. D’autre part, Aelia Menecratilla, fille du centurion P. Aelius Menecratianus, sœur de D. Aelius Menecratianus (tribun militaire angusticlave) et de P. Aelius Menecrates Florianus (chevalier equo publico et flamine perpétuel), mère de P. Mevius Saturninus Honoratianus (tribun militaire laticlave), doit avoir épousé le procurateur P. Maevius Saturninus Honoratianus (élevé ensuite au rang de clarissimus uir), qui pourrait être le frère du préfet d’Égypte des années 230, Mevius Honoratianus. Maevia Agathoclia pourrait être une fille du tribun laticlave et d’une femme d’origine orientale, apparentée par exemple à Claudius Agathocles, archiereus Aegypti au milieu du iie siècle. Certes, le rattachement des deux généalogies est hypothétique mais la structure familiale de chaque élément (Aelii + Maevii) et (Pompei + Appii) est avérée, de même que le mariage Maevia-Pompeius. En tout état de cause, l’importance des lignées féminines et le rôle de « charnière » joué par l’ordre équestre au croisement des mobilités sont bien mis en évidence par ces familles saisies dans un processus évident d’ascension sociale.
11Au-delà du jeu des reconstitutions familiales, les études d’onomastique débouchent ainsi sur d’importantes questions d’histoire sociale, l’endogamie sénatoriale31 pour les premiers exemples, la mobilité sociale32 pour le troisième.
Onomastique et romanisation
12Dans les provinces ensuite, la recherche se révèle fructueuse à propos des aspects identitaires illustrés par la dénomination des personnes et permet d’aborder la difficile problématique de la romanisation. Sans entamer la discussion sur l’opportunité ou non d’employer ce terme, on ne peut que constater, partout dans l’Empire, un processus lent et complexe d’influence de Rome, marqué par des étapes institutionnelles et des effets matériels autant que culturels : l’urbanisation des habitats, la latinisation des personnes et l’adhésion des élites au modèle de vie civique de Rome ont atteint un niveau variable selon les régions en fonction notamment des antécédents à la conquête. Cette acculturation doit être comprise comme une action double et réciproque : l’une ressortit à la domination, celle qui correspond aux efforts déployés par Rome pour obtenir une assimilation des provinciaux à sa propre civilisation, l’autre dépend de la réaction des indigènes à ces contraintes et de l’adhésion que les populations conquises ont accordée – avec des nuances locales – à ces modèles proposés ou imposés.
13En Occident, un droit intermédiaire entre la citoyenneté romaine pleine et entière et la situation « pérégrine », le droit latin33, a été accordé progressivement à la Narbonnaise, aux Alpes, à l’Espagne et, en plusieurs phases peut-être, aux Trois Gaules et aux Germanies ; il donnait aux territoires et cités qui en disposaient tous les droits civils du citoyen romain, à savoir le droit de mariage – et donc de transmission aux enfants légitimes –, et le droit de commerce et d’action en justice. En outre, les élites obtenaient, pour elles-mêmes et leur famille, la citoyenneté romaine pleine et entière à leur sortie de charge comme magistrats locaux. L’acquisition du droit latin ne changeait pas immédiatement les usages de dénomination : les habitants conservaient leur nomenclature de pérégrins34. Seul le passage à la citoyenneté romaine pleine et entière avait des conséquences onomastiques : en effet, le changement de statut impliquait la modification de la forme du nom en tria nomina. Dans le cas d’une obtention du statut par l’effet d’un bienfaiteur (privé ou impérial), il convenait de remercier celui-ci par l’adoption de son prénom et surtout de son nom de famille, ce qui indiquait clairement l’appartenance à la clientèle. Le surnom était généralement la récupération de l’idionyme. Mais dans le cas du droit latin, l’acquisition automatique ne demandait pas de remerciement. La personne pouvait donc choisir librement son nouveau nom : elle pouvait puiser dans le stock des noms italiens mais elle pouvait aussi construire un nouveau gentilice35.
14L’étude des noms de personne se présente donc comme un bon « marqueur » de la romanisation avec ses effets à sens croisés : latinisation et romanisation. Les anthroponymes de la Gaule du nord serviront d’exemples car, en Gaule et plus particulièrement en Gaule septentrionale, le processus de romanisation a conduit à la construction de nouvelles identités culturelles où les éléments de latinisation et de conservation des racines locales se sont intégrés pour élaborer une onomastique régionale particulière. Parmi les différentes possibilités entre lesquelles choisissait le nouveau citoyen, se rencontre très fréquemment la construction d’un nouveau nomen sur le nom unique du père, nom indigène ou nom latin, d’où l’expression de gentilice patronymique36.
15Deux modèles doivent être relevés :
soit le nom est indigène, et la création du nouveau gentilice conduit à une pérennisation de l’emploi de dénomination indigène ;
soit le nom est latin et la création du nouveau gentilice développe la latinisation progressive de l’onomastique locale.
16Il est ainsi possible de décrire, cité par cité, les caractéristiques régionales des pratiques onomastiques. On obtient un tableau relativement variable mais aussi relativement cohérent. Dès lors, on peut se lancer dans des comparaisons qui illustrent des processus et des chronologies de romanisation différents.
Comparaison Gaule Belgique (GB) / Germanie inférieure (GI)
17Trois éléments seront pris en compte : les gentilices et les surnoms des citoyens romains ainsi que les idionymes des pérégrins. Les dénombrements donnent les résultats suivants en rappelant que l’appellation de « latin régional » réunit les éléments de dénomination particulièrement fréquents dans la région, souvent en fonction d’une homophonie ou d’une traduction avec des noms indigènes (noms d’assonance et de traduction) ; en outre, en Gaule du nord, on rencontre un nombre non négligeable de noms indubitablement indigènes mais qu’on ne peut attribuer avec certitude à l’une des langues locales, soit par méconnaissance de notre part, soit par ambiguïté de régions sans doute bilingues37 :
Gentilices GB | en nombre | en pourcentage |
celtique | 183 | 22 % |
germanique | 22 | 3 % |
indigène indéterminé | 49 | 5 % |
latin « italien » | 179 | 22 % |
latin « régional » | 387 | 47 % |
grec | 4 | 1 % |
Surnoms GB | ||
celtique | 148 | 18 % |
germanique | 32 | 4 % |
indigène indéterminé | 36 | 4 % |
latin « italien » | 155 | 19 % |
latin « régional » | 402 | 51 % |
grec | 35 | 4 % |
Pérégrins GB | en nombre | en pourcentage |
celtique | 167 | 37 % |
germanique | 16 | 4 % |
indigène indéterminé | 38 | 8 % |
latin « italien » | 53 | 12 % |
latin « régional » | 175 | 39 % |
Gentilices GI | ||
celtique | 19 | 8 % |
germanique | 11 | 5 % |
indigène indéterminé | 4 | 2 % |
latin « italien » | 103 | 43 % |
latin « régional » | 99 | 42 % |
grec | 1 | |
Surnoms GI | ||
celtique | 15 | 7 % |
germanique | 20 | 9 % |
indigène indéterminé | 4 | 2 % |
latin « italien » | 56 | 25 % |
latin « régional » | 123 | 56 % |
grec | 3 | 1 % |
Pérégrins GI | ||
celtique | 15 | 10 % |
germanique | 40 | 28 % |
indigène indéterminé | 22 | 15 % |
latin « italien » | 27 | 19 % |
latin « régional » | 43 | 28 % |
18On constate donc une plus forte proportion de noms latins en Germanie inférieure qu’en Gaule Belgique et surtout une plus forte proportion de noms « latins italiens » ; la part des dénominations indigènes est plus importante en Gaule Belgique ; de même les noms d’assonance et de traduction y sont également plus répandus.
19L’examen de ces caractéristiques fait apparaître plusieurs différences, mais celle qui l’emporte paraît impliquer le type même de latinisation38 : celle des Gallo-Romains de Belgique est très transformée, avec un fort élément local, identitaire, et débouche sur une vraie onomastique « gallo-romaine » ; celle des municipes de Germanie inférieure est plus nettement latine « italienne », comme si le pas était fait directement vers la langue et les noms de « pure » latinité. Il ne faut pas y voir une forte immigration car la mixité des éléments et l’importance des éléments germaniques montrent que nous avons affaire à des indigènes et non à des Italiens. C’est donc d’un autre type de latinisation qu’il s’agit. Peut-être faut-il supposer que les dénominations locales étaient jugées en Germanie inférieure trop « barbares », à la fois par ceux qui cherchent à romaniser et par ceux qui cherchent à se romaniser : on choisissait donc souvent une nomenclature sinon italienne, du moins latine ; ce phénomène est perceptible même chez les indigènes pérégrins. Et le recours aux noms d’assonance et de traduction y est plus faible qu’en Gaule Belgique, toutes cités confondues.
20Tandis qu’en Gaule Belgique des attaches culturelles profondes, l’empreinte plus forte du monde celtique, déjà pré-romanisé avant la conquête, perçu sans doute comme plus « civilisé », ont permis une osmose, une transformation, une adaptation, une originalité plus grande mais aussi une latinisation globalement moins forte.
21Enfin, il faut évoquer les variations, logiques, dans le poids du germanique selon les provinces : net en Germanie inférieure, très minoritaire mais perceptible en Gaule Belgique. Soit une proportion qui paraît conforme à l’appartenance ethnique que les Anciens donnent des peuples qui habitent ces provinces. Mais cela a aussi comme conséquence qu’il n’y a pas d’identité germanique marquée refusant la romanité : l’adoption même de la pratique épigraphique en Germanie inférieure est un fait de romanisation. La latinisation a clairement été mise en œuvre par les indigènes et ceux-ci ont évolué avec leurs noms traditionnels, leurs gentilices patronymiques, leurs assonances et traductions propres, car le procédé de jeu sur les homophonies, même s’il est moindre qu’à Trèves, par exemple, est bien réel.
22Il ne faut sans doute pas vouloir mener trop loin les conclusions de ces analyses. Mais dans la province de Gaule Belgique, globalement, la latinisation est davantage colorée d’éléments indigènes et présente une autre sonorité que la latinisation des municipes de Germanie. En fait, la municipalisation proprement dite de ces cités a-t-elle joué un rôle, a-t-elle été un moteur, un vecteur de latinisation ? C’est possible mais toujours selon un schéma différent de celui de la « colonisation » des Trévires. Dans l’un et l’autre cas, le processus de municipalisation poussé effectivement très loin aurait dû favoriser l’acquisition de la citoyenneté romaine. Sans doute la différence réside-t-elle dans la date des municipes, instaurés dans le courant du iie siècle, avec aussi un retard dans l’octroi du droit latin, alors que Trèves doit peut-être déjà son rang colonial à Auguste39.
23Pérégrins et citoyens ne sont pas davantage égaux devant la latinisation des anthroponymes que devant la romanisation civique : ce n’est pas une découverte mais il est intéressant de s’y arrêter un instant. Globalement, même si cette remarque appelle des nuances, les pérégrins restent moins attirés par le latin que les citoyens et un grand nombre d’entre eux conservent des noms indigènes. Toutefois, dans le détail des cités, des différences se font jour dans le choix des idionymes : par exemple, les Tongres sont très réceptifs au latin alors que les Bataves ou les Rèmes puisent plus volontiers dans le stock local des traditions celtiques ou germaniques. Il ne semble pas exister dans ce domaine une ligne de démarcation qui serait provinciale. C’est plutôt au moment du changement de statut civique que les attitudes divergent, les citoyens romains de Germanie inférieure optant pour une modification plus nette et plus tranchée de leur onomastique au bénéfice du latin « d’importation ».
Trévires et Viennois
24La documentation de la cité de Trèves est particulièrement riche et les exemples trévires ont été plus d’une fois sollicités pour alimenter la connaissance de la Gaule Belgique. Trèves est une colonie latine d’Auguste ou de Claude. Elle procure une image riche de la romanisation dans le nord de la Gaule. Qu’en est-il si nous la comparons40 avec un cas plus méridional, dans la province de Narbonnaise, à savoir Vienne ? Rappelons que les Allobroges, conquis dès 121 par Q. Fabius Maximus Allobrogicus, se virent transformés en colonie autour de Vienne, au plus tard à l’époque triumvirale. Cette promotion fut suivie par une seconde, due à Caligula, qui éleva Vienne au rang de colonie romaine, puis par un octroi du ius Italicum à une date qui reste incertaine.
25La caractéristique principale commune qui ressort de ces données est la latinisation de l’onomastique tant viennoise que trévire. Mais il s’agit d’une latinisation très différente quant à ses origines : l’une est importée et la faveur des noms italiens, si elle ne dépend peut-être pas, comme ailleurs dans la Narbonnaise, de l’apport des colons lors de la déduction coloniale (puisque les historiens penchent plutôt aujourd’hui pour une promotion honoraire de Vienne) doit être liée à l’octroi de la citoyenneté romaine par des gouverneurs de la province devenus des patrons. Le cas des Fabii est évidemment exemplaire. Le schéma de romanisation des Allobroges correspond donc bien à l’histoire de la cité : conquise à l’époque républicaine, elle connaît un processus de romanisation typique de la période avec une concession de la ciuitas au cas par cas dans le cadre des relations de clientèle. Mais la romanisation continue sous l’Empire par le biais du droit latin d’abord, puis par la promotion de la cité tout entière par Caligula. À ce moment d’autres pratiques sont mises parallèlement en jeu : se développe la création de gentilices patronymiques ou de gentilices indigènes. Peut-être ces usages réduits sont-ils considérés comme moins « chics » que l’adoption d’un gentilice bien italien ? Mais, quoi qu’il en soit, avec Caligula, le processus de romanisation institutionnelle des individus s’arrête, car il est terminé et c’est une situation de citoyenneté presque complète qui peut être étudiée. Il n’y a plus de processus d’acquisition du statut civique ni, par conséquent, de choix ou de création de gentilices. Il est donc normal que le nombre de gentilices patronymiques et de gentilices indigènes soit relativement réduit puisque la durée de leur élaboration a été relativement brève. Et, en même temps, on peut considérer que la latinisation a été, à Vienne comme dans d’autres cités de Narbonnaise, à la fois rapide et définitive sans jamais être complète.
26Chez les Trévires, l’onomastique n’est pas comme chez les Viennois, adoptée d’Italie ou très peu ; elle est majoritairement créée sur place avec une abondance très importante des gentilices patronymiques et du latin régional (très souvent explicables par l’assonance ou la traduction de noms ou de racines indigènes). Indices supplémentaires des jeux locaux sur les nomenclatures : le nombre des noms spécifiquement trévires et quasiment sans emploi ailleurs dans l’empire (Cuigilla, Mainius, Micius, Sincorius, Ibliomarus et leurs familles) et le recours au gentilice variable (réinventé à chaque génération sur le cognomen du père, coutume pas uniquement trévire mais typique des régions septentrionales de l’empire). Mais, à moins d’admettre l’octroi non avéré d’un statut de colonie romaine, le processus de romanisation institutionnelle ne s’arrête pas ici avant 212. L’ensemble de la période peut être considéré comme consacré à l’élaboration de gentilices latins patronymiques ou indigènes. Cette durée explique sans doute aussi un nombre plus important de ces gentilices. Mais un phénomène important est aussi l’évolution de la latinisation : elle n’est pas complète, loin de là, mais surtout elle ne se développe pas avec le temps : les proportions restent plus ou moins identiques, du milieu du ier siècle au iiie.
27Tous ces éléments dessinent chez les Trévires une romanisation réelle et une latinisation marquée, mais en des termes différents. En tout cas, la rareté des gentilices italiens donne à penser que l’hypothèse d’un envoi de colons est peu probable si l’on compare avec des cas avérés de déduction effective41.
28Les contrastes, au demeurant logiques, entre l’onomastique des Trévires et celle des Viennois, montrent bien que les nomenclatures constituent une clef de lecture intéressante. Cette approche est fructueuse pour aborder des questions que les sources historiques « classiques » ne permettent pas de poser, comme celles du fonctionnement de la romanisation, de la perception du latin, du recours à la langue indigène, bref d’adhésion personnelle aux représentations de la vie et de la culture romaines. En effet, les mécanismes d’adoption des nomenclatures en adaptant au latin les héritages propres, en choisissant dans le latin les éléments jugés signifiants au sens de l’identité locale comme au sens du prestige, sont d’excellents révélateurs des mentalités dans la relative liberté qu’autorisait une romanisation à l’aune du droit latin. Au total, on peut penser que la mixité des solutions va dans le sens d’une variation infinie de possibilités et de réponses individuelles ou régionales.
Les dévots de Mars et de Mercure en Germanie supérieure
29In fine, nous voudrions aborder un autre exemple fondé sur d’autres bases : peut-on, au départ des noms des dévots, reconnaître une identité religieuse ? Une étude des inscriptions religieuses civiles de la province de Germanie supérieure a balisé l’approche42 et répondu à une première interrogation : l’attachement à l’anthroponymie indigène était-il lié à l’attachement aux divinités de dénomination locale ? Il est certain que ce ne peut être qu’une question de pure onomastique religieuse et non de tentative de classer les dieux qui seraient indigènes d’un côté, d’importation romaine pure de l’autre. Ce point de vue serait erroné puisque le panthéon de chaque cité était propre à la cité et comportait une part locale et une part romaine. La question est uniquement de savoir si les personnes qui avaient choisi de garder une dénomination indigène plutôt que latine choisissaient aussi d’honorer les dieux sous des dénominations locales ?
30En fait, il semble bien qu’il ne soit pas possible de déterminer clairement s’il existe un lien chez les dédicants entre divinité au nom local et dévot au nom indigène. En effet, dans un sanctuaire qui avait pour titulaire un dieu de dénomination indigène, comme Borvo à Bourbonne (Lingons), se rencontrent des dévots à la fois de nom latin et de nom indigène. Des sanctuaires où toutes les formes de théonymes étaient latines, comme Dampierre (Lingons) ou celui de la Wasenbourg à Niederbronn (Triboques), étaient fréquentés par des fidèles au nom aussi bien indigène que latin. Toutes les combinaisons existent. Dès lors, il faut considérer qu’il n’existe pas de lien avéré entre dénomination du dieu et nomenclature du fidèle. Et que n’importe quel dévot, quels que soient la forme de son nom, son éventuel attachement onomastique à des traditions indigènes, ou au contraire sa latinisation complète, peut décider d’honorer la divinité de son choix avec la dénomination de son choix. Les sélections opérées entre les dieux doivent donc reposer sur d’autres critères, de dévotion personnelle, de fonction civique, ou de lieu de culte43.
31Si nous étudions maintenant les dénominations des dévots de deux dieux particuliers, les dieux les plus honorés en dehors de Jupiter, à savoir Mars et Mercure, nous parvenons aux constatations suivantes :
dieu | citoyens romains | dont femmes | pérégrins | dont femmes |
Mars | 40 | 2 | 12 | 0 |
proportion | 77 % | 5 % | 23 % | |
Mercure | 88 | 9 | 61 | 7 |
proportion | 59 % | 10 % | 41 % | 11 % |
32Mars est très clairement un dieu honoré par les citoyens, principalement masculins ; Mercure est un dieu honoré par l’ensemble de la population, tant citoyens que pérégrins.
33Les dénominations culturelles complètent-elles l’image ?
dieu | gentilices indigènes | surnoms indigènes | proportion éléments indigènes |
Mars | 5 | 8 | 16 % |
Mercure | 20 | 22 | 25 % |
dieu | idionymes latins | idionymes indigènes |
Mars | 12 | 0 |
Mercure | 32 | 25 (soit 41 %) |
34Mars est une divinité honorée surtout par des citoyens romains masculins de nom latin et Mercure par une population beaucoup plus mélangée sur le plan institutionnel et culturel.
35Ces critères sont insuffisants à déterminer une identité religieuse ou une spécificité des dieux. En réalité, c’est une topographie des cultes et un examen de la place dans le panthéon civique qui donnent les clefs les plus intéressantes44.
36Mars45 présente deux caractéristiques : il est très souvent porteur d’une épithète indigène et nous savons qu’il constitue dans plusieurs cités de Gaule le dieu principal du culte public : c’est le cas chez les Rèmes, chez les Trévires, chez les Riédons, chez les Cénomans par exemple46. En Germanie supérieure, il est le dieu poliade des Lingons avec l’appellation Cicolluis associé à Litavis, celui des Séquanes (avec l’épithète Segomo) et aussi très important chez les Helvètes, en tant que Mars Caturix.
37L’examen de la carte dessine une topographie civile de Mars bien spécifique : Lingons, Séquanes, Helvètes, Mayence, au total 41 dédicaces sur un total de 52.
38Par contre, on remarque une quasi-absence dans le reste des cités, rive gauche et particulièrement rive droite du Rhin, en milieu civil.
39Une autre constatation porte sur les types de lieux de culte. Ceux-ci sont d’abord situés dans les chefs-lieux. Ensuite, les dédicaces se concentrent dans de « grands sanctuaires » qui ne sont ni des villes ni des chefs-lieux, mais des sanctuaires publics de cité, foyers des cultes publics et notamment du ou des cultes principaux. À chaque sanctuaire ou presque « son » dieu avec son épiclèse. Ainsi, presque toutes les dédicaces du monde romain à Mars Loucetius appartiennent au monde trévire, de Lenus Mars aussi. Mars Caturix est proprement helvète, et Mars Cicolluis, exclusivement lingon. Toutes ces informations se croisent pour indiquer une fonction spéciale, civique, du dieu dans les cités de tradition gallo-romaine, celtique, conquises dès la fin de la République et dotées de statuts plus valorisants que la plupart des cités rhénanes de la province.
40Comparons avec Mercure :
41Mercure est avec Jupiter le dieu le plus honoré dans la province47. Il compte 137 dédicaces civiles, et il se présente sous diverses appellations indigènes ou simplement comme Mercure. Il apparaît avec deux parèdres principales, Rosmerta et Maia. Il est honoré dans les chefs-lieux et dans des sanctuaires (à Dampierre ou à Lux chez les Lingons), chez les Triboques (peut-être aussi chez les Némètes), en particulier à la Wasenbourg à Niederbronn, à Reichshoffen ou à Gundershoffen, à Heidelberg chez les Suèbes, à Mayence-Finthen, et aussi dans des lieux très divers du territoire. Il est honoré par des citoyens et par des pérégrins (61 soit 41 % ce qui est la plus forte proportion pour cette catégorie de dévots). Il est présentdans toutes les régions avec une forte concentration rhénane qui est celle aussi d’un commerce florissant. Il est qualifié de negotiator à Heddernheim.
42Il n’est pas exclu que Mercure fasse partie du culte public de certaines cités, vu le nombre de décurions qui l’honorent et sa place significative dans les sanctuaires, mais il s’agit de possibilités situées dans une région complètement différente et à l’histoire également différente de la vallée du Rhin. La conquête est plus tardive, la municipalisation aussi ; la population est moins autochtone, plus mélangée.
43L’étude des cultes et des dévots de Germanie supérieure ne peut se fonder sur la seule analyse des noms. C’est un peu un contre-exemple. La topographie des sanctuaires et lieux de culte est manifestement plus importante que la dénomination des fidèles et les caractéristiques propres des dieux ne déterminent pas vraiment une identité religieuse des dévots. Certes, Mars reçoit davantage d’hommages des citoyens romains. Mais c’est probablement en tant que dieu poliade dans des cités plus anciennement romanisées. Le plus intéressant finalement est sans doute de mettre en évidence par l’épigraphie une très grande diffusion du culte de Mercure dans toutes les régions et toutes les couches de la population (de la population alphabétisée, s’entend).
Conclusion
44Certes, nous n’avons pas épuisé les multiples facettes des études sur les noms. D’autres champs d’investigation existent, en Italie, dans d’autres provinces, dans d’autres milieux. Concluons toutefois sur ces exemples. L’onomastique se révèle une approche extrêmement intéressante pour l’histoire de la société romaine. Des couches de l’élite à celles des provinciaux non-citoyens, les noms sont porteurs d’informations multiples qui enrichissent notre connaissance des personnes dans leurs relations sociales, dans leurs statuts, dans leurs cultes. Certes, selon les domaines, l’apport est variable et demande parfois à être relativisé. Ainsi, du côté de la prosopographie, des limites apparaissent, liées à la trop grande parenté des noms dans les familles. Du côté de l’identité religieuse, d’autres paramètres doivent intervenir, en complément voire même en amont de la recherche onomastique, en particulier la topographie des cultes et l’histoire des ciuitates. La prudence s’impose donc, comme la nécessité de croiser les approches et de les compléter. Mais les modes de dénomination à l’époque romaine offrent bien des approches qu’il ne faut pas mésestimer.
Notes de bas de page
1 On rappellera le rôle pionnier du colloque CNRS de 1975 : L’onomastique latine, Paris, 1977.
2 Pour la problématique générale de cet aspect, voir M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier (éd.), Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Empire, Bruxelles, 2001 (= Noms).
3 Cf. A. Chastagnol, « L’onomastique de type pérégrin dans les cités de la Gaule Narbonnaise », MEFRA, 102, 1990, p. 573-593, part. p. 576 (= Onomastique).
4 Pour ce débat, voir M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, « L’onomastique dans l’Empire romain : questions, méthodes, enjeux », dans Noms, p. I-VIII, où on trouvera aussi les définitions des termes et expressions spécifiques, tels que gentilice patronymique, idionyme, noms d’assonance et de traduction.
5 Cf. Fr. Bérard, « Remarques sur les gentilices des soldats des légions de Germanie détachés à Lyon dans la première moitié du iiie siècle », dans Noms, p. 667-690.
6 Cf. H. Solin, « Zur Tragfähigkeit der Onomastik in der Prosopographie », dans W. Eck (éd.), Prosopographie und Sozialgeschichte, Cologne, 1993, p. 1-33.
7 M.-Th. Raepsaet-Charlier, Prosopographie des femmes de l’ordre sénatorial (ier-iie siècles), Louvain, 1987 (= FOS), II, stemma XVI.
8 FOS, 612 ; PIR2, P 681.
9 FOS, 723.
10 Pour d’autres exemples dans les familles sénatoriales, voir M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Cornelia Cet(h)egilla », AC, 50, 1981, p. 685-697 (= Cornelia).
11 Cf. M.-Th. Raepsaet-Charlier, Cornelia, p. 685-689 ; FOS, II, stemma XXXVIII.
12 PIR2, C 1336.
13 ILS, 7388.
14 CIL, XV, 7760.
15 PIR2, C 317.
16 PIR2, C 295.
17 PIR, C 262.
18 PIR2, C 285.
19 Cf. PIR2, C, stemma p. 54.
20 IG, II2, 4213.
21 PIR2, C 283 et 316.
22 FOS, 179.
23 Cf. G. Alföldy, CIL, VI, 8, 3, 2000, p. 4770-4771 sub 14235.
24 On peut proposer Ser. Cornelius Scipio Salvidienus Orfitus, PIR2, C 1445.
25 Les mêmes problèmes de méthode se posent lorsqu’on cherche à identifier des adoptions d’après les nomenclatures polyonymes : cf. O. Salomies, Adoptive and Polyonymous Nomenclature in the Roman Empire, Helsinki, 1992, p. 83-87.
26 Voir M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Matronae equestres. La parenté féminine de l’ordre équestre », dans S. Demougin et al. (éd.), L’ordre équestre. Histoire d’une aristocratie, Rome, 1999, p. 215-236, part. p. 227-228 et 231.
27 PIR2, A 954.
28 CIL, VIII, 26578.
29 PIR2, M 584.
30 CIL, VIII, 12558.
31 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « La vie familiale des élites sous le Haut-Empire romain : le droit et la pratique », CCG, 5, 1994, p. 165-197.
32 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Le mariage, indice et facteur de mobilité sociale aux deux premiers siècles de notre ère : l’exemple sénatorial », dans Ed. Frézouls (éd.), La mobilité sociale dans le monde romain, Strasbourg, 1992, p. 33-53.
33 D. Kremer, Ius Latinum. Le concept de droit latin sous la République et l’Empire, Paris, 2006.
34 Cf. A. Chastagnol, Onomastique.
35 Voir déjà D. Van Berchem, « Le droit latin et la formation du gentilice des nouveaux citoyens », dans Les routes et l’histoire, Genève, 1982, p. 155-164.
36 Rappelons qu’il s’agit bien de véritables gentilices et que l’expression « pseudo-gentilice » doit être proscrite : elle dénature une coutume linguistique qu’elle transforme en une dépréciation de la qualification civique.
37 Sur cette question, voir L. Toorians, Keltisch en germaans in de Nederlanden, Bruxelles, 2000.
38 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Onomastique et romanisation : éléments d’une comparaison entre la Gaule Belgique et la Germanie inférieure », dans Noms, p. 399-470.
39 Pour une étude complète de la documentation de Trèves, voir M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Caractéristiques et particularités de l’onomastique trévire », dans Noms, p. 343-398.
40 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Trévires et Viennois, une onomastique gallo-romaine en contraste », dans J. Ouhlen (éd.), Actes du Colloque « Nommer les hommes. Anthroponymie et histoire dans l’Antiquité gréco-romaine », Athènes-Rennes, à paraître ; voir aussi B. Rémy, « La dénomination des Viennois à l’époque impériale », dans Noms, p. 55-174.
41 Voir par exemple le cas de la colonie romaine de Valence récemment examiné : B. Rémy et Cl. Chapignat, « La dénomination des habitants de la colonie de Valence (Narbonnaise) », dans S. Demougin et al. (éd.), H.-G. Pflaum. Un historien du xxe siècle, Genève, 2006, p. 305-341.
42 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Les dévots dans les lieux de culte de Germanie supérieure et la géographie sacrée de la province », dans M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier (éd.), Sanctuaires, pratiques cultuelles et territoires civiques dans l’Occident romain, Bruxelles, 2006, p. 347-435 (= Dévots).
43 M.-Th. Raepsaet-Charlier, Dévots, p. 372-375.
44 M.-Th. Raepsaet-Charlier, Dévots, p. 387-391.
45 Cf. V. Brouquier-Reddé et al. (éd.), Mars en Occident, Rennes, 2006.
46 Cf. W. Van Andringa, La religion en Gaule romaine, Paris, 2002, p. 141-149 (= Religion).
47 Cf. W. Van Andringa, Religion, p. 135-137.
Auteur
Université Libre de Bruxelles, AnHiMA-UMR 8210
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