13. Rome et la liberté des Grecs sous les Antonins et les Sévères en Achaïe romaine, ou l’art d’administrer les Grecs avec délicatesse
p. 287-319
Résumés
La liberté des Grecs est un thème récurrent dans les relations entre Rome et la Grèce. Les Romains ont eu le souci de garantir l’intégrité des cités en fonction du statut qui leur fut reconnu : les cités libres et les cités fédérées, nombreuses en Grèce, jouissaient d’une indéniable autonomie de gestion, les autres étant sous la surveillance du gouverneur. Empereurs et fonctionnaires impériaux eurent à cœur de respecter cette autonomie, comme Pline le Jeune le rappelle à son ami Maximus. Dans le domaine de la politique extérieure, les Romains sont maîtres du jeu, et utilisent habilement, à partir de Marc Aurèle, l’image de l’ennemi séculaire à combattre, les Perses (Parthes), afin de mobiliser troupes et argent dans les cités grecques pour leurs campagnes militaires. Si les cités doivent régulièrement défendre les privilèges que leur reconnaît Rome, en particulier en matière fiscale, elles ne voient pas forcément d’un mauvais œil l’arrivée ponctuelle et extraordinaire d’envoyés de l’empereur, correcteurs ou curateurs en particulier. Le système s’alourdit surtout sous les Sévères. Enfin, les Romains ont souhaité que le recours à la justice romaine soit régulé, en particulier à partir du règne d’Hadrien.
The freedom enjoyed by the Greeks is a recurrent theme in the history of the relationships between Rome and Greece. The Romans try to respect the integrity of the cities by protecting the status they had granted. It is true that free cities and federated cities, which were many in Greece, were ruled in an autonomous way, the others being under the supervision of the governor. Emperors and imperial agents were supposed to respect this autonomy, as Pliny the Younger reminded his friend Maximus. The Romans had the control over the foreign affairs and by the time of Marcus Aurelius they cleverly used the image of the traditional enemy to be fought, namely the Persians (the Parthians), to mobilize and raise money in the cities of Greece, in order to cary out their military campaigns. Although the cities had to keep on fighting in order to maintain the privileges granted by Rome – especially in the field of taxation – they did be bothered by the occasional and unusual visits of the Emperor’s envoys, curatores and correctores. Things became more difficult, especially under the Severans. At last, the Romans wanted to regulate appeal to Roman courts, particularly by Hadrian’s reign.
Remerciements
Je remercie vivement Stéphane Benoist, Ségolène Demougin et Jean-Louis Ferrary, de l’EPHE-Paris, ainsi que Maria Kantiréa, de l’Université de Chypre et Pierre Cosme, de l’Université de Rouen, pour les remarques et les discussions qui ont enrichi ce travail.
Texte intégral
1En 1984, François Jacques publiait sa thèse sous le titre Le privilège de liberté1. Il signait là une étude majeure sur les rapports entre le pouvoir central et les cités de la partie occidentale de l’Empire romain. Il me proposa de me pencher à mon tour sur ces questions, mais dans la partie hellénophone de l’Empire, et en particulier la Grèce. Le thème de la « liberté des Grecs » dans l’optique de l’analyse des modes de gouvernement en Grèce appelle une remarque préalable : la situation en Grèce romaine est particulière. Le système civique y est ancien et Pline n’hésite pas à le dire à son ami Maximus envoyé en Achaïe : « Songez que vous êtes envoyé dans la province d’Achaïe, au sein et au cœur même de cette Grèce où, comme le veut la tradition, ont été découvertes à leur naissance la civilisation, les lettres, et même la culture de la terre »2 ; de ce fait, la notion de « liberté » dans les relations avec Rome y est en quelque sorte plus délicate. En effet, le problème de sa définition se pose dès que Rome entame la conquête des territoires macédoniens et grecs au iie siècle avant J.-C. Différentes études ont été menées et, parmi elles, celle de D. Nörr offre une vaste réflexion comportant une vision très négative, fondée essentiellement sur une analyse idéologique3 ; A. H. M. Jones était également resté dans une optique où le sentimentalisme avait laissé place à une liberté de fait4. Quant à R. Bernhardt, il a avant tout tenté de donner une définition juridique5. Une nouvelle lecture a été proposée pour la période républicaine par Jean-Louis Ferrary6 qui a parfaitement expliqué les motivations et les réactions des deux parties dans son ouvrage Philhellénisme et impérialisme, puis à la lecture des inscriptions de Claros. Il a montré toute l’ambiguïté d’un vocabulaire sous lequel on pouvait placer des réalités différentes, sans compter que si l’on se situe au niveau de la cité, le statut même de « cité libre » est le fruit d’une élaboration progressive par les Romains. Il a insisté sur le fait qu’il fallait tenir compte à la fois de l’analyse purement idéologique et de l’analyse juridique. Depuis lors, Paul Veyne7 lors de ses réflexions sur l’identité grecque face à Rome et à l’empereur, ou Éric Guerber8 dans ses travaux sur les cités libres, ont entre autres réfléchi à différents aspects de cette question, en particulier dans les domaines culturel et politique, et à ses prolongements sous l’Empire.
2Une fois le problème de la conquête en apparence réglé et le pouvoir des princes installé et institutionnalisé, il reste à savoir si cette notion de « liberté » a un contenu identique à celui de la période antérieure ou si sa perception et ses composantes ont évolué. Cette question complexe, aux facettes variées, laisse encore des zones d’ombre. Nous présenterons des considérations sur l’évolution de ce thème sous les Antonins et les Sévères, c’est-à-dire à un moment où certains empereurs, Hadrien en tête, proposent une nouvelle étape dans l’utilisation de cette notion et de ce qu’elle implique. En outre, nous limiterons l’espace étudié à la « Vieille Grèce », c’est-à-dire aux cités de la province romaine d’Achaïe, au sens géographique du terme. En quoi consiste cette liberté des Grecs et y a-t-il eu une évolution des conceptions grecque et romaine sous l’Empire et à plus forte raison durant l’Âge d’or de l’Empire romain ?
3Nous débuterons notre analyse en différenciant les concepts idéologiques des statuts des cités grecques. Notre réflexion ne se limitera pas uniquement aux cités libres, mais abordera aussi la marge de « liberté » des cités ne jouissant pas d’un statut aussi favorable à une époque où les conceptions ont eu le temps d’évoluer. Ensuite, nous verrons comment les empereurs utilisent le thème de la liberté contre un ennemi commun afin de mobiliser les cités grecques lors de leurs campagnes orientales. Puis nous tenterons de déterminer en quoi les interventions des empereurs ou de leurs envoyés ne sont pas considérées comme des ingérences, mais sont en réalité accueillies comme le résultat d’une évolution normale des rapports avec Rome et sont parfois attendues, voire même désirées.
« Le privilège de liberté » en Achaïe romaine
4Commençons par considérer la notion de liberté des Grecs et sa perception par les Romains. La liberté, l’autonomie et les exemptions sont au cœur de privilèges accordés par les autorités romaines, puis par l’empereur.
5Il faut d’abord rappeler que le thème de la liberté des Grecs fut très largement exploité par les Romains à partir de la seconde guerre de Macédoine. T. Quinctius Flamininus fut le principal artisan de sa mise en place, par son fameux discours à l’Isthme de Corinthe9. Les raisons de son succès s’expliquent par la référence à une notion toute grecque d’éleuthéria qui est directement liée au passé prestigieux des Grecs : celui à la fois de la lutte contre un ennemi commun, les Perses, et de l’unité des Grecs face aux difficultés10. Elle est également un thème développé dans le discours idéologique des cités grecques sous une domination étrangère11. Mais dans le discours idéologique romain, cette notion semble n’avoir pas la même valeur. Les structures politiques romaines garantissent cette liberté d’épanouissement dans un cadre civique. On trouve cette conception exposée chez de nombreux auteurs de langue grecque, comme Dion de Pruse dans le Discours rhodien : « Ne croyez pas les Romains assez stupides pour vouloir qu’aucun de leurs sujets ne soit d’un caractère libre et beau et pour préférer dominer des esclaves »12. La conception romaine est d’abord de nature juridique et place à la base des relations avec les pays conquis la notion de maiestas, la puissance qui fait la supériorité des Romains. Le statut des cités dépend directement de leur relation avec Rome. La domination romaine s’exerce ainsi sur le sol étranger devenu propriété du peuple romain13. En conséquence, la domination romaine implique comme un fait logique à la fois la soumission à l’imperium romain, mais en contrepartie aussi la tutela, la protection de ceux qui sont soumis au droit de Rome. Dans ce cadre, la liberté est concédée comme un bienfait. Sous l’Empire, ce sont les princes qui en décident et s’ils ont confirmé les statuts issus de la période précédente, ils ont aussi apporté leurs propres modifications, toujours en fonction des rapports entretenus avec le pouvoir central romain. Cette liberté n’a donc pas un caractère irréversible : une cité peut aussi bien être déchue d’un statut privilégié et voir ses privilèges disparaître, que les voir exaltés et accrus, comme c’est le cas par exemple de Sparte favorisée par Auguste.
6Cette liberté concédée ou reconnue par Rome permettait aux cités dites alors « libres » d’échapper aux mesures prises par le gouverneur de la province, ici le proconsul, puisque l’Achaïe est au cours de la période considérée une province publique, gérée par le Sénat et le peuple romain. En cas de non-respect de ces principes, les cités pouvaient en appeler à l’empereur. Or, la Grèce est la partie du monde romain qui regroupe le plus grand nombre de cités libres. Celles-ci sont directement sous la responsabilité de l’empereur et c’est ce qui explique que les rapports avec celui-ci soient fondamentaux. Ainsi, les liens personnels qui se nouent avec lui ou avec son entourage sont d’autant plus décisifs qu’ils entrent dans le jeu politique, social et culturel. Les cités grecques l’ont parfaitement compris et n’ont jamais hésité à s’adresser à l’empereur, en particulier par le biais d’ambassades, et l’empereur de répondre par des lettres. D’ailleurs, leur force d’expression se trouva également renforcée et leur capacité financière aussi en se regroupant au sein de koina, autorisés voire créés à l’instigation de l’empereur, comme la Ligue des Éleuthérolaconiens. Cette dernière fut organisée par Auguste et visait à réunir les cités laconiennes échappant à l’emprise directe de Sparte. On rencontre aussi des organisations plus vastes comme le koinon achéen ou koinon des Hellènes, que Caligula autorise par exemple à rester uni14. Si le koinon achéen s’était jadis élevé contre Rome, les empereurs avaient autorisé les Grecs à faire renaître des ligues sous un contrôle strict, dans un esprit de dialogue, mais surtout de loyauté envers Rome.
7Si Auguste redistribua les cartes après la bataille d’Actium, se présentant comme l’homme de la concorde entre Orient et Occident, Néron, quant à lui, empereur philhellène par excellence, franchit une étape supplémentaire en rendant la liberté à la Grèce, lors de sa fameuse proclamation en grec, à Corinthe, en 66 ou 67 ap. J.-C. Le décret retrouvé à Acraephiae, en Béotie, copie une partie de ce discours et nous livre clairement la volonté de munificence de ce prince en ce domaine : « Vous tous habitant l’Achaïe, (…) recevez, avec l’exemption de tout tribut, cette liberté (éleuthéria) que, même aux temps les plus fortunés de votre histoire, vous n’avez pas possédée tous ensemble, car toujours vous fûtes esclaves ou de l’étranger ou les uns des autres »15. La liberté et l’assimilation au vainqueur ne durèrent guère ; Vespasien rétablit au début de son règne la province d’Achaïe, arguant du fait que les Grecs avaient oublié ce que c’était qu’être libre… Si les Julio-claudiens avaient établi des liens personnels forts avec les Grecs, il n’en fut pas de même avec la nouvelle dynastie, celle des Flaviens. Les cités recouvrèrent vraisemblablement leurs anciens statuts et durent rivaliser d’imagination et d’audace pour conserver ou récupérer leurs privilèges, en particulier fiscaux. En effet, comme l’ont montré F. Jacques d’un côté et J.-L. Ferrary de l’autre, les privilèges fiscaux pouvaient être dissociés du statut même de la cité.
8Si les cités libres étaient théoriquement protégées contre l’administration romaine et ses éventuels abus, cela ne les garantissait toutefois pas contre une intervention de l’empereur16 ; et nous verrons qu’au iie siècle et surtout au iiie siècle, l’envoi de chargés de mission, longtemps perçu par les historiens comme une intrusion, n’était pas forcément une atteinte à la liberté. Si les gouverneurs pouvaient intervenir dans le fonctionnement des cités pérégrines, les empereurs pouvaient agir directement sur la législation des cités libres. Or, cette pratique n’était pas incompatible avec les traditions grecques, puisque ces cités avaient eu ponctuellement recours, de leur propre chef, à des nomothètes, étrangers à la cité, légiférant en toute impartialité. Auguste fut le premier à accepter cette responsabilité à la demande expresse des habitants de Tarse ; Hadrien fit de même à Athènes qu’il contribua à embellir par la même occasion, d’où l’octroi à ce prince, en remerciement, des titres honorifiques de nomothète, d’évergète et de ktistès (fondateur)17.
9Le principal privilège des cités libres était donc de conserver leur autonomie de gestion pleine et entière. Elles possédaient de fait leurs propres institutions et avaient leurs propres tribunaux. Si elles étaient immunes, elles ne payaient pas d’impôts réguliers à Rome. En outre, les autorités romaines pouvaient aussi leur concéder d’autres immunités. Ainsi, Sparte eut le droit de lever des taxes locales comme des droits de douanes et un groupe de commerçants fut même exempté de tout droit d’importation18. Cela permettait à la cité libre d’avoir des revenus réguliers, qui cependant ne suffisaient pas quand des travaux de grande envergure étaient souhaités par la cité, d’où l’importance de la générosité des citoyens aisés. Toutefois, les privilèges des cités libres n’étaient pas toujours bien respectés, comme en témoigne une inscription d’Aphrodisias, qui montre qu’il fallut l’intervention de l’empereur Hadrien pour que soit confirmé le privilège de la cité de ne pas payer la taxe sur les clous, que des agents qui tenaient à ferme cet impôt voulaient lui faire payer19. Le rétablissement du droit de ces cités leur coûtait souvent cher, puisque cela nécessitait des dépenses comme l’envoi d’ambassades pour tenter d’obtenir gain de cause. En conséquence, certaines cités prenaient la précaution de se faire confirmer régulièrement la liberté et l’autonomie : c’est le cas des habitants de Delphes qui sollicitèrent Hadrien, puis Marc Aurèle, et ensuite Septime Sévère20.
10D’un autre côté, certaines cités réclamaient l’intervention du gouverneur pour confirmer leurs décisions, alors qu’elles n’y étaient nullement contraintes. Il y a là toute l’ambiguïté de la situation des cités grecques sous domination romaine : si l’initiative était venue de Rome, ces cités n’auraient pas manqué de protester, mais en prenant l’initiative, elles conservaient leur autonomie tout en reconnaissant clairement la suprématie romaine21.
11Comme dans les autres provinces, les empereurs restèrent attentifs à maintenir une émulation entre les cités, jouant le rééquilibrage si nécessaire, de manière à maintenir la hiérarchie et la place de chaque cité au sein de l’espace géopolitique de la province. Ainsi, au iie siècle ap. J.-C., si Hadrien favorisa, parmi les cités grecques, la cité d’Athènes en en faisant la capitale du Panhellénion, il n’oublia pas les communautés de droit romain et permit à la colonie de Corinthe, capitale de la province, de bénéficier, grâce à Cn. Cornelius Pulcher, de l’exemption de taxes, l’ateleia (fig. 1)22. M. Walbank met cela en relation avec l’apparition du Marsyas sur les monnaies de Corinthe de cette époque et considère que cette exemption pouvait se comparer à celle dont on pouvait bénéficier grâce au ius Italicum23. Pour les Romains, le Marsyas représentait la liberté de la colonie par opposition aux cités pérégrines et l’on retrouve sa statue, en bonne place, sur le forum de nombreuses colonies de l’Empire, peut-être d’ailleurs à Patras24.
12Ce thème de la liberté liée au statut juridique, mis en quelque sorte entre parenthèse sous les Flaviens, revint en force au iie siècle ap. J.-C. Dans le Péloponnèse, les premiers Antonins poursuivirent une politique philhellène. Tout d’abord, Trajan accorda la liberté à la cité de Mothoné, en Messénie. Nous l’apprenons par Pausanias : « L’empereur Trajan permit aux gens de Mothoné de vivre librement dans une cité autonome »25. Il est fort possible qu’il soit également à l’origine de la liberté de Coronée en Béotie26. L’intérêt de cet empereur pour les affaires grecques27 et, en particulier, son souci de faire participer des notables d’origine hellène à l’administration de l’Empire est à signaler, et ce d’autant plus que l’on fait plus souvent la part belle à Hadrien en raison de la fondation du Panhellénion.
13Puis, sous Antonin, la cité de Pallantion en Arcadie eut à son tour les faveurs impériales : l’empereur en fit une cité libre, bénéficiant d’une immunité de charges28. Cette initiative faisait partie à Rome de la recherche entreprise pour retrouver les origines de la fondation de l’Vrbs, concrétisant l’arcadisme romain29. Le mythe arcadien d’Évandre, comme celui de l’Énéide, permettait aux Romains de se donner des origines grecques et d’apparaître avec une certaine noblesse aux yeux des Grecs. En outre, il est intéressant de noter que ces princes, reprenant un thème de propagande cher à Auguste, œuvraient à parfaire ainsi la syngeneia entre Grecs et Romains. L’intérêt d’Antonin, fervent adepte de la religion romaine traditionnelle, s’explique très bien ici parce qu’en toile de fond, on célébrait avec faste à Rome, en 148, l’anniversaire des neuf cents ans de la Ville éternelle.
14L’attitude d’Hadrien, tout en étant plus culturelle, est beaucoup plus structurée et réfléchie. Il fonda le Panhellénion sur l’idée de l’unité des Grecs. C’est la raison pour laquelle Dion Cassius nous précise que la permission vint de l’empereur : c’est lui seul qui, sous l’Empire, pouvait ou non accorder les privilèges et amener des créations nouvelles. Mais l’empereur a eu l’habileté d’associer des « Grecs » à son projet : en fait, il prit à ses côtés des sénateurs romains d’origine grecque, tels le fameux Ti. Claudius Hérode Atticus, citoyen d’Athènes et archonte de la cité30, et C. Iulius Euryclès Herculanus, descendant du célèbre Euryclès de Sparte31. En réalité, le Panhellénion ne fut pas comme on a pu le dire, entre autres James H. Oliver, un lieu de liberté et d’expression de l’autonomie des Grecs : C. P. Jones a raison de rappeler que le Panhellénion ne poursuivit jamais un gouverneur et ne reçut jamais de rescrit hormis ceux de sa fondation32. Les Grecs ne bénéficièrent donc pas de plus de pouvoir politique grâce à cette création. En réalité, Hadrien plaça la supériorité culturelle de la Grèce, que les Romains reconnaissaient – au moins pour une grande partie d’entre eux –, au service de la cohésion de l’Empire. L’approche de l’Imperium Romanum d’Hadrien l’emportait sur la perception culturelle de son philhellénisme. Le Panhellénion, organisé autour du culte de Zeus Olympien et des mystères d’Éleusis, avait essentiellement pour but de voter des honneurs cultuels à l’empereur, sous la direction de grands-prêtres ayant eux-mêmes déjà prouvé leur loyauté envers le prince et le régime. L’organisation agonistique et le travail de recherches historiques, mené dans le cadre du Panhellénion et destiné à prouver la primauté de la « Vieille Grèce », occupèrent désormais les Grecs33, afin de leur faire oublier leurs querelles intestines. Par la même occasion, cela permettait à l’empereur de retourner le sentiment national au profit de l’Empire, et non contre lui. En effet, le sentiment politique chez les Grecs même au iie siècle ap. J.-C. demeurait encore très fort et les Grecs se définissaient avant tout comme dominés par les Romains, d’où la difficulté de réelle intégration à l’Empire34. En Occident, il en allait tout autrement, on se définissait pour Rome et non contre Rome35. En effet, même dans les Éloges grecs de Rome, on trouve toute une série de restrictions, conditionnant l’adhésion des Grecs au système romain. L’affirmation identitaire résidait dans la conservation des structures politiques ancestrales, patrioi nomoi. En réalité, les Grecs n’avaient pas besoin que leurs cités évoluent en colonies pour montrer leur degré de civilisation, et les empereurs comme leurs représentants l’avaient parfaitement compris et n’ont eu de cesse que l’organisation civique grecque soit préservée et respectée.
Défendre la liberté, intérêt commun face à un ennemi séculaire
15Sous les derniers Antonins et sous les Sévères, l’aspect de la « liberté » qui fut mis en valeur par les Romains fut l’union des Grecs face à l’ennemi et l’on reprit le thème de la lutte contre l’oppresseur étranger, qui avait été savamment entretenu de part et d’autre. Sous Marc Aurèle, il servit à justifier la demande faite auprès des Spartiates de fournir des soldats. Cet enrôlement se comprenait dans le sens où Sparte était toujours considérée comme amie de Rome, et invitée à ce titre à fournir aux Romains des contributions amicales36. Marc Aurèle et Lucius Vérus décidèrent donc de lever des troupes en Grèce, et sans doute aussi de l’argent, pour lutter contre les Parthes assimilés aux Perses. On a la preuve que la campagne militaire, menée par Lucius Vérus entre 163 et 166, fut effectivement soutenue par un contingent d’auxiliaires spartiates37. Il est fort probable que certains d’entre eux revinrent à Sparte avec la peste, car un médecin de cette période a bénéficié du titre de Sauveur38. D’autres cités ont dû fournir des soldats, ainsi nous avons également à Ténare, en Laconie, l’épitaphe d’un soldat engagé dans un manipule de volontaires39.
16Une série de nouvelles demandes d’aide financière a dû parvenir à Sparte pour organiser la lutte contre les tribus germaniques qui franchirent le Danube, menaçant directement Rome. La cité de Thespies, seule cité libre de Béotie avec Tanagra et Coronée, envoya à l’empereur Marc Aurèle un contingent de quatre-vingts volontaires vers 16940. De même, des soldats spartiates contribuèrent aux combats comme l’attestent des inscriptions de vétérans de la guerre contre les Parthes ; certains sont ensuite intervenus sous les ordres de Marc Aurèle contre Avidius Cassius en 175-17641. Mais, consécutivement, Sparte eut vraisemblablement à souffrir des difficultés liées aux guerres. Ainsi, A. Spawforth constate une baisse assez brutale du nombre de documents épigraphiques, en particulier des listes de magistrats, dont le nombre évalué entre 29 à 33 sous le règne d’Antonin le Pieux passa à environ 4 à 8 sous Marc Aurèle42. De même, la teneur en métal précieux des monnaies émises par Sparte diminua au cours de cette période43. En conséquence, il est fort possible que la demande financière ait engendré des difficultés économiques dans la cité de Sparte.
17Sous les Sévères, le mythe spartiate continua aussi d’être exploité. Ces empereurs furent davantage sensibles à l’idéal guerrier des Spartiates qu’à la haute autorité culturelle d’Athènes44. Le Péloponnèse fut très vite favorable au parti de Septime Sévère, comme le montrent les statues élevées pour les princes de la nouvelle dynastie, et les cités du Péloponnèse contribuèrent à l’affirmation de la continuité dynastique voulue par Septime Sévère avec les Antonins45. Sparte éleva l’un des plus impressionnants monuments qui fût bâti en l’honneur de cette dynastie46. Il y a lieu de penser que les Sévères furent favorables aux Spartiates : des passages de l’œuvre de Philostrate vont en ce sens – on sait d’ailleurs que La vie des Sophistes fut commandée par Julia Domna –, et le héros de l’un de ses écrits, Apollonios de Tyane, est représenté comme un fervent partisan des coutumes lycurgiennes adoptées par la cité47. Ces coutumes, remises à l’honneur sous le règne de Néron, peu après l’exil de C. Iulius Spartiaticus en 61, mettaient en exergue les vertus guerrières et l’entraînement des éphèbes. Plus tard, la cité de Sparte répondit à nouveau favorablement, quand Caracalla fit appel en 214 après J.-C. à un contingent de soldats, pour combattre une nouvelle fois les Parthes48. Dans ce contexte, cet empereur se présentait en digne successeur d’Alexandre le Grand, prêt à partir à la conquête de l’Orient. Cette levée de Spartiates et aussi de Macédoniens eut lieu selon les usages ancestraux et, nous dit Hérodien : « L’empereur lui-même parut en public avec le costume macédonien, la kausia sur la tête et les brodequins aux pieds. Il forma une troupe de jeunes gens d’élite qu’il appela sa phalange macédonienne et invita ses chefs à porter le nom des généraux d’Alexandre. Il fit venir des jeunes hommes de Sparte et en constitua un bataillon qu’il appela le bataillon laconien de Pitana »49. Or, cette mention est une référence directe au fameux bataillon engagé lors des guerres médiques, qui s’illustra, comme le rapportait Hérodote, à la bataille de Platées en 479 av. J.-C.50. Toutefois, on peut apprécier la subtile réécriture de l’histoire par l’empereur et ses conseillers car, si les Spartiates avaient bien participé aux guerres médiques, ils n’avaient guère envoyé de troupes aux côtés d’Alexandre51. Les Spartiates engagés dans l’armée de Caracalla devaient être au nombre de 500 fantassins équipés d’un armement assez léger52. Il faut sans doute compter M. Aurelius Alexys parmi les soldats spartiates de l’armée de Caracalla, car il participa à la campagne contre les Parthes, στρατευσάμενος κατὰ Περσῶν, et mourut à l’âge de trente ans, selon son épitaphe53. À droite de celle-ci, on voit son relief funéraire : il y figure légèrement armé, portant une massue dans la main droite, la gauche est posée sur son épée, le bouclier figure en bas à sa gauche. Il porte une cuirasse, la lorica segmentata, un chiton à manches courtes et un manteau, rejeté sur les épaules et maintenu sur la poitrine par une fibule. En outre, il est coiffé du pilos laconien (chapeau conique). Notre connaissance des soldats de ce contingent s’est enrichie de nouvelles attestations publiées par Wanda Papaefthimiou, dont un relief funéraire portant l’épitaphe de deux autres soldats plus jeunes, Aurelius Artemon et Aurelius Eutychianus, morts lors de la même campagne, στρατευσᾴμενος κατὰ Περσῶν54. Ces deux jeunes hommes avaient sans doute interrompu leur service éphébique à Sparte pour aller combattre contre les Perses. On trouve des reliefs semblables en Syrie55.
18Notons enfin que ces soldats de condition modeste – on ne peut guère les relier à de grandes familles de notables spartiates – eurent leur heure de gloire en combattant contre les Perses. En effet, le relief double présentant Aurelius Artemon et Aurelius Eutychianus fait d’eux des héros mythiques, deux jeunes gens présentés de la même manière que sur les reliefs des Dioscures : ces deux jeunes éphèbes, soldats et amis, étaient morts en héros pour la patrie56. Cet aspect guerrier exaltait l’unité gréco-romaine face à l’ennemi traditionnel, le Perse ou le Parthe, le barbare par excellence. Pendant ce temps, l’unité de l’Empire continuait de progresser dans d’autres domaines, dont ceux de la société et de la justice.
Rome et la justice en Achaïe : la réforme sous l’empereur Hadrien
19L’autonomie des cités à l’apogée de l’Empire continua de s’exprimer par une réelle liberté en matière de justice comme l’attestent les mentions de fonctionnement des institutions locales57. Toutefois, selon le statut des cités et la nature des affaires portées en justice, la marge de manœuvre était plus ou moins grande. Les cités pérégrines de la province étaient soumises à la justice du gouverneur, à charge pour elles de fournir au tribunal du gouverneur des jurés58. Une partie au moins des débats se tenait en grec. Malgré la présence d’interprètes, il était, la plupart du temps, important que le gouverneur maîtrise aussi le grec, sinon il pouvait être amené à commettre des erreurs comme le rapporte Philostrate dans la Vie d’Apollonios de Tyane. Un gouverneur du ier siècle ap. J.-C., contemporain d’Apollonios, se serait ainsi laissé berner par ses conseillers et aurait été à l’encontre de la légalité par son manque de connaissance en grec59.
20Les cités libres échappaient à la juridiction du gouverneur : elles possédaient leurs propres tribunaux60. Cependant, elles firent de plus en plus fréquemment appel à la justice du gouverneur ou de l’empereur, surtout quand la citoyenneté romaine se développa. En effet, et ce dès l’époque républicaine, l’accès au droit romain pour ceux qui étaient pourvus de la citoyenneté romaine impliquait d’avoir recours à un tribunal romain, en particulier quand l’accusé était un citoyen romain61. En outre, sous l’Empire, le tribunal du gouverneur et celui de l’empereur jugeaient en appel des plaintes diverses de particuliers ou de communautés. Ainsi, pour les problèmes d’exemption de taxes à verser à Corinthe pour l’organisation des jeux du culte impérial, Argos eut recours au jugement du gouverneur, pour faire appel d’une décision antérieure62. On y relève la procédure à suivre : une demande d’audience devait être envoyée puis, une fois accordée, une ambassade (pour les cités) ou un avocat (pour les particuliers) présentait l’affaire avant qu’elle ne soit acceptée. Comme le soulignait F. Jacques, cette procédure était plutôt favorable aux plus riches, cités ou particuliers, qui pouvaient se permettre de soutenir non seulement les frais d’ambassades, d’avocats..., mais aussi toutes les dépenses annexes, les cautions, y compris des cadeaux pour le personnel administratif63. Il est à noter aussi que les cités, plus encore que les particuliers, comprirent très vite l’intérêt à faire porter leurs affaires devant un tribunal romain par des mains compétentes64. Le gouverneur convoquait ensuite les différentes parties, soit au siège provincial, soit dans une ville donnée, puisque la justice du gouverneur était en partie itinérante65. La tenue d’assises par le gouverneur est bien attestée en Achaïe : on voit ainsi Iunius Gallion siéger à Corinthe, où les Juifs de la ville lui demandent de trancher dans le conflit qui les oppose à l’apôtre Paul66. Mais, à la différence d’autres provinces, comme celle d’Asie, on ne parvient pas à déterminer l’existence d’un itinéraire fixe67. Il est à noter que l’intégrité des cités libres fut encore respectée sous Marc Aurèle, par exemple pour la cité libre de Sparte, car l’empereur insista bien sur le fait que le gouverneur qui devait tenir ses assises pour entendre des Spartiates ne le fit point à Sparte même mais dans une cité voisine68. C’est particulièrement révélateur : l’empereur se faisait un devoir de veiller à l’intégrité de la cité. Ce même respect du territoire d’une cité libre se retrouve dans l’exemple d’Aphrodisias, où les habitants demandèrent, comme il se doit, à l’empereur Commode d’autoriser le gouverneur, à titre tout à fait exceptionnel, à venir dans leur cité pour confirmer les décisions prises par le curateur69. On voit très bien les enjeux diplomatiques d’une telle démarche.
21Comme Julien Fournier l’a montré dans sa thèse récemment parue, l’autonomie judiciaire des cités libres resta grande, mais le recours au tribunal de l’empereur ou à celui du gouverneur se développa aussi70. Il apparaît, par exemple, dans la correspondance de Pline le Jeune avec l’empereur Trajan, que les Messéniens firent appel à Auguste et les Spartiates, au moins à trois reprises, aux différents empereurs flaviens pour régler un litige vraisemblablement entre le tribunal local et les Grecs pourvus de la citoyenneté romaine à propos des θρεπτοί 71. Pline rappelle à l’empereur la jurisprudence en la matière : « On me lisait un édit, que l’on disait du divin Auguste, concernant Andania ; on m’a lu aussi des lettres du divin Vespasien aux Lacédémoniens, du divin Titus aux mêmes et aux Achéens, et de Domitien aux proconsuls Avidius Nigrinus et Armenius Brocchus et aussi aux Lacédémoniens... »72. Il est donc question du sort des enfants nés libres et exposés, recueillis et élevés dans des familles, souvent de citoyens romains, comme esclaves et dont les parents naturels réclamaient la liberté. Trajan répondit pour la province de Bithynie : « Oui, il y a les lettres de Domitien à Avidius Nigrinus et à Armenius Brocchus, qui sans doute méritent d’être suivies (...). C’est pourquoi ceux dont on revendiquera la liberté pour un motif de la sorte, il ne faut à mon avis ni qu’ils se voient refuser le droit de la demander, ni qu’ils aient à racheter cette liberté en réglant les dépenses faites pour leur entretien »73. Il en résulte que les familles d’accueil réclamaient alors le versement d’indemnités pour l’éducation et la nourriture fournies. Ce versement n’était pas possible la plupart du temps dans le droit des cités grecques ; c’est pourquoi ces Grecs ayant acquis la citoyenneté romaine faisaient appel à la justice romaine. L’attitude de l’empereur était alors de garder une grande prudence afin de ne pas bouleverser les usages en place dans les cités des provinces hellénophones74. Comme le nombre de citoyens romains augmentait dans l’Empire, ceux qui s’adressaient à l’empereur devenaient aussi plus nombreux. Plutarque se plaignait à ce propos que les notables de la province aient rendu les tribunaux locaux obsolètes en faisant systématiquement appel à un tribunal romain pour régler leurs litiges : « La principale cause de cette situation, c’est l’ambition et la volonté de dominer des premiers citoyens. Ou bien, par le tort qu’ils leur font, ils contraignent les plus faibles à s’exiler hors de la cité, ou bien, dans les différends qu’ils ont entre eux, ne voulant pas avoir le dessous au milieu de leurs concitoyens, ils vont chercher l’appui des autorités supérieures : le résultat c’est que le Conseil, l’Assemblée, les tribunaux et toutes les magistratures perdent leur autorité »75. Rédigeant ses préceptes politiques entre 96 et 114 ap. J.-C., Plutarque insiste sur cette pratique qui fit sentir ses effets négatifs à partir du règne de Domitien76. Selon toute vraisemblance, un empereur ou un officiel romain, que James H. Oliver considère être l’empereur Hadrien, que Julien Fournier préfère considérer comme le gouverneur d’Achaïe sous le règne d’Hadrien77, s’occupa de réformer le système de la procédure d’appel à la justice impériale, à l’occasion d’affaires concernant la cité libre de Sparte. En effet, l’inscription mutilée, trouvée à Mistra, gravée sur deux colonnes, est, dans sa deuxième partie, une lettre émanant des autorités romaines78. Il s’agissait de réglementer l’appel à la justice romaine. L’auteur de cette lettre décidait de maintenir la possibilité d’en appeler à un tribunal romain, non plus uniquement en appel, mais de façon régulière. Cependant, comme cela ouvrait le tribunal romain plus largement qu’auparavant, des restrictions étaient aussi prévues. Ainsi, le montant du préjudice subi par le plaignant devait être évalué et, si la somme était inférieure à un montant donné, le tribunal local devait suffire à instruire l’affaire. Dans le commentaire de cette décision, J. H. Oliver a d’abord lu la somme de 900 deniers79, mais il est ensuite revenu sur sa lecture : le signe à la ligne 7 de l’inscription, qui avait été interprété comme un sampi, serait en réalité une façon de laisser le montant de la somme à l’appréciation des autorités locales80. En effet, le texte se poursuit de la manière suivante : les synèdres seront amenés à se prononcer pour en décider. Si le dossier qu’ils auront examiné mérite l’attention de l’empereur, ils transmettront alors l’affaire à un tribunal romain, vraisemblablement celui du gouverneur, qui jugera s’il est pertinent ou non de le faire suivre à Rome. Les synèdres, conseillers locaux, étaient sans doute des membres de la Boulè81. Cette mesure revalorisait le rôle des tribunaux locaux et devait contribuer à soulager le tribunal du gouverneur. Les affaires les plus importantes continuèrent d’être adressées au tribunal de l’empereur comme l’affaire du sénateur Ti. Claudius Brasidas, ayant trait à une querelle d’héritage, certainement avec des parents de son ex-épouse, affaire qui fut jugée par Marc Aurèle en personne82. Toutefois, pour ces affaires d’importance, si l’on suit l’hypothèse de J. Fournier, le tribunal du gouverneur devenait l’échelon incontournable de l’examen du dossier avant d’en arriver à l’empereur. Cette proposition a le mérite de relancer le débat, mais elle reste une hypothèse et cette évolution eut peut-être lieu plus tard. En tout cas, il y aurait à cette époque une volonté d’équilibrage et de normalisation dans les procédures.
22L’envoi de chargés de mission extraordinaire apparaît en Achaïe à partir du règne de Trajan. Sous Hadrien, il est également possible qu’ils aient eu pouvoir d’agir en matière de justice. Ainsi, Hadrien envoya à Sparte Aemilius Iuncus, dont on sait par ailleurs, comme nous le verrons plus loin qu’il fut corrector en Achaïe, et qui apparaît dans une inscription spartiate avec le titre de δικαιοδότης 83. La nécessité de réformer le système judiciaire a pu donner à Hadrien l’idée de créer une nouvelle structure, le Panhellénion, et la fonction d’helladarque, mais pas forcément comme le pensait J. H. Oliver dans la perspective de soulager les tribunaux romains, mais plutôt dans la perspective de maintenir l’équilibre entre pouvoir central, instances fédérales et autorités locales84. Rien ne permet de dire que les helladarques aient eu des pouvoirs judiciaires et, en cela, nous suivons tout à fait l’idée de J. Fournier85.
Autonomie et intervention romaine en Achaïe aux iie et iiie siècles : chargés de mission extraordinaires et cvratores rei pvblicae
23Les cités, dont la gestion reposait principalement sur les notables locaux et sur leur capacité à assumer les magistratures et les charges, connurent aux iie et iiie siècles quelques difficultés pour trouver des fonds réguliers. Ces problèmes étaient souvent liés à l’accroissement des charges, puisque le développement urbanistique de cette époque impliquait des dépenses plus grandes, et aussi des gaspillages, mais pouvaient également être imputés à la mauvaise gestion des magistrats élus, aux malversations, ou encore au manque d’enthousiasme des notables à assumer le poids des honneurs et des liturgies86. Les cités avaient alors plusieurs possibilités, soit pour soulager les notables d’un poids financier croissant, soit pour les stimuler. D’une part, les cités pouvaient faire appel à leurs dieux ou à leurs héros pour prendre en charge certaines dépenses ou des magistratures dispendieuses. Ainsi, Asclépios à Épidaure ou Lycurgue à Sparte furent sollicités : le trésor d’Asclépios servit à payer l’érection des statues de Septime Sévère, Caracalla et Julia Domna87, où Lycurgue fut nommé plusieurs fois patronome éponyme et remercié pour sa générosité88. D’autre part, les empereurs et les membres de la famille impériale pouvaient également être désignés pour exercer un honneur, en général la magistrature éponyme89. Si l’empereur acceptait, un préfet ou un épimélète était désigné pour en assumer la charge. Le bénéfice pour la cité était alors double : la cité avait l’honneur d’avoir la faveur impériale et la générosité impériale était à la mesure de son rang. L’exemple bien connu est celui d’Hadrien qui fut patronome de Sparte et archonte à Athènes90. Les cités avaient aussi la possibilité de nommer un étranger à ces postes coûteux ; dans ce cas, l’étranger en question recevait la citoyenneté locale et assurait la magistrature. Ce fut le cas à Sparte, où Tib. Claudius Atticus, père du célèbre sophiste, fut nommé patronome à la fin de sa vie sous le règne d’Hadrien91. Athènes eut également souvent recours à cette pratique pour la fonction d’archonte, qui fut occupée entre autres par Tib. Claudius Philoppapus, descendant du roi de Commagène, et par son cousin le Spartiate C. Iulius Eurycles Herculanus, mais il y avait eu aussi auparavant d’autres Romains plus ou moins influents comme le chevalier Q. Trebellius Rufus, grandprêtre de Narbonnaise et vraisemblablement archonte d’Athènes92.
24Pour stimuler la concurrence entre les notables, les cités multiplièrent les hommages rendus aux généreux concitoyens acceptant les timai ; les Spartiates et les Messéniens eurent même recours à la création d’un concours visant à désigner le Meilleur des citoyens : le concours de l’aristopolitie93. Il est également à noter que les cités grecques n’hésitaient plus à octroyer leur citoyenneté aux grands notables, qui avaient d’ailleurs massivement acquis la citoyenneté romaine à cette époque d’apogée de l’Empire. La raison résidait dans le fait que, par le biais d’alliances matrimoniales entre les notables des cités d’Achaïe, ces oligarques avaient des parents et des terres dans plusieurs cités. Et ces dernières en profitaient pour leur concéder le droit local de manière à pouvoir leur faire endosser des responsabilités coûteuses en leur sein. On a alors la surprise de voir des notables, tels des vainqueurs aux jeux – ils étaient devenus les membres d’une telle catégorie à Sparte et à Messène à la suite du concours de l’aristopolitie –, pourvus de plusieurs citoyennetés et de plusieurs cursus94.
25Si le gouverneur ne pouvait intervenir dans les cités libres, il était dans ses attributions de le faire dans les cités stipendiaires. Seul l’empereur, garant de la concorde et de l’unité de l’Empire, pouvait prendre des mesures nécessaires pour rétablir un bon fonctionnement des institutions et une bonne gestion civique dans les cités libres en difficulté, en particulier en cas de grave déséquilibre financier. À partir du iie siècle, il usa dans les provinces de l’Empire de plusieurs possibilités qui s’offraient à lui : soit de désigner un officiel romain pour une mission exceptionnelle avec des pouvoirs extraordinaires, lui permettant d’agir sur plusieurs cités libres, voire sur toutes les cités libres de la province, soit de nommer un curateur de cité, ayant une mission bien plus limitée dans l’espace. Le principal souci au départ fut de conserver, sauf exceptions comme le cas de Pline en Bithynie, le principe que les cités libres continueraient à échapper à la juridiction du gouverneur : cela explique la nomination d’officiels indépendants du gouverneur, directement responsables devant l’empereur. Ces chargés de mission et ces curateurs furent donc plus nombreux dans les provinces sénatoriales de l’Empire, surtout en Afrique et en Asie, et également en Achaïe.
26Ces officiels romains chargés d’une mission exceptionnelle ont divers titres et fonctions. Il y a, d’une part, la catégorie des légats impériaux, chargés de mission extraordinaire, envoyés souvent dans le but de régler des conflits de frontières qu’il faut distinguer, même s’ils devaient d’ailleurs avoir des pouvoirs assez proches de ceux des correcteurs95. Il existe également des correctores (διορθωταί ou aussi à partir de Septime Sévère ἐπανορθώται) – ceux qui redressent ou réforment les cités libres – ou qui sont encore nommés épimélètes, dans certains cas. Ils ont attiré l’attention de J. H. Oliver, qui en a dressé la liste, reprise par E. Guerber et par J. Fournier96. L’Achaïe accueillit le plus grand nombre de correctores connus : la moitié à elle seule. L’on débat pour savoir si leur présence commença sous le règne de Vespasien ou plus vraisemblablement sous celui de Trajan ; or, en réalité, la nomination de ces chargés de mission ne fut pas régulière. Elle correspondait à un besoin ponctuel d’aide en matière judiciaire et financière. En effet, les pouvoirs de ces chargés de mission pouvaient comprendre ceux des curatores ou logistai, vérificateurs de comptes, mais pouvaient également s’étendre au domaine judiciaire. L’un des premiers personnages connus envoyés en Achaïe fut un proche de Pline le Jeune9797, Maximus, le personnage que nous citions en introduction, identifié par E. Groag à Sex. Quintilius Valerius Maximus98. Maximus est l’un des quatre envoyés qui eut pour mission de se rendre à Sparte99. Entré au Sénat sous le règne de Nerva, il aurait été envoyé en Grèce, selon E. Groag, juste après sa préture, qu’il situe vers 103. La lettre que Pline adressa au futur corrector d’Achaïe, Maximus, nous permet d’apprendre son existence et le but de sa mission : « vous y êtes envoyé pour remettre de l’ordre dans les constitutions de cités libres, vous allez donc à des hommes libres, libres entre tous, qui après avoir reçu ce privilège de la nature l’ont conservé par le courage, le mérite, les alliances, enfin les traités et le culte de la religion »100. Un peu plus loin dans cette lettre, Pline précise qu’il se rend principalement à Sparte et à Athènes101. Il apparaît nettement, comme le souligne J.-L. Ferrary, que l’on a « l’image d’un Empire où l’importance de l’hellénisme est pleinement reconnue » ; empereurs philhellènes et personnel administratif romain s’en font les échos102. On voit l’extrême prudence et les efforts diplomatiques déployés par les fonctionnaires romains pour réorganiser sans désorganiser. On voit aussi le comportement des Romains : ils sont très soucieux de maintenir les traditions ancestrales de la Vieille Grèce et d’assurer le respect de sa gloire culturelle.
27Un autre chargé de mission extraordinaire, dont nous avons évoqué plus haut le nom dans la correspondance de Pline, est connu sous Trajan en Achaïe : il s’agit de C. Avidius Nigrinus, attesté à Delphes et à Athènes en qualité de légat d’Auguste propréteur vers 114103. Il occupa sa fonction sans doute après son consulat obtenu en 110 ap. J.-C. Il est possible qu’il ait remplacé le proconsul dans ses fonctions, comme ce fut le cas de Pline le Jeune en Bithynie. Le père et l’oncle de ce légat firent partie des amis de Plutarque104.
28Sous le règne d’Hadrien, le corrector (διορθωτής) envoyé en Achaïe est Aemilius Iuncus, déjà évoqué plus haut comme δικαιοδότης à Sparte105. Sa présence est aussi attestée à Coronée, en Béotie, où son arrivée est annoncée par une lettre d’Hadrien en 135 ap. J.-C., et à Delphes sur une inscription (datant sans doute de 135 ap. J.-C.) dont l’étude complète a été faite par Jean-Louis Ferrary et Denis Rousset106, et également à Athènes107. Ce dernier titre ne doit pas correspondre à iuridicus, comme c’est souvent le cas, mais doit sans aucun doute être mis en relation avec l’une de ses attributions en qualité de chargé de mission extraordinaire en Achaïe108. Avec l’empereur Hadrien, il a recommandé au concours de l’aristopolitie le Spartiate Tib. Claudius Harmonicus109. Cette forme d’intervention impériale, qui consistait à désigner un candidat pour l’élection à un honneur, était en réalité une désignation. Cette ingérence dans la vie des cités était en fait exceptionnelle et ne se produisait que dans des cités où les liens personnels avec l’empereur étaient particulièrement forts, comme ce fut le cas à Sparte, où Hadrien fit deux séjours, et cela n’est pas sans rappeler les liens qu’avaient jadis entretenus Auguste et Sparte110. En outre, cela devait être perçu non comme une intervention arbitraire, mais comme un honneur rendu. Aemilius Iuncus fut consul en 127 ap. J.-C. Il porte à Athènes le titre de πρεσβευτὴς Σεβαστοῦ καὶ ἀντιστράτηγος et à Delphes celui de ὑπατικòς διορθωτὴς τῶν ελευθέρων δ[ήμων], ce dernier étant l’équivalent de corrector ad ordinandum statum liberarum ciuitatium111. Il devait avoir accompli sa mission alors que le gouverneur restait en place, et ce n’est que sous Marc Aurèle que l’on observe une évolution, sans doute liée à la conjoncture extérieure. Il faut peut-être ajouter Pactumeius Clemens au nombre des correctores, car il est mentionné comme légat du divin Hadrien à Athènes, Thespies, Platée, et en Thessalie en 125112. Notons que J. Fournier ajoute l’anonyme de Delphes, dont l’existence n’est connue que par des fragments que l’on est bien en peine de dater (iie-iiie s.)113.
29En effet, le système évolua dans le dernier quart du iie siècle de telle manière que le magistrat envoyé pour s’occuper des cités libres pouvait aussi être le gouverneur de la province en question. Dans cette perspective, les pouvoirs du gouverneur étaient étendus. Sous Marc Aurèle, la situation fut même particulière puisque ce furent deux envoyés, les frères Quintilii, qui, selon Philostrate, occupèrent la fonction de « gouverneurs de la Grèce » : ὁ πότε ῆχον τῆς Ἑλλάδος et ὁ πότε ἄμϕω τς Ἑλλάδος ἠρχέτην114. On a identifié ces deux sénateurs, deux frères : l’un se nomme Sex. Quintilius Condianus et l’autre Sex. Quintilius (Valerius) Maximus ; ils furent consuls en même temps en 151 ap. J.-C.115. On hésite encore pour déterminer leur titre exact et les compétences que cela impliquait. On a d’abord pensé que l’un était proconsul et l’autre son légat. De fait, c’était souvent le cas dans les provinces sénatoriales, le gouverneur choisissait dans son entourage direct ses adjoints116. Puis on a envisagé de voir le corrector et son comes117. J. H. Oliver proposait, quant à lui, de l’interpréter comme un collège de deux sénateurs de rang consulaire, car ils apparaissent dans l’inscription de l’agora d’Athènes qu’il a publiée, comme οἱ κράτιστοι Κυιντίλιοι 118. Cette lettre de Marc Aurèle aux Athéniens (174/175) fait allusion aux procès en reddition de comptes des anciens magistrats devant les Quintilii. Tous deux auraient été proconsuls et correctores des cités libres entre 171 et 175. Selon E. Guerber, suivi par J. Fournier, il est possible que la province ait alors été détachée de la gestion publique et confiée à la bienveillance impériale119. Ils auraient eu des attributions identiques dans la tradition romaine qui favorisait la collégialité, permettant un meilleur contrôle des fonctions et évitant les abus de pouvoir. Il est à notre avis aussi possible de considérer qu’ils ont pu remplir cette mission à tour de rôle, d’où l’amalgame entre leurs deux fonctions, renforcé par leur consulat conjoint et par le fait que plusieurs membres de cette famille, originaire d’Alexandria Troias, ont eu des responsabilités au sein de cette province, à commencer par Quintilius Maximus, de l’époque de Trajan, que nous évoquions plus haut, puis sous Hadrien le légat d’Achaïe120. L’aspect extraordinaire de leur fonction peut aussi s’expliquer par le contexte militaire et politique : il est possible que les guerres menées par Marc Aurèle lui coûtant cher, ce dernier ait cherché de nouvelles ressources et se soit adressé, à plusieurs reprises et à intervalles brefs, aux cités libres, nombreuses en Achaïe, pour qu’elles fournissent des services en argent, en matériel ou/et en volontaires. On s’expliquerait mieux alors la présence successive de deux consulaires, choisis avec soin dans la même famille, car ses membres avaient déjà fait la preuve de savoir-faire et de diplomatie, et avaient probablement noué des liens de clientèle, facilitant leur travail sur place.
30Des pouvoirs, assez semblables probablement à ceux des Quintilii, sont également attestés ensuite sous Septime Sévère en Achaïe, car Claudius Demetrius fut à la fois légat d’Auguste propréteur et corrector des cités libres entre 193 et 198, avant que Caracalla ne soit associé à l’Empire121. Le contexte de la guerre civile, en particulier les conséquences de l’affrontement avec Pescennius Niger, qui avait trouvé des appuis en Orient, nécessita sans doute l’envoi d’un corrector dans cette province ainsi que la désignation de curateurs.
31Un autre gouverneur et corrector est connu sous le règne de Septime Sévère après la guerre civile (donc après 198) : il s’agit de Ti. Claudius Callippianus Italicus, attesté à Athènes comme bienfaiteur en qualité de légat propréteur des Augustes – Septime Sévère et Caracalla –, curateur et correcteur des cités libres, également honoré à Delphes122. Ce sénateur était de rang consulaire et fut à la fois gouverneur et correcteur des cités libres, comme Cn. Claudius Leonticus, dont on doit sans doute situer la fonction sous le règne de Caracalla123. Ce dernier est connu par de nombreuses inscriptions et sa mission fut sans doute postérieure à 212124. Selon une inscription de Delphes, il aurait même surpassé par sa valeur et sa justice tous ses prédécesseurs125.
32Il y a aussi au cours de cette période le légat des Augustes propréteur, C. Licinnius Telemachus, qui fut également curateur de la cité d’Athènes126. Une inscription du Pirée le signale comme curateur clarissime127. Ajoutons le nom d’Egnatius Proculus, un autre corrector clarissime (λαμπρότατος), qui est attesté à Sparte, cette fois, lors de la quatrième patronomie du dieu Lycurgue128. E. Groag envisageait de le situer sous le règne de Septime Sévère129 ; pour sa part, A. Spawforth considère que le grand nombre d’Aurelii présents dans l’inscription la place après l’édit de 212. Il propose donc de l’identifier avec Q. Egnatius Proculus, consul suffect en 219 et gendre de L. Marius Perpetuus130, qui aurait donc pu être en poste en Achaïe vers 221. Ce gouverneur approuva la nomination d’un notable spartiate, P. Memmius Pratolaus qui et Aristocles en qualité de juré dans le tribunal du gouverneur.
33Ensuite, Paulinus ἡ[γ]ε[μὼν] καὶ διορθίοτὴς [τῆς Ἑλλ]άδος n’était connu que par son cognomen, attesté dans une inscription mutilée trouvée à Sparte, mais une base de statue assez récemment dégagée des fouilles du théâtre a permis de lire aussi son gentilice : Iulius Paulinus131. On y apprend qu’il fit réparer le pont sur l’Eurotas pour améliorer les communications dans cette partie du Péloponnèse. Selon A. Spawforth, ce serait une façon de faciliter la levée des munera que Sparte avait de plus en plus à fournir aux Romains dans le cadre des liens d’amitié entretenus avec Rome132. Les paysans de la chora de Sparte auraient ainsi un accès facilité aux lieux de stockage urbains. A. Spawforth place sa fonction dans le second quart du iiie siècle ap. J.-C.133. Un autre corrector est attesté dans une inscription de Sparte, une lettre adressée aux Spartiates, au iiie siècle, avant le règne de Dioclétien ; cependant, son nom n’étant pas conservé, il est difficile de préciser la date de cette fonction134.
34Enfin, sous Sévère Alexandre, un autre gouverneur fut aussi corrector en Achaïe : il s’agit de L. Egnatius Victor Lollianus, attesté à Thèbes135. Ce sénateur est connu comme légat de Galatie en 218 et fut proconsul d’Asie, ainsi que le confirment deux inscriptions trouvées récemment à Smyrne136, pour la troisième année entre 244 et 247 : son consulat et son poste en Achaïe se situent donc entre ces deux dates.
35Le cumul de plus en plus fréquent des fonctions de gouverneur et de corrector dans la province d’Achaïe à partir des Sévères est sans doute le signe d’une différence de moins en moins prononcée entre les cités libres et les autres cités de la province, en particulier en ce qui concernait la pression fiscale, liée aux différentes opérations militaires menées par les empereurs. Il n’en reste pas moins que le statut privilégié des cités libres ne fut pas remis en question et l’on envoya toujours des personnages de haut rang, signe de reconnaissance de l’importance de la fonction et de la dimension que les princes voulaient leur donner.
36En définitive, si à un moment donné une cité se trouvait dans une impasse financière, il lui était possible d’en appeler à l’empereur qui nommait alors un logiste ou curateur rei publicae, chargé de faire un bilan du fonctionnement des institutions et de proposer des solutions pour redresser les comptes de la cité. La nomination d’un curateur fut utilisée aussi bien en Italie que dans les provinces de l’Empire. Ces curateurs de cité, appelés logistes dans les provinces orientales, ont fait l’objet d’une étude approfondie menée par F. Jacques, essentiellement centrée sur les provinces occidentales de l’Empire romain et pour les provinces orientales, d’une analyse de G. P. Burton, en réalité consacrée à l’Asie Mineure137. Les curateurs rei publicae étaient chargés de vérifier et de redresser si nécessaire les finances d’une cité. Le logiste existait déjà dans l’Athènes classique où il faisait partie d’un tribunal chargé de vérifier les comptes des magistrats en sortie de charge. Pour l’époque impériale, les historiens virent dans cette nouvelle fonction une intervention de l’empereur dans les affaires de la cité, une ingérence et une restriction à la liberté des cités. F. Jacques a montré que la désignation d’un curateur, si elle était bien du ressort de l’empereur, puisqu’il est clairement spécifié que le curateur était datus ab imperatore138 comme c’est souligné dans une inscription d’Épidaure, n’entraînait pas un parti pris de celui qui était chargé de vérifier les comptes de la cité en faveur de l’empereur139. Ce dernier intervenait alors en faveur de la cité : il lui manifestait sa bienveillance, son indulgentia et sa iustitia. En outre, à l’époque qui nous intéresse, les curateurs intervenaient de façon trop ponctuelle pour entraîner un véritable contrôle de la cité. Ces curateurs étaient choisis parmi les sénateurs ou parmi les notables d’autres cités que celle dont les comptes étaient vérifiés et cette fonction ne fut intégrée au cursus local qu’à la période tardive140. Dans le principe, le curateur était nommé pour le bien de la cité, dont les ennuis financiers pouvaient être tels que la cité risquait d’être menacée de disparaître, en raison de conditions désastreuses et d’une gestion qui n’était pas toujours très saine. La cité n’était certes pas consultée pour le choix du curateur. Comme on le voit à Aphrodisias, cité libre de la province d’Asie, il était possible que ce soit la cité elle-même qui ait demandé à l’empereur d’envoyer un curateur et de laisser le gouverneur de la province d’Asie agir en tant que corrector141. En général, même si la nomination du curateur était réservée à l’empereur, le gouverneur ou des agents impériaux pouvaient recommander certaines personnes. Il en résulte que, la plupart du temps, les gens recrutés pour ces postes étaient des notables ayant déjà eu de nombreux contacts avec l’administration romaine et pourvus d’un patronage romain. Si l’on regarde la liste (tableau infra) de ceux qui sont attestés dans le Péloponnèse, nous constatons que tous les logistai avaient la citoyenneté romaine ; la seule exception concerne un personnage qui, sous Hadrien, exercait la fonction d’épimélète. Il est fort possible que ce soit déjà un curateur de cité. D’ailleurs, comme le souligne S. Follet, Marc Aurèle et Commode ont sans doute déjà songé à envoyer un curateur à Athènes en 179/180142. En outre, ces curateurs étaient bien souvent remerciés pour leur action et leurs qualités de modération étaient louées dans les inscriptions.
37La liberté des Grecs est un thème important pour le discours impérial. Il a servi à justifier l’idéologie et l’histoire politique de la conquête de Rome, mais une fois celle-ci acquise, il est à nouveau utilisé pour accompagner l’intégration des Grecs à l’Empire. La tentative menée par Néron fut trop politique pour être durablement acceptée par les Romains eux-mêmes, elle ne fut donc pas poursuivie par ses successeurs. De fait, au iie siècle, Hadrien joua plus subtilement la carte culturelle grecque à une époque où les « Grecs » de l’élite locale étaient devenus de plus en plus « Romains », non seulement par l’acquisition de la citoyenneté romaine, qui avait été obtenue pour un certain nombre de ses membres depuis plusieurs générations, mais aussi grâce à l’adhésion des prôtoi de la province au système politique romain et à leur participation active. Notons qu’en matière d’intégration et de philhellénisme, la part revenant à Trajan mérite sans doute d’être valorisée, comme d’ailleurs celle de l’empereur Domitien, car l’abolitio memoriae masque en partie la continuité de la politique menée par les Antonins. Les Romains restaient les maîtres du jeu politique impérial et, en même temps, l’empereur maintenait et garantissait très largement l’autonomie des cités grecques, son intervention étant acceptée, voire souhaitée. En même temps, les dirigeants romains concédèrent assez volontiers la primauté culturelle à la Grèce. Ils encouragèrent son épanouissement qui se traduisit par ce que l’on appelle « la Renaissance grecque ». Pour les autres aspects de l’autonomie des cités grecques, et en particulier l’organisation interne de celles-ci, que nous n’avons pas étudiés ici, la réflexion doit se poursuivre…143
Notes de bas de page
1F. Jacques, Le privilège de liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les cités de l’Occident romain (161-244) (CEFR 76), Rome, 1984 (= Privilège) ; id., « Municipia libera de l’Afrique proconsulaire », dans Epigraphia. Actes du colloque de Rome 1988 (CEFR 143), Rome, 1991, p. 583-606 (en partic. p. 597 : « la “liberté” des cités pouvait avoir un contenu juridique précis, relavant de l’idéologie et du droit »).
2Plin., ep., VIII, 24, 2 : Cogita te missum in prouinciam Achaiam, illam ueram et meram Graeciam, in qua primum humanitas, litterae, etiam fruges inuentae esse creduntur. Le texte et la traduction sont systématiquement de M. Durry, CUF, Paris, 2e éd., 1959.
3D. Nörr, Imperium und Polis in der Hohen Prinzipatzeit, Munich, 1966-1969 (éd. révisée) (= Imperium).
4A. H. M. Jones, « Civitates liberae et immunes in the East », dans W. M. Calder et J. Keil (éd.), Anatolian Studies presented to W. H. Buckler, Manchester, 1939, p. 103-117, partic. 109.
5R. Bernhardt, Imperium und Eleutheria : die römische Politik gegenüber den freien Städten des griechischen Ostens, Hambourg, 1971 et ses deux articles : « Die Immunitas der Freistädte », Historia, 29, 1980, p. 190-207 et « Immunität und Abgabenpflichtkeit bei römischen Kolonien und Munizipien in den Provinzen », Historia, 31, 1982, p. 343-352 (= Immunität).
6J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme : aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde Guerre de Macédoine à la Guerre contre Mithridate, Rome, 1988 (= Philhellénisme et impérialisme) ; id., « Le statut des cités libres à la lumière des inscriptions de Claros », CRAI, 1991, p. 557-577 ; id., « La liberté des cités et ses limites à l’époque républicaine », Med. Ant., 2, 1999, p. 69-84.
7P. Veyne, « L’identité grecque devant Rome et l’empereur », REG, 112, 1999, p. 510-597 puis dans L’Empire gréco-romain, Paris, 2005, en partic. « L’identité grecque contre et avec Rome : “collaboration” et vocation supérieure », p. 163-257.
8É. Guerber, Recherches sur les cités libres de la partie hellénophone de l’Empire romain d’Octave Auguste au dernier tiers du iiie siècle, thèse dactylographiée, Paris X-Nanterre, 1997 (résumée dans « Les cités libres à l’époque romaine », DHA, 23/1, 1997, p. 301-310) ; id., « Le thème de la liberté des Grecs et ses prolongements politiques sous le Haut-Empire », dans H. Inglebert (éd.), Idéologies et valeurs civiques dans le monde romain, Hommage à Claude Lepelley, Paris, 2002, p. 123-142 (= Liberté) et id., Les cités grecques dans l’Empire romain. Les privilèges et les titres des cités de l’Orient hellénophone d’Octave à Dioclétien, Rennes, 2009, partic. p. 33-77.
9E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, t. 2, Nancy, 1982, p. 169 et s. ; J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, p. 83 et s. ; voir également id., « Rome, Athènes et le philhellénisme dans l’Empire romain, d’Auguste aux Antonins », dans Filellenismo e tradizionalismo a Roma nei primi due secoli dell’Impero, Rome, 27-28 avril 1995, Rome, 1996, p. 183-210 (= Athènes).
10Ainsi, sur l’importance de ce thème dans la littérature grecque, voir J. de Romilly, « Le thème de la liberté et l’évolution de la tragédie grecque », dans Théâtre et spectacles dans l’Antiquité, Actes du colloque de Strasbourg, 5-7 nov. 1981, Strasbourg, 1983, p. 215-226.
11J.-M. Bertrand, « La revendication de liberté. Réflexions sur les modalités du discours politique dans les cités grecques », dans M. Molin (éd.), Images et représentations du pouvoir et de l’ordre social dans l’Antiquité, Paris, 2001, p. 11-25.
12Dion de Pruse, Discours rhodien, Or., 31, 111. On retrouve cette idée chez Aelius Aristide, En l’honneur de Rome, 34-36 ou chez l’empereur Marc Aurèle, Écrits pour lui-même, I, 14.
13En effet, les cités libres et les cités fédérées ne sont pas considérées comme appartenant à la province, c’est-à-dire soumises au système administratif romain de la prouincia dirigée par un gouverneur.
14M. Holleaux, BCH, 12, 1888, p. 305-315; IG, VII, 2711; J. H. Oliver, Greek Constitutions of Early Roman Emperors from Inscriptions and Papyri, Philadelphie, 1989, no 18 (= Greek Constitutions).
15M. Holleaux, « Discours prononcé par Néron à Corinthe en rendant aux Grecs la liberté, 28 novembre 67 ap. J.-C. », BCH, 12, 1888, p. 510 et s. = Études d’Épigraphie et d’histoire grecques, Paris, 1968, p. 165-185, ici p. 167, lignes 12-15 ; voir l. 1-6 : « j’ordonne aux habitants de cette province d’être présents, en aussi grand nombre que possible, à Corinthe, le quatrième jour avant les Kalendes de décembre ».
16On voit très bien, après la mort de Néron et à l’avènement de Vespasien, l’importance pour ces cités de négocier avec le nouveau dirigeant romain le maintien des privilèges acquis sous le précédent. Voir C. Hoët-van Cauwenberghe, « Condamnation de la mémoire de Néron en Grèce : réalité ou mythe ? », Neronia VII, Rome, l’Italie et la Grèce. Hellénisme et philhellénisme au premier siècle ap. J.-C., VIIe Colloque international de la SIEN, Athènes les 21-23 octobre 2004, Yves Perrin (éd.) (coll. Latomus, 305), Bruxelles, 2007, p. 225-249.
17Auguste à Tarse : Dion de Pruse, Or., 33, 17 ; 34, 8. Hadrien nomothète : IG, VII, 70-82 ; 3491 ; SEG, 17, 1960, 80 ; I. E. Petrocheilos, « An Unpublished Inscription from Kythera », ABSA, 83, 1988, p. 352-362 (nomothète et évergète, SEG, 38, 1988, 331 et 331 bis) ; Dio Cass., 69, 16, 1-3 ; Hier., Chron., an. 2137 ; voir S. Follet, Athènes au iie et au iiie siècle. Études chronologiques et prosopographiques, Paris, 1976, p. 117 (= Athènes) ; J. Reynolds, « Hadrian, Antonius Pius and the Cyrenaican Cities », JRS, 68, 1978, p. 118.
18IG, V, 1, 18b, 12. On y apprend en outre l’existence d’une banque de change qui procurait des revenus à la cité. Selon A. Spawforth, cette banque aurait changé l’argent des clients et des commerçants venant faire des affaires à Sparte contre du bronze local, que la cité avait le privilège de frapper. La banque prenait alors un pourcentage sur le change. Voir A. H. M. Jones, The Greek City from Alexander to Justinian, Oxford, 1940, p. 245 (= Greek City) ; A. Spawforth, (avec P. Cartledge), Hellenistic and Roman Sparta, a Tale of two Cities, Londres-New York, 1989 (= Sparta), p. 151.
19J. Reynolds, Aphrodisias and Rome. Documents from the Excavations of the Theater at Aphrodisias conducted by K. T. Erim, Londres, 1982, no 15 (= Aphrodisias).
20Sur Delphes : lettre d’Hadrien confirmant la liberté et l’autonomie en 118, puis lettre de Marc Aurèle et Lucius Vérus en 164/165 et lettre de Septime Sévère : respectivement J. H. Oliver, Greek Constitutions, no 62 p. 157 ; no 117 p. 360 et no 214 p. 433. Voir É. Guerber, Liberté, p. 130-131.
21Voir J. H. Oliver, « The Roman Governor’s Permission for a Decree of the Poleis », Hesperia, 23, 1954, p. 163-167 ; D. Nörr, Imperium, p. 23 et s.
22IG, IV, 1600 (= Corinth, 8, 1, 80) : Γν(αον) Κορνήλιον Τιβ(ερίου) Κορνηλίου Πούλχρου υἱὸν Θαβία(ι) Πο[λ]χρον στρατηγòν / τς πόλεως Κορινθίων πενταετηρικόν, ἀγωνοθέτην Καισαρείων Ἰσθμίων. ἀρχιερ[ἐα] / τς Ἑλλάδος καὶ ἑλλαδάρχην ἀπò το κοινο τν Ἀχαιν συ[νεδ]ρίου διὰ βίου. Ἠπείρου / ἐπίτροπον. Αίγύπτου καὶ Ἀλεξανδρείας δικαιοδότην. ἄρχον[τα το] Πανελληνίου καὶ ἱερέα / Ἁδριανο Πανελληνίου, ἄλλας τε μεγάλας δωρεὰς ἐπιδόντα καὶ τὴν ἀτε[λειαν] τ(ι) πόλει παρασχόντα / Καλπουρνία Φροντενα ἡ ἀδελ[ϕή]. Voir aussi sur ce personnage : Corinth, 8, 1, 81 et 8, 3, 139 (SEG, 39, 1989, 334). R. Bernhardt, Immunität, p. 351 n. 57, reconnaissait ne pas savoir à quels impôts cela correspondait. Sur Cn. Cornelius Pulcher, voir PIR2, C 1424 ; H. Devijver, Prosopographia militarum equestrium quae fuerunt ab Augusto ad Gallienum, Louvain, 1976-1980, C 245 et suppl. I, C 245 ; A. Rizakis et S. Zoumbaki, Roman Peloponnese I. Roman Names in their Social Context, Athènes, 2001, COR no 228 p. 302-305 ; ARG no 117 p. 188-189 (= RP) ; voir aussi F. Camia, « Imperial Priests in the Second Century Greece : a Socio-political Analysis », dans Pathways to Power. Civic Elites in the Eastern Part of the Roman Empire, Proceedings to the Workshop, Athènes, déc. 2005, E. Greco et A. Rizakis (éd.), Athènes, 2008, p. 32-33.
23M. Walbank, AJN, 1, 1989, p. 79-87. Monnaie : Corinth, 6, no 126. Sur le Marsyas, voir note suivante. Voir également F. Millar, « Ciuitates liberae, coloniae and Provincial Governors under the Empire », Mediterraneo Antico, 2, 1999, p 95-113 (partic. p. 113).
24Sur la symbolique du Marsyas, voir P. Veyne, « Le Marsyas colonial et l’indépendance des cités », RPh, 35, 1961, p. 87-98 (sur Patras, p. 93-94) ; E. W. Klimowsky, « The Origin and Meaning of Marsyas in the Greek Imperial Coinage », Israel Numismatic Journal, 6-7, 1982-1983, p. 88-101 (partic. p. 93-96).
25Pausanias, 4, 35, 3: Μοθωναίοις δὲ βασιλεὺς μὲν Τραϊανòς ἔδωκεν ἐλευθέρους ὄντας ἐν αὐτονομίᾳ πολιτεύσθαι.
26On sait par une lettre datée de 161 que cette liberté, accordée par les ancêtres de Marc Aurèle et Lucius Vérus, fut confirmée par Antonin : J. H. Oliver, Greek Constitutions, no 117. Il est possible que Platées ait également fait partie de ces cités libres. Voir C. Muller, Rome et la Béotie de la Basse époque hellénistique à la fin du Haut-Empire, thèse dactylographiée, Lyon, 1996, p. 182-183 (= Béotie).
27Il est qualifié de Sauveur dans le Péloponnèse : IG, V, 1, 380 (Sparte) et 1381 (Thuria). Voir A. Spawforth, Sparta, p. 105 ; K. Arafat, Pausanias’ Greece, Ancient Artists and Roman Rulers, Cambridge, 1996, p. 159. À Olympie, et plus généralement en Grèce, il est possible que Trajan ait contribué plus que l’on ne le soupçonne à la renaissance grecque, car sa statue, dédiée par oἱ πάντες῞Ελληνες, , tous les Grecs, figurait dans le temple de Zeus : Pausanias, 5, 12, 6.
28Pausanias, 8, 43. Pallantion fit partie au ive siècle av. J.-C. du synœcisme de Mégalopolis sans qu’il y ait eu toutefois déplacement de population. On peut penser que la ville connut plusieurs phases de liberté, voir M. Jost, Sanctuaires et cultes d’Arcadie, Paris, 1984, p. 197 (= Sanctuaires). Antonin ne fit sans doute qu’entériner une réalité en rendant à Pallantion sa liberté : le synœcisme de Mégalopolis n’était pas une grande réussite et Mégalopolis se trouvait en porte-à-faux par rapport au mouvement d’exode rural qui se produisit à cette époque dans tout le Péloponnèse.
29Pausanias, 8, 43. Voir J. Bayet, « Les origines de l’arcadisme romain », MEFRA, 37-38, 1918-1920, p. 63-143 ; M. Jost, Sanctuaires, p. 197-199 ; J. Poucet, Les origines de Rome, tradition et histoire, Bruxelles, 1985, p. 184 et s. ; A. Delcourt, « Évandre à Rome », Latomus, 60, 2001, p. 829-863 ; voir M. Jost et C. Hoët-van Cauwenberghe, « La vie religieuse en Arcadie à l’époque du Haut-Empire », dans Roman Peloponnese III, A. Rizakis (éd.), Mélétémata no 63, Athènes, 2010, p. 297-314.
30La bibliographie étant abondante sur ce personnage, nous renvoyons simplement à PIR2, C 802 ; S. G. Byrne, Roman Citizens of Athens, Louvain, 2003, no 8 p. 114-122 ; J. Tobin, Herodes Attikos and the City of Athens. Patronage ad Conflict under the Antonines, Amsterdam, 1997 et C. Hoët-van Cauwenberghe, « La fin des princes hellénistiques en Achaïe romaine aux ier et iie siècles après J.-C. », dans S. Benoist (éd.), Mémoire et histoire, les procédures de condamnation dans l’Antiquité (coll. du CRULH no 31), Metz, 2007, p. 154 n. 2 (= Princes).
31Même chose pour ce personnage : PIR2, I 302 ; A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, Roman Peloponnese II, Athènes, 2004, LAC no 462 p. 286-294 (= RP), et notre article Princes, p. 153 n. 1.
32J. H. Oliver, Marcus Aurelius. Aspects of civic and cultural Policy in the East (Hesperia, suppl. 13), Princeton, 1970, p. 132 et s. (= Marcus Aurelius) ; contre : A. R. Sheppard, « Homonoia in the Greek Cities of the Roman Empire », Anc. Soc., 15-17, 1984-1986, p. 239 et s. Voir surtout C. P. Jones, « The Panhellenion », Chiron, 26, 1996, p. 29-56, partic. p. 38-39 (= Panhellenion).
33A. Spawforth et S. Walker, « The World of the Panhellenion, I. Athens and Eleusis », JRS, 75, 1985, p. 78-104 ; C. P. Jones, Panhellenion, p. 29-56.
34Voir D. Nörr, Imperium, p. 48 et s.
35Voir F. Jacques, Privilège, p. 796 et s.
36Strabon, VIII, 5, 5.
37Il s’agit bien d’auxiliaires car un décurion (decatarches) est attesté dans l’inscription IG, V, 1, 818 : [---] / [---ἔτη] ΚΒ. [ἀποβι]ώ]σας ἐν Σαμ[οσάτοις / στ]ρατευόμεν[ος / έ]πὶ τοὺς Πέρσα[ς / δ]εκατάρχης. Le monument de Dioscoras est élevé par son frère selon l’inscription IG, V, 1, 816 retrouvée devant le théâtre : Διοσκορα / χαῖρε. ἔτη βιώ[σας εἴκοσι /καὶ ἔξ· / ἀπελθὼν δὲ / εἰς τὴν εὐτυχεσ/στάτην συ/νμαχίαν τὴν / κατὰ Πε<ρ>σν / καὶ ἐπανελχόμε/νος ἐν Ἰερα/τόλι / ἐτελεύτησεν / προσδεξαμένου / [τò ἀνάλ(ωμα) το] ἀδελϕο / [...]ονίκου / [το ---]. Si le nom du défunt y apparaît unique, il y a vraisemblablement la place en fin d’inscription pour la filiation des deux frères, qui sont donc deux pérégrins. Y participa également Lycinus, fils de Lycinus, IG, V, 1, 44, l. 4-6 (SEG, 11, 1954, 486), dont l’inscription (mutilée à droite) rappelle le cursus sous Antonin et Marc Aurèle. Dans l’inscription, IG, V, 1, 116, 17-18, apparaît un esclave public qui dit avoir fait deux campagnes contre les Parthes. Contrairement à A. von Premerstein, « Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers Marcus. 3. Das lakedaimonische Bundeskontingent », Klio, 11, 1911, p. 358-366, A. Spawforth, Sparta, p. 115, considère qu’il n’a pas été recruté en tant que soldat, mais qu’il a servi comme domestique. Voir aussi F. Quass, Die Honoratiorenschicht in den Städten des Griechischen Ostens, Stuttgart, 1993, p. 164. Il n’en reste pas moins que deux nouvelles stèles révèlent que deux soldats, figurant sur un relief, où ils sont représentés en soldats, portent un nom unique, l’un Prateas et l’autre Zoilos : Πρατέα / χαρε ἔτη / vacat. W. Papaefthimiou, Grabreliefs späthellenistischer und römischer Zeit aus Sparta und Lakonien, Munich, 1992, p. 143-145, no 17 (= Grabreliefs), et pour Zoïlos, no 18 : Ζωΐ[λ]ε/ χαρε / [ἔτ]η βιώ/[σα]ς ΛΑ / σύμμα/χος ὤν / Ρώμης / κατὰ Περ/σν στή/σα<ς> τρόπαι/ον Ζωΐ[λε] / [--Σ]πάρτη [---]. Cela signifie-t-il qu’il y avait bien des esclaves parmi les soldats du contingent spartiate comme le pensait A. von Premerstein ? Dans le cas de Prateas, il manque de façon évidente des mots dans la partie droite : à la seconde ligne, après e [th, on attend naturellement βιώοα » suivi d’une lettre figurant un chiffre. Cela laisse pour la première ligne la possibilité de lire un patronyme de six ou sept lettres : Πρατέα [-patronyme-] / χαρε ἔτη [βιώσας --]/ vacat. Prateas n’était donc pas un esclave. Pour Zoïlos, le problème est plus complexe. Il apparaît bien en soldat. W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 65, souligne l’extrême concision des épitaphes spartiates. Si l’on regarde attentivement l’épitaphe et la stèle, W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 144 et photographie no 16, on voit que la ligne supérieure est légèrement abîmée, une ligne supplémentaire a peut-être existé au-dessus des lignes lisibles, toute la partie inférieure est également manquante : la pierre a assurément été retaillée. De plus, dans la partie supérieure gauche, un polissage apparemment volontaire existait aussi à droite empêchant de restituer un nomen à la première ligne et le patronyme à la seconde, comme cela semblerait logique. Il est effectivement difficile de le considérer comme un esclave, lui qui dit avoir combattu comme allié de Rome : il ne peut s’agir que d’un pérégrin. Il pourrait être le père du M. Aurelius Euarestus, fils de Zoïlus, attesté à Sparte fin iie /iiie siècle : IG, V, 1, 653a et SEG, 11, 1954, 826a (voir A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, RP, II, LAC no 132, p. 102-103). Dans ce cas, il faut peut-être le rattacher de préférence à la campagne des règnes de Marc Aurèle et Lucius Vérus.
38Son nom n’a pas été conservé : IG, V, 1, 623. Voir A. Spawforth, Sparta, p. 183-184.
39IG, V, 1, 1268 : Αὐϕίδιος Μα/κεδὼν σιρατι(ώτης) / σπίρης ἐκουέσ/τρης centuriae Οὐαλε/ρίου Βάσ[σο]υ. Le soldat, Aufidius Macedon, appartenait à la centurie de Valerius Bassus. Les Aufidii sont attestés à Ténare et en Messénie (voir A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, RP, II, MES no 29 à 33), et le cognomen Macedon, à Sparte, voir H. Box, JRS, 21, 1931, p. 166-167 (voir P. M. Fraser et E. Matthews, A lexicon of Greek Personal Names, vol. III A, Oxford, 1997, p. 286).
40Nouveau choix d’inscriptions grecques, Institut F. Courby, Paris, 1971, p. 86-87, no 15. Cités libres de Béotie : Plin., nat., 4, 7, 25-26. Voir C. Müller, Béotie, p. 70-73 et 182-183.
41IG, V, 1, 44 (SEG, 11, 1954, 486, ll. 12-13).
42A. Spawforth, Sparta, p. 116.
43S. Grunauer-Von Hoerschelmann, Die Münzprägung der Lakedaimonier, Berlin, 1978, p. 95-96.
44Septime Sévère réduisit les privilèges d’Athènes : voir D. J. Geagan, « Roman Athens : some Aspects of Life and Culture, 86 BC-AD 267 », ANRW, II, 7, 1, 1979, p. 406.
45Les cités d’Arcadie saluèrent le nouvel empereur dès 195, alors que la guerre civile opposait Septime Sévère (et Clodius Albinus) à Pescennius Niger : IG, V, 2, 346 (Orchomène) ; AA, 1996, p. 283 fig. 29 (Mégalopolis). Messène élève une statue à Caracalla, ἀυτοκράτορα ἀποδεδειγμένον, en quelque sorte imperator designatus, en 197-198 (César en 196, Auguste en 198), et l’on rappelle dans sa nomenclature tous les empereurs de la dynastie antonine comme ses ancêtres : IG, V, 1, 1452.
46Ce monument long de 7,50 m a subi les effets de l’abolitio memoriae et la restitution des noms des empereurs et de leur famille laisse place à des conjectures. Cinq statues furent élevées : A. Spawforth, « A Severan Statue-Group and an Olympic Festival at Sparta », ABSA, 81, 1986, p. 313-332, propose de reconnaître Septime Sévère, Caracalla, Géta, Julia Domna et Plautilla ; d’un autre côté, S. Koumanoudes et D. Gofas, Lakonikai Spoudai, 10, 1990, p. 49-60 et D. C. Gofas, « Observations sur une inscription de Sparte contenant des damnationes memoriae (SEG XXXIV, 309) », dans G. Nenci et G. Thür, Symposion 1988. Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Sienne-Pise, 6.-8. Juni 1988, Cologne, 1990, p. 397-412, envisagent une autre identification : Élagabal, Sévère Alexandre, Iulia Maesa, Iulia Soemias, Iulia Mammaea et Annia Faustina. Nonobstant les aspects matériels dont ils débattent, il semble que les Spartiates aient été plus proches des premiers Sévères que des derniers. L’aide précoce que le Péloponnèse a accordée au discours politique de Septime Sévère, pour se rattacher à la précédente dynastie, semble indiquer qu’une datation haute de ce monument serait préférable.
47A. Spawforth, Sparta, p. 117.
48A. Spawforth, « Notes on Third Century AD in Spartan Epigraphy », ABSA, 79, 1984, p. 263-288 ; partic. p. 267-269 (= Third Century).
49Hérodien, 4, 8, 3, trad. D. Roques (La Roue à livres), Paris, 1990, p. 121 ; voir aussi Hérodien, 4, 9, 4. Dion Cassius, 77, 7, 18, confirme la levée d’une phalange macédonienne.
50Hérodote, 9, 53.
51Cette appellation « lochos laconien de Pitana » était destinée à contredire en la matière Thucydide, qui s’était opposé sur ce point à Hérodote : Thucydide, 1, 20. Voir A. Spawforth, Sparta, p. 118.
52Ils étaient divisés en morai (si l’on suit Hérodote, en phalange) : IG, V, 1, 130 (SEG, 11, 1954, 603), voir A. Spawforth, Third Century, p. 267-268, qui donne une nouvelle lecture.
53IG, V, 1, 817 : Μρκος / Αὐρήλιος / Ἄλεξυς Θέωνος / στρασευσάμενος / κατὰ Περσν / ἔτη βιώσας / Λ ; et W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 142-143 no 16 ; voir A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, RP, II, LAC no 87, p. 81-82.
54SEG, 42, 1992, 320 : à gauche : Αὐρήλιος Ἀρτέ/μον ’ Aγασίππού / στρασευσᾴμενος / κατὰ Περσν, ἔτη βι/ώσας εἴκοσι μνας| Θ ; et a droite : Αὐρήλιος Εὐτυχιανòς [’Ονα]/σίωνος στρασευσᾴ/μενος / κατὰ Περσν, ἔτη βι/ώσας Κ συνέϕηβοι = W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 44-47 et 142-148. Les deux soldats s’appelaient Aurelius Artemon, fils d’Agasippos, mort à vingt ans et neuf mois (voir A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, RP, II, LAC no 101, p. 88-89) et Aurelius Eutychianus, fils d’Onasion, mort à vingt ans (W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 146-148, no 20 ; A. Rizakis, S. Zoumbaki et Cl. Lepenioti, RP, II, LAC no 140 p. 106). Le bas du relief est manquant, on ne voit donc que la tête de ces deux soldats, coiffés du pilos.
55Des reliefs d’Apamée de Syrie et les inscriptions qui les accompagnent nous renseignent sur les soldats de la IIe légion Parthique engagés dans les combats contre les Parthes au cours de la première moitié du iiie siècle (expéditions contre les Parthes de Caracalla en 214, de Sévère Alexandre en 231-233, de Gordien III en 242-244…) ; voir J.-Ch. Balty et W. Van Rengen, Apamée de Syrie. Quartiers d’hiver de la IIe légion parthique. Monuments de la nécropole militaire, Bruxelles, 1993.
56W. Papaefthimiou, Grabreliefs, p. 47.
57Voir l’étude de J. Fournier, Entre tutelle romaine et autonomie civique. L’administration judiciaire dans les provinces hellénophones de l’Empire romain (129 av. J.-C.-235 ap. J.-C.) (BEFAR 341), Athènes, 2010 (= Tutelle).
58Les cités libres pouvaient aussi être amenées à fournir des jurés, mais pour le tribunal romain du gouverneur : ce fut par exemple le cas de P. Memmius Pratolaus qui et Aristocles, dont la nomination fut approuvée par le corrector Egnatius Proculus vers 221 : IG, V, 1, 541, 21-22. Voir P. Veyne, « ΠΡΟΚΡΙΤΟΣ : Jurés provinciaux dans les inscriptions de Sparte », RPh, 59, 1985, p. 21-25 ; A. Spawforth, Third Century, p. 146 ; 270-273.
59Philostrate, Vie d’Apollonios, 5, 36. Voir J. Colin, Villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamation populaire, Bruxelles, 1965, p. 48-49 (= Villes).
60Une inscription de Thuria (SEG, 11, 1954, 974) indique clairement que, sous Auguste, la justice était rendue par un tribunal local, au moins pour les crimes capitaux dont il y est question. En raison de l’intervention d’Auguste, la cité étant passée sous la tutelle de Sparte, c’est un Spartiate, Damocharis, fils de Timoxenos, qui y fut délégué comme représentant officiel de Sparte. Voir E. Bölte, RE, 6A1, 1936, col. 637 ; U. Kahrstedt, RhM, 93, 1950, p. 236 ; A. Spawforth, Sparta, p. 153-155.
61Voir U. Laffi, « Cittadini di fronte ai tribunali di comunità alleate o libere dell’Oriente greco in età repubblicana », dans B. Santalucia (éd.), La repressione criminale nella Roma repubblicana fra norma e persuasione, Pavie, 2009, p. 127-167.
62A. Spawforth, « Corinth, Argos and the Imperial Cult. Pseudo-Julian, Letters 198 », Hesperia, 63, 1994, p. 211-232.
63F. Jacques dans F. Jacques et J. Scheid, Rome et l’intégration de l’Empire (44 av. J.-C.-260 ap. J.-C.), t. 1, Paris, 1990, p. 182-183 (= Intégration). Sur la désignation des représentants en justice d’une personne ou d’une communauté, voir J. Fournier, « Les syndikoi, représentants juridiques des cités grecques sous le Haut-Empire romain », CCG, 18, 2007, p. 17-28 (= Syndikoi).
64J. Fournier, Syndikoi, p. 7-36. Sur les 32 attestations de syndikoi relevées pour la plupart aux iie et iiie s., 14 concernent l’Achaïe, voir p. 9.
65Voir G. Burton, « Proconsuls, Assizes and the Administration of Justice under the Empire », JRS, 65, 1975, p. 92-106 (= Proconsuls).
66Actes des Ap., 18, 12. Sur le proconsulat de L. Iunius Gallio Annaeanus, PIR2, I 757, voir F. Hurlet, Le proconsul et le prince d’Auguste à Dioclétien, Bordeaux, 2006, p. 275 et n. 330 (= Proconsul). Néron tint aussi un conuentus mercatusque en Grèce : Suet., Ner., 28, 2. Voir G. Burton, Proconsuls, p. 97.
67J. Fournier, Tutelle, p. 88-98, montre que la pauvreté des sources ne permet ni de connaître un itinéraire fixe ni d’établir l’existence de conuentus comme en Asie.
68J. H. Oliver, Marcus Aurelius, p. 8, l. 86-87.
69J. Reynolds, Aphrodisias, no 16.
70J. Fournier, Tutelle, partic. p. 507 et s.
71Plin., ep., X, 65, 3 et la réponse, 66, 1-2. Les θρεπτοί sont attestés à trois reprises dans les inscriptions de Laconie : SEG, 13, 1956, 258 (Gythéion) ; IG, V, 1, 1170 (Gythéion) et 787 (Sparte). Voir I. E. Karnezes, Η ΚΟΙΝΩΝΙΚΗ ΘΕΣΙΣ ΤΩΝ ΘΡΕΠΤΩΝ ΚΑΙ Η ΠΑΡΟΥΣΙΑ ΤΩΝ ΕΙΣ ΤΗΝ ΛΑΚΩΝΙΑΝ, Lakonikai Spoudai, 4, 1977, p. 87-98. Sur les esclaves dans le Péloponnèse, voir L. P. Marinovic, Die Sklaverei in den östlichen Provinzen des Römischen Reiches im 1.-3. Jahrhundert, Stuttgart, 1992, p. 7-76, mais qui concentre surtout son attention sur les esclaves et les affranchis au service des negotiatores.
72Plin., ep., X, 65, 3. Sur Avidius Nigrinus, voir plus bas.
73Plin., ep., X, 66, 2. Sur ce dossier, voir la mise au point de F. Hurlet, Proconsul, p. 279 Cat. 76.
74Voir J. Colin, Villes, p. 73.
75Plut., prec. pol., 19.
76Voir C. P. Jones, « Towards a Chronology of Plutarch’s Works », JRS, 56, 1966, p. 72 ; J. H. Oliver, « Hadrian’s Reform of the Appeal Procedure in Greece », Hesperia, 39, 1970, p. 335 (= Reform).
77J. Fournier, « Sparte et la justice romaine sous le Haut-Empire. À propos de IG V, 1, 21 », REG, 118, 2005, p. 117-137 (= Justice) et id., Tutelle, p. 586-591. Son hypothèse repose entre autres sur un parallèle provenant de Cos (IGRR, IV, 1044 et M. Segre, Iscrizioni di Cos, 1993, no 43 ; J. Fournier, Justice, p. 127-128) et dépend du statut de cette dernière pour que la comparaison soit valable ; or le statut de cité libre, s’il est probable, n’est toutefois pas complètement assuré. Selon cette inscription, aucun appel ne peut légalement être transmis à l’empereur sans avoir été examiné par le gouverneur.
78K. T. M. Chrimes, Ancient Sparta. A re-examination of the Evidence, Manchester, 19522 [1949], p. 54-59, la datait, d’après la paléographie, de l’époque flavienne, mais selon la formulation juridique, la plupart des chercheurs, en tête W. Kolbe, IG, V, 1, 21 (d’après la copie de M. Fränkel), J. H. Oliver, Reform, p. 332-336, ou plus récemment J. Fournier, la date plus sûrement du début du iie siècle ap. J.-C., vraisemblablement sous Hadrien, puisque Plutarque ne fait pas allusion à son contenu.
79J. H. Oliver, Reform, p. 333-334.
80J. H. Oliver, « Greek Applications for Roman Trials », AJPh, 100, 1979, p. 548-549, surtout n. 12, s’appuie sur un parallèle attesté à Éphèse (ZPE, 25, 1977, p. 308 et s., et 31, 1978, p. 225 et s.).
81J. H. Oliver, Hesperia, 39, 1970, p. 336 ; A. Spawforth, Sparta, p. 154.
82Dig., XXXVI, 1, 23, 22. Voir A. Spawforth, « Families at Roman Sparta and Epidaurus : some Prosopographical Notes », ABSA, 80, 1985, p. 191-258 ; partic. p. 228-230 ; J. Tobin, Herodes Attikos and the City of Athens. Patronage and Conflict under the Antonines, Amsterdam, 1997, p. 179-181 ; C. Hoët-van Cauwenberghe, Princes, p. 153-180.
83IG, V, 1, 485. Voir J.-L. Ferrary et D. Rousset, « Un lotissement de terres à Delphes au iie siècle ap. J.-C », BCH, 122, 1998, p. 277-342, partic. p. 291-295. Voir également plus bas.
84J. H. Oliver, « The Helladarch », RSA, 8, 1978, p. 6 ; B. Puech, « Grands prêtres et Helladarques d’Achaïe », REA, 85, 1983, p. 15-43.
85J. Fournier, Tutelle, p. 543 ; 590-591.
86Sur les malversations, voir Plin., ep., X, 81-82.
87IG, IV2, 610.
88IG, V, 1, 541 ; SEG, 11, 1954, 500. Sur les dieux et les divinités ayant reçu des fonctions éponymes, voir L. Robert, Hellenica, II, Paris, 1946, p. 51-64.
89La liste des empereurs ou membres de la famille impériale ayant tenu une fonction éponyme dans les cités grecques est donnée par W. Weiser, SNR, 64, 1985, p. 98-100.
90Domitien fut archonte à Athènes : IG, II2, 1996 ; mentionné aussi dans FD, III, 2, 65, l. 2-3 ; Hadrien le devint également : HA, Hadr., 19, 1 ; CIL, III, 550 ; IG, III, 464. Hadrien patronome à Sparte : IG, V, 1, 32B, 13 ; 33, 5 ; 1314, 26 ; ABSA, 26, p. 170, I, D3 ; voir A. M. Woodward, ABSA, 43, 1948, p. 257 ; A. S. Bradford, « The Date Hadrian was ἐπώνυμος πατρονόμος of Sparta », Horos, 4, 1986, p. 71-74.
91IG, V, 1, 32A, 13 ; 62, 2 ; 287, 7 ; 288, 3. Voir A. M. Woodward, ABSA, 43, 1948, p. 257 ; A. Spawforth, Sparta, p. 113. Sous Antonin le Pieux, d’autres étrangers eurent cet honneur : le notable de Pergame, C. Claudius Demostratus Titianus, le sénateur d’Éphèse A. Claudius Charax, le notable de Cyrène, D. Cascellius Aristoteles..., mais ce fut surtout dans le cadre des recherches historiques lancées par le Panhellénion, qui attira de nombreux étrangers dans le Péloponnèse, dont Pausanias.
92IG, II2, 4193 ; voir D. Fishwick, « Our first high priest : a Gallic knight at Athens », Epigraphica, 60, 1998, p. 83-112 (AE, 1998, 1267). Sa carrière se situe à l’époque flavienne.
93Sur les honneurs rendus aux évergètes et sur le concours de l’aristopolitie, voir Y. Lafond, La mémoire des cités dans le Péloponnèse d’époque romaine (iie siècle av. J.-C.-iiie siècle ap. J.-C.), Rennes, 2006, p. 175-180. Les Spartiates concouraient pour une statue sur l’agora de leur cité et le titre d’aristopoliteutès et pour les Messéniens, la récompense était une couronne et une statue à Olympie.
94Par exemple, T. Statilius Timocratès (III) Memmianus, fils de Lamprius (V), (voir A. D. Rizakis et S. Zoumbaki, RP, I, ARG 254), qui fit carrière dans le dernier tiers du iie siècle, est citoyen de Sparte, Épidaure et Argos et assume des responsabilités à Épidaure et Argos avant de mener une carrière fédérale. Sur l’importance de l’agon dans les mentalités des Grecs sous l’Empire, voir O. van Nijf, « Local heroes : athletics, festivals and elite self-fashioning in the Roman East » dans S. Goldhill (éd.), Being Greek under Rome. Cultural Identity, the Second Sophistic and the Development of Empire, Cambridge, 2001, p. 306-334.
95Voir G. Burton, « The Resolution of Territorial Disputes in the Provinces of the Roman Empire », Chiron, 30, 2000, p. 195-215 ; D. Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Athènes, 2002, p. 145 (= Territoire) ; F. Hurlet, Proconsul, p. 305. Les légats chargés du recensement sont moins attestés dans les provinces publiques et aucune occurrence ne concerne jusqu’à présent l’Achaïe.
96J. H. Oliver, « Imperial Commissioners in Achaia », GRBS, 14, 1973, p. 389-405 (= Commissioners). Voir aussi E. Groag, Die römischen Reichsbeamten von Achaia bis auf Diokletian, Vienne, 1939, col. 125 et s. (= Achaia) ; l’article de H.-G. Pflaum, « Légats impériaux à l’intérieur de provinces sénatoriales », Hommages à Albert Grenier, Bruxelles-Berchem, 1962, p. 1232-1242, n’aborde pas la question de ces chargés de mission extraordinaire en Achaïe) ; A. H. M. Jones, Greek City, p. 326 n. 80 et 81. L’article de É. Guerber, « Les correctores dans la partie hellénophone de l’Empire romain du règne de Trajan à l’avènement de Dioclétien : étude prosopographique », Anatolia Antiqua, 5, 1997, p. 211-248, en partic. tabl. p. 215 présentant l’ensemble des titres de ces fonctionnaires (= Correctores), voir F. Hurlet, Proconsul, p. 306 ; J. Fournier, Tutelle, p. 480-481 ; il faut désormais ajouter les conclusions des travaux d’A. Spawforth qui permettent des réajustements chronologiques pour les personnages de l’époque sévérienne. De même, nous tenons compte des remarques de J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 290-295, pour distinguer les correcteurs des légats impériaux chargés souvent de litiges aux frontières de différentes cités ou même de différentes provinces et qui doivent aussi être en mesure d’intervenir dans des cités libres (c’est le cas de C. Avidius Nigrinus et surtout de P. Pactumeius Clemens). Leurs pouvoirs devaient être assez semblables, mais la nature de la mission doit avoir été différente.
97Pline le Jeune lui-même occupa une fonction extraordinaire dans la province de Pont et Bithynie, Pline, ep. X, 32, 1 ; et l’inscription explicite de Côme CIL, V, 5262 (ILS, 2927) :… legat(us) pro praetore prouinciae Pon[ti et Bithyniae] consulari potesta[t(e)] in eam prouinciam e[x s(enatus) c(onsulto) missus ab] imp(eratore) Caesar(e) Nerua Traiano Aug(usto) German[ico Dacico p(atre) p(atriae)] ; également CIL, V, 5272. Voir J. Colin, Villes, p. 72 et s. ; C. Marek, Pontus et Bithynia. Die römischen Provinzen im Norden Kleinasiens, Mayence, 2003.
98CIL, III, 384 (ILS, 1018). Voir E. Groag, Achaia, col. 125-128 ; PIR2, Q 25.
99Une inscription de Cythère gravée sur la base de statue érigée en l’honneur de Trajan porte son nom : IG, V, 1, 380. Cette inscription date de 116-117 ap. J.-C. E. Groag, Achaia, col. 127, hésite sur son identification car elle est postérieure au passage du corrector ; il envisage d’y voir le fils du corrector. Voir aussi A. Spawforth, Sparta, p. 150. Il semble que l’on ait également une trace de lui à Nicopolis grâce à Arrien, Diss. Epicteti, 3, 7. Selon Philostrate, Vies des Sophistes, 2, 1, 11, Maximus était originaire de la colonie d’Alexandria Troas.
100Plin., ep., VIII, 24, 2: Missum ad ordinandum statum liberarum ciuitatium, id est ad homines maxime homines, ad liberos maxime liberos, qui ius a natura datum uirtute, meritis, amicitia, foedere denique et religione tenuerint.
101Plin., ep., VIII, 24, 2-4 : Reuerere conditores deos et nomina deorum, reuerere gloriam ueterem et hanc ipsam senectutem, quae in homine uenerabilis, in urbibus sacra est. Sit apud te honor antiquitati, sit ingentibus factis, sit fabulis quoque. Nihil ex cuiusquam dignitate, nihil ex libertate, nihil etiam ex iactatione decerpseris. Habe ante oculos hanc esse terram quae nobis miserit iura, quae leges non uictis, sed petentibus dederit, Athenas esse quas adeas, Lacedaemonem esse, quam regas... « Respectez leurs dieux fondateurs et les noms de ces dieux, respectez leur ancienne gloire et jusqu’à cette vieillesse qui est vénérable dans l’homme et sacrée dans les villes. Qu’auprès de vous soit en honneur l’antiquité, en honneur les grandes actions, en honneur même les légendes. Ne diminuez la dignité de quiconque, la liberté de quiconque, ni même la vanité de quiconque. Ayez devant les yeux que cette terre est celle d’où nous est venu notre droit, qui nous a donné nos lois, non après nous avoir vaincus, mais sur notre demande, que c’est à Athènes que vous allez entrer, Lacédémone que vous allez régir... ».
102J.-L. Ferrary, Athènes, p. 192.
103SIG3, 827A et B = FD, III, 4, 290 et 291. Voir D. Rousset, Territoire, p. 91-94 no 7 et 8 (AE, 2002, 1332 a et b). Voir PIR2, A 1408 ; E. Groag, Achaia, col. 54 et 128 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 403 ; B. E. Thomasson, Laterculi Praesidum, Göteborg, 1984 (= LP), col. 193 no 24 ; A. Birley, « Hadrian and the Greek Senators », ZPE, 116, 1997, p. 209-245, partic. p. 215 (= Senators). Les titres et pouvoirs d’Avidius Nigrinus, cos suff. en 110 (PIR2, A, 1408) en mission vers 114-116, sont discutés ; car s’il est légat de l’empereur pour juger les litiges de frontières (honoré à Delphes), nulle part il est dit clairement qu’il soit corrector ; voir J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 294 et E. Meyer-Zwiffelhoffer, Πολιτικς ἄρχειν. Zum Regierungsstil der senatorischen Statthalter in den kaiserzeitlichen griechischen Provinzen, Stuttgart, 2002, p. 103-116.
104Plut., mor., 478B ; 487E ; 548B ; 632A. Voir C. P. Jones, Plutarch and Rome, Oxford, 1972, p. 51 ; A. Birley, Senators, p. 215 ; É. Guerber, Correctores, p. 221.
105IG, V, 1, 485 (Sparte). Sur ce personnage, voir PIR2, A 355 et B, p. XI ; E. Groag, Achaia, col. 64-66 ; 128 ; 160 et 162 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 403 ; M. Woloch, Roman Citizenship and the Athenian Elite, Amsterdam, 1973, p. 1-2 ; S. Follet, Athènes, p. 32-34 ; B. E. Thomasson, LP, col. 194 no 36 ; H. Halfmann, Die Senatoren aus dem östlichen Teil des Imperium Romanum bis zum Ende des 2. Jh. n. Chr., Göttingen, 1979, p. 145-146 no 55 (= Senatoren) ; W. Eck, RE, suppl. 14, col. 2, s.v. Aemilius no 54a ; H. Solin, ANRW, II, 29, 2, p. 668 ; M.-Th. Raepsaet-Charlier, Prosopographie des femmes de l’Ordre sénatorial, ier-iie siècles, Louvain, 1987, no 780 ; et voir aussi note suivante.
106Coronée : SEG, 32, 1982, 462 ; Delphes : FD, III, 4, 287 ; J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 290-295 (AE, 1998, 1275) ; D. Rousset, Territoire.
107Athènes : IG, III, 622 (IG, II/III2, 4210) ; ὑπατικός indique le rang consulaire, ὕπατος est l’équivalent de consul, mais peut aussi signifier ancien consul, ἀνθύπατος correspond à proconsul, voir S. Follet, Athènes, p. 31 et p. 34. Deux autres inscriptions pourraient être versées au dossier, mais faute d’être complètes, l’identification d’Aemilius Iuncus n’était pas assurée : voir J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 292 n. 21 et 22 et p. 293.
108Sur ce terme, voir J. H. Oliver, AJPh, 69, 1948, p. 439-440 ; H. Mason, Greek Terms for Roman Institutions, a Lexicon and Analysis, Toronto, 1974, p. 37.
109IG, V, 1, 485.
110Voir F. Jacques, Intégration, p. 265.
111J. H. Oliver, AJPh, 69, 1948, p. 440, considère qu’il a pu être chargé de deux missions en Achaïe, l’une en qualité de légat de rang prétorien, et de ce fait avant 127, et l’autre comme correcteur des cités libres après son consulat. J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 292-293, rejettent avec raison cette interprétation pour lui préférer celle d’une mission exceptionnelle remplie en qualité de légat d’Auguste propréteur chargé de la fonction de corrector et de δικοαοδότης.
112CIL, VIII, 7059-7060. E. Groag, Achaia, p. 105 ; PIR2, P 37 ; J. Fournier, Tutelle, p. 481 no 3.
113Delphes Inv. 4010 + 1651, 3345, 1762, voir J. Fournier, Tutelle, p. 481 no 3.
114Philostrate, Vie des Sophistes, 2, 1, 10 ; 2, 1, 11. Également Dio Cass., 72, 5, 3-4, qui emploie une expression proche pour désigner le proconsulat d’Asie de Maximus.
115Voir PIR2, Q 21 et 27 ; leur père fut legatus Achaiae, 26 ; E. Groag, Achaia, col. 128 et s. ; J. H. Oliver, Marcus Aurelius, p. 66-72 ; Id., Commissioners, p. 404 ; S. Follet, Athènes, p. 41-42 ; B. E. Thomasson, LP, col. 195 no 41.
116Voir W. Hüttl, Antoninus Pius, Prague, 1933, t. 2, p. 3 et s.
117E. Groag, Achaia, col. 130 ; H. Halfmann, Senatoren, p. 163 no 75 et 76.
118J. H. Oliver, Marcus Aurelius, p. 5-8 et le commentaire p. 66-72.
119É. Guerber, Correctores, p. 238 ; J. Fournier, Tutelle, p. 481-484.
120Sur ce dernier, voir Sex. Quintilius Valerius Maximus : PIR2, Q 26 et stemma p. 17.
121IvO, 941, 3-8 : Κλ. Δημητρίου ἀν/θυπάτου τς Ἀχαΐας/καὶ ἀντι/στρατήγου καὶ ἐπαν/ορθωτο τν ελευθέρων πόλεων. Voir PIR2, C 845 et 846 ; E. Groag, Achaia, col. 80, 131, 160, 163 et 165 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; B. E. Thomasson, LP, col. 195 no 45 ; P. M. M. Leunissen, Konsuln und Konsulare in der Zeit von Commodus bis Severus Alexander (180 - 235 n. Chr.), Amsterdam, 1989, p. 96, 148, 260, 294, 352, 367 (= Konsuln) ; voir aussi P. Herrmann, « Inschriften von Sardeis », Chiron, 23, 1993, p. 246 (= Sardeis).
122IG, II/III2, 4215 ; FD, III, 4, 255. En fait, la date de son consulat est inconnue, mais il est proconsul de Pont et Bithynie (I. v. Nikaia, I, 59) en 202-205. Voir E. Groag, Achaia, col. 133 et t. 2, p. 10-11 (avant 202) ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; S. Follet, Athènes, p. 38 ; P. M. M. Leunissen, Konsuln, p. 159, 260, 352 ; É. Guerber, Correctores, p. 233 no 8 (en Achaïe après 205) ; J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 294-295. La date de sa fonction doit être soit entre 198 et 202, soit entre 205 et 208 (après cette date, on compte trois Augustes). Si sa présence est motivée par une remise en ordre après la guerre civile, il faut préférer la date d’avant 202.
123PIR2, C 909 ; E. Groag, Achaia, col. 88-90 et 171-172 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; S. Follet, Athènes, p. 38 ; P. M. M. Leunissen, Konsuln, p. 190, 295 ; P. Herrmann, Sardeis, p. 244-247 ; É. Guerber, Correctores, p. 221, souligne son origine athénienne ; voir aussi J.-L. Ferrary et D. Rousset, Delphes, p. 295.
124IG, IV, 1417 = IG, IV2, 694 = SIG3, 877E (Épidaure) ; IG, VII, 91 = SIG3, 877D (Mégare) ; SIG3, 877A, B et C = FD, III, 4, 269, 270 et 271 (Delphes). IG, II/III2, 3689 et 3690 (Athènes), honorent le petit-fils de ce gouverneur, gouverneur lui-même au milieu du iiie siècle ap. J.-C. : Claudius Illyrius (B. E. Thomasson, LP, col. 196 no 51).
125SIG3, 877A = FD, III, 4, 269 = D. Rousset, Territoire, p. 280-282 no 44 (AE, 2002, 1339), l. 5-8.
126IG, II/III2, 1077 (J. H. Oliver, Marcus Aurelius, no 23). Voir E. Groag, Achaia, col. 133-134 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404.
127IG, II/III2, 2963. Voir J. H. Oliver, TAPA, 71, 1940, p. 302-314.
128IG, V, 1, 541, l. 21-22 : τ λαμπρ[ο]τάτῳ ὑπατικ / Ἐγνατίῳ Πρόκλῳ έπανορθω[τ]. Voir PIR2, E 31 ; G. Barbieri, Albo senatorio da Settimio Severo a Carino, Rome, 1952, p. 51 no 205 (= Albo) ; E. Groag, Achaia, col. 131-132 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; A. Spawforth, Third Century, p. 270-273.
129Voir E. Groag, Achaia, col. 131-132, hésite sur l’identification de ce proconsul et correcteur. S. Follet, Athènes, p. 42 n. 6, écarte ce doute et suit entre autres G. Barbieri, Albo.
130J. Marcillet-Joubert, « Egnatius Proculus, consul suffect en 219 ? », ZPE, 13, 1973, p. 77-78 ; A. Spawforth, Third Century, p. 272.
131IG, V, 1, 538 (AE, 1913, 244). Sur Paulinus : E. Oliver, Achaia, col. 84 et s. ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; B. E. Thomasson, LP, col. 199 no 79 ; A. Spawforth, Third Century, p. 275 ; P. M. M. Leunissen, Konsuln, p. 194, 296 ; PIR2, P, p. 61.
132A. Spawforth, Third Century, p. 274-277 ; id., Sparta, p. 151.
133A. Spawforth, Third Century, p. 276, rejette comme trop tardive l’identification avec L. Iulius Paulinus, proconsul d’Afrique en 283 (PIR2, I 451).
134E. Groag, Achaia, col. 136 ; B. E. Thomasson, LP, col. 200 no 96 ; A. Spawforth, Sparta, p. 151.
135IG, VII, 2510 ; 2511 ; IG, II/III2, 4217. PIR2, E 36 ; E. Groag, Achaia, col. 135-136 ; J. H. Oliver, Commissioners, p. 404 ; S. Follet, Athènes, p. 42.
136Les deux inscriptions de Smyrne, outre le consulat, ne mentionnent comme fonctions que le proconsulat d’Asie, voir P. Hermann et H. Malay, « Statue Bases of the Mid Third Century AD from Smyrna », Epigraphica Anatolica, 36, 2003, p. 1-11 (partic. p. 1-4) et M. Christol, Th. Drew-Bear et M. Taslialan, « Lucius Egnatius Victor Lollianus, proconsul d’Asie », Anatolia Antiqua, 11, 2003, p. 343-359 (AE, 2003, 1670 et 1671) ; sur ce personnage, voir également D. Erkelenz, « (K)ein Ehrenbogen für L. Egnatius Victor Lollianus in Ephesos ? », ZPE, 146, 2004, p. 101-104 ; F. Hurlet, « La désignation de L. Egnatius Victor Lollianus au proconsulat d’Asie ; à propos de CIL, VI, 41223 », ZPE, 153, 2005, p. 271-279.
137F. Jacques, Privilège, voir principalement p. 259-317. Pour la partie prosopographique, voir id., Les curateurs de cité dans l’Occident romain de Trajan à Gallien, Paris, 1983, partic. p. 402-409 et la bibliographie commentée ; pour l’Asie Mineure, G. Burton, « The Curator rei publicae : Towards a Reappraisal », Chiron, 9, 1979, p. 465-487. Pour la bibliographie antérieure, on se reportera à la thèse de F. Jacques.
138Cette procédure est mentionnée dans l’inscription d’Épidaure : ὑπò τς βασιλείας (IG, IV, 796). W. Liebenam, Philologus, 56, 1897, p. 294 ; F. Jacques, Privilège, p. 259 et s.
139F. Jacques, Privilège, p. 266.
140Voir F. Camia, « I curatores rei publiae nella provincia d’Acaia », MEFRA, 119, 2007, p. 409-419.
141Voir J. Reynolds, Aphrodisias, no 16 ; 57 ; 59.
142S. Follet, Bull. épig., 2009, no 215, où elle signale la lettre impériale (J. H. Oliver, Greek Constitutions, no 197 l. 79).
143Voir par exemple les réflexions et les pistes de recherches de P. Fröhlich, « Les magistrats des cités grecques : image et réalité du pouvoir (iie s. a C.-ier s. p. C.) » dans Les idéologies et valeurs civiques dans le monde romain. Hommage à Claude Lepelley, H. Inglebert (éd.), Paris, 2002, p. 75-92 et A. Zuiderhoek, « On the Political Sociology of the Imperial Greek City », GRBS, 48, 2008, p. 417-445 (concerne principalement l’Asie).
Auteur
Université Lille Nord de France, Halma-Ipel (CNRS, Lille 3, MCC)
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