III. Question préliminaire : le territoire morin, ses limites, ses divisions
p. 31-38
Texte intégral
1Les considérations qui vont suivre ne sont pas d’ordre toponymique, mais on conviendra qu’il importe de définir le terrain de notre recherche, en nous appuyant sur des études de plusieurs spécialistes. C’est dire que nous n’avons guère de nouveau à apporter, sinon des précisions, comme sur la frontière de la Melde, et sur le problème des Cersiaci du Boulonnais.
1. Les limites
2Les limites du territoire morin, telles du moins qu’elles étaient fixées au temps de César, ne peuvent plus guère aujourd’hui faire controverse. De manière bien différente, si l’on regarde les voisins du Nord, on discute encore la question de la frontière Nord des Ménapiens, sans doute évolutive en raison de la poussée germanique1. Nous rappellerons le problème morin rapidement, qui a été traité par A. Longnon, puis réglé presque définitivement par R. Delmaire2. Au contraire, la division de ce territoire en pagi nous montrera un problème sans solution.
3Nous admettrons, en raison du manque d’indication contraire, que les limites du territoire morin à l’époque de César étaient les mêmes que celles que nous entrevoyons pour l’époque gallo-romaine. Ce sont donc, probablement, celles que le diocèse médiéval de Thérouanne ou des Morins nous permet de reconstituer, avec cependant une difficulté au Nord-Ouest.
4Au Sud, la séparation du diocèse d’Amiens et de Thérouanne était la Canche, et l’on peut rappeler ici que le port mérovingien et carolingien Quentovic, le vicus de la Quantia, était situé, selon ses monnaies, in Pontio, donc en Ponthieu, partie du diocèse d’Amiens, limité par la Canche.
5À l’Est les frontières entre les diocèses de Thérouanne et d’Arras sont encore aujourd’hui marquées par des villages dits en Artois ou en Ternois. Il est donc légitime d’indiquer une limite sur la rivière Clarence qui les sépare.
6Au Nord-Ouest, les choses sont moins simples. Doit-on retirer pour retrouver l’ancienne Morinie une partie du diocèse médiéval de Thérouanne, un archidiaconé de Flandre entre Aa et Yser, situation qui pouvait découler de l’éparpillement des Ménapiens à la fin de l’Antiquité3 ? Certes on doit tirer argument de ce que Sithiu – Saint-Omer était en Morinie comme le montre la Vie de Saint Omer, évêque de Thérouanne du viie siècle, tandis que Cassel était au temps gallo-romain capitale des Ménapiens : Castellum Menapiorum. Dans ces conditions apparaît une frontière sur l’Aa. Était elle continue jusqu’à la mer ? Bien sûr, on s’étonnera de ce que Marck ait été rangé dans l’archidiaconé de Flandre, mais peut-on projeter loin en arrière la totalité de ces rangements médiévaux ? En effet Cassel, pourtant ménapien dans l’Antiquité, appartenait à cet archidiaconé de Flandre, dépendant de l’évêque des Morins. Ces divisions médiévales ne peuvent donc être projetées en arrière. En conséquence nous garderons la conviction d’une frontière antique sur l’Aa. Bien entendu on se gardera de regarder le cours actuel de l’Aa comme une détermination totalement valable pour l’Antiquité, puisque ce cours dans la plaine côtière a probablement beaucoup varié.
7Il faut ajouter pour rejoindre la Clarence une petite partie de la Lys et, entre Lys et Aa, le petit courant de la Melde qui, encore aujourd’hui, fait frontière entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais.
8Nous voyons là un territoire très contrasté avec la région boulonnaise au relief accidenté avec la fameuse « boutonnière », aujourd’hui encore boisée sur une grande partie, et la région de Thérouanne, faiblement vallonnée, plutôt plate, se prêtant à l’agriculture, encore que l’on ne puisse juger de l’étendue cultivée à l’époque gauloise. Une troisième région est formée des marécages autour du réseau hydraulique de l’Aa. Deux de ces régions correspondent à la situation résumée par César pour les Morins et Ménapiens (BG 3, 28, 2) : ils avaient des forêts et des marais ininterrompus (continentes) qui leur servaient de refuges.
2. Les limites du Boulonnais
9Le Boulonnais présentait au Moyen-Âge les limites suivantes, qui sont encore valables aujourd’hui : la Canche, la Course, les hauteurs de Desvres, le rebord du plateau boulonnais aboutissant au cap Blanc-Nez. Nous renvoyons sur ce point au travail de R. Delmaire pour des indications locales anciennes qui le montrent4. Rien n’interdit de projeter en arrière cette indication.
10Il serait tentant ici d’ajouter une preuve toponymique de cette limite. En effet plusieurs lieux-dits de Morinie sur la Course portent le nom de Marque, forme picarde attendue pour une Marche5, lieux-dits qui se trouvent sur la Course à Courset, Doudeauville et Parenty6. S’il s’agit, comme il est probable, d’une dénomination assez récente, on y verra bien entendu le mot d’origine germanique signifiant « marche-frontière ». Mais nous verrons ailleurs un Marck d’origine et de sens différent, avec un mot dont nous ignorons la durée de survie. Ce qui nous impose une certaine réserve dans l’utilisation de ce mot.
3. L’entité des Cersiaci
11Avant de chercher si la cité des Morins était structurée en pagi comme les autres, il importe de ce que l’on peut savoir des Cersiaci. Nous allons voir en effet grâce à Pline qu’ils constituaient un pagus, qu’ils étaient fixés sur le littoral des Morins, ora maris, et par conséquent qu’ils représentaient ce qui est devenu plus tard le Boulonnais.
12Précisons cette connaissance que nous donnent deux documents du Haut-Empire. Un texte récemment découvert datant du règne de Vespasien, l’inscription de Grumentum, montre un jumelage des Cersiaci et Morini dans la désignation d’une unité militaire, d’une cohorte7. Les Cersiaci formaient un pagus adjoint du côté de la mer selon la formule d’un autre texte, de Pline cette fois, que nous discutons maintenant.
13Dans une liste de peuples de Gaule l’encyclopédiste évoque un pagus Cersiacus (4, 106)8. Malheureusement le texte de Pline tel qu’il a été transmis, est à la fois incorrect et incompréhensible : Menapi, Morini ora Marsacis/Marsaci (variante Oromarsacis) iuncti pago qui Cersiacus uocatur. N’essayons pas de traduire un texte malheureusement recopié par tous les commentateurs. Ce texte important a besoin d’être corrigé.
14On ne comprend pas pourquoi interviendraient ici les Oromarsaci inconnus par ailleurs, ou les Marsaci connus pour habiter à l’embouchure de l’Escaut9. Nous ne discuterons pas les essais d’explication de A. Donati ou de R. Delmaire, car le texte de Pline redevient correct et compréhensible, lorsque l’on admet la correction suivante. Nous supprimons l’insertion d’une surcharge qui faisait apparaître un nom de peuple déjà cité pour une autre région : Menapi, Morini ora maris iuncti pago qui Cersiacus uocatur, « les Ménapiens, les Morins unis du côté du littoral au pagus nommé Cersiacus ».
15Il s’agit donc d’un peuple du Boulonnais. Mais nous savons qu’en 103 ce jumelage de désignation n’existait plus10, À la fin de l’Empire nous voyons la dualité reconstituée, cette fois sous forme de deux civitates, civitas Bononiensium, civitas Morinorum11. Nous ne savons pas si elle a duré longtemps, mais nous lisons dans la Vita prima de Saint Omer que cet évêque a été le pasteur de toute la Morinie, dans un diocèse unique qui a duré jusqu’à la disparition de Thérouanne au xvie siècle. Cependant le Moyen-Âge connaissait un pagus Boloniensis et un pagus Ta/ervanensis. Et l’alternance a continué après l’éclatement du diocèse de Thérouanne, puisque l’on a vu alors se créer un diocèse de Boulogne et un autre de Saint-Omer.
16L’existence de ces Cersiaci doit être considérée comme ancienne. Ce mot est un mot celtique authentique, en raison de son suffixe de relation, d’emploi plus étendu que dans son usage gallo-romain. Malheureusement nous manquons d’une connaissance directe de ce mot. On évitera bien entendu d’assimiler Cersiaci et Gaesoriacum comme on l’a fait parfois. Il semble toutefois qu’on ait là un adjectif pouvant servir d’anthroponyme, comme Carsicios, celui d’un monétaire atrébate12, l’on doit évoquer le peuple des Carsici de Cassis13. Cet adjectif dériverait d’un adjectif plus simple *Cersius/Carsius qui apparaît sans doute dans le nom composé d’un Galate Karsignatos cité par Polybe (24, 8) et dans des noms de propriétaires formant des noms de propriétés gallo-romaines14. Nous n’irons pas plus loin, nous refusant à sonder une étymologie celtique à travers des comparaisons indo-européennes ou celtiques, à cause de la multiplicité des racines possibles15. Un adjectif donc, mais dont nous ignorons le sens.
17Avec ces Cersiaci, on a ainsi l’impression de deux entités jumelées au temps de l’indépendance, que les Romains ont jointes solidement avec Thérouanne comme capitale, de telle sorte que les deux parties ont été qualifiées de pagi avant de devenir deux civitates distinctes. Mais à cette époque le nom des Cersiaci disparu n’a pu devenir le nom de la nouvelle cité, qui a pris le nom de sa capitale : civitas Bononiensis.
4. Question sur la partition en Pagi
4.1. La division de la Morinie en deux ou trois parts
18On serait tenté de projeter cette division médiévale sur la partition politique à l’époque gauloise. Il n’est pas absurde de l’imaginer, mais beaucoup plus difficile de développer la question à partir des réalités connues. Tentons de décrire une situation de la partition dans l’antiquité en regardant une loi générale de cette partition chez les peuples gaulois, une structure suggérée par le texte de César, et une approche de la réalité par d’autres moyens.
19De manière très générale nous constatons que les cités gauloises étaient divisées en circonscriptions que les Romains nommaient pagus, et les Gaulois peut-être corios, mot que l’on trouve par exemple chez les Petrocorii du Périgord, le peuple aux quatre pagi16. Ce caractère institutionnel était lié au culte commun d’un être divin, celui que la Gaule romaine appelait le numen pagi, ou genius pagi17. Le nombre de quatre pagi semble avoir été fréquent dans chaque cité, à en juger par les Petrocorii du Périgord, par la division de l’Helvétie, les quatre pays des Bellovaques, et encore par les tétrarchies des trois peuples gaulois de la Galatie d’Asie mineure (cf. Strabon, 12, 5, 1).
20Il est vrai qu’il y avait aussi une possibilité de division triple à en juger par le peuple des Tricorii de la vallée du Drac, par le Trégor, et par la triple division médiévale des Ambiens en Amiénois, Ponthieu et Vimeu, si cette partition est ancienne, et quel que soit l’âge de cette onomastique18. On ne peut même pas exclure une division en deux, si les Vocorii de Grande-Bretagne portaient un nom que l’on pourrait ainsi interpréter.
4.2. Qu’en était-il chez les Morins ?
21Sur cette question nous pouvons malheureusement tirer très peu d’un texte de César. En 55, lorsqu’il réclama la soumission des Morins pour assurer la sécurité de ses bases pendant sa campagne en Bretagne, des délégués vinrent d’une grande partie de la Morinie pour attester de leur obéissance : ex magna parte Morinorum ad eum legati venerunt (BG 4, 22). Mais il fallut envoyer des troupes surveiller les pagi qui avaient refusé d’envoyer des délégués : in eos pagos Morinorum ab quibus ad eum legati non venerant. Dans l’absence de précision chifrée, on a l’impression d’un nombre assez élevé de pagi, mais, à tout prendre, le texte prouve seulement l’existence du système des pagi chez les Morins.
4.3. D’autres pagi ?
22Mais d’autre part on doit se demander si la Morinie ne comportait pas d’autres pagi à l’époque de César. Question risquée puisque les textes antiques n’en nomment pas d’autres. Certes on a voulu en reconnaître19. On chercherait volontiers une réponse dans la troisième composante géographique des Morins, c’est-à-dire la plaine de l’Aa. Mais cette recherche est impossible. Les seules entités territoriales qui apparaissent dans cette plaine au Haut Moyen-Âge sont le comté de Guînes fondé en 928 par Sifrid le Danois et le pays de Marck. Ce dernier était le fiscus Merki en 961, le vicecomitatus de Merch et la terre de Merch20, et même le Mercuritium inventé par Lambert d’Ardres21. C’est trop peu pour essayer de remonter le temps. Ne parlons pas des autres découpages : Calaisis, Ardrésis, la Brédenarde, le pays de Langle, la terre d’Oye, le Pays Reconquis, qui sont récents, et reflètent les variations de l’emprise anglaise22. On pourrait être tenté de procéder autrement en remarquant qu’Ardres, vicus gallo-romain important, aurait pu avoir été le centre de ce pagus du Nord. Mais aucune preuve ne se voit23. Par ailleurs on ne peut pas voir clair dans l’histoire ancienne d’une petite région qui a été ravagée par la transgression marine, à la fin de l’Empire, et aussi par le prélèvement du comté de Guînes avec Sifrid le Danois en 928, à la période normande.
23La région de l’Est était certainement considérée aussi comme un pagus à date ancienne, même si le mot de pagus Taroanensis n’apparaît qu’en 648 dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Bertin24. Nous n’avons pas à nous préoccuper de ce que le terme Ternois s’est limité au Moyen-Âge au comté de Saint-Pol-sur-Ternoise, tandis que sa partie septentrionale a été rattachée vers l’an mil à la Flandre25.
24Ainsi deux pagi sont repérables, tandis qu’un troisième a une existence totalement hypothétique, et n’a pas de nom connu.
25Le texte de César sur les pagi de Morinie n’est donc pas clair. On peut néanmoins supposer que l’occupation de César a porté surtout sur le Boulonnais, et que l’opposition s’est développée dans les zones intérieures, c’est-à-dire dans le pagus ou les pagi de l’intérieur échappant provisoirement aux Romains. Le général romain a transcrit cette situation dont il ne connaissait pas les détails en disant qu’une partie obéissait, et que des pagi ne venaient pas se soumettre.
26Reconnaissons que nous aussi nous ne connaissons pas tout sur les pagi de Morinie.
5. Conséquence : peut-on entrevoir la vie politique en Morinie ?
27Cette reconnaissance des Cersiaci permet elle d’entrevoir la vie politique en Morinie ? Répondons tout de suite : très vaguement. Ce que nous allons tenter de dire ne sera que survol imaginé.
28Deux entités étaient « jointes » comme dit Pline dans ce texte dont nous avons amélioré la lecture, si on nous accorde ce satisfecit. Leurs statuts géographiques, leurs intérêts économiques étaient bien différents. Cependant elles étaient unies par un lien qui n’était pas si lâche, puisque par deux fois, en 57 et en 52, les Morins envoyèrent de gros contingents à la coalition anti-romaine (BG 2, 4, 9 et 7, 75, 3). Et cela malgré des divergences à l’intérieur de la Morinie en 55 devant les ordres de soumission venant du général romain. (BG 4, 22, 5). Les Romains gardèrent la Morinie comme une unité avec Thérouanne capitale, et pourtant ils savaient que les Cersiaci formaient une entité particulière, qualifiée chez Pline de pagus, comme si elle était une simple petite circonscription comme les autres, entité particulière reconnue par l’inscription de Grumentum. Mais les Romains étaient centralisateurs, ce qui se voit dans le fait que César, bien loin de démembrer une Morinie si rebelle, ait nommé Commios, roi des Atrébates, roi également des Morins (BG 7, 76, 1).
29Au iie siècle les Romains voulaient toujours l’unité. Plus tard deux cités différentes apparurent. On peut supposer que cet éclatement fut le fait des Romains et non des indigènes, car cette promotion du Boulonnais permettait mieux de tenir un axe routier et un port indispensable à l’Empire. Mais le sentiment d’unité restait assez fort pour qu’un diocèse ecclésiastique des Morins naisse, comme on le voit entre les mains de Saint Omer.
Notes de bas de page
1 S.J. De Laet, « Les limites des cités des Ménapiens et des Morins », Helinium 1, 1961, p. 20-34. Au temps de César ces Ménapiens possédaient encore les deux rives du Rhin à son embouchure : BG 4, 4, 2.
2 Longnon 1869, p. 25-52 ; Delmaire 1976, p. 53-62.
3 Cf. E. de Moreau, Histoire de l’Église en Belgique. 2 : La formation de l’Église médiévale2, Bruxelles, 1945, p. 65 ; cf. aussi H. Van Werveke, Het bisdom Terwaan van den oorsprong tot het begin der veertiende eeuw, Gand, 1924. Sur l’importance du diocèse de Thérouanne dans la christianisation, cf. Mériaux 2001. Sur les divisions ecclésiastiques de Thérouanne, cf. Longnon 1869, p. 25-52.
4 Delmaire 1976, p. 53-55.
5 Cf. Delmaire 1976, p. 346, n. 46 et carte p. 36, qui étend beaucoup trop cette toponymie par des mots sans rapport avec Marche/Marque.
6 Cf. Loisne 1907.
7 Sur cette inscription voir Donati 1971 ; R. Delmaire, « Les mortiers de Pont-sur-Sambre et l’atelier de Brariatus », Septentrion 2, 1972, p. 54 ; R. Delmaire, « Civitas Morinorum, pagus Gesoriacus, civitas Bononensium », Latomus 33, 1974, p. 265-279 ; Delmaire 1976, p. 52 et 309. Cette inscription célèbre un officier qui a été préfet de la première cohorte des Morini et des Cersiaci : praef(ecto) coh(ortis) I/[M]orinor(um) et Cersia/cor(um).
8 Le texte de Pline doit être étudié d’après l’édition de L. Ian et C. Mayhoff, dans la collection Teubner (Leipzig, 1865-1898).
9 Pline, 4, 101 ; Tacite, 4, 56 ; CIL VI 3263 ; CIL XIII 8303 et 8317. Notons qu’une précision similaire avec iuncti se trouve dans Pline, 4, 109.
10 Donati 1971 montre que les inscriptions CIL XVI 48 et 69 donnent seulement : cohors I Morinorum et sont de 103 et 122.
11 Notitia provinciarum et civitatum Galliae : Th. Mommsen (éd.), MGH AA, IX, Chronica minora 1, Berlin, 1892, p. 552 sqq. ; réédité dans P. Geyer (éd.), Corpus Christianorum Series Latina 175 : Itineraria et alia geographica, Turnhout, 1965, p. 385 sqq.
12 Cf. Scheers 1977, p. 113. L’alternance e/a devant r est connue : cf. Dottin 1920, p. 96, n. 3.
13 Cité par J. Whatmough, Dialects of Ancient Gaul : Prolegomena and Records of the Dialects, Cambridge, 1970, p. 178, d’après CIL XII, 37. Mais Dauzat, Rostaing 1963, et Nègre 1990, no 1144, montrent un adjectif Carsitanus qui nous amène dans une autre direction.
14 Cf. Dottin 1920, p. 25 et 65, avec explication douteuse. Les propriétaires *Carsios/ Cersios possèdent des terres comme Sarcé, Sarthe, Sarciacum 873, et Cercy-la-Tour, Nièvre, Cerciacum xiie siècle ; cf. Nègre 1990, nos 8354 et 8842.
15 L’absence d’une voyelle intérieure empêche le rapprochement avec le toponyme fréquent Carisiacum > Chérisy ou Cerisiacum > Cérisy, cf. Morlet 1985, p. 56 et 62.
16 Les diverses possibilités de traductions celtiques du mot pagus sont envisagées par Quentel 1973. Remarquons ici que César emploie en effet ce mot de pagus dans le sens de division de la cité lorsqu’il s’agit des Gaulois (BG 1, 12 : Is pagus appellabatur Tigurinus. Nam omnis civitas Helvetia in quatuor pagos divisa est. Cf. 1, 27 ; 1, 37 ; 4, 1 ; 4, 22 ; 6, 11 ; 6, 23 ; 7, 64) et d’autre part qu’il reconnaît un caractère institutionnel à ces divisions gérées par des chefs (BG 6, 23 : principes regionum atque pagorum).
17 Cf. A. Chastagnol, « Cités de la Gaule romaine », dans Sept siècles de civilisation gallo-romaine vus d’Autun, Autun, 1985, repris dans A. Chastagnol, La Gaule romaine et le droit latin : recherches sur l’histoire administrative et sur la romanisation des habitants, Scripta varia 3, Lyon, 1995, p. 29-35. À Rennes, selon plusieurs inscriptions, le temple de la cité rassemblait les statues des numina pagorum. La mention d’un genius pagi apparaît en diverses régions de Gaule romaine. Les noms de certaines de ces divinités locales sont connus.
18 Sur ces divisions des Bellovaques, cf. Fichtl 2004, p. 93. N’évoquons pas la situation de la Cité des Atrébates qui paraît avoir été plus complexe : cf. Delmaire 1990.
19 Delmaire 1976, p. 51, pose une question avec des hypothèses anciennes dépassées concernant les Meldi de César qu’on a voulu trouver en Morinie.
20 Attestations dans de Loisne 1907, Haigneré 1880 et Haigneré 1881. Voir aussi Nègre 1990, no 12319.
21 La désignation par Mercuritium dans Lambert d’Ardres, Chronique de Guînes et d’Ardres, Godefroy-Ménilglaise 1855, p. 512, reste obscure malgré l’éditeur, qui voyait dans le mot une keur ou assemblée municipale d’échevins.
22 Liste dans Loisne 1907, Introduction, p. VIII.
23 Leclercq 2002, p. 27-38, a voulu faire apparaître un monnayage de ce pagus supposé, avec un trop petit nombre d’exemplaires.
24 Cf. édition de B. Guérard, Paris, 1840, p. 19 ; Loisne 1907, s.v. « Ternois » ; l’introduction donne une analyse de la situation médiévale assez confuse.
25 Cf. J. Dhondt, dans Histoire des territoires ayant formé le Pas-de-Calais, Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, Études historiques 1, Arras, 1946, chapitre IV, p. 50. Nous ne nous attarderons pas ici sur le nom de la rivière de Saint-Pol, la Ternoise, qui est simplement analogique, malgré ce que dit Delmaire 1976, p. 131. Nous en reparlerons.
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