8. Éléments d’une histoire du texte jusqu’aux recensions byzantines
p. 135-161
Texte intégral
Histoire de la transmission dans l’Antiquité
1L’altération survenue dans l’Antiquité, avant et après les éditions alexandrines, est indéniable. Elle est identifiable quand même elle ne peut pas toujours être démontrée. Le degré de la détérioration est plus difficile à évaluer. Le souci de conservation peut avoir été plus grand qu’on ne dit, comme inversement, un rétablissement éditorial, ou une réparation peuvent ne plus être reconnaissables, ne pas être reconnus par nous.
2Nous tablons sur un « texte » de base, au plus près de son origine, qui pourrait, à un endroit, ne pas être ce que l’auteur a écrit et que nous lisons et commentons pourtant comme tel. Le risque existe, l’incertitude ne peut jamais être bannie. Pourtant, l’interprète ne renoncera pas à prendre parti pour le « texte » premier, « le plus proche ». Les raisons pour lesquelles on insiste sur les probabilités de l’altération sont si intimement liées à la pratique d’une mise en question méthodique des singularités d’expression, au profit d’une norme ou de l’indifférence que la suspicion peut à juste titre paraître suspecte, émanant d’une pétition de principe1. On assigne à l’altération une « origine » première et principielle ; contre le texte, un non-texte2. On peut invoquer la fortune, pour les accidents du temps et pour les négligences ; la suspicion est injustifiée si le doute produit l’accident, et crée la détérioration en la décrétant.
3La Textgeschichte de Wilamowitz3 reste paradigmatique pour la reconstruction que l’on tente de faire de l’histoire lacunaire du texte dans l’Antiquité, quand même certaines hypothèses fondamentales, pour le texte des tragiques, comme celles de la naissance du « livre »4, des conditions scolaires qui ont donné naissance aux choix des tragédies à la fin du IIème siècle5 ou comme le rôle d’un grammairien identifiable ont été modifiées ou abandonnées. Je m’en tiens, et partiellement me réfère, pour les points ici omis, à la synthèse qu’ont publiée Barrett (« The Tradition in Antiquity »), dans son édition d’Hippolyte (1964, p. 45-57), Kannicht, dans son édition de l’Hélène (1969, vol. I, p. 78-93), P.E. Easterling, dans l’Électre de Sophocle de Kells (1973, p. 243-252)6.
4Il fallait que le choix fût l’œuvre d’« un homme » pour Wilamowitz7, un réformateur, investi de ce pouvoir de fixer les programmes, comme les commissions qu’il voyait se réunir autour de lui pour fixer les programmes scolaires, un individu dont on perçoit l’intention et la politique peut-être ; en même temps, il n’a pas de vraie figure : un compilateur n’a pas d’individualité8. L’homme (anonyme) a aujourd’hui été remplacé par l’anonymat d’une évolution ancienne et progressive, ou par des principes de classement plus esthétiques. On a depuis cherché à saisir la fonction et la signification des regroupements par triades et par tétrades chez les grammairiens alexandrins (voir les études de Tuilier et de Blanchard).
5Un bilan des objections est dressé par Erbse9, à la suite de Pertusi10 : citations de tragédies non retenues, après le IIème siècle, dans les papyrus (nombreux pour le IIIème siècle) ; la sélection ne dépend pas des besoins scolaires ; Symmaque, pour Wilamowitz le modèle d’un sélectionneur, commente : il ne sélectionnerait pas11 ; l’activité savante, même avant Didyme, a déjà porté sur les pièces transmises12. Le choix est ancien. La connaissance des pièces était plus généralement culturelle, et non seulement scolaire.
6Les présentations restent marquées par l’idée générale qu’on se fait sur la nature ou le degré de l’altération qu’ont subie les textes. Plus on avait soumis la restitution de la lettre à une connaissance solide des faits de langue ou de civilisation, plus le texte servait à l’application et à la mise à l’épreuve des règles observées, nécessairement générales, à savoir communes ; plus aussi on a été porté à accentuer la déformation, et à restreindre les probabilités d’écart par rapport à la norme. Le point de vue opposé retrouverait dans certaines activités éditoriales et savantes, dont nous percevons la trace, une histoire peut-être malheureuse de la compréhension, et donc le conflit, déjà, entre la conservation d’un texte et les attentes et les besoins d’adaptations nouvelles.
7L’écart des scholies, en matière d’exégèse, en porte témoignage ; le commentaire les expose d’autant plus largement que ces orientations ont souvent fixé l’histoire de l’interprétation dans les temps modernes13. La continuité est indiscutable. Semblablement, beaucoup de « variantes », que l’on peut considérer comme authentiques, à savoir transmises par une tradition ancienne, reportent les incertitudes éditoriales et le débat interprétatif à une époque plus haute. Une leçon, pouvant être par hypothèse considérée comme un élément du texte, est confrontée avec une autre, pouvant être considérée comme une correction (discussion de passages, adaptations) qui, en principe, doit être analysable comme telle, et rapportée à sa motivation.
8Le parti pris (réaliste ?) en faveur de la corruption ancienne détermine la description du travail des Alexandrins, au terme d’une période encore privée de la « stabilisation du texte »14. Collationnant plusieurs exemplaires dont celui de Lycurgue, tous plus ou moins altérés, Aristophane note les variantes qu’il trouve (et ses préférences) ; il retient des passages qu’il ne considère pas comme authentiques15. Le travail critique des modernes trouve un modèle auquel il peut se rattacher, pour les corrections et pour les athétèses. Erbse prend prudemment, mais raisonnablement, le contre-pied, en supposant comme par nécessité « qu’une forme relativement stable et homogène de la transmission des auteurs s’était imposée — pour des secteurs essentiels de la littérature nationale », désignant, comme Wilamowitz, par antithèse, la matière obligée d’une continuité canonique16.
9Le gouffre, en fin de compte, pour ce qui a survécu aux deux siècles noirs, ne se situerait pas entre la fin de l’Antiquité et nos manuscrits, mais avant, entre le texte qui a atteint cette période et l’autographe, et surtout avant les grammairiens alexandrins. C’est là, pour annuler cette distance de l’original, que la critique textuelle a son rôle réparateur à jouer17. La proposition, pour être juste, doit impliquer le renversement. Le rôle qu’on lui a fait jouer a aussi agrandi la distance supposée.
10Le décret de Lycurgue a été interprété couramment comme une mesure de préservation, que la détérioration des textes avait rendue nécessaire18. Ils risquaient de perdre leur identité sous le poids des interpolations. Les textes ont souffert de leur utilisation (on aurait pu soutenir le contraire). Wilamowitz brosse un tableau très vif de ces bandes de comédiens sans respect pour le texte19.
11La licence était grande. On faisait ce qu’on voulait, ajoutant ou retranchant, recomposant. Le livre de jeunesse de D. Page20, avec tout ce qu’il a produit, est sorti de ces pages vagabondes de vita histrionum, qui légitimaient toutes les censures. La déformation était rapportée aux improvisations d’une troupe en tournée, à la recherche du public des bourgades. Wilamowitz savait aussi que la philologie ionienne plus digne, qu’une téléologie de la science allait implanter en Égypte, avait besoin du support d’un véritable « texte ». Aussi construisait-il librement l’histoire parallèle du livre, de sa diffusion, et de la librairie21. Il ne se disait pas que les libertés théâtrales des mises en scène, aussi novatrices fussent-elles dans l’adaptation au goût des publics, supposaient une pratique bien établie, et non nécessairement ignorée des spectateurs, en partie sûrement capables de percevoir les écarts. La description naturaliste des deux faits de civilisation, projetée par l’historien pragmatique, offrait, au service de la philologie, le double paradigme de la norme et de l’écart, et de leur irréconciliable conflit. Les exemplaires défigurés22 n’avaient pas moins trouvé leur chemin jusqu’à la Bibliothèque d’Alexandrie que le modèle, beaucoup moins déviant, emprunté aux archives de la ville d’Athènes. Le travail n’était pas désespéré, mais il restait à faire.
12Depuis Wilamowitz (et bien avant lui), on répète, avec constance, que la mesure de Lycurgue cherchait à limiter les utilisations trop libres, mais qu’elle n’a pas eu l’effet escompté23. Le sens est à peu de choses près le contraire, témoignant d’un intérêt pour la lettre du texte et sans doute de toute une tradition de respect parfait. La traduction a été déterminée par cette attente. On rend le décret, concernant les représentations de tragédies, conservé dans la Vie de Lycurgue du Pseudo-Plutarque (841 F)24, avec la correction de Wyttenbach : οὐκ ἐξεῖναι γὰρ <παρ’> αὐτὰς ὑποκρίνεσϑαι « car il ne serait pas permis de jouer les pièces en s’écartant (παρά) du texte officiel » (tel que le scribe en titre l’aurait fixé). Lycurgue cherche au contraire dans le sens opposé — le théâtre contribue à la fixation du texte — à enrichir les copies qui circulent de toutes les indications nécessaires à la représentation dramatique : « car il n’était pas possible sinon (oὐ... γὰρ...) de les jouer ». A lire le texte sans le préalable, il apparaît que c’est précisément l’exactitude des représentations scéniques que visait Lycurgue, loin de leur opposer une tradition livresque plus pure. Le texte ne suffisait pas, il fallait pour complément les indications techniques : « (... pour honorer les classiques de la tragédie) Lycurgue en fit écrire un exemplaire public, que l’on conserverait », comme on le faisait de textes réglant la vie de la cité ; « le secrétaire de la cité était chargé d’en faire la collation avec les exemplaires du théâtre ; car il n’était pas possible, sinon, de les jouer ». On voit que Lycurgue vise les représentations théâtrales des trois classiques, et non seulement d’Euripide25 ; leur présence dans la ville est d’abord assurée par cette présence publique des œuvres, réunissant les hommes dans l’espace d’une communauté qui revêt une fonction politique, se distinguant de l’étude et de la lecture26. Les manifestations ont une expression permamente et officielle dans la forme écrite d’un exemplaire rendu conforme à la réalité concrète de la mise en scène27. Ce n’est pas une mesure de conservation, en réaction contre les improvisations, comme a dû l’être le texte d’Homère de Pisistrate, auquel les rhapsodes étaient tenus de se reporter dans leurs récitals, mais un acte public réglant les productions scéniques, qui entrait dans un programme de politique culturelle.
13Comme il a fait élever en public des statues de bronze des trois tragiques, pour que leur rôle culturel et civique soit mis en évidence, Lycurgue donne à leurs œuvres un statut officiel ; il traite les tragédies non comme des textes que l’on conserve dans les archives publiques pour s’y reporter comme à un modèle, mais pour qu’on puisse au théâtre les jouer comme il convient, et leur assurer une survie publique, comme une chose appartenant communément à tous les citoyens ; ils se reconnaîtront, en un centre intellectuel, comme si la conscience que la cité peut avoir d’elle-même se reconstituait à travers les institutions de ce décret. Le décret de Lycurgue atteste une manière de reconnaissance, au moment des expéditions d’Alexandre, de la place d’une grandeur révolue ; l’unicité d’un passé affirme la prééminence de réalisations culturelles, promues au rang de valeurs « étatiques ».
14On pourrait de façon analogue, au sujet de l’activité philologique de l’époque alexandrine, montrer que le même préjugé en faveur de la détérioration a orienté la présentation. Il n’y a pas lieu, certes, de méconnaître l’étendue d’une altération que le texte a pu subir au cours des périodes envisagées, avant la création de la Bibliothèque, et après les éditions savantes28. Les témoignages papyrologiques et les citations de la tradition indirecte nous informent sur les circonstances, chaque fois spécifiques ; il existe un état donné, malgré la multitude des accidents possibles, s’approchant ou s’éloignant d’une justesse qu’il n’y a pas lieu de considérer comme perdue. L’arbitraire est peut-être du côté de l’altération érigée en principe. Une présentation moins pessimiste des faits ne repose pas sur une idée préconçue ; en étudiant la thèse inverse de la corruption, on découvre qu’elle n’exploite pas moins les ressources d’une analyse historique des variations, au sujet desquelles l’herméneutique permet de trancher selon le problème particulier. L’hypothèse de l’altération ne peut être acceptée comme un a priori.
15Face à la virtualité d’une détérioration universelle, les techniques de la fixation et de l’établissement des textes construisent une défense très élaborée. Les commentaires mêmes, pour éloignés qu’ils ont pu être de l’exégèse appropriée — ce que les scholies nous montrent souvent qu’ils ont été — ont pu ne pas exercer l’influence qu’on pourrait penser sur l’altération de la lettre du texte. S’il n’en était pas ainsi, elle serait introuvable.
16La question, pour pouvoir être vraiment traitée, demandera une étude systématique des variantes, dégageant l’origine et la motivation des interventions, en relation avec la masse des gloses et des interprétations. L’erreur matérielle peut être identifiée, et séparée comme telle ; dans ce qui reste, la transformation de la lettre doit être appréciée selon d’autres critères que les seuls verdicts d’authenticité. Les « corruptions » où elles existent ont un visage ; elles se laissent analyser et parfois dater ou situer, au même titre que le texte, en confrontation avec lui, pour hypothétique qu’il soit, au cours de l’analyse, mais à condition que le « faux » présumé puisse se défendre, dans le texte et dans l’apparat, où le soupçon s’est logé, et où l’on fait son choix.
Tradition indirecte
17Nous avons tenu compte des citations dans les auteurs anciens et byzantins aussi largement que possible, c’est-à-dire autant que les éditions existantes et la consultation de certains index des auteurs cités29 nous ont permis d’y accéder. On se meut sur un terrain d’autant plus incertain que l’apport pour l’établissement du texte est restreint et que l’utilisation de ces sources supplémentaires est éclectique30. La question concerne en premier lieu l’histoire culturelle des œuvres.
18Une récente analyse de la tradition indirecte de Sophocle par Letizia Lanza et L. Fort31 cherche, par un recueil aussi exhaustif « que possible » des témoignages, à démontrer, dans les quatre pièces d’Ajax, d’Électre et des deux Oedipe, leur intérêt pour l’établissement du texte et l’exégèse. Les éditions sont critiquées pour leur éclectisme dans l’apparat ; la deuxième Teubnerienne de Dawe (1984) est exceptée32. Les auteurs ne s’expliquent pas sur la manière dont ils pensent que la documentation peut ou devrait être constituée ou complétée (il semble qu’ils se soient limités aux renseignements fournis dans Dawe). Pour Oedipe roi, Fort33 discute les vers 13 (μὴ Souda pour μὴ où), 49 (μεμνῷμεϑα Eustathe, -ώμεϑα nos manuscrits), 467 (ἀελλάδων Hésychius), 921 (πόροις Eustathe contre πόρῃς). A l’exception du vers 467 où Hésychius permet de reconstituer le texte, la tradition indirecte, soit confirme (v. 49), soit présente une variante apparemment secondaire (v. 13, 921).
a. Auteurs divers de l’Antiquité
19Aristote, Rhétorique III, 14 ; voir v. 77434. Pseudo-Aristote, De mundo, ch. 6,400 b 25 s. pour les vers 4 s.35 (modèle de la diversité dans la vie des cités) ; voir aussi Plutarque et Athénée.
20Plutarque36, Vie d’Alexandre, ch. 30, 682D (adaptation des premiers mots du vers 50 ; Darius demande aux dieux, comme Oedipe, de pouvoir redresser la bonne fortune de l’empire)37.
21Vie d’Antoine, ch. 24,926A (citation adaptée des mêmes vers 4 s38 ; diversité de l’Asie)39.
22Moralia, Quomodo adolescens, ch. 5, 22EF, pour les vers 2 s. (discussion sémantique de ϑοάζειν).
23De amicorum multitudine, ch. 6, 95C, encore les vers 4 s. (diversité des activités)40.
24De fortuna, ch. 2,98A, pour les vers 110 s. (παν τò ζητούμενον, pour τò δὲ ζ.).
25Consolatio ad Apollonium, ch. 30, 117A, pour le vers 379 (sur l’empire de la fortune, comme dans le passage précédent) : ϑεòς δέ σοι πῆμ’ οὐδὲν... pour Κρέων δέ... et αὐτòς αὑτῷ σὺ σοί pour αὐχòς σύ σοί.
26De superstitione, ch. 7,168C, pour les vers 1342-1346 (réfection ou retraduction libre des paroles de l’autoaccusation d’Oedipe).
27Ch. 9, 169D, pour les vers 4 s. (diversité des appels à la superstition).
28De fortuna Romanorum, ch. 4, 318D, pour le vers 1080 (Sylla, fils de Fortune)41.
29An virtus doceri possit,ch. 6,445 s., pour les vers 4 s. (diversité due au désordre de l’âme)42.
30De amore prolis, ch. 5,497D pour les vers 1276 s. (la mutilation ne contredit pas l’amour naturel de soi)43.
31De curiositate, ch. 14, 522C, pour les vers 1169 et 1170 (la curiosité est à l’origine des malheurs d’Oedipe, de son départ de Corinthe jusqu’à l’interrogation finale du berger)44. Nous avons adopté le participe ἀκούων contre l’infinitif que les éditeurs empruntent à Plutarque (522C et 1093B)45.
32Quaestiones convivales, I, 5, ch. 2, 623C, pour les vers 4 s. (diversité des élans de l’âme suscités par l’amour)46.
33II, 1, ch. 5,632D, pour le vers 38547(l’euphémisme, dans le blâme de Créon par Oedipe).
34Non posse suaviter, ch. 11,1093B, pour les vers 1169 s.48, comme en 522C (sur le plaisir que procure l’information, quel que soit le contenu).
35Fragment 205,5 Sandbach, pour le vers 961 (sur la différence de la mort, chez les vieux et les jeunes)49.
36Athénée, X, 17,420F, toujours pour les vers 4 s. (οἷκος pour πόλις ; diversité des produits dont regorge la maison). X, 79, 453E, voir le vers 33250 (à propos de la forme du mètre).
37Traité du sublime, ch. 23,3. Voir le vers 1405. L’auteur cite les vers 1403-1408 (pour les effets liés à l’emploi du pluriel, γάμοι, puis πατέρας, ἀδελφούς, etc. qui ne s’appliquent qu’à une personne, Oedipe ou Jocaste).
38Porphyre, Quaestiones homericae51. Vers 1123 (voir le vers).
b. L’anthologie de Stobée
39Les dix-huit citations peuvent être classées suivant le thème qu’elles illustrent, sous forme de réflexions ou de maximes (γνῶμαι). 1. La vie physique : deux fois (IV, 50, 29 ; IV, 51, 9), la santé fragile du vieillard (v. 961). 2. Liens familiaux : violation par Créon, v. 551 s. (voir v. 552) ; par Oedipe, v. 611 s. (II, 46,2) ; affection, v. 999 (IV, 25, 20). 3. Condition humaine : puissance de la Fortune, v. 977 s. (I, 7, 4) ; limites du bonheur, v. 1189-92 (voir les vers 1191 et 1192). 4. Société : unité et foisonnement dans les manifestations du corps social, v. 4 s. (I,1, 36 ; p. 44, 10 s.) ; roi et citoyens, v. 54-57 (voir le vers 57) ; intégration des citoyens, v. 62 et v. 63 s. (IV, 32, 21, p. 787, 3 s.) ; règle de gouvernement : action et négligence, v. 110 s. (τò ζητούμενον, sans δέ, ... ; voir ci-dessus Plutarque, 98A) (III, 29,48) ; la citation forme, comme le vers 999, le plus clairement une sentence (elle est dans le texte introduite comme telle) ; richesse, v. 380-382 (voir le vers 380) ; l’argent corrupteur, v. 387-389 (III, 10, 19) ; l’épreuve du temps, v. 614 s. (I, 8,21) ; la transgression, v. 873 s. (IV, 8,11). 5. Le domaine de la parole : la force de la vérité, v. 354-356 (voir le vers 356) ; le bien dans la mauvaise nouvelle, v. 86-88 (voir le vers 88) ; le mal difficile à dire (voir le v. 1409)52.
c. Grammairiens et lexicographes
Hésychius
40Le problème d’une bonne exploitation du matériau de la diction tragique recueilli dans le lexique d’Hésychius est délicat53 ; un relevé systématique demanderait une étude préalable, grâce à laquelle on pourrait disposer de critères relativement sûrs. Il n’a pas été fait par nous pour Oedipe roi. Nous séparons d’abord les cas où il est explicitement fait référence à la pièce (a.). D’autres sont plus aléatoires ; on s’appuie sur la singularité de l’explicitation soit formelle, soit sémantique (b.)54. Si l’on retient les lemmes où Schmidt55 a supposé la présence d’une glose se rapportant à la pièce, on peut, de cette liste, retrancher les cas où Latte56 ne l’a pas suivi57. Mais dans le sens de l’extension, on pourrait en retenir d’autres qui n’ont été signalées ni par l’un ni par l’autre éditeur.
citations explicites ; v. 174 (ἰηίων καμάτων, à l’accus. plur., cf. ι 364) ; v. 391 (ῥαψῳδός, p 167) ; v. 411 (προστάτου, π 3896 ; le vers est cité)58 ; v. 417 (άμφιπλήξ, a 4083) ; v. 467 (voir le vers) ; v. 750 (βαιός, à l’accus., β 87) ; v. 899 (ʼAβαῖσι, au nom., avec réf. à Sophocle, a 50) ; v. 1314 (άπότροπον, a 6745).
exemples de références non explicites probables ; v. 898 (γᾶς επ’ μὀφαλόν, cf. γῆς ὀμφαλός, γ 537) ; v. 1497 (ἤροσεν, η 823).
Choeroboscus (VIème ou VIIème s.)
41Les leçons ou scholies sur Les paradigmes de la flexion du nom et du verbe de Théodose (IVème-Vème s.)59. Le v. 223 est cité dans l’étude des neutres, pour κρᾶτα (masculin aussi bien que féminin)60.
d. Les papyrus
42Nous avons adopté dans notre apparat les sigles de Colonna61 : Π2 (PSI XI, 1192, pour les vers 179-200 ; et P. Oxy. XVIII, 2180, donnant les vers 102-121, 242-294, 297-299, 397-404, 411-532, 574-587, 971-974 ; tous deux sont du IIème siècle)62, Π9 (Ρ. Oxy. I, 22, IVème-Vème siècle, donnant les vers 375-385, 429-441), Π10 (P. Oxy. XI, 1369, Vème-VIème siècle, donnant les vers 688-697, 708-710, 731-740, 751-753, 775-784, 819-827, 1304-1310, 13511358)63.
43Défendant la tradition ouverte pour la période antique de l’histoire du texte, Barrett combat l’idée que l’édition d’Aristophane ait pu la marquer au point de faire fonction d’« archétype ». Si d’autres textes ont continué à être pris pour modèles au même titre, ou presque, et à être consultés, ou collationnés, la différence entre eux n’était pas si considérable qu’on admet qu’elle l’a été lorsqu’on suppose un processus d’altération précoce, arrêté par l’activité savante conservatrice. Avec la tradition « ouverte », les erreurs, les fausses lectures et les adaptations sont moins définitivement incorporées dans le texte « reçu ». La confrontation rend la concurrence plus vive, une variante est en lutte avec une autre ; elle peut s’imposer — être « bonne » contre l’autre, qui est la moins bonne. Tout dépend de l’intérêt pour la justesse ou l’authenticité que l’on suppose chez l’utilisateur, établissant son texte, contre les fausses attentes et l’illusion (« les erreurs qui semblent donner un sens »)64. Ce point de vue, bien que modéré, est résolument pessimiste. La dégradation est progressive (« the graduai disappearance of some of the true alternatives and the graduai emergence of a number of false ones »)65 ; on risque de privilégier la pente naturelle à la transformation et à l’équivalence des expressions ; elle pouvait avoir été compensée et combattue par une tendance contraire, soucieuse de reconnaître les particularités de l’écriture. Les leçons concurrentes dans les papyrus, doivent être appréciées cas par cas, comme dans les manuscrits médiévaux. Un contaminationniste fervent comme Dawe englobera une ouverture dans l’autre, pour trouver confirmation d’un élargissement (les recc.) dans la tradition secondaire. Les résultats sont décevants.
44Vers 115, le papyrus (Π2) donne, semble-t-il, la leçon de L (ουκέϑ) ; v. 180, il confirme peut-être A ([δ]εγ[ενεϑλ]α). Vers 181, il appuie la lecture incertaine dans L (ϑανατα[φορ]α) ; v. 380 (Π9), la leçon de LA66 ; v. 433, Π2 offre comme variante une correction orthographique67 ; v. 434, Π9p.c., confirme Lpc A (avec la Souda)68 ; v. 461, une omission dans L, contre A ; v. 1307, on suit Π10 pour l’étendue d’une exclamation69.
45Vers 375, Π9 atteste une vraie variante (non orthographique) qu’on n’est pas sûr de lire dans L, mais que confirme la famille romaine (G et R). C’est le cas de loin le plus significatif parce qu’on y trouve confirmée une leçon qui a été rejetée au profit d’une correction évidente70. Vers 528, Π2, comme la Souda, GR et des recc., donne δ’, omis dans LA. Vers 187, on préfère à Π2 une autre variante de la tradition manuscrite (παιάν contre παιών) ; de même, v. 297 (οὑξελέγχων contre -έγξων, noté comme variante dans L) ; v. 1306 (ποίαν contre τοίαν)71. La variante notée dans Π9, v. 429, est d’une lecture incertaine72. Vers 695, Π10 corrige une erreur de LA (voir GR, avec la tradition indirecte) ; v. 827, il offre une leçon (interversion de mots) qu’on peut préférer73.
46Lorsque les papyrus ne contribuent pas orthographiquement et paléographiquement à rétablir la lettre74, on est devant un choix sémantique, qui peut ou doit être tranché, on le voit, après l’interprétation — dans un sens ou dans l’autre75.
47Les variantes papyrologiques (comme de la tradition indirecte) sont parfois valorisées arbitrairement pour mieux justifier l’activité savante. Au vers 378, la leçon ante corr. du papyrus76, publié en 1898, était entrée dans le texte de Pearson contre la tradition manuscrite et la correction du papyrus77. C’est l’altération (τοῦ) qui fait problème, et appelle commentaire78.
48Pour des exemples de divergences sans doute erronées ou de fautes, voir v. 380 (Π9) ;v. 417 (Π2)79 ; v. 431 (Π9) ; v. 435 (Π9) ; v. 436, Π9 ac donne τονευσι (le τ a été gratté et un γ a été ajouté au-dessus de la ligne) ; v. 437, Π9 ac donne ποιοιει (le ε a été gratté et un σ a été ajouté s.l.) ; v. 510 (Π2) ; v. 521 et 1352 (Π2 et Π10, variante orthographique : εἰς/ἐς) ; le v. 531 est omis par Π2 ; le v. 778 par Π10 ; v. 780 [Π10] ; v. 824 φευγ- (Π10, sans doute avec Lac) ; v. 825 (Π10), le nombre de lettres laisse la possibilité, d’après les éditeurs du papyrus, de lire μηστ’ εμ (voir μήστι, Lac, v. 824)80 ; v. 1352 s., Π10 semble avoir ο]υϑεν (pour οὐδέν)81.
e. Byzance
La Souda
49La Souda pourrait être considérée comme un manuscrit fragmentaire comparable à L. On est donc tenté de noter toutes les divergences : 255 passages, où Dawe aurait pu incorporer la leçon de la Souda (West, 1978, p. 237 ; dans la deuxième éd. B.T., Dawe a davantage considéré la tradition secondaire). Pourtant, de l’aveu de West, on n’en tire rien de bien intéressant. La place prise est disproportionnée.
50La divergence des leçons pour un même passage est expliquée par Colonna, comme pour Eustathe, par la double utilisation d’un manuscrit de Sophocle qui pouvait être proche du modèle de GR82, et de sources indirectes (lexiques antérieurs et anthologies), où les textes pouvaient être cités d’après la branche de L83. Les accords de leçons de la Souda avec GR montrent qu’elle a eu accès à un texte de la famille p. L’utilisation offrirait un terminus ante (env. 1000) pour la division de λ et ρ84. Comme les manuscrits de la famille romaine dépendent d’une source postérieure à la Souda, celle-ci témoigne, pour Turyn, d’un état antérieur, non altéré encore, où les leçons peuvent plus souvent coïncider avec celles de L85.
51On trouve signalés dans notre apparat des cas où les manuscrits de la Souda sont divisés, s’accordant partiellement avec la famille romaine (voir v. 434, variante ; 742, variante ?), et d’autres où la correspondance est entière (voir v. 657, leçon adoptée).
52Certaines citations ont été relevées (avec les manuscrits) dans l’apparat critique. D’autres ne le sont pas. L’absence ou la présence ne se laissent pas toujours justifier. Nous nous sommes en un premier temps appuyés sur les éditions de Sophocle et sur Turyn ; en un deuxième seulement, sur l’index d’A. Adler86. La matière est abondante. Ainsi nous ajoutons d’une part aux références retenues dans l’apparat (a.) quelques précisions. On relève en outre les autres fragments du texte cités dans le lexique (b.)87. L’index lui-même n’est peut-être pas exhaustif. Quelques références traditionnelles n’y figurent pas.
v. 12 s. ; v. 18 s. (οἱ δε... λεκτοί) ; v. 34 ; v. 35 ; v. 41 s. (...ἡμῖν) ὧδε pour οἵδε ; v. 54-57 ; v. 58-64, νοσοῦντες (v. 60) comme LΛA (et GR) ; v. 87 s. ; v. 108 s. ; v. 130 s. ; v. 137-140, αὐτοῦ (v. 138) ; v. 170 ; v. 248, γάρ après κακὸν, S ; v. 316-318, διλεσ’ Μ, δ’ ὤλεσ’ AV (v. 318) ; v. 336 ; v. 372 s. ; v. 388 s. (... δέδορκε) ; v. 393-398 (voir le vers 397), γνώμῃ (v. 398) ; v. 401-402 (... ἀγηλατήσειν) ; v. 433 (ἐπεὶ...) -434 ; v. 439 ; v. 471 s., κῆρες ;v. 484 s., δοκοῦντες A F V ;v. 515 (εἰ γὰρ...) -519 (... βάξιν) (voir le vers 516), εἴτ’ (v. 517), τοῦ (v. 518) ; v. 528 ; v. 543 (οἷσϑ’... ποιήσων) ; v. 549-552, εἴτοι GVM, εἴ τι AIF (v. 551, cf. v. 549) ; ὑφέξειν FV, -ει A, -εις GIM (v. 552) ; v. 568 s., τάδε G, τόδε A V Μ ; φιλών VM ; v. 656 (ἐναγή φίλων, lemme)-657 (... λόγων ἄτιμον βαλεῖν) ; v. 690 s. ; v. 695 (οὔρησας) ; v. 742 s., άπεστάτει ; v. 750-751 (λοχίτας) ; v. 760-762, ἐξέπεμψε κατά GIT pour πέμψαι κἀπὶ ; v. 802 (κἀπὶ...) -804 (ξυν-), om. de οἶον σὺ φῄς ; v. 873-875, συμφέροντα ; v. 889-894, ἕξεται· ματαίων δὲ τις... (v. 891 s.) ; v. 906 s. ; ν. 1409, καλόν ; v. 1413-1415 ; v. 1422 s. ; v. 1529 (μηδέν’)-1530.
v. 2 (θ 395) ; v. 3 (ε 1659) ; v. 27 (σ 588), πορφύρας F ; v. 33 (σ 1408) πρῶτον après βίου ; v. 44 s. (ζ 166) ; v. 75 (τ 817), lemme : τοῦ καϑήκοντος χρόνου πέρα ; v. 106 (νῦν...) -107 (ε 2618), τινας ; v. 116 (σ 1399) ; v. 143 (ι 280) ; v. 153 (ἐκτέταμαι... πάλλων) (φ 555), πάλλων ; v. 158 (φ 269), φήμη ; v. 166 (η 403) ; v. 169 (νοσεῖ...) -170 (στόλος) (π 2554) ; v. 186 (στονόεσσα...) (ο 227) ; v. 246 (κ 1015), τάδε pour εἴτε τις ; v. 290 (κωφά...) (κ 2305) ; v. 296, lemme, (ω 90), τάρβος avant δρ., add. de τοῦτον avant οὑδ’ ; (τ 118), texte des mss. ; v. 300 s. (sans διδ. τε) (ν 550) ; v. 301 (χ 331) ; v. 334 (καὶ γάρ...) -335 (...ὀργάνειας) (ο 503), γ’ sauf S (φύσις σύ τ’) ; v. 356, (τἀληϑές... τρέφω) (τ 51), lemme, ἰσχύον ; v. 371-373 (τ 1215), αἰεί pour εἶ AV (v. 371) ; v. 378 s. (π 1518), σοῦ ; v. 379 (κ 2374) ; v. 382-386 (δ 1456), ήμῖν GIFM (v. 382), πιστòς ούξ (v. 385) ; v. 387 (μ 25), (μ 1019) ; v. 387-388 (... αγύρτην) (υ 720) ; v. 391 s. (ρ 70), ηύδοτι A ; v. 411 (γ 94) ; v. 417 s. (α 1753), τοῦ σοῦ ; v. 418 (δεινόπους άρά) (δ 342), lemme ; v. 427 (σοῦ γάρ...) -428 (ε 688) ; v. 515 (α 4369) ; v. 518-519 (βάξιν) (μ 73), τοῦ ; v. 545 s. (δ 343) ; (λ 223) ; v. 580 (κ 2004), ἃν ; v. 640 (δυοῖν...) -641 (δ 1584) ; v. 658-659 (... όλεϑρον) (ε 2636) ; v. 756 (οι 54), ὥσπερ AF ; ἱκέτης Α ; v. 775 (ήγόμην...) -777 (... έπέστη) (η 68) ; v. 788 s. (καί μ’ ό Φ, ἄτ. έξέπ.) (α 4365), avec om. de ών μὲν ἱκόμην ; v. 823 (α 1831) ; v. 838 (π 1418) ; v. 879 (τò καλώς...) -880 (τ 735), πάλαισμα τῇ πόλει μή λῦσαι ; v. 883-888 (υ 332), δίκης ; ἔϑη pour έδη V ; κακή ; χλιδής ; v. 895-898 (γ 259), γῆς ; v. 916 (ε 1400)88 ; v. 1424-1428 (β 399), δείκνυται ; τῷ GIM (v. 1427).
Eustathe
53Les citations dans Eustathe, souvent fidèles à la lettre du texte, sont ailleurs des adaptations ou paraphrases, ou encore de simples références ou allusions89. Parmi les premières, on peut distinguer les neuf passages d’Oedipe roi où son texte diffère90 de celui de nos manuscrits : ce sont, selon Miller, les vers 65, 159, 161, 267 s., 316, 336, 338, 914 s., 921. Quatre figurent dans notre apparat, trois avec des différences, face à LA (voir les vers 65, 161, 921)91 ; un accord (v. 159)92. Les variantes qu’il met en relief sont μεμνῴμειϑα (voir le vers 49 ; Eust. a le iota) ; λύει (voir le vers 317), que nous n’avons pas adopté ; οὔρισας (voir le vers 695) ; les leçons émanent d’une tradition plus correcte, peut-être corrigée. Colonna suppose, comme Miller, l’utilisation directe d’une source inconnue de nous pour le texte de Sophocle, à côté d’ouvrages de grammairiens antérieurs93.
54Les listes de Miller ne sont pas exhaustives, nous les avons complétées d’après Colonna ; manquent par exemple les leçons du vers 276, 1035 ; ou 1264, cité traditionnellement dans les éditions pour la leçon ἐώραις94.
Pseudo- Zonaras
55Lexique de Zonaras95. Vers 2, s.v. ϑοάζετε, p. 1050 ; v. 87 s. (λέγω... έξιόντα ; voir le vers 88) ; v. 108 s., s.v. δυστέκμαρτον, p. 582 (ποῦ δ’... αιτίας)96 ; v. 439, s.v. αἰνικτά, ρ. 8797 ; v.. 515, s.v. ἀτλητῶν, p. 337 (les deux premiers mots du vers) ; v. 788 s., s.v. ἄτιμος, p. 331 (καί μ’ό Φ. et ἄ. εξ.) ; v. 916, s.v. εννους, p. 718 ; v. 1413, s.v. θιγεῖν, p. 1045.
Nicéphore Grégoras ( ?)
56La mention de lerudit et historien Nicéphore Grégoras est empruntée à l’apparat de Colonna (voir au vers 655) ; elle s’explique par l’attribution des pages des Anecdota Parisina de Cramer (IV, p. 245-264) aux Quaestiones grammaticae de cet auteur98.
Les scholies
57Les scholies anciennes sont connues depuis 1518 (Lascaris). Les scholies byzantines partiellement depuis 1553 (Turnèbe). Elles sont réunies dans les éditions jusqu’en 1786. Clairement distinguées par Brunck, elles sont imprimées par lui dans son édition en quatre volumes, les premières en grandes, les autres en petites lettres, dans des sections différentes, puis éditées en deux volumes séparés au XIXème siècle. L’histoire de l’édition des deux corps de scholies est ainsi confondue, à partir de Turnèbe, jusqu’à Brunck, puis à Elmsley (1825) et Dindorf (1852)99.
Scholies anciennes
58La princeps des scholies anciennes est de Janus Lascaris, « l’édition romaine » de 1518, faite sur le Laurentianus L, qui n’a pas été utilisé pour l’édition du texte poétique100. Certaines leçons de L sont ainsi connues, indirectement, avant Elmsley, par les lemmes ou les commentaires des scholies. Elles sont reprises dans la Juntine, pour la première fois jointes au texte (Florence, 1522), avec quelques additions de provenance byzantine, que distinguera Brunck101. De Marco et Turyn ont pensé que Lascaris avait accès à un ou plusieurs autres manuscrits comportant des leçons de la famille romaine102.
59Avec les commentaires de Triclinius et de Thomas (que Turnèbe prend pour tricliniens), les deux masses, les scholies anciennes103 et les byzantines, sont réunies. Il importe de bien voir que pour les lecteurs, du XVIème au XVIIIème siècle, elles forment l’unité qu’en un sens elles sont vraiment par la continuité du contenu, quand même elles sont distinguées par un système de sigles, comme dans les éditions de Henri Estienne (1568)104 ou Paul Estienne (1603)105.
60Nous citons les scholies anciennes d’après l’édition Teubner de Papageorgius (1888), sans avoir inclus les compléments publiés par De Marco106. La publication de 1888 a été décriée dès sa parution, en particulier par Wilamowitz107. Elle repose principalement sur le corps des commentaires dans le Laurentianus L108. La limitation doit être située dans le contexte du monopole qui était si largement accordé à L pour le texte poétique. Papageorgius a utilisé par ailleurs109 les collations par Dübner de G (triade et Philoctete), F et H (l’un et l’autre pour la triade)110, et partiellement celles de Lr par Lange111 ; c’était pour lui des apographes de L, propres à confirmer les corrections introduites par les éditeurs modernes (Lascaris ou Brunck). Pour G112, Papageorgius ne cite d’ordinaire la leçon dans l’apparat que lorsqu’il l’adopte contre L113, comme le fait Dindorf ; il attribue souvent à Lascaris ou à la Souda une leçon qui est dans G, parce qu’il ne la connaît pas, ou parce que la différence entre « correcteurs » byzantins ou modernes ne compte guère pour lui114. La version de la famille romaine a depuis été étudiée par De Marco (il a fait la collation des scholies de GMR)115. Parmi les éditions plus récentes des scholies, De Marco pour Oedipe à Colone, outre L et RM, utilise T (Tr.)116 et Lp, Lf ; Christodoulou, pour une pièce de la triade (Ajax), outre L et GMR, FN et VOH117.
Scholies byzantines
61Pour les scholies byzantines d’Oedipe roi, on dispose de l’édition de Longo (1971), établie d’après les classements des manuscrits d’Aubreton et de Turyn118. Les interprètes dépendaient auparavant de Dindorf (1852)119.
Les scholies de Moschopoulos ont d’abord été publiées par Johnson120 ; elles sont reprises dans les recueils de Brunck et de Dindorf121.
Les scholies de Planude122 n’ont jamais été publiées avant Longo123.
Celles de Thomas Magister, enfin, sont connues depuis Turnèbe (1553) ; elles sont mêlées à des commentaires de Triclinius124 et portent le nom de ce dernier (« scholies de Démétrius Triclinius » chez Brunck)125, tricliniennes dans les anciens commentaires. Certaines des gloses reviennent à Moschopoulos et d’autres commentateurs126.
Notes de bas de page
1 Voir ci-dessus, p. 50.
2 Voir Blaydes, p. XXVII, « How would Sophocles... appear (dans sa grandeur), if we were to apply [the] rule of never departing from ms. authority. Already in hundreds, if not thousands, of passages, has he been happily emended » (c’est l’opinion d’un Diggle ou d’un Dawe). « Ce qui a eu lieu... pour la Médée (on cite le témoignage des scholies), s’est certainement passé pour le texte de Sophocle, seulement personne ne nous l’a dit » (Masqueray, p. XII, n. 4 ; il n’en tire pas d’application pratique ; on reste dans la virtualité du faux).
3 Ce sont là sûrement, dans l’œuvre du savant, parmi les apports les plus novateurs, et les plus durables. L’histoire y a été soumise à un principe de déterminations culturelles, pour la conservation, la lecture et la diffusion.
4 Einleitung, p. 121-128 : « Die tragödie ein buch ». Il a construit la contrepartie de la déformation (voir ci-dessous), la proximité relative de l’« original ». Dépendance immédiate de la main ou de la bouche (si le texte était dicté) de l’auteur. Sur, la thèse générale, qui n’a pas pu être défendue, voir les réserves d’Erbse, « Überlieferung der griechischen klassischen und hellenistischen Literatur », dans : Geschichte der Textüberlieferung (ci-dessus, p. 72, n. 4), p. 216-219, reprenant celles de E.G. Turner, Athenian Books in the Fifth and Fourth Centuries B.C. ; Reynolds et Wilson, Scribes and Scholars, p. 1 ; d’Homère à Érasme, p. 1 s.
5 Einleitung, p. 179 (« schulmässig musste [der betrieb] in seinem wesen werden ») ; p. 196 (« für den unterricht »).
6 C’est dire que le contenu de ces trois introductions, que nous discutons, est supposé aussi (sans être résumé) là où nous ne le discutons pas.
7 « Ein mann ist es gewesen » ; « den namen dieses mannes kennen wir nicht » ; peut-être Sallustius, Wilamowitz, Einleitung, p. 196 et 198 : comparable à Symmaque, auteur du choix des comédies d’Aristophane. Déception sur l’impossibilité d’en fixer l’identité avec certitude ; un objet qui s’éloigne, p. 201 s.
8 Op. cit., p. 180. « Il serait le premier étonné à voir le succès qu’a connu son édition scolaire ». Témoignage fortuit, d’une période de décadence.
9 Op. cit., p. 207-422 ; cf. p. 237-240.
10 « Selezione teatrale e scelta erudita nella tradizione del testo di Euripide », 1956.
11 Voir Einl., p. 180 s. (« der erfolg seiner auswahl » : l’édition a fixé l’ordre des pièces, autour de 100 après J.C.). Le commentaire pourrait au contraire être à l’origine du choix.
12 Voir Barrett (p. 52), puis Easterling (p. 246 s.). Après le IIIème s. av. J.C., les fragments de pièces inconnues ne sont jamais aussi nombreux (voir les proportions qu’établit C.H. Roberts, 1953, p. 270). La tendance réglant la pratique remonte à l’époque alexandrine (Roberts, loc. cit. ; cf. Barrett, p. 52 : d’autres pièces non transmises ont pu jouir de la faveur distinctive des œuvres finalement retenues). Le succès ou la chance de survie dépendait des outils de lecture (ou de déchiffrement), du commentaire. Le choix se limitait à une portion de l’œuvre ; la limitation créait une tradition qui se perpétuait dans les reprises et continuations de l’exégèse (p. 53). A. Blanchard, « Choix antiques » (1989), p. 181-190, a proposé de prendre en considération plusieurs éléments qui modifient la relation entre « choix » et introduction du codex (voir l’hypothèse de Roberts, 1955, p. 169 ss. ; 1983, p. 75 ; Reynolds-Wilson, p. 30 ; éd. franç. p. 24). Chez les grammairiens d’Alexandrie, l’ordre des pièces était marqué par l’alphabet, selon la lettre initiale du titre, à l’intérieur des boîtes de trois ou quatre rouleaux ; la transcription sur codex a souvent bouleversé ces arrangements anciens (« le passage... a certes favorisé la pratique des choix, mais de façon plus négative... : occasion d’éliminer des pans entiers de littérature », p. 190). Découpages et amputations plutôt que sélections. Le point de vue conduit à comprendre les choix dans le cadre des orientations de lecture, au sein de l’œuvre (voir A. Tuilier, Recherches critiques, p. 100,104 s., 107). On peut interpréter, et selon des principes différents, la triade (appelée à tort « byzantine ») et la tétrade : plutôt choix anciens qui ont été utilisés et codifiés au Vème siècle, à Constantinople (Blanchard, p. 183) ; ils correspondent moins à la popularité des pièces, mais se seraient imposés d’abord comme modèle représentatif de l’œuvre.
13 Voir l’index (orientation de la critique).
14 Easterling, p. 243 s.
15 Barrett, p. 47 s. Pour Aristophane, et pour les limites de son influence, p. 56 s.
16 Erbse, op. cit., p. 218.
17 Easterling, p. 252.
18 Pseudo-Plutarque, Vie des dix orateurs, 7, 841F. Voir ci-dessous.
19 Voir, dans l’Einleitung de Wilamowitz, la section « Acteurs » (p. 131-133).
20 Actors’ Interpolations in Greek Tragedy, Studied with Special Reference to Euripides’ Iphigenia in Aulis (1934 ; l’auteur avait vingt-six ans). Les effets ont été considérables, surtout en Angleterre. Ils sont solidement installés dans la lettre des éditions. La démonstration qui devait initialement former le dernier volume de l’Agamemnon de Jean Bollack et Pierre Judet de La Combe est répartie maintenant sur un ensemble d’études publiées ou en cours de publication sur les trois tragiques ; le réexamen des hypothèses ne se veut pas moins systématique.
21 Voir la première section, rappelée ci-dessus (« Die tragödie ein buch », p. 121-128).
22 Kannicht, vol. I, p. 82 : « les textes ou livrets sauvages des metteurs en scène ou acteurs » (tous poètes, concurrents ; pour Hélène, il admet que toutes les additions ont été composées par les acteurs eux-mêmes ; à mon avis aucune n’est certaine). On tire argument des corruptions plus nombreuses dans les parties considérées comme interpolées (p. 83). Voir Wilamowitz, Einleitung, p. 131 : « qui connaît le théâtre ne s’offusquera pas des mutilations ».
23 « Die allgemeine verwahrlosung ging deshalb ihren gang ruhig weiter », Einleitung, p. 132 ; c’était nécessaire ; voir, entre autres, R. Pfeiffer, History of Classical Scholarship from the Beginning to the End of the Hellenistic Age, p. 82 : « we should not overestimate its critical value » ; Easterling, 1973, p. 244 : « scholars have doubted whether the decree had any lasting effect ». La finalité est située dans une conservation d’archiviste ou de bibliothécaire — une forme d’anticipation de l’institution d’Alexandrie, qui aurait pu être conçue par un autre que Lycurgue, en dehors de la signification que le politicien lui a donnée, comme une mesure d’archivation qui s’était imposée d’elle-même ; voir Reynolds et Wilson, Scribes and Scholars, p. 5, trad. franç., D’Homère à Érasme, p. 4. Ce n’est pas d’un besoin de nouveaux exemplaires qu’il est question (il faut encore dire : en un sens, au contraire).
24 καὶ τὰς τραγωδίας αὐτῶν ἐν κοινῷ γραψαμένους φυλάττειν καὶ τòν τής πόλεως γραμματέα παραναγινώσκειν τοῖς ύποκρινομένοις’ ούκ έξεῖναι γὰρ αὐτὰς ύποκρίνεσϑαι.
25 Selon les qualités qui l’ont fait préférer (voir Quintilien, Instit. Orat., X, 68).
26 J’examine dans une étude séparée les compréhensions antérieures de ce texte, et plus en détail les conclusions qu’on peut en tirer sur la fonction de ce décret remarquable.
27 On ne dira donc pas que « ce n’était pas plus qu’un texte ordinaire de son temps » (Barrett, p. 47 ; c’est très invraisemblable en soi) ; moins encore, dans l’interprétation proposée, qu’il contenait, selon l’option de Wilamowitz et Page, « la plupart des changements introduits par les acteurs » (ibid., je souligne).
28 Sur la nature (et les limites) du texte d’Aristophane de Byzance, voir Barrett, p. 47 s. Le texte de Lycurgue pouvait être la base pour la collation des autres exemplaires.
29 Pour Aristote, Aristoteles Opera ex recensione I. Bekker, vol. V, H. Bonitz éd., Leipzig, 1870 ; repr. Berlin, 1961. Pour Plutarque, Plutarch’s Quotations, éd. par W.C. Helmbold et E.N. O’Neil, Londres, 1959 ; pour Athénée, l’éd. de Kaibel, vol. III, 1ère éd. 1890, rééd. Stuttgart, B.T., 1962 ; pour le Pseudo-Longin, éd. de D.A. Russel, Oxford (O.C.T.), 1968.
30 Le cas de Sophocle n’a rien de particulier. La difficulté de disposer d’une information systématique a été signalée par exemple par Barrett, p. 83, n. 4. On arriverait plus loin en dépouillant les meilleurs commentaires des auteurs citants.
31 « Note sulla tradizione indiretta sofoclea », 1987, p. 217-232.
32 Loc. cit., p. 217, n. 2.
33 Qui s’est chargé des deux Oedipe.
34 On omet la référence précise aux textes quand elle figure dans l’apparat critique, que le présent relevé complète.
35 Les divergences (cf. l’éd. de Lorimer) sont négligeables.
36 Les pièces préférées de Plutarque sont Oedipe roi et Antigone ; voir l’article de K. Ziegler, RE, s.v. Plutarchos, « V. Quellen seiner Bildung », col. 917 ; trad. ital., p. 334. L’index des noms propres par E. Simon, dans Plutarque, Vies, t. XVI, Paris 1983, n’apporte pas de références supplémentaires.
37 εἰς ὀρϑòν αὖυϑις σταϑεῖσαν (τὴν Περσῶν τύχην).
38 Avec ὁμοῦ τ’ au vers 5 (L1) et στεμμάτων (L1 R2 K).
39 Autre utilisation de ce topos dans la Vie de Paul Émile, ch. 35, 274A.
40 Alternance γέμη/γέμεt dans les manuscrits. Elle ne se retrouve pas dans les autres citations du passage, qui ont γέμει.
41 Adaptation de la citation (νέμω pour νέμων).
42 στεμμάτων (G1), comme dans la Vie d’Antoine.
43 Seul le ms. H cite tous les mots jusqu’à ἔτεγγον ; voir l’apparat de Pohlenz.
44 Au vers 1170, καγωτ’, κάγὼ τò, κἀγὼ τῶ (cf. Pohlenz) dans les mss. de Plutarque pour κἄγωγ’.
45 Voir le comm., III, p. 762.
46 γέμουσαν accordé à ἀνδρòς ἐρωτικοῦ ψυχήν ; l’homme est dans l’état où se trouve « la cité de Sophocle ».
47 La citation est corrompue (...της pour ταύτης, α...χῆς pour ἀρχῆς).
48 Dans un groupe de mss. (Γ) καὶ ὣστε pour κἄγωγ’et άλλοτε pour άλλ’ δμως.
49 L’extrait est, chez Stobée (IV, 50, 29 ; vol. V, p. 1032 Hense), attribué au De anima de Thémistios, que cite l’Anthologie. Wyttenbach (1772, p. 129) a fait remonter au De anima de Plutarque (catalogue de Lamprias, no 209) deux passages d’un dialogue entre deux personnages de l’entourage de Plutarque (IV, 52b, 48 et 49 ; vol. V, p. 1087-1092). En dépit de la critique d’E. Maass (dans l’appendice de son Orpheus, p. 303-305), l’hypothèse a convaincu, affermie par la découverte par M.R. James (1900, p. 23) de citations partielles du texte de Stobée dans les § 34 et 35 des Eclogae propheticae de Clément d’Alexandrie (p. 147, 14,19, 22 Stahl). Wyttenbach, ad 59D des Moralia (éd. d’Oxford, vol. I, 1, p. 225), donnait à Plutarque trois autres fragments du De anima de Thémistios. Ces extraits sont groupés dans l’édition de Leipzig (V, 2, 1834, p. 166) parmi les fragments incertains, sous les no 4,5 et 6 (= Bernardakis 4, 5, 6 ; = Sandbach 204, 203, 205). Bernardakis (non Wyttenbach, cf. Hense, ad loc.) a ajouté, sous le no 7, le fragment IV, 52b, 45 (vol. V, p. 1086, 5-9). Malgré les réserves justifiées de Hense (dans son éd. de l’Anthologie, vol. III, p. 468, ad 1. 5 ; vol. IV, p. 530, ad 1. 7 ; vol. V, p. 1032, ad 1. 12 ; p. 1086, ad I. 6, et dans une note d’un article sur Antipatros de Tarse, 1920-24, p. 301, n. 1 ; voir encore W. Stegemann, RE, s.v. Themistios, col. 1669), Sandbach a suivi l’autorité de Wyttenbach et de Bernardakis.
50 Les manuscrits, v. 332 s., ont ταῦτ’ ἐλέγχεις (C, ταῦτα ἐλεγχϑείς A), sans τί ni ἃλλως.
51 Fragments édités par Schrader, Porphyri Quaest. homer., 1880-1882 (Iliade), 1890 (Odyssée). La citation provoquée par une discussion sur l’imparfait ῆ en ancien attique (qui ne se trouve pas chez Homère), pour la première personne, suit le fragment 447 Radt de la Niobé de Sophocle (transmis aussi dans les Scholies d’Homère, ad E 553) :... καὶ έν Οἰδίποδι Τυράννῳ (Brunck : Χολώνω Ε, τῷ ἐπὶ Κολωνώ Β, τῷ ἐπικλώνῳ L) ἦ (ἦν codd.) δοῦλος ούκ ὠνητός, ἀλλ’ οἵκοι χραφείς (οἰκοτραφής BL)...
52 Divergences des leçons, dans l’ordre du texte d’Oedipe roi : v. 4, pas de δ’ et γέμουσα pour γέμει ; v. 54, ὡς ε’ ίπερ comme L ; v. 55, κενῆς comme LA ; v. 62, εν S, ἕνα MA (Teles εν’ ; Dawe cite les divergences pour justifier le choix du masculin) ; v. 87, λέγων S pour λέγω ; v. 355, φυλάξεσϑαι S et rec. pour φεύξεσϑαι ; v. 382, ὑμῖν SM, ήμῖν A ; v. 387, ἀφεὶς A, ὑφεὶς A2 SM ; v. 388, ὅστις comme LA, contre la Souda ; v. 389, δέδωκε A, δέδορκε SM ; v. 551, εἴτ’(εἰτ’ P) oὐ FP pour εἴ τoι ; v. 612, αὐτòν L pour αὑτῷ ; v. 873, ἡ SM, ή A pour εἰ (on observe l’effet sémantique du découpage, qui tronque le développement de la pensée) ; v. 961 (en IV, 50, 29), mauvaise division : παλαι’ άσώματ’ (A) ; v. 977, φοβῶτ’ F, φοβείτ’ P pour φοβοῖτ’ ; v. 999, τέκνων au lieu de τεκόντων ; v. 1189, γάρ τις άνήρ πλέοντας Μ ; v. 1409, οὐ γάρ... comme LA. Avec la conjecture de Wachsmuth (vol. 1, p. 51 s.), on aurait les v. 978 s. (cités par Théophile ad Autolyc., II, 8) dans l’Anthologie, I, 2, illustrant la vie dominée par la Fortune (cf. notre 3).
53 On admet une filiation lexicographique Pamphile-Diogénien-Hésychius, remontant pour la langue des tragiques à Didyme et, plus haut, aux commentaires des grammairiens alexandrins antérieurs ; voir Wilamowitz, Einleitung, p. 164-166 ; Kannicht, vol. I, p. 90.
54 Kannicht, p. 91, ajoute le critère de l’identité grammaticale avec l’occurrence dans le texte.
55 Hesychius Alexandrinus Lexicon, ed. M. Schmidt.
56 Hesychii Alexandrini Lexicon, ed. K. Latte.
57 La référence dans Latte sert alors d’approbation à la proposition dans l’index de Schmidt ; voir, par exemple, le vers 470 (γενέτας, γ 342). C’est de l’ordre du possible. Au vers 252, ἐπισκήπτω (ε 5181) ne paraît pas certain à Latte, non plus que, au vers 255, ϑεήλατον (ϑ 174).
58 ὠς τοῦ pour ὣστ’ οὐ.
59 Grammatici Graeci, ed. A. Hilgard ; référence introduite par Dawe, 1984.
60 P. 338,1.8-11. Dans l’un des manuscrits (C) on lit : εἰς εκείνου κρᾶτα ἐνήλλατο ή τύχη ; dans l’autre (V) νῦν δὲ εἰς τό έκείνου κρᾶτα ένήλατο.
61 Voir Praefatio, p. LXVI ; la numérotation vaut pour les sept tragédies.
62 Colonna, après E. Turner, suppose que P.S.I. XI. 1192 et P. Oxy. XVIII. 2180 appartiennent à un même volume et leur attribue par conséquent un sigle commun Π2 (cf. Praefatio, p. XL).
63 La liste donnée dans la suite est plus exhaustive que les informations présentées dans l’apparat, sélectives par un souci d’allègement (nous avons plutôt noté les cas de divergence) ; il est vrai que nous dépendions, du moins en un premier temps, comme pour la tradition indirecte, des choix faits dans les éditions antérieures (avec une marge d’incohérence). Les précisions indiquées dans l’apparat ne sont pas répétées ici. Je remercie MM. P. Mertens et J. Lenaerts (Liège), et B. Boyaval (Lille) de leur très aimable collaboration.
64 Voir Barrett, op. cit., p. 54.
65 Op. cit., p. 55.
66 V. 376, Π9 a bien με... γε σου, comme LA.
67 Π9 lit ᾔδειν comme LAA. Cf. aussi v. 385, πιστoς Π9 s.l. (comme LA), contre πεισ[τ]ο Π9 in l. Au même vers le papyrus a ε[ξ] comme un recens.
68 Cas où Dawe s’appuie sur la leçon ac (σχολῆς γ’) pour retenir σχολῇ γ’ avec un recens (H) contre σχολῇ σ’. Voir aussi Wilson, 1976, p. 175.
69 On peut citer encore v. 413, Π2 avec LA A (εἶ), contre Lac ; v. 429, Π2 (κλυειν) confirme, semble-t-il, LcAA ; v. 439, Π9 confirme Lpc A ; v. 449, Π2 donne σοι, comme LcAA ; v. 484, il 6a ταρασ]σει avec LA (contre la Souda) ; v. 510, il confirme LcΛA ; v. 516, Π2 donne νομι]ζει avec LA (contre la Souda) ; v. 696, Π10 a δυναι γ[ (mais on pourrait tout aussi bien lire δυναιο γ[) ; v. 732,Π10 confirme LAA (]ου σϑ’) ;v. 777, Π10pc avec LA (contre Π10 ac) ; v. 822, Π10pc avec LA (contre Π10 ac) ; v. 824, Π10 semble confirmer L2 A (μ[η]τε) ; pour l’ambivalence du v. 825, voir plus loin ; v. 1355, Π10 avec A (άχο[ς ; il est vrai que, selon les éditeurs du papyrus, on pourrait lire aussi άχϑ[ος, comme dans L). Voir ci-dessus, p. 97, η. 1.
70 Voir ci-dessus, p. 102.
71 Wilson, 1976, p. 175, voit dans l’accord entre Π10 et A un témoignage en faveur du groupe (voir ci-dessus, p. 98). Si l’on préfère ποίαν, c’est en faveur d’une variante ancienne.
72 West, 1980, conteste la présence d’un λ (προσπόλου R) écrit au-dessus du τ ; Wilson l’admet. La lecture ne semble pas certaine. Voir ci-dessus, p. 124. Π2, quant à lui, a το]υτου. Au vers 752, l’accentuation de Π10 ]άντες pourrait faire penser à une variante οὐτοι π]άντες.
73 L’accord entre le pap. et les recc, est considéré comme fortuit par Wilson (loc. cit.). Voir Turyn, pour Oedipe à Colone, v. 138 (Manuscript Tradition, p. 180). L’interversion a pu se reproduire une deuxième fois. West, il semble, a suivi Dawe sur l’ordre des mots (voir la note 7).
74 Voir encore v. 401 ξυνϑε[ (Π2), contre συνϑείς LA.
75 Des « true readings » conservés dans les papyrus, selon West (1977, p. 266), les exemples des vers 187, 297, 1306 (peut-être même 827) n’ont rien de certain.
76 Que Fitton Brown reprochait à Dain de ne pas avoir accueillie (1961, p. 162).
77 Voir aussi Dawe.
78 Voir une autre variation au v. 430 : Dawe suit Π9 in l. (αῦ), contre Π9 s.l. (ου), Π2 et LA. West insiste plutôt sur l’écart, signalant dans son compte rendu des fragments — même minimes — qui vont à l’encontre de conjectures ou de lectures de recc. recensées par Dawe dans son apparat ; cf., dans Π2, v. 107 : τ[(contre ἴσηι de Dawe) ; v. 184 : α[κ]τα[ν (contre ἀχὰν de Nauck) ; v. 185 : ικτηρες (contre ίκετῆρες de O) ; v. 198 : τε[ (contre πέλει de V).
79 Le τ ajouté au-dessus du σ est de la première main.
80 Le μήτ’ de Colonna paraît difficile, compte tenu du nombre de lettres dans la lacune.
81 V. 200, Π2 a τον] cf. LA ; v. 516, Π2 comme LcAA donne τ (contre la Souda et des recc.). V. 525, Π2 donne la même lecture que L et A ([του] προς), contre τούπος de GR. Au v. 1310, nous avons préféré la leçon de GR à celles de Π10 et de LA.
82 ... exemplar... libri Φ geminum. Colonna rappelle les deux avis différents de Turyn (Manuscript Tradition, p. 110 : une source de la classe p, pour le texte et les scholies, et 117 : « occasionnellement une copie de la classe λ »). Si la Souda dépend de p, l’absence de citations dans les vers 964-1388 (et pour les scholies de 917 à la fin) révèle une lacune dans cette branche de la tradition ; les leçons de GR proviennent donc d’un subarchétype (ρα), selon Turyn (voir p. 136-138), empruntant la partie qui manque (σ) à la tradition laurentienne (λβ de son stemma, symétrique à λα, modèle de L et Λ), au milieu du XIIème siècle (cf. p. 110). Il ne devrait donc pas y avoir de leçons anciennes propres à p dans GR, pour cette partie Oedipe roi.
83 Praefatio, p. LIX s.
84 Turyn, Manuscript Tradition, p. 109 s. La version romaine des scholies pourrait remonter plus haut encore, à une translittération séparée, selon Aubreton, 1956, p. 167.
85 Ne provenant pas de λ, mais de ρ (Manuscript Tradition, p. 117), bien qu’il admette également l’utilisation directe, par la Souda d’un témoin de la famille laurentienne. Voir la bibliographie plus ancienne sur la question (p. 110, n. 116 ; Jahn, 1884 ; Kausch, 1883). Les accords de la Souda avec A (voir au v. 42) doivent, selon la thèse de Turyn, être rapportés à l’insertion d’interpolations moschopouléennes dans les manuscrits (interpolés) de la Souda (p. 106, n. 110). Déjà avant Turyn, les auteurs comme Kausch avaient remarqué la parenté du texte de la Souda avec G (après L) ; voir A. Adler, RE, s.v. Suidas (1931), col. 698.
86 Suidae Lexicon, ed. A. Adler. Les manuscrits ont été étudiés par J. Bidez, « La tradition manuscrite du Lexique de Suidas » (1912, p. 850-861), puis par A. Adler ; voir, dans le vol. V, la dissertation De codicibus, p. 216-280, aboutissant à distinguer cinq classes, A (et ses dérivés), V (et ses dérivés), F avec le manuscrit Coislinianus 177, utilisé par Zonaras (voir p. 263), deux groupes, GITN et MBDL, avec des emprunts mutuels (p. 266). La valeur fluctue selon les parties de l’ouvrage (voir aussi p. 276). Le manuscrit B corrige les citations d’auteurs, Aristophane ou Sophocle, d’après des éditions (p. 270) ; de même E (dérivé de B) refait son texte, devançant les modernes par ses conjectures (ibid.).
87 Les omissions dans les différents manuscrits ne sont pas relevées, ni les élisions, crases, v euphoniques, certains itacismes, alternances συν-/ξυν-, simplifications de géminées (et l’inverse).
88 Il n’y a pas de citation entre les vers 916 et 1409 (ci-dessus, p. 152, n. 1).
89 Voir H.W. Miller, « ’O ΦΙΛΟΜΗΡΟΣ ΣΟΦΟΚΛΗΣ and Eustathius », 1946, p. 99-102 (voir p. 99 et 101) ; Colonna, « De Sophocleo exemplari ab Eustathio adhibito », 1972, p. 27-32, et Praefatio, p. LXI.
90 Miller énumère treize passages d’Oedipe roi où les citations correspondent au texte reçu : 4 s., 58 (3 occurrences), 80 (2), 148, 317, 334 s., 374, 617, 695, 701, 840,961, 1275 ; deux (317,695) figurent dans notre apparat (différences de η/ει, η/ι, dans le bon ou le mauvais sens).
91 Voir la note précédente. La distinction, chez Miller, n’est pas très nette.
92 Dawe fait ressortir, tant qu’il peut, les concordances avec les recc. Les reprises de la Souda sont frappantes (il suffit de comparer les vers), comme on s’y attend.
93 ... quo scriptura inerat in margine, ab ω plane aliena. Témoignage indépendant d’Athénée, au vers 1167 d’Antigone, qui sert de test, pour Miller (p. 100, avec Jebb, contre Pearson) et pour Colonna (p. LU). Voir aussi M. Van der Valk dans son édition des Commentarii ad... Iliadem pertinentes, vol. II, Praefatio, § 157, p. XLVII, admettant, comme Colonna, l’utilisation par Eustathe d’un manuscrit aujourd’hui perdu, qui solus nonnullas bonas lectiones conservavit ; sur sa prédilection pour Sophocle, parmi les tragiques, vol. I, Praefatio, § 91, p. LXXVII.
94 La leçon du vers 204 figure chez Miller parmi « les paraphrases » ; celle du vers 402 dans la liste des « allusions ». Vol. I (p. LXXVII, n. 2), Van der Valk fait état de 451,1, où pour le vers 1137 il voit anticipée la conjecture ἑκμήνους des modernes (οὕτω που καί χρόνος ἑξάμηνος ἕκμηνος λέγεται ; parenté de ξ et κ) ; voir le comm., III, p. 742 s. Vol. II (p. XLVII, n. 4), il rappelle contre Colonna la fréquence des erreurs de la mémoire ; 88,16 (cf. 1097, 20) καλόν γ’, v. 1035, ne lui paraît pas être le texte ancien (pourquoi l’aurait-on changé ?). Par ailleurs, il insiste sur la qualité de la leçon du v. 695, ούρίσας avec le pap. (661,45) ; au v. 173, il est seul à lire ἠΐων pour ἰηίων (1020,22).
95 Le Lexique, faussement attribué à Jean Zonaras (XIème-XIIème siècle), est en fait du XIIIème siècle. Il a été édité par Tittmann (1808), d’où le nom de Lexicon Tittmanianum ; sur l’origine des gloses et la liberté dans l’utilisation des sources, voir K. Alpers, RE, s.v. ʻZonarae’ Lexicon (1972), col. 738 s. « La plupart des citations savantes proviennent de la Souda » (col. 740). Tous les exemples énumérés ici se trouvent dans la liste dressée ci-dessus pour la Souda, à l’exception du vers 582. Ils ne dépassent pas la lettre ϑ (la Souda n’est fortement exploitée que pour les lettres α-κ).
96 δ’ pour τόδ’, et εύρεθήσετ’.
97 πάντα γ’ pour πάντ’άγαν, καὶ άσαφή et μοι λέγεις.
98 Colonna suit Turyn, Manuscript Tradition, p. 143, et n. 158, défendant l’attribution du texte contre les doutes de R. Guilland, Essai sur Nicéphore Grégoras, p. 112 s. Il est souvent précédé du traité Sur la grammaire, qui revient plus indubitablement à Nicéphore pour des raisons internes et externes d’attribution dans les manuscrits. G. Hermann, De emendanda ratione grammaticae graecae, I, avait édité le texte (p. 319-352) sous une forme moins complète que celle du Parisinus 2720, où il porte le titre de παρακολουϑήματα καὶ ζητήματα γραμματικὰ ἀναγκαῖα. Dans l’exemplaire du livre de Hermann conservé à la Sorbonne, on trouve, avant la page de garde, un extrait manuscrit d’une lettre d’Amedeo Peyron (1785-1870), adressée de Turin à Gabriel de Sinner, le 17 août 1832 (le dernier chiffre n’est pas certain) : « J’ai surtout lu nos grammairiens manuscrits. Voici ce que je vous offre avant tout ; parlez-en à Mr Hase [conservateur en chef des manuscrits grecs à la Bibliothèque royale]. Hermann dans son De em. rat. Gr. Gramm. publia à la page 319 suiv. un fragmentum Lexici Graeci, que M. Bast dans le Répertoire de Schoell, p. 414 [Fr. Schoell, Répertoire... d’auteurs classiques..., imprimés en France et en Allemagne, Paris 1808] croit être de Nicéphorus Grégoras. Ce même lexique se trouve dans un de nos manuscrits, mais plus complet ; après le no 76, il y a un additamentum assez long ; au no 124, Hermann nota tres ferme syllabae legi non possunt ; la lacune est de deux pages entières que notre manuscrit conserve. Si vous désirez les deux lacunes et les variantes, je vous les enverrai ». J’ignore quelle est la suite donnée par G. de Sinner. Une collation avait donc été faite par Peyron avant Cramer. L’attribution de Hermann n’était pas prise pour argent comptant. Les Questions choisies sont maintenant considérées comme l’un des exemples d’une production anonyme plus vaste ; cf. Hunger, Byzantinisches Handbuch, V, II (littérature profane), p. 17 et n. 50 ; sur les intérêts de Grégoras en matière de grammaire, il cite, ibid., p. 32, la lettre XC (en dialecte ionien).
99 Le vol. I de l’édition d’Oxford (1825) comprend les scholies anciennes (collation de L par Elmsley, éditée par Gaisford) ; le vol. II (1852) ajoute en une première partie des compléments aux scholies anciennes : des extraits du mémoire de G. Wolff sur les scholies de L (publié en 1843), p. XXIII-LII, et des annotationes de Dindorf, p. 31-133 ; suivent les scholies médiévales « récentes » (νεώτερα), p. 145-277 (voir plus loin), et « tricliniennes », p. 278-382, selon la désignation de Brunck.
100 Selon Irigoin, 1977-78, p. 321, la source utilisée par Lascaris serait le Parisinus 2799 (Lp), un manuscrit des environs de 1500, passé de Musurus à Lascaris. Les scholies sont copiées sur L (cf. Turyn, p. 185), avec des « corrections et de nombreuses additions marginales, fruit d’une révision faite directement » sur L, qui « se retrouvent toutes dans l’imprimé ».
101 Les marquant d’un astérisque dans l’édition in quarto (voir la Praefatio, rééd. de 1824, p. XIV :... immiscuit haud laudabili consilio) ; cf. Turyn, 1949, p. 96 s. et n. 12 à 14.
102 Cf. De Marco, 1936, p. 4 et p. 39 s. Il pense à un ou plutôt deux (p. 41, n. 1) manuscrits proches de G (avec les sept pièces) et de MR ; et Turyn, 1949, p. 96, n. 11 : plusieurs autres manuscrits consultés par Lascaris, « sources de la tradition non laurentienne ». Cette utilisation de sources supplémentaires a été plus récemment remise en question par G.A. Christodoulou, Tὰ ἀρχαῖα σχόλια εἰς Αἴαντα τοῦ Σοφοκλέους, p. 29.
103 A savoir Lascaris, avec les additions de scholies de Moschopoulos (voir ci-dessous) dans la Juntine ; l’ensemble est reproduit par Brubach (Francfort, 1544). Mais aussi, pour les pièces hors tétrade, les scholies anciennes de Turnèbe (Turyn, 1949, p. 99).
104 Les scholies de la Juntine sont sans signes ; celles de Turnèbe portent l’indication σχολ. Τρικ(λιν).
105 Semblablement, un astérisque pour les scholies exégétiques de Turnèbe. Dans les deux éditions un autre signe distingue les « schemata » et les scholies métriques. Turnèbe reste, à travers les Estienne, le modèle de Field (1665) ; cf. Aubreton, p. 255. Pour le XVIIème et le XVIIIème siècle, Turyn, 1949, dans son historique, s’en tient aux étapes les plus importantes (Johnson et Brunck, après Lascaris, Turnèbe, les Estienne) ; Aubreton, examinant l’influence triclinienne dans les éditions (mitigée pourtant de leçons empruntées à l’Aldine, depuis Paul Estienne), situe (assez rapidement) les éditions (p. 257-264), dans leur succession : les travaux critiques en Angleterre (après Johnson et les Animadversiones de Reiske), le choix des tragédies thébaines de Burton (Oxford, 1758) ; les Notes de Heath (Oxford, 1762) ; la reprise de Johnson (Eton, chez J. Pote, 1775) ; les tragédies thébaines, Πενταλογία, de Burgess, se rattachant à Burton (Oxford, 1779) ; puis l’année de Brunck une édition anonyme (Eton, chez J. Pote, 1786) ; ils sont relayés en France par l’édition de Capperonnier et Vauvilliers (Paris, 1781), comportant les scholies anciennes, tricliniennes, « récentes » (Aubreton, p. 262 s.). Une remarque d’Aubreton est frappante : « ... les éditeurs se montrent dépendants de l’œuvre de leurs prédécesseurs, jusque dans des détails curieux ». C’est le propre d’une vulgate qui se perpétue et se reconstitue.
106 Pour Oedipe roi, 1937, p. 145-158. Réserves de Christodoulou (voir ci-dessus) sur la précision de ce travail.
107 Einleitung, p. 204 s., n. 165. Voir encore les critiques, au sujet de la collation de G, de De Marco, 1936, p. 43.
108 Il faut se rappeler que pour les scholies, Dindorf reconnaissait l’indépendance de G ; cf. 1852, p. V. : plusieurs scholies de G manquent dans L ; et G s’accorde souvent avec la Souda contre L (le modèle de la Souda est semblable à G).
109 Il dit avoir fait une nouvelle lecture de L (en 1882, Praefatio, p. VIII), après celle de Dindorf (à savoir Dübner) dans les adnotationes de 1852. Sur les travaux dont s’est chargé Fr. Dübner (1802-1867), au service des savants et des entreprises éditoriales, comme « une sorte de conscience de l’hellénisme » en France, voir P. Petitmengin, « Deux têtes de pont de la philologie allemande », dans Philologie et herméneutique au XIXème siècle, II, p. 76-98 (voir surtout p. 83, 88-90).
110 Voir Dindorf (1852), p. VI : F et H ont souvent la bonne leçon, quand L et G sont corrompus. Papageorgius n’en fait pas état dans l’apparat.
111 Praefatio, p. XI. Lr est un descendant indirect de L par la voie de Lp et Lf (Turyn, Manuscript Tradition, p. 188, précisant le contenu pour les scholies ; une copie « sans valeur »),
112 Les autres manuscrits qu’il cite ne sont guère utilisés par lui.
113 Voir ad v. 35, ὅς τε ; 56, πόλις ; 87, εὐτυχεῖν ; 93, omission de ώς ; 132, αὗϑις ; v. 158, λόγιον ἢ παρ’ ; om. de τε ; etc. Toujours en accord avec Dindorf. Il arrive cependant qu’il suive L et indique la leçon de G (v. 116).
114 Par exemple, pour G (et MR), v. 112 (γένηται, Lascaris) ; 151 (τῆς, Lascaris) ; 180 (τῷ, Lascaris) ; 222 (αστός, Lascaris) ; v. 463 (εἰσι τὰ, Lascaris). Pour MR (qu’il ne connaît pas), l’équation est la même (voir v. 20, Lascaris ; 35, Souda ; 378, Lascaris ; 438, Lascaris, etc.). D’après la lecture de Dübner, certaines leçons sont à tort atribuées à G (άπουρον G, v. 194, choisi contre ἄπορον ; selon De Marco, GMR ont ἄπορον ; voir Dawe : Gγρ a ἄπουρον, R a επουρον).
115 Relisant les scholies de G après Dindorf (cf. 1937, p. 109).
116 Turyn (1949, p. 98 ; Manuscript Tradition, p. 70) a insisté sur la nécessité d'inclure les manuscrits tricliniens T et Ta, pour Oedipe à Colone, Trachiniennes, Philoctete.
117 Wilson, dans son compte rendu, 1980, p. 219, estime qu’il faudrait maintenant ajouter K, Pa et Wa (antérieurs à 1300).
118 Voir la préface de Longo, p. IX.
119 Les scholies « récentes » (νεώτερα) de Dindorf (ci-dessus, p. 157, η. 1) sont celles de l’édition de Johnson (voir plus bas ; avec les scholies Barocci, que Dindorf ne distingue pas) ; suivent les scholies tricliniennes de Brunck pour les quatre pièces (ci-dessus). Sporadiquement, Dindorf a corrigé ces textes d’après d’autres manuscrits (Turyn, 1949, p. 101). Pour avoir un texte moins expurgé de « Thomas » (= Triclinius) que celui de Brunck et Dindorf, il faut, dans les trois autres pièces, se reporter à Turnèbe (Manuscript Tradition, p. 80).
120 Longo (p. X) donne la date de la première édition de 1705 qui ne comporte pas Oedipe roi, mais « des scholies inédites » (Turyn, 1949, p. 99 et n. 23). L’édition « principale » est de 1746 (Aubreton, p. 256 ; Turyn, ibid. ; Manuscript Tradition, p. 16, il indique, comme Aubreton, l’édition de 1746). Johnson a trouvé ces nouvelles scholies (après celles de Turnèbe) dans Laud. Greek 54 et Auct. F. 3.25 d’Oxford ; reprises dans Dindorf, p. 145-277. Longo a collationné principalement dix manuscrits du groupe ξm (dominé par X), cf. Praefatio, p. X-XIII.
121 Imprimées dans l’édition in quarto de Brunck sous le texte des scholies anciennes en plus petits caractères, et marquées d’un astérisque. Les scholies anciennes « tricliniennes » de Turnèbe (pour O.C., Trach., Phil. ; voir ci-dessus, p. 161, n. 1) ne sont pas reproduites. Ce qui dans cette dernière partie est byzantin est classé avec les « scholies de Triclinius ».
122 Qui ne sont sans doute pas toutes de ce savant ; cf. Longo, p. XV.
123 Six mss. du groupe ξr, divisé en deux familles (p. XIII-XV).
124 Trouvés dans ses manuscrits T et Tg (voir ci-dessus, p. 9, n. 2) ; les scholies exégétiques de Thomas proviennent de Tg (Manuscript Tradition, p. 74, n. 73 ; p. 83-86). Longo ne s’en est pas servi, mais du groupe ζ (en premier Z) et des manuscrits tricliniens (dont surtout Tc ; voir p. XVII). Turnèbe distingue les scholies métriques, les notes brèves (σχήματα) et les scholies exégétiques (σχολ.). Ce sont ces dernières qui sont de Thomas, pour la tétrade. Pour les trois autres pièces, ce sont des scholies anciennes (Turyn, 1949, p. 98). Pour l’identification du manuscrit d’où Turnèbe a tiré les scholies, voir Turyn, Manuscript Tradition, p. 80-86 ; Irigoin, 1977/78, p. 322.
125 Les scholies métriques et les σχήματα ont été omis par Brunck. Ce matériel a été ajouté dans les réimpressions ultérieures de son édition.
126 Turyn, Manuscript Tradition, p. 80. Elles ont été retranchées par Brunck ; avec ses manuscrits (dont T), il a pu augmenter Thomas (pour lui = « Triclinius »).
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La représentation du « couple » Virgile-Ovide dans la tradition culturelle de l'Antiquité à nos jours
Séverine Clément-Tarantino et Florence Klein (dir.)
2015
Hédonismes
Penser et dire le plaisir dans l'Antiquité et à la Renaissance
Laurence Boulègue et Carlos Lévy (dir.)
2007
De l’Art poétique à l’Épître aux Pisons d’Horace
Pour une redéfinition du statut de l’œuvre
Robin Glinatsis
2018
Qu'est-ce que la philosophie présocratique ?
What is presocratic philosophy ?
André Laks et Claire Louguet (dir.)
2002