Disputationes vallianae
p. 229-250
Texte intégral
1. – La date de naissance de Lorenzo Valla
1Les deux biographes modernes de Valla, qui ont tous deux publié en 1891, sont en désaccord sur la date de sa naissance. R. Sabbadini décida pour 14071 ; G. Mancini opta pour 14052. Depuis lors, les érudits ont choisi entre ces deux options ou donné les deux dates. La date correcte est août/mi-novembre 14063. Je n’ai pas de nouveau témoignage à proposer. Néanmoins, il est relativement simple d’établir cette date en s’appuyant sur des matériaux déjà disponibles pour Sabbadini et Mancini. Sabbadini en a ignoré une part ; Mancini en a seulement tiré une conclusion erronée.
2Le premier témoignage est le tribut sépulcral que la mère de Valla, Caterina, a inscrit à Saint-Jean-de-Latran et qui se conclut par4 : « Vixit annos L. <Obit>5 anno Domini MCCCCLVII, die primo Augusti ». Nous pouvons conclure de l’épitaphe que Valla est né entre le 2 août 1406 et le premier août 1407. Sabbadini a appuyé sa datation sur cette inscription, mais n’a jamais expliqué pourquoi il avait choisi l’année 1407 plutôt que 1406.
3C’est Valla lui-même qui fournit l’autre pièce d’évidence. Dans son Antidotum Secundum, écrit en 1453 contre Poggio Bracciolini6, il déclare qu’il a tenté de devenir secrétaire papal à l’âge de vingt-quatre ans en prenant la place de son oncle Melchiorre Scrivani quand celui-ci mourut : « et quand il mourut, je demandai ce (son) secrétariat, moi-même étant dans l’âge de vingt-quatre ans »7. La première question est donc de demander quand Melchiorre Scrivani est mort. Sur ce point, nous avons une lettre papale datée de Rome, le 6 décembre 1429, au cardinal Pierre de Foix, le légat papal en Aragon8, qui déclare :
Nous avons reçu deux lettres que vous avez écrites de Tortosa [en Aragon], l’une le 17 octobre, qui contient la copie des deux brefs, et l’autre du 18 octobre. Pour autant que les lettres antérieures sont concernées [i.e. les deux copies de brefs papaux que le cardinal a renvoyées au pape], vous devez savoir que j’avais avec moi à Ferentino trois secrétaires. D’eux, Cincio [de’Rustici] et Poggio [Bracciolini] disent qu’ils n’ont pas écrit ces brefs ; Melchiorre Scrivani, qui était le troisième et le plus jeune [des trois], est mort. Peut-être était-il celui qui les a écrits. Mais nous ne nous souvenons pas de lui avoir ordonné de le faire9.
4Ainsi, Scrivani était mort au début de décembre 1429. Il mourut effectivement quelques mois plus tôt. Nous savons que Martin V est allé à Ferentino (environ 70 kilomètres au sud-est de Rome) à la mi-juillet 1429 et revint à Rome entre la seconde semaine de septembre et la première semaine d’octobre10. Mais Valla lui-même nous dit que son oncle mourut de la peste alors qu’il était loin de chez lui11. Scrivani mourut donc soit à Ferentino pendant l’été, ou sur le chemin du retour en septembre ou début octobre 1429. Par conséquent, la première date à laquelle Valla aurait pu adresser une requête au Pape à Rome pour la place de son oncle défunt est fin septembre 1429. D’un autre côté, Valla n’a pas dû attendre longtemps après la mort de son oncle pour faire sa requête. La mi-novembre 1429 pourrait être pour nous une date raisonnable à prendre comme terminus ante quem pour une telle demande. Mais dans la mesure où Valla nous dit qu’il avait vingt-quatre ans à cette époque, cela voudrait dire qu’il est né entre la mi-novembre 1404 et la mi-novembre 1405. C’est cette évidence qui a persuadé Mancini, mais cela ne nous dit pas pourquoi il a choisi 1405 plutôt que 1404.
5En tout cas, nous avons deux dates incompatibles. Pour compliquer davantage la chose, Valla nous dit peu après dans l’Antidotum Secundum :
Après cette rencontre avec le Pontife Suprême [au sujet de sa requête], j’ai quitté Rome pour Piacenza sur les ordres de ma grand-mère, ma mère et mes tantes maternelles en raison de l’héritage de mon grand-père et de mon oncle, qui tous deux sont morts la même année, faisant halte en chemin cependant à Venise pour prendre possession des trois mille ducats de ma cousine, la fille de Giacomo Esculani, placés dans ce qu’on appelle le Mont vénitien12.
6La problème posé par cette assertion est que le grand-père maternel de Valla, Giovanni Scrivani, employé à la Curie papale, mourut en octobre 1428 et donc un an avant Melchiorre Scrivani13.
7Dans la mesure où le nombre d’années vécues par Valla est de cinquante dans toutes les versions rapportées de l’inscription sépulcrale, la solution, me semble-t-il, est double et implique que l’on attribue à Valla lui-même des inexactitudes. Avant tout, pour écarter le problème mineur, nous avons besoin de supposer que Valla aurait dit que son grand-père maternel et son oncle moururent chacun une année différente plutôt que la même année. Ce témoignage est univoque ici, et suggère qu’en écrivant l’Antidotum Secundum à peu près vingt-cinq ans après les événements qu’il décrit, Valla a ajusté les nombres soit pour produire un effet rhétorique soit simplement par manque de soin porté aux dates. Deuxièmement, ce qui est plus important, nous avons besoin de supposer qu’en dépit de ce que suggère son expression latine (quatuor et viginti natus annos), Valla voulait dire qu’il était dans sa vingt-quatrième année quand son oncle mourut, ce qui signifierait qu’il avait vingt-trois ans et non pas vingt-quatre. On imagine difficilement que Valla fasse des confusions sur son âge en se rappelant ce moment critique de sa vie. Mais il a bien pu vouloir sembler plus vieux pour faire paraître le rejet de sa requête d’une place de secrétaire papal moins justifiée par des raisons d’âge. S’il avait vingt-trois entre la mi-septembre et la mi-novembre 1429, il a dû naître entre la mi-novembre 1405 et la mi-novembre 1406. Une telle datation est compatible avec l’inscription funéraire, ce qui autorise à proposer une date en 1406, entre le 2 août et le 31 décembre. Par conséquent, Valla est né entre le 2 août et la mi-novembre 1406.
2. – Le nominalisme de Lorenzo Valla
8Il y a aujourd’hui un courant de la critique qui rapproche d’une façon ou d’une autre Valla d’Ockham et du nominalisme du Moyen Age tardif14. On y lit un désir commun de passer au travers des fictions verbales pour rejoindre les réalités sous-jacentes, se traduisant par la réflexion sur le rapport des res et des verba, – un sujet qui caractérise les études sur Valla15. Mais devons-nous accepter les présupposés de cette tendance ?
9Valla lui-même n’est manifestement pas un partisan d’Ockham. Dans l’Epistola apologetica à Juan Serra, il nomme Ockham parmi les dialecticiens dont il condamne l’ignorance16 ; et dans l’Encomion S. Thomae, il refuse de l’inclure parmi les théologiens respectables du Moyen Age17. Cependant, il est vrai que l’on peut repérer aisément les passages qui semblent se faire l’écho de préoccupations ockhamistes. En particulier, Ockham met en garde contre des mots comme perseitas, non-simultas, etitas (i.e. et-itas), dumitas, abeitas (i.e. ab-eitas) et d’autres semblables18. Apparemment d’accord avec lui, quand il prononce l’Encomion S. Thomae, Valla propose que son auditoire imite les Pères de l’Eglise pour qu’ils :
…garantissent que l’on n’adopte pas les mots dont les nouveaux théologiens abondent [dans leurs écrits] : eus, entitas, quiditas, identitas, reale, essentiale, suum esse et les termes soit-disant ‘amplifiés’, ‘divisés’, ‘composés’ et autres semblables19.
10Dans les trois rédactions de la Dialectica, il a critiqué de nouveau des termes comme perseitas, siquiditas et haeccitas20. Valla rejetait, somme toute, le vocabulaire technique de la scolastique du Moyen Age tardif. Cependant, lisons à présent ce que les Ockhamistes eux-mêmes soutenaient à Paris en 1474 :
On dit des Nominalistes qu’ils sont ceux qui appliquent du zèle et de l’étude à assurer toutes les propriétés des termes… Ces propriétés sont la supposition, l’appellation, l’amplification, la restriction, <et> la distributio exponibilis. Les Réalistes, de l’autre côté, négligent toutes ces questions et les ont condamnées en disant : « allons droit aux choses ; ne nous occupons pas des mots »21.
11D’après ce qu’ils avouent eux-mêmes, les Ockhamistes plaçaient les humanistes et les scolastiques réalistes (i.e. les Thomistes, Scotistes, Albertistes et Lullistes) dans le même camp. Les Ockhamistes ont même attribué aux scolastiques réalistes le thème concernant les res et les verba. Quant au premier grand humaniste du Nord, Rudolph Agricola, réaliste et grand admirateur de Jean Duns Scot22, ils avaient certainement raison. Mais en va-t-il de même pour Lorenzo Valla ? En fait, Valla, dans l’Encomion, avait nommé, parmi les théologiens de valeur, les trois théologiens franciscains Alexandre de Halle, Bonaventure et Jean Duns Scot, tous étant des chefs de file du camp réaliste. De plus, Valla avait des points en commun avec Bonaventure, le représentant le plus illustre de l’illuminationisme augustinien au Moyen Age. Valla était lui-même illuminationiste en épistémologie. Dans la dernière version de la Dialectica, Valla soutient, en effet, que c’est Dieu qui dévoile à l’esprit les qualités des choses :
tout comme le soleil montre et dévoile les couleurs des corps aux yeux23… la source de notre vérité est en Dieu, comme la source de la lumière est dans le soleil. La source de la fausseté est, en revanche, dans l’obstruction de la source divine, de même que l’obscurité est dans l’absence du soleil et que Dieu est proprement vrai comme le soleil est lumière, ce qui est exactement la position de Platon24.
12Valla est silencieux, jusqu’à l’agacement, au sujet de la façon dont fonctionne l’illumination divine25, mais nous pouvons suggérer qu’il la considérait comme la voie principale pour parvenir à la vérité sur les choses existantes. Pour Ockham, en revanche, la seule façon dont on puisse dire que l’illuminationisme joue un rôle est dans son affirmation selon laquelle Dieu pourrait implanter en nous, miraculeusement et donc exceptionnellement, l’intuition de quelque chose qui n’existe pas26.
13Mais qu’en est-il des affirmations nettement nominalistes de Valla, pourrait-on demander ? Si nous les examinons avec attention, nous verrons que, bien qu’elles se prêtent à une perspective nominaliste, elles sont très étrangères à l’approche nominaliste, car elles témoignent plutôt de préoccupations purement linguistiques. Ce que Valla condamnait n’était pas la croyance dans les universaux, mais la formation incorrecte des universaux à partir des substantifs, comme deitas à partir de deus et entitas à partir de ens27. Il n’approuvait pas non plus l’usage de la forme neutre singulier des adjectifs pour dénoter une entité abstraite, album ne signifie pas « blancheur », mais « une chose [particulière] blanche »28. Valla souscrit d’ailleurs aux universels – à condition qu’ils soient correctement formés à partir d’adjectifs et non à partir de noms. Ainsi, alors que deitas est mauvais, divinitas est bon. La même chose vaut pour humanitas, falsitas, veritas et ainsi de suite29. Ces termes abstraits sont tous bons parce qu’ils sont proprement formés à partir d’adjectifs. En vérité, Valla souscrit même à une sorte d’universel vague formé à partir d’un substantif, en reconnaissant qu’un mot comme « cheval » pourrait être utilisé correctement par supposition pour une classe entière, comme dans la phrase « cheval est une espèce animale »30. Valla règle ici une question logique et non métaphysique. De même, quand il rejette les universaux grammaticalement incorrects, il défend un principe linguistique et n’entreprend pas une campagne métaphysique. En revanche, comme le remarque S. Brown :
Ockham critiquait les formes abstraites latines non pas parce qu’elles étaient du ‘mauvais’ latin, mais parce qu’elles égaraient les esprits31.
14Ainsi Ockham mettait-il en garde contre perseitas et autres termes semblables, non parce qu’ils étaient du latin illégitime (en fait, il reconnaissait expressément la légitimité de leur usage causa brevitatis vel ornatus locutionis), mais parce qu’on pourrait penser, à tort, qu’ils supposent pour eux-mêmes et reflètent effectivement une chose réelle, une res distincta. En raison de son nominalisme, Ockham critiquait les fausses interprétations non seulement de perseitas, dumitas, etc., mais aussi des expressions parfaitement légitimes comme mutatio, motus, negatio, contradictio, privatio, passio, calefactio, en bref, tout terme signifiant un processus parce que ce qui existait réellement, pour lui, n’était pas le processus, mais les entités dans lesquelles on pouvait analyser le processus32. Valla et Ockham ont pu parfois critiquer les mêmes choses, mais non pour les mêmes raisons.
15L’erreur des commentateurs a été de lire Valla à la lumière d’une préoccupation philosophique qui n’était pas la sienne. Eu égard à son illuminationisme, on peut même supposer raisonnablement, mais non prouver effectivement, en raison du manque d’élaboration de la Dialectica, que Valla était en fait un Réaliste, pour qui l’existence éternelle des idées vraies que nous avons des choses demeure dans l’esprit de Dieu.
3. – Une absurdité et une correction textuelle
16Un des plus célèbres textes de Valla est la préface aux Elegantiae lingue latine. Valla y soutient que la langue romaine a conquis un empire bien plus splendide que celui des armées romaines. Ce que beaucoup, moi compris33, n’ont pas complètement saisi, c’est que cet argument repose sur une absurdité. En 1981, V. De Caprio34 et plus récemment, en 1993, M. Regoliosi35 ont corrigé un mot du texte36. En lisant cette correction, j’ai pris conscience d’un aspect de l’argument de Valla qui était, à vrai dire, déjà visible dans le texte non corrigé pour ceux qui avaient l’œil. De Caprio et Regoliosi ont corrigé les mots : « amisimus Romam, amisimus regnum etc.37 » en : « amisimus, Romani, amisimus regnum etc. » En conséquence, le sens du passage n’est pas : « Nous avons perdu Rome, nous avons perdu le royaume etc. », mais plutôt, pour donner le passage en entier :
C’est pour cela que le sacrement de la langue latine est grand ! Son pouvoir divin est certainement grand ! Au milieu des étrangers, au milieu des barbares, au milieu de [nos] ennemis, il a été préservé saintement et religieusement pendant tant de siècles que nous autres Romains, nous n’avons pas à nous affliger, mais à nous réjouir et à exulter si le monde entier nous écoute. Nous avons perdu, Romains, nous avons perdu le royaume et l’empire, quand même ce ne fut pas par notre faute mais par celle des temps. Néanmoins, par cet empire bien plus splendide nous avons toujours une grande partie du monde. L’Italie est nôtre, la Gaule est nôtre, l’Espagne est nôtre, la Germanie, la Pannonie, la Dalmatie, l’Illyrie et bien d’autres nations. Car où que règne la langue romaine, c’est l’empire romain qui règne38.
17Pour comprendre tout à fait le caractère poignant de cette constatation et l’importance particulière de la correction, il faut savoir que, dans sa célèbre controverse avec Poggio Bracciolini dans les années 1450, Lorenzo Valla a insisté sur le fait que les Romains de son temps parlaient toujours latin. Du côté de ses ancêtres, Valla était de Piacenza ; mais de naissance, d’éducation et de conviction, il était Romain. Ses grand-parents paternels, son grand père maternel, son père et peut-être sa grand mère maternelle étaient tous nés à Piacenza39. Il n’est donc pas surprenant que, comme nous l’avons vu40, après avoir échoué en 1429 à prendre la place de secrétaire papal de son oncle maternel, Valla ait passé quelque temps à Piacenza pour des affaires de famille. Mais sa dévotion pour la patria romaine pouvait confiner à l’absurde.
18Le romanisme de Valla ne venait pas d’un chauvinisme papal41. Il réservait son enthousiasme politique pour la République romaine. Il préférait la République romaine aux empereurs romains et la commune romaine du Moyen Age au gouvernement papal42. Mais l’histoire de la commune romaine était extrêmement misérable comparée à la grandeur politique de Florence, Venise et Milan. Et dans la sphère culturelle, Rome n’était rien à côté de ces villes, et surtout de Florence. En fait, Florence avait pris indiscutablement la direction dans la reviviscence des études classiques que Valla prisait tant.
19Pour Valla, la seule gloire qui restait aux Romains était leur langue. Mais cette gloire même se perdrait si les Romains eux-mêmes ne parlaient plus latin. En 1984, M. Tavoni a montré, contre l’historiographie courante, que Valla partageait l’avis de Leonardo Bruni, niant que l’antique populace de Rome ait parlé le latin des textes classiques43. Mais c’est seulement en 1993 qu’A. Mazzocco a clamé haut et fort que l’empereur n’avait pas d’habits44. Mazzocco a démontré ce qui paraît sans doute évident à quiconque lit le texte clé, l’Apologus II de Valla45, sans être aveuglé par la renommée, certes légitime, de son talent philologique. Valla maintenait que la populace romaine classique parlait latin tout comme la populace romaine moderne de ses jours parlait latin46. Il n’éprouvait manifestement pas d’intérêt pour le vernaculaire47. Cependant Valla soutenait la thèse absurde que les Romains contemporains parlaient latin, quoique de manière fautive et grossière, parce que c’était la seule façon pour eux, bien plus que pour les Romains de l’Antiquité, de prétendre à l’empire « plus splendide » du latin sur tant d’autres peuples48. Autrement les Florentins, ou tout autre ville dotée d’excellents humanistes, pourraient légitimement affirmer leur emprise sur l’empire du latin. C’est pourquoi il s’est adressé aux Romains (« Amisimus, Romani ») dans la préface aux Elegantiae. Nous comprenons aisément que Valla se réfère à l’ancien héritage romain, d’autant plus que l’alternative se révélerait saugrenue, à savoir qu’il se adresserait aux contemporains comme s’ils possédaient encore un vaste empire linguistique. Mais, comme nous pouvons le voir à partir de l’Apologus II, quand Valla écrivit sa célèbre préface aux Elegantiae, il montrait en fait aux Romains contemporains comment ils continuaient de « dominer »49.
4. – Lorenzo Valla « contra omnes canonistas atque omnes theologos »
20Une des convictions les plus enracinées de l’historiographie, est la croyance que Valla se référait à son célèbre traité sur la Donation de Constantin (désormais = De Donatione), en écrivant à Giovanni Tortelli qu’il lui envoyait un : « opusculum, quo proxime composui, rem canonici iuris et theologie, sed contra omnes canonistas atque omnes theologos »50. J’ai soutenu, il y a déjà un bon nombre d’années, que l’historiographie est, à cet égard, fautive51. Un telle perspective implique bien plus que la modification de la date de quelques lettres et opuscules de Valla ; il engage également un changement important de notre lecture du De Donatione et de la perception qu’en avait l’auteur lui-même. En particulier, tandis que je considère que, quelle que soit la théologie du De Donatione, elle est triviale et empruntée52, S. Camporeale considère l’Oratio comme une œuvre théologique profonde53. De plus, R. Fubini, tout en se départant de la lecture de S.I. Camporeale sur des points importants, refuse explicitement l’hypothèse selon laquelle Valla ne se référait pas au De Donatione quand il parlait de son œuvre « contra omnes canonistas atque omnes theologos »54.
21Pourtant, un nouveau témoignage pourrait aider à trancher. Avant de le considérer, il faut examiner ce que Valla a écrit dans la lettre à Tortelli. Tortelli était à Florence avec la cour papale en tant que familier de l’illustre Cardinal Giuliano Cesarini quand Valla lui écrivit de Capoue55 :
Entre-temps [avant que Valla ne puisse donner à Tortelli ses amples nouvelles œuvres, les Elegantiae et la Dialectica], je vous envoie un opuscule que je viens de terminer, une chose de droit canon et de théologie, mais dirigée contre tous les canonistes et les théologiens, que vous pouvez, si vous êtes de mon avis, montrer à d’autres ; mais sinon, écrivez-moi au sujet de votre désaccord56.
22Valla envoya donc à Tortelli une œuvre à peine frappée pour solliciter son jugement, avant de la publier. Or nous avons la copie faite par Tortelli du dialogue de Valla : De Professione Religiosorum. Ce manuscrit, le Urbin. Lat. 595 de la Biblioteca Apostolica Vaticana, est d’ailleurs le codex unicus du De Professione, portant l’insertion du titre de la main même de Valla sur le premier folio57. C’est une copie très sobre (« copia assai modesta », selon l’expression de M. Cortesi), du genre que l’on peut envoyer à un ami pour demander son avis. Cela semble bien être le manuscrit auquel se réfère Valla dans la lettre. Nous possédons aussi la copie faite par Tortelli du De Donatione. Elle est dans le manuscrit des miscellanées Ottob. Lat. 1863, ff. 82r-106v, de la Biblioteca Apostolica Vaticana58. Non seulement il ne porte aucune indication qu’il viendrait de Valla, mais également, comme M. Regoliosi l’a découvert, il ne contient pas la première, mais la seconde version du De Donatione59. Regoliosi soutient cependant que Valla pensait au De Donatione dans sa lettre à Tortelli, même si le témoignage du manuscrit suggère l’autre possibilité. Pourquoi donc Tortelli aurait-il eu besoin d’insérer cette copie tardive dans son manuscrit de mélanges, s’il avait la version originale en sa possession, envoyée par Valla lui-même ?
23Réfléchissons à la situation de Tortelli à la cour papale à Florence. Le De Donatione était un document polémique visant le Pape Eugène IV, soulignant, en un endroit, qu’Eugène avait gardé sa vie par la seule tolérance de l’antipape Felix V60. Il s’insérait ainsi dans la campagne politique que le maître de Valla, le roi Alfonse V, menait un temps contre Eugène61. Il n’est pas plausible que Valla ait donné un droit de veto sur son texte à un membre de la cour papale ; et il n’aurait pas éte non plus correct à l’égard de Tortelli de le mettre dans une situation politique aussi dangereuse. D’un autre côté, nous avons toutes les raisons de supposer que Tortelli, ayant appris l’existence de cette œuvre et acquis sans doute un exemplaire de celle-ci après sa publication, aurait voulu une copie de son ami.
24Le De Professione correspond davantage à la description de l’opusculum que Valla voulait envoyer que le De Donatione. Les propos du De Donatione, bien que clairement polémiques, peuvent difficilement être adressés « contre tous les canonistes et tous les théologiens ». Non seulement le juriste de droit canon et futur cardinal, Nicolas de Cues (dont Valla connaissait l’œuvre)62, ou le futur pape Enea Silvio Piccolomini63, de même que l’évêque Reginald Pecock64 ont, parmi les contemporains de Valla, remis en question l’authenticité de la Donation, mais aussi une importante tradition médiévale de juristes et de théologiens considérait le document comme illégal, ou médiocre, finalement sans importance, inapplicable ou inauthentique65. Le De Professione, en revanche, était absolument radical. Valla attaquait les vœux de pauvreté, de chasteté et de soumission, et ce faisant, il heurtait la discipline spirituelle centrale de toute l’institution monastique. La tradition du droit canon soutenait unanimement les vœux66, et bien que l’on puisse trouver dans la littérature théologique un débat sur la façon dont les ordres mendiants comprenaient le vœu de pauvreté, la valeur des vœux religieux n’était pas contestée67. Non seulement Valla a été méticuleux, en caractérisant le De Professione plutôt que le De Donatione, mais Tortelli aurait été un bon ami si, en prenant au sérieux la requête de Valla, il lui avait recommandé d’être prudent et de renoncer à la publication – comme il semble avoir fait, si nous en jugeons par l’absence totale de copies restantes, hormis la sienne.
5. – La Prisca Theologia de Valla
25Lorenzo Valla donna son Encomion S. Thome le 7 mars 145768, cinq mois avant de mourir. Depuis sa première impression au dix-neuvième siècle, l’Encomion a toujours attiré l’attention, principalement, pour son évaluation de Thomas d’Aquin, de la scolastique et des Pères de l’Eglise, et secondairement, pour la datation du Pseudo-Denys l’Aréopagite vers le cinquième ou sixième siècle69. Cependant, il contient également son interprétation très biblique de la theologia prisca.
26Le seul commentaire contemporain qui nous a été transmis de ce discours revient au cardinal Guillaume d’Estouteville, pour qui la digression de Valla sur la nature de l’exorde, avant qu’il n’ait rempli sa tâche, l’éloge de Thomas d’Aquin, était un signe de sa folie (insanire)70. Ce commentaire est souvent rapporté dans la littérature secondaire, mais l’objet de sa critique, l’exordium de Valla, a été négligé71. Valla commence son oraison par ces mots :
Dans les temps très anciens, la coutume était chez les Grecs comme chez les Latins que quiconque était sur le point de faire un discours devant des juges ou le peuple sur un sujet important, commençait habituellement par invoquer la divinité céleste. Ce rite a été introduit par les adorateurs du véritable Dieu, comme l’étaient les sacrifices, les offrandes des premiers fruits, les cérémonies et les autres honneurs divins. Je pense que comme dans le cas d’autres pratiques, ce rite fut également transféré bientôt de la vraie religion aux fausses religions. Car certainement, ce qui continue d’être l’iniquité la plus monstrueuse et presque le comble de tous le maux est d’attribuer à des êtres mortels et à des choses créées ce qui est dû au Dieu immortel et seul créateur. Cette coutume, après avoir fleuri il y a quelques siècles chez les Grecs et les Latins, est progressivement tombée en désuétude, et l’invocation des Dieux fut interrompue non seulement chez ceux qui visaient de mauvaises causes, mais aussi chez ceux qui visaient de bonnes causes… Mais tout comme ils s’écartèrent à tort de cette coutume très ancienne et, ainsi, renoncèrent à sa possession, ils agirent bien ceux qui la restaurèrent dans son intégrité et en reprirent possession, non qu’ils imitassent les païens-odieuse pensée !-, mais ils semblèrent être moins surpassés par les païens. Car s’ils avaient l’habitude de rendre tellement honneur aux faux dieux qu’ils croyaient devoir invoquer dans leur exorde, combien plus devons-nous maintenant honorer le vrai Dieu ? C’est pourquoi aujourd’hui, moi qui suis sur le point de dire l’éloge de saint Thomas d’Aquin, je souhaite et voudrais imiter d’aussi éminentes pratiques que les leurs et, comme c’est habituel, j’invoque la très sainte mère de Dieu et en même temps éternellement vierge, la saluant par les mots de l’ange, « Ave Marie etc. »72.
27D’Estouteville avait raison de s’étonner. Valla a œuvré puissamment pour justifier ce qui a été pendant des siècles absolument ordinaire dans les sermons, prononcer « Ave Maria » immédiatement après l’introduction73. Dans son unique autre sermon conservé, le De Mysterio Eucharistie, Valla se tint beaucoup plus près du style épidictique classique renouvelé et omit l’Ave Maria. Mais tout en louant Thomas d’Aquin devant l’assemblée des prélats dans Santa Maria sopra Minerva, il n’a apparemment pas cru pouvoir ignorer cette coutume médiévale profondément enracinée74.
28Sa référence à des antécédents classiques était également étrange. Valla n’a cité aucune source, mais son argument, s’il y en a un, a dû être bien faible. Il aurait reposé réellement sur Servius, affirmant que les anciens Romains, y compris Caton l’Aîné et les Gracques, commençaient tous leurs discours par une invocation des numina75. Toutefois, aucun discours latin, qui nous a été transmis, ne débute de telle sorte, à l’exception du Panegyricus de Pline le Jeune76. Chez les Grecs, Demosthène introduit son discours Sur la Couronne par une invocation des dieux, mais c’est le seul cas parmi tous ses discours conservés. De fait, l’invocation des dieux au début d’un discours était toujours très peu commun chez les Grecs77. A la rigueur, pour justifier son affirmation au sujet de la rhétorique grecque archaïque, Valla aurait pu penser au compliment de Quintilien à Homère pour son usage de l’invocatio dearum dans son exorde78. Toutefois, cela aurait été une citation frauduleuse, car Quintilien se référait explicitement à la manière dont Homère s’adressait à la déesse au début de ses deux épopées, et non comment il encadrait ses discours, étant donné que l’invocation fait défaut à tous. La tradition grecque sur laquelle Valla insistait n’a jamais existé79.
29Pourquoi donc a-t-il donné cette raison, surtout dans la mesure où il aurait pu facilement citer le De Doctrina Christiana d’Augustin, et surtout les sermons des Pères de l’Eglise80 ? Il cherchait clairement un garant classique païen pour enfreindre les règles classiques de la rhétorique. Mais pourquoi dire que les païens empruntèrent aux croyants en l’unique vrai Dieu, non seulement cette spécificité oratoire, mais aussi et plus étonnement, les pratiques de « sacrifices, offrandes des premiers fruits, cérémonies et autres honneurs divins », en bref, tout le cérémonial païen de l’Antiquité ? A la différence de Lactance81 et d’Augustin82, qui attribuaient les origines des rites et des croyances païens à la perversité humaine, Valla considérait manifestement le paganisme comme une corruption de la religion monothéiste post-noachique et pré-abrahamique. Le judaïsme était, pour cette raison, la continuation de cette théologie primordiale véridique, en préservant l’essence plutôt que développant les sacrifices, cérémonies et honneurs dus au véritable Dieu. Le texte probatoire de Valla est sans aucun doute Genèse 14 :18-20, où Abraham reçoit une bénédiction du non juif Melchisédech, « le roi de Shalem », « prêtre du Dieu Très Haut » et le seul prêtre nommé dans la Bible avant que Dieu m’institue son Alliance avec Abraham. Si cette hypothèse est confirmée, alors, pour Valla, Melchisédech n’était pas seulement une préfiguration de la prêtrise juive et chrétienne, mais aussi le prêtre d’une religion monothéiste complètement développée que Noé avait transmise à l’humanité, mais que seul Abraham et son prodige, après l’époque de Melchisédech, avait véritablement préservée. Valla aurait accepté la théorie ficinienne d’une theologia prisca remontant au temps d’Abraham, mais aurait considéré comme blasphématoire l’insistance de Ficin sur la transmission de cette tradition théologique bien païenne parallèlement au judaïsme et au christianisme à travers l’Antiquité.
30Dans l’Encomion S. Thome, Valla n’a pas seulement donné son interprétation de l’histoire de la théologie chrétienne, mais il a également fourni au départ son interprétation de l’histoire de la véritable théologie, depuis le Déluge jusqu’au christianisme83.
6. – L’éloge de Bessarion par Valla est une adaptation du blâme de Valla par Fazio
31Dans la préface au Pape Nicolas V pour sa traduction de Thucydide en 145284, Lorenzo Valla a notoirement appelé le Cardinal Bessarion inter Graecos Latinissimus, inter Latinos Graecissimus85. L’éloge de Valla est resté à cette date la caractérisation la mieux connue de Bessarion86. J’ai attiré une fois l’attention sur le fait qu’Erasme était si épris de cette phrase qu’il l’appliqua à son héros néerlandais, Rudolph Agricola87. J’ai depuis découvert que Valla lui-même avait tiré la phrase de l’invective écrite par Bartolomeo Fazio contre lui. Ecrivant à la cour napolitaine du roi Alphonse le Magnanime en 144688, Fazio accusait Valla de la sorte :
Cum aliquo cetu es, ubi nullus sit Grecarum litterarum doctus, continuo grecissas ; ubi Grecus quispiam superveniret, latinissas. Ita sit ut inter Grecos Latinus sis, inter Latinos Grecus, inter utrosque neuter89.
32Valla cita ce passage dans sa réfutation de 144790, l’Antidotum in Facium91. Nous n’avons donc aucun doute qu’il l’ait lu soigneusement. Nous ne pouvons pas savoir s’il s’est consciemment souvenu de ce passage comme provenant de Fazio quand il écrivit la préface au pape Nicolas V. Mais nous pouvons affirmer que le passage lui fit suffisamment impression pour qu’il le reprenne d’une manière personnelle afin de louer Bessarion, quelques six ans après avoir été lui-même blâmé par Fazio.
Notes de bas de page
1 R. Sabbadini, Cronologia documentata della vita di Lorenzo della Valle, detto il Valla, dans : L. Barozzi et R. Sabbadini, Studi sul Panormita e sul Valla, Florence, 1891, p. 50-51. La Cronologia de Sabbadini a été reproduite dans le II volume de L. Valla, Opera Omnia, 2 vol. (vol. 1 = réimpression de l’édition de Bâle, 1540, Opera Omnia ; vol. 2 = reproduction des éditions d’autres textes de Valla), intr. de E. Garin, Turin, 1962.
2 G. Mancini, Vita di Lorenzo Valla, Florence, 1891, p. 4-5 et p. 20.
3 En proposant l’année 1406, je marche sur les traces de G. L. Marini, Degli Archiatri pontifici, 2 vol., Rome, 1784, 1, p. 241, qui appuyait également son argumentation sur les lettres de Martin V ; et de G. Tiraboschi, Storia della letteratura italiana, 10 vol., Naples, 1777-1786, 6, p. 963.
4 Je tiens mon texte de la collection d’inscriptions de Petrus Sabinus in MS Lat. X, 195 (= 3453), f. 291 v de la Biblioteca Marciana, Venise (je remercie Niccolò Zorzi pour la vérification de ma transcription). Voir les commentaires de G.B. Rossi, Inscriptiones Christianae Urbis Romae Septimo Saeculo Antiquiores, 2 vol., Rome, 1857-1888, 2, p. 425, no 55. Sabbadini et Mancini reconnurent tous deux que la date correcte est 1457 et que la date de MCCCCLXV trouvée dans la version de l’inscription reportée dans la page de titre des Opera Omnia de 1540 est une erreur. La date erronée de 1465 doit être trouvée dans la version de l’inscription donnée par V. Forcella, Iscrizioni delle chiese e d’altri edifici di Roma dal secolo XI fino ai giorni nostri, 14 vol., Rome, 1869-1884, 8, p. 24, no 41, de Galletti.
5 « Obit » manque dans Sabinus, mais le sens l’exige. On le trouve dans V. Forcella, Iscrizioni, et dans : L. Valla, Opera Omnia, 1540.
6 Pour la date, voir l’introduction de A. Wesseling à son édition de L. Valla, Antidotum Primum, Assen-Amsterdam, 1978. p. 36.
7 L. Valla, Opera, 1, p. 352, ligne 7 : « eoque defuncto petivi secretariatum quatuor et viginti natus annos ».
8 Sur sa légation, voir K.A. Fink, Martin V. und Aragon, Berlin, 1938, p. 113-141.
9 K.A. Fink, « Die politische Korrespondenz Martin V. nach den Brevenregistern », Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken 26, 1935-1936, p. 173-244, p. 218, no 3.48 : « Recepimus bina a te litteras scriptas Dertuse, alteras die XVII Octobris, in quibus erant copie duorum brevium, alteras vero die XVIII. Quoad priores litteras scias fuisse nobiscum Ferentini tres secretarios, quorum Cincius et Poggius asserunt se illa brevia non scripsisse ; Melchior de Scribanis, qui erat tertius et iunior, defunctus est et is forsan illas scripsit. Sed nos non meminimus eidem talia commisisse ». La plus grande partie de ce texte est également cité par E. von Ottenthal, « Die Bullenregister Martin V. und Eugen IV. », Ergänzungsband 1, 1885, p. 402-589, p. 475 n. 11, des Mittheilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung.
10 Poggio Bracciolini adressa une lettre depuis Anagni le 9 juillet 1429 en chemin vers Ferentino ; cf. ses Lettere, éd. H. Harth, 3 vol., Florence, 1984, 1, 210, no 86. Il envoya ensuite une autre série de lettres depuis Ferentino, du 15 juillet au 8 septembre ; ibid., 1, 212-213, no 87 ; 1, 214-216, no 88 ; 1, 85-86, no 31 ; 1, 88, no 32. Dans la dernière il dit : « …forsan postridie, quo die dicitur pontifex discessurus. » K.A. Fink, « Die politische Korrespondenz », rapporte des lettres papales, l’une de Ferentino datée du 8 septembre 1429, ibid., 1, 189, no 55 et 218, no 347, et l’autre de Rome datée du 7 octobre 1429, ibid., 220, no 351).
11 Dans sa lettre à Candido Decembrio, critiquant Bartolo de Sassoferrato, Valla mentionne son oncle « Melchior… secretariusque Martini quinti, peste in via correptus, nuper est mortuus » ; cf. M. Regoliosi, « L’Epistola contra Bartolum del Valla », dans : V. Fera et G. Ferraù (éds.), Filologia umanistica per Gianvito Resta, 3 vol., Padoue, 1997, 2, p. 1510-1571, p. 1552 § 10. E. von Ottenthal, Die Bullenregister, p. 475, croit que Scrivani mourut en 1429, comme W. von Hofmann, Forschungen zur Geschichte der kurialen Behörden vom Schismen bis zur Reformation, 2 vol., Rome, 1914, 2, p. 111, no 66, en notant qu’on le trouve dans les registres, mais rarement. G.L. Marini, Archiatri pontifici, I, p. 241, note qu’il apparaît dans les registres papaux en 1429.
12 L. Valla, Opera, 1, p. 352.23-26 : « Post id colloquium cum summo pontifice, iussu avi matrisque ac materterarum, ob hereditatem avi et avunculi eodem anno defunctorum profectus sum Placentiam, petitis tamen in via Venetiis ut tria milia aureorum filiae Iacobi Esculani consobrine mee in monte, ut aiunt, Venetiarum collata disponerem ».
13 W. von Hofmann, Forschungen, 2, p. 95, no 3 du « Procurator fisci » ; cf. M. Fois, Il Pensiero cristiano di Lorenzo Valla net quadro storico-culturale del suo ambiente, Rome, 1969, p. 44. n. 128.
14 Par exemple, voir G. Zippel en 1, p. XCI et dans les annotations de son édition de L. Valla, Repastinatio Dialectice et Philosophie, 2 vol., Padoue, 1982 ; cf. également F. Gaeta, Lorenzo Valla : Filologia e storia nell’Umanesimo italiano, Naples, 1955, p. 74-75, p. 81 et p. 131.
15 Cf. la discussion de Valla dans la section intitulée « Verba et Res » dans : Ch. Trinkaus, « In Our Image and Likeness » : Humanity and Divinity in Italian Humanist Thought, 2 vol., Chicago. 1970, 1. p. 150-153 ; cf. aussi Ch. Trinkaus, The Scope of Renaissance Humanism, Ann Arbor, 1983, p. 157.
16 L. Valla, Epistole, éds. O. Besomi et M. Regoliosi, Padoue, 1985, p. 205.150.
17 J. Vahlen, « Lorenzo Valla über Thomas von Aquino », Vierteljahrschrift für Kultur and Literatur der Renaissance, 1886, 1, pp. 384-96, p. 395 (= Valla, Opera Omnia, 2, p. 339-352, p. 349).
18 Guillaume d’Ockham, Expositio in Lihros Physicorum Aristotelis, éds. V. Richter et G. Leibold, dans ses : Opera philosophica IV, St. Bonaventure, 1985, p. 425.142-426 ; 181 ; 433.100-434.126 ; 495.172-180 ; 547.44-59. Cf. les remarques de S. Brown dans : F.A.C. Mantello et G. Rigg (éds.), Medieval Latin : An Introduction and bibliographical Guide, Washington, 1966, p. 282-283.
19 L. Valla, Encomion, p. 394 : « Nunquam viderant usurpasse quae novi theologi semper incultant, ens, entitas, quiditas, identitas, reale, essentiale, suum esse, et verba illa quae dicuntur ampliari, dividi, componi, et alia huiusmodi ».
20 L. Valla. Repastinatio, 1, p. 35 lignes 11-17 ; 2, p. 372, ligne 14, p. 373, ligne 16.
21 Les Ockhamistes parisiens protestaient contre l’interdiction royale de l’enseignement du nominalisme de 1474. Le passage est cité aussi bien par N.W. Gilbert, « Ockham, Wycliff and the ‘Via Moderna’ », que par A. Gabriel, « ‘Via Antiqua’ and ‘Via Moderna’ and the Migration of Paris Students and Masters to the German Universities in the Fifteenth Century », dans : A. Zimmermann et G.Vuillemin-Dieu (éds.), Antiqui und Moderni : Traditionsbewusstsein und Fortschrittsbewusstsein im späten Mittelalter, Miscellanea Mediaevalia 9, Berlin/New York, 1974, p. 85-123, p. 95, et p. 439-483, p. 448. En raison de son intérêt général, je cite tout le passage ; voir F. Ehrle, Der Sentenzkommentar Peters von Candia des Pisaner Papstes Alexanders V. Ein Beitrag zur Scheidung der Schulen in der Scholastik des Vierzehnten Jahrhunderts und zur Geschichte des Wegestreites, Münster. 1925, p. 322 (j’ai légèrement modifié la ponctuation) : « An. 1473 [stylo Parisiensi]. Illi doctores Nominales dicti sunt qui non multiplicant res principaliter signatas per terminos secundum multiplicationem terminorum. Reales autem, qui e contra res multiplicatas esse contendunt secundum multiplicitatem terminorum. Verbi gratia, Nominales dicunt quod deitas et sapientia sint una res et eadem omnino quia omne quod est in Deo, Deus est. Reales autem dicunt quod divina sapientia dividitur a deitate.
Item Nominales dicti sunt qui diligentiam et studium adhibuerunt cognoscendi omnes proprietates terminorum. a quibus dependet veritas et falsitas orationis, et sine quibus non potest fieri perfectum iudicium de veritate et falsitate propositionum. Quae proprietates sunt : suppositio, appellatio, ampliatio, restrictio. distributio exponibilis. Cognoscunt praetera obligationes et insolubilem naturam, vera fundamenta argumentorum dialecticorum, et omnes eorum defectus. Quibus rebus instructi de unaquae argumentatione faciliter cognoscunt an bona sint an mala. Reales autem haec omnia negligunt et contemnunt dicentes : Nos imus ad res, de terminis non curamus ».
22 Voir H.A.G. Braakhuis, « Agricola’s View on Universals », dans : F. Akkerman et A. J. Vanderjagt (éds.), Rodolphus Agricola Phrisius, 1444-1485 : Proceedings of the international Conference at the University of Groningen, 28-30 October 1985, Leyde, 1988, p. 239-47 ; A. Wesseling, « Agricola and Word Explanation », ib., p. 228-235. et p. 230-231 ; mon : « Lorenzo Valla and Rudolph Agricola », Journal of the History of Philosophy 28, 1990, p. 181-200, p. 189, désormais l’article V dans mon livre : Language and Learning in Renaissance Italy : Selected Articles, Aldershot, 1994. Cf. également P. Mack, Renaissance Argument : Valla and Agricola in the Traditions of Rhetoric and Dialectic, Leyde, 1993, p. 118 et p. 198.
23 L. Valla. Repastinatio, 1, p. 19, lignes 21-25 (j’ai légèrement altéré la ponctuation) : « …ut sol oculis colores corporum, ita Deus menti rerum qualitates ostendit et exhibet. Hoc non-nihil diverse protulit Plato in libris De Re Publica, cum ait veritatem esse velut solem, scientiam notitiamque veluti sincerum aspectum ».
24 L. Valla, Repastinatio, 1, p. 20, lignes 5-10 ; j’ai là aussi légèrement changé la ponctuation : « Itaque in nobis, idest, in animo nostro, est veritas et falsitas ; sed fons veritatis nostre in Deo, sicut nostre lucis in sole ; falsitatis vero in obstructione divini fontis, sicut obscuritatis in subductione solis, ut proprie Deus si veritas sicut sol lux, quod Plato modo sentiebat ».
25 Il partage cet aspect avec Augustin ; cf. E. Gilson, Introduction à l’étude de saint Augustin, Paris, 1982 (1re édt., 1943), p. 103-120 et p. 141-147 ; et G. O’Daly, Augustine’s Philosophy of Mind, Londres, 1987, p. 204-207.
26 Mais l’intuition serait véridique en ce que nous jugerions que l’objet n’existe pas ; voir G. Leff, William of Ockham : The Metamorphosis of Scholastic Discourse, Manchester, 1957, p. 18 ; M. Mc Cord Adams, William of Ockham, 2 vol., Notre Dame, 1987, p. 502 et p. 1234 ; J. Owens, « Faith, Ideas, Illumination, and Experience », dans : N. Kretzmann et al. (éds.), The Cambridge History of Later Medieval Philosophy, Cambridge, 1982, p. 440-459, p. 457 ; et J. Boler, « Intuitive and Abstractive Cognition », ibid., p. 460-478, p. 469.
27 L. Valla, Repastinatio, 1, p. 30-36, et 2, p. 371-372.
28 L. Valla, Repastinatio, 1, p. 21-30 et 2, p. 373-377.
29 Voir la note 27 ci-dessus.
30 L. Valla, Repastinatio, 1, p. 188, lignes 3-7 : « Nonnunquam nec universaliter, nec particulariter, nec singulariter sed in solidum et, ut sic dicam, ‘totaliter’ : ut ‘homo’, ut ‘eques est species animalis’, videlicet non quod unusquisque aut aliquis aut hic, nec uniuscuiusque animalis aut unius certi aut huius ».
31 Cf. S. Brown, dans : F.A.C. Mantello et G. Rigg (éds.), Medieval Latin, p. 283.
32 Voir note 18 ci-dessus, sp. Expositio in Libros Physicorum, p. 425.123-426.181.
33 Cf. mon : « Erasmus, the Roman Academy and Ciceronianism : Battista Casali’s Invective », Erasmus of Rotterdam Society Yearbook 17, 1997, p. 19-54, p. 28.
34 Cf. V. De Caprio, « Appunti sul classicismo delle Eleganzie di L. Valla », Annali dell’Università degli Studi di Roma, Facoltà de Lettere e Filosofia, Istituto di filologia moderna 1-2,1981, p. 59-80, p. 71 n. 26. Je dois la connaissance de cette référence au compte rendu par S. Rizzo du livre de M. Regoliosi, Nel Cantiere del Valla. Elaborazione e montaggio delle ‘Elegantiae’, Rome, 1993, que l’on trouve dans : Roma nel Rinascimento, 1993, p. 5-16, p. 9.
35 Cf. M. Regoliosi, Nel Cantiere, p. 71 et p. 122, § 22.
36 En fait, la première édition critique de ce passage apparut en 1978 avec L. Valla, Antidotum Primum, p. 174-175, § 196, où Valla le cite.
37 On le trouve ainsi par exemple dans : Prosatori Latini del Quatrocento, éd. E. Garin, Milan, 1952, p. 596.
38 Cf. M. Regoliosi, Nel Cantiere, p. 122 §§ 21-23 (j’ai légèrement modifié la ponctuation et les majuscules) : « Magnum igitur Latini sermonis sacramentum est ! Magnum profecto numen ! Qui apud peregrinos, apud barbaros, apud hostes sancte ac religiose per tot secula custoditur ut non tarn dolendum nobis Romanis quam gaudendum sit atque ipso etiam orbe terrarum exaudiente gloriandum. Amisimus, Romani, amisimus regnum atque dominatum, tametsi non nostra, sed temporum culpa ; verum tamen per hune splendidiorem dominatum in magna adhuc orbis parte regnamus. Nostra est Italia, nostra Gallia, nostra Hispania, Germania, Pannonia, Damatia, Illyricum, multeque alie nationes. Ibi namque Romanum imperium est ubicumque Romana lingua dominatur ».
39 Cf. E. Nasalli Rocca, « La Famiglia di Lorenzo Valla e i Piacentini nella Curia di Roma nel secolo XV », Archivio storico per le provincie parmensi 9, 1957, p. 222-251.
40 Voir la note 12 ci-dessus.
41 Mais une fois retourné à Rome et ayant obtenu des positions à la curie aussi bien comme canoniste à St. Jean de Latran que comme professeur à l’Université de Rome, il chanta les louanges de la papauté puisqu’elle préservait le latin en Europe ; cf. L. Valla, Orazione per l’inaugurazione dell’anno accademico 1455-1456. Atti di un seminario di filologia umanistica, éd. S. Rizzo, Rome, 1994. Dans le discours Valla souligne également que le latin est, comme le grec et l’hébreu, l’une des trois langues sacrées ; cf. ibid., p. 198, § 30, et le commentaire de W. Bracke à la page 213.
42 Cf. S. Camporeale, « Lorenzo Valla e il ‘De Falso credita Donatione’ : Retorica, libertà ed ecclesiologia nel ‘400 », Memorie Domenicane 19, 1988, p. 191-293, p. 257-285. Cf. également : M. Regoliosi, Nel Cantiere, p. 81 ; ead., « La Concezione del latino di Lorenzo Valla : Radici medioevali e novità umanistiche », dans : H. Braet et W. Verbeke et A. Welkenhuysen (éds.), Medieval Antiquity, Louvain, 1995, p. 145-157, p. 149-150.
43 Cf. M. Tavoni, Latino, grammatica, volgare : Storia di una questione umanistica, Padoue, 1984, p. 117-169.
44 Cf. A. Mazzocco, Linguistic Theories in Dante and the Humanistists : Studies of Language and Intellectual History in Late Medieval and Early Renaissance Italy, Leyde, p. 69-81, p. 201 et p. 204-5.
45 Désormais très accessible dans : M. Tavoni, Latino, grammatica, p. 260-273.
46 L. Valla, Apologus II, dans : M. Tavoni, Latino, grammatica, p. 262, §§ 18-19, où, à l’affirmation : « ut nunc Romani non loquuntur Latine, ita olim vulgo non fuisse Latine locutos », Valla demande rhétoriquement : « Quid ergo, Hebraice nunc Romani loquuntur ? » A la page 263, § 25, il avance que : « Itaque non modo quondam loquebantur, verum etiam nunc vulgo Latine Romani loquuntur ». Egalement à la p. 271, § 73 : « Ego vero etiam hodie Romanos loqui Latine fateor ».
47 Cf. M. Tavoni, « Lorenzo Valla e il volgare », dans : O. Besomi et M. Regoliosi (éds.), Lorenzo Valla e l’Umanesimo italiano : Atti del convegno internazionale di studi umanistici (Parma, 18-19 ottobre 1984), Padoue, 1986, p. 199-216 ; et M. Regoliosi, « La Concezione », p. 156-157, qui parle de « l’illusion chimérique et équivoque » de Valla.
48 C’est pourquoi Valla maintint de façon si éhontée que même à son époque « Romain = Latin » ; voir A. Mazzocco, Linguistic Theories, p. 71-72.
49 On peut voir dans la lettre qu’il écrivit à Giovanni Tortelli en octobre 1451 à quel point il associait la préface aux Elegantiae avec le fait d’être un Romain et avec les services qu’il rendait par là aux Romains de son époque ; cf. L. Valla, Epistole, p. 354, les capitales légèrement modifiées : « [le Pape Nicolas V] iussit itaque afferri, ut appellant, rotulum in quo descripti cives essent, quem suo chirographo confirmaret. Allatus est sed sine meo nomine, quasi ego Romanus non sim, Rome et ortus et adultus, et qui de nomine Romano quantum ad litteras pertinet, vel uno Elegantiarum proemio, magis meritus sum quam ceteri omnes ».
50 Ibid., p. 192, lignes 15-16 ; c’est la lettre no 12 dans l’édition déjà citée de O. Besomi et M. Regoliosi.
51 Cf. mon compte rendu de l’édition par G. Zippel de la Repastinatio de Valla dans : Rivista di letteratura italiana 2, 1984, p. 177-194 ; et celle de l’édition du De Professione Religiosorum de M. Cortesi, Padoue, 1986 dans : ibid. 5, 1987, p. 351-365, p. 359, désormais disponibles dans mon : Language and Learning, articles VI et VII.
52 Cf. la note précédente et mon article : « The Theology of Lorenzo Valla », dans J. Kraye et M. Stone (éds.), Humanism and Early Modern Philosophy, Londres, 2000.
53 Cf. S I. Camporeale, « Lorenzo Valla e il ‘De Falso credita Donatione’, p. 191-293 ; id., « Lorenzo Valla’s Oratio on the Pseudo-Donation of Constantine : Dissent and Innovation in Early Renaissance Humanism », Journal of the History of Ideas 57, 1996, p. 9-26.
54 Cf. R. Fubini, « Lorenzo Valla tra il Concilio di Basilea e quello di Firenze, il processo dell’Inquisizione », dans : Conciliarismo, stati nazionali, inizi dell’Umanesimo. Atti del XXV Convegno storico internazionale, Todi, 9-12 X 1988, Spoleto, 1990, p. 287-318, p. 315, note 69 : mes doutes (dubbi) « n’ont pas de fondement ».
55 Pour les dates de la présence de Tortelli à la cour papale en 1437-41, cf. M. Regoliosi, « Nuove ricerche intorno a Giovanni Tortelli », Italia medioevale e umanistica 9, 1966, p. 123-289, etib., 12, 1969, p. 129-196 ; p. 142.
56 L. Valla, Epistole, p. 192, lignes 14-193, ligne 1 : « Iterim mitto ad te opusculum quod proxime composui. rem canonici iuris et theologie, sed contra omnes canonistas atque omnes theologos ; quod, si mecum senties, opus aliis ostendes : si minus, in quo dissentis ad me rescribas ».
57 Voir L. Valla, De Professione Religiosorum, p. XCIV-CII ; pour le scribe, cf. également mon compte rendu cité à la note 51 ci-dessus.
58 Décrit, mais pas utilisé par W. Setz dans son édition de L. Valla, De Falso Credita et Ementita Constantini Donatione, Munich, 1986, p. 32-33.
59 M. Regoliosi, « Tradizione e redazione nel ‘De falso credita et ementita Constantini donatione’ di Lorenzo Valla », dans : F. Magnani (éd.), Studi in memoria di Paola Medioli Masotti, Naples, 1995, p. 39-46, p. 43.
60 L. Valla, De Donatione, éd. W. Setz, 90, lignes 14-91, ligne 1 : « et te, Eugeni, qui vivis cum Felicis tamen venia ».
61 Cf. M. Fois, Il Pensiero cristiano, p. 296-324 ; G. Antonazzi, Lorenzo Valla e la polemica sulla Donazione di Costantino, Rome, 1985, p. 51-57.
62 Voir R. Fubini, « Contestazioni quattrocentesche della Donazione di Costantino : Niccolò Cusano, Lorenzo Valla », Medievo e Rinascimento. Annuario del Dipartimento di Studi sul Medioevo e il Rinascimento dell’Università di Firenze 5, 1991, p. 19-61 ; et G. Bonamente et F. Fusco (éds.), Costantino il grande, dall’Antichità all’Umanesimo, 2 vol, Macerata, 1992, 1. p. 385-431.
63 Cf. W. Setz, Lorenzo Valias Schrift gegen die Konstantinische Schenkung De falso credita et ementita Constantini donatione. Zur Interpretation und Wirkungsgeschichte, Tübingen, 1975, p. 101-106.
64 Il devint évêque de St. Asaph en 1444 et de Chichester en 1450 ; sa critique date à peu près de 1449 ; je n’ai pas pu trouver de témoignage sur sa connaissance du De Donatione de Valla ; voir W. Setz, Lorenzo Vallas Schrift, p. 32-34 ; G. Laehr, « Die Konstantinische Schenkung in der abendländischen Literatur des ausgehenden Mittelalters », Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken 23, 1931-1932, p. 120-181, p. 163-166 ; G.C. Sellery, The Renaissance : Its Nature and Origins, Madison, 1950, p. 209-214.
65 G. Laehr, Die Konstantinische Schenkung in der abendländischen Literatur des Mittelalters bis zur Mitte des 14. Jh., Berlin, 1926, p. 98-105, p. 117-141, p. 156-160 ; G. Laehr, « Die Konstantinische Schenkung in der abendländischen Literatur des ausgehenden Mittelalters », p. 130-137, p. 140-151 (Wyclif et Hus), p. 153-157 ; D. Maffei, La Donazione di Costantino nei giuristi medievali, Milan, 1964, p. 32-35, p. 40-42, p. 51-76, p. 108-132, p. 154-158, p. 163-169, p. 185-190, p. 194-210, p. 247-149, p. 261-276 ; et G. Antonazzi, Lorenzo Valla e ta polemica, p. 25-46.
66 Valla lui-même ne semble pas avoir cité de loi canon dans le dialogue ; voir l’Index Auctorum dans l’édition de M. Cortesi.
67 Cf. M. Fois, Il Pensiero crisiano, p. 261-295 et passim ; et P. Sejourné, « Vœux de religion », Dictionnaire de théologie catholique, 15.2, 1954, col. 3234-3282.
68 Cette date est attestée par un colophon sur le manuscrit.
69 Cf. S.I. Camporeale, « Encomion » ; M. Fois, Il Pensiero cristiano, p. 464-471, p. 492-493 ; cf. également J.W. O’Malley, « Some Renaissance Panegyrics of Aquinas », Renaissance Quaterly 27, 1974, p. 174-192, désormais l’article VI de son Rome and the Renaissance : Studies in Culture and Religion, Londres, 1981.
70 Cf. Gasparus Veronensis, De Gestis Tempore Pontificis Maximi Pauli Secundi, éd. G. Zippel, dans : Rerum Italicorum Scriptorum, 3.16, Città di Castello, 1904, 33.3-9 (j’ai légèrement modifié la ponctuation) : « Hic [D’Estouteville] cum audivisset Laurentium Vallam de laudibus sanctissimi Thomae Aquinatis orationem habere in tempio sanctae Mariae supra Minervam, illum insanire iudicavit. Nec a vero iudicio destitit. Nam cum de virtutibus paene inenarrabilibus Thomae Aquinatis Valla esset dicturus, evagatus est atque stulte digressus de exordiorum natura, dissertans more rhetorum et ex varietate pannorum confectus. Quamobrem censura huius principis apud omnes valuit plurimum ».
71 Cf. M. Fois, Il Pensiero cristiano, p. 456-457, parle d’exorde, et n’y voit qu’un argument de plus au crédit du paganisme.
72 Cf. J.Vahlen, « Lorenzo Valla », p. 390-391 (= Valla. Opera Omnia, 2, p. 346-347) (j’ai légèrement modifié la ponctuation) : « Moris fuit vetustissimis temporibus cum apud Graecos turn vero apud Latinos, ut qui orationem aliqua de re majore vel ad iudices vel ad populum esset habiturus, is fere ab invocatione caelestis numinis exordiretur. Quern ego ritum a veri dei cultoribus reor introductum. ut sacrificia, ut primitias, ut caerimonias, ut ceteros divinos honores, mox ut illa, ita hunc quoque a vera religione ad falsas fuisse translatum. Nam id profecto extitit in rebus humanis immanissimum nefas et paene caput malorum omnium, cultum religionis immortali deo et soli creatori debitum tribuere mortalibus ac rebus creatis. Haec consuetudo cum per aliquot saecula in utraque natione viguisset, paulatim in desuetudinem versa est, desitumque numina invocare non modo ab iis qui malas, sed etiam ab iis qui bonas causa agebant, ab iis quidem qui malas quod aut nullos esse deos crederent aut eos invocare extimescerent (Quisquis enim deos implorat, ideo implorat ut veritati atque iustitiae adsint, quod mali fieri nolint), ab iis autem qui bonas agebant partim quod iuri suo citra deorum praesidium fidere videri vellent, partim quod sese praestantiores atque viriliores visum iri putarent si non protinus tamquam feminae ad implorandos deos confugerent. Muliebre namque iam videbatur, non virile, numina implorare. Unde apud Sallustium [Cat. 55 : 59] Cato inquit, ‘non votis neque suppliciis muliebribus auxilia deorum parantur’. Verum sicut improbe illi hunc vetustissimum morem summoverant et quasi de possesione deiecerant, ita probe fecerunt qui in integrum restituerunt et [et add. Monf.] in possessionem reduxerunt, non ut gentiles – quod absit – imitarentur, sed ne a gentilibus superari viderentur. Nam si illi falsis diis tantum honoris tribuebant ut eos in exordiis invocandos putarent, quanto nos magis hune honorem deo vero tribuere debemus ? Quare istorum ego institutum tam egregium hodie imitari et debeo et volo, laudes sancti Thomae Aquinatis relaturus, et, ut consuetum est, sanctissimam dei matrem eademque semper virginem invocare, salutans earn angelicis verbis : Ave Maria, etc. »
73 Cf. T.M. Charland, Arles praedicandi : Contribution à l’histoire de la rhétorique au Moyen Age, Paris, 1936, p. 125 ; les manuels de prédication de Robert de Basevorn et de Thomas Waley édités par Charland présentent tous deux la prière comme le début de l’homilie, ibid., p. 262-264 et p. 349-355.
74 Voir J. W. O’Malley, Praise and Blame in Renaissance Rome : Rhetoric, Doctrine and Reform in the Sacred Orators of the Papal Court, c. 1450-1521, Durham, 1979. p. 59, qui rappelle la « très grande réticence à abandoner la prière » même dans les sermons humanistes.
75 Les termes de Valla ah invocatione caelistis numinis suggèrent qu’ils paraphrasait Servius. Cf. Servius Grammaticus, In Vergilii Carmina Commentaria, éds. G. Thilo et H. Hagen, 2 vol., Leipzig, 1881-1884, repr. Hildesheim, 1961, 2, p. 515, sur En. XI, 301 : « Praefatus divos more antiquo : nam maiores nullam orationem nisi invocatis numinibus inchoabant, sicut sunt omnes orationes Catonis et Gracchi ; nam generale caput in omnibus legimus. Unde Cicero per inrisionem ait si quid ex vetere aliqua oratione ‘Iovem ego optimum maximum’[Div. in Caec. 43] ».
76 Pline le Jeune, Panegyr. 1.1 : « Bene ac sapienter, patres conscripti, maiores instituerunt ut rerum agendarum ita dicendi initium a precationibus capere quod nihil rite, nihil providenter homines sine deorum immortalium ope, consilio, honore auspicarentur ». Cf. L. Valla, Epistole, 221, pour sa tentative d’acquérir une copie de cette œuvre en 1443.
77 Cf. le commentaire de H. Wankel à son édition de Demosthène, Rede für Ktesiphon über den Kranz, 2. vol., Heidelberg, 1976, 2, p. 105-106.
78 Quint., Inst. Orat. X, 1,48 : « Age, vero, non utriusque operis sui ingressu in paucissimis versibus legem prohoemioum non dico servavit, sed constitutit/Nam et benevolum auditorem invocationem dearum… facit ».
79 Ironiquement, Valla aurait pu trouver un appui en citant non pas un orateur, mais des sources moins souhaitables, les philosophes Platon et Boèce, comme avait fait l’auteur de manuels médiéval Robert de Basevorn ; cf. T.M. Charland, Artes Praedicandi, p. 262. In Phil. Consol. 3 : 9.99-104 (édition Loeb de Tester), Boèce déclarait : « ‘Sed cum, ut in Timaeo [27c] Platoni’, inquit, ‘nostro placet in minimis quoque rebus divinum praesidium debeat implorari, quid nunc faciendum censes, ut illius summi boni sedem reperire mereamur ?’ ‘Invocandum’, inquam, ‘rerum omnium patrem, quo praetermisso nullum rite fundatur exordium’ ».
80 Cf. T.M. Charland, Artes praedicandi, p. 124, remarque que : « les témoignages abondent dans les écrits de saint Paul et des Pères, notamment de saint Augustin ».
81 Lactance, Inst. Christ. I, 20-23 ; II, 1-2.
82 Augustin, De Civ. Dei, XVIII, 12.
83 Valla ne donne nulle part de chronologie spécifique, mais connaissait certainement la datation de Lactance dans Inst. Christ. I, 23, situant Saturne et les premiers dieux grecs 1800 ans avant son époque, c’est-à-dire vers 1500 av. J. C.
84 La date de la préface est établie par le colophon du scribe et le colophon autographe de l’auteur dans la copie dédicacée, Vat. Lat. 1801 ; voir R.I. Westgate, « The Text of Valla’s Translation of Thucydide », Transactions and Proceedings of the American Philological Association 67, 1936, p. 240-251, p. 242 ; G.B. Alberti, « Tucidide nella traduzione latina di Lorenzo Valla », Studi italiani di filologia classica 29, 1957, p. 224-249, p. 225 ; cf. également M. Regoliosi dans : L. Valla, Epistole, p. 323-324.
85 C’est M. Davies qui m’a signalé où Valla avait émis ce jugement ; cf. mes articles : « Bessarion Latinus », Rinascimento21, 1981, p. 165-209, p. 166 et p. 209 ; et « Bessarion, Valla, Agricola and Erasmus », ib. 28, 1988, p. 319-320, désormais dans mon livre : Byzantine Scholars in Renaissance Italy : Cardinal Bessarion and others Emigrés, Aldershot, 1994, articles II et IV.
86 Par exemple chez H. Vast, Le Cardinal Bessarion (1403-1472), Paris, 1878, repr. Genève, 1977, page de titre ; L. Mohler, Kardinal Bessarion, 3 vol., Paderborn, 1923-1942, repr. Aalen-Paderborn, 1967, 1, p. 406.
87 J. Monfasani, « Bessarion, Valla », p. 320.
88 Cf. pour la datation B. Fazio, Invective in Laurentium Vallam, éd. E. I. Rao, Naples, 1978, p. 34-35.
89 B. Fazio, Invective, p. 93.13-16 (j’ai légèrement modifié la ponctuation et les majuscules).
90 Pour la date, cf. L. Valla, Antidotum in Facium, éd. M. Regoliosi, Padoue, 1981, XLVI-LIII.
91 L. Valla, Antidotum, p. 375, § 20.
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