6. Déguisement
p. 114-123
Texte intégral
Si l’ego s’organise grâce à un processus d’identification narcissique, alors la formation d’identités de perception doit venir en premier et représente le premier pas indispensable. Les stimuli, les impressions, les tensions ne sont reconnus, identifiés qu’à travers un processus de repétition dans lequel ce qui est répété est progressivement appréhendé comme le même.
Samuel Weber, The Freud Legend
1La nouveauté formelle la plus surprenante dans les quatre passages que nous venons d’analyser vient de ce que les choix offerts au personnage ne sont pas présentés par le récit du poète, mais font directement l’objet du discours d’Ulysse, qui peut ainsi développer un débat intérieur avec sa propre voix1. Un trait caractéristique, et répété, du comportement d’Ulysse est par là associé à sa voix, ce qui permet au texte de construire et d’exhiber la notion du moi intérieur et profond d’Ulysse. Le fait que l’on voie le héros évaluer en lui-même quatre fois les possibilités qui lui sont offertes, et, pour l’un de cas, sur un mode particulièrement spectaculaire, quand, au chant XX, le « je » d’Ulysse s’adresse directement à son moi intérieur (v. 10 ss.), et que l’issue de ce débat intérieur (qui va toujours dans le sens de l’endurance, de la patience) surgisse avec insistance par la voix même d’Ulysse, suggère une nouvelle représentation littéraire de l’identité humaine. Dans toutes ces répétitions, nous voyons apparaître quelque chose comme la notion d’une voix intérieure de l’homme. L’identité à soi de cette voix, quels que soient le déguisement ou la situation dans lesquels se trouve le sujet, doit indiquer que cette voix « reflète » ou exprime ce qui est immuable, essentiel dans l’homme2. Écoutons la voix d’Ulysse lorsqu’il s’adresse à Eumée après l’attaque de Mélanthios :
« Je le sais et le comprends : tu dis tout cela à quelqu’un qui est soucieux. Mais va donc devant. Je resterai ici, derrière, car j’ai quelque expérience des coups et des traits. Mon cœur est endurant [tolmēeis moi thumos] car j’ai beaucoup souffert sur la mer et dans la guerre. Que ceci s’ajoute au reste des choses à raconter. Mais il est impossible d’étouffer le cri de ce ventre maudit, qui nous cause tant de maux et pour lequel s’arment les bateaux qui sur la mer stérile, portent le mal aux ennemis » (XVII, 281-89).
2Ce passage présente deux traits remarquables : d’abord, Ulysse répète sa décision d’endurer pratiquement dans les termes mêmes qu’il a utilisés devant Calypso lorsqu’il lui annonça son choix héroïque et humain (V, 223-24). Cette similarité formelle va dans le même sens que les répétitions thématiques déclenchées par la notion de tlēnai, qui est à la fois la source et l’effet de la multiplicité d’Ulysse. De plus, Ulysse répète ses propres mots alors qu’il est déguisé en mendiant. Même si l’éthos de ces paroles est pour le moins excessif quand on considère le personnage dont il a pris l’apparence, cela nous permet à nous lecteurs de reconnaître le même Ulysse. Enfin, la répétition met en relief la différence entre les deux situations : avec Calypso, il affirmait son désir de retourner chez lui à tout prix ; avec Eumée, il protège simplement son déguisement. Endurer, se résigner, est maintenant, plus clairement que jamais, une réponse suggérée par la mētis.
3Le second trait étonnant de ce passage est le rapport qu’il établit entre l’endurance d’Ulysse et le besoin et le plaisir de manger. Le thème du tlēnai est adapté ici à une situation réaliste : le pauvre doit accepter silencieusement toutes sortes d’insultes s’il veut être nourri. Mais ce n’est en rien un thème de mendiant. Ulysse répète en effet ici une affirmation qu’il avait déjà faite, alors qu’il n’était pas déguisé (VII, 215 ss.)3. La nourriture et les plaisirs du ventre sont pour un instant considérés comme la source de l’énergie nécessaire à la vie de l’homme, à ses activités, à ses tribulations. L’homme résiste à toutes sortes de douleurs et de difficultés pour satisfaire ses besoins et ses désirs.
4Les nombreuses ramifications thématiques que j’ai présentées sont ici enchevêtrées, mais nous devons les analyser séparément. L’emphase et la noblesse du passage sont indéniables. De l’épithète polutlas, au vers 280, qui nous livre l’élément le plus substantiel du héros qu’est sa tolmē, à la mention de ses épreuves habituelles, que ce poème se charge de raconter (« Que ceci s’ajoute au reste du récit »), en passant par la brève description du pouvoir terriblement destructif du ventre, qui répète le vers de l’Iliade où est décrite la minis, la colère d’Achille (I, 20), tout ceci est plein d’un excès immodéré ou d’une incroyable astuce.
5Examinons le texte point par point, et en détail, en commençant par la remarquable répétition des paroles d’Ulysse. Le verbe tolman reprend immédiatement le vers 238, où l’on a vu Ulysse se raidir sous les coups de Mélanthios (« il endura et se résigna » ; epetolmēse, phresi d’eskheto), mais l’idée du cœur endurant d’Ulysse, tolmēeis thumos, remonte évidemment à Odyssée V, 223, talapenthēs thumos, et au tlemon thumos de l’Iliade (V, 670)4. Parce que les vers 284-285 répètent presque mot pour mot les vers 223-224 du dialogue entre Ulysse et Calypso au chant V, la répétition vise effectivement ce passage et acquiert sa force en l’évoquant.
6Notons que tolmēeis remplace ici le talapenthês de V, 222, probablement avec le même sens, « endurant », bien que ce ne soit plus tout à fait certain ; en principe, la traduction par « audacieux » serait acceptable ici. Cette incertitude, qui n’est qu’un détail minime, revêt en fait une importance critique. D’abord, elle révèle comment des « signifiés » contigus, opposés, métaphoriques peuvent facilement glisser vers un sens ou un autre dans les formes en tolma-, tle-, tala-, rendant ainsi cette différence incontrôlable et invérifiable. De plus, on peut supposer que le texte est ici moins conscient de ce qu’il fait par rapport au sens spécifique du mot qu’en V, 221 ss. Là, talapenthēs témoigne d’une certaine intentionnalité formelle, visiblement absente de notre texte. Ce n’est pas le sens précis du mot qui importe ici, mais la répétition de l’ensemble du motif.
7Le caractère dévalorisant du contexte de la répétition, avec le déguisement d’Ulysse en mendiant, n’a pas besoin d’être souligné5, mais les effets que crée la reprise doivent être appréciés à deux niveaux. D’abord, nous, lecteurs, savons que celui qui parle est malgré son déguisement le même Ulysse que dans l’autre épisode. Qu’Eumée ne lui réponde pas et que le dialogue entre lui et l’Ulysse mendiant s’achève sur ce vers (v. 289) renforce l’impression qu’Ulysse en fait nous parle : alors que son interlocuteur immédiat est incapable de mettre en rapport les vers 283-85 avec quoi que ce soit, nous, au contraire, entendons la même voix, le même ton et les mêmes mots : nous pouvons donc les lire si l’on peut dire, en profondeur, comme s’il s’agissait de courants sous-jacents exprimant son identité spirituelle. Cela implique que nous sommes capables de lire ces expériences en les rattachant au lieu supposé de cette identité spirituelle, c’est-à-dire au plus profond de son moi.
8Le texte nous envoie donc un message rassurant, destiné à nous réconforter, en nous invitant à lire en V, 223-24 et XVII, 234-85 la présence d’une identité sous-jacente. Un monde de certitudes consolatrices émerge de ces indices faussement innocents : d’abord, la voix devient l’indicateur de l’identité spirituelle du moi, comme si le « mot » et l’« être » entretenaient un certain rapport organique ; puis cette répétition des mêmes mots dans des situations différentes sollicite et suggère la notion d’identité du moi ; finalement, puisque cette répétition est le résultat d’une introspection et de débats intérieurs, nous sommes assurés de la profondeur de sa source.
9Ces observations convergent vers la certitude rassurante selon laquelle l’aspect et les apparences externes sont des semblants trompeurs, alors que l’être véritable ou l’essence du moi sont enracinés en nous comme logos, comme « langage ». Sa « source » est probablement ce qu’Homère appelle noos, c’est-à-dire l’esprit ou la conscience. « Esprit » et « conscience » sont ce que postule ou présuppose la notion de « voix intérieure ». Lorsqu’on applique ces notions à Ulysse, on voit qu’en nous faisant entendre d’un passage à l’autre la même voix, la répétition constitue un moyen qu’emploie le texte pour faire naître en nous l’idée d’une conscience de soi du personnage et pour suggérer qu’il dispose d’une intégrité et d’une identité spirituelles. Le pouvoir de l’Odyssée réside dans la manière irrésistible et subtile dont elle nous présente ces certitudes rassurantes.
10En fait, la répétition est presque sans objet si on laisse de côté cette idée de réconfort. Bien sûr, Ulysse pourrait avoir dit quelque chose dont le sens est semblable à ce qu’il dit maintenant, à savoir que les pauvres gens doivent supporter les coups. Mais la répétition exacte de ses propres mots est tout à fait déplacée ici. Voyons pourquoi. Les auditeurs se trouvent confrontés à un élément nouveau qu’ils ne peuvent supprimer, même s’ils en avaient le désir. Ulysse manifeste sa volonté d’endurer alors qu’il est sous un déguisement et qu’il veut le conserver, car c’est l’astuce (mētis) nécessaire à la réussite de son piège6. L’Ulysse mendiant ne peut pas tuer Mélanthios sur le champ comme Ulysse l’aurait fait7. En tant que locuteur, Ulysse est le même qu’aux vers 221 ss. du chant V, mais en tant qu’« acteur », c’est un autre homme. L’identité à soi du héros, que la répétition des mots devrait renforcer, est brisée : la voix d’Ulysse est porteuse de deux personnalités à la fois, celle de l’Ulysse héroïque, et celle de celui qui utilise un thème « héroïque » pour simuler une fausse faiblesse. En sonnant double, la voix d’Ulysse ne peut pas être identique à elle-même ; elle ne peut pas provenir d’un lieu unique, intérieur et originel, avec le timbre de l’authenticité.
11On peut objecter qu’en s’exclamant : « Mon cœur est endurant parce que j’ai beaucoup souffert sur la mer et dans la guerre. Que ceci s’ajoute au reste des choses à raconter » (XVII, 284 s.), Ulysse nous demande simplement de comprendre que sa familiarité avec la souffrance lui permet de se dissimuler derrière l’apparence d’un mendiant et de supporter tous les coups que ce rôle impose. C’est en effet ce que nous comprenons. Mais une autre simulation se cache ici. Ulysse nous dissimule la vraie raison pour laquelle il accepte de souffrir. Il n’accepte pas la souffrance parce que c’est une chose qu’il sait faire : c’est parce qu’il sait accepter la souffrance qu’il utilise cette aptitude en vue de son intérêt propre. Les paroles qu’il prononçait alors par héroïsme sont ici répétées par intérêt, ce qui détruit le pathos et l’unité du moi du héros.
12En faisant entendre la voix du héros, le texte tente de dissimuler ou d’obscurcir le déguisement d’Ulysse. La répétition ne garantit pas la certitude de l’identité : au contraire, elle cache l’absence d’identité tout en en montrant le désir textuel.
13Écoutons maintenant la répétition de la voix d’Ulysse comme voix du mendiant s’adressant à un porcher et commentant les coups reçus, passés et futurs. Nous devons lire à la surface de sa voix, puisqu’Eumée ne connaît pas l’identité du mendiant :
« Mon cœur est endurant [tolmēeis moi thumos] parce que j’ai souffert bien souvent sur mer et dans la guerre. Que ceci s’ajoute au reste du récit » (XVII, 284 s.).
14Nous savons évidemment que ces paroles sont prononcées par un roi ; mais même si nous faisons abstraction de cette information, nous ne pouvons pas ne pas voir qu’elles sont incongrues dans la bouche d’un tel locuteur et que le rapprochement qu’elles proposent ne tient pas. Comparer les gênes que provoquent les insolences passées et futures aux lourds malheurs de la guerre et des naufrages et considérer que ces formes d’adversité sont également dignes d’un chant glorieux8 est parfaitement ridicule de la part d’un mendiant, même s’il prétend, comme le fait l’Ulysse mendiant, appartenir à un noble lignage. L’épisode auquel nous assistons n’est rappelé dans le chant épique que parce que le mendiant est Ulysse, le roi. Eumée peut ne pas remarquer le ton étrange qu’emploie Ulysse ; mais nous devons rester plus clairvoyants ; et le fait que nous soyons enclins à ne pas l’être constitue un problème critique. La force de la répétition nous fascine dans la mesure où elle nous pousse à lire en profondeur, en accord avec la métaphysique d’une voix identique à son être intérieur. Nous oublions, par conséquent, le niveau superficiel et négligeons le fait qu’Ulysse parle en tant que mendiant, c’est-à-dire comme un homme qu’aucun récit épique ne célébrera jamais9, car nous sommes prêts à reconnaître l’identité du personnage, en particulier lorsque l’identité d’Ulysse est menacée par cet infâme déguisement.
15Par là, l’Odyssée soutient, avec insistance, l’idée d’une identité entre logos et être en tant que présence : l’Odyssée est peut-être le premier texte occidental qui professe la forme de pensée qu’une telle identité rend possible et qui en joue pleinement pour créer un portrait psychologique. Le texte dramatise la voix de l’être profond en contraste avec les différentes apparences, et déploie les apparences comme autant de déguisements momentanés d’un soi immuable.
16Le seul moyen d’échapper à cette interprétation serait de prendre au sérieux la différence des contextes et d’en faire le principe de la signification de ce texte. Dans ce cas, la raison de la répétition resterait la même, mais le rapport que le personnage entretient avec le texte changerait, car Ulysse y apparaîtrait comme quelqu’un qui se répète sottement, dans une situation qui ne justifie ni n’autorise cette répétition. On le verrait alors à la recherche de sa propre identité, qu’il poursuit au moyen d’une répétition purement rhétorique de sa voix. Le texte mettrait ainsi en évidence la personnalité d’Ulysse : son identité n’aurait qu’une consistance (bary)tonale. L’Odyssée montrerait alors qu’aucune identité n’est jamais atteinte dans un chant épique ; car tous les moyens employés par l’épopée font toujours office de déguisement.
17Dans ce cas, la différence introduite au cœur même de l’identité de la répétition aurait une signification textuelle ; en la contrôlant, le texte s’en servirait pour se moquer de la prétention d’Ulysse à répéter sa propre identité. Comme nous le verrons dans les pages suivantes, cette interprétation peut s’appuyer sur d’autres passages de l’Odyssée et ne mérite donc pas d’être simplement écartée ici. Mais la difficulté, dans ce passage précis, est que l’auteur présente l’endurance d’Ulysse face aux coups que lui porte Mélanthios (XVII, 235-39) en faisant se répéter la voix héroïque que l’on avait déjà entendue sortir de la bouche d’Ulysse. Dans un passage où l’auteur aurait voulu imprimer sa marque, le texte n’aurait donc pas vraiment reconnu la force de la différence, ou bien aurait agi à la légère.
Notes de bas de page
1 En Odyssée V, 355 ss., Ulysse évalue les possibilités et choisit de rester et d’endurer : le verbe est ici utilisé au sens propre, dans le sens de « peser », et est l’équivalent de hormainein. Dans quelques passages, le discours direct d’Ulysse suit le verbe hormainein, par exemple Odyssée VI, 118 (en contraste avec Odyssée IV, 126). En XX, 10 ss., il ordonne à son coeur qui gronde de supporter (nous devons imaginer sa voix venant de sa metis et ayant de l’autorité sour son coeur) ; en X 49 ss., Ulysse est le narrateur de l’histoire. Cependant, au chant XVII, les vers 235 ss. sont au discours indirect bien que, quelques vers plus loin, Ulysse répète sa détermination au discours direct (XVII, 273 ss.). Lorsqu’un dieu intervient, comme c’est souvent le cas dans l’Iliade, sa volonté est parfois communiquée dans un discours direct : voir Iliade I, 188 ss., avec la réponse d’Achille. Le monologue intérieur dans la scène de mermerizein que j’explique est essentiellement odysséen, mais il est parallèle, quant à la forme, aux monologues que les héros prononcent lorsqu’ils prennent une décision : Iliade XI, 401 ss., XVII, 91 ss., XXI, 551 ss., XXII, 98 ss.
2 Je n’entends pas répondre par cela à la question de savoir s’il y a chez Homère une caractérisation psychologique individuelle de tous les personnages. (On trouve un refus absolu de voir toute « marque individuelle et (de tout) caractère » chez Fausto Codino, Introduzione a Omero, Turin, 1965, p. 130 ss.). Je ne cherche qu’à suggérer les caractéristiques de la voix épique ; alors que certains discours, comme ceux des promakhoi que sont Diomède et Achille, sont interchangeables, la voix d’Ulysse est reconnaissable dans ces passages, comme étant sienne, c’est-à-dire celle de l’homme de la mētis, de l’endurance et de la patience. Le langage de Nestor est également spécifique en ce qu’il se développe en longues remémorations. C’est une particularité que l’on pourrait lier au fait que Nestor est un vieillard, ou bien au goût propre de Nestor. La question est plutôt de savoir si cette voix épique est le reflet d’un « moi » ou produit quelque chose comme l’institution d’un moi. À propos des modalités qu’utilisse l’Odyssée pour représenter et consolider le moi d’Ulysse et en faire un maître éclairé, voir Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, La Dialectique de la raison, trad.fr., Paris, 1974. J’essaie de remettre en question cette « consolidation du moi » en montrant la complicité que le texte entretient entre « voix » et « être » comme présence. Les aspects théoriques de cette complicité ont été analysés par Jacques Derrida dans La Voix et le phénomène, Paris, 1967, p. 84 ss. Ici, comme dans le chapitre précédent, je me limite à activer quelques-unes des caractéristiques de la voix d'Ulysse, qui, en fonctionnant comme un « signe » (« signifiant » et « signifié »), efface l’illusion de l’idéalité et de la présence dans la voix.
3 Notons le ton élevé du vers 283 où ou... adaémon, « non sans expérience » rappelle (bien que la position dans le vers ne soit pas formulaire) les litotes d’Iliade XIII, 811 et d'Odyssée XII, 208 : « Nous ne sommes pas sans expérience de la douleur. »
4 Il y a une forme thumōi tolmēenti en Iliade X, 205 : « le cœur audacieux. » Nestor est celui qui parle, et cette expression se réfère au cœur audacieux des héros grecs. Ce passage confirme la différence de signification qu’il y a entre tolmaō dans le vers de l’Iliade et en Odyssée XVII, 284 ; la même différence caractérise les formes en tle- : « audacieux » pour l’Iliade et « endurant, patient » pour l’Odyssée.
5 Les mots d’Ulysse s’accordent davantage à leur contexte en Odyssée V, 223 s. : la référence à son expérience des voyages en mer convient mieux là (lorsqu’il dit qu’il peut survivre à un naufrage) qu’ici, où la même expression exprime son habilité à résister aux coups qu’il reçoit dans les jambes et aux autres offenses du même type. L’impropriété de ces vers a fait penser à la possibilité d’une interpolation, surtout pour le vers 285 ; voir Friedrich Blass, Die Interpolationen in der Odyssee, Halle, 1904, p. 173.
6 À propos de l’habileté d’Ulysse à tendre des pièges, voir Anthony T. Edwards, « Odysseus against Achilles », Beiträge zur klassichen Philologie 171, Kônigstein/Ts, 1985, p. 15-41. L’Iliade ne se complaît pas au récit d’histoires de déguisements et de mascarades. Par exemple, même dans le cas de la situation tragique de Patrocle revêtu des armes d’Achille, le texte reste assez sommaire ; voir Karl Reinhardt, Die Ilias und ihr Dichter, Gottingen, 1961, p. 317.
7 Voir Odyssée XVII, 235-38 : « Ulysse se demanda s’il devait se ruer sur lui (Mélanthios) et l’assommer mortellement d’un seul coup de bâton ou l’enlever de terre et lui briser le crâne sur le sol. Mais il se résigna et se contint. »
8 Je suis Butcher et Lang dans leur traduction de meta kai tode toisigenestho, Odyssée XVII, 285 (= V, 224). L’expression signifie littéralement « que ceci soit ajouté aux autres », mais étant donné que chacun de ces épisodes est présenté dans le texte, l’addition se fait dans le récit même qui les raconte.
9 Voir au contraire la scène amusante d’Odyssée XIV, 462-506, où Ulysse, déguisé en mendiant, raconte à Eumée une histoire de la guerre de Troie dont Ulysse lui-même est le protagoniste.
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