Introduction
p. 7-12
Texte intégral
1Le 30 novembre 1444, Æneas Silvius Piccolomini adresse de Bruck1 an der Mur à son ami Johannes von Eych, secrétaire-conseiller de l’empereur Frédéric III, une lettre que l’on a considérée, à juste titre, comme l’un des premiers traités modernes inspirés par le thème du taedium vitae curialis2. Dans l’exploitation ordonnée de cette veine thématique à l’époque humaniste3, le futur pape Pie II n’est précédé (de quatre ans !) que par le De infelicitate principum de Poggio Bracciolini, ouvrage qu’il a lu et dont il saura tirer profit, comme il s’est abondamment servi des Satires de Juvénal ou des Épîtres du théologien Pierre de Blois (ca 1130-1212)4. Compilation soignée5 des diverses formes de l’invectiva in curiales6, la De curialium miseriis epistola connaît, en son temps, davantage qu’un succès d’estime ou de curiosité7. Elle fait très vite l’objet de traductions ou d’adaptations : en allemand par Wilhelm von Hirnkofen (avant 1484)8, en anglais par Alexandre Barclay (1514)9, en espagnol par Diego López de Cortegana (1520)10 et, d’abord, en français.
2Cette translation en moyen français est conservée dans une copie unique, le manuscrit Paris, BnF, fr. 1988. Comme nous l’avons démontré par ailleurs11, la réalisation de ce témoin se situe nécessairement entre septembre 1458 et juillet 1477. En effet, son terminus post quem remonte obligatoirement au mois de septembre 1458, puisque la rubrique initiale de la Disputacion de Aenee Silvian touchant la misere des curiaulx comprend une franche évocation du statut pontifical de Piccolomini (Aenee Silvuan, poete de lorier couronné, auquel pour la dignité pontificale est le nom Pius attribué), qui, sous le nom de Pie II, a pris la succession de Calixte III sur le trône de Pierre le 3 septembre 1458. Le terminus ante quem du codex se place avant le 10 juillet 1477, en raison de la présence, au f. 59v, d’une mention de propriété tout à fait explicite : Ce livre de la misere des curiaulx contient 59 feuilletz, histoire une. Ce present livre est au duc de Nemours, comte de la Marche12. Or, nous savons que ce duc de Nemours, c’est-à-dire Jacques d’Armagnac, était un grand collectionneur de manuscrits, réalisés à sa demande et à ses frais13, et qu’il a été arrêté le 10 juillet 1477 sur ordre de Louis XI, pour être mis à mort quelques jours plus tard. Jacques d’Armagnac est-il le commanditaire de la traduction de la De curialium miseriis epistola ? Il n’est pas déraisonnable de l’imaginer, dans la mesure où ce prince possédait d’autres écrits moraux14 et d’autres traductions dont il avait ordonné la réalisation. Mais la preuve dirimante de cette conjecture nous fait totalement défaut, même s’il peut être tenu pour avéré qu’en raison de son luxe, l’exemplaire de la Disputacion émane de milieux riches et puissants, sans doute proches d’une cour princière, et non de la mouvance universitaire ou des cénacles intellectuels, où les transcriptions sont réalisées dans des formes moins fastueuses.
3Dans l’état actuel des connaissances, il est extrêmement difficile de réduire la « fourchette » comprise entre les années 1458 et 1477 pour la date d’élaboration du manuscrit. Dans la rubrique liminaire du texte en moyen français, la présentation de l’auteur est faite au présent : Aenee Silvuan, poete de lorier couronné, auquel pour la dignité pontificale est le nom Pius attribué (ll. 2-3). Cette mention pourrait donner à penser que la transcription date de 1458, année de l’élévation de Piccolomini au pontificat, ou encore d’avant 1464, année de la mort du pape. En réalité, c’est la version du modèle latin qui aurait pu être élaborée dans cette tranche d’années-là : le traducteur français se contente pour sa part de traduire la rubrique telle quelle, sans adapter nécessairement à son époque la référence temporelle donnée en latin. D’autre part, il n’est pas extravagant de supposer que la traduction en moyen français a été réalisée à partir d’un original latin imprimé. Un incunable de la De curialium miseriis epistola paraît à Paris en 147215 et a pu donner lieu assez tôt à une translation en langue vernaculaire, en raison du succès de l’œuvre. Toutefois, l’ignorance où nous sommes de la tradition textuelle latine nous interdira, avant la publication d’une édition critique du texte original et de ses variantes, toute hypothèse en ce sens. On sait enfin que Jean Lorfèvre, légiste de Philippe le Bon16, a consacré, entre 1469 et 1476, ses talents à la traduction du De dictis et factis Alphonsi regis, conjointement rédigé par Antonio Beccadelli et Piccolomini. En théorie, on pourrait le compter au nombre des translateurs potentiels de l’épître anticuriale. Dans les faits, son art, jugé « très fidèle et moderne »17, ne s’apparente nullement à l’application un peu pesante de l’auteur de la version française qu’on lira ci-après. En tout état de cause, le traducteur de la De curialium miseriis epistola paraît appartenir au clergé : c’est en chrétien fervent qu’il tait certaines récriminations de Piccolomini (qui, en 1444, n’a pas encore reçu l’ordination)18 contre les gens d’Église introduits dans les milieux de cour19 ; c’est en croyant convaincu qu’il suit la tradition textuelle proposant un conseil à caractère religieux plutôt qu’une évocation d’ordre social20 ou qu’il supprime l’évocation de personnages mythologiques21.
4Par sa facture, le ms. Paris, BnF, fr. 1988 offre de singulières similitudes de forme avec le ms. Paris, BnF, lat. 6783A : les deux codices présentent des ressemblances dans le format de leurs feuillets et dans la mesure de leurs justifications, ainsi que des analogies manifestes entre leurs décorations22. Toutefois, comme nous l’avons déjà indiqué23, le ms. latin ne peut avoir servi de version de base à la traduction. Outre que le texte en moyen français comporte diverses lectiones difficiliores et plusieurs omissions qui trouvent sans doute leur origine dans une autre branche de la tradition textuelle, il contient aussi des rubriques destinées à diviser l’ouvrage en sections thématiques bien distinctes qui sont absentes du codex lat. 6783A. Faute d’avoir à notre disposition une édition définitive de la De curialium miseriis epistola, qui comprendrait un apparat critique complet de la varia lectio, nous demeurons dans l’incapacité de désigner quelle copie latine a été utilisée par le traducteur pour réaliser son ouvrage24 et de déterminer en toute exactitude le degré de fidélité de la translation par rapport à son modèle.
5La traduction de la De curialium miseriis epistola dont nous proposons l’édition ne manque pas d’intérêt. Sur le plan littéraire, elle témoigne de la curiosité manifestée en France, dès la seconde partie du XVe siècle, pour le florilège de citations anticuriales élaboré par Piccolomini et consacre la pénétration, dans les milieux de cour, des thématiques humanistes liées à l’idéal de l’otium cum litteris25 et au rejet des mirages de la vie princière par la laudatio vitae tranquillae26. Sur le plan philologique, elle suscite, en raison de ses particularités et de ses insuffisances, un certain nombre de réflexions. Par bien des aspects lexicologiques, syntaxiques et stylistiques, elle contribue à enrichir notre connaissance de la langue du XVe siècle et notre compréhension des mécanismes mis en œuvre par les traducteurs pour transposer de la manière la plus adéquate en moyen français les finesses et les charmes d’une langue latine héritière directe du latin médiéval, pénétrée par l’influence de l’italien, mais régénérée par l’imitation des grands auteurs de l’Antiquité.
Notes de bas de page
1 Au cours de l’automne 1444, Piccolomini s’était réfugié dans la modeste localité autrichienne de Bruck an der Mur en raison de la peste qui régnait à Wiener Neustadt, siège de la cour de Frédéric III (cf. K. Sidwell, « Il De curialium miseriis di Enea Silvio Piccolomini e il De infelicitate principum di Poggio Bracciolini », dans Studi Umanistici Piceni, 14, 1994, p. 199).
2 Dans l’ordre chronologique, les écrits de Pétrarque en Italie, de Nicolas de Clamanges, de Jean de Montreuil et de leurs émules en France ont précédé de quelques décennies la contribution de Piccolomini à la littérature anticuriale. (Cf. Jacques Lemaire, Les visions de la vie de cour dans la littérature française de la fin du Moyen Âge, Bruxelles-Paris, Académie royale de langue et de littérature françaises-Klincksieck, 1994, pp. 373-427).
3 Cf. Pauline Smith, The Anti-Courtier Trend in Sixteenth Century French Literature, Genève, Droz, 1966, (« Travaux d’Humanisme et Renaissance », 84), pp. 22-24, 41-42, 71-75 et 104-105.
4 En particulier de l’épître xv, intitulée Ad sacellanos aulicos regis Anglorum.
5 Il commet toutefois quelques fautes de transcription ou quelques erreurs d’attribution (cf. J. Lemaire, « L’originalité de la traduction du De curialium miseriis dans la littérature anticuriale du temps », dans International Journal of Classical Tradition, 2, 1996, pp. 368-369).
6 Selon le jugement sévère de Berthe Widmer, Piccolomini ne manifeste aucune originalité, ne se comporte pas en « oiseau rare », mais sacrifie trop volontiers au plagiat (cf. « Zur Arbeits-methode Enea Silvios im Traktat über das Elend der Hofleute », dans Lettres latines du Moyen Âge et de la Renaissance, pp. 186, 193 et 206). Nous avons tenté de répondre à cette accusation d’emprunts excessifs en montrant que les prélèvements effectués par le futur pape dans la littérature antérieure sans indication de source ne s’élèvent pas à plus d’un cinquième des extraits. Mais il est vrai que l’auteur de la De curialium miseriis epistola se flatte plus volontiers de citer en référence les grands auteurs classiques à qui il emprunte des textes, des formules ou des images que les écrivains médiévaux, comme Pierre de Blois, ou que ses contemporains, comme Poggio Bracciolini (cf. J. Lemaire, « L’originalité de la traduction du De curialium miseriis dans la littérature anticuriale du temps », dans International Journal of Classical Tradition, 2, 1996, pp. 366-367).
7 L’ouvrage a directement inspiré la Nef des fous (1494) du Strasbourgeois Sébastien Brant et les trois premières Églogues d’Alexandre Barclay. Il ne figure toutefois pas au nombre des écrits anticuriaux énumérés par Octovien de Saint-Gelais dans Le Séjour d’Honneur, alors que le futur évêque d’Angoulême connaissait et a traduit sous le titre L’Ystoire de Euralius et Lucresse, vrays amoureux le De duobus amantibus historia (1444) de Piccolomini (cf. Jacques Lemaire, « La traduction française du De curialium miseriis d’Æneas Silvius Piccolomini », dans Die kulturellen Beziehungen zwischen Italien und den anderen Ländern Europas im Mittelalter, p. 129 ; Paul Chavy, Traducteurs d’autrefois. Moyen Âge et Renaissance. Dictionnaire des traducteurs et de la littérature traduite en ancien et moyen français (842-1600), Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1988, t. 2, p. 1108 et Frédéric Duval, « Les sources du Séjour d’Honneur d’Octovien de Saint-Gelais », dans Romania, 121, 2003, pp. 164-191).
8 Cf. Paul Weinig, « Aeneas Silvius Piccolominis De curialium miseriis deutsch. Eine unbekannte Übersetzung aus dem 15. Jahrhundert », dans Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, 120, 1991, p. 77.
9 Cf. The Eclogues of Alexander Barclay from the original edition by John Cawood, éd. Beatrice White, London, The Early English Text Society, 1928, («Early English Text Society», 175), pp. lix-lx.
10 Cf. Michael Zappala, « López de Cortegana’s Tractado de la miseria de los cortesanos (1520). Translation/Recreation of Aeneas S. Piccolomini’s De miseriis curialium », dans Rinascimento, 26, 1986, pp. 297-318.
11 Cf. Jacques Lemaire, « À propos de la traduction en français d’œuvres humanistes : comparaison matérielle entre les mss Paris, B. N., lat. 6783A et fr. 1988 », dans Miscellanea codicologica F. Masai dicata, Gand, Éd. Story-Scientia, 1979, t. 2, p. 449.
12 Cf. op. cit., p. 448.
13 Cf. Bernard de Mandrot, « Jacques d’Armagnac, duc de Nemours (1433-1477) », dans Revue historique, 43, 1890, pp. 274-276 ; 44, 1890, p. 312 ; Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1868, t. 1, pp. 86-91. Le duc a eu plusieurs copistes à sa disposition : Michel Gonnot (1463-1470), J. du Ny et Jacob Teneyken (1465), qui a transcrit une copie du De viris illustribus de Boccace dans la traduction de Laurent de Premierfait. Il possède des ouvrages très divers : des romans (Tristan, le Roman de Thèbes), des chroniques et des récits historiques, etc. Parmi les traités qui se rapprochent le plus de la De curialium miseriis epistola, on recense un exemplaire de la traduction en moyen français du De regimine principum de Gilles de Rome (l’actuel ms. Paris, BnF, fr. 579). Voir aussi Christian de Mérindol, « Jacques d’Armagnac bibliophile et commanditaire. Essai sur l’aspect religieux et la part méridionale de sa bibliothèque », dans Livres et bibliothèques (XIIIe-XVe siècle), Toulouse, Privat, 1999, (« Cahiers de Fanjeaux », 31), pp. 387-415.
14 La Disputacion de Aenee Silvian touchant la misere des curiaulx a même été rangée au nombre des manuscrits « religieux » du duc de Nemours (cf. Susan Backman, « Observations sur les manuscrits religieux de Jacques d’Armagnac », dans Livres et bibliothèques (XIIIe-XVe siècle), Toulouse, Privat, 1999, (« Cahiers de Fanjeaux », 31), p. 386).
15 Cf. Marie Pellechet, Catalogue général des incunables des bibliothèques publiques de France, Paris, Picard, 1897, t. 1, p. 28, no 132.
16 Cf. John Bartier, Légistes et gens de finances au XVe siècle. Les conseillers des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, Palais des Académies, 1955, pp. 47 et 72.
17 Cf. Sylvie Lefèvre, « Une traduction bourguignonne d’un dialogue d’humanistes : la biographie anecdotique d’Alphonse V d’Aragon », dans La littérature à la cour de Bourgogne. Actualités et perspectives de recherche, Montréal, Ceres, 2005-2006, (« Le Moyen Français », 57-58), p. 239.
18 Piccolomini n’est ordonné prêtre qu’en février 1447. En 1444, il n’est pas animé d’un grand enthousiasme pour entrer dans les ordres (voir W. Boulting, Æneas Silvius (Enea Silvio de’Piccolomini – Pius II). Orator, Man of Letters, Statesman and Pope, pp. 147 et 173). Selon le jugement de Keith Sidwell, « nelle cinque altre lettere scritte da Bruck nel novembre del 1444, non c’è nessun segno di una crisi spirituale. Le testimonianze ci mostrano un individuo molto prammatico, che guarda intorno a sé per trovare il modo più utile per progedire » (cf. « Il De curialium miseriis di Enea Silvio Piccolomini e il De infelicitate principum di Poggio Bracciolini », dans Studi Umanistici Piceni, 14, 1994, p. 204).
19 Voir la note des ll. 311-314.
20 Voir la note des ll. 1209-1213. On observera également que la traduction supprime toute mention faite à Dieu par Piccolomini quand l’auteur humaniste renvoie au jugement de Cicéron sur l’amitié (voir la note des ll. 1700-1701).
21 Voir la note des ll. 132, 496-497 et 1616-1617.
22 Cf. J. Lemaire, « À propos de la traduction en français d’œuvres humanistes : comparaison matérielle entre les mss Paris, B. N., lat. 6783A et fr. 1988 », pp. 443-446.
23 Cf. Jacques Lemaire, « Aspects linguistiques et stylistiques de la traduction française du De curialium miseriis d’Æneas Piccolomini », dans Bien dire et bien aprandre, 13, 1995, pp. 71-86.
24 Comme on le verra dans nos notes (voir en particulier la note 1019), le ms. Bruxelles, B. R., 10856-57 appartient à coup sûr à la famille de la copie latine qui a servi de modèle au translateur français.
25 Comme la familiarité des puissants contrarie le bonheur individuel des gens de cour et offre trop d’occasions de transgresser les lois de la morale, la vie en solitaire, au sein de la campagne, apparaît comme une fuite heureuse aux turbulences du monde, selon l’éminente leçon dispensée par Pétrarque. Comme le prouve le destin exceptionnel de Piccolomini lui-même, les tentations de se réfugier dans une vita solitaria, nourrie du seul otium cum litteris, demeurent de purs idéaux, à l’image de ces rêves dont on entonne volontiers l’éloge, mais que la plupart des auteurs-courtisans se soustraient à concrétiser.
26 On trouvera dans nos notes le relevé le plus exhaustif possible des différentes sources, antiques et modernes, auxquelles Piccolomini a puisé et qui n’ont pas manqué de marquer de leur influence la littérature anticuriale postérieure. Voir aussi J. Lemaire, « L’originalité de la traduction du De curialium miseriis dans la littérature anticuriale du temps », dans International Journal of Classical Tradition, 2, 1996, pp. 360-371.
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