Chapitre 4. 22 février 1916 - 23 juillet 1916
Aumônier du 201e RI - 1re division d’infanterie. Bataille de Verdun - Secteur du Plateau de Paissy (Aisne)
p. 35-44
Texte intégral
1Après deux jours passés à Bouvancourt, nous devions aller à Lhéry et Lagery, à vingt kilomètres plus au sud, et faire quelques manœuvres dans la région de Ville-en-Tardenois. Mais dans la nuit du 21 au 22 un contre-ordre arriva, nous devions partir droit vers Épernay et fournir une longue étape. Le 22, dès 7 heures du matin, nous nous mettions en route dans un paysage couvert de neige et par un froid assez vif. À Jonchery le général de Fontclare1 qui commande la division, puis le général Franchet d’Espérey qui commande la 5e Armée que nous quittons, nous regardent défiler. Tous deux ont un air soucieux qui nous frappe. Sûrement il y a quelque chose qui se passe. À midi nous nous arrêtons dans un bois pour prendre un repas froid et puis nous repartons par Rosnay et Méry-Prémecy dans la direction d’Épernay. Une vraie tempête de neige nous accompagne et rend particulièrement pénible cette longue marche. Nous allions entrer à Chaumuzy quand un nouveau contre-ordre nous parvint, et nous renvoya à Lhéry-Lagery à 10 km au nord-ouest ! La nuit déjà était venue, les hommes n’en pouvaient plus, la marche se faisait lentement. Enfin à 10 heures du soir nous arrivions à destination. Pas de soupe ni de cantonnement. Je renonce à réveiller les braves gens chez qui le fourrier m’envoie et je m’en vais avec un lieutenant me réfugier dans un baraquement vide garni de quelques couchettes. Il y fait si froid qu’en pleine nuit je vais faire dehors un pas de gymnastique pour me réchauffer ! J’attends le jour avec impatience... et les nouvelles.
2Vers onze heures, après la soupe, nous embarquons dans des camions pour une « destination inconnue » sur laquelle cependant nous n’avons aucun doute : Verdun !2 Car nous avons appris que le 21 février l’ennemi a entrepris une attaque en masse, qu’il poursuit avec acharnement. Nous franchissons la Marne à Verneuil puis par Montmort et Bergères nous filons vers l’est. La nuit vient. On dort comme on peut sur l’épaule du voisin malgré le froid et les cahots de la route. À 4 heures du matin le jeudi 24, nous débarquons à Saint-Lumier près de Vitry-le-François. On se tient prêt à repartir au premier signal. Deux jours se passent, puis le 25, à 10 heures du soir, par un froid glacial, nous remontons en camions et nous roulons toute la nuit. Le jour se lève sur une campagne meusienne dénudée et couverte de neige. Nous traversons Beauzée-sur-Aire complètement brûlé depuis 1914, puis Souilly où le général Pétain3 qui vient d’être chargé de la défense de Verdun nous regarde passer, juste au moment où le général de Castelnau4 quitte en auto la ville dont il vient de décider la conservation à tout prix5. Très haut dans le ciel une escadrille allemande tournoie sur la ville sans être inquiétée. De Verdun, la population évacuée par ordre, s’éloigne tristement sur la route. Nous allons nous installer au sud-est de la ville, au parc à fourrage, près des casernes Bévaux.
3À notre arrivée6 le 26 février, les nouvelles sont franchement mauvaises. L’ennemi a réalisé au nord de Verdun une avance de huit kilomètres et il s’est emparé par surprise du fort de Douaumont7. Les débris des divisions dont je faisais partie quand j’étais à l’ambulance 3, refluent dans un état d’extrême fatigue. Le 20e corps arrivé 2 jours avant nous les a relevées et par une lutte acharnée et sanglante il a un instant enrayé la progression allemande. Il tient solidement à gauche la côte du Poivre, à droite les abords de Douaumont. Notre 2e division l’appuie. Nous nous tenons prêts à intervenir. Cependant malgré plusieurs alertes nous restons à Bévaux jusqu’au 2 mars, et nous n’en partons ce jour-là que pour monter au parc d’aviation au nord-est de la ville. À peine y sommes-nous arrivés que nous allons prendre position à contrepente derrière le fort Saint-Michel sur la dernière ligne des collines qui couvrent Verdun. Nous ne voyons rien du champ de bataille, mais nous entendons un bombardement infernal qui ne cesse ni jour ni nuit. Nous sommes là pour fournir une suprême résistance au cas où la poussée allemande parviendrait à percer le front de combat. Le 2 et le 3 mars se passent ainsi. Le 4 notre 6e bataillon monte à Froideterre. Nous entrons cette fois dans le champ de bataille. De tous les côtés les obus pleuvent, fouillent les petits bois où nous nous abritons, et le ravin qui se termine à l’est à l’endroit où la route de Fleury aboutit à l’ouvrage de Thiaumont8. Dès le 6 notre poste de secours s’installe dans la redoute de Thiaumont tandis que notre 6e bataillon tient la ligne de feu depuis le calvaire de Douaumont jusqu’à la ferme de Thiaumont, face au nord et face à l’est. Dans la terre gelée, les hommes creusent à la hâte des tranchées sous le bombardement qui les martèle. Rien ne les protège, pas même un réseau de fil de fer. Ce sont des poitrines humaines qui seules se dressent devant l’ennemi pour lui interdire l’entrée de Verdun.
4Au poste de secours (P 118)9 les blessés affluent nuit et jour. Quand il y a un peu d’accalmie, je vais par le chemin fortifié qui relie Thiaumont au fort de Douaumont et par la ferme de Thiaumont dont les ruines sont encore fumantes, voir au bois de Nawé notre compagnie de soutien. Le chemin est jonché de cadavres qu’il est impossible d’enterrer. Le sol est complètement criblé d’entonnoirs dont quelques-uns sont immenses et profonds. Pas un pouce de terrain n’est intact.
5Deux fois par jour quand je dois aller avec mon médecin-chef manger à la popote du colonel (P 119)9 qui est établie dans une autre redoute à deux cents mètres de la nôtre, nous sautons d’un trou d’obus à l’autre, et nous nous suivons à cinquante mètres de manière à ne pas risquer d’être blessés ensemble par les rafales d’obus, et à pouvoir nous porter secours en cas d’accident.
6Les autres régiments de notre division sont engagés depuis le 4 mars sur la côte du Poivre où, par une poussée méthodique ils refoulent et contiennent l’effort allemand. Mais le 201e qui a été prêté à la 77e brigade du 20e corps reste devant Douaumont. Le 6e bataillon dont les effectifs fondent sous le bombardement a besoin dès le 7 mars d’être renforcé sur place. Des compagnies du 5e bataillon longent à cet effet du ravin de Froideterre jusqu’à l’ouvrage de Thiaumont. Je leur sers d’agent de liaison pour les guider par la ferme de Thiaumont vers le bois Nawé d’où le commandant les orientera vers leurs postes de combat. Le 8 une compagnie de chasseurs10 appelée en plein jour en renfort à notre droite, se fait surprendre dans le chemin fortifié près de notre redoute par un tir de barrage. Averti j’y cours, et je me trouve soudain au milieu de corps décapités, de membres déchiquetés et de blessés râlants de toutes parts, sur lesquels je ne puis que prononcer la formule de l’absolution, tandis que continue l’inexorable tir de destruction. Ce jour-là, une violente attaque allemande essaie d’enlever à notre droite le bois de la Caillette qui disparaît dans la fumée des éclatements. Si elle réussit, nous serons tournés et pris dans notre redoute comme dans une souricière. Heureusement l’attaque se brise sur une résistance obstinée. Vers le soir la lutte s’apaise et nous respirons un peu mieux.
7Le 9 mars fut notre plus rude journée. Ce jour-là après une intense préparation d’artillerie, l’assaut d’infanterie se déclencha sur notre secteur. La 21e compagnie établie au calvaire de Douaumont fut submergée par le flot et disparut presque toute entière. La 22e réduite à 40 fusils et à deux mitrailleuses tint bon cependant et repoussa toutes les vagues ennemies en leur infligeant les plus lourdes pertes. La 17e déployée face au nord, derrière un petit pli de terrain sans tranchée, empêcha qu’elle ne fût tournée par suite de la brèche opérée dans la ligne de la 21e. Le soir venu, nous restions maîtres du champ de bataille et les compagnies du 5e bataillon achevaient de renforcer ce qui restait du 6e. Ce soir-là, je partis de Thiaumont avec les équipes de brancardiers pour relever en ligne les morts et les blessés. Par la ferme de Thiaumont, le bois Nawé et le ravin de la Couleuvre, j’arrivai sans encombre jusqu’à la première ligne. J’allai féliciter sur place nos héroïques survivants exténués par ce suprême effort, après cinq jours passés en plein air dans la terre gelée, sous la menace permanente de la mort. Ils étaient encore malgré leur fatigue, tout exaltés par leur sanglant succès. Mais que de vides dans leurs rangs ! Tandis que les brancardiers emportaient les blessés sur leurs brancards, j’allais personnellement rechercher le corps du lieutenant Brancourt10 de la 17e compagnie. La ligne de tirailleurs était formée de corps allongés par terre sur la neige. Il y avait là, côte à côte, des morts et des vivants, tous figés dans une immobilité complète, car il ne leur était guère possible de lever la tête, au-dessus du petit remblai qui les couvrait, sans risquer de recevoir les balles de mitrailleuses qui sans répit rasaient la crête. Je dus m’allonger comme eux et parvenir en rampant jusqu’au lieutenant Brancourt. Il était là, étendu au milieu de son peloton, le haut du corps appuyé sur les coudes, les épaules soulevées. On voyait qu’il avait voulu regarder par-dessus le parapet et qu’une balle l’avait alors frappé. Sa tête blessée était retombée en avant, et la mort l’avait figée dans cette attitude émouvante. Je dus le tirer par les pieds pour l’amener un peu en arrière de la crête et le charger sur un brancard pour le ramener dans la nuit jusqu’au poste de Thiaumont.
8De bonne heure le matin du 10, j’allais inhumer le lieutenant Brancourt dans un grand trou d’obus à 50 mètres à l’ouest de notre redoute. Le colonel Hebmann, le capitaine Dupont, le médecin-chef Bonjean étaient présents. Quatre infirmiers portant le cercueil nous accompagnaient. Il faisait un brouillard épais et nous ne pouvions pas être vus. Soudain, tandis que le cercueil était descendu dans la tombe, une pièce de 77 se met à tirer sur nous. Deux coups longs éclatent derrière nous dans le ravin, un coup trop court frappe la crête devant nous. L’obus suivant éclate au bord même du trou d’obus où vient d’être descendu le cercueil, j’étais debout sur la lèvre opposée, en train de réciter les dernières prières, je suis criblé de terre et de cailloux, mais pas blessé. Le médecin-chef est jeté par terre. Seul un infirmier qui était au fond du trou près du cercueil, reçoit un gros éclat dans les reins. Nous l’emportons à la redoute. Puis le tir ayant cessé nous revenons terminer l’inhumation et combler la tombe. Le trou du 77 mord nettement sur la lèvre de l’entonnoir où repose le lieutenant Brancourt et où nous avons failli le rejoindre.
9La nuit du 10 au 11 est marquée par une regrettable erreur. Les restes du 6e bataillon sont relevés et passent en réserve, tandis que le 5e renforcé par des éléments du 4e prend sa place. Mais au lieu de s’arrêter en seconde position au bois Nawé, la relève descend jusqu’à Froideterre. Fatigue inutile suivie d’une autre, car il faut bien refaire en sens inverse le chemin parcouru. Dans ces allées et venues nous subissons de nouvelles pertes qu’un peu plus d’ordre eut évitées.
10La nuit du 11 au 12 est plus tragique encore. Deux compagnies du 4e bataillon envoyées en renfort sont surprises dans le ravin de Froideterre par des rafales soudaines de shrapnells11. Les morts et les blessés sont nombreux. Je cours au poste des Quatre Cheminées où les blessés ont été déposés. Ils sont pour la plupart très gravement atteints. Plusieurs expirent avant qu’on ait pu les évacuer.
11Enfin dans la nuit du 12 au 13 nous sommes relevés par le 16e bataillon de chasseurs. Après avoir évacué toute la nuit de nombreux blessés nous regagnons Verdun par la route de Fleury. Sur le chemin des rafales d’obus nous obligent à nous terrer mais nous arrivons sans encombre au parc d’aviation.
12Dans la journée du 13 tout ce qui reste du régiment s’installe dans un grand hangar inoccupé. La nuit venue, les hommes harassés dorment d’un sommeil profond que n’inquiète plus le danger. Soudain à 4 heures et demi du matin deux obus allemands viennent s’abattre sur le toit du hangar. Ils percutent sur les poutrelles supérieures et leur gerbe meurtrière se projette de tous côtés sur les dormeurs étendus par terre. La 24e compagnie qui avait été la moins éprouvée du 6e bataillon perd d’un seul coup 8 morts et 41 blessés dont plusieurs ne pourront pas survivre. Il y a quelque chose de particulièrement douloureux dans cette hécatombe parmi des hommes à peine sortis des plus grands périls et qui en cette première nuit de repos s’étaient endormis dans une illusoire sécurité !
13Est-ce l’effet des gaz lacrymogènes dont j’ai plusieurs fois traversé les nappes stagnantes au fond des ravins, je suis fiévreux, j’ai les yeux rouges et je tousse. Pourtant un dernier devoir me reste à remplir. Nos morts sont restés sur le terrain, sommairement inhumés dans des trous d’obus derrière nos tranchées. Nous n’avons pas pu pendant la bataille y placer des croix à leurs noms. J’ai fait la liste12, j’ai noté les emplacements. Je fais ici confectionner les pauvres croix et graver les noms, et je cherche des hommes de bonne volonté pour retourner avec moi et m’aider à remplir ce pieux devoir. J’en trouve deux, l’ordonnance13 du lieutenant Brancourt qui veut poser une couronne sur la tombe de son officier et l’ordonnance du capitaine Champeaux. Nous partons le 15 mars à 4 heures et demi du soir du champ d’aviation, chargés chacun d’un grand nombre de croix auxquelles s’ajoute la couronne. Par le ravin du chemin de fer nous gagnons le ravin des Vignes et la redoute de Thiaumont. Il fait presque nuit quand nous arrivons à la tombe du lieutenant sur laquelle nous fixons la croix et la couronne. Nous passons sans encombre un par un la ferme de Thiaumont et nous voilà aux tombes du bois Nawé que nous arrangeons rapidement. Notre fardeau commence à s’alléger mais le plus périlleux reste à faire car il nous faut monter jusqu’aux premières lignes. Les chasseurs du 16e bataillon qui occupent les tranchées nous accueillent bien, ils connaissent nos tombes et me les indiquent dans l’obscurité. Mais ils m’avertissent que sous le bombardement celle-ci a déjà été retournée trois fois, celle-ci deux fois. De fait, aucune n’est intacte. Sans doute ne restera-t-il rien de ces pauvres corps, ni de la croix que nous plantons à la hâte au-dessus d’eux. Nos silhouettes, qui se détachent dans l’ombre éclairée de reflets de neige, tandis que nous faisons sur le bled notre funèbre besogne, ont sans doute été aperçues, car voici une rafale de 77 qui nous encadre. Nous allons poursuivre plus loin notre expédition jusqu’à ce que nous ayons placé notre dernière croix. Il est près de minuit, nous repartons. À la corne du bois, juste derrière le ravin de la Couleuvre, nous sommes arrêtés par un tir de 150 et de 210 qui bat de si près la petite tranchée où nous sommes que nous sentons la chaleur des éclatements. Tous trois avec quelques chasseurs qui tiennent cet élément, nous nous terrons tout au fond du boyau pendant près d’une demi-heure, attendant l’obus qui tombera sur nous et nous réduira en bouillie. Quelle sensation que d’être la cible vivante d’un pareil tir ! Et comme on prie bien dans ces moments-là où on se sent plus que jamais dans les mains de Dieu ! Enfin les batteries s’arrêtent, nous serrons les mains de nos amis les chasseurs qui vont rester là au danger, tandis que nous allons nous en éloigner, et nous reprenons le chemin du retour. À 4 heures du matin nous rentrons à l’aviation, fatigués certes de cette équipée nocturne, mais si heureux de ce que nous avons accompli.
1. Secteurs de combat du 201e RI : – Thiaumont devant Douaumont du 4 au 12 mars 1916. – Côte du Poivre devant Bras du 23 mars au 7 avril 1916. Annotations de l’aumônier sur la carte IGN 1/250 000, secteur de Verdun.
14Deux ou trois jours suffisent à me débarrasser de la grippe que je traînais et que notre « chemin de croix » n’a pas aggravée trop. Je reste à l’aviation jusqu’au 22 mars avec le 4e bataillon, tandis que les 5e et 6e sont à la caserne Jeanne d’Arc dans Verdun. Ce jour-là nous les y rejoignons pour monter ensemble aux tranchées dans le secteur de la 1re division : la côte du Poivre. Mais au moment de quitter la 77e brigade du 20e corps à laquelle le 201e vient de prêter un si courageux concours, je reçois de son chef, le colonel Lobes, une élogieuse citation14 que j’emporte comme un précieux souvenir. C’est ma première citation et le texte15 en a été rédigé par le colonel Hebmann, mon colonel, qui était de religion protestante16.
15Ma nouvelle résidence est à Bras. Le poste de secours est établi dans une cave solide et bien aménagée. Mais le village est quotidiennement bombardé, aussi ses rues sont-elles désertes. On ne les traverse qu’en courant et il est rare qu’on y circule sans avoir à se garer de quelque rafale soudaine. Pour avoir dit ma messe, un jour, au rez-de-chaussée d’une maison, j’ai failli ne pas pouvoir l’achever tant les obus pleuvaient tout autour et projetaient par la fenêtre de la terre et des éclats. Le plus désagréable était que ces bombardements nous étaient souvent infligés par des batteries de 7517 que l’ennemi nous avait prises en février. Notre unique consolation était de constater par la force des éclatements, combien nos obus français étaient supérieurs aux 77 allemands. Nous l’apprenions à nos dépens, mais cela nous faisait quand même plaisir. Nos trois bataillons étaient échelonnés en profondeur : un en réserve à Bras dans les caves, un autre en seconde ligne sur une petite crête à un kilomètre au nord du village et faisant face à l’ouest, vers la vallée de la Meuse pour interdire à l’ennemi toute tentative de s’y infiltrer, le troisième en première ligne en avant du « ravin du monument » sur la côte du Poivre elle-même. Nous en occupions tout le versant sud, les Allemands tout le versant nord. Quant à la ligne de crête, les deux adversaires y avaient poussé des postes d’écoute et de surveillance, si bien qu’en certains points elle était à nous et qu’en d’autres elle était à l’ennemi. Cet enchevêtrement ne pouvait que donner lieu à de fréquents échanges de grenades et à d’incessantes escarmouches.
16Pourtant notre séjour à la côte du Poivre, qui dura 15 jours, du 23 mars au 7 avril, fut infiniment moins pénible que ne l’avait été notre stage à Douaumont. Nos pertes y furent peu nombreuses et nous n’eûmes ni à attaquer, ni à repousser d’assaut ennemi, mais seulement à tenir sous le bombardement continuel. Heureusement il nous arriva plusieurs fois d’apprendre à l’avance à quelle heure aurait lieu le tir d’artillerie sur Bras. Nous avions en première ligne un poste d’écoute téléphonique qui parvenait à capter les communications de nos voisins d’en face et qui transmettait les renseignements obtenus. Nous savions que de telle heure à telle heure, le village, ou tel point du secteur servirait de cible. À l’heure dite, la garnison de Bras disparaissait dans les caves et dans les abris, et attendait philosophiquement la in du déluge, ou bien s’il s’agissait d’une tranchée, on l’évacuait et on y revenait ensuite. Nos derniers jours furent marqués par une plus grande activité de la part de l’ennemi qui tenta quelques patrouilles vite refoulées à coups de grenade. On sentait qu’il se préparait quelque chose, et nous eûmes soin d’en avertir le 78e RI qui vint nous relever. À minuit, dans la nuit du 7 au 8 avril, je quittais la côte du Poivre avec le 4e bataillon, relevé le dernier, et notre départ s’effectua sans incident. Mais à peine étions-nous partis qu’une attaque allemande se déclencha, pénétra par surprise dans le ravin du monument, prit à revers la première ligne et captura une partie du bataillon qui venait de nous remplacer. Et nous ne nous en doutions pas encore quand au petit jour, nous arrivions à Balecourt pour y attendre les autos et nous éloigner du champ de bataille. Nous ne l’avons appris qu’ensuite par le communiqué.
17C’est avec un soulagement extrême, il faut l’avouer, que nous sortions de « l’enfer de Verdun » où peu à peu allaient se succéder dans une relève héroïque, presque toutes les divisions françaises. Aussi rien ne nous parut-il plus agréable que les trois jours de repos passés à Valcourt près de Saint-Diziers du 9 au 11 avril. Aussitôt après, nous fûmes embarqués en chemin de fer pour Épernay, où nous reprîmes la route. Le 12 nous cantonnions à Boursault, dans la Marne, et le 13 à Trélou, dans l’Aisne. C’est là que le 15, une messe solennelle de Requiem fut chantée pour nos morts de Verdun, et qu’un instant j’eus l’espoir de pouvoir organiser les Pâques de nos soldats dans le calme d’une période de repos. Hélas, le 16 avril qui était le dimanche des Rameaux, vit tous mes préparatifs déroutés par des déplacements de bataillons. Et dès le mardi saint 18, le régiment tout entier se remit en route pour de nouvelles étapes. La veille, le général de division de Fontclare était venu faire officiellement la remise des Légions d’honneur18, des médailles militaires19 et des croix de guerre20 gagnées à Verdun. Il pleuvait si fort que la cérémonie, au lieu de se déployer en plein air dans le cadre impressionnant d’une revue militaire, s’était faite presque à huis clos dans la mairie de Trélou. Elle m’avait valu cependant la joie de recevoir ma croix de guerre ornée d’une étoile de bronze (citation à la brigade) et d’entendre tomber des lèvres de mon général d’encourageantes paroles à mon égard. À vrai dire je fus plus sensible encore aux compliments si cordiaux de mes soldats.
18En quittant Trélou, le régiment prit la direction du nord et du front. Le 18 nous étions à Fresne (Aisne), et le 19 à Baslieux-les-Fismes (Marne) avec deux bataillons à deux kilomètres de là, dans le hameau de Villette. À peine arrivé tout fut préparé pour l’office du Jeudi saint à l’église de Baslieux et à Villette, dans un grand hangar, ce qui permit aux meilleurs de faire leur communion pascale. Pour beaucoup d’autres il eût fallu des conditions plus favorables. Elles ne nous furent point données, car le Samedi saint 22, nous reprenions les tranchées sur le plateau de Paissy que traversait un peu plus au nord, le Chemin des Dames. Nous y relevions le 18e corps d’armée, et nous n’étions pas peu surpris d’apprendre qu’il occupait ce secteur tranquille depuis 1914 en récompense de la part active qu’il avait prise à le conquérir et à le garder après la bataille de la Marne. Le 1er corps avait pendant ce temps combattu partout, et nous trouvions que c’était bien notre tour de garder des tranchées commodes et bien aménagées, tandis que le 18e corps nous remplacerait à Verdun. Ce n’était pas très charitable, mais c’était si humain ! Notre séjour en cette zone allait durer trois mois, du 22 avril au 19 juillet, avec un léger déplacement sur la droite à partir du 18 mai. Au point de vue militaire, il fut presque sans histoire. Sans doute c’était le front, il tombait des obus sur les tranchées et sur les cantonnements, et nous eûmes tant au Plateau de Paissy qu’au bois Foulon, des morts et des blessés. Mais auprès de Verdun et de Sapigneul, nous nous trouvions presqu’en paradis.
19Au point de vue religieux, la tâche de l’aumônier fut au contraire très compliquée. Le système d’occupation des tranchées s’était singulièrement modifié. Les hommes ne s’y trouvaient plus au coude à coude, mais extrêmement disséminés. On tenait fortement certains points d’appui, et entre deux il n’y avait presque personne. Seulement à la densité des effectifs en première ligne s’était substitué l’échelonnement en profondeur, qui avait l’avantage de ménager les hommes beaucoup plus et cependant d’offrir une résistance aussi efficace en cas d’attaque. Du 22 avril au 17 mai, j’ai des éléments en première ligne sur la plateau au nord de Paissy, d’autres en seconde ligne au village de Paissy, d’autres encore, à Gény et à Pargnan, enin un bataillon en réserve de l’autre côté de l’Aisne à Glennes et à Merval. Je réside pour ma part dans le village de Paissy. Mais il me faut chaque jour assurer là une messe, ici des communions21, ailleurs un salut du soir. Mon cheval est devenu dans ces circonstances, un précieux auxiliaire de mon apostolat, car s’il ne m’accompagne pas aux tranchées, il me permet du moins de me rendre rapidement dans les divers villages où mes soldats m’attendent. Certains dimanches, grâce aux prêtres-soldats qui m’aident, l’abbé Guermonprez et l’abbé Mahieux22, grâce à quelques curés encore à leur poste, il y eut jusqu’à 12 messes sur le territoire de mon élastique paroisse, et partout nos braves soldats étaient heureux d’en profiter. Quand tout fut bien organisé, je profitais du calme régnant pour prendre à Paris, en famille ma troisième permission du 8 au 13 mai. Quatre jours après mon retour nous glissions sur notre droite dans le secteur du bois Foulon et tout fut à recommencer.
20Cette fois, j’eus ma résidence à Vassogne, petit village dont l’église était détruite et où je m’installais dans la cave d’une maison sans toit ni planchers, dont il ne restait que les murs béants. Dans cette cave, j’installais ma chapelle et mon « presbytère », c’est-à-dire une couchette derrière un rideau près de l’entrée. Le régiment s’échelonnait en profondeur. En première ligne il occupait le bois Foulon, en seconde ligne : « les creutes »23 au nord de Vassogne, sorte de carrières en forme de grottes, au repos : Pargnan, Jumigny et la ferme Cuissy, de petites chapelles de guerre furent aménagées.
21Toute la période du 18 mai au 19 juillet, se passa pour moi en allées et venues quotidiennes pour visiter « ma paroisse », assurer les messes, porter la sainte communion, chanter les saluts du soir, et aussi soigner nos blessés et enterrer nos morts. La guerre même en secteur calme inflige cependant des pertes et les obus tombaient un peu partout, sur Vassogne comme ailleurs. Il m’arriva le 13 juillet, d’être moi-même légèrement blessé en montant de Vassogne aux tranchées pour y porter la sainte communion. Ce jour-là, comme je passais à la Ravine, en gravissant la pente nord, des obus de 150 tombèrent derrière moi dans le fond. J’étais à contre-pente et bien défilé je n’y pris pas garde. Mais tout à coup, après l’éclatement d’un obus, je reçus à la cuisse un coup violent, un éclat avait traversé ma soutane en y faisant un grand trou et à travers mon gros pantalon de drap militaire, m’avait fait une plaie contuse sans aucune gravité. Pansement, piqûre antitétanique... et puis ce fut tout. L’après-midi même, je pus faire l’enterrement à Vassogne d’un de nos soldats tué. Le major voulut bien se charger des pansements par conséquent je pus éviter d’être évacué.
22J’en fus d’autant plus heureux que deux jours plus tard, le 15 juillet, notre 18e compagnie reçut l’ordre de tenter un coup de main sur un petit poste ennemi. Le commandement avait besoin que nous fassions des prisonniers afin d’identifier les divisions ennemies réparties sur le front et de savoir ainsi plus exactement l’importance des formations concentrées à Verdun où la bataille était à son paroxysme. Mais en dehors de cette utilité réelle, nos chefs se trompaient en croyant par ces coups de main entretenir chez nos soldats l’esprit d’offensive. En réalité ces petites opérations de détail coûtaient cher et rapportaient peu, elles déprimaient le moral du soldat. Notre coup de main du 15 juillet échoua comme plusieurs autres, nous eûmes plusieurs blessés et nous ne fîmes aucun prisonnier.
23Notre tâche dans cette région de l’Aisne était terminée. Le 19 juillet nous cédions la place à une division relevée de Verdun. Le 20 nous cantonnions à Fismes, du 21 au 23 à Vandières-sous-Châtillon en attendant notre embarquement en chemin de fer pour une nouvelle offensive qui se préparait sur la Somme. Avant de terminer ce chapitre sur Verdun, j’aime à fixer un souvenir qui m’est resté particulièrement cher. Il y avait au régiment un petit parisien de 20 ans, Henri Laplace24, qui n’avait pas fait sa première communion. Entraîné par l’exemple de ses camarades catholiques, il me confia un jour son désir de puiser lui aussi sa force dans les sacrements et me demanda de le préparer. Ce ne fut pas difficile, tant je trouvais en lui de foi sincère et de bonne volonté à s’instruire. Dès qu’il fut prêt, il se confessa et communia avec une ferveur d’enfant et il devint un de mes meilleurs pratiquants. C’était à Sapigneul peu de temps avant Verdun.
24Or un jour où je revenais de l’ouvrage de Thiaumont vers son bataillon, le 4e qui était en réserve dans le ravin de Froideterre, je fus pris sous un violent bombardement. Tandis que je me hâtais pour sortir de la zone dangereuse, j’entendis soudain une voix qui me criait : « Monsieur l’aumônier, n’avancez pas, vous allez vous faire tuer ». J’aperçus alors Henri Laplace étendu par terre, derrière un tronc d’arbre déchiqueté et j’allais vers lui. Je le trouvai tremblant de tous ses membres, il m’apprit que, comme agent de liaison, il avait reçu l’ordre de reconnaître le chemin de l’ouvrage de Thiaumont où son bataillon devrait monter. Mais se trouvant seul, en plein danger, le cœur lui manquait et ne se sentant plus le courage d’accomplir sa mission, il s’était jeté là par terre, incapable d’aller plus loin. Je commençais par le rassurer, lui disant que je venais moi-même du point où il devait aller et que je n’en étais pas mort. Mais que peuvent les raisonnements en pareille circonstance ? Heureusement, je portais sur moi le Saint-Sacrement. « Veux-tu communier ? » lui dis-je. « Comme cela tu seras plus fort ». Il accepta avec plaisir. Alors à genoux tous les deux, serrés l’un contre l’autre, sous les obus qui tombaient de toutes parts, je lui donnais la sainte communion. Le changement fut immédiat. Il se remit sur pied ferme et résolu, me serra la main et me dit : « Monsieur l’aumônier maintenant je n’ai plus peur, je ne suis plus seul, puisque Jésus est avec moi, je passerai et s’il m’arrive quelque chose je suis sûr d’aller au ciel ! » Jamais je n’ai mieux senti qu’en cet instant le secours que la communion nous donne pour remplir n’importe quel devoir.
25Henri Laplace accomplit ce jour-là sa mission sans encombre. Mais quelques jours plus tard, à la côte du Poivre, une balle allemande l’atteignit mortellement au ventre. Je le revis sur son brancard au poste de secours de Bras où il avait été transporté et où il agonisa plusieurs heures en pleine connaissance. Après que je l’eus préparé à la mort et administré, il me demanda de l’embrasser. Jésus l’avait préparé mieux que moi. Henri Laplace n’avait plus peur de partir. Il se sentait en sécurité avec Lui.
Notes de bas de page
1 Général de Riols de Fontclare (1857-1944).
2 L’attaque allemande à Verdun a commencé le 21 février. Elle fut marquée au début par des succès allemands.
3 Le général Philippe Pétain (1856-1951) se distingua au début de la guerre, en Belgique, à la tête d’une brigade d’infanterie. Il fut alors nommé général de corps d’armée et remporta de brillants succès dans les batailles de l’Artois. Il se distingua en particulier par sa prudence et son souci d’épargner les vies humaines. C’est ainsi qu’il fut chargé du commandement des troupes engagées à Verdun
4 Le général de Castelnau (1851-1944), chef d’état-major de Joffre de 1911 à 1914 prit au début de la guerre le commandement de la 2e armée. Il organisa la défense de Nancy en septembre 1914, puis prit part à l’offensive de Champagne en septembre 1915 à la tête du groupe d’armée du Centre. En février 1916 il était chef d’état-major de Joffre et organisait la défense de Verdun avant le déclenchement de la bataille. C’est lui qui prit la décision de défendre Verdun à tout prix et de nommer Pétain à la tête des troupes qui y furent engagées.
5 Souligné dans le texte
6 Pour ménager ses troupes, Pétain les fit se relayer pour la défense de Verdun, selon le principe d’une noria. En juillet 1916, 70 divisions sur 95 ont participé à la bataille.
7 L’attaque allemande sur Verdun débuta le 21 février. Dès le 25 les Allemands prenaient le fort de Douaumont. Celui-ci était repris par les Français le 22 mai, par les Allemands le 24 et enfin par les Français le 25 octobre 1916. Cette bataille qui fut marquée par des combats acharnés dans les bois autour de Verdun, par la prise des forts et leur reprise, la destruction complète de villages entiers ne se termina que par une sorte de « lâcher prise » des Allemands qui durent parer à l’offensive franco-anglaise sur la Somme.
8 Petite fortification isolée.
9 Cf. carte du secteur de Douaumont.
10 Unité d’infanterie légère.
11 Shrapnell : arme antipersonnel, obus rempli de projectiles, du nom de l’inventeur du minuteur qui provoque l’explosion, l’Anglais Henry Schrapnel. Par extension on appelait aussi shrapnells les éclats d’obus. L’orthographe du mot varie dans les témoignages.
12 36 officiers et sous-officiers, 119 soldats tués entre février et avril 1916 (carnet de sépultures).
13 Soldat chargé du service personnel d’un officier. Les aumôniers, qui avaient rang d’officiers, bénéficiaient également d’un soldat d’ordonnance.
14 La citation consiste à valoriser un acte (acte de bravoure, réussite, etc.) en « citant » une personne ou une unité dans l’ordre du jour. La citation peut être individuelle ou collective et peut être faite à plusieurs échelles : citations à l’ordre du régiment, de la brigade, de la division, du corps d’armée, de l’armée ou du GQG. Elle vaut à son titulaire la croix de guerre.
15 Texte de la citation : « Au front depuis 1914 comme aumônier volontaire, au 201e depuis le mois de juin 1915. Exerce son ministère avec un dévouement à toute épreuve. Toujours en première ligne quand les circonstances sont les plus difficiles. S’est particulièrement distingué pendant plusieurs jours de combat et spécialement à l’attaque du 9 mars 1916, relevant et soignant les blessés, enterrant les morts sans souci du danger et de la fatigue ».
16 L’œcuménisme (le mot n’a fait son apparition que dans les années trente) n’en était qu’à ses premiers balbutiements (conférence d’Edimbourg, 1910 au sein du protestantisme). La Première Guerre mondiale contribua à favoriser des rapprochements au moins au niveau personnel et les premières initiatives catholiques.
17 Le canon de 75 (calibre 75 mm), canon français le plus utilisé et considéré comme le plus efficace était plus léger que le 77 allemand.
18 Légion d’honneur : la plus haute distinction honorifique française, instituée en 1802 par Napoléon Bonaparte et qui récompense les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation. Pendant la Première Guerre mondiale la procédure fut assouplie et le contingentement du temps de paix supprimé, remplacé par des « tableaux spéciaux ». Il s’agissait de récompenser l’héroïsme des combattants et de réconforter les familles.
19 Médailles militaires : décoration instituée par Louis-Napoléon Bonaparte en 1852 pour récompenser les militaires (soldats et sous-officiers).
20 La croix de guerre a été instituée en 1915, lorsque le besoin se fit sentir de créer une récompense pour les combattants courageux qui avaient obtenu une citation.
21 La nécessité du jeûne eucharistique (ni nourriture, ni boisson depuis minuit, sauf en cas de danger de mort) avait amené à dissocier le fait de communier (tôt le matin avant de prendre quoique ce soit) et la célébration de la messe.
22 Abbé Gaston Mahieux (1885-1963) né à Steene (Nord) et ordonné en 1911.
23 Creutes : carrières souterraines au flanc des collines, exploitées depuis l’époque gallo-romaine pour en extraire la pierre. Elles ont constitué un lieu de répit et de protection pour les soldats. Tout un aménagement intérieur y a été implanté. La caverne du Dragon, sur la ligne de crête du Chemin des Dames, véritable caserne souterraine de l’armée allemande, en est une. Elle est aujourd’hui aménagée en musée du souvenir.
24 Marie Jean Henri Laplace né en 1893 à Paris.
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