Chapitre 1. 2 août 1914 - 25 mars 1915
Aumônier bénévole, à l’ambulance 3/51. Départ en campagne - Bataille et retraite de Belgique - Combat de Guise. Bataille de la Marne - Secteur sud-est de Reims
p. 15-22
Texte intégral
1Quand, le 2 août 1914, la mobilisation générale fut décrétée, j’étais en vacances, au terme d’une quatrième année d’enseignement au grand séminaire de Saint-Saulve1. Libéré de toute obligation militaire par une réforme obtenue en 19072, j’avais envisagé, dès 1913, l’idée de m’offrir éventuellement comme aumônier militaire, et j’avais donné mon nom à monseigneur Delamaire3, archevêque de Cambrai qui, prévoyant qu’en cas de guerre on accepterait volontiers des aumôniers de complément, avait sollicité des demandes de la part de son clergé. De fait, la loi en vigueur ne comportait que quatre aumôniers catholiques par corps d’armée, ce qui était notoirement insuffisant.
2Dès le 3 août, j’obtins de M. le vicaire général Lecomte la permission de me présenter comme aumônier volontaire aux armées et je commençais aussitôt mes démarches auprès du Service de santé de Lille4 pour me faire accepter. Les quatre places officielles d’aumônier du 1er corps5 étaient pourvues de titulaires. En théorie, il n’y avait donc aucun poste pour moi et cependant l’autorité militaire ne fit pas mauvais accueil à ma demande. On m’envoya au médecin de la place, qui me délivra, le 6 août, un certificat d’aptitudes physiques aux fonctions d’aumônier en campagne. Le lendemain l’état-major du 1er corps me munit d’un laissez-passer qui m’ouvrait les zones d’opération, mais sans m’assigner aucune affectation particulière. Mon cas n’étant pas prévu par les règlements, c’était à moi de me débrouiller pour trouver un emploi.
3Comment faire ? Au cours de mes visites quotidiennes au service de santé, j’appris le 8 que le docteur Carpentier de Lille était désigné comme médecin-chef d’une ambulance de campagne en formation. Je me fis recommander auprès de lui par un de ses amis qui était mon cousin, le docteur Albert Dupuis. Le 9 août il consentit à signer une lettre que j’avais composée et où il était stipulé simplement que j’étais autorisé à accompagner, comme aumônier, l’ambulance 36 de la 51e division de réserve7. Il était entendu par ailleurs, entre le médecin-chef8 et moi, que je ne demandais, ni solde, ni nourriture, ni prestation d’aucune sorte, ni surtout place parmi les majors9 et les officiers, mais seulement la permission d’accompagner les infirmiers pour secourir les blessés. Tout le reste était abandonné à la grâce de Dieu !
4Cet arrangement conclu, je fis mes préparatifs de départ. Une cassette aussi petite que possible reçut les objets nécessaires à ma toilette, une valise fut aménagée en autel portatif10 et deux musettes bien bourrées constituèrent mon équipement.
5Dans la matinée du 11 août, je me présentais dans la cour du petit lycée Faidherbe, rue Gombert, où se concentrait l’ambulance. Un peu étonnés de la présence de ce prêtre en soutane11, coiffé de son grand chapeau12 et flanqué de ses musettes, les infirmiers et les soldats du train chargés de la conduite des voitures, m’accueillirent cependant assez cordialement, car en cette heure grave un grand souffle d’union sacrée était passé sur le pays. Déjà la connaissance était faite lorsque, vers onze heures du matin, le groupe d’infirmiers, suivi du cortège des voitures, se mit en route par le boulevard de la Liberté et la rue Nationale pour aller s’embarquer à la gare de La Madeleine. Nous quittâmes Lille au milieu d’une foule émue et pleine d’espoirs, sans nous douter alors qu’il faudrait attendre plus de quatre ans la joie d’y revenir.
6Le train, parti pour une « destination inconnue », nous conduisit à Vervins, d’où nous allâmes prendre cantonnement à Thenaille. Nous y restâmes jusqu’au 17. Ce fut pour moi l’occasion de gagner complètement le cœur de mes soldats, en profitant de la liberté dont je jouissais, pour aller chaque jour à pied à Vervins acheter pour eux les objets dont ils avaient besoin. J’en eus la preuve, quand au bout de deux jours un sergent et un caporal infirmiers, voyant que je n’étais pas ravitaillé par l’ambulance, vinrent m’offrir de manger avec leur escouade. Et, comme j’hésitais à accepter de crainte de diminuer la part de chacun, ils firent valoir pour me décider que deux soldats de l’escouade étant cuisiniers des officiers mangeaient sur la part de ceux-ci, et par conséquent je ne ferais tort à personne en prenant à table une place libre. Je sentis à ce geste que j’étais vraiment « adopté » par mes soldats et, outre la joie que j’en ressentis, cette heureuse combinaison résolut d’emblée le problème le plus délicat posé par mon étrange situation, celui de mon ravitaillement en campagne. Le 15 août, dans un pré, j’inaugurais mon ministère public d’aumônier militaire en célébrant, devant presque tous les soldats une messe « de guerre ».
7Mais déjà le 1er et le 10e corps d’armée13 étaient engagés sur la Meuse, à Dînant dans des combats meurtriers et soutenaient sur la Meuse et sur la Sambre la défense de Namur tenue par l’armée belge14. La 51e division de réserve, appelée à les soutenir, quitta la région de Vervins. En six étapes, du 18 au 23, par Harcigny, Aubenton, Auvilliers (France), Nismes (Belgique), Sart-en-Fagne et Rosée, nous atteignîmes au milieu de l’accueil enthousiaste des Belges, l’arrière du champ de bataille. Devant nous, entre Hastière et Dînant, des partis ennemis avaient réussi à franchir la Meuse et à s’emparer d’Onhaye, d’où le général Mangin par un assaut à la baïonnette parvint à les rejeter15. L’ambulance 3 installée à Rosée pansa, en cette journée du 23, beaucoup de blessés et fut en in de journée avancée jusqu’à Anthée. Malheureusement l’armée allemande, débordant largement Namur par le Nord et poussant jusqu’à Charleroi où elle refoulait l’armée anglaise, menaçait déjà de serrer comme dans un étau les corps français et belges engagés entre Sambre et Meuse ; et, dès le matin du 24, il fallut en toute hâte commencer à battre en retraite par Rosée, Roly et Couvin. Aussitôt les routes furent envahies par les voitures et l’artillerie occupant la chaussée, par les malheureux habitants fuyant terrifiés devant l’invasion en emportant avec eux ce qu’ils désiraient sauver, par les soldats de toutes armes marchant de chaque côté de la route sur la bordure des champs. Spectacle désolant et angoissant, car toutes les unités se trouvaient confondues dans un désordre tel qu’il paraissait impossible de démêler cet enchevêtrement. La retraite allait-elle se transformer en déroute ? Au contraire, à quelques kilomètres au-delà de Rosée, un général était debout au milieu de la route entre les iles ininterrompues de voitures, c’était le général Franchet d’Espérey16, commandant du 1er corps. Au passage il arrêtait chaque convoi, chaque troupe débandée : « Quelle unité ? » - « C’est bien, votre point de rassemblement est à tel village, à telle distance, vous prenez telle route... ». Si bien, qu’insensiblement, tout en se retirant rapidement, les unités se rejoignaient, se ressoudaient et voyant renaître l’ordre, reprenaient confiance en elles-mêmes et en leurs chefs. Le 25 nous nous retrouvions dans les Ardennes françaises à La Neuville, puis dans l’Aisne, le 26 à Iviers, le 27 à Montcornet, le 28 à Bucy.
8Déjà nous nous demandions quand s’arrêterait notre retraite rapide, exécutée par une chaleur torride, et ne permettant presque aucun repos, quand le 29 le mouvement se ralentit, s’infléchit vers l’ouest, puis vers le nord. Une contre-offensive se dessinait. Entre la garde allemande et le 1er corps français, soutenu par notre 51e DI, un violent combat se déroula le 30 entre Guise et Vervins. L’ambulance fonctionna à Prisce, tandis que dans un élan victorieux nos fantassins forçaient la garde à reculer de plusieurs kilomètres. Mais ce n’était qu’un combat d’arrêt, incapable d’empêcher plus à l’ouest la marche enveloppante de l’extrême droite allemande, si bien que pour n’être pas tournées par cette aile nos divisions durent dès le soir même, lâcher l’adversaire et reprendre à vive allure leur mouvement de retraite. Elles le poursuivent par Corbeny, Muizon, Hautvilliers, Montmort, Broussy-le-Petit, Romilly-sur-Seine, passant du département de l’Aisne à travers celui de la Marne pour aboutir enfin le 5 septembre à Pars-les-Romilly dans l’Aube sur la rive sud de la Seine !
9Il est facile d’imaginer l’état de fatigue extrême dans lequel pouvait se trouver une armée soumise à une pareille épreuve. Son ressort moral n’était pourtant pas détendu. On eut dit au contraire, qu’il se bandait de plus en plus à mesure que nous reculions, tant grandissait dans tous les cœurs le désir de pouvoir enin faire volte-face et sauter sur l’envahisseur. Le 6 septembre, s’engagea la bataille de la Marne17. Notre division, d’abord en réserve derrière l’armée Franchet d’Espérey, fut envoyée le 8 en renfort à l’armée voisine, celle du général Foch18. Par Sézanne nous gagnâmes Lachy (Marne) et là, pendant les trois derniers jours de la bataille nous pûmes soigner de nombreux blessés.
10Dès le 11 septembre nous reprîmes la marche en avant, derrière nos troupes victorieuses. La traversée du champ de bataille, encore couvert de morts, nous révéla l’âpreté d’une lutte à laquelle nous n’avions été associés que de loin. Par Villevenard, Avize, Ay, Montchenot et Montbré où nous arrivâmes le 15, le chemin parcouru nous permit de mesurer l’importance du terrain reconquis. Nous étions aux portes de Reims et la ville elle-même était réoccupée par nos troupes !
11Il y eut alors pour l’ambulance 3 une longue période d’inaction, qui s’étendit du 15 septembre au 21 novembre et se passa dans des cantonnements au sud-ouest de Reims : Montbré, Onrézy, Courmas, Clairizet, Saint-Euphraise, Écueil et Villers-aux-Nœuds. J’étais à la fois l’aumônier du cantonnement et le curé du village19. Chaque jour un salut du Saint-Sacrement avec sermon rassemblait les civils et les militaires, et j’étais l’heureux témoin d’un réel renouveau religieux dans beaucoup d’âmes.
12Le 22 novembre enfin on songea à nous utiliser. L’ambulance 3 fut envoyée dans la jolie petite ville de Rilly-la-Montagne, au sud de Reims, pour y installer un hôpital de campagne. J’allais y passer tout l’hiver jusqu’au 23 mars 1915. Pendant toute cette période je continuais de prendre mes repas à l’escouade qui m’avait accueilli. Mais nous cessâmes notre vie de nomade. Nous ne logions plus dans les granges de paille, ni comme à Clairizet, dans une roulotte abandonnée ; à Rilly nous habitions des maisons, j’eus une chambre dans notre hôpital de campagne qui soigna de jour et de nuit de nombreux blessés. J’adjoignis à ces fonctions celles d’aumônier de la « garnison » : cuirassiers, génie et services.
13Mais ce fut aussi pendant ce séjour que j’eus les premières occasions de visiter les tranchées20 du 233e RI et du 310e RI sur le front Taissy Saint-Léonard et Sillery, devant le Fort de la Pompelle. Les hommes étaient en grand nombre, presque au coude à coude, et les abris de repos tout à fait rudimentaires. Le poste du commandement de compagnie n’était qu’un trou carré derrière la tranchée avec une toile de tente étendue au-dessus pour tout abri ! Je m’aperçus en visitant ce secteur que je n’avais pas encore fait la guerre. La Providence allait se charger d’achever mon éducation.
14Le 8 décembre, une note du commandement fit disparaître une menace qui pesait sur moi, en décidant que les aumôniers en service étaient dispensés de se rendre aux conseils de réforme chargés de récupérer des hommes parmi les réformés. En vertu de cette note, je restais à l’ambulance 3. Mais un jour un médecin-inspecteur visitant notre hôpital de Rilly, s’étonna d’y trouver un aumônier « bénévole » sans solde ni affectation officielle. Il m’interrogea et m’engagea à solliciter une nomination régulière « d’aumônier volontaire agréé ». La demande aboutit et je fus nommé par lettre ministérielle du 11 janvier 1915. J’appartenais désormais à la catégorie d’aumôniers, créée peu après le début de la guerre, sous l’inspiration du comte de Mun21, qui n’avaient pas comme les titulaires, l’assimilation au grade de capitaine, mais à qui était allouée une subvention journalière de dix francs. J’attendis à l’ambulance jusqu’au 23 mars une affectation conforme à ma nouvelle situation.
15Pendant cette première période de ma vie d’aumônier, j’eus bien des fois l’occasion de remarquer combien la divine Providence se montrait bonne envers moi. Deux témoignages de cette bonté vigilante me sont restés chers entre tous les autres. Le premier c’est la guérison sinon miraculeuse, du moins inespérée de ma mère22. Quand je partis pour la guerre, elle était à Wimereux, avec ma sœur Anna, pour se remettre d’une opération grave qu’elle venait de subir, mais qui laissait subsister une occlusion intestinale jugée « probablement cancéreuse ». À peine étais-je parti que la menace de l’invasion allemande obligeait ma mère et ma sœur à se réfugier d’urgence à Folkestone en Angleterre. De là, les nouvelles qui me parvinrent furent de plus en plus alarmantes : la santé de ma mère dépérissait de jour en jour. À la fin du mois de novembre, je reçus même une lettre de ma sœur me demandant si possible de me mettre en relations télégraphiques avec elle parce que « c’était tout à fait la fin ». J’étais aux armées, impossible de télégraphier, je ne pouvais qu’attendre la triste nouvelle que ma mère était morte, à l’étranger et bien loin de moi. Quelle fut ma joie au contraire, lorsque le 12 décembre je reçus un mot de ma mère elle-même me disant que le 8, jour de l’Immaculée Conception, toutes les fonctions de son organisme avaient repris d’elles-mêmes leur cours normal ! Elle était merveilleusement sauvée. Depuis lors toutes les lettres marquèrent les étapes d’un rétablissement de plus en plus complet, dont je demeure envers le Bon Dieu profondément reconnaissant (ma mère a vécu jusqu’en 1932).
16L’autre événement est d’une nature très différente : c’est une leçon de confiance que j’ai reçue et qui m’a souvent servi pendant le reste de la guerre. Nous étions en pleine retraite de Belgique, nous venions de passer la nuit à Corbeny, au nord de Reims, et je m’étais levé vers 4 heures pour dire ma messe sur mon autel portatif. Or j’étais à peine à l’Évangile que l’ordre de départ fut donné à mon ambulance. Le temps de finir ma messe et de plier bagage, l’ambulance était loin et je me demandais déjà comment la rejoindre avec mon équipement et ma valise autel. Une voiture passa, conduite par des pontonniers qui faisaient souvent étape avec nous, je pus lui confier ma valise, c’était déjà quelque chose. Il ne me restait qu’à allonger le pas. Je partais donc à bonne allure quand un médecin général m’arrêta et me demanda d’administrer dans une maison, des blessés graves qu’on ne pourrait évacuer avant l’arrivée de l’ennemi. C’était mon devoir et je l’accomplis non sans inquiétude pour la suite. Le médecin m’attendait : « Où couriez-vous tantôt ? » me dit-il. « J’avais manqué le départ de mon ambulance et je ne sais ni où, ni quand la rejoindre ». « Venez avec moi voici mon auto ». Quelques minutes plus tard j’avais rejoint. Ainsi tout ce qui m’avait paru malencontreux était providentiel. Je n’avais été retenu par ma messe que pour me trouver juste à point pour donner à de pauvres soldats mourants et abandonnés, la grâce suprême. Il me fut dès lors facile de ne plus me tourmenter d’aucun imprévu et de me laisser conduire docilement par la Providence.
Notes de bas de page
1 Le grand séminaire du diocèse de Cambrai, d’abord installé en 1838 dans les bâtiments rénovés de l’ancien collège des jésuites, fut transféré à Saint-Saulve près de Valenciennes après la confiscation par l’État du grand séminaire de Cambrai, où il retournera en 1921. L’abbé Liénart y enseigna l’Écriture sainte de 1910 à 1914.
2 « M. Liénart Achille qui a fait une année de service militaire au 43e, puis qui a été réformé pour hypertrophie cardiaque… » (doc. 2). Séminariste, A. Liénart avait fait une seule année de service militaire en 1903-1904. Mais la loi du 21 mars 1905 généralisant le service à 2 ans supprima toutes les exemptions et fit entrer les séminaristes dans le régime commun. Il évita cependant, dans un premier temps, de faire une 2e année en s’inscrivant en Sorbonne ce qui lui permit de bénéficier du régime étudiant mais il fallait pour ne faire qu’un an occuper à 25 ans un poste rétribué par l’État. La loi de séparation ne permettait plus aux séminaristes de bénéficier de cet avantage. C’est donc cette réforme qu’il obtint en 1907 qui le libéra définitivement de toute obligation militaire.
3 Mgr François Delamaire (1848-1913), évêque de Périgueux (1901-1906) fut nommé en 1906, coadjuteur de Mgr Sonnois, archevêque de Cambrai depuis 1893. Il était en fait le véritable archevêque, Mgr Sonnois étant âgé et malade. Lorsqu’il lui succéda en février 1913 il vécut très douloureusement la partition du diocèse et la création du diocèse de Lille. Il mourut le 21 juillet 1913. Le nouvel archevêque fut Mgr Jean Chollet, tandis que Mgr Alexis Charost était nommé évêque de Lille.
4 Les aumôniers, assimilés au grade de capitaine du point de vue de la solde, étaient affectés aux services de santé. Ceci était censé faciliter leur mission qui était traditionnellement d’apporter les secours de la religion aux blessés.
5 Le 1er corps d’armée, correspond à la 1re région militaire dont le quartier général est à Lille. Il y avait en 1914 en France 22 corps d’armée (21 en métropole et le 19e formé en Algérie).
6 L’ambulance est l’unité médico-chirurgicale au niveau du corps d’armée ou de la division.
7 La division est le premier niveau d’organisation militaire et de commandement interarmes. En 1914 une division d’infanterie (DI) est constituée de deux brigades à deux régiments chacune. La DI compte aussi un régiment d’artillerie, un bataillon de génie. Elle a un effectif d’environ 15 000 hommes. Un corps d’armée est constitué d’au moins deux divisions. La loi du 21 mai 1905 qui créa un service militaire pour la première fois égalitaire décida également que 20 classes, d’hommes ayant déjà effectué leur service militaire, seraient désormais mobilisables. Cette loi fondamentale fut complétée en 1913 et permit de disposer dès le début de la guerre de 25 divisions de réserve. Ces lois firent passer sous les drapeaux plus de 8 000 000 hommes durant les cinq années de la guerre.
8 Le médecin-chef est le supérieur hiérarchique de l’aumônier militaire.
9 Major : nom donné jusqu’en 1928 aux médecins militaires.
10 Chaque aumônier titulaire disposait d’une chapelle de campagne dont le contenu était précisé par le décret du 2 décembre 1913 : effets et objets liturgiques nécessaires à la célébration de la messe, y compris, aube et pierre d’autel. Les volontaires ne recevant rien de l’armée ne devaient compter que sur eux-mêmes.
11 Les aumôniers catholiques ont en général continué à porter la soutane pendant toute la guerre. Il y avait en fait une grande diversité dans les tenues, soutanes longues mais aussi souvent raccourcies. La tenue était peu adaptée aux champs de bataille, par contre elle donnait une visibilité qui permettait aux soldats de reconnaître les aumôniers ; elle permettait également de traiter d’égal à égal avec les militaires quel que soit leur grade.
12 Les clercs portaient un chapeau noir à bord rond, appelé improprement chapeau romain.
13 De la région militaire de Rennes.
14 Les troupes allemandes, violant la neutralité de la Belgique s’emparèrent de Liège le 13 août et entreprirent un vaste mouvement tournant à travers le territoire belge. Joffre avait concentré presque toutes ses troupes à l’Est où deux offensives échouèrent en Lorraine. Ce n’est que tardivement qu’il comprit les intentions de l’adversaire et commença à déplacer ses troupes vers le nord-ouest. Mais de Charleroi et de Namur, les Allemands supérieurs en nombre pénétrèrent en territoire français. Le 23 août le général Lanrezac donnait l’ordre de retraite.
15 Le général Mangin réoccupa Onhaye, le 23 août, ce qui conjura momentanément la menace sur le lanc droit de la Ve armée. Mais toutes les autres défenses sur la Meuse étaient tombées.
16 Général Franchet d’Espérey (18561842), commandait le 1er CA, qu’il réussit à rassembler et réorganiser dans la retraite. Il prit une large part à la victoire stratégique de Guise (29 août-2 septembre) qui empêcha von Klück de marcher sur Paris et prépara la victoire décisive de la Marne. Son action lui valut le commandement de la Ve armée pendant la bataille de la Marne.
17 Malgré l’épuisement des troupes la retraite s’était déroulée dans l’ordre. Joffre ayant été informé que la 1re armée allemande prêtait le flanc à la 6e armée française (Maunoury), décida de lancer une puissante contre-offensive, le 6 septembre. La bataille était gagnée le 9 septembre. La mise sur pied d’un transport de troupes par voie de taxis, symbolique à vrai dire, fit naître le mythe des « taxis de la Marne », signifiant surtout la solidarité entre les civils et les soldats.
18 La 5e armée était entre l’armée britannique à l’ouest et la 9e armée commandée par le général Foch.
19 Soit parce que le curé était momentanément indisponible soit parce qu’il était lui-même mobilisé.
20 Les tranchées étaient à l’origine une défense improvisée par les soldats qui creusaient spontanément des « trous de renard » pour se protéger des projectiles : progressivement reliés entre eux ces trous individuels formèrent les premières lignes de tranchées. Ceci s’amorça au cours de l’automne 1914, tandis que s’immobilisaient progressivement les positions en présence.
21 L’action du comte Albert de Mun fut à l’origine de la circulaire ministérielle du 22 août 1914 qui permit d’adjoindre deux aumôniers volontaires, sans solde, à l’aumônier titulaire de chaque division.
22 Le père d’Achille Liénart, lui aussi prénommé Achille est décédé en mai 1911. Sa mère née Louise Delesalle était une cousine du maire de Lille Charles Delesalle. Il est souvent question d’elle dans ce récit et chacune de ses permissions se passait en sa compagnie et celle de sa sœur Anna Wintrebert-Liénart (1882-1976), veuve depuis 1911 avec deux petites filles Marie-Louise et Françoise. À Liénart avait également un frère Maurice (1891-1977), lui aussi mobilisé.
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