1 Ernst Theodor Echtermeyer (1805-1844) a étudié le droit, la philosophie puis la philologie moderne à Berlin. Il est à la fois auteur littéraire, philosophe (esthéticien) et publiciste. À ce titre, il collabore et dirige aux côtés d’Arnold Ruge les Annales de Halle.
2 Pour corroborer cette importance, notons que, dans un ouvrage récent coordonné par Helmut Reinalter, Die Junghegelianer : Aufklärung, Literatur, Religionskritik und politisches Denken (Francfort-sur-le-Main, 2010), trois des huit contributions traitent spécifiquement du rôle joué par Ruge au sein du mouvement des Jeunes Hégéliens.
3 C’est au Congrès de Vienne qu’est adoptée la constitution de la Confédération germanique, c’est-à-dire le regroupement d’États allemands comprenant notamment les deux « superpuissances » que sont la Prusse et l’Autriche. Cf. Joseph Rovan, Histoire de l’Allemagne, Paris, 1999, p. 478.
4 Klemens Wenzel von Metternich, diplomate et homme politique autrichien, est l’instigateur de la Conférence de Karlsbad (20 septembre 1819) dont sont issus les Décrets de Karlsbad, particulièrement liberticides : ils soumettent, au sein de la Confédération germanique, les publications à une censure stricte et les universités au contrôle d’observateurs de l’État. L’influence de Metternich, « le gendarme de l’Europe », ne fait que croître avec l’arrivée sur le trône d’Autriche de Ferdinand en 1835, et dure jusqu’en 1848.
5 Heinrich Heine (1797-1856), poète et Jeune Hégélien, auteur notamment de De l’Allemagne [1855].
6 Ludolf Wienbarg (1802-1872), lié à Gutzkow : il forge l’expression « Jeune Allemagne » en dédicaçant à cette dernière l’ouvrage Ästhetische Feldzüge (Berlin & Weimar, 1964) : « C’est à toi, Jeune Allemagne, que je dédie ces discours, et non à l’ancienne ».
7 Theodor Mundt (1808-1861), auteur notamment de Die Einheit Deutschlands in politischer und ideeller Entwicklung, Leipzig, 1832. Il a étudié la théologie, la philosophie auprès de Hegel et la philologie.
8 Karl Gutzkow (1811-1878), écrivain (auteur de Wally die Zweiflerin), dramaturge et journaliste, a étudié la philologie, la théologie et le droit et a suivi les cours de Hegel et Schleiermacher. Il tente de structurer la Jeune Allemagne en mouvement notamment grâce à la Deutsche Revue (éditée en collaboration avec Wienbarg).
9 David Friedrich Strauss, Das Leben Jesu, kritisch bearbeitet, 2 vols., Tübingen, 1835/1836. Strauss est un théologien de l’école de Tübingen.
10 Il n’est toutefois pas inutile d’insister sur le fait que les auteurs de la Jeune Allemagne avaient eux-mêmes souvent une formation philosophique et avaient pour beaucoup d’entre eux suivi les cours de Hegel.
11 L’une des œuvres de Martin Hundt consiste dans la recherche des lettres de Ruge dans les archives de différents pays. Cf. Martin Hundt : « Ruge und die ‘Hallischen Jahrbücher’ », p. 85 in : Arnold Ruge (1802-1880). Beiträge zum 200. Geburtstag, Lars Lambrecht et Karl-Ewald Tietz (dir.), Francfort-sur-le-Main, 2002.
12 Dans une lettre du 18 novembre 1841, Ruge conseille à Feuerbach de revoir la conclusion, qui répète trop ce qui est déjà énoncé dans l’introduction, et de modifier certains passages qui peuvent donner prise aux critiques des piétistes susceptibles de juger son ouvrage frivole (cf. Ludwig Feuerbachs Sämtliche Werke, vol. 13, Stuttgart/Bad Cannstatt, 1964, p. 85).
13 Rovan (cf. note 3), p. 494 : « Son idéal est la société du Moyen-Âge telle qu’il l’imagine, basée sur des liens de fidélité et de loyauté réciproques entre seigneurs et sujets, […] grâce à une culture illuminée par la foi en un Dieu qui assigne à chacun sa place et sa mission. […] [Il] suscita de grands espoirs et sèmera la déception ».
14 Friedrich Oswald, Schelling über Hegel, in : Telegraph für Deutschland, no 207, décembre 1841, in : Marx Engels Gesamtausgabe, Berlin, 1985, vol. 3, p. 256-257. « Un public varié est présent dans l’auditorium pour être témoin de ce combat. Au sommet des notables de l’université, les coryphées de la science, […] les places proches du pupitre leur sont laissées, et derrière eux, jetés pêle-mêle, comme si le hasard les avaient réunis, se trouvent des représentants de toutes les couches sociales, de toutes les nations, de toutes les confessions. Ici ou là, au milieu de la jeunesse exubérante, un officier supérieur à la barbe blanche, et à côté de lui un volontaire […], de vieux docteurs et des hommes d’église […]. On entend parler tout à la fois allemand, français, anglais, hongrois, polonais, russe, grec et turc » (trad. fr. Anne Durand).
15 Ainsi, Friedrich Gentz, secrétaire de Metternich, décrivait à Adam Müller dès 1819 l’idéal de censure des gouvernements conservateurs de la Confédération : « Je continue à défendre cette position : afin qu’on ne puisse abuser de la presse, pas une ligne de plus ne sera imprimée pendant les prochaines années…, pas une de moins. Si ce principe venait à s’appliquer comme une règle absolue, les rares exceptions étant autorisées par un tribunal indiscutablement supérieur, nous aurions bientôt trouvé le chemin nous ramenant à Dieu et à la vérité » (lettre citée par Eric Hobsbawn, in : L’Ère des révolutions, Paris, 2011, p. 296).
16 Wolfgang Bunzel, Martin Hundt et Lars Lambrecht (dir.), Zentrum und Peripherie : Arnold Ruges Korrespondenz mit Junghegelianern in Berlin, Francfort-sur-le-Main, 2006.
17 Cf., à propos de ces cinq phases, ibid., p. 21-25.
18 Les Burschenschaften sont des sociétés ou associations étudiantes politisées qui soutiennent, à l’époque, l’unification de l’Allemagne et les libertés civiles, notamment la liberté de la presse. Elles sont un savant mélange de libéralisme politique et de nationalisme (allant jusqu’à des positions parfois franchement antisémites).
19 Feuerbach (cf. note 12), p. 22.
20 Bauer, Feuerbach, Strauss et Knapp devaient, à titre d’exemple, toucher 1000 thalers par an.
21 Adolf Friedrich Rutenberg (1808-1869) a étudié la philologie, la théologie et la philosophie, notamment les cours sur la philosophie de l’histoire et l’esthétique de Hegel. Il a participé à de nombreuses revues en tant que contributeur, mais a aussi été le rédacteur ou bien le fondateur de certaines d’entre elles.
22 Johann Jacoby (1805-1877) est un publiciste et un politicien prussien, auteur notamment de Vier Fragen, beantwortet von einem Ostpreußen (Mannheim, 1841).
23 Georg Herwegh (1817-1875), poète et révolutionnaire allemand qui participa activement à l’insurrection de Hecker en 1848, est l’auteur des Vingt-et-une feuilles de Suisse (Zurich et Winterthur, 1843).
24 Karl Rosenkranz (1805-1879), philosophe, élève de Hegel, est aussi son premier biographe. Il a occupé la chaire de Kant à Königsberg. Bien que virulemment opposé à Schelling, Rosenkranz semble se situer au centre de la nébuleuse des hégéliens.
25 Karl Ludwig Michelet (1801-1893) étudie le droit (avec Savigny), la théologie (avec Schleiermacher) et la philosophie avec Hegel. Il participe à l’édition posthume des œuvres de ce dernier et il a lui-même Strauss et Cieskowski comme étudiants à l’université de Berlin.
26 Karl Grün (1817-1887), journaliste, philosophe et homme politique. Il est connu pour avoir été la cible de Karl Marx dans l’Idéologie allemande (cf. Karl Marx et Friedrich Engels, L’Idéologie allemande, Paris, 2012 : t. II, chapitre 4), et pour avoir publié les écrits posthumes de Feuerbach (Ludwig Feuerbach in seinem Briefwechsel und Nachlass sowie in seiner philosophischen Charakterentwicklung, Leipzig, 1874).
27 Cf. Wolfgang Essbach, Die Junghegelianer : Soziologie einer Intellektuellengruppe, Munich, 1988, p. 31.
28 Ibid.
29 Cf. Zentrum und Peripherie (cf. note 16), p. 31.
30 Bernd Schlüter, « Science et raison d’État. Les universités allemandes durant le Vormärz », in : Revue d’Histoire des Idées politiques, no 24, 2006/2, p. 355-356.
31 Il faut noter le progrès et le développement de la presse de manière générale. Cf. Rovan (cf. note 3), p. 491 : « Grâce aux progrès de l’instruction, à la multiplication des publications et à l’amélioration des communications, l’intérêt pour les idées politiques commence à pénétrer dans les milieux populaires, dans les masses petites bourgeoises et artisanales. » Mais ce progrès n’est pas en faveur uniquement des forces libérales ou radicales, il profite aussi à des tendances plus conservatrices, telles qu’elles s’expriment dans la Feuille hebdomadaire politique berlinoise (Berlinisches politisches Wochenblatt) ou le Journal de l’Église évangélique (Evangelische Kirchenzeitung).
32 Le club des docteurs est un groupe de Jeunes Hégéliens, composé d’étudiants et de jeunes professeurs, situé à Berlin et auquel a appartenu Marx. Après le départ de ce dernier pour Paris en 1842, le groupe devient le cercle des Freien (Affranchis). Il est alors centré autour de Bruno Bauer. Friedrich Engels, Ludwig Buhl, Karl Nauwerck, l’éditeur Otto Wigand, Meyen, Köppen, et Max Stirner en ont été membres. Ce groupe, qui n’a jamais vraiment été homogène idéologiquement ou philosophiquement, cesse peu à peu d’exister en tant que tel vers la fin des années quarante.
33 Eduard Zeller (1814-1908), a étudié la théologie et la philosophie à Tübingen. Proche de Strauss, il devient professeur de théologie, puis de philosophie.
34 Jakob Friedrich von Reiff(1810-1879) étudie la théologie et la philosophie à Tübingen, où il devint plus tard professeur, puis recteur. Reiffn’a rien d’un radical, et il cherchera à réconcilier le dualisme qu’il perçoit chez Hegel, ou du moins dans la scission entre ses épigones.
35 Schülter (cf. note 30), p. 356.
36 Heinrich Heine, Sur l’histoire de la philosophie et de la religion en Allemagne, rééd. Paris, 1993 [1835].
37 Zentrum und Peripherie (cf. note 16), p. 44.
38 L’Idéologie allemande (cf. note 26), p. 9.
39 Allusion à la onzième des Thèses sur Feuerbach (ibid., p. 4).