Flos commentariorum. La place du Commentaire sur le Banquet dans le corpus des commentaria in Platonem
p. 123-134
Texte intégral
Le repas achevé, Bernardo Nuzzi prit le livre de Platon intitulé Le Banquet ou De l’amour, et il lut tous les discours qui le composent. Cela fait, il invita chaque convive à interpréter chacun l’un de ces discours. Tous acceptèrent. L’on tira au sort : le commentaire du premier discours, celui de Phèdre, revint à Giovanni Cavalcanti…1
1Tous ceux qui se sont intéressés à l’œuvre de Marsile Ficin n’ont pas manqué de souligner les caractères qui font que, parmi les Commentaria in Platonem, le Commentaire sur le Banquet occupe une place à part et un rang privilégié : premier en date des grands commentaires ficiniens, avant le Philèbe, il est – comme d’une certaine façon, on le dira, du Philèbe – exceptionnellement adossé à un événement symbolique de la vie intellectuelle de Florence, en tout cas de l’accademiola : le rétablissement en 1468 de l’usage qu’ont eu longtemps les anciens platoniciens, de célébrer le sept novembre, anniversaire de la naissance et de la mort du philosophe. En effet, même si l’on fait la part des ajustements, comme de prêter après coup à Laurent l’initiative de la rencontre, déplacée à Careggi (voir les ratures du Laurentianus Strozzi 98, analysées par Sebastiano Gentile2), du réarrangement aussi, qui distribue entre sept convives, bientôt réduits à trois, un discours qui est d’un bout à l’autre celui de Ficin, deux lettres, à Jacopo di Poggio Bracciolini et à Francesco Bandini3 ne laissent subsister aucun doute sur l’historicité et la solennité d’un double entretien, le matin en ville sur le sujet de l’immortalité de l’âme, le soir dans les environs, sur le sujet de l’amour.
2Outre cette circonstance, le Commentaire sur le Banquet est encore le seul des grands commentaires qui soit achevé, le seul qui ait circulé immédiatement et longtemps à travers une pléiade de manuscrits (Raymond Marcel en décrivait déjà dix-neuf), dont un, le Vaticanus lat. 7705, est dédié à Jean Cavalcanti avec une amoureuse préface, et plusieurs autres sont adressés personnellement à des proches : Janus Pannonius, Francesco Piccolomini, Antonio Campano… ; c’est le seul dont son auteur ait presque aussitôt jugé bon de donner une traduction en langue toscane accio che quella salutifera Manna a più persone sia commune et facile4, traduction elle-même objet de deux éditions au siècle suivant ; le seul qui ait bénéficié très vite et d’une deuxième traduction italienne, celle de Barbarossa, et de deux traductions françaises, de Symon Sylvius et de Guy Le Fèvre de la Boderie ; le seul enfin qui ait joui d’une immense réputation et, le sujet aidant, exercé une durable influence dans la société lettrée européenne bien au-delà du cercle philosophique, inspirant les poètes et déclenchant une longue série de dialogues et de traités sur l’amour5.
3Aussi est-ce le seul auquel son auteur confère le statut de « livre », puisque, par un glissement plein de sens, à côté de la désignation la plus fréquente, Commentarium in Conuiuium de Amore, où les mots de Amore précisent seulement le sujet traité dans le cadre du banquet-source, il le nomme aussi lui-même, et ainsi fait Laurent, le « Livre de l’Amour », Liber de Amore : c’est le mot employé dans la dédicace à Jean Cavalcanti : … De Amore librum composui, quem manu mea scriptum tibi potissimum dedicare constitui6… et plus tard dans une lettre à Nicola Valori : « Que réponde de mon affection le livre entier que j’ai composé naguère sur l’Amour », Totus ille liber quem olim de Amore scripsi7 ; le mot qui vient tout naturellement sous la plume de Laurent, quand, dans une lettre à Ficin de 1474, il se félicite d’une relation si conforme à « ce livre où il a si bien exprimé tous les effets de l’amour qu’il n’est rien en amour qui ne se trouve dans le livre, ni rien dans le livre qui ne relève de l’amour »8 ; enfin c’est le titre de la version en langue toscane selon tous les manuscrits qui exhibent cette sphragis : « Finische il libro dello Amore di Marsilio Ficino florentino ».
4C’est que, sans même parler du fond, entendez par là le fait qu’à travers le texte d’un autre l’interprète exprime sa propre pensée, ici, « Platon pour disposer au christianisme » (Pierre Magnard) – et là-dessus aucun de ceux qui ont écrit après Ficin ne s’y est trompé, ni Leone Ebreo, ni Mario Équicola, ni Agostino Nifo, qui le nomme parmi les auctores qui ont écrit sur l’amour, – sans parler, donc, du fond, ou plutôt autant que le fond, le choix de la fiction et la forme du dialogue, ou plutôt de la suite de discours qui, non sans élégance, permet au philosophe, modeste neuvième convive, de déléguer et de partager sa pensée entre des interlocuteurs amis, le distinguent radicalement non seulement des autres « commentaires » ficiniens, mais de l’ensemble de la tradition exégétique, l’arrachent quasiment à l’enseignement d’école, l’annexent à la littérature, l’insèrent plus précisément dans le genre du dialogue philosophique qui fleurit à Florence après Athènes, entre le Paradiso degli Alberti et les Conversations au couvent des Camaldules. Landino (aussi un des convives du banquet ficinien) le reconnaît lorsqu’il feint qu’Alberti s’adresse ainsi à Laurent : « Mais je crois, mon cher Laurent, que ces choses ne t’échappent pas : car elles ont été exposées savamment et clairement, mieux : lumineusement par notre Marsile dans les dialogues que sous ton nom il a composés sur le Banquet de Platon. »9
5C’est en mettant l’accent sur ce caractère que j’ouvrais en 2002 ma présentation de ce petit chef-d’œuvre. Il n’en reste pas moins que Ficin a toujours tenu à conserver à son ouvrage son titre et son caractère de « commentaire » ; que, du vivant de Ficin et pour longtemps le texte latin du Banquet ne fera pas l’objet d’une édition séparée mais circulera toujours en compagnie, soit avec le texte de Platon, soit au milieu des autres dialogues. Certes il ne figure pas dans les splendides Quinque perpetuo Commentaria in Platonem que Ficin prépare pour Laurent dans les premières années de ‘90 et qui paraîtront, dédiés à Nicola Valori, à Florence, chez Lorenzo Francesco de Venetiis en 1496. Mais la Dispositio Commentariorum qui accompagne la dédicace10, si elle justifie logiquement l’ordre de présentation des cinq autres commentaires continus (Parménide,Timée, Sophiste, Phèdre, Philèbe : deux pour la métaphysique, un pour la physique, deux mixtes divin-humain), n’ignore pas pour autant le Conuiuium, elle explique seulement son absence par la publicité dont il a déjà plus que suffisamment bénéficié : Commentarium quidem in Symposium tamdiu non solum editum est sed passim etiam diuulgatum11. En revanche, notre commentaire est donné à sa place, la vingt-quatrième, entre l’Epitome du Gorgias et l’Argumentum du Phèdre, tant dans les Opera omnia Platonis (1484, 1491), que dans les Opera omnia Ficini (1561, 1576, réimpr. 2000, préf. Toussaint) où la section des Commentaria in Platonem reprend strictement le même ordre. Et il lui est fait régulièrement référence comme à une pièce insubstituable de l’exégèse philosophique12.
6Autant de faits qui nous obligent à replacer l’ouvrage dans l’ensemble auquel il appartient, non comme une greffe étrangère, mais comme une fleur précoce et de fait la plus réussie.
7Ouvrons donc la partie des Opera omnia de 1561 (rééd. 1576, réimpr. 2000, avec une préface de Stéphane Toussaint) qui renferme l’état le plus complet des commentaires in Platonem. L’éditeur a suivi deux principes : a. Ne laisser rien perdre des commentaires ficiniens, souci qu’attestent des titres comme Collectanea etAnnotationes quotquot extant et, déjà dans l’édition de 1496, et d’ailleurs reproduites ici, des expressions comme (à propos du Philèbe) : Sequuntur diuulsæ quædam annotationum reliquiæ ex eisdem Marsilii lectionibus collectæ… Hactenus collecta cursim ex Marsilianis lectionibus in priores Philebi partes ; b. respecter exactement, pour la commodité de la consultation, l’ordre des Opera Platonis. La rançon de ce choix est disparate : c’est, préfacée par la grande dédicace à Laurent, reprise des Opera Platonis13, la juxtaposition de parties composées à des dates différentes et archivées ici avec leur paratexte originel. Du moins cette composition enregistre-t-elle, reflète-t-elle très fidèlement, la chronologie, les progrès, les sédimentations successives du commentaire, depuis les dix premiers courts Argumenta qui remontent aux années soixante et sont dédiés à Cosme mort en 1464, en passant par les neuf composés en hommage à Pierre, puis tous les autres, offerts à Laurent, et dont une première rédaction, achevée en hâte pour l’édition des Opera Platonis de 1484, s’enrichit, pour les cinq grands commentaires autres que le Banquet, de la version préparée pour Valori en 1496. Nulle part les traces du bricolage ne sont plus visibles que pour ce qui touche à ces cinq dialogues : puisque la dispositio commentariorum attachée à la dédicace à Valori est conservée, annonçant l’ordre que nous avons dit : Parménide, Timée, Sophiste, etc., alors que les commentaires du Parménide et du Philèbe, désormais enrichis, sont restés à leur place, de neuvième et dixième dialogue, tandis que la dédicace à Valori ouvre directement sur le Sophiste, suivi de sept courts epitomæ, puis du Banquet, du Phèdre et beaucoup plus loin, après la République, du Timée, toujours selon la disposition de 1484.
8Autre caractère : l’inégalité de traitement qui fait co-exister au moins trois formes canoniques. La grande préface14 en distingue et hiérarchise deux : les argumenta (appelés aussi epitomæ et une fois au moins compendium) et les Commentaria proprement dits, les premiers plus resserrés (perstrinxi) et d’une seule venue, les seconds développés (explicaui) et divisés en chapitres ; les premiers donnant un argument général, les seconds, entrant dans le détail (cf. In Menonem, page 120 : Argumentum autem summam rei caputque requirit, singula quippe discutere non argumenti, sed commentarii potius est officium. Toutefois l’un peut préluder à l’autre : sed de his latius in Commentariis15 et la frontière entre les deux formes ne laisse pas d’être fluctuante). Un seul exemple parmi d’autres : concluant son argumentum sur le dixième dialogue de la République, Ficin écrit : « Mais tu vas dire, noble Laurent, que ton Marsile t’offre ici un commentaire plutôt qu’un argument Eh ! bien, tu n’as pas lieu de te plaindre si je t’ai donné plus que je n’ai promis. »16
9S’ajoute une troisième forme canonique : les Summæ ou Distinctiones capitum : c’est la division et l’analyse du texte latin du dialogue en chapitres de longueur variable, chaque chapitre étant numéroté, pourvu d’un titre et attaché à l’incipit du lemme, c’est-à-dire à la citation des premiers mots du développement dans les Platonis Operaomnia.
10Conséquence du relatif inachèvement de l’œuvre : ces diverses formes coexistent et se complètent. Le commentaire du Sophiste consiste en un court Argumentum, suivi de quarante-huit Distinctiones et summæ capitum ; pour le Phèdre le commentaire en forme est suivi d’un Commentum cum summis capitulorum ; même chose, en plus compliqué encore, pour le Philèbe17. Mais la co-existence elle-même est éclairante : alors que les summæ, tel des aide-mémoire, se bornent à donner un conspectus fidèle du corps du texte du dialogue-source, les argumenta, ou du moins certains d’entre eux, comme celui du Ion, ouvrent des pistes interprétatives inédites et surtout les commentaria, nourris du meilleur de la tradition exégétique séculaire, dépassent de loin l’expositio pour proposer une synthèse personnelle puissamment originale.
11Voici enfin un dernier caractère du commentaire ficinien : bien que, forcément, ces textes aient reçu la dernière main, extremam manum18 dans l’intimité du cabinet, c’est le lien qu’ils entretiennent, en dehors même des dédicaces et des préfaces, avec l’oralité, avec l’enseignement du maître, avec l’amitié philosophique, avec le fonctionnement de la petite Académie. Ainsi mainte déclaration donne lieu de croire que les arguments censés précéder ces traductions ont été élaborés au cours d’entretiens familiers avec ses amis et disciples complatonici, qui, écrit-il, nos quandoque legentes et quasi docentes audiuerunt19. Parmi eux, il nomme Bartolomeo Valori et Piero Pazzi20, et on devine les autres : Cristoforo Landino, Peregrino Allio, Benedetto Accolti et sans doute les Laurent et Julien de Médicis. À la fin du premier livre des Collectanea in Philebum, il estime avoir répondu à la question, illa tua quæstio, que lui posait son ami et confident Michele Mercati21. Conséquence et trace de cette pratique : un exposé souvent scandé par des questions (Quorsum hæc?), des incises (inquam), des appels à l’auditeur présent ou supposé (Aduerte, Intellige, Nota ibidem et illud, Notabis et illud, Tu uero memento, Sed tu uideris), des exhortations, des objurgations… De quelque façon qu’elle ait été vécue, cette posture confère parfois à la diction ficinienne plus qu’une singulière éloquence, une singulière chaleur22, qui ne saurait surprendre dans la famille platonicienne pour peu qu’on se rappelle le ton sur lequel Denys l’Aréopagite s’adresse à son frère en religion : « Pour toi, cher Timothée… ».
12Engagés sur cette voie (de l’oralité), nous n’aurons garde d’oublier que le Philèbe, avant le Banquet, qui ne sera lui-même exposé publiquement qu’en 147423, a fait l’objet en 1469, « à la demande, écrit Ficin, des principaux citoyens de Florence » d’une lecture publique qui aurait eu lieu selon Paul-Oskar Kristeller et Raymond Marcel24 à Sainte-Marie-des-Anges, ou, si l’on suit une suggestion de Michael Allen25 (note 31, page 523), non loin de la vieille église, à ciel ouvert dans la Rotunda dessinée par Giuliano da Sangallo et encore en construction. Si l’édition a effacé la trace de cet épisode, du moins un manuscrit témoigne éloquemment de ce que fut ce premier état. En effet, dans le manuscrit Vaticanus Latinus 5953, le texte est précédé folio 321 d’une longue introduction dont on retrouve les principaux passages dans les Lettres (Opera, I, page 886, 2) sous le titre Oratio in principio lectionis26 : « L’antique coutume, ô mes très chers frères, voulait que ceux qui avaient reçu avec abondance les moissons espérées en offrissent les prémices à Dieu… De la même façon, nous aussi offrons au milieu de cette église la pieuse philosophie de Platon… »27
13C’est sans doute le lieu ici de rappeler qu’en donnant cette solennité à son enseignement, Ficin ne fait, ici encore, que suivre l’exemple de ses maîtres néo-platoniciens : le modèle à présent est celui de Proclus et de son commentaire sur la République28, en fait une série de dix-sept dissertations ou plutôt discours, dont le sixième notamment se distingue par sa longueur et aussi par sa solennité ; prononcé lui aussi le jour anniversaire de la naissance de Platon, il s’ouvre sur une introduction majestueuse et se ferme sur une conclusion non moins éloquente.
14Sed redeamus ad nostrum dialogum. Mieux instruits de l’extrême liberté qui préside à la conception ficinienne du commentaire – et je n’ai pas évoqué les Apologues annexés au commentaire du Philèbe –, revenons en effet à notre dialogue pour souligner le statut ambigu de cette œuvre à double face, à la fois livre autonome et sans conteste l’un des grands commentaires au sens plein du terme.
15Ce qui en fait d’emblée une œuvre à part, c’est, on l’a dit, l’homologie voulue avec le texte-source, cet autre banquet29, où tout est fait pour produire l’effet de réel, y compris le remplacement de deux convives qui permet, en la confiant à un seul porte-parole, de renforcer l’unité d’interprétation des trois premiers discours – je ne vois pas, soit dit en passant, que l’on se soit avisé que cette astuce est imitée du début du Timée, où l’un des invités doit aussi être remplacé. En tout cas le premier résultat de cette option, qui fait de chaque partie du commentaire une oratio en forme, est de conférer à la démonstration les qualités que Ficin lui-même a définies très bien, parlant dans la grande Préface à Laurent des vertus du dialogue :
Agit autem (sc. noster Plato) dialogis omnia: ut sermo uiuens personas loquentes ante oculos ponat persuadeat efficacius et moueat uehementius (Accedit ad hoc quod amicos (ut par est) opportune dialogis suis honestat, facilius multos posteritati commendans…) Mitto quod dialogus mira quadam uarietate delectat et attentione audientes detinet et legentes…
16Ces qualités que Ficin prête au dialogue platonicien se retrouvent indéniablement ici : politesse, élégance des prises de parole, aisance souriante quand (Or. VI, cap. 1) « Tomaso Benci, fidèle imitateur de Socrate, se met à commenter, de bon cœur et le sourire aux lèvres, libenti animo et hilari uultu, les propos du maître »30 ; et, avec cette communion spirituelle et quasi religieuse de convives et amis embrasés par l’ardeur de chercher et de trouver l’Amour (inueniendi amoris incensi amorem quæsivimus et inuenimus)31, une chaleur qui ne s’exprime pas seulement dans l’exhortation finale, mais à plusieurs reprises soulève, exalte le discours : tel, prêté il est vrai, à l’ami de cœur mais appelé par la conscience du caractère merveilleux que révèle le raisonnement, l’élan incantatoire qui commente les effets merveilleux de l’amour réciproque, chacun mourant en lui-même, en l’autre ressuscitant :
« Chaque fois que deux êtres s’entourent d’une mutuelle affection, l’un vit en l’autre et l’autre vit en l’un. De tels êtres s’échangent tour à tour et chacun se donne à l’autre pour recevoir l’autre à son tour. Comment ils se donnent en s’oubliant eux-mêmes je le vois. Mais comment ils reçoivent l’autre, je ne le comprends pas. Car qui ne se possède pas soi-même, encore moins en possède-t-il un autre. Or tout au contraire chacun d’eux se possède lui-même et possède l’autre. Celui-ci se possède, mais en l’autre ; l’autre aussi se possède, mais en celui-ci. Évidemment, puisque je t’aime, toi qui m’aimes, je me retrouve en toi, qui penses à moi et je recouvre en toi, qui le conserves, le moi perdu par moi du fait de ma propre négligence. Et toi, tu fais la même chose en moi. Ceci encore paraît une chose merveilleuse. Si, après m’être perdu je me retrouve en toi, je me possède par toi ; mais si je me possède par toi, je te possède avant et plus que moi-même, puisque je n’adhère à moi-même que par ton intermédiaire. C’est en cela précisément que la puissance de Cupidon diffère de la violence de Mars. Car la conquête et l’amour s’opposent en ce que le conquérant s’empare des autres par lui-même tandis que l’amoureux prend possession de lui-même grâce à un autre, chacun des deux amants s’éloignant de lui-même en se rapprochant de l’autre, mourant en lui-même, en l’autre ressuscitant. Toutefois il y a dans l’amour réciproque une seule mort et une double résurrection. De fait, celui qui aime meurt une seule fois en lui, parce qu’il s’oublie. Mais il revit aussitôt en l’aimé quand celui-ci s’empare de lui dans une pensée ardente. Et il ressuscite une deuxième fois quand il se reconnaît en l’aimé et ne doute pas qu’il soit aimé. Ô bienheureuse mort, suivie de deux vies ! Ô merveilleux échange, dans lequel chacun se livre lui-même à l’autre, et possède l’autre sans cesser de se posséder ! Ô gain inestimable, quand deux êtres ne font qu’un, au point que chacun des deux, au lieu d’un, devient deux et que, comme dédoublé, celui qui n’avait qu’une vie en a désormais deux grâce à cette mort ! Car qui meurt une fois et ressuscite deux fois, au lieu d’une vie en acquiert deux et au lieu de lui seul se retrouve deux32. »
17On comprend que ces lignes brûlantes aient par contagion communiqué leur flamme à plusieurs générations de lecteurs et de poètes. Reste alors, en compensation – c’est mon souci aujourd’hui –, à évoquer les traits qui inscrivent malgré tout clairement notre ouvrage dans le corpus des commentaires ficiniens. C’est d’abord, bien entendu, la méthode exégétique, même si le dépassement du texte de Platon est rendu plus visible qu’ailleurs par la décision géniale de faire du discours de Socrate – j’emprunte les mots de Laurence Boulègue33 – le lieu d’une vérité qu’il projette sur les discours précédents, greffant par exemple sur la modeste intervention de Pausanias le sublime développement sur la beauté splendeur de la face de Dieu.
18Mais je ne veux retenir ici que les traits formels. À défaut du Prœmium qui traditionnellement ouvre l’interprétation en définissant le scopos, l’utilité, l’authenticité, l’ordre de lecture, la division en chapitres, j’en recense trois. Le premier est l’usage de la citation du texte-source. Ficin s’est même vanté, dans une lettre à Campano, citée par Marcel (page 115), d’avoir inséré dans le commentaire « presque tout le texte de Platon ». C’est bien exagéré : néanmoins, en plusieurs discours, ce sont les mots mêmes de Platon, les anciens platoniciens appellent cela la lexis, qui sont adroitement introduits dans le discours et font l’objet de l’exégèse. Ces citations, de longueur diverse, allant une fois au moins jusqu’à une douzaine de lignes, sont soulignées dans le manuscrit autographe, dans d’autres elles apparaissent en rouge – il faudra voir ce qu’il en est en 1484, 1496, 1561.
19Le deuxième trait est l’importance donnée aux transitions, l’extrême soin avec lequel sont soulignées les articulations, soit du discours-source :
« En voilà assez pour le discours de Pausanias, expliquons maintenant celui d’Eryximaque. » (III, 1 : Pausaniæ hactenus, nunc Eryximachi orationem interpretemur)
20soit du commentaire lui-même :
« Mais en voilà assez sur son origine et sa noblesse. Il faut à présent parler de son utilité. » (I, 4)
21le soin encore avec lequel est marqué le passage du résumé à l’interprétation :
Tel est le résumé (summa) de l’argumentation d’Agathon. Quant à nous, il faut nous demander pourquoi il dit Amour beau et bon… (V, 1)
22le soin enfin avec lequel la teneur du développement est soit annoncée : Summa uero nostræ interpretationis erit eiusmodi… soit conclue : Hæc igitur [… ] interpretationis nostræ compendium.
23Ce sont procédures que Ficin n’invente pas, procédures d’école, dont maint équivalent se trouve chez ses prédécesseurs, Hermias34, ou Proclus35, qu’il traduira, nous dit Corsi, à l’âge de cinquante-huit ans, mais qu’il possède et pratique depuis longtemps :
Τοσαῦτα καὶ περὶ τῆς αὐλητικῆς εἰρήσθω,
En voilà assez également sur l’art de la flûte.
Ταῦτα μὲν οῦν περί τε μαθήσεως καὶ εὐρέσεως εἴχομεν λέγειν,
Voilà ce que nous avions à dire sur l’étude et la découverte.
24La traduction matérielle de cette aspiration à la clarté sera, et c’est le trait le plus remarquable et celui qui, à Florence même, à ce moment, distingue le commentaire ficinien, la division du texte en chapitres numérotés et dotés chacun d’un titre qui en résume l’argument. Ici encore Ficin ne calque pas, mais adapte avec élégance, ou plutôt perfectionne, les modèles offerts, avec déjà des différences sensibles, par la tradition grecque tardive. Le commentaire de Proclus sur l’Alcibiade, tel qu’il a circulé, est ponctué, on le sait, par des lemmes, qui sont des portions, de longueur variable, du texte de Platon à commenter. Ces lemmes auraient été ajoutés, semble-t-il, après coup par ses éditeurs36, mais c’est ainsi que le commentaire a été transmis. Le cours d’Olympiodore sur le même Alcibiade, est, après une introduction générale, divisé en trois grandes sections ou tmèmata, elles-mêmes divisées en 28 praxeis ou leçons qui, partout où on peut le vérifier, coïncident avec les débuts et fins de lemmes chez Proclus, chaque leçon étant pourvue d’un numéro d’ordre toujours amené par la même formule : « Deuxième, Troisième, Xième praxis sun theoi », et très souvent fermée par une formule de conclusion, chacune aussi composée de deux parties, explication du fond (ταῦτα κοινῆι περὶ τουτῶν εἰρήσθω…) et celle de la forme, lexis : (…Τῶν δὲ καθ᾽ ἓκαστα ῥημάτων), une pratique déjà présente chez Proclus, mais appliquée chez lui avec beaucoup plus de souplesse. Parmi les commentaires néo-platoniciens d’Aristote à la même époque, ceux de Jean Philopon, étudiés par Pantelis Golitsis37, qui complète sur ce point les analyses du Père Festugière38, sont construits sur la même triple séquence, numéro de la praxis, explication du fond, explication des mots.
25Tout en s’inspirant de cette tradition de clarté, tradition de professeurs, qui a fait ses preuves, la méthode de Ficin sera plus libre, moins scolaire. On ne trouve pas ici, pas plus que dans les autres Commentaires proprement dits, le découpage du texte en lemmes, qu’il réserve, on l’a dit plus haut, aux summæ, la saisie du lemme étant alors réduite aux premiers mots du fragment39.
26Point de lemmes, donc. À défaut, des divisions claires, signalées non seulement par un chiffre comme étaient les praxeis d’Olympiodore, mais aussi par un titre qui en résume l’argument : grâce à cette présentation, qui répond à un souci fondamental de lisibilité que notre auteur formulera plus tard expressément lorsque Laurent lui offrira de faire rééditer royalement sa traduction de Platon (« Je veillerai, écrit-il alors à Martin Uranio40, de toutes mes forces, à ce que cette édition soit plus correcte que la première. Je veux en outre diviser chaque dialogue en chapitres et en paragraphes et leur donner un titre approprié »), qu’il appliquera également à sa traduction en langue toscane du De monarchia de Dante, dont les chapitres, simplement numérotés dans l’original, sont enrichis de titres de son cru, le commentaire, on doit le souligner, se modèle sur le traité en forme, tel qu’il est représenté (pour rester dans le domaine philosophique) dans la Summa contra gentiles ou l’Itinerarium mentis in Deum ou la Theologia platonica de Ficin lui-même, et auquel il emprunte la figure, mieux : le statut d’un discours structuré.
27Cette disposition du commentaire humaniste, qui nous paraît si familière, innove avec bonheur par rapport à la pratique de l’époque, celle par exemple d’un Donato Acciaiuoli qui dédie à Cosme son interprétation de l’Éthique à Nicomaque41, ouvrage touffu qui sur deux cents soixante-trois folios enchaîne sans interruption les citations des incipit de lemmes et leur élucidation ; et elle ne s’est pas imposée d’emblée dans notre commentaire lui-même, puisque dans le Vaticanus autographe le texte se suit d’une seule coulée, seules des majuscules un peu plus grandes indiquent le changement d’orateur et, dans les marges, seulement certaines des notes résument un paragraphe et constituent parfois de véritables arguments. Et c’est une autre main qui, avant 1480, a ajouté dans ces mêmes marges et à l’intérieur du texte la division définitive par Discours et par Chapitres. Il en va de même de tous les manuscrits classés par Marcel dans une première catégorie. Mais dans une deuxième catégorie de manuscrits, comme dans les Opera Platonis et dans les Opera omnia, ces précieuses divisions sont déjà passées dans le texte.
28On voit que toutes ces observations nous acheminent vers une conclusion inverse de celle de Della Torre, déjà réfuté par Marcel avec d’autres arguments. Selon Della Torre, Ficin aurait rédigé deux fois, en 1467 et en 1475, le De Amore et ne nous aurait laissé que la deuxième version. La version de 1467, que nous n’avons plus, écrivait ce savant, devait se composer d’un avant-propos comprenant la vie de Platon et le résumé de sa doctrine, après quoi, le Commentaire se développait comme les autres grands dialogues, sans faire intervenir aucun personnage. Ce n’est que plus tard, à la demande de Laurent, qu’il aurait imaginé le fameux banquet, revoyant son texte à la lumière de la foi et attribuant aux invités du prince les thèses du Commentaire42.
29Il apparaît au contraire que, loin d’évoluer du commentaire d’école au dialogue mondain, le De Amore, conçu dès le départ comme une série de discours entre amis, ce qu’il reste, mais doté dès le départ des qualités de méthode qui lui donnent sa clarté lumineuse, a reçu, chemin faisant les apprêts matériels (la division en chapitres) qui lui donnent d’avance une figure identique aux autres commentaires. Je dis : d’avance, puisque c’est pour ce commentaire, le premier de tous, ne l’oublions pas, qu’il met au point, que nous le voyons en train de mettre au point la technique de présentation qui s’impose encore à l’éditeur moderne et qu’il appliquera lui-même par la suite, d’abord, en 1484, au seul Compendium in Timæum (sans toutefois les numéros de chapitres), puis en 1496, dans les Commentaria V in Platonem, aux cinq autres grands commentaires (titres et numéros de chapitres), qu’on peut lire dans le superbe vélin conservé à la grande Réserve de la BN (Vélins 1006-1007), chef-d’œuvre de mise en page, élégante et aérée.
Notes de bas de page
1 M. Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, texte établi, traduit, présenté et annoté par P. Laurens, Paris, 2002, p. 6.
2 S. Gentile, « Per la storia del testo del ‘Commentarium in Conuiuium’ di Marsilio Ficino », Rinascimento 2e série, 21 (1981), p. 3-27.
3 Ficini Opera omnia, Basileae, ex officina Henricpetrina, 1576, vol. I, p. 657 et 782.
4 Prœmio di Marsilio Ficino florentino sopra il libro dello Amore a Bernardo del Nero et Antonio di Tuccio Manetti, dans P. O. Kristeller, Suppl. Fic., I, Florence, 1937 (rist. 1973, p. 89-90).
5 A.-J. Festugière, La philosophie de l’amour de Marsile Ficin et son influence sur la littérature française du XVIe siècle, « Études de philosophie médiévale » 31, Paris, 1941 (réimpr. Paris, 1980).
6 M. Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, éd. cit., 2002, p. 3.
7 M. Ficin, Opera omnia, éd. cit., 1576, I, p. 656 (Florence, 8 avril 1474).
8 Ibid., p. 621 : In eo libro quem de amore scripsisti cunctos amoris affectus adeo ex arte posueris, ut nihil in amore inueniatur, quod non eo libro legi possit, nihilque in tuo libro legatur, quod in amore non sit.
9 C. Landino, Disputationes Camaldulenses, éd. P. Lohe, Firenze, 1980, IV, p. 214 : Sed hæc de te Laurenti minime latere puto. Sunt enim non solum docte ec distincte sed omnino dilucide a Marsilio nostro in iis dialogis explicata, quos ille in Platonis Symposium conscriptos sub tuo nomine edidit…
10 Opera omnia, éd. cit., II, p. 2136.
11 Ibid., Dispositio Commentariorum: Commentarium quidem inSymposiumtamdiu non solum editum est sed passim etiam diuulgatum. Nunc uero quinque nobis perpetuo commentaria in primis disponenda uidentur: in quorum dispositione si sequimur ordinem universi, primum erit inParmenidem, tanquam reuera primum, de ipso uidelicet uno rerum omnium principio tractans. Secundum in Sophistamde ente disputans et non ente. Hos autem libros metaphysicos atque diuinos Timæus physicus sequi debet. Quartum uero locum teneat expositioPhædri. Phædrus enim diuina cum Physicis humanisque permiscet. Quintum autem enarratio habeat in Philebum. Nam etsi Philebusetiam quodammodo hæc miscet omnia, Phædrus tamen in hoc ordine prior erit, ob longiorem uidelicet diuinorum disputationem, præcipuumque diuini furoris munus Philebo diuinior. Horum autem commentariorum quinque digestionem sequetur index atque catalogus dialogorum omnium Platonicorum humano quodam ordine deinceps disponendorum.
12 Ibid., II, p. 2416 (8e dialogue de la République) : Naturalem quidem mentis incessum una cum Platone tractauimus in Philebo, excessum uero naturali motu superiorem attingimus in epistola atque una cum Platone in Phædro Symposioque tetigimus et qua ratione diuinus amor qui in uoluntate accenditur, intellectum in unitatem summam transferat, qua præcipue Deo fruimur, in Commentariis in Dionysium declarauimus.
13 Ibid., II, p. 2128-2130.
14 Ibid., II, p. 2129 : « Après la mort de Pierre, la Fortune, souvent jalouse des meilleures œuvres, m’a distrait malgré moi de mon travail de traduction. Mais toi, le serviteur de la religion et le patron de la philosophie, tu m’as ramené à ce que j’avais entrepris, en m’assurant de toute ta bienveillance et de ton appui. J’ai donc repris sous d’heureux auspices le travail commencé et non seulement j’ai traduit, mais j’ai tantôt résumé la pensée de Platon en des arguments, tantôt je l’ai expliquée, autant que j’ai pu, en de brefs commentaires. » (neque traduxi tantum uerum etiam partim argumentis mentem perstrinxi Platonicam, partim quod potui breuibus commentariis explicaui…)
15 Ibid., II, p. 2153 (In Alcibiadem primum, uel de natura hominis Epitome): Sed de his latius in commentariis, quæ in decem hos Platonis scribere iam institui ; p. 2154 (In Alcibiadem Secundum uel de uno Epitome) : Sed de his omnibus in nostris Commentariis diligentius…
16 Ibid., II, p. 2418 (In Timæum commentarium) : Verum dicis iam, magnanime Laurenti, te hic a Marsilio Ficino commentarium accepisse potius quam argumentum. Esto sane, operæ pretium fuisse arbitror atque fore, si argumentum quidem promiserim, commentarium uero præstiterim ; p. 1466 : Decreueram magnanime Laurenti breuiora hic, quemadmodum argumentum decere uidebatur, afferre, multa que amplioribus commentariis, quæ in Timæum iam designauimus reservare. Sed Philippus Valor Platonicorum studiosissimus, penes quem uniuerso Platonico operi in agro Maiano, extremam manum imposui, plura me hic coegit effundere.
17 Ibid., II, p. 2373 : Finis Commentarii in Phædrum, sequitur Commentum cum summis capitulorum in Phædrum ; p. 1260 : Hactenus collecta cursim ex Marsilianis lectionibus in priores Philebi partes. Expositiones autem reliquas in totum Philebum legito. Sequuntur ergo deinceps distinctiones capitum ex Philebo, capitumque summæ pro commentariis.
18 Ibid., II, p. 1466 (In Timæum, à Valori).
19 Ibid., I, p. 936.
20 Ibid., II, p. 1136 : Bartholomeus Valor, uir admodum elegans et, ut ita dixerim, urbis nostræ delitiæ, una cum socero suo Petro Paccio, clarissimo equite, enarrationibus disputationibusque in Platonem nostris frequenter interfuit atque omno studio celebrauit.
21 Ibid., II, p. 1252, fin des Collectanea in Platonis Philebum : In quo certe soluta est tua illa quæstio, uir doctissime Minicitensis Michæl conphilosophe noster, plurimumque dilecte. Sæpe enim mecum, ut frequenter a primis annis consueuisti, disputans, unum et simplicem hominis esse debere finem, rationibus multis confirmasti, ideoque mirari cur Plato mixtum finem posuerit dicebas. Illis ergo rationibus tuis iam ita respondi, ut eas libenter admiserim et tanquam uerissimas approbauerim et Platonis nostri defenderim mixionem. Reliquis tui circa Platonem subtilissimis quæstionibus alias repondebimus. Lettre à Paolo Orlandini (13 nov. 1496) ajoutée aux Commentaria de 1496 et, dans l’édition de Bâle, au commentaire du livre IX de la République, citée par M. J. B. Allen, The Philebus Commentary, éd. et trad. M. J. B. Allen, Berkeley-Los Angeles, 1975, p. 487 : Postquam heri mecum de diuinis ut soles subtiliter disputasti, quæsisti denique cur ego in Philebo tanquam ex Platonis sententia intellectum uoluntati præfecerim, cur in epistola de felicitate præferam voluntatem…
22 Collectanea in Platonis Philebum, dans Opera omnia, II, p. 2417 (fin neuvième dialogue de la République) : Attende deinceps ad illam animæ naturæ figuram, in qua sub multiplicis bestiæ nomine intellige concupiscendi naturam, sub figuram leonis irascendi uigorem, sub forma hominis rationem. Et uide quam expresse depingat ambitiosi, iniusti, libidinosi hominis uitam, imo miseram seruitutem. Item ibidem accipe formulam qua possis transitum animarum in bestias ita interpretari ut in bestiarum affectus et habitus potius quam in corpora migrare dicantur. Præterea memento… Denique accipe totius uitæ formam… Atque eatenus eligas singula, quatenus conferant ad animi sanitatem et contra quæ hanc impediant procul effugias, habites semper mentis arcem atque ab ea nullis aut illecebris aut minus te præcipitari permittas… Ceci conclut l’epitome du neuvième dialogue de la République, que Ficin est en train de boucler à marches forcées, sous la pression insistante de Valori et des courriers qui attendent la copie.
23 Lettre de 1480 à Donati Alamanni (Op., I, 716) : In exponendis nuper commentariis nostris in ipsum Platonis conuiuium de amore compositis.
24 P.-O. Kristeller, Studies in Renaissance Thought and Letters, Rome, 1956, p. 116 ; R. Marcel, Marsile Ficin, Paris, 1958, p. 309, 476.
25 M. Ficin, The Philebus Commentary, op. cit., 1975, p. 523, n. 31.
26 Sous-titre : Philosophia Platonica tanquam sacra legenda est in sacris.
27 Cité par R. Marcel, op. cit., 1958, p. 307 : Solebant quondam, dilectissimi fratres, qui exoptatas a Deo fruges uberius impetrabant frugum primitias offerre Deo… Nos igitur… religiosam Platonis nostri Philosophiam in hac prosequemur Ecclesia. L’oratio débute ainsi : Cum optimis ciuibus placuerit, ut celebri hoc in loco sacram diuini philosophi philosophiam [exponerem], opere pretium fore censui, ut quid philosophia sit primum paucis perstringamus… et se termine: Vobis autem, uiri præstantissimi, qui meam orationem uestra præsentia honestare dignati estis, ingentes gratias habeo.
28 Proclus, Commentaire sur la République, trad. et notes A. J. Festugière, tome I, Diss. I-VI, Paris, 1970.
29 Voir la lettre de 1480 à Donato Alamanni dans Opera omnia, I, p. 716 : In exponendis nuper commentariis nostris in ipsum Platonis conuiuium de amore compositis.
30 Commentaire sur le Banquet, VI, chap. 1.
31 Ibid., VII, chap. 17.
32 Ibid., II, chap. 8.
33 L. Boulègue, « L’amor humanus chez Marsile Ficin : Entre idéal platonicien et morale stoïcienne », Dictynna, 4 (2007), 16 p.
34 Hermiæ alexandrini in Platonis Phædrum Scholia, éd. P. Couvreur, Paris, 1901 (réimpr. Hildesheim, 1971 avec Index uerborum de C. Zintzen).
35 Proclus, Sur le premier Alcibiade de Platon, tome I, texte et trad. A. Ph. Segonds, Paris, 1985, p. CXXV-CXXVIII.
36 Proclus, Sur le premier Alcibiade de Platon, tome I, éd. cit., p. CXXV-CXXVIII.
37 P. Golitsis, Les commentaires de Simplicius et de Jean Philipon à la Physique d’Aristote, Berlin-New York, 2008.
38 A.-J. Festugière, « Modes de composition des Commentaires de Proclus », Museum Helveticum.20 (1963), p. 77-100.
39 Rédigé plus tard, le commentaire sur Denys sera, certes, aligné sur le découpage et la citation du texte source, mais à la différence des modèles, l’argument de Ficin y précède systématiquement la citation.
40 Opera omnia, I, 923 : præterea libros singulos in capita multa capitulaque distinguam et inscriptionibus quam certissimis tanquam formulis declarabo…
41 Rudimentaire le schéma adopté par Donati Acciaiuoli dans son commentaire de l’Éthique à Nicomaque dédié à Cosme de Médicis et publié à Florence en 1478 : un ample argumentum, où, après un superbe éloge d’Argyropoulos, il propose une définition de la philosophie et de ses divisions, puis l’intention du livre, son utilité, son authenticité, son titre et l’ordre suivi et la division en livres, et conclut sur les mots : sed iis præmissis iam ad explanationem libri Ethicorum accedamus. Suit l’immense commentaire de deux cent soixante-trois folios, très méthodique mais matériellement d’une seule tenue : seule la division en dix livres et, à l’intérieur, seuls des sigles distribués librement dans la page introduisent les premiers mots du texte latin d’Argyropoulos, suivis, après les deux points, de l’explication du lemme. Ex. : ‘Atque temperantiam’ : hæc est secunda pars huius capituli. En revanche l’édition parisienne de Jean de Roigny (1555),… nouo quidem ordine diligenter excus(s)a – je verrais volontiers dans ce réaménagement après coup l’influence du modèle ficinien –, ouverte elle aussi sur le poème et sur l’éloge d’Argyropoulos, comprend un index capitum, liste des chapitres numérotés sur les dix livres, puis le commentaire exhibant la séquence : Titre et n° de chapitre, texte d’Aristote de longueur variable, commentaire.
42 Voir A. Della Torre, Storia dell’Accademia Platonica di Firenze, Firenze, 1902, p. 768 : « Il commento che allora Marsilio mise assieme non lo abbiamo più… Quello che rimanedi lui sopra il Convito platonico è una nuova relazione completamente rifatta del primitivo… per incitamento di Lorenzo di medici tra la fine del 1474 e il principio di 1475… Ci par certo pero che la parte espositiva di questa secunda redazione non debba essere nella sostanza molto differente da quella della prima… »
Auteur
U. Paris IV-Sorbonne
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