Entre philosophie et philologie : Le Vigilia in Somnium Scipionis (1520) de Juan Luis Vivès
p. 77-87
Texte intégral
1À considérer le genre du commentaire au fil des âges, on constate une énorme diversité de formes et de fonctions1. Même si on se limite à l’époque de la Renaissance, on doit avouer que « par leur surabondance même, tous ces discours sur le discours, tous ces textes sur le texte semblent défier les classements et les définitions2 ». En dépit de cette richesse et de cette diversité, quasiment insondables, tous les commentaires de la Renaissance et, d’ailleurs, de n’importe quelle époque, ont quand même un aspect en commun, à savoir le double plan sur lequel ils sont sources d’information. En effet, un commentaire nous informe sur le texte commenté, et – en même temps mais à un autre niveau – il nous renseigne sur l’époque et le contexte dans lequel il a été produit. Ces deux niveaux auxquels un commentaire apporte de l’information seront étudiés ici en analysant un cas particulièrement instructif, à savoir les réflexions de l’humaniste Juan Luis Vivès (1492/3-1540) sur le Songe de Scipion de Cicéron. Ce commentaire a été choisi pour deux raisons : sa forme exceptionnelle, très proche de la technique narrative du texte commenté, et son importance pour notre compréhension du contexte intellectuel, plus particulièrement de la résistance scolastique que l’Université de Louvain opposait alors à la volonté de réforme affichée par les humanistes.
2Après avoir abandonné Valence, sa ville natale, en 1509, Juan Luis Vivès poursuivit ses études à Paris, où il se fit connaître pour son aversion marquée pour la méthode scolastique3. Durant l’automne 1514, l’humaniste se nichait aux Pays-Bas, en subvenant à ses besoins comme tuteur privé et jouissant du soutien de plusieurs patrons. Son domicile préféré était Bruges, mais il passa aussi plusieurs longues périodes à Louvain, en particulier entre 1517 et 1521, quand il fut tuteur de Guillaume de Croÿ (1498-1521), le jeune cardinal, évêque de Cambrai et archevêque entrant de Tolède. Pendant ce temps-là, et après, il maintint des contacts fréquents et chaleureux avec plusieurs membres éminents de l’Université de Louvain comme Jean Briart (1460-1520), Martinus Dorpius (1485-1525) et Adrianus Barlandus (1486-1538). En outre, le patronage de de Croÿ permit à Vivès, qui n’avait pas obtenu de diplôme en bonne et due forme et n’avait pas de lien officiel avec l’université, de jouir de quelques privilèges normalement réservés aux membres confirmés de l’ordre académique établi. En décembre 1522, par exemple, le Valencien fut invité à présider les disputationes quodlibeticae annuelles. Le quodlibet de Vivès fut manifestement un énorme succès : Dorpius rapporte que l’assistance atteignit une taille insurpassée4.
3Déjà en mars 1520, Vivès avait aussi obtenu – après plusieurs demandes insistantes – la permission du conseil universitaire d’enseigner dans l’auditoire de l’université, en dépit de la tradition réservant cet honneur aux professeurs nommés5. Il décida d’enseigner sur le Songe de Scipion de Cicéron, le texte à ses yeux le plus important de toute la littérature philosophique6. Le choix du texte était probablement inspiré par le désir de Vivès de se séparer du programme d’enseignement traditionnel à Louvain, dont la base était, comme dans les autres universités européennes, Aristote, auquel Vivès affirme explicitement préférer Cicéron :
… quem ego quidem et praefero magnis multorum philosophorum libris, et aio difficiliorem multo esse vel intellectu vel enarratu quam totos octo de physica auscultatione Aristotelis libros, quamlibet intricatos et obscuros. Quos qui nostris in scholis audierunt, et philosophos se et consummatos quidem esse existimant, et pro talibus passim se defricta fronte rudi plebi venditant. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 242 : Praefatio, version 1521, § 12)
… quant à moi, je le (c’est-à-dire le Songe de Scipion) préfère aux grands livres de beaucoup de philosophes et je maintiens qu’il est beaucoup plus difficile à comprendre ou à expliquer que les huit livres entiers de la Physique d’Aristote, aussi embrouillés et obscurs qu’ils soient. Ceux qui ont entendu ces livres dans nos écoles, se considèrent philosophes, et même philosophes accomplis, et se présentent partout, le front plissé, comme des philosophes accomplis, au public ignorant.
4Dans ces circonstances, le choix du Songe de Scipion comme objet d’un commentaire constituait une profession de foi, comme c’était le cas pour le commentateur le plus renommé du même texte, Macrobe (né vers 370). Pour Macrobe, c’était la « foi en une tradition qui, tout en faisant une large part à la culture intellectuelle, c’est-à-dire, si on veut, à l’élément grec, voyait dans celui qui en bénéficierait un homme actif au service de la cité »7 ; pour Vivès, c’est la foi dans la nouvelle culture intellectuelle humaniste qui renonce à la tradition scolastique. L’humanisme transalpin est, à cette époque, marqué par deux préoccupations dominantes : un souci de la langue (dans le sens où les humanistes aspirent à écrire un latin correct et élégant suivant les canons classiques), et un fort intérêt pour des questions morales. Cette combinaison d’intérêts était en même temps cause et conséquence de leur lecture de Cicéron, qui faisait émerger une culture rhétorique comme alternative aux abstractions de la scolastique tardive8. La force d’innovation de l’entreprise de Vivès est aussi indiquée par la réception, au début mitigée, qu’elle a connue dans le bastion scolastique qu’était l’Université de Louvain à l’époque – comme le Valencien le raconte lui-même dans une lettre à son ami Francis Cranevelt (1485-1564) :
Volui animi mei gratia enarrare hic publice Somnium Scipionis et petii veniam superioris; nomen non teneo, homo est bene crassus. Rector et alii quidam deputati simulac audierunt somnium, riserunt. Credo quod perfundebantur magna laetitia, quum somnium, delitias suas, in quibus tanta cum voluptate versantur, nominari audiebant9.
J’ai pris l’initiative d’expliquer ici, en public, le Songe de Scipion et j’en ai demandé la permission à mon supérieur. Je ne dis pas son nom, c’est un homme plutôt grossier. Aussitôt que le recteur et les autres députés entendirent le mot ‘songe’, ils ont ri. Je pense que s’ils ont été pris d’une telle hilarité, c’est parce qu’ils entendaient prononcer le nom de leur passe-temps favori.
5Le dédain des professeurs conservateurs n’empêchait pas que Vivès eût l’occasion de présenter ses cours et de produire plusieurs livres basés sur cette activité pédagogique. En 1520, il publia une édition du texte latin avec un résumé intitulé Argumentum Somnii Scipionis Ciceroniani10. Ce livre, imprimé par Thierry Martens à Louvain et Michel Hillen à Anvers, était probablement envisagé comme un livre scolaire à bas prix. La même année, Vivès compléta aussi un autre projet de publication plus ambitieux, imprimé à Anvers par Jean Thibault et dédié à Érard de la Marck (1472-1538), évêque de Liège et archevêque entrant de Valence. Ce livre contient les parties suivantes :
1. Epistula praefatoria
2. Somnium Vivis, quae est praefatio ad Somnium Scipionis Ciceroniani
3. Argumentum Somnii Scipionis Ciceroniani
4. Somnium Scipionis ex Ciceronis libro De Republica sexto excerptum
5. Praefatio in Vigiliam, quae est enarratio Somnii Scipionis
6. Vigilia in Somnium Scipionis
6La table des matières signale que Vivès reprend son édition du texte latin (nr. 4) avec le résumé (nr. 3) et ajoute plusieurs pièces. On y trouve la dédicace à Érard de la Marck (nr. 1), le Somnium Vivis (nr. 2) qui fonctionne comme une sorte d’introduction au Songe de Scipion, et un commentaire (nr. 6) précédé par une préface séparée (nr. 5)11. Mécontent du travail de Thibault, Vivès prépara presque immédiatement une nouvelle édition de cette compilation et la fit imprimer par Jean Froben à Bâle en 1521. Il retourna aux mêmes textes une dernière fois en 1539, en y apportant des révisions importantes, mais cette révision finale fut imprimée seulement à titre posthume par Jean Oporin à Bâle en 154412.
7D’après Edward George, le travail de Vivès est la première tentative de commentaire extensif sur le Songe de Scipion depuis Macrobe, qui avait livré une interprétation néoplatonicienne qui fit autorité pendant 1 100 ans13. Le premier point remarquable est que Vivès déploie ses remarques et ses réflexions à propos du texte de Cicéron dans plusieurs parties séparées : non seulement dans le commentaire intitulé Vigilia, mais aussi dans le Somnium Vivis et l’Argumentum, tous deux imprimés avant le texte latin du Somnium Scipionis. Aussi n’offre-t-il pas un commentaire philologique ou philosophique ordinaire, mais il mène un dialogue avec le texte classique en combinant plusieurs genres littéraires et scientifiques et en mélangeant faits et fiction.
8La lettre-dédicace, datée du 28 mars 1520 à Louvain, célèbre la nomination d’Érard de la Marck à l’évêché de Valence. L’auteur loue la région et ses habitants, bénit l’archevêque entrant et discute brièvement les parties de son œuvre, leurs titres et leur statut. Le Somnium Vivis qui suit est un récit humoristique préparant le lecteur au Songe de Scipion. C’est l’histoire d’un rêve de Vivès, dans lequel il a assisté à un débat sur la crédibilité des rêves et s’entretient avec Cicéron lui-même au sujet du Songe de Scipion. Le texte contient aussi des réflexions sur le rôle de l’antiquité classique dans la formation des jeunes et tourne en dérision les sophistae Lutetiani – c’est-à-dire les scolastiques contemporains auxquels il reproche leur langue jargoneuse14. Ce Songe de Vivès est ainsi une source importante pour la dispute entre humanistes et scolastiques à Louvain. En outre, le récit contient des analyses du Songe de Scipion qui ne sont pas répétées dans le commentaire proprement dit. Vivès, par exemple, y donne une classification de divers types de songes, différente de la fameuse classification de Macrobe. Le Somnium Vivis, d’ailleurs, est à l’origine d’une vogue des contes de ce type, écrits par des humanistes louvanistes comme Petrus Nannius (1500-1557), Juste Lipse (1547-1606) et Erycius Puteanus (1574-1646)15. Vu cette importance, et peut-être aussi à cause du caractère comique et polémique du texte, le Somnium Vivis a déjà passablement attiré l’attention des spécialistes, au détriment des autres pièces publiées dans le même livre16. Le mode narratif du Somnium Scipionis est maintenu dans l’Argumentum Somnii Scipionis Ciceroniani, résumé concis du Songe de Scipion écrit du point de vue de Cicéron lui-même. Cette technique littéraire, connue sous le nom de prosopopée, consiste à assumer la personnalité d’une figure historique de l’antiquité et à écrire un argument entièrement du point de vue de ce personnage. C’est un artifice favori de Vivès en cette période : son Pompeius Fugiens de 1519 est une déclamation à la manière ancienne prétendument prononcée par Pompée le Grand après avoir été vaincu par César ; et ses Declamationes Sullanae de 1520 sont composées du point de vue des Romains vivant pendant le dictatoriat de Sylla. Dans son travail sur le Somnium Scipionis, il utilise ce procédé non seulement dans l’Argumentum, mais aussi dans le Vigilia (voir infra)17.
9L’édition du texte latin par Vivès – qui n’offre rien de remarquable18 – est suivie par une deuxième préface, dans laquelle Vivès explique le but et la méthode de son commentaire. Dans la version du 1520/21, il prend aussi le temps de commenter son rapport à son fameux devancier (ce passage est en bonne partie omis dans la version imprimée en 1544)19. Naturellement, Vivès connaît bien le commentaire de Macrobe et se sent obligé de définir sa position par rapport à cette interprétation classique. Il n’est pas intimidé par Macrobe parce qu’il a remarqué qu’il a laissé beaucoup de travail aux commentateurs ultérieurs20 :
Macrobius certos quosdam sibi delegit locos in quibus se effunderet et iactaret, multos praetermisit quos alii tractare possent. Ad haec, ex iis quos ipse explicat, nonnulli sunt qui mihi aliter videntur tractari posse, alii qui forte melius… Dissero igitur ipse de iis quae Macrobius omisit; de quibus disputavit, aliter ego disputo, alias fusius, alias arctius et compressius. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 232-234 : Praefatio, version 1521, § 2-3)
Macrobe a sélectionné un certain nombre de passages qu’il a discutés et développés en détail, et a laissé beaucoup d’autres passages à traiter par d’autres commentateurs. Parmi les passages qu’il a expliqués lui-même, il y en a qui peuvent, selon moi, être traités d’une autre manière ; et d’autres qui peuvent, peut-être, être traités d’une manière plus correcte… Donc, moi, je raisonne sur les passages omis par Macrobe et, quant aux passages discutés par lui, j’en discute certains différemment, d’autres plus amplement, d’autres plus étroitement et succinctement.
10À première vue, le Valencien est respectueux de son prédécesseur, mais il est aussi bien conscient de ses propres mérites, ce qui est illustré par le parallélisme qu’il établit entre la relation qu’il a lui-même avec Macrobe, et celle que Virgile avait avec Homère :
Postremo de me et Macrobio illud unum, mea quidem sententia, possum dicere, quod de se atque Homero Vergilius: ‘Illius immensos miratur Graecia campos / At minor est nobis, sed bene cultus ager’. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 234 : Praefatio, version 1521, § 3)
En ce qui concerne Macrobe et moi, il n'est qu’une seule chose que je puisse dire (selon mon opinion), c’est ce que Virgile disait d’Homère et de lui-même : ‘La Grèce admire ses immenses champs / Le nôtre est moins grand mais bien cultivé’21.
11En outre, la théorie de Vivès sur la perte du reste de la République de Cicéron révèle un certain mépris pour son prédécesseur22. Vivès explique que l’ensemble de la République était si populaire que les copies anciennes étaient exposées à beaucoup de dangers comme la destruction par la vermine ou d’autres animaux, comme le vol, le déchirement par des enfants, etc. Par ailleurs, selon Vivès, peu de personnes s'intéressaient au commentaire de Macrobe. En conséquence, les copies de ce texte n’avaient pas été exposées aux mêmes dangers et étaient donc conservées en bon état :
Mea quidem opinione inconsulta custodiendi libri illius cura eum perdidit, dum exemptum e publicis bibliothecis aliqui immodice atque inconsulte curiosi, ad privata scrinia transtulerunt, ubi paratior est a multis casibus iactura, a situ, a tineis, a furibus, a canibus, a pueris, a puellis, ab omni denique ignorantia, quae quid dilaceret aut perdat nec considerat nec assequitur. Servatum est hoc fragmentum Somnii Scipionis cum commentariis Macrobii, cum iniuria temporum minus laederet quod negligentius habebatur. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 86 : Praefatio, version 1539, § 1)
À mon avis, c’est le mode inconsidéré de préservation qui a causé la perte de ce livre. Quand les curieux l’empruntaient excessivement et imprudemment dans les bibliothèques publiques, ils l’apportaient dans leurs bibliothèques privées, où le danger de perte est plus grand à cause de plusieurs menaces : la nonchalance, des teignes, des voleurs, des chiens, des petits garçons, des petites filles, en bref, toute sorte d’ignorance qui ne considère et comprend pas ce qui est déchiré et perdu. Ce fragment du Songe de Scipion est conservé avec les commentaires de Macrobe parce que les coups et blessures du temps touchent moins ce qui est pris pour négligeable.
12Le commentaire proprement dit, qui occupe un peu plus de la moitié du livre, conclut cette publication de Vivès sur le Songe de Scipion. L’auteur explique son titre Vigilia – plus original que le traditionnel Commentarium or Enarratio – par une référence au poète romain Bibaculus, identifié par Pline l’Ancien23 comme l’inventeur du terme Lucubrationes :
… Vigiliam, quod simile est illi Lucubrationem, quem titulum Bibaculus, facetissimus poeta, suo indidit operi; et re vera vigilandum nobis fuit in enarrando illo Somnio, quod multa variaque sapientia sua et vigilantem et bene sobrium interpretem coniectoremque sui exposcit. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 4 : Epistula Praefatoria, § 6)
… ‘Vigilia’, ce qui est semblable à ‘Lucubratio’ (veillée), titre donné par Bibaculus, poète de très bon goût, à son œuvre. Nous avons vraiment dû travailler pendant la nuit pour expliquer ce Songe, qui demande un interprète et devin éveillé et bien mesuré grâce à sa sagesse riche et variée.
13Le titre est aussi une indication de la nouveauté de l’approche de Vivès, qui n’opte pas pour un commentaire ligne par ligne ou section par section. Plutôt choisit-il une approche rhétorique, composant le commentaire comme une longue prosopopée. Comme indiqué précédemment, le Valencien utilise cette technique dans d’autres textes écrits pendant la même période ainsi que dans le bref résumé (écrit du point de vue de Cicéron lui-même) qui précède son édition du Songe de Scipion. Dans la Vigilia, non seulement il écrit une paraphrase exégétique prononcée par le principal personnage du texte de Cicéron, c’est-à-dire Scipion, mais il s’efforce aussi d’éviter tout anachronisme24. Vivès précise qu’il a pour but de placer son commentaire dans une tradition platonicienne rhétorique en utilisant un discours continu pareil au texte traité. Ce faisant, il se distingue des autres commentateurs qui ont l’habitude de couper leurs textes en morceaux25 ou qui imitent le style concis et difficile des Stoïciens26. Il est convaincu que sa méthode de travail est plus convenable non seulement pour cette œuvre, mais aussi plus généralement pour la discussion des problèmes moraux. Quant à la science des choses de la nature, elle est selon lui mieux servie par une méthode de travail péripatéticienne :
Hoc nunc in principio admoneo, ut ne lector, cum omnino Platonice rem aliquam tractaro quae melius forsan Aristotelice diceretur, consilium meum ignoret; quod in naturalibus potissimum rebus contingere aliquando arbitror, nam moralia non poterant sanctius tradi quam a Platone et Cicerone in iis quae nunc sunt in manibus scribuntur. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 242 : Praefatio, version 1521, § 14)
Maintenant, au début, j’avertis le lecteur qu’il lui faut bien comprendre mon projet lorsque je traite de façon complètement platonicienne quelque chose qui, peut-être, aurait été mieux discuté à la façon aristotélicienne. J’estime cette dernière façon parfois meilleure pour les choses de la nature, mais les choses relatives aux mœurs ne peuvent être traitées plus vénérablement que Platon et Cicéron les ont décrites dans leurs œuvres que nous possédons aujourd’hui27.
14La principale préoccupation de Vivès est de rendre vivant le texte classique qu’il glose pour ses étudiants et ses lecteurs. Dans ce sens, le travail de Vivès ressemble au commentaire de Filippo Beroaldo (1453-1505) sur L’Âne d’or d’Apulée, qui pareillement imite la technique d’un auteur antique et crée une forme littéraire de commentaire en essayant de le rendre plus attractif et didactique28. La forme déclamatoire du commentaire de Vivès est donc le résultat du désir de Vivès de créer un texte qui ne soit pas seulement instructif, mais aussi envoûtant et facile à lire29. Selon la critique moderne, Vivès a atteint son but30. Ses contemporains étaient eux aussi enthousiastes, et Vivès fut même invité en mai 1520 à répéter ses cours sur le Songe de Scipion à l’Université de Paris31. Thomas More (1478-1535), qui n’avait pas encore rencontré Vivès à ce moment-là, nourrissait pour lui une grande admiration mais, jugeant néanmoins que certains passages du texte étaient trop difficiles pour des étudiants, recommenda d’y ajouter une explication ou des notes supplémentaires32.
15Vivès souligne dans sa préface une dernière raison à la forme exceptionnelle de son commentaire. Il souhaite éluder la critique de deux groupes de gens, identifiés comme d’une part nostri recentes philosophi et d’autre part grammatici nostrae aetatis. Les « philosophes » – représentant sans doute ses collègues réactionnaires dans les facultés des arts et de théologie – préfèrent un commentaire traditionnel à la manière scolastique et refusent toute innovation. Vivès espère pouvoir les convaincre par le contenu philosophique de son discours, en évitant les discussions grammaticales ou lexicographiques tant prisées de ses collègues-humanistes. Il se démarque aussi des plus étroits d’esprit au sein de ce dernier groupe, parce qu’ils sont trop concentrés sur des détails minuscules et trop agressifs dans leurs critiques d’autres commentateurs. Selon Vivès, ces « grammairiens » doivent être apaisés par la forme rhétorique de son commentaire et l’élégance de son style, qui démontrent qu’il est bien capable de leur faire concurrence sur le plan de la langue :
… ne ad reprehensionem obnoxia et obiecta duobus generibus hominum esset, quorum alterum minime grammaticum videri vult, alterum nimis. Nostri enim recentes philosophi… opus tuum inauditum, incognitum, grammaticum pronuntient, et tamquam rem vilem nimis, abiectamque contemnant atque aspernentur… Grammatici porro nostrae aetatis, ut magna pars istorum hominum, vitio parum sani iudicii laborat… iniqui sunt et saevi rerum omnium aestimatores, segnem, dormitantem, oscitantem, sterilem interpretem appellant… Hoc ergo commentarii genus et philosophis non tam grammaticum et grammaticis magis rhetoricum videbitur; simul illi dignam rem existimabunt quam legant, simul hi minus dignam quam reprehendant, utpote sua professione superiorem. (Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 234-238 : Praefatio, version 1521 version, § 4-5 et 9)
… pour éviter que cette œuvre soit exposée et livrée aux critiques de deux groupes de gens : l’un qui ne veut pas du tout sembler intéressé à la grammaire, l’autre qui est trop focalisé sur elle. En effet, les philosophes de notre temps… vont déclarer ton ouvrage inouï, bizarre et grammatical, et ils vont le mépriser et le rejeter comme chose trop vile et trop abjecte… Par contre, les grammairiens de notre époque, comme la plupart de l’autre groupe, ne possèdent pas assez de bon sens… ce sont des juges hostiles et inflexibles de toutes les choses et ils qualifient l’interprète de paresseux, d’endormi, d’indolent, et de stérile… Aussi ce genre de commentaire va-t-il apparaître pas excessivement grammatical aux philosophes et plutôt rhétorique aux grammairiens. En même temps, les uns vont estimer que c’est une chose digne d’être lue, les autres qu’il ne vaut pas la peine de la critiquer vu que c’est une chose qui dépasse leur profession.
16Autrement dit, le commentaire de Vivès essaie de garder le juste milieu entre les intérêts philosophiques de ses collègues scolastiques et la préoccupation philologique des grammairiens humanistes trop bornés. À cette fin, le Valencien crée une sorte de commentaire extraordinaire qui pourrait être défini comme « philosophique » sur le plan du contenu, et « grammatical » ou « littéraire » sur le plan formel. Le but principal de Vivès n’est pas d’expliquer ou d’annoter chaque mot du texte antique, mais de le rendre vivant pour le lecteur par l’imitation du style et du point de vue de l’original. Le but n’est pas seulement de restaurer un auteur classique et d’en donner une exégèse, mais aussi d’en être l'émule33. Ainsi, Vivès achève un commentaire qui est, comme l’a remarqué Jozef IJsewijn, plus proche de romans comme I, Claudius de Robert Graves et les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar que d’un commentaire philologique34, et qui peut fonctionner comme une alternative plus pédagogique aux méthodes scolastiques35.
Notes de bas de page
1 Je voudrais remercier Valérie Cordonier (Laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, Paris ; Université Paris Diderot, UFR Sciences du Vivant) pour la correction de mon français. Voir les études rassemblées dans G.W. Most (éd.), Commentaries – Kommentare, Aporemata: kritische Studien zur Philologiegeschichte 4, Göttingen, 1999 et R.K. Gibson – C. Shuttleworth Kraus (éds), The Classical Commentary: Histories, Practices, Theory, Mnemosyne. Supplementum, 232, Leiden – Boston – Köln, 2002.
2 F. Rigolot, « Introduction à l’étude du ‘commentataire’. L’exemple de la Renaissance », dans G. Mathieu-Castellani et M. Plaisance (éds), Les commentaires et la naissance de la critique littéraire France / Italie (XIVe-XVIe siècles), Paris, 1990, p. 51-62 (ici, p. 51). Voir aussi R. Häfner – M. Völkel (éds), Der Kommentar in der Frühen Neuzeit, Tübingen, 2006, surtout p. 1.
3 La biographie plus récente et complète de Vivès est Enrique González González, « Juan Luis Vives. Works and Days », dans C. Fantazzi (éd.), A Companion to Juan Luis Vives, Leiden – Boston, 2008, p. 15-64. Pour la présence de Vivès à Louvain, voir aussi C. G. Noreña, Juan Luis Vives, The Hague, 1970, p. 49-75 et G. Tournoy – J. Roegiers – C. Coppens, Vives te Leuven. Catalogus van de tentoonstelling in de Centrale Bibliotheek te Leuven, 28 juni – 20 augustus 1993, Supplementa Humanistica Lovaniensia, 8, Louvain, 1993.
4 Voir H. de Vocht, Monvmenta Hvmanistica Lovaniensia. Texts and studies about Louvain humanists in the first half of the XVIth century: Erasmus – Vives – Dorpius – Clenardus – Goes – Moringus, Humanistica Lovaniensia, 4, Louvain, 1934, p. 388-389, qui cite une lettre de Dorpius à Herman Lethmaat, datée du 29 décembre 1522 : Nuper eruditissimus vir Ludovicus Vives in responsione Quotlibetica (sic vocant), prudentissime ac summo cum plausu auditorum, de honestis disciplinis disseruit… Aderat tanta multitudo, quanta, opinor, post hominum memoriam uno loco Louanij non est visa (« Luis Vivès, un homme très érudit, a récemment, pendant un quodlibeta (comme on dit), parlé des études honnêtes, et l’a fait très judicieusement et avec l’acclamation massive du public… Il y avait autant de gens, je pense, qu’on n’en a jamais vu assemblés dans un seul endroit à Louvain de mémoire d’homme. »).
5 H. de Jongh, L’ancienne faculté de théologie de Louvain au premier siècle de son existence (1432-1540), Utrecht, 1980 (reprint of the 1911 edition), p. 20* ; C. G. Noreña, op. cit., 1970, p. 58 ; Tournoy – Roegiers – Coppens, op. cit., 1993, p. 13 et 83.
6 Juan Luis Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis (Commentary on the Dream of Scipio). Edited with an introduction, translation and notes by Edward V. George, The Library of Renaissance Humanism, 2 (1989), p. 4 (Epistula praefatoria, § 5) : Nullumque est in tota philosophia praestabilius opus atque divinius (« il n’y a aucune œuvre plus éminente ou divine dans l’ensemble de la philosophie. »). Dans la suite de cet article, je cite le texte de Vivès d’après l’édition de George.
7 C. R. Ligota, « L’influence de Macrobe pendant la Renaissance », dans Le soleil à la Renaissance. Sciences et mythes, Travaux de l’Institut pour l’Étude de la Renaissance et de l’Humanisme ULB, II Bruxelles – Paris, 1965, p. 463-482.
8 D. Baker-Smith, « Juan Vives and the Somnium Scipionis », dans R. R. Bolgar (éd.), Classical Influences on European Culture A.D. 1500-1700. Proceedings of an international conference held at King’s College, Cambridge April 1974, Cambridge, 1976, p. 239-244, à la p. 239.
9 J. IJsewijnet al., « Litterae ad Craneveldium Balduinianae. A preliminary edition. 1 : Letters 1-30 (March 1520 – February 1521) », Humanistica Lovaniensia. Journal of Neo-Latin Studies, XLI (1992), p. 1-85 (ici, p. 13). Voir aussi Henry de Vocht, Literae virorum eruditorum ad Franciscum Craneveldium 1522-1528, Humanistica Lovaniensia, 1, Louvain,1928, p. 4-6.
10 E. González – S. Albiñana – V. Gutiérrez (éds), Vives. Edicions Princeps, València, 1992, p. 124 (nrs. 9 et 10).
11 Vives. Edicions Princeps, éd. cit., p. 125-126 (nr. 11).
12 Ces deux dernières éditions sont décrites dans Vives. Edicions Princeps, éd. cit., p. 127-132 (nrs. 12 et 13). Pour l’histoire de la publication de ce livre, voir aussi Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. lxiii-lxviii et G. Tournoy – J. Roegiers – C. Coppens, op. cit., 1993, p. 37-38 et p. 85.
13 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. xxvi-xxvii.
14 Vivès, ibid., p. 34 (Somnium Vivis, § 39) : sophistas esse illos Lutetianos… quippe cum nec graece loquerentur nec latine nec lingua aliqua quam ipsi nossent (noverant autem humanas omnes), divinam vero solam ignorarent, putarunt istos plus esse quam homines, deos plane quosdam, qui sic loquerentur (« parce que ces sophistes-là de Paris ne parlaient ni grec, ni latin, ni aucune autre langue que Repos et Silence [deux figures dans le récit de Vivès, indiquées auparavant comme les sujets de cette phrase] connaissaient eux-mêmes (et ils connaissent toutes les langues humaines), et parce qu’ils ignoraient seulement la langue divine, ils pensaient que ces sophistes étaient surhumains, certainement des sortes de dieux, parce qu’ils parlaient comme cela. »)
15 Voir D. Sacré, « Nannius’s Somnia », dans R. De Smet (éd.), La satire humaniste. Actes du colloque international des 31 mars, 1er et 2 avril 1993, Louvain, 1994, p. 77-93, surtout p. 90-92 pour l’influence exercée par le Songe de Vivès sur Nannius (qui, à son tour, inspira Puteanus) et Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. lixi-lxii pour l’influence sur Nannius et Lipse. Les textes pertinents sont le Somnium in librum II Lucreti Praefatio (1542) et les Paralipomena Vergilii & De rebus inferorum (1545) de Nannius, le Somnium (1581) de Lipse, et le Comus, sive Phagesiposia Cimmeria. Somnium (1608) de Puteanus.
16 Voir, par exemple, L. J. Swift, « Somnium Vivis y el Sueño de Escipion », dans P. Sainz Rodriguezet al. (éds), Homenaje a Luis Vives, Madrid, 1977, p. 89-112 et E. V. George, « Imitatio in the Somnium Vivis », dans A. Buck (éd.), Juan Luis Vives. Arbeitsgespräch in der Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel vom 6. bis 8. November 1980, Hamburg, 1981, p. 81-92.
17 Pour une discussion des techniques rhétoriques employées par Vivès, voir E. V. George, « Rhetoric in Vives », dans A. Mestre (éd.), Ioannis Lodovici Vivis Valentini Opera Omnia I : Volumen Introductorio, València, 1992, p. 113-177. Voir aussi Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. xxxi-xxxii.
18 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. l.
19 Voir aussi S. Lecompte, La chaîne d’or des poètes. Présence de Macrobe dans l’Europe humaniste, Genève, 2009, p. 209.
20 Ceci est confirmé par les constatations des critiques modernes. William Stahl, par exemple, a calculé que Macrobe a manqué de gloser à peu près un quart du texte de Cicéron. Voir Macrobius, Commentary on the Dream of Scipio. Translated with an Introduction and Notes by William Harris Stahl, New York, 1952, p. 12.
21 La citation n’est pas vraiment de Virgile, mais apparaît comme la sienne dans l’édition imprimée par Josse Bade à Paris en 1529 (voir Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 293), ce qui indique que les lecteurs de la Renaissance pensaient que ce passage était authentique.
22 La République de Cicéron était presque complètement perdue jusqu’à la découverte par Angelo Mai (dans un palimpseste de la Bibliothèque Vaticane) d’une portion considérable, publiée en 1822. Seul le Songe de Scipion, cité entièrement par Macrobe dans son commentaire, était connu au Moyen Âge. Voir L. D. Reynolds, « Cicero : De re publica », dans L. D. Reynolds (éd.), Texts and Transmission. A Survey of the Latin Classics, Oxford, 1983, p. 131-132 et Macrobius, Commentary on the Dream of Scipio, p. 10-11.
23 Pline l’Ancien, Naturalis Historia, 1. 24.
24 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 86-88 (Praefatio, version 1539, § 3) : Scipionem loquentem facio, eundem quem ipse Marcus Tullius. Idcirco nihil attingo aetate ac memoria illius inferius, ut servetur constantia personae (« Je fais parler le même Scipion que Marcus Tullius lui-même. Pour cette raison, afin de préserver la constance du personnage, je ne touche à rien qui soit plus récent que son temps et que sa mémoire. »)
25 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 88 (Praefatio, version 1539, § 4) : Non concidi orationem meam in frustula more aliorum scribentium commentarios, sed perpetua oratione atque uno velut contextu sum usus, simul cum Ciceronis verbis ac sensu progrediens. (« Je n’ai pas coupé mon discours en morceaux à la manière fragmentaire des autres auteurs de commentaires, mais j’ai utilisé un discours ininterrompu comme un assemblage continu, suivant les mots et le sens de Cicéron. »)
26 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 202 (Vigilia, § 121) : Quae ego poteram quidem pressius et spinosius more ac modo vestrorum Stoicorum dicere, sed malui tamen fusius Platonicam imitari orationem (« Bien sûr, j’aurais pu le dire de façon plus comprimée et plus difficile, à la manière et à la façon de vos Stoïciens, mais j’ai quand même préféré imiter plus amplement un discours platonicien. »). Ce n’est pas par hasard si Vivès utilise ici le même mot (c’est-à-dire spinosus) qu’employait Cicéron dans sa critique du style stoïcien dans le De finibus bonorum et malorum, 3. 1. 3 : Stoicorum autem non ignoras quam sit subtile, vel spinosum potius, disserendi genus.
27 Voir aussi ibidem, p. 88 (Praefatio, version 1539, § 3) : Platonicum autem libellum et auctorem platonice expono, non peripatetice. (« J’explique un livre et un auteur platonicien de façon platonicienne et pas péripatéticienne. »)
28 J. H. Gaisser, « Filippo Beroaldo on Apuleius: Bringing Antiquity to Life », dans M. Pade (éd.), On Renaissance Commentaries, Hildesheim – Zürich – New York, 2005, p. 87-109, esp. p. 88.
29 Vivès, Somnium et Vigilia in Somnium Scipionis, p. 238 (Praefatio, version 1521, § 9) : … tum demum intelliget quid agam illamque ad ipsum perventuram commoditatem arbitror, quod sine taedio interrupti toties cursus orationis poterit haec nostra percurrere. (« … le lecteur va certainement comprendre ce que je fait et je pense qu’il va apprécier l’avantage de pouvoir parcourir notre discours sans l’ennui de l’avoir si souvent interrompue. »)
30 Voir E. George dans Vivès, Somnium., éd. cit., 1989, p. lix : « The Vigilia… deserves acknowledgment as an imaginative way of bringing the Somnium Scipionis to life for the student of the classical world » et D. Baker-Smith, art. cit., 1976, p. 243 : « No commentary on the Somnium combines erudition with greater faith in its practical relevance; none gives greater support to the alliance between eloquence and virtue. »
31 Voir la lettre de Vivès à Érasme, dans laquelle il raconte son séjour à Paris, éditée dans Desiderius Erasmus, Opus Epistolarium – Tom. IV : 1519-1521. Denuo recognitum et auctum per P. S. Allen et H. M. Allen, Oxonii, 1922, p. 270-276.
32 Erasmus, Opus Epistolarium – Tom. IV : 1519-1521, p. 269 (extrait d’une lettre de More à Érasme en date de 26 mai 1520) : … in eius Somnio (quod alioqui multorum superat pervigilatas vigilias) abstrusiora quaedam quam ut pateant nisi doctissimis; quum fuerit in rem litterariam utile illius omnia quam plurimis intelligi. Ei rei vel explicando vel adiectis in margine brevissimis scholiis facile mederi fuerit (« …dans son Songe, qui est du reste supérieur aux veillées écrites pendant la nuit par beaucoup d’autres, il y des choses qui sont seulement compréhensibles aux gens très érudits. Ce serait quand même utile pour la littérature qu’autant de gens que possible comprennent tout ce qu’il dit. On peut y remédier facilement par l’addition d’une explication ou des très brèves scholies dans la marge. »)
33 Voir A. Laird, « Juan Luis de la Cerda and the Predicament of Commentary », dans R. K. Gibson – C. Shuttleworth Kraus (éds), The Classical Commentary. Histories, Practices, Theory, Mnemosyne. Supplementum, 232, Leiden – Boston – Köln, 2002, p. 171-203, pour cette fonction spécifique des commentaires de la Renaissance.
34 J. IJsewijn, « Vives and humanistic philology », dans A. Mestre (éd.), op. cit., 1992, p. 77-111 (ici, p. 102).
35 D. Baker-Smith, art. cit., 1976, p. 242. J. IJsewijn (art. cit., 1992, p. 103) de même déclare que le travail de Vivès « can be seen as a… humanistic attempt to pave new ways in a fossilised educational system ».
Auteur
KU Leuven
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