Avant-propos
p. 7-8
Texte intégral
1Lorsqu’il est mort, subitement, en avril 2002, Alain Derville venait de mettre un point final au gros ouvrage auquel il avait consacré les dernières années de sa vie de travail et qu’il avait voulu intituler Quarante générations de Français face au sacré – comme s’il avait attendu le bouclage de cette histoire religieuse de la France médiévale à laquelle il tenait tant pour tirer sa révérence.
2Bouclage ? Point final ? En fait, le dossier qu’il nous a laissé se présentait sous la forme de liasses de fiches manuscrites, dont certaines, parfois lapidaires, contenaient des informations puisées dans ses lectures, ou dans ses souvenirs de lectures, et dont d’autres, destinées à nourrir les introductions et les conclusions de chapitres, ou à exprimer le cheminement de la pensée, étaient soigneusement rédigées, riches de ce style inimitable auquel Alain Derville nous avait habitués, fait de formules tranchantes, volontiers provocantes, dans lesquelles l’homme, et plus précisément – vue la nature du sujet ici traité – le chrétien de son siècle se dévoilait sans ambages derrière la rhétorique de l’objectivité historiographique.
3Assurément, l’ouvrage nécessitait en l’état un toilettage auquel son épouse Lucienne et ses filles Isabelle, Bettina et Barbara, qui ont conduit le travail rédactionnel avec une pieuse passion, ont associé quelques proches d’Alain, à commencer par son frère le théologien André Derville ; Martine Aubry, ingénieur d’études au Centre de recherches historiques sur l’Europe du Nord-Ouest ; Bernard Delmaire, professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université de Lille ; et le signataire de ces lignes.
4Il a fallu déchiffrer le manuscrit, resté en de rares endroits définitivement illisible ; identifier et contrôler toutes les sources et références ; vérifier et éventuellement corriger les informations factuelles, qui avaient souvent été livrées de mémoire puisqu’une bonne partie du livre avait été écrite, loin de toute bibliothèque spécialisée, dans la maison familiale de Lachenal en Périgord.
5Fallait-il faire plus ? Il est arrivé que les lecteurs fussent en désaccord, quelquefois radical, avec ce qui avait été écrit, et ils ont souvent été tentés de retoucher ici, de remanier là, le texte qui leur avait été confié. Mais, outre qu’on n’y eût point reconnu la patte habituelle d’Alain Derville, chacun eut le sentiment qu’il eût été sacrilège de retoucher un ouvrage qui apparaît à la lecture comme le testament non seulement historiographique, mais aussi spirituel de son auteur.
6C’est pourquoi le livre devra être lu comme un essai, en aucune manière comme un manuel. Il n’a même pas paru indispensable de lui adjoindre une bibliographie qui, comme celle laissée au bas des fiches de travail, aurait été par trop lacunaire, voire, venu le moment de la publication, quelque peu dépassée. Chacun, du coup, reconnaîtra dans le filigrane de ces pages les traits de son auteur, la fermeté de ses positions, ses éventuels emportements, mais aussi la bonne humeur, souvent malicieuse, de son regard – regard sur l’histoire, regard sur le fait religieux, regard sur la vie.
Auteur
Professeur d’histoire médiévale à l’Université de Lille 3
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