Lecteurs antiques et byzantins d’Empédocle. De Zénon à Tzétzès1
p. 183-204
Texte intégral
1Pour pouvoir analyser les lectures antiques et byzantines d’Empédocle, puis apprécier leurs effets sur les lectures modernes, il faut que les lecteurs eux-mêmes soient préalablement identifiés : il convient de se demander, parmi les auteurs qui citent Empédocle ou prennent position à son égard, lesquels l’ont réellement lu et lesquels se sont contentés d’emprunter à d’autres des citations ou des opinions.
2Une question plus fondamentale doit encore être formulée : les chercheurs prennent-ils vraiment en compte communément tous les auteurs de citations d’Empédocle ? Il est notoire que le recueil de H. Diels et W. Kranz2 est loin d’être complet quand il s’agit de renvoyer aux auteurs de citations ; les éditions d’Empédocle qui dépendent de ce recueil présentent le même inconvénient. Seuls les Poetarum Philosophorum Fragmenta publiés en 1901 par H. Diels visaient à l’exhaustivité à cet égard ; J. Bollack, unique éditeur à avoir mené une enquête aussi détaillée que celle de H. Diels en ce qui concerne les sources, a malheureusement limité jusqu’à présent ses efforts aux fragments qu’une convention héritée du XIXe siècle range sous le titre Περὶ Φύσεως3.
3Compte tenu de cet état de choses, le premier pas à poser consiste à dresser un catalogue de toutes les citations d’Empédocle et de tous les témoignages qui le concernent, rangé, dans la mesure du possible, selon l’ordre chronologique des auteurs. Pour ce faire, on prendra les Poetarum Philosophorum Fragmenta comme base de travail, on vérifiera les indications fournies par H. Diels dans les éditions de référence des auteurs des citations, puis on tentera de compléter les données.
4Le CD-ROM du Thesaurus Linguae Graecae ne procure ici qu’une aide limitée, car quelques découvertes intéressantes sont à faire chez les auteurs et les textes byzantins, qui ne sont pas encore inclus dans le Thesaurus.
5Je me suis attelé à la tâche et j’ai réalisé une première version d’un répertoire de ce genre ; je me propose d’exposer ici quelques résultats de l’exploitation de ce catalogue provisoire. Je prends la liberté d’y mettre en évidence les observations qu’autorisent les vers récemment révélés par le papyrus de Strasbourg4.
I. Quelques réflexions sur la répartition globale des citations et de leurs auteurs
6Tentons d’abord de distinguer, dans l’ensemble de la tradition, les auteurs qui avec certitude ont tiré leurs citations du texte même du philosophe de ceux qui ont seulement reproduit des citations préexistantes.
7Je dresse ci-dessous la liste de tous les auteurs qui, à ma connaissance, ont soit cité, soit imité des vers d’Empédocle, soit y ont fait allusion, ainsi que ceux qui ont mentionné ses doctrines. Zénon, élève de Parménide, aurait déjà commenté l’œuvre d’Empédocle. La masse des noms qui suivent est impressionnante. Peu de présocratiques ont dû bénéficier d’une réception aussi large.
Tableau I. La tradition indirecte dans son ensemble : les auteurs de citations, témoignages, allusions, etc
8Ve siècle av. J.-C. – Zénon d’Elée. – Xanthos de Lydie (?). – Cratès (com.). – Gorgias. – Orphica Pythagorea. – Hippias. – Lysias. – Euripide. – Glaucos de Rhégion. – Polybos (méd.). – [Hippocrate], De vetere medicina. – [Hippocrate], Epidemiarum liber VI.
9IVe siècle av. J.-C. – Carmina Epigraphica Graeca saeculi IVa.Chr.n. – Alcidamas (rhét.). – Platon. – [Platon], Sisyphos. – Isocrate. – Dioclès de Carystos. – Héraclide du Pont. – Aristote. – Dicéarque de Messène. – Théophraste. – Eudème de Rhodes. – Pythagoreorum carmen aureum (?). – « Télaugès » (phil.). – Néanthès de Cyzique.
10IIIe siècle av. J.-C. – Timée de Tauroménion. – Hiéronymos de Rhodes. – [Aristote], De lineisinsecabilibus. – [Aristote], De spiritu. – [Aristote], Problemata. – Timon de Phlionte. – Aratos de Soles. – Callimaque. – Théocrite. – Apollonios de Rhodes. – Eratosthène. – [Aristippe de Cyrène], Περὶ παλαιᾶς τρυφῆς. – Hermippos de Smyrne.
11IIe siècle av. J.-C. – Anonymus Grammaticus (P.Ibscher 2). – Satyros (biogr.). – Héraclide Lembos. – Hippobotos. – Apollodore (gramm.). – Lobon d’Argos, Περὶ ποιητῶν. – Diodore d’Ephèse (?), Περὶ Ἀναξίμάνδρου (Περὶ Ἀναξαγόρου ?). – Démétrios Lacon. – Anonymus Epicureus (P.Herc. 1788).
12Ier siècle av. J.-C. – « Orphée », Ἱεροὶ λόγοι ἐν ῥαψωιδίαις. – « Orphée », Διαθῆκαι. – Philodème. – Lucrèce. – Cicéron. – Varron. – Anonymus in Platonis Theaetetum. – Athénée d’Attalie. – Nicolas de Damas. – [Aristote], De Melisso, Xenophane, Gorgia. – Diodore de Sicile. – Didyme Chalcentère (?). – Strabon. – Denys d’Halicarnasse. – Virgile. – Horace. – Ovide.
13Ier siècle ap. J.-C. – Séleucos (hom.). – Philon d’Alexandrie. – [Aristote], De mundo. – Sénèque. – Cornutus. – Heraclite (allég.). – Pline l’Ancien. – Quintilien. – Aristoclès de Messène. – Rufus d’Ephèse. – Démétrios de Trézène. – Lucillus de Tarra. – Plutarque. – Aétius (doxogr.).
14IIe siècle ap. J.-C. – Nicomaque de Gérasa. – Adrastos d’Aphrodisias. – Soranos d’Ephèse. – Diogénianos. – Diogène d’OEnoanda. – Théon de Smyrne. – Favorinus d’Arles. – Héphestion. – Anonymus in Platonis Alcibiadem I. – [Plutarque], Placita philosophorum. – [Plutarque], Stromata. – [Plutarque], De Homero. – Lucien de Samosate. – Marc-Aurèle. – Galien. – [Galien], Definitiones medicae. – Hérodien. – Athénagoras d’Athènes. – Pollux. – Celse (phil.). – Aulu-Gelle. – Athénée de Naucratis. – Clément d’Alexandrie. – Sextus Empiricus. – Alexandre d’Aphrodisias. – Philostrate. – Hermias (phil.).
15IIIe siècle ap. J.-C. – Scholia in Nicandri Theriaca. – Tertullien. – Hippolyte de Rome. – Elien. – Origène. – Diogène Laërce. – Censorinus. – Achille Tatios (astron.). – Scholia doxogr. in Basilii Caesariensis Hexaemeron. – Ménandre de Laodicée. – Généthlios (rhét.). – Plotin. – Porphyre. – Jamblique. – Scholia in Iamblichi De vita Pythagorica.
16IVe siècle ap. J.-C. – Lactance. – Eusèbe de Césarée. – [Galien], Historia philosopha. – [Justin (mart.)] (= Marcellus d’Ancyre ?). – Anonymus [I] in Aratum. – Julien (emp.). – Oribase. – Basile de Césarée. – Scholia in Dionysii Thracis Artem Grammaticam (Sv). – Grégoire de Nazianze. – Thémistios. – Chalcidios. – Synésios de Cyrène.
17Ve siècle ap. J.-C. – Didyme (méd.). – Stobée. – Cyrille d’Alexandrie. – Théodoret. – Macrobe. – Caelius Aurélien. – [Probus], in Verg. Bucolica et Georgica. – Orion de Thèbes. – Hésychios. – Hiéroclès d’Alexandrie. – Syrianos (phil.). – Proclos. – Hermias d’Alexandrie. – Ammonios fils d’Hermias. – Enée de Gaza.
18VIe siècle ap. J.-C. – Boèce. – Jean Philopon. – Simplicius. – Olympiodore d’Alexandrie. – [Alexandre], Problemata inedita. – Asclépios de Tralles, – Jean de Lydie. – Ἐκλογαὶ διαϕορῶν λέξεων. – Synagogb (= « Lexicon Bachmannianum »). – Apophthegmata. – Hésychios.
19IXe siècle ap. J.-C. – a) (byz.) : Mélétios. – Photios. – Etymologicum Genuinum. -b) (arab.) : [Ammonios].
20Xe siècle ap. J.-C. – a) (byz.) : Anthologie Grecque. ~ Geoponica. – Souda. – b) (arab.) : Qusta Ibn Luqa. – Turba philosophorum.
21XIe siècle ap. J.-C. – Etymologicum Gudianum. – Michel Psellos. – Jean Mauropous. – Eustathe de Thessalonique. – Théophylacte d’Achrida.
22XIIe siècle ap. J.-C. – a) (byz.) : Georges Cédrénos. – Etymologicum Magnum. – Scholies au De Generatione et Corruptione (Cod. Laur. 87.7 ; ff. 201-201v.). – Michel d’Ephèse,- Michel Italicos.-Théodore Prodrome.-[Isaac Tzétzès]. – Jean Tzétzès. b) (arab.) : Sharastani.
23XIIIe siècle ap. J.-C. – Sophonias.
24XIVe siècle ap. J.-C. – Démétrios Cydonès.
25XVe siècle ap. J.-C. – Giovanni Aurispa.
26La deuxième liste se limite aux auteurs qui ont effectivement cité des vers d’Empédocle. Plus courte évidemment que la précédente, elle continue à donner, au premier regard, le sentiment d’une diffusion uniforme du texte d’Empédocle à travers toute la période impériale, puis la basse Antiquité, autour du centre de gravité que constituerait le IIe siècle (soit l’époque où le papyrus de Strasbourg vivait sa vie de livre). Il faut attendre les siècles obscurs, apparemment, pour que s’observe une décrue sensible, avant que la Renaissance byzantine du IXe siècle ne donne le signal d’une nouvelle diffusion, certes moins étendue que la précédente.
Tableau II. Les auteurs de citations par ordre chronologique
27Ve siècle av. J.-C. – Hippias (?). – [Hippocrate], Epidemiarum liber VI (?).
28IVe siècle av. J.-C. – Isocrate. – Platon. – Héraclide du Pont. – Aristote. – Théophraste. – Eudème de Rhodes.
29IIIe siècle av. J.-C. – Timée de Tauroménion. – [Aristote], De lineis insecabilibus. – [Aristote], Problemata. – Timon de Phlionte. – [Aristippe de Cyrène].
30IIe siècle av. J.-C. – Anonymus Grammaticus (P.Ibscher 2). – Satyros (biogr.). – Hippobotos [falsum]. – Apollodore (gramm.). – Démétrios Lacon. – Anonymus Epicureus (P.Herc. 1788).
31Ier siècle av. J.-C. – Anonymus in Platonis Theaetetum. – Nicolas de Damas. – [Aristote], De Melisso, Xenophane, Gorgia. – Diodore de Sicile. – Didyme Chalcentère (?). – Strabon.
32Ier siècle ap. J.-C. – Séleucos (hom.). – Philon d’Alexandrie. – [Aristote], De mundo. – Cornutus. – Héraclite (allég.). – Rufus d’Ephèse. – Lucillus de Tarra. – Plutarque. – Aétius (doxogr.).
33IIe siècle ap. J.-C. – Nicomaque de Gérasa. – Adrastos d’Aphrodisias. – Soranos d’Ephèse. – Diogénianos. – Théon de Smyrne. – Héphestion. – Anonymus in Platonis Alcibiadem I. – [Plutarque], Placita philosophorum. – [Plutarque], De Homero. – Lucien de Samosate. – Marc-Aurèle. – Galien. – Hérodien. – Athénagoras d’Athènes. – Pollux. – Celse (phil.). – Aulu-Gelle. – Athénée de Naucratis. – Clément d’Alexandrie. – Sextus Empiricus. – Alexandre d’Aphrodisias. – Philostrate. – Hermias (phil.).
34IIIe siècle ap. J.-C. – Scholia in Nicandri Theriaca. – Tertullien. – Hippolyte de Rome. – Elien. – Origène. – Diogène Laërce. – Achille Tatios (astron.). – Plotin. – Porphyre. – Jamblique.
35IVe siècle ap. J.-C. – Lactance. – Eusèbe de Césarée. – Anonymus [I] in Aratum. – Julien (emp.). – Basile de Césarée. – Grégoire de Nazianze. – Thémistios. – Calchidios. – Synésios de Cyrène.
36Ve siècle ap. J.-C. – Didyme (méd.). – Stobée. – Cyrille d’Alexandrie. – Théodoret. – Macrobe. – [Probus], in Verg. Bucolica et Georgica. – Orion de Thèbes. – Hésychios. – Hiéroclès d’Alexandrie. – Syrianos (phil.). – Proclos. – Hermias d’Alexandrie. – Ammonios fils d Hermias. – Enée de Gaza.
37VIe siècle ap. J.-C. – Jean Philopon. – Simplicius. – Olympiodore d’Alexandrie. – [Alexandre], Problemata inedita. – Asclépios de Tralles. – Jean de Lydie. – Ἑκλογαὶ διαϕϕορῶν λέξεων. – Synagogeb (= « Lexicon Bachmannianum »). – Hésychios [falsum].
38IXe siècle ap. J.-C. – Mélétios. – Photios. – Etymologicum Genuinum.
39Xe siècle ap. J.-C. – a) (byz.) : Anthologie Grecque. – Geoponica. – Souda. – b) (arab.) : Qusta Ibn Luqa, traduction de : [Plutarque], Placita philosophorum.
40XIe siècle ap. J.-C. – Etymologicum Gudianum. – Eustathe de Thessalonique. – Théophylacte d’Achrida.
41XIIe siècle ap. J.-C. – Georges Cédrénos. – Etymologicum Magnum. – Michel d’Ephèse. – Michel Italicos. – [Isaac Tzétzès]. – Jean Tzétzès.
42XIIIe siècle ap. J.-C. – Sophonias.
43XIVe siècle ap. J.-C. – Démétrios Cydonès.
44Le tableau change instantanément si l’on considère ensuite la liste des auteurs dont les citations ne nous sont pas connues par des témoins antérieurs (en tout ou en partie). Cela ne signifie évidemment pas que chacun de ces auteurs ait puisé directement ses citations dans le texte original : si le nombre des vers qu’il est (apparemment) le premier à citer est limité, rien n’interdit en théorie de penser qu’il ait eu lui-même recours à une source intermédiaire, aujourd’hui perdue.
Tableau III – Les auteurs de « nouvelles » citations par ordre chronologique
45Ve siècle av. J.-C. – Hippias : 5 vers nouveaux (?). – [Hippocrate], Epidemiarum liber VI : 2 demi-vers nouveaux (?).
46IVe siècle av. J.-C. – Isocrate : paraphrase de 3 vers, dont le 3e est proche de l’original.
47– Platon : 1 demi-vers. – Héraclide du Pont : 10 vers nouveaux, paraphrase d’un 11e.
48– Aristote : 89 vers nouveaux (dont 15 incomplets). – Théophraste : 19 1/2 vers nouveaux sur 22 (dont un vers incomplet). – Eudème de Rhodes : 4 vers nouveaux.
49IIIe siècle av. J.-C. – Timée de Tauroménion : 3 vers nouveaux sur 5 (dont 1 incomplet).
50– [Aristote], De lineis insecabilibus : 1 demi-vers nouveau. – Timon de Phlionte : 1 vers nouveau. – [Aristippe de Cyrène] : 1 vers nouveau.
51IIe siècle av. J.-C. – Anonymus Grammaticus (P.Ibscher 2) : 1 vers nouveau. – Satyros (biogr.) : 9 vers nouveaux sur 10 (+ 2 distiques inauthentiques). – Hippobotos : 1 vers inauthentique.-Démétrios Lacon (P.Herc. 1012) : 3 vers nouveaux sur 5.
52Ier siècle av. J.-C. – Anonymus in Platonis Theaetetum : 1 demi-vers nouveau. – [Aristote], De Melisso, Xenophane, Gorgia : 5 1/2 vers nouveaux sur 10 1/2. – Scholia vetera in Euripidis Phoenissas (Didyme Chalcentère ?) : 1 vers nouveau.
53Ier siècle ap. J.-C. – Séleucos (hom.) : 1 2/3 vers nouveaux. – Philon d’Alexandrie : 3 vers nouveaux sur 5. – Cornutus : 2 3/4 vers nouveaux. – Héraclite (allég.) : 1 1/3 vers nouveaux sur 2. – Rufus d’Ephèse : 1 mot nouveau. – Lucillus de Tarra : 3/4 vers nouveau. – Plutarque : 71 vers (dont 16 seulement en partie) nouveaux sur 81 (dont 16 incomplets), ainsi que des mots nouveaux isolés. – Aétius (doxogr.) : 1 1/2 vers nouveaux sur 9.
54IIe siècle ap. J.-C. – Nicomaque de Gérasa : 4 vers nouveaux sur 6. – Soranos d’Ephèse : 1 vers nouveau. – Diogénianos : 2 nouvelles gloses empédocléennes. – Théon de Smyrne : 1/2 vers nouveau sur 2, ainsi qu’une nouvelle tournure prépositionelle (tirée des Catharmes). – Héphestion : 1 vers nouveau. – Anonymus in Platonis Alcibiadem I : au moins 2 mots nouveaux conservés. – [Plutarque], De Homero : 2 vers nouveaux (déjà chez Hippias ?). – Galien : 3 vers nouveaux sur 6 1/2. – Hérodien : 2 1/2 vers nouveaux. – Celse (phil.) : 1 vers nouveau sur 2. – Aulu-Gelle : 1 vers nouveau. – Athénée de Naucratis : 3 vers nouveaux sur 11 1/2. – Clément d’Alexandrie : 28 vers et 2 demi-vers nouveaux sur 41 vers et 2 demi-vers. – Sextus Empiricus : 25 vers et 3 demi-vers nouveaux sur 43 vers et 1 début de vers. – Alexandre d’Aphrodisias : 1 vers et 1 début de vers nouveaux sur 9 vers et 6 demi-vers.
55IIIe siècle ap. J.-C. – Scholia in Nicandri Theriaca : 2 vers nouveaux. – Hippolyte de Rome : 21 1/2 vers nouveaux sur 42 1/2. – Elien : 5 1/2 vers nouveaux sur 6. – Diogène Laërce : 1 vers nouveau sur 31 1/2. – Achille Tatios (astron.) : 2 vers nouveaux. – Plotin : 1 mot nouveau sur 3 citations. – Porphyre : 2 1/2 vers nouveaux sur 23 2/3.
56IVe siècle ap. J.-C. – Julien (emp.) : 1 vers nouveau.
57Ve siècle ap. J.-C. – Stobée : 1 vers et 2 demi-vers nouveaux sur 17 1/2. – Hiéroclès d’Alexandrie : 1 fin de vers nouvelle sur 2 3/2 vers. – Proclos : 1 1/2 vers nouveaux sur 7 3/2, ainsi que 1 mot nouveau. – Ammonios fils d’Hermias : 5 vers nouveaux.
58VIe siècle ap. J.-C. – Simplicius : 115 3/2 vers nouveaux sur 153 2/2. – Synagogeb (= « Lexicon Bachmannianum ») : 1 vers nouveau. – [Alexandre d’Aphrodisias], Problemata inedita : 1 vers nouveau.
59XIIe siècle ap. J.-C. – Jean Tzétzès : 1 vers nouveau sur 28.
60La leçon à tirer de la confrontation des deux dernières listes est la suivante. Jusqu’au IIIe siècle ap. J.-C. les noms qui peuplent les deux listes sont pour l’essentiel identiques : tout citateur de vers d’Empédocle dans les siècles qui suivent l’époque de la rédaction cite quelques vers au moins qui, à en juger par l’état de notre tradition, n’avaient pas été cités auparavant. La situation change du tout au tout au cours du IIIe siècle : on continue certes à citer des vers d’Empédocle, mais les vers « nouveaux » se font très rares désormais dans les citations. Simplicius, au VIe siècle, constitue une brillante exception à la règle : l’auteur puise à nouveau à la source ; il cite même plus de vers d’Empédocle que personne n’en avait cités ou ne devait en citer après lui. Il ne fait pas de doute qu’un exemplaire complet du texte se trouvait entre les mains de Simplicius. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, ou plutôt le désert : le IIIe siècle, que l’on considère à tant d’égards comme un moment de crise, a représenté aussi une rupture nette dans la transmission du texte d’Empédocle.
61Quittons enfin notre perspective chronologique et demandons-nous combien de vers « nouveaux » nous devons à chacun de nos citateurs.
Tableau IV. Les auteurs de « nouvelles » citations par ordre d’importance
Simplicius (VIe siècle ap. J.-C.) | 115 3/2 | vers nouveaux | sur 153 2/2 |
Aristote (IVe siècle av. J.-C.) | 89 | vers nouveaux (dont 15 incomplets) | |
Plutarque (Ier siècle ap. J.-C.) | 71 | vers nouveaux | sur 81 |
Clément d’Alexandrie (IIe siècle ap. J.-C.) | 28 2/2 | vers nouveaux | sur 41 2/2 |
Sextus Empiricus (IIe siècle ap. J.-C.) | 25 3/2 | vers nouveaux | sur 43 1/3 |
Hippolyte de Rome (IIIe siècle ap. J.-C.) | 21 1/2 | vers nouveaux | sur 42 1/2 |
Théophraste (IVe siècle av. J.-C.) | 19 1/2 | vers nouveaux | sur 21 1/2 |
Héraclide du Pont (IVe siècle av. J.-C.) | 10 | vers nouveaux | |
Satyros (biogr.) (IIe siècle av. J.-C.) | 9 | vers nouveaux | sur 10 |
[Aristote], De Melisso, Xenophane, Gorgia (Ier siècle av. J.-C.) | 5 1/2 | vers nouveaux | sur 10 1/2 |
Elien (IIIe siècle ap. J.-C.) | 5 1/2 | vers nouveaux | sur 6 |
Hippias (Ve siècle av. J.-C.) | 5 | vers nouveaux (?) | |
Ammonios fils d’Hermias (Ve siècle ap. J.-C.) | 5 | vers nouveaux | |
Eudème de Rhodes (IVe siècle av. J.-C.) | 4 | vers nouveaux | |
Nicomaque de Gérasa (IIe siècle ap. J.-C.) | 4 | vers nouveaux | sur 6 |
Démétrios Lacon (P.Herc. 1012 ; IIe siècle av. J.-C.) | 3 | vers nouveaux | sur 5 |
Timée de Tauroménion (IIIe siècle av. J.-C.) | 3 | vers nouveaux | sur 5 |
Philon d’Alexandrie (Ier siècle ap. J.-C.) | 3 | vers nouveaux | sur 5 |
Galien (IIe siècle ap. J.-C.) | 3 | 1/2-vers nouveaux | sur 6 1/2 vers |
Athénée de Naucratis (IIe siècle ap. J.-C.) | 3 | vers nouveaux | sur 11 1/2 |
Cornutus (Ier siècle ap. J.-C.) | 2 3/4 | vers nouveaux | |
Hérodien (IIe siècle ap. J.-C.) | 2 1/2 | vers nouveaux | |
Porphyre (IIIe siècle ap. J.-C.) | 2 1/2 | vers nouveaux | sur 23 3/2 |
[Hippocrate], Epidemiarum liber VI (?) Ve siècle av. J.-C.) | 2 | 1/2-vers nouveaux | |
[Plutarque], De Homero (IIe siècle ap. J.-C.) | 2 | vers nouveaux | |
Scholia in Nicandri Theriaca (IIIe siècle ap. J.-C.) | 2 | vers nouveaux | |
Achille Tatios (astron.) (IIIe siècle ap. J.-C.) | 2 | vers nouveaux | |
Stobée (Ve siècle ap. J.-C.) | 1 2/2 | vers nouveaux | sur 17 1/2 |
Séleucos (hom.) (Ier siècle ap. J.-C.) | 1 2/3 | vers nouveaux | |
Aétius (doxogr.) (Ier siècle ap. J.-C.) | 1 1/2 | vers nouveaux | sur 9 |
Proclos (Ve siècle ap. J.-C.) | 1 1/2 | vers nouveaux | sur 7 3/2 |
Alexandre d’Aphrodisias (IIe siècle ap. J.-C.) | 1 1/3 | vers nouveaux | sur 9 6/2 |
Héraclite (allég.) | 1 1/3 | vers nouveaux | sur 2 |
Tous les autres auteurs | 1 | vers nouveau ou moins |
62Dans le cas du trio de tête, Simplicius, Aristote, Plutarque, il me paraît exclu que les citations, si nombreuses et si bien adaptées à l’intention même des citateurs, aient pu être tirées d’une source intermédiaire (à moins d’imaginer un florilège dont l’ampleur aurait égalé pratiquement celle de l’original). On rappellera que Plutarque est l’auteur d’une monographie en 10 livres, hélas perdue, relative à Empédocle5. Simplicius, pour sa part, justifie la longue citation qu’il fait d’un passage de Parménide par les difficultés que l’on éprouve de son temps pour se procurer les vers de l’Eléate6 : Simplicius, notons-le, cite Empédocle plus libéralement encore que Parménide et fournit plusieurs fois des indications précieuses sur l’emplacement des fragments qu’il reproduit.
63Nous pouvons aussi postuler un accès direct au texte dans le cas de Théophraste : le nombre plus restreint de ses citations doit être mis en relation avec le fait que son œuvre ne nous est conservée que de manière fragmentaire. A cela s’ajoute le fait, très remarquable, que Théophraste se comporte, dans son usage des citations, d’une manière délibérément complémentaire par rapport à Aristote. En règle générale, les citations présentes chez ce dernier ne sont pas répétées chez Théophraste, même pas au chapitre 7 du De sensu, où le thème abordé justifierait pleinement une reprise du fragment B 84 (cité déjà par Aristote De sensu 2, 437b 26 – 438a 3) : Théophraste se contente d’une paraphrase.
64J’aurais tendance à admettre également la possibilité d’un accès direct à l’original dans le cas de Clément, de Sextus Empiricus et d’Hippolyte, dans la mesure où ces auteurs étaient actifs au moment de la plus large diffusion du texte d’Empédocle et dans la mesure où les deux derniers s’intéressaient à des aspects bien spécifiques de la doctrine du philosophe : Sextus Empiricus à la gnoséologie, Hippolyte à la démonologie. Mais il faut tenir compte du fait que, au début du IIIe siècle ap. J.-C., la monographie très detaillée de Plutarque est une autre source possible.
65A partir de la 2e moitié du IIIe siècle ap. J.-C. l’œuvre d’Empédocle ne jouit assurément plus de la même diffusion. Mais un exemplaire complet d’un ouvrage du poète-philosophe existait en tout cas non seulement au VIe siècle, au temps de Simplicius, mais aussi, comme on va le voir de plus près, au XIIe siècle, au temps de Michel Italicos et Théodore Prodrome, et peut-être même au XVe siècle, à l’époque des voyages de Giovanni Aurispa. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, au XIIe siècle précisément, Tzétzès ait encore pu produire un vers « nouveau » d’Empédocle : B 50.
II. Quelques témoins méconnus
66Maintenant que nous avons fourni une vue d’ensemble de la tradition indirecte d’Empédocle, regardons de plus près quelques lecteurs méconnus. Commençons par deux auteurs, contemporains, ou peu s’en faut, d’Empédocle : Lysias et Hippias. Selon le témoignage des quatre biographies antiques de Lysias, l’orateur aurait pris part, « à l’âge de 15 ans », en 444 av. J.-C., à la fondation de la colonie panhellénique de Thourioi7. On a quelquefois opposé à cette information une date de naissance basse, vers 440 av. J.-C.8. U. Schindel a cependant plaidé avec vraisemblance en faveur d’une naissance, sinon précisément en 459 av. J.-C., du moins au début des années 4509 : en ce cas, Lysias a parfaitement pu se fixer à Thourioi dès la fondation de la colonie ou peu après. Or, à en croire l’historien de la littérature Glaucos de Rhégion, contemporain des événements qui nous intéressent, Empédocle se serait lui aussi rendu à Thourioi. L’hypothèse d’un séjour conjoint du jeune Lysias et d’Empédocle dans la nouvelle colonie peut donc être envisagée. Il n’est pas indifférent, à la lumière de cette hypothèse, que l’une des lettres attribuées à Lysias évoque la Haine empédocléenne. Voici l’extrait concerné, passé jusqu’à présent à peu près inaperçu (fr. 115 Thalheim)10.
‘Ώιμην ἒγωγε τοσαύτηι ϕιλίαι συνηρμόσθαι τὴν ἐμὴν καὶ τὴν σὴν εὔνοιαν, ὥστε μηδ’ ἄν τὴν Ἐμπεδοκλέους ἒχθραν ἐμποδὼν γενέσθαι ἡμῖν.
« Notre bienveillance réciproque me paraissait soudée par une si grande amitié que la haine même d’Empédocle ne l’aurait pu rompre ».
67Si elle est authentique, cette allusion constitue le plus ancien témoignage sur la pensée d’Empédocle ; elle est peut-être même le fruit d’une rencontre personnelle.
68Le sophiste Hippias est une figure majeure de la doxographie préplatonicienne11. L’une de ses œuvres, identifiée depuis Th. Gomperz avec la Συναγωγή (« Collection ») à laquelle font allusion quelques témoignages12, complétait le résumé de la doctrine de différents penseurs au moyen de rapprochements avec des passages de poètes plus anciens, ainsi que l’auteur s’en explique13. C’est à Hippias que Platon et Aristote, par exemple, seraient redevables de parallèles entre certains aspects des théories d’Héraclite ou de Thalès et l’Iliade XIV (X), 20114 Selon une reconstruction récente15, la Συναγωγή d’Hippias aurait contenu au moins trois citations d’Empédocle.
Platon, Théétète 152 e mentionne Empédocle (à côté de Protagoras et d’Héraclite) en tant que représentant d’une théorie du devenir éternel. L’identification d’Hippias comme source de ce passage16 repose sur le fait qu’un rapprochement y est à nouveau proposé avec l’Iliade XIV (X), 201.
Un texte exploité par [Plutarque], De Homero 2, 99, 1033-1034, ainsi que par Stobée, Anthologiel, 10, 11b, comparait B 17, 7-8, où il est question de l’Amour et de la Haine, à l’Iliade XIV (X), 200-201 et 205 : le rapprochement en tant que tel et le passage précis auquel il est renvoyé pointent à nouveau en direction d’Hippias17.
Aristote, Métaphysique Γ 5, 1009 b 17-20 utilise B 106 et B 108 pour montrer qu’Empédocle (comme Démocrite et Parménide) mettait la pensée sur le même pied que la perception sensorielle, toujours changeante. L’auteur rapporte alors (1009 b 27-33) l’opinion (laissée anonyme) selon laquelle ce point de vue aurait déjà été exprimé dans l’Iliade XV (O) 24518. Le pont jeté dans le traité De anima 427 a 21-26 entre B 106 et B 108 et l’Odyssée XVIII (σ), 136a remonte, selon toute vraisemblance, à la même source, à savoir Hippias19.
69Passons à la plus ancienne paraphrase préservée d’un passage précis, elle aussi vraisemblablement empruntée au recueil d’Hippias, elle aussi passée pratiquement inaperçue : je veux parler du discours Sur l’échange d’Isocrate (§ 268)20. L’orateur renvoie à B 17, 18-20, restituant même presque littéralement la tournure empédocléenne Φιλότης ἐν τοῖσιν au moyen des mots Φιλία ἐν αὐτοῖς.
Διατρῖψαι μὲν οὖν περὶ τὰς παιδείας ταύτας χρόνον τινὰ συμβουλεύσαιμ’ ἂν τοῖς νεωτέροις, μὴ μέντοι περιιδεῖν τὴν ϕύσιν τὴν αὑτῶν κατασκελετευθεῖσαν ἐπὶ τούτοις, μηδ’ έξοκείλασαν εἰς τοὺς λόγους τοὺς τῶν παλαιῶν σοϕιστῶν, ὧν ὁ μὲν ἂπειρον τò πλῆθος ἒϕησεν εἶναι τῶν ὄντων, Ἐμπεδοκλῆς δὲ τέ τταρα (Β 17, 18), καὶ Νεῖκος (19), καὶ Φιλίαν ἐν αὐ τοῖς (20), Ἴων δ’ οὐ πλείω τριῶν, Ἀλκμαίων δὲ δύο μόνα, Παρμενίδης δὲ καὶ Μέλισσος ἓν, Γοργίας δὲ παντελῶς οὐδέν.
« Je conseillerais donc aux jeunes gens de consacrer un certain temps à ces disciplines, sans toutefois laisser leur nature se dessécher ou se perdre dans les théories des anciens savants, dont l’un prétendait que les êtres sont en nombre infini, tandis qu’Empédocle n’en voyait que quatre (B 17, 18) avec la Discorde (19) et l’Amour en eux (20), Ion n’en comptait pas plus de trois, Alcméon deux seulement, Parménide et Mélissos un, Gorgias absolument aucun » (trad. G, Mathieu21, avec quelques modifications).
70Chez les trois témoins que je viens de mentionner, Lysias, Hippias et Isocrate, comme chez tant d’autres, le renvoi à Empédocle se justifie par une référence au contenu de la doctrine. La richesse considérable de la tradition indirecte dont jouit notre auteur s’explique cependant par le fait que, en plus de l’intérêt de son message philosophique, son œuvre, à la différence de celle de Parménide, s’est aussi imposée à l’attention par ses qualités artistiques, au point de trouver de nombreux échos formels chez les poètes ultérieurs. La recherche dans ce domaine particulier a marqué des progrès depuis H. Diels.
71U. von Wilamowitz-Moellendorff a reconnu un signe de la popularité du poète dans une épigramme funéraire de la 2e moitié du IVe siècle av. J.-C. (Inscriptiones Graecae II/III2 6320), dédiée au potier Bacchios22.
Γῆν και ὕδωρ καὶ πῦρ εἰς ταὐτò τέχνηι συναγόντων
Βάκχιον ἀντιτέχνων πρῶτα ϕέροντα ϕύσει
‘Ελλάς ἔκρινεν ἃπασα καὶ ὧν προὔθηκεν ἀγῶνας
ἥδε πόλις, πάντας τῶνδε ἒλαβε στεϕάνους.
« Parmi ceux qui rivalisent à réunir par leur art terre, eau et feu en un même objet, la Grèce entière a jugé que Bacchios emportait le premier rang par sa nature ; et aux concours qu’a organisés cette cité, il en a ravi toutes les couronnes. »
72On ne manquera pas de noter la faiblesse technique que présente le premier vers : en présentant une coupe de mots entre les deux brèves du quatrième pied, entre ταὐτό et τέχνηι, cet hexamètre contrevient à ce que les métriciens appellent le « pont de Hermann »23. L’influence d’Empédocle frapperait par son étendue, si l’on avait raison de voir, avec E. Preuner, dans l’expression qui précède une modification consciente de B 17, 18 : πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ γαῖα24.
73Parmi les bons poètes, Lucrèce a toujours été considéré du nombre de ceux qui professaient de l’admiration pour Empédocle au point de s’en inspirer. Je ne crois pas nécessaire d’illustrer à nouveau longuement ce chapitre ; je me contente de renvoyer à quelques travaux25. Notons toutefois que le papyrus de Strasbourg enrichit ce dossier d’une manière particulièrement éclatante, en fournissant l’original grec de deux vers de Lucrèce26.
PStrash, a(ii) 26-27 τοῦτο μὲν [ἄν] θηρῶν ὀριπλάγκτων ἀγ[ρότερ’ εἲδη?,] τοῦτο δ’ άν’ ἀ[νθρώ]πων δίδυμον ϕύμα, cf. II, 1081-1082 sic montivagum genus esse ferarum,| sic hominum geminam prolem.
74On s’est appliqué aussi ces derniers temps à détecter des traces d’influences empédocléennes dans la poésie hellénistique. Quelques exagérations mises à part, quantité d’observations neuves ont été engrangées, moins chez Callimaque et Théocrite, que, comme on pouvait s’y attendre, chez des poètes qui avaient fait de l’hexamètre dactylique leur spécialité, Aratos de Soles (a)27 et surtout Apollonios de Rhodes (b)28.
(a) B 17, 19 ἀτάλαντον ἁπάντηι, cf. 22 ἀτάλαντον ἁπάντη. – B 35, 13 Φιλότητος ἀμέμϕεος, cf. (e contrario) 109 διακρίσιος περιμεμϕέος. – B 109, 1 ὕδατι δ’ ὕδωρ, cf. 962 ἐπὶ ὕδατι ὕδωρ. – Β 128, 1 οὐδέ τις ἦν κείνοισιν Ἄρης θεòς οὐδέ Κυδοιμός, cf. 108-109 Οὔπω λευγαλέου τότε νείκεος ἠπίσταντο, | οὐδὲ διακρίσιος περιμεμϕἐος, οὐδὲ κυδοιμοῦ (au sujet d’un passé doré et révolu, dans les deux cas).
(b) B 2, 5b ὅτωι προσέκυρσεν ἓκαστος, cf. I, 854b ὅπηι καὶ ἒκυρσαν ἓκαστος. – Β 2, 8-9 ἐπεὶ... μῆτις ὂρωρεν, cf. I, 1290-1291 ἐπεὶ... μῆτις ὂρωρεν. – Β 17, 19a Νεῖκός τ’ οὐλόμενον, cf. I, 498a νείκεος ἐξ ὀλοοῖο (également d’un point de vue cosmologique). – B 20, 5a πλάζεται ἄνδιχ’ ἕκαστα, cf. IV, 1291b ἄνδιχα δῆθεν ἕκαστος. – Β 22, 2... χθών τε καὶ οὐρανòς ἠδέ θάλασσα, cf. I, 496... γαῖα καὶ οὐρανὸς ἠδὲ θάλασσα. – Β 23, 1a ὡς δ’ ὁπόταν γραϕέες, cf. IV, 933a ὡς δ’ ὁπόταν δελϕῖνες. – Β 23, 2 ἀνέρες... εὖ δεδαῶτε, cf. I, 52a υἱέες εὖ δεδαῶτε. – Β 26, 4b... τε καὶ ἄλλων ἒθνεα θηρῶν, cf. III, 1275b... τε καὶ ἂλλων ἒθνεα Κόλχων. – Β 29, 2 θοά γοῦνα, cf. I, 1270 θοὰ γούνατ’. – Β 35, 1 αὐτὰρ ἐγὼ παλίνορσος ἐλεύσομαι ές πόρον ὔμνων, cf. III, 177 αὐτὰρ ἐγὼν ές δώματ’ έλεύσομαι Αίήταο. – Β 35, 6 ἀλλὰ θελημά (varia lectio ἀλλ’ ἐθελημά), cf. II, 656 ἀλλ’ ἐθελημός (varia lectio ἀλλὰ θελημός). – Β 35, 7b = Β 35, 16b ἒθνεα μυρία θνητῶν, cf. IV, 646b ἒθνεα μυρία Κελτῶν (peut-être par l’intermédiaire de Théocrite XVII, 77b ἒθνεα μυρία. ϕωτῶν). – B 43b σεληναίης κύκλον εὐρύν, cf. IV, 1604 ἐς εὐρέα κύκλον ἀγῶνος. – Β 48, 1 νύκτα δὲ γαῖα τίθησιν ὑϕιστάμένη ϕαέεσσι, cf. III, 1021 τήκεται ἠώιοισιν ἰαινομένη ϕαέεσσιν et IV, 1170 ‘Hὼς δ’ ἀμβροσίοισιν ἀνερχομένη ϕαέεσσι. – Β 52 πολλὰ δ’ ἔνερθ(ε) οὔδεος πυρὰ καίεται, cf. IV, 535-536 πολλὸν ἒνερθεν | οὔδεος. – Β 59, 2b ὃπηι συνέκυρσεν ἓκαστα, cf. I, 854b ὃπηι καὶ ἒκυρσαν ἓκαστος. – Β 62, 2 ὃρπηκας et 4 χθονός ἐξανέτελλον, cf. IV, 1423 χθονὸς ἐξανέτειλαν et 1425 ὃρπηκες. – Β 98, 1 ἴση συνέκυρσε μάλιστα, cf. II, 980 ὃπηι κύρσειε μάλιστα. – Β 100, 11 τέρεν δέμας, cf. III, 1204 τέρεν δέμας. – Β 111, 3 oἵ τ’ ἐπὶ γαῖαν, cf. III, 892 οἵ τ’ ἐπὶ γαῖαν. – Β 115, 10-11 ἐς αὐγὰς | ἠελίου, cf. I, 647-648 ἐς αὐγὰς [ἠελίου. – Β 121, 2b... τε καὶ ἂλλων ἔθνεα Κηρών, cf. III, 1275b... τε καί ἂλλων ἔθνεα Κόλχων. – Β 124, 2 τοίων ἐκ τ’ ἐρίδων ἔκ τε στοναχῶν ἐγένεσθε, cf. IV, 446 ἐκ σέθεν οὐλόμεναί τ’ ἒριδες στοναχαί τε πόνοί τε. – Β 134, 3 θοὰ γοῦνα, cf. I, 1270 θοὰ γούνατ’. – Β 136, 2 ἀκηδείησι νόοιο, cf. III, 298 ἀκηδείησι νόοιο. – Β 138 χαλκῶι ἀπὸ ψυχὴν ἀρύσας, cf. III, 1015-1016 : ἀπò στηθέων ἀρύσασα | ψυχήν...
75Ce point aussi a reçu une confirmation dans le papyrus de Strasbourg. En quelques endroits, le papyrus présente des séquences de mots qui ne sont pas attestées ailleurs que chez Aratos ou Apollonios. Le papyrus montre en tout cas qu’Aratos et Apollonios disposaient, pour Empédocle, d’un choix de vers qui outrepassait le corpus de citations parvenu jusqu’à nous.
(a) P.Strasb. a(i) 1 οὐκ ἂν ἔτ, ἦσαν, cf. 456 οὐκ ἂν ἒτ’ εἰς ἄλλους. – P.Strasb. a(ii) 14 ἐπ’ ἀνδράσι τ[εκμήρασθαι], cf. 932 ἐπ’ ἀνδράσι τεκμήρασθαι. – P.Strasb. d 14 δέρκεται ἠώς, cf. 751 ἐπχδέρκεται ἠῶ.
(b) P.Strasb. a(ii) 21 μὴ μοῦνον ἀν’ οὔατα [μῦθος ἵκηται], cf. III, 904 μὴ πατρòς ἐς οὔατα μῦθος ἵκηται. – P.Strasb. d 16 κλαγ]γῆι καὶ ἀϋτῆι, cf. II, 1077-1079 : οἵη... κλαγγή.... τοίη... ἀϋτή.
76Le dossier de Grégoire de Nazianze mérite aussi d’être rouvert. Les parallèles empédocléens n’ont certes pas été enrichis par le déchiffrement du papyrus, mais un nouveau dépouillement29 permet de revoir à la hausse la fréquence avec laquelle l’auteur s’est servi dans ses poèmes de formules empruntées à Empédocle.
A 1 § 69 (ii) (à propos du prétendu saut dans l’Etna), cf. carm. 2, 2, 7, 281-285 (Patrologia Graeca 37,, 1573). – B4, 3 ἐνὶ σπλάγχνοισιν (après la césure centrale), cf. carm. 1, 2, 9, 40 (Patrologia Graeca 37, 670) et 8 autres passages. – B 28, 1, cf. or. 40, 41, 36 (Patrologia Graeca 36, 417 B : la Trinité, définie comme πάντοθεν ἴση). – B 30, 1a-2b αὐτὰρ ἐπεί | τελειομένοιο χρόνοιο, cf. carm. 2, 2, 7, 190-191 (Patrologia Graeca 37, 1566). – B 112, 4 οὐκέτι θνητός (à la fin du vers), cf. carm. 1, 2, 17, 65 (Patrologia Graeca 37, 786). – B 115, 3 εὖτέ τις (au début du vers), cf. carm. 1,2, 1, 665 (Patrologia Graeca 37, 573) et 2 autres passages. – B 117, 2 θάμνος (comme étape de la suite des réincarnations), cf. carm. 1, 1, 8, 89 (Patrologia Graeca 37, 450).
77Revenons à la doctrine. Je voudrais signaler encore quatre témoignages absents de toutes les éditions. Le premier se cache dans une scholie au vers 565 de la Théogonie d’Hésiode30.
Δόγμα γάρ ἐστιν Ἐμπεδόκλειον, ὃ βούλεται τὰς πάσας τῶν ἀνθρώπων ψυχὰς εἶναι καὶ προυϕεστάναι παρὰ τῶι δημιουργῶι καὶ τῆι προνοίαι καὶ προκόπτειν ἐκεῖ καὶ ἀναβαίνειν εἰς τελεωτέρους βαθμούς ἐπειδὰν δὲ πρòς τὰ γήινα ταυτὶ καί ϕθαρτὰ τὴν ὁρμὴν μετατρέψαιεν, εὐθὺς αὐτò τοῦτο λαμβάνουσιν ἐπιτίμιον, τò ἐκεῖθεν μεταπεσεῖν ἐπὶ τά σώματα καὶ τὴν μετὰ τούτων διαγωγήν.
« Un point de la doctrine empédocléenne veut en effet que toutes les âmes des humains se trouvent et résident préalablement auprès du démiurge, que grâce à la providence elles progressent là-bas et s’élèvent vers des degrés supérieurs de perfection. Lorsqu’elles s’orientent vers les choses qui sont ici sur terre et qui sont périssables, aussitôt elles reçoivent cela même comme châtiment : déchoir de là pour entrer dans des corps et pour passer leur temps en compagnie de ces derniers. »
78Empédocle, selon ce témoignage, aurait enseigné que les âmes, c’est-à-dire les démons, dans leur état bienheureux, résident auprès du démiurge et que leur exil sur terre est une punition. L’origine de la scholie a été attribuée au néo-platonicien Proclus31.
79Deux témoignages supplémentaires ont récemment été découverts par Marwan Rashed32. Il s’agit de notices exégétiques inscrites en marge d’un manuscrit (Laurentianus 87.7) du De Generatione et Corruptione d’Aristote, 315a6-8, qui a été copié dans les premières décennies du XIIe siècle dans le scriptorium de Ioannikios33. Aristote rapporte, dans le passage en question, la doctrine supputée empédocléenne de l’unification des éléments dans le Sphairos et de la naissance subséquente de chacun des éléments à partir de lui :
Aristote 315a 6... ὅταν εἰς ἓν συνα
7 γάγηι τὴν ἅπασαν ϕύσιν πλὴν τοῦ νείκους, ἐκ τοῦ ἑνός γίγ-
8 νεσθαι πάλιν ἕκαστον.
« ...après qu’il (sc. Empédocle) a réuni l’ensemble de la nature en un excepté la Haine, chacun (sc. des éléments) naît à nouveau de l’un (sc. selon la doctrine d’Empédocle). »
80Cette indication est précisée dans le Laur. 87.7 par deux scholies. La première (f. 201) explique qu’en disant « un » (315a6), Aristote vise le Sphairos d’Empédocle, c’est-à-dire, selon l’interprétation néoplatonicienne habituelle du système d’Empédocle, le cosmos intelligible :
σϕαῖρον, ἵνα γένηται ὁ διανοητòς κόσμος τῆς ϕιλίας ἐπικρατησάσης.
« dans le Sphairos, afin que naisse le cosmos intelligible, aussitôt que l’Amour a pris le dessus. »
81La seconde scholie (f. 201v.) remarque d’abord que la naissance de chacun des éléments à partir de Sphairos dont parle Aristote en 315a7s. a lieu par séparation (διακρίσει), et poursuit par une information tout à fait singulière dans la doxographie empédocléenne, qui concerne la durée qui s’écoule avant que la Haine ne reprenne le dessus :
διακρίσει, μετά ρ’ χρόνους νείκους ἐπικρατοῦντος.
« par séparation, la Haine reprenant le dessus après cent périodes. » Ce texte pose, comme Rashed l’a vu, deux questions :
La pensée exige que χρόνος représente une unité de temps définie. Mais χρόνος n’est pas attesté en ce sens, si ce n’est dans l’emploi byzantin χρόνος = « année », qui n’est cependant d’aucune aide dans notre contexte. Rashed suggère qu’on pourrait soit identifier un χρόνος avec une « grande » année platonicienne, soit l’entendre dans le sens du latin saeculum, équivalent à cent ans. Mais aucun de ces deux emplois n’est attesté, comme Rashed le reconnaît. Peut-être l’usage remarquable que la scholie fait du terme s’explique-t-elle mieux si nous n’avons pas ici affaire à la formulation indépendante d’une indication doxographique, mais que χρόνος sert à rendre le terme empédocléen d’αἰώv. Αἰών signifie entre autres chez Empédocle la « durée d’une vie humaine », et est employé à plusieurs reprises comme unité de mesure pour des durées importantes (B 129, 6 ; P. Strasb. a (ii) 6). En Grec tardif et byzantin, cette signification d’αἰών avait depuis longtemps disparu au profit d’« éternité » ou d’« âge du monde », de sorte qu’une indication de durée avec αἰών pour unité n’aurait plus été compréhensible. Une solution simple consistait à substituer dans la paraphrase αἰών par le terme neutre χρόνος, et à éventuellement ajouter combien de temps durait en l’occurrence un tel « temps ». Empédocle lui-même aurait donc dit que la Haine reprend le dessus après cent αἰώνες.
La seconde question que l’on peut se poser est de savoir si le génitif absolu de durée νείκους ἐπικρατοΰντος se rapporte à la puissance de la Haine au début de son activité (c’est-à-dire au moment où elle envahit le Sphairos), ou bien au moment de sa domination intégrale, qui n’intervient le cas échéant que bien postérieurement. Dans le premier cas, les cent χρόνοι correspondraient à la durée du Sphairos, qui prend fin avec l’invasion de la Haine, dans le second cas, ils correspondraient à la durée au cours de laquelle la domination de la Haine s’étend, et qui atteint son terme avec la séparation complète des quatre racines élémentaires.
82Quoi qu’il en soit, la scholie livre pour la première fois une indication de durée pour le cycle cosmique lui-même. Jusqu’à présent, nous ne disposions que de l’indication que donne le fragment B 115 sur la durée de l’exil des démons (30 000 ὧραι).
83J’ai relevé le quatrième témoignage chez Michel Italicos, un Byzantin de la première moitié du XIIe siècle qui atteignit le rang de métropolite à Philippopolis. Un passage d’une oraison à la mémoire d’Andronic Comnène (no 3 Gautier) illustre de nouveau, comme la première des deux scholies au De generatione et corruptione la doctrine empédocléenne, aujourd’hui combattue par certains exégètes ou considérée comme une métaphore34, selon laquelle le monde du Multiple serait destiné un jour à se fondre à nouveau dans l’Unité du Sphairos35.
Εἶτα, τοσούτου καταρραγέντος ἀπόπτου κίονος καὶ συγκατενεγκότος τò πᾶν, πῶς οὐ σεισμὸς ἐξαίσιος τὴν οἰκουμένην κατείληϕε καὶ σύγχυσες τῶν στοιχείων καὶ ἀνάκρασις ἐγεγόνει ὥσπερ εἰς τὸν Ἐμπεδοκλέους σϕαῖρον36 τῶν ὃλων ἀναλυθέντων καί τοῦ παντός ἀνακύκλησις...
« Ensuite, quand une si grande colonne, visible de si loin, s’est effondrée et a entraîné avec elle l’ensemble, comment se fait-il qu’un séisme extraordinaire ne s’est pas emparé de l’univers, qu’une fusion et un mélange des éléments ne se sont pas produits, à l’image de la dissolution de toutes choses menant au Sphairos d’Empédocle, c’est-à-dire du retour cyclique de l’univers à son origine... »
84Mais où Michel Italicos a-t-il pu puiser une telle information ? Une lettre de l’auteur (n° 29 Gautier), connue elle depuis longtemps, suscite la même interrogation37. Michel Italicos réagit là à la demande que lui a adressée son correspondant de bien vouloir vérifier dans les vers originaux d’Empédocle certains points de sa doctrine. Il explique qu’il n’y est parvenu qu’en partie, – et de citer B 17, 6-738, ainsi que B 53. Pour le reste, il ne lui a pas été possible de trouver les passages originaux d’Empédocle. En guise de compensation, Michel Italicos n’hésite pas à offrir à son correspondant des hexamètres de sa propre composition, illustrant les points en question : B 16039.
85Est-il permis de penser que Michel Italicos a mené ses recherches dans un exemplaire complet du texte d’Empédocle, encore accessible à l’époque byzantine ? L’hypothèse est moins téméraire qu’il ne peut paraître, surtout depuis la publication, en 1974, d’un discours de Théodore Prodrome, ami et disciple de Michel Italicos40. Il s’agit d’un éloge de Jean IX Agapétos, qui fut patriarche de Constantinople de 1111 à 1134. Théodore Prodrome félicite le patriarche pour la part active qu’il a prise dans la diffusion des littératures profane et chrétienne. Il souligne en particulier que Jean Agapétos a fait multiplier par les copistes de la capitale un texte d’Empédocle, dont un exemplaire isolé avait été trouvé41.
Μία ἡ Ἐμπεδοκλέος (sic) εὕρηται δήπουθεν βίβλος, ἀλλ’ ὑπò τοῦ δεσπότου πληθύεταί τε καὶ αὔξεται καθάπερ ἀϕ’ ἑνός ϕωτòς ϕῶτα πολλὰ μεριζόμενα. Πλήθουσι μὲν αἱ ἀνὰ τὴν πόλιν οἰκίαι γραϕέων, πλήθουσι δὲ τὰ τῆς ἐκκλησίας ἀνάκτορα.
Le livre d’Empédocle a été trouvé en un exemplaire, mais, grâce à notre maître, il se multiplie et s’accroît, de même que d’une seule lumière en naissent de multiples par division. Les maisons à travers la ville sont pleines de copistes, ainsi que les églises.
86Le même Théodore Prodrome mentionne le « livre d’Empédocle » dans son roman Rodanthe et Dosiclès42 ; et son poème Ἀπόδημος Φιλία (L’Amour en exil)43 a été décrit comme une tentative d’adapter le système d’Empédocle au Christianisme44.
87Rien n’empêche donc, si plusieurs exemplaires d’un texte d’Empédocle circulaient à Constantinople à l’époque de Théodore Prodrome, que les références à l’œuvre du poète et les citations que l’on relève chez son maître et ami Michel Italicos, ainsi que les interprétations fournies par les scholies anonymes du cod. Laur. 87.7, se soient appuyées sur le texte original. La même réflexion vaut pour les nombreuses citations, dont une « nouvelle », présentes chez Jean Tzétzès, un contemporain de Théodore Prodrome, dont il faut remarquer d’ailleurs qu’il fournit des indications particulièrement précieuses sur l’emplacement des fragments. Il n’est donc pas déraisonnable d’imaginer que l’un des manuscrits au moins du XIIe siècle a pu survivre aux destructions infligées à Constantinople lors de la quatrième croisade (1204 ap. J.-C.).
88Au début du XVe siècle, Giovanni Aurispa, chasseur de manuscrits, entreprit deux voyages, dans ce qui constituait encore l’Orient grec. Le fruit en fut considérable. Ce sont 3.000 manuscrits grecs au total qu’Aurispa aurait apportés en Italie : Homère, Eschyle, Sophocle, Apollonios, et beaucoup d’autres45. Dans une lettre datée d’août 1424, l’auteur prétend, lors de son second voyage (1421-1423), avoir ramené à Venise les Catharmes d’Empédocle, parmi de nombreux livres grecs46.
« ... caetera omnia Venetias mecum adduxi ; nam gentilium auctorum volumina Venetiis habeo ducenta triginta octo, ex quibus aliqua tibi quae rarissimo inveniri soient nominatim dicam ; nam nec omnia memoriae [ ?] habeo et, si maxime recordarer, longum esset omnia dinumerare. Argonautica Orphei et eiusdem auctoris tria alia opuscula et hymnos ; Callimachum ; quamplurimas Pindari Odas ; Laudes deorum Homeri, non parvum opus ; Oppianum De venatu, item De naturis piscium, sed id rarum non est ; Phocylidem ; Καθαρμοὺς Ἐμπεδοκλέους ; Aristarchum Super Iliade in duobus voluminibus, opus quoddam spatiosum et pretiosissimum... »
« ... j’ai amené tout le reste avec moi à Venise ; car je possède à Venise 238 livres d’auteurs profanes, dont je te signalerai nommément quelques-uns, qui d’ordinaire ne se rencontrent que très rarement ; en effet, je ne les ai pas tous en mémoire et, si j’en avais un souvenir exact, ce serait une longue tâche que de les énumérer tous. Les Argonautiques d’Orphée, trois autres opuscules du même auteur et des hymnes ; Callimaque ; les Odes de Pindare au grand complet ; les Eloges des dieux d’Homère (c.-à-d. les Hymnes homériques), une œuvre considérable ; Oppien, De la chasse (c.-à-d. les Cynégétiques), ainsi que De la nature des poissons (c.-à-d. les Halieutiques), mais cela n’est pas rare ; Phocylide ; les Catharmes d’Empédocle ; Aristarque, Sur l’Iliade en deux livres, une œuvre étendue et des plus précieuses... »
89Ce précieux manuscrit n’a cependant nulle part fait surface, en dépit des recherches intensives que le premier éditeur moderne d’Empédocle, Fr. W. Sturz, a suscitées à travers l’Italie47. Faut-il conclure qu’Aurispa a mal compris l’incipit de l’un de ses manuscrits, voire qu’il a délibérément poussé par une information sensationnelle, mais fausse, la vente de ses manuscrits ? Ou bien se trouvait-il réellement dans la Venise de l’an 1424 un manuscrit d’Empédocle ? Le nouveau témoignage de Théodore Prodrome plaide en faveur de cette dernière hypothèse.
90Quelques remarques pour finir.
91Nous avons vu que l’image de la tradition d’Empédocle peut être enrichie pour pratiquement chaque époque de l’histoire de la littérature grecque de quelques traits significatifs.
92Une des tâches de la recherche serait d’explorer systématiquement, sur le modèle des études qui ont été consacrées à Aristote48, à Plutarque49 et à Hippolyte de Rome50, les modes de citation et les pratiques interprétatives d’autres lecteurs antiques et tardo-antiques d’Empédocle.
93Il semble au moins aussi urgent d’explorer attentivement la littérature byzantine, avant tout celle du XIIe siècle. Le fait qu’il existait à cette époque, comme nous avons pu le montrer, plusieurs copies d’un texte complet d’Empédocle justifie l’espoir que d’authentiques découvertes sont aussi possibles dans le domaine de la tradition indirecte contemporaine, quand la littérature byzantine déjà éditée aura été exhaustivement incluse dans le Thesaurus Linguae Graecae et que la publication de textes encore inédits aura encore progressé.
94Finalement, il n’est sans doute pas entièrement irréaliste d’espérer que l’examen des fonds manuscrits en Italie ou à Istanbul puisse faire surgir le manuscrit qui avait été en possession d’Aurispa ou l’une des copies préparées sous Jean Agapetos, oubliée dans un recoin de bibliothèque, ou éventuellement cachée dans un vaste codex des homélies du patriarche.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bästlein, A., « Quid Lucretius debuerit Empedocli Agrigentino », Jahresbericht des K. Preuss. Hennebergischen Gymnasiums Schleusingen [Meiningen], 1875, 1-21.
Blass, Fr., 18872, Die Attische Beredsamkeit. I. Von Gorgias zu Lysias, Leipzig.
Bollack, J., 1959, « Lukrez und Empedokles », Die Neue Rundschau, 70, 656-686.
Bollack, J., 1965, Empédocle. I. Introduction à l’ancienne physique, Paris.
Bollack, J., 1969, ed., Empédocle. IL Les origines. Edition et traduction des fragments et des témoignages, Paris.
Campbell, M., 1983, Studies in the Third Book of Apollonius Rhodius Argonautica, (Altertumswissenschaftliche Text und Studien 9), Hildesheim & Zürich & New York.
Castner, C., 1987, « De Rerum natura 5.101-103 : Lucretius’ application of Empedoclean language to Epicurean doctrine », Phoenix, 41, 40-49.
10.2307/1088601 :Cherniss, H., 1935, Aristotle’s Criticism of Presocratic Philosophy, Baltimore.
10.2307/2179895 :Diels, H., 1901, ed., Poetarum Graecorum Fragmenta. III/1. Poetarum Philosophorum Fragmenta, Berlin.
Dlels, H., & Kranz, W., 19345, ed., Die Fragmente der Vorsokratiker. Griechisch und Deutsch, Berlin.
Di Gregorio, L., 1975, ed., Scholia vetera in Hesiodi Theogoniam, Milan.
Dover, K., 1968, Lysias and the Corpus Lysiacum, Berkeley & Los Angeles.
Dübner, Fr., 1846, ed., Christuspatiens, Ezechieli et Christianorum poetarum reliquioe dramaticae, dans : F. W. Wagner (ed.), Euripidis perditarum fabularum fragmenta, Paris.
Flach, H., 1876, ed., Glossen und Scholien zur Hesiodischen Theogonie mit Prolegomena, Leipzig.
Furley, D., 1989, « Variations on themes from Empedocles in Lucretius’ poem » (1970), in : D.F., Cosmic Problems, Cambridge, 172-82.
Gautier, P., 1972, ed., Michel Italikos. Lettres et discours, Paris.
Gomperz, Th., 1912, « Beiträge zur Kritik und Erklärung griechischer Schriftsteller. IV », in : Th.G., Hellenika, I, Leipzig, 274-99.
Hallier, E., 1857, Lucreti carmina e fragmentis Empedoclis adumbrata, Diss., Iéna.
Hansen, A., 1989, ed., Carmina Epigraphica Graeca saeculi IVa.Chr.n. (CEG 2), Berlin & New York.
Hershbell, J., 1971, « Plutarch as a Source for Empedocles Re-examined », American Journal of Philology 92, 156-84.
10.2307/293328 :Hölscher, U, 1968, Anfängliches Fragen. Studien zur frühen griechischen Philosophie, Göttingen.
Horna, C., 1930, « Empedocleum », Wiener Studien, 48, 1-11.
Jobst, F., 1907, Über das Verhältnis zwischen Lukretius undEmpedokles, Diss., Munich.
Karsten, S., 1838, ed., Philosophorum Graecorum veterum praesertim qui ante Platonem floruerunt operum reliquiae. IL Empedoclis Agrigentini carminum reliquiae, Amsterdam.
Kerferd, G., & Flashar, H., 1998, « Die Sophistik », dans : Grundriss der Geschichte der Philosophie. [Begründet von Fr. Ueberweg. Völlig neubearbeitete Ausgabe.] Die Philosophie der Antike, 2/1, hg. H. Flashar, Bâle, 1-137.
Kranz, W., 1944, « Lukrez und Empedokles », Philologus 96, 68-107.
10.1524/phil.1944.96.12.68 :Kyriakou, E, 1994, « Empedoclean Echoes in Apollonius Rhodius’ ‘Argonautica’ », Hernies 122, 309-19.
Latte, K., Erbse, H., 1965, ed., Lexica Graeca Minora, Hildesheim.
Livrea, E., 1973, ed., Apollonii Rhodii Argonauticon Liber IV, (= Biblioteca di Studi Superiori LX), Florence.
Ludwig, W., 1963, « Die Phainomena Arats als hellenistische Dichtung », Hermes 91, 425-48.
Manaphes, K., 1974, ed., Θεοδώρου τού Προδόμου λόγος εἰς τòν πατριάρχην Κωνσταντινουπόλεως Ἰωάννην Θ’ τόν Ἀγαπητòν. Ἐπετηρὶς Ἐταιρείας Βυζαντινῶν Σπουδών, 41, 223-42.
Mansfeld, J., 1990, « Aristotle, Plato, and the Preplatonic doxography and chronography » (1986), dans : J.M., Studies in the historiography of Greek philosophy, Assen – Maastricht, 22-83.
Mansfeld, J., 1992, Heresiography in context. Hippolytus Elenchos as a Source for Greek Philosophy, Leyde-New York-Cologne.
Mansfeld, J., 1994, « A lost manuscript of Empedocles’ Katharmoi », Mnemosyne, 4e s., 47, 79-82.
10.1163/156852594X00870 :Marcovich, M., 1992, ed., Theodorus Prodromus : De Rhodanthes et Dosiclis amoribus libri IX, Stuttgart & Leipzig.
Martin, A., & Primavesi, O., 1999, ed., L’Empédode de Strasbourg (P. Strasb. gr. Inv. 1665-1666). Introduction, édition et commentaire, Strasbourg & Berlin.
Mathieu, G., 1942, ed., Isocrate. Discours, III, Paris.
Osborne, C., 1987, Rethinking Early Greek Philosophy, Londres.
Passamonti E., 1892, « Dell’ Ἀπόδημος ϕιλία di Teodoro Prodromo », Rendiconti della R. Accademia dei Lincei, Classe di scienze Morali, Storiche e Filologiche, ser. 5, vol. 1 361-70.
Patzer, A., 1986, Der Sophist Hippias als Philosophiehistoriker, Fribourg-en-Brisgau & Munich.
Pfeiffer, R., 1982, Die Klassische Philologie von Petrarca bis Mommsen, Munich.
Preuner, E., 1920, « Archäologisch-Epigraphisches », Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts 35, 59-82.
Rashed, M., 2001, Die Überlieferungsgeschichte der aristotelischen Schrift Degeneratione et corruptione, (Serta Graeca vol. 12) Wiesbaden.
Sabbadini, R., 1931, ed., Carteggio di Giovanni Aurispa, Rome.
Sakellion, I., 1877, ed., « Λέξεις μεθ’ ἱστοριῶν – Lexicon Patmense », Bulletin de Correspondance Hellénique, 1, 10-6 & 137-55.
Schindel, U., 1977, « Untersuchungen zur Biographie des Redners Lysias » (1967), dans : Kleinere Attische Redner, hg. A. Anastassiou & D. Irmer, Darmstadt, 264-87.
Sedley, D., 1998, Lucretius and the transformation of Greek wisdom, Cambridge.
10.1017/CBO9780511482380 :Snell, Br., 1976, «Die Nachrichten über die Lehren des Thales und die Anfange der griechischen Philosophie- und Literaturgeschichte» (1944), in: Sophistik, hg. C.J. Classen, Darmstadt, 478-90.
10.1524/phil.1944.96.12.170 :Stein, H., 1860, « Empedokles », Philologus, 15, 143-46.
Sturz, Fr.W., 1805, ed., Empedocles Agrigentinus, I, Leipzig.
Thalheim, Th., 1913, ed., Lysiae Orationes. Maior editio altera correction Leipzig.
Traglia, A., 1963, « Reminiscenze empedoclee nei « Fenomeni » di Arato », in : Miscellanea di Studi Alessandrini in memoria di Augusto Rostagni, Torino, 382-93.
Treu, M., 1895, « Michael Italikos », Byzantinische Zeitschrift, 4, 1-22.
10.1515/byzs.1895.4.1.1 :West, M.L., 1982, Greek Metre, Oxford.
Wilamowitz-Moellendorff, U. von, 1935, « Die Καθαρμοί des Empedokles », (1929), in : U. v. W.-M., Kleine Schriften, I, 473-521.
Wyss, B., 1983, « Gregor II (Gregor von Nazianz) », in : Reallexikon für Antike und Christentum XII, 793-863.
Notes de bas de page
1 Je remercie Alain Martin, Bruxelles, et André Laks, Lille, d’avoir révisé la traduction française de cet article, Marwan Rashed, Paris, pour avoir généreusement mis à ma disposition, avant publication, son livre important Die Überlieferungsgeschichte der aristotelischen Schrift De genera tione et corruptione, ainsi que Thomas Poschenrieder, Munich, pour une vérification scrupuleuse des données statistiques.
2 Diels & Kranz 19345 [= D.-K.]. Les fragments d’Empédocle sont cités ici d’après cette édition ; il y est renvoyé de manière simplifiée : par exemple, B 17 = 31 B 17 D.-K.
3 Diels 1901 ; Bollack 1969.
4 Martin & Primavesi 1999 [= P.Strasb.].
5 Le catalogue des œuvres de Plutarque prétendument dressé par Lamprias mentionne ce traité sous le no 43, Εἰς Ἐμπεδοκλέα βιβλία ι’ ; nous n’en avons conservé qu’un écho (fr. 24 Sandbach). Auraient de même consacré une étude à notre philosophe : au Ve siècle av. J.-C. déjà, Zénon d’Élée (cf. A 5 ; 29 A 2 D.-K.) et Xanthos de Lydie (cf. A 1 § 63) ; au IIIe siècle av. J.-C., Hermarque de Mytilène, successeur d’Epicure à la tête du Jardin, auteur d’un traité polémique Πρòς Ἐμπεδοκλέα en 22 livres (cf. Diogène Laërce X, 25).
6 Simplicius, in Aristotelis Physicorum libros p. 144, 25-8 Diels (28 A 21 D.-K.).
7 Denys d’Halicarnasse, Orateurs antiques 8 Usener & Radermacher ; [Plutarque], Vitae decem oratorum 835 d (9, 7-12 Mau) ; Photios, Bibliothèque (cod. 262) 489 b 23-30 (VIII 53 Henry) ; Souda λ 858 (III 301 Adler).
8 Cf. encore Dover 1968, 28-46.
9 Schindel 1977, 287 : « in den (frühen) fünfziger Jahren des 5. Jh. ».
10 Thalheim 1913, 369s. Gallavotti 1975, 137, no 78, est apparemment le premier des éditeurs d’Empédocle à avoir fait une place à ce fragment de Lysias parmi les testimonia. L’extrait est transmis par le Lexicon Patmense, s.v. Ἐμπεδοκλέους ἓχθρα ; cf. Sakellion 1877, 153 – Latte & Erbse 1965, 163. Le même article, plus ou moins abrégé, se lit dans diverses compilations : Photios, Lexique ε 740 (II 74 Theodoridis) ; Souda ε 1004 (II 259 Adler) ; Diogénianos 4, 77 (Corpus Paroemiographorum Graecorum I 244 Leutsch & Schneidewin)’, Apostolios 7, 13 (Corpus Paroemiographorum Graecorum II 398 Leutsch) ; Λέξεις ῥητορικάί s.v. Ἐμπεδοκλέους έχθρα (Anecdota I 249 Bekker). Cf. Blass 18872, 374 (cf. n. 1) ; 422s.
11 Sur Hippias, cf. Kerferd & Flashar 1998, 64-8.
12 Cf. Gomperz 1912, 289.
13 Hippias, 86 B 6 D.-K.
14 Platon, Cratyle 402 b-c ; Aristote, Métaphysique A 3, 983 b 27-33. Sur ces rapprochements, cf. Snell 1976.
15 Patzer 1986 (sur le titre de l’œuvre, cf. 97-9) ; cf. Mansfeld 1990.
16 Cf. Patzer 1986, 49-55. Hippias songeait peut-être à un passage comme B 17, 6 καὶ ταῦτ’ ἀλλάσσοντα διαμπερὲς οὐδαμὰ λήγει plutôt qu’à B 8 (où le devenir n’est pas à proprement parler opposé à l’être, mais bien la combinaison sans cesse renouvelée des mêmes éléments à la véritable naissance et à la véritable disparition), comme le suggère fauteur (53).
17 Cf. Patzer 1986, 83s.
18 Avec la variante κεῖσ(αι) ἀλλοφρονέων, déjà illustrée par Démocrite, 68 A 101 D.-K., contre le texte de la vulgate, ἧσ(αι) ὀλιγηπελέων.
19 Cf. Patzer 1986, 72-4.
20 Cf. Patzer 1986, 90-4. Gallavotti 1975, 137, no 78, est à nouveau le seul parmi les éditeurs d’Empédocle à avoir inclus ce texte parmi les testimonia.
21 Mathieu 1942, 168 (sur la date du discours, vers 354/3 av. J.-C., cf. 88). Le passage, négligé pour Empédocle par Diels & Kranz 19345, a bien été exploité pour Alcméon (24 A 3 D.-K.), Ion (36 A 6 D.-K.) et Gorgias (82 B 1 D.-K.).
22 Cf. Wilamowitz-Moellendorff 1935, 514 n.1 ; Hansen 1989, 64s., no 567.
23 Cf. West 1982, 36s.
24 Preuner 1920, 69 : « Prägnant ist das Lebenselement des Töpfers vorangestellt und deshalb die Elementenfolge des Empedokles abgeändert ».
25 Hallier 1857 ; Bästlein 1875 ; Jobst 1907 ; Kranz 1944 ; Bollack 1959 ; Furley 1989 ; Castner 1987 ; Sedley 1998, 1-34.
26 Cf. Martin & Primavesi 1999, 230-5.
27 Cf. Ludwig 1963, 446s. ; Traglia 1963.
28 Cf. Livrea 1973, 205s. ; Campbell 1983, 129 ; Kyriakou 1994.
29 Cf. Wyss 1983, 821s.
30 Di Gregorio 1975, 86, 12-8.
31 Cf. Flach 1876, 122 : « ... so scheint mehr als wahrscheinlich, dass wir in dem ganzen Scholion Theog. 565 den echten Proklos haben ».
32 Cf. Rashed, 2001, 141-5.
33 Cf. Rashed, 2001, 132-4.
34 Cf. Bollack 1965, 151s. ; Hölscher 1968, 183-186.
35 Gautier 1972, 86, 23-7.
36 Le mot désigne évidemment le Sphairos de la physique empédocléenne, et non, comme le suppose Gautier 1972, 86, n. 14, le poème Σϕαίρα prétendument composé par Empédocle.
37 Gautier 1972, 194, 10 – 195, 5 ; cf. Horna 1930, 9 (d’après une collation du manuscrit par E. Lobel). Stein 1860 a le premier relevé la présence de vers d’Empédocle dans cette lettre, avant même que l’auteur n’en fût identifié. L’attribution du texte remonte en effet à Treu 1895.
38 Gautier 1972, 194, 8, a tort de corriger οἷς μὲν αὐτὸς μέμνηται περὶ Φιλίας καὶ Νείκους en οἷς μεν αὐτὸς μέμνημαι περὶ Φιλίας καὶ Νείκους dans l’introduction de la citation. Il n’est pas question de « vers concernant la haine et l’amitié, dont je me souviens », comme traduit Gautier (193) (on attendrait en ce cas ὧν μὲν αὐτὸς μέμνημαι κτλ.), mais des vers dans lesquels lui-même, c.-à-d. Empédocle, mentionne l’Amitié et la haine.
39 Ces vers, que Stein 1860 tenait encore pour authentiquement empédocléens, sont en fait une sorte d’exercice de style de la part de Michel Italicos.
40 Manaphes 1974.
41 Manaphes 1974, lignes 334-7.
42 Marcovich 1992, 16 (IX 425-428) : ἦ που τυχὸν καὶ βίβλον Ἐμπεδοκλέος / καί δέλτον ἀνέγνωκας Ἀναξαγόρου, / κάκ τῆς ἐρεύνης τῶν ϕυσικῶν πυξίων, / οὕτω προῆλθες εἰς τò τὰς πεύσεις λύειν.
43 Edité par Fr, Dübner 1846, 83-90.
44 E. Passamonti 1892, 370.
45 Cf. Pfeiffer 1982, 68.
46 Sabbadini 1931, 11,19 – 12,2.
47 Sturz 1805, 76-80 ; cf. Karsten 1838, 76s. ; Mansfeld 1994.
48 Cherniss 1935, Bollack 1965.
49 Hershbell 1971.
50 Osborne 1987. Mansfeld 1992.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le visage qui apparaît dans le disque de la lune
De facie quae in orbe lunae apparet
Alain Lernould (dir.)
2013
Commenter et philosopher à la Renaissance
Tradition universitaire, tradition humaniste
Laurence Boulègue (dir.)
2014
Diego Lanza, lecteur des œuvres de l'Antiquité
Poésie, philosophie, histoire de la philologie
Rossella Saetta Cottone et Philippe Rousseau (dir.)
2013
Figures tragiques du savoir
Les dangers de la connaissance dans les tragédies grecques et leur postérité
Hélène Vial et Anne de Cremoux (dir.)
2015
La représentation du « couple » Virgile-Ovide dans la tradition culturelle de l'Antiquité à nos jours
Séverine Clément-Tarantino et Florence Klein (dir.)
2015
Hédonismes
Penser et dire le plaisir dans l'Antiquité et à la Renaissance
Laurence Boulègue et Carlos Lévy (dir.)
2007
De l’Art poétique à l’Épître aux Pisons d’Horace
Pour une redéfinition du statut de l’œuvre
Robin Glinatsis
2018
Qu'est-ce que la philosophie présocratique ?
What is presocratic philosophy ?
André Laks et Claire Louguet (dir.)
2002