La description dans les démarches de recherche en psychologie
p. 155-170
Texte intégral
1Dans la mesure où, à notre connaissance, il n’existe pas d’études consacrées aux conditions d’utilisation effective de la description dans les pratiques de recherche en psychologie, l’analyse proposée dans cette contribution s’appuyera essentiellement sur les commentaires méta-méthodologiques fournis par les psychologues, dans le cadre de manuels de psychologie générale ou d’introductions à des démarches spécifiques de recherche.
2Sur la base de l’examen de ces documents, un premier constat s’impose d’emblée : à l’exception de certains ouvrages consacrés à la psychologie animale, le problème du statut et du rôle de la description est rarement abordé en tant que tel ; le terme apparaît certes ça et là, mais sans définition ni problématisation, dans le cadre de commentaires plus généraux sur le statut de l’observation.
3Notre propos s’étendra en conséquence au problème de l’observation description dans la recherche en psychologie, et il se développera en trois temps.
4Tout d’abord une analyse du statut de cette observation-description, tel qu’il est proposé dans les paradigmes dominants de la psychologie expérimentale (béhaviorisme, constructivisme, cognitivisme).
5Ensuite, quelques commentaires critiques sur les apories et contradictions de cette conception, qui nous conduiront à contester l’épistémologie qui la sous-tend, et plus spécifiquement l’absence de prise en compte de la dimension fondamentalement sémiotique ou langagière de tout processus de constitution de connaissances.
6Enfin, la présentation de quelques principes du paradigme de l'interactionisme socio-discursif, qui nous paraît constituer le cadre épistémologique pertinent pour le questionnement de la psychologie, et qui nous paraît en conséquence susceptible de conférer un statut précis à l’activité descriptive aussi bien qu’aux segments textuels de description, dans le processus général de constitution de connaissances.
1. L’observation-description dans les paradigmes dominants
7De manière générale, l’observation-description est posée comme un préalable à (ou comme une première étape de) la méthode expérimentale proprement dite. Dans certains cas cependant, lorsque la mise en place d’une expérimentation pose problème, pour des raisons d’ordres divers, l’observation-description se voit reconnaître néanmoins un statut de méthode : de méthode à défaut d’expérimentation, ou encore de méthode « par défaut ».
1.1. L’observation-description comme préalable à l’expérimentation
8La plupart des discours méta-méthodologiques (cf. Claparède, 1947 ; Guillaume, 1946 ; Fraisse, 1963 ; Piaget, 1963 ; Reuchlin, 1977, 1992 ; Richelle, 1992 ; Richelle et Seron, 1994) décomposent la démarche expérimentale de la psychologie en trois phases : – la lecture des données empiriques ; – la formulation d’hypothèses ; – la validation des hypothèses par intervention expérimentale. Et de manière générale, le problème de l’observation-description n’est explicité et pris en compte que dans la première phase de cette démarche.
1.1.1. La lecture des données empiriques
« Toute science empirique commence tout naturellement par l’observation de la réalité qu'elle se donne pour objet d’étude. [...] A son stade le plus simple, l’observation vise à inventorier le réel, à en faire le relevé. »
(Richelle, 1992, 223)
9Présentée en ces termes, l’observation consisterait donc en un simple inventaire d’un réel par ailleurs préexistant et préorganisé ; mais l’auteur note cependant d’emblée que cet exercice est moins simple qu’il n’y paraît à première vue. Essentiellement parce qu’à vouloir embrasser le réel dans sa totalité, à vouloir le « photographier » ou le restituer entièrement, on finit par ne pouvoir rien en « voir » ou rien en « lire ». Toute observation implique donc un tri, un choix, une décision.
10Les principaux problèmes que pose ce tri observationnel sont celui des unités d’analyse et celui des propriétés à relever au sein de ces unités.
11S’agissant des unités, eu égard à une problématique psychologique donnée, deux types de questions se posent en permanence. Tout d’abord, doit-on ne prendre en compte que ce qui est empiriquement observable, c’est-à-dire les comportements des organismes et les objets du milieu, en ce qu’ils sont inscrits dans l’espace-temps ; ou doit-on également prendre en compte des phénomènes d’ordre psychique ou mental, qui ne paraissent pas en tant que tels être inscrits dans l’espace-temps, et qui, en conséquence, ne peuvent être directement observés, mais ne sont qu’inférables de manifestations comportementales apparentes ? En une formulation assez voisine, l’observation doit-elle s’en tenir aux aspects structuraux d’un phénomène (à titre d’exemple : 1. – approche d’un prédateur ; 2. – envol d’un groupe de choucas) ou peut-elle déjà attribuer à cet épisode une signification fonctionnelle imputant aux organismes impliqués des connaissances, des représentations, des émotions, etc. (dans notre exemple : l’approche du prédateur déclenche une réaction de crainte qui fait s’enfuir le groupe de choucas). Ensuite, à s’en tenir aux phénomènes directement observables, doit-on les saisir d’un point de vue molaire ou d’un point de vue moléculaire ; en se centrant sur les unités de rang supérieur (l’ensemble de la démarche de réalisation d’une aquarelle, par exemple), ou en se centrant plutôt sur chacune des unités comportementales qui y sont analytiquement attestables (dans notre exemple, sur chacun des gestes ou mouvements du peintre) ?
12S’agissant des propriétés de ces unités, quelles sont celles qui s’avèrent pertinentes eu égard au problème de recherche posé ? Si un botaniste se propose de classer un sous-ensemble d’arbustes, la couleur des fleurs est-elle une propriété pertinente ? Si un psychologue étudie les capacités de mémorisation, la fréquence des réponses par unité de temps constitue-t-elle un bon indice de ce qui a été retenu ? Et s’il se penche sur l’acquisition du langage, la longueur moyenne des énoncés constitue-t-elle un bon indice du niveau de langage effectivement maîtrisé ?
13Comme on le constate, ces différentes questions renvoient à de sérieux problèmes épistémologiques, que la plupart des auteurs évoqués plus haut relèvent certes, mais sans cependant en tirer toutes les conséquences, comme nous le verrons plus loin (2. Commentaires critiques).
14Quelle que soit la manière dont elle a été conduite, l’observation débouche sur des constats de régularités, qui peuvent être de deux ordres. D’une part l’établissement de classes ou de catégories de phénomènes qui ont un caractère de mêmeté, ou d’identité partielle (par exemple, les comportements de reproduction, les illusions perceptives, etc.). D’autre part la mise en évidence de mécanismes de dépendance entre phénomènes différents ; dépendance régulière qui permet la prévision et donc l’établissement de lois empiriques : chaque fois qu’on observe telle combinaison de stimulus, on observe telle réponse ; à tel âge, on obtient telle longueur moyenne des énoncés, etc. L’observation dans la recherche expérimentale présente donc régulièrement un caractère typifiant, par opposition à une observation qui viserait à relever des phénomènes singuliers.
15Les régularités observées font enfin l’objet d’une dénotation ou d’une codification, et c’est à ce niveau qu’intervient l’activité de description proprement dite.
« [...] pour assurer la précision et l’objectivité des observations, le problème du langage est fondamental. Il ne suffit pas d’observer les faits. Pour que l’accord entre plusieurs observateurs soit possible ou pour qu’à tout le moins l’observation soit comprise par le lecteur comme par le notateur, il faut que les termes employés soient définis opérationnellement, c’est-à-dire soient aussi descriptifs et aussi peu interprétatifs que possible. » (Fraisse, 1963, 95-96)
16Il ressort de cet extrait, qui constitue un des rares exemples d’explicitation du problème de la description, que cette dernière, pour rendre possible l’accord et l’intercompréhension entre observateurs, devrait demeurer la plus neutre possible, qu'elle ne devrait rien ajouter à l’observation, qu'elle ne devrait produire qu’un « reflet » des faits préexistants. Ce qui procède d’une conception du langage selon laquelle les signes pourraient n’avoir qu’une valeur purement dénotative, qu’ils ne seraient pas, en eux-mêmes, toujours déjà porteurs d’une interprétation.
1.1.2. La formulation d’hypothèses et leur validation expérimentale
17La deuxième étape de la démarche expérimentale est celle de la formulation d’hypothèses qui, en principe, doivent présenter un caractère explicatif.
18Dans les démarches d’inspiration behavioriste, les constats de régularité issus de l’observation-description sont transformés en hypothèses de dépendance causale : tel phénomène serait la condition nécessaire et suffisante pour l’occurrence de tel autre phénomène. Et l’on relèvera que différentes formes de causalité peuvent être postulées : – la causalité directe, qui implique une relation de dépendance bijective entre un phénomène et un autre qui lui est consécutif ; – la causalité complexe, qui, tout en conservant le principe de consécution, postule qu’un phénomène donné n’est déterminé que par l’interaction de divers facteurs, parfois hétérogènes ; – la causalité rétroactive, chère au béhaviorisme skinnérien, qui inverse la relation de détermination, en postulant qu’un phénomène donné est sous la dépendance de certains de ses effets (ou renforcements). Etc.
19Dans les démarches d’inspiration constructiviste ou cognitiviste, la formulation d’hypothèses prend un caractère structural, plus complexe. Selon Piaget (1963) par exemple, l’examen des propriétés d’un ensemble de lois empiriques ou inductives, issues de l’observation-description, permet d’organiser ces dernières en une structure d’ensemble, formalisable en un modèle logico-mathématique. En tenant compte des propriétés de ce modèle peuvent ensuite être déduites des lois nouvelles, qui sont logiquement nécessaires mais qui n’ont fait jusque-là l’objet d’aucune observation empirique. Ce sont alors ces lois déduites qui constituent les hypothèses à valider expérimentalement, et le modèle construit est considéré comme explicatif s’il a la capacité de générer de nouvelles lois qui se trouvent validées par les faits.
20La dernière étape est celle de l’expérimentation proprement dite, c’est-à-dire d’une intervention contrôlée, qui modifie délibérément certains aspects du milieu. Dans la perspective behavioriste, cette intervention consiste à sélectionner les phénomènes candidats au statut de cause (variables indépendantes) et à contrôler la nature de leur impact sur les phénomènes qu’ils sont censés déterminer (variables dépendantes). Dans la perspective structuraliste, cette intervention consiste à créer de nouvelles situations-problèmes, dont on pense qu’elles requerront des sujets la mise en application d’une loi déduite du modèle explicatif, et à vérifier ensuite que cette loi constitue une formulation correcte des comportements ou raisonnements effectivement mis en œuvre.
1.2. L’observation-description comme méthode « par défaut »
21En psychologie, l’observation-description peut prendre le statut de méthode à part entière lorsque l’intervention expérimentale s’avère impossible ou néfaste.
22L’expérimentation peut être impossible pour des raisons liées à la taille ou à la durée des phénomènes sous analyse. S’agissant de la taille, comment véritablement contrôler, par exemple, les différents facteurs susceptibles de déterminer les choix culturels d’un groupe de la taille des francophones ? S’agissant de la durée, comment exercer un contrôle sur des mécanismes de développement qui se déploient pendant toute une vie humaine ?
23Elle peut être considérée comme dangereuse ou néfaste pour des raisons éthiques, écologiques et/ou épistémologiques. A titre d’exemple, s’il est légitime d’émettre l’hypothèse que la désorganisation de certains aspects des interactions communicatives familiales est une des causes du déclenchement de l’autisme enfantin, il n’est pas pour autant acceptable de tester cette hypothèse en provoquant délibérément ce type de désorganisation et en en observant les résultats ! Par ailleurs, dans le domaine de l’éthologie, on peut considérer que les déterminismes du comportement doivent être appréhendés dans le cadre du milieu naturel d’un animal, ce qui exclut toute intervention expérimentale qui transformerait ce milieu.
24Dès lors qu’elles visent à l’interprétation des phénomènes (à leur explication ou, à tout le moins, à leur compréhension) les « méthodes d’observation » comportent nécessairement plusieurs phases.
25La première est celle de la lecture des données, qui pose notamment les problèmes de tri que nous avons évoqués plus haut. Cette lecture peut être directe ou elle peut être médiatisée (par des tests, des questionnaires, des interviews) ; elle peut porter sur la totalité d’un phénomène ou sur des fragments de celui-ci (fractionnement par échantillonnage, par unités de temps, etc.).
26Les produits de l’observation font ensuite l’objet d’une codification, qui prend nécessairement la forme d’une transcription verbale, dans des segments de textes qui peuvent relever du récit (la relation de séquences comportementales d’un groupe d’animaux ; les « récits de vie » ou les anamnèses de l’examen clinique), ou qui peuvent relever de la description proprement dite (la notation des mimiques, des gestes et des attitudes d’un animal accomplissant une tâche donnée ; la notation des symptômes comportementaux d’un humain souffrant d’une maladie psychique). Et l’on ajoutera qu’entre la phase de prise des données et celle de leur transcription peut parfois intervenir une phase de quantification des observables ; quantification permettant des traitements de statistique descriptive, qui ont pour finalité de « faire ressortir » ou de « rendre plus lisible » des tendances ou des régularités qui ne seraient pas appréhendables « à l’œil nu ».
27A ces deux phases nécessaires peut éventuellement s’ajouter une phase de formalisation des observations transcrites, formalisation se structurant en un modèle permettant la prévision de phénomènes actuellement non encore observés. Et l’on retrouve alors un schéma assez proche de l'explication par les modèles préconisée par Piaget, si ce n’est que la vérification de la validité de ces prévisions ne se réalise pas par expérimentation ; elle donne lieu à une nouvelle phase d’observation.
28Comme c’était le cas pour la démarche expérimentale, les discours méta-méthodologiques ne thématisent que peu les problèmes que pose la codification des observations. Si le statut des abstractions-généralisations opérées par les traitements de statistique descriptive est généralement clairement analysé (ces traitements permettent une mesure de l’ampleur des informations qui sont délibérément laissées de côté, et donc une mesure du taux d’artificialité des observations abstraites ou quantifiées), les contraintes qu’exercent les différentes formes langagières de dénotation (récit, description, formalisation mathématique) ne sont jamais évoquées : tout se passe comme si le medium sémiotique était uniforme, et ne faisait que « traduire » directement la réalité observée, sans lui imposer sa propre marque.
29Les discours sur les méthodes d’observation suscitent par contre régulièrement l’évocation d’un problème délicat (qui se pose en réalité aussi dans les méthodes d’expérimentation, mais qui y semble moins important) : le problème qualifié de biais de l’observateur. Sauf à être complètement dissimulé, l’observateur fait en effet partie de la situation d’observation. Et par sa présence même, ou par certaines de ses propriétés, de ses représentations, de ses attentes, il peut exercer une influence sur ce qui est observé. On connaît l’anecdote célèbre de Hans, le cheval qui apparemment pouvait, en tapant des antérieurs, donner la réponse à un problème d’addition (2 + 4 égale combien ?), mais qui en réalité s’arrêtait après avoir tapé le nombre requis en réaction à un signal ténu et inconscient (?) de son mentor.
30Reformulé dans les années 60 sous l’expression d'effet Rosenthal, ce rôle de l’observateur n’a cependant guère été analysé dans ses implications épistémologiques. Il continue d’être considéré comme un « biais », à l’encontre duquel des précautions doivent être prises, pour que l’observation puisse être posée comme pure traduction des faits, à l’abri des attentes, des représentations et surtout du langage des observateurs-descripteurs.
2. Commentaires critiques
31Comme on le sait, la psychologie constitue un espace scientifique traversé de courants, d’écoles et de tendances diverses, hétérogènes et parfois contradictoires, de telle sorte qu’il est illusoire de tenter de se prononcer sur son épistémologie ou sur sa méthodologie ; l’une et l’autre sont plurielles. Ceci rappelé, si l’on s’en tient aux paradigmes majeurs (behaviorisme, constructivisme, cognitivisme), on peut affirmer, à la suite de de Mauro (1969) ou de Rastier (1991), que ceux-ci restent fondamentalement ancrés dans une épistémologie ontologisante, dans une sorte d’aristotélisme appauvri par le positivisme.
32En dépit de l’exceptionnelle richesse des débats philosophiques qui ont animé la Grèce antique pendant plusieurs siècles, et en dépit des ouvertures qui caractérisent l’autre face de son œuvre même (la Poétique et la Rhétorique notamment), Aristote nous a légué, au travers des Analytiques, un cadre épistémologique qui continue d’exercer ses effets sur les sciences sociales/humaines contemporaines. Y est posé d’une part un monde pré-construit doté d’une logique intrinsèque, et d’autre part un logos collectif, indissolublement pensée et langage, dont les structures propositionnelles seraient censées refléter la logique du monde préexistant. Dans un tel cadre, aucun statut ne peut être accordé aux propriétés singulières des individus et notamment aux mécanismes que ces derniers mobilisent pour construire ou s’approprier des connaissances : la rationalité du monde est à découvrir ou à reconnaître, telle qu'elle préexiste de toute éternité.
33Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la philosophie cartésienne a perturbé ce schéma, en posant l’existence d’un sujet autonome, identifiable à sa capacité de pensée et de conscience (« je pense, donc je suis »), et contribuant inéluctablement à la (re)construction des connaissances. Et cette instauration d’un sujet cognitif allait entraîner un nouveau questionnement, portant sur le rôle respectif que jouent les propriétés du monde d’une part, les propriétés de la raison humaine d’autre part, dans l’élaboration et la configuration des connaissances ; débat qui allait donc opposer tendances empiristes et tendances rationalistes et auquel les Critiques de Kant à la fin du XVIIIe, puis l’épistémologie piagétienne au cours de ce siècle, allaient fournir les solutions de compromis que l’on connaît.
34Cette ouverture à la problématique gnoséologique (comment les connaissances humaines s’élaborent-elles ?) n’a cependant exercé qu’un effet partiel, et à nos yeux plutôt superficiel, sur les conditions de constitution des sciences humaines/sociales dans la seconde moitié du XIXe siècle. Plutôt que de s’alimenter aux profonds débats épistémologiques qu’avaient suscités les propositions cartésiennes et kantiennes (et de prendre en compte notamment les contre-propositions respectives de Spinoza ou de Hegel), ces sciences naissantes se sont en effet clairement ancrées dans le positivisme, qui constitue une reformulation appauvrie du positionnement ontologisant hérité d’Aristote. Pour Comte, le monde est organisé en un ordre serein, les différentes sciences ont pour unique mission d’en découvrir et d’en conceptualiser les lois préexistantes, et dans cette perspective, les questions de gnoséologie ne relèvent que d’une métaphysique inutile. Et quand bien même Comte la récusait en tant que science positive, en raison de la dualité évidente de son objet [relevant à la fois du physique (les comportements) et du psychique (les processus mentaux)], la psychologie s’est quand même constituée sur la base de ses principes. En conséquence, si elle s’est parfois donné le problème des conditions de construction des connaissances comme l’un de ses objets (psychologie cognitive), elle s’est par ailleurs interdit de reformuler cette même question au plan de sa méthodologie propre ; elle a considéré qu'elle pouvait accéder aux lois du fonctionnement psychologique de manière directe, en faisant abstraction des conditions spécifiques d’élaboration de ces lois dans la démarche scientifique. Si Piaget, par exemple, a consacré son œuvre à l’étude des mécanismes de construction des connaissances chez l’enfant, et l’a même étendue à l’étude des conditions historiques d’élaboration de toute connaissance, il s’en est tenu, dans l’examen de sa méthodologie propre, aux grands principes de la psychologie positive (cf. 1963), sans analyser vraiment les mécanismes qu’il mettait effectivement en œuvre dans ses démarches de lecture, description et interprétation des données (cf. l’exemple sous 3.1.). Et chez nombre de cognitivistes contemporains, ce problème méthodologique a été éludé de manière plus nette encore. Rumelhart et Norman (1988) par exemple, en reviennent clairement au schéma aristotélicien en posant, d’un côté, un monde physique préorganisé (monde représenté), et d’un autre côté un monde représentant qui lui est isomorphe (le cerveau et les connaissances dont il est le siège). Et ils affirment que la psychologie doit se centrer exclusivement sur les caractéristiques structurelles innées du monde représentant (ainsi que sur les compétences qu’elles rendent possible) en faisant abstraction, au plan de l’objet, de toutes les interactions entre les deux ordres de monde, et en faisant abstraction en conséquence, au plan méthodologique, des conditions d’élaboration de leurs propres modèles de la structure et du fonctionnement mental.
35Les prises de position résumées sous 1. nous paraissent constituer une conséquence directe de cet ancrage épistémologique. L’objectif annoncé (cf. Richelle, 1992, supra) est de lire les propriétés du monde tel qu’il est, qu’il s’agisse des propriétés de l’environnement physique ou des propriétés du fonctionnement humain. Certes, les auteurs convoqués reconnaissent que cette démarche ne va pas sans mal, que toute observation est un choix, que ce choix est en partie conditionné par les hypothèses implicites ou les cadre d’attente des observateurs, et que ces derniers sont eux-mêmes un facteur constitutif de la situation d’observation-expérimentation. Mais d’une part ils se bornent au constat d’un paradoxe (le monde doit être lu tel qu’il est, quand bien même toute lecture est un tri orienté !), et d’autre part et surtout, ils considèrent que cette orientation de la lecture ne constitue qu’un biais ; qui peut être évité par un meilleur contrôle, ou par un surcroît d’épuration, des situations d’observation expérimentation. En d’autres termes, ils ne prennent pas à bras le corps le problème du processus d’observation, en tant qu’il conditionne nécessairement et toujours la nature même des données qui se trouvent lues.
36Sur cette même question, Vygotsky (1927/1998) par exemple prend une toute autre position. Il considère que la psychologie doit rompre radicalement avec le positivisme et resituer son questionnement en tirant les leçons des débats Descartes-Spinoza, Kant-Hegel ou encore Comte-Marx. Qu'elle doit accepter que son objet ne relève pas du monde en soi, mais qu’il a trait aux mécanismes d’interaction qui se déploient en permanence entre les capacités cognitives humaines, telles qu’elles se sont façonnées dans l’histoire de l’espèce, et les autres propriétés de l’univers dont les humains sont issus, et qu’ils tentent de ressaisir ou de se réapproprier au plan psychique. Que la psychologie doit dès lors, dans le même mouvement, se donner un objet unifié intégrant les dimensions physiques et psychiques de l’humain, et se doter d’une méthodologie générale qui pose l’existence de cadres de connaissances déjà là, et qui analyse les conditions sous lesquelles de nouvelles connaissances sont susceptibles de s’intégrer à ces cadres. Il en résulte qu’une psychologie de ce type doit concevoir le processus d’observation (qu’il soit ou non assorti d’expérimentation) comme un processus inéluctablement dialectique, qui transforme les objets auxquels il s’adresse en même temps qu’il transforme les cadres de la connaissance humaine :
« [...] chaque fait scientifique isolé, immédiat, le plus empirique et le plus brut, contient déjà une abstraction primaire. Le fait réel et le fait scientifique se distinguent l’un de l’autre en ceci que le fait scientifique est un fait réel inclus dans un certain système de savoir, c’est-à-dire qu’il constitue une abstraction de quelques traits de la somme inépuisable de propriétés du fait naturel. [...] L’attribution même d’un nom à un fait consiste à insérer ce fait dans un concept, à isoler une de ses parties ; il s’agit d’un acte de compréhension du fait, qui consiste en son inclusion dans une catégorie de phénomènes expérimentalement étudiés auparavant. Chaque mot est déjà une théorie... »
[L. Vygotsky, 1927/1998, chap. 51]
37Outre qu'elle thématise le processus d’abstraction à l’œuvre dans toute observation scientifique, cette citation introduit également à la problématique de la dénotation, ou du processus descriptif, au sens le plus général de cette expression, qui nous paraît équivaloir à celui de processus de sémiotisation.
38Dans les discours méta-méthodologiques analysés sous 1., ce processus n’est évoqué que pour être nié : le langage descriptif de l’observateur devrait être utilisé comme s’il n’était pas un langage, un système sémiotique, mais comme s’il était fait de mots traduisant directement l’essence même des choses (cf. Fraisse, 1963, supra). Une telle dénégation ne procède ni de la négligence ni du hasard ; les courants philosophiques auxquels s’adossent les paradigmes dominants de la psychologie ont en permanence considéré que la diversité des langues naturelles, leur fondement social et l’arbitraire radical du signe qui en découle (cf. Saussure, 1916) constituaient de véritables « scandales théoriques ». A l’issue du prodigieux débat du Cratyle, Platon recommandait de se méfier du langage (« il n’est guère sage de s’en remettre aux mots du soin de soi-même et de son âme, d’avoir confiance en eux... » ; 1967, 473) ; Kant s’est complètement tu sur le sujet, et ses successeurs scientifiques (Chomsky, 1970 ; Piaget, 1946) ne l’ont abordé que dans une perspective universalisante, en tant que capacité dérivée de processus cognitifs eux-mêmes biologiquement fondés. Ce faisant, ils n’ont pas voulu voir que le langage constitue d’abord le médium même de l’élaboration et de la conservation des connaissances ; médium historiquement construit, et donc doté de propriétés spécifiques et diverses, qui orientent et façonnent toute lecture des propriétés du monde. Ils n’ont pas voulu voir que, si le processus d’observation se déploie en une dialectique entre cadres de référence et objets sous analyse, ce processus est en outre surdéterminé par les propriétés des outils descriptifs ou sémiotiques utilisés par les observateurs.
39Plutôt donc que de se débarrasser du langage, au motif qu’il empêcherait de voir les choses comme elles sont, il convient de faire le chemin inverse, à l’instar de Wittgenstein : renoncer à penser que l’on peut accéder directement au monde (cf. le Tractatus) pour se pencher sur l’activité humaine telle qu'elle se déploie à l’égard du monde, et telle qu'elle est guidée, commentée et évaluée par l’activité langagière (cf. les Investigations philosophiques).
3. Pour une réévaluation du statut de l’activité descriptive
3.1. Le cadre de l'interactionisme socio-discursif
40Le cadre épistémologique que nous nous sommes donné (cf. Bronckart, 1995, 1996, 1997b ; Bronckart & al., 1996) s’inscrit, aussi modestement qu’il convient, dans le prolongement des parcours de Vygotsky, de Wlttgenstein et de bien d’autres, et nous nous bornerons, dans ce qui suit, à en extraire quelques thèmes pertinents pour notre propos.
41L’homme n’est qu’un produit contingent de l’activité permanente de la matière, ou de l’univers. En son état actuel, il ne peut ressaisir cette matière en tant que telle, c’est-à-dire en tant que « Nature naturante », infinie et d’un seul tenant. Avec les (faibles) moyens cognitifs dont il dispose, et en raison des propriétés mêmes de ces moyens, l’homme ne peut qu’abstraire et « discrétiser » certaines des propriétés apparentes de cet univers, les catégoriser sous l’ordre du physique ou du psychique, et se construire ainsi des connaissances dont le statut est radicalement différent de l’essence présumée de l’univers, qui demeurera perpétuellement une limite jamais atteinte. Ces thèmes spinoziens nous paraissent essentiels ; on ne peut penser l’humain qu’à partir de Spinoza, quitte à le reformuler et à tenter de le compléter.
42Ce que Spinoza appelle « univers », et que certains des auteurs évoqués plus haut appellent « monde » peut être re-qualifié de milieu. Quant aux connaissances humaines, elles constituent des construits historiques et collectifs, qui s’organisent en mondes représentés (Habermas, 1987), c’est-à-dire en systèmes de représentations ayant trait respectivement aux propriétés du milieu en ce qu’il est physique (monde objectif), aux propriétés du milieu en ce qu’il est constitué d’interactions réglées entre membres de groupes (valeurs, rites, etc., du monde social) et aux propriétés des personnes singulières susceptibles d’intervenir dans le milieu (monde subjectif).
43Les connaissances constitutives des mondes représentés se construisent dans l’activité collective, qui est elle-même régulée par les systèmes sémiotiques et en particulier par le langage. Chaque intervention d’un humain dans le milieu constitue, en soi, un ensemble de prétentions à la validité relatives aux systèmes de connaissances acquises ; à titre d’exemple, si dans une activité de recherche, un agent humain distribue des chocs électriques à un rat qui n’effectue pas un comportement attendu, il émet par là même des prétentions à la vérité de ses connaissances ayant trait au monde objectif (le statut du comportement du rat), il émet des prétentions relatives à la conformité sociale de son intervention (il est acceptable de distribuer des chocs électriques), et il exhibe ce faisant certains traits définitoires de l'authenticité de sa personne. Mais dès lors qu’elles sont publiques, ces prétentions à la validité se trouvent automatiquement évaluées (et notamment contestées) par « les autres », et c’est le langage qui constitue le medium essentiel au travers duquel s’effectue cette régulation socio-cognitive.
44A ce titre, le langage constitue d’abord un processus, un agir communicationnel ; il est le moyen par lequel les humains construisent des systèmes d’entente collective sur ce qu’est le milieu, et il est aussi le moyen par lequel chaque action humaine est évaluée à l’aune des connaissances acquises. Mais les pratiques langagières se cristallisent inéluctablement en signes verbaux, qui subsument et codifient ces connaissances collectives. Et ces produits de l’activité langagière sont eux-mêmes organisés en textes ou en genres de textes, qui, comme le signalait Bakhtine (1984) restent en permanence disponibles dans un intertexte. L’intertexte est donc (en même temps, bien sûr, que les autres élaborations culturelles de l’humanité) le réceptacle des représentations collectives humaines, ou encore le réceptacle des connaissances historiquement organisées en mondes objectif, social et subjectif. Et cet intertexte est en outre porteur, comme Foucault (1969) l’a magistralement démontré, des traces des processus même de construction des connaissances, c’est-à-dire des traces de la pensée active, qui est fondamentalement discursive.
45Dans un tel cadre épistémologique, la problématique de l’observation description peut alors être reformulée de la manière suivante. Considérer d’abord que préexistent des connaissances collectives organisées dans l’intertexte. Considérer ensuite que chaque agent humain singulier s’est approprié une part plus ou moins importante de ces connaissances et qu’il les a ré-organisées en sa personne, selon des modalités singulières, résultant des caractéristiques de sa micro-histoire ou de son expérience propre2. Considérer encore qu’en un état synchronique donné, l’observation de phénomènes consiste en une mise en interface des produits de l’activité de perception avec les cadres de connaissance de l’agent observateur. Considérer enfin que ces cadres sont toujours déjà sémiotisés ou langagiers, et qu’en ce sens le processus d’observation est indissociable du processus de description, dans l’acception large de ce terme.
46Les processus d’observation-description sont dès lors toujours prédéterminés, et, à titre d’exemple, nous avons pu montrer (Bronckart, 1997a) à quel point les observables exploités par Piaget dans La formation du symbole (1946) étaient prédéterminés, dans leur description même, par un a priori théorique, et comment ils pouvaient tout aussi bien être redécrits dans une perpective inspirée de l’interactionisme vygotskyen.
3.2. Activité descriptive et description
47L’activité descriptive, au sens large, n’est rien d’autre que l'activité langagière, qui se matérialise en textes relevant d’un genre, c’est-à-dire en formes communicatives adaptées aux enjeux et aux propriétés spécifiques d’une activité sociale.3
48Comme nous l’avons montré récemment (Bronckart, 1997b), chaque texte combine, selon des modalités compositionnelles variables, des types de discours, c’est-à-dire des formes linguistiques (ou formes reconnaissables à leurs propriétés linguistiques) que l’on peut qualifier de narration, de récit interactif, de dialogue, d’exposition théorique, etc. Ces formes sont l’expression sémiotique de mondes discursif différents, c’est-à-dire d’espaces mentaux conventionnellement réglés, dans le cadre desquels se réalise l’interaction entre représentations collectives et représentations individuelles : c’est dans ces cadres socio-langagiers préexistants que les représentations d’un agent producteur de texte sont remises en circulation et renégociées avec les représentations collectives acquises. Enfin, chaque type de discours mobilise lui-même des formes de séquentialisation des contenus sémiotisés, formes qu’Adam (1992) a conceptualisées en termes de séquences : narrative, argumentative, explicative, descriptive, etc.
49L’activité descriptive au sens large ne peut donc se déployer qu’à l’intérieur des cadres conventionnels de la narration, du récit, du dialogue ou de l’exposition théorique. Et cette activité peut prendre la forme particulière d’une séquence descriptive ou d’une description au sens strict, dans chacun de ces types de discours. Dans ce cas, comme l’ont montré Adam (1993) et Adam & Petitjean (1989), une unité sémiotique attestable dans un type de discours se trouve érigée en thème-titre, et fait l’objet d’une dilatation : les objets constitutifs du thème sont énumérés ; les parties de ce thème ainsi que leurs propriétés sont présentées hiérarchiquement (aspectualisation) ; ces parties et ces propriétés sont comparées à d’autres objets, événements, ou propriétés déjà connues (mise en relation).
50Ces formes emboîtées que constituent les genres de textes, les types de discours et les types de séquences, exercent, chacune, des contraintes sur le processus d’observation-description. Mais s’il existe de la sorte un conditionnement de la connaissance par les formes sémiotiques pré-existantes, ce mouvement n’est pas univoque ou unilatéral ; chaque agent observateur-descripteur, en fonction de ses connaissances propres et de la représentation qu’il a de sa situation d’action, propose éventuellement des modifications des connaissances collectives (il fournit de nouvelles prétentions à la validité), et ce faisant, il propose quasi inéluctablement une réorganisation des cadres d’accueil de ces connaissances.
51Des lors, l’activité descriptive en général, et la description comme forme de séquentialisation particulière, nous paraissent devoir être considérées comme des processus socio-langagiers régissant l’interaction dialectique entre connaissances historiques et connaissances synchroniques, en laquelle se poursuit en permanence la construction des connaissances humaines.
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Notes de bas de page
1 Ces phrases sont extraites de La signification historique de la psychologie, dont la traduction française est en cours, et paraîtra en octobre 1998.
2 De ce point de vue, toutes les connaissances sont sociales en essence ; ce ne sont que les lieux et les modalités de leur organisation qui permettent de les qualifier de collectives ou d’individuelles.
3 Si l’activité descriptive-langagière est première, elle peut ensuite être transposée et généralisée dans d’autres systèmes sémiotiques (graphiques, mathématiques, etc.). Mais comme Hjelmslev (1968) l’a démontré, ceux-ci ne sont que seconds, en ce qu’ils ne sont interprétables que par le langage même.
Auteur
Université de Genève
Unité de didactique des langues
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