Population et niveau de vie dans la longue durée : l’histoire quantitative se mesure à Malthus1
p. 389-405
Texte intégral
Le commerce de ce pays, tant intérieur qu’extérieur, a sans conteste augmenté pendant le siècle passé… La richesse croissante de la nation n’a pas, ou peu, contribué à améliorer la condition des travailleurs pauvres.
Thomas Robert Malthus2
On dirait encore que, en l’absence de perturbations, la population tend à augmenter plus rapidement que les subsistances, parce que l’accroissement comparatif de la population est simplement conforme à nos désirs naturels, alors que l’accroissement comparatif des subsistances n’est réalisé qu’au prix d’efforts et de sacrifices. Cependant, je maintiendrai que, en l’absence de perturbations, les subsistances tendent à augmenter plus vite que la population, parce que, en réalité, c’est ce qu’elles font généralement, et que je considère le désir d’améliorer notre condition comme un souhait aussi naturel que le désir de se marier.
William Nassau Senior3
1L’ombre de Malthus continue de peser sur l’histoire économique de l’Europe moderne. Son modèle de base est très simple, trop simple diront certains, pour les phénomènes complexes engendrés par l’histoire. Et, pourtant, son influence et son attrait perdurent. Au cours des deux ou trois dernières décennies, la recherche quantitative sur l’Europe moderne s’est beaucoup penchée, avec des variantes, sur la question centrale : Malthus avait-il raison ? Une partie de la littérature s’est concentrée sur les réactions à court terme des variables démographiques – naissances, mariages et décès – aux crises frumentaires et aux crises de cherté. L’autre partie s’est attachée à la question de savoir si la loi d’airain des salaires a empêché toute amélioration durable du niveau de vie. La conviction selon laquelle l’histoire d’avant la Révolution industrielle était « immobile », dans la mesure où les améliorations du niveau de vie étaient réduites à néant par la croissance de la population, a connu une nouvelle vie avec le livre à succès de Gregory Clark, Farewell to Alms4. Dans ce qui suit, nous nous intéresserons d’abord aux réponses à court terme, puis au problème des évolutions salariales et démographiques à long terme.
I. Les freins positifs et préventifs
2L’histoire de la recherche quantitative sur les relations entre prix alimentaires et surmortalité remonte au moins à 1766, Jean-Baptiste de La Michodière (1720-1797) étant le premier, semble-t-il, à s’appuyer sur des données réelles pour établir une correspondance entre les prix du blé et la mortalité. La contribution de La Michodière figure dans la postface des Recherches sur la population de Louis Messance (1734-1796)5. Intitulée « Des réflexions sur la valeur du bled », cette postface qui montrait une relation positive entre les deux variables, était en fait une critique de l’argument qui voulait que le prix élevé des grains représentait la meilleure garantie contre le chômage et la paresse. Au contraire, selon La Michodière, le blé à bas prix, ce sont des travailleurs bien nourris et satisfaits, bénéficiant d’un excédent de pouvoir d’achat qu’ils peuvent utiliser pour se procurer d’autres marchandises.
3La Michodière rassembla des données sur la mortalité annuelle et les prix dans quatre endroits de France en les présentant sous forme de tableaux qui classaient les années selon que le prix du blé était élevé ou non. Ses données sur la mortalité provenaient des hôtels-Dieu, de sorte que celles-ci concernaient la partie la plus vulnérable de la population. Il affirmait que ses découvertes « prouvent toutes, de la manière la plus démonstrative, que les années de cherté sont en même temps les plus mortelles et les plus malsaines »6. On pourrait appeler cette généralisation la « loi de La Michodière ». L’influence indirecte de La Michodière sur l’historiographie française s’est révélée durable. Guy Cabourdin7 cite François Mélier (1798-1866) qui, en se basant sur les données de La Michodière, postulait une relation encore plus étroite entre mortalité annuelle et prix des céréales. En 1841, Mélier écrivait que « lorsque le prix du blé renchérit, la mortalité augmente… et lorsqu’il baisse, la mortalité baisse aussi ». Cabourdin note combien Jean Meuvret, Pierre Goubert et d’autres, auréolés de leur prestige, participèrent de la même tradition. Il laisse le dernier mot à George Livet, qui, en 1963, résuma cette littérature d’une phrase laconique : « la mercuriale sécrète la mortalité »8.
4L’histoire contemporaine de l’analyse statistique des réactions à court terme de la population aux fluctuations des récoltes et aux variations des salaires réels débute avec la contribution de Ronald Lee au livre de E. A. Wrigley et R. Schofield, Population History of England9. Le travail de Lee a rapidement été suivi par l’étude souvent citée de David Weir, « Life under pressure », qui compare les réactions en France et en Angleterre à l’ère préindustrielle10. Weir et Lee ont utilisé le modèle autorégressif à retards échelonnés, comme le fit Patrick Galloway dans une série d’excellents articles qui étudient un ensemble de pays européens ainsi que la ville de Londres11. Lee découvrit que, à la suite d’une flambée des prix du blé, la mortalité augmentait au cours des deux ou trois années suivantes, puis diminuait. Il divisa les séries de Wrigley et Schofield en trois périodes d’à peu près un siècle chacune. Pour 1544-1640 et 1641-1745, il établit une association « positive mais ayant tendance à s’affaiblir » entre les prix et la mortalité mais, par la suite, la corrélation est « négative et très faible »12. Cela suggère que les crises accélèrent la mort des plus faibles, et que certaines naissances évitées pendant la crise sont différées plutôt que réellement évitées. Cependant, sur la base des sources utilisées, aucun des deux auteurs n’a pu établir de lien entre la vulnérabilité d’un côté, et l’âge et le sexe de l’autre.
5Depuis les travaux de Lee et Weir, les données de Wrigley et Schofield ont été retravaillées à maintes reprises, avec un degré de raffinement économétrique de plus en plus grand. Ronald Lee et Michael Anderson ont construit des séries chronologiques à partir des données démographiques de Wrigley et Schofield et leur ont appliqué une modélisation spatiale à l’échelle du pays où les variables explicatives sont fonction du temps13. Ils ont également utilisé les séries de salaires réels bien connues de Phelps-Brown et Hopkins (1956) à la place des séries du prix du blé14. Ils ont montré que, pour la période 1600-1795 prise dans son ensemble, la fécondité et la mortalité réagissaient faiblement aux fluctuations des salaires (élasticité de 0,12 et de-0,08 respectivement). Esteban Nicolini a utilisé la méthodologie VAR pour analyser les freins positifs et préventifs sur trois périodes d’un siècle (1541-1640, 1641-1740, et 1741-1840)15. Il a mis en évidence l’existence des deux types de freins, positifs et préventifs, dans la première période, du seul frein préventif dans la seconde, et d’aucun dans la troisième. Dans une autre étude, techniquement novatrice mais non encore publiée, Niels Framroze Møller et Paul Sharp vérifient les thèses de Malthus en utilisant un modèle économétrique et confrontent le résultat obtenu aux données historiques16. Ils mettent en évidence un faible impact de la population sur la productivité marginale, un frein positif très faible (dans le meilleur des cas), mais un frein préventif significatif qui se manifeste à travers les variations de la nuptialité.
6N.F.R. Crafts et T. C. Mills ont aussi appliqué les méthodes VAR aux données sur les salaires réels de Clark et aux taux de natalité et de mortalité de Wrigley et Schofield17. Comme les trois séries sont stationnaires, ils raisonnent en termes de niveaux. Ils n’ont identifié un frein positif « à aucun moment de la période 1541-1800 », cependant que le frein préventif a disparu au milieu du XVIIe siècle. Crafts et Mills attribuent leur incapacité à mettre en évidence un frein positif à leur utilisation des séries de salaires de Clark, ce qui prouve clairement l’existence d’un frein préventif plus précoce. Ils concluent que « dans ce sens-là, l’économie malthusienne n’était après tout pas très malthusienne », faisant écho au bon mot de Nicolini d’après lequel « le monde d’avant Malthus n’était peut-être pas si malthusien »18.
7De fait, il y a un quasi-consensus pour reconnaître que la performance empirique de cette partie du modèle malthusien est peu convaincante, en particulier lorsqu’il s’agit de prévoir la montée de la mortalité à la suite de fluctuations brutales des récoltes ou des salaires réels. À cet égard, Alexander Rathke et Samad Sarferaz font entendre une note discordante : utilisant également une approche VAR sur les séries de Wrigley et Schofield, mais sur des périodes de temps plus courtes, ils pensent que « Malthus avait raison »19.
8Pour notre part, nous avons également eu recours aux données paroissiales de Wrigley et Schofield et à la série des salaires réels de Clark, mais avec quelques différences20. En découpant les données en séquences de 50 ans (en commençant en 1600-1650), nous exploitons les variations entre les paroisses de la base de données de Wrigley et Schofield qui en regroupe 404. Le graphique (Fig. 1) montre comment l’effet cumulatif des salaires réels, en retard sur la mortalité pour une ou deux périodes, évolua au fil du temps, chaque courbe représentant une paroisse. En 1600-1650, l’élasticité moyenne était d’environ 0,5, mais sujette à de grosses variations entre paroisses. Fait intéressant, le déclin postérieur ne fut pas uniforme : l’élasticité baissa jusqu’en 1700, puis grimpa (ce qui reflète les deux crises sévères de la fin des années 1720 et de 1740-1742), avant de retomber par la suite.
9Le graphique semble également suggérer l’existence de deux groupes de paroisses en 1600-1650. Cependant, en cartographiant les paroisses une à une, on ne voit pas se dégager d’ensembles spatiaux homogènes, des paroisses voisines ayant des réponses différentes, les unes fortes et les autres faibles. Les variations constatées entre 1600 et 1650 n’ont pas non plus de liens avec celles observées entre 1700 et 1750, qui, elles, avaient une composante spatiale et étaient liées aux largesses de la loi sur les pauvres : les dépenses consenties par les paroisses en 1784 pour aider les pauvres étaient fortement liées à l’ampleur des freins positifs21. Il faut aussi remarquer que jusqu’en 1800 un certain nombre de paroisses connaissaient encore des freins considérables. Ces paroisses comptaient une plus forte proportion d’ouvriers de l’industrie en 1831, ce qui laisse supposer que les régions en voie d’industrialisation sont restées vulnérables plus longtemps aux fluctuations des prix alimentaires que le reste du pays.
Figure 1 : Amplitude des freins positifs par paroisse et par périodes de 50 ans, 1540-1800

10Dans la même étude, nous proposons une analyse comparée de l’impact du frein positif au Moyen Âge. Nous utilisons les amendes seigneuriales et les inventaires après décès comme sources de substitution aux actes de décès. Les premières renvoient aux frais payés par des propriétaires non libres, grands et petits, pour les transferts de terres sur les domaines seigneuriaux de l’évêque de Winchester. L’analyse est limitée aux transferts répertoriés comme héritages. Évidemment, cette source exclut les plus pauvres, mais la plupart des fermiers de l’échantillon occupaient de petites exploitations et beaucoup d’entre eux avaient dû se résoudre à travailler une partie de leur temps pour de plus gros fermiers afin de joindre les deux bouts. Ces gros fermiers comptaient parmi l’élite, les enquêtes de propriété étant réalisées dans l’éventualité du décès d’un noble sans progéniture arrivée à l’âge adulte. Nous avons découvert que, chez les riches comme chez les pauvres, la hausse de la mortalité, en réaction aux variations du niveau des salaires, a été bien plus forte que lors des siècles suivants. Nous attribuons la vulnérabilité des élites médiévales à leur plus faible résistance aux maladies infectieuses qui accompagnaient les crises de subsistances22.
11Dans cette même étude, nous avons aussi examiné la force relative du frein positif à court terme à Londres et à Paris à l’époque moderne. La structure de la mortalité londonienne était fort différente de celle du reste du pays : à une époque où le frein positif se faisait moins sentir dans la plus grande partie de l’Angleterre, son influence restait significative dans la métropole, en dépit de salaires réels plus élevés qu’ailleurs dans le pays. Et bien que Londres n’ait pas subi la même crise de mortalité que le reste de l’Angleterre au cours des années 1720 et 174023, le frein positif y demeura aussi fort qu’à la fin du XVIIe siècle. Dans le Paris de l’Ancien Régime, où les salaires réels étaient aussi faibles qu’à Londres au début du XIVe siècle, le frein positif s’affaiblit avec le temps mais continua de faire sentir ses effets jusqu’à la Révolution, au lieu de disparaître comme à Londres vers le milieu du siècle.
12Dans une étude parallèle, Morgan Kelly et Cormac Ó Gráda rapprochent la hausse sensible de l’espérance de vie en Angleterre entre le Moyen Âge et le XVIIe siècle et un changement institutionnel24 : au début du XVIIe siècle, l’ancienne loi sur les pauvres commence à être appliquée et à porter ses fruits25. Cette recherche se situe dans la tradition post-malthusienne qui met l’accent sur les aspects positifs de l’ancienne loi sur les pauvres26.
1. L’influence des facteurs socio-économiques
13Malthus posait l’axiome que les pauvres étaient plus vulnérables aux crises frumentaires que les riches. Pourtant, les données qui permettraient d’analyser les réactions différentielles à ces secousses en fonction du statut socio-économique ou de classe sont rares. Dans son étude sur Rosny-sous-Bois (alors à la campagne bien que seulement à 10 kilomètres du cœur de Paris), Weir a utilisé ponctuellement un rôle de taille de 1747, en le reliant aux familles reconstituées par l’INED27. Les facteurs socio-économiques ayant une forte influence sur la mortalité, les riches ont des taux de mortalité infantile et adulte plus faibles. Une autre astuce est de se concentrer sur les régions pauvres, plutôt que sur les ménages défavorisés. C’est ce que fait Galloway dans son étude de plusieurs paroisses rouennaises entre 1681 et 1787. Il analyse les réactions des variables démographiques aux variations des prix du blé et démontre l’existence d’un frein positif puissant, mais peu de différences entre quartiers riches et pauvres quant à l’intensité des réactions de la mortalité aux variations des prix ou au moment où elles se déclenchent. Cela pourrait signifier que, dans une ville aussi densément peuplée que Rouen, les riches étaient aussi vulnérables à la maladie que les pauvres.
14Julia Casutt et Ulrich Woitek utilisent l’analyse spectrale fondée sur la méthode VAR à variable temporelle pour deux paroisses de Vienne entre 1650 et 1750, mais avec des résultats contrastés28. Leurs données concernent la paroisse du faubourg relativement pauvre de Saint-Ulrich et la paroisse centrale et plus huppée de Saint-Étienne. En raison des différences socio-économiques entre les deux paroisses, le prix des céréales n’a pas eu le même impact sur la mortalité. À Saint-Ulrich, le prix du seigle a eu une influence sensible sur le taux de mortalité, quant à Saint-Étienne, on ne constate rien de semblable, et cela pour tous les types de grains. En général, le parallélisme des prix et de la mortalité s’affaiblit avec le temps, ce qu’on peut attribuer à l’amélioration générale des conditions de vie dans la première moitié du XVIIIe siècle. Casutt et Woitek imputent la relation entre les prix des céréales et la mortalité à la malnutrition et à la faible résistance aux maladies plutôt qu’aux crises de subsistances proprement dites.
2. Remarques complémentaires sur le frein préventif
15Lee29 et Weir30 ont tous deux trouvé des preuves d’une réponse négative à court terme de la fécondité à la montée des prix. Plusieurs facteurs – l’aménorrhée, la séparation des époux, une libido plus faible, ou une maîtrise délibérée de la sexualité – peuvent l’expliquer. Galloway31 découvrit que la force du frein préventif pouvait varier de façon significative entre paroisses riches et pauvres. Les habitants pauvres des villes réagissaient à la hausse des prix en réduisant vigoureusement leur fécondité, tandis que celle des citadins riches restait pour ainsi dire inchangée.
16Tommy Bengtsson et Martin Dribe32 se concentrent sur la province bien documentée de Scanie au sud-ouest de la Suède. Ils y découvrent que la fécondité dans le mariage des familles pauvres (autrement dit des paysans sans terre et micro-exploitants) est très sensible aux variations du prix du grain. La réaction est la plus forte dans les six mois qui suivent les flambées des prix à l’automne. Selon Bengtsson et Dribe, cela montre une réaction délibérée des paysans les plus exposés aux risques qui anticipent des temps difficiles et limitent leur fécondité en conséquence. Ce résultat est très intéressant, car il décrit l’action d’un frein préventif à une époque qui précède la transition démographique. Le but n’était pas de limiter la taille de la famille mais d’amortir le choc d’une mauvaise récolte.
II. La revanche de Malthus ?
17Bien des discussions chez les historiens économiques tournent actuellement autour du livre très malthusien de Gregory Clark, Farewell to Alms. Clark reconnaît que « dans toute société, les revenus peuvent dans le court terme dévier du sentier d’équilibre malthusien », mais cela n’exclut pas la possibilité que les prédictions du modèle se vérifient à long terme.
18La conviction que le « principe de population » a rendue impossible toute amélioration durable du niveau de vie avant la Révolution industrielle est au cœur de la théorie moderne de la croissance. Ainsi, selon Oded Galor, le monde préindustriel se trouvait à « un faible niveau d’équilibre en termes de revenus par habitant… Comme la croissance de la production totale résultant du progrès technique était du même ordre que celle de la population, le revenu par habitant fluctuait autour d’un faible niveau d’étiage, sans progression sensible du niveau de vie moyen sur une longue période »33. Ou bien, si l’on suit Robert Lucas, « il y a trois siècles, les niveaux de vie de toutes les économies du monde étaient plus ou moins équivalents et plus ou moins stables dans la longue durée »34. Les séries réalisées récemment par Clark suggèrent une hausse spectaculaire des salaires réels en Angleterre à la suite de la Peste Noire, une chute non moins spectaculaire à la fin XVe et au XVIe siècle, et une stagnation ou une très faible reprise par la suite.
19Le graphique (fig. 2) résume la série des salaires réels de Clark35 : des fluctuations mais pas de hausse soutenue avant la Révolution industrielle. De plus, dans un ensemble d’études récentes, la plupart non publiées36, Clark présente d’autres preuves de l’absence d’amélioration du niveau de vie en Angleterre entre le Moyen Âge et la Révolution industrielle. Sur la base des registres de capitation de 1381, il affirme que la part de la population non agricole était aussi élevée en Angleterre à la fin du Moyen Âge qu’à la veille de la Révolution industrielle37. Clark38 conteste le rôle de ce que Jan de Vries a appelé la « révolution industrieuse »39, à savoir la thèse que les individus et les familles de l’Europe du Nord-Ouest ont travaillé plus durement pour satisfaire leur demande croissante de biens de consommation. Et il fournit des estimations du revenu national anglais entre 1300 et 1800 qui, selon lui, sont incompatibles avec une amélioration durable et significative du niveau de vie40.
Figure 2 : Les salaires réels dans l’agriculture (années 1200-années 1860)

Source : Clark G., « The Long March of History : Farm Wages, Population, and Economic Growth, England 1209-1869 », Economic History Review, vol. 60, no 1, 2007, p. 99-100.
1. Au cœur de la controverse
20La discussion se poursuit. Le changement de régime démographique constitue une différence importante entre les conditions du Moyen Âge et celles du début de l’époque moderne. Cela se voit dans les réactions contrastées aux variations des salaires réels évoquées précédemment41, et dans l’accroissement sensible de l’espérance de vie adulte qui semble s’être produit dans l’intervalle. Selon des données récentes, dans l’Angleterre médiévale, l’espérance de vie à 20 ans des paysans sans terre ou des moines était de 27 ans. D’autres données sur le XVIIe siècle anglais montrent une espérance de vie à 25 ans de 31 ans environ ; au XVIIIe siècle, elle s’élevait à 34 ans42. Comme le remarque Clark, de tels résultats ne sont pas incompatibles avec Malthus, puisque dans un cadre strictement malthusien, toutes choses égales par ailleurs, cela pourrait résulter d’une amélioration exogène de l’espérance de vie impliquant un salaire tout juste suffisant pour vivre. Mais les niveaux de vie ne se sont-ils vraiment pas améliorés ?
211) Des récoltes de céréales à la fois plus abondantes et moins aléatoires ont constitué un des facteurs d’amélioration de la situation, en Angleterre tout au moins43. Le tableau (tab. 1) compare les moyennes et les coefficients de variation des rendements bruts du blé et de l’orge pour les années 1268-1480 et 1750-1850. Nous insistons ici sur les coefficients de variation de ces deux céréales, inférieurs d’environ 20 % pour les années 1750-1850.
Tableau 1 : Angleterre/Grande-Bretagne : les variations annuelles
Récolte | Période | Pays | (1) Moyenne | 2 (σ) | (2)/(1) |
Blé | 1268-1467 | Angleterre | 9,79 | 1,60 | 0,165 |
Blé | 1750-1850 | Angleterre | 22,54 | 2,81 | 0,125 |
Orge | 1268-1467 | Angleterre | 13,18 | 2,00 | 0,151 |
Orge | 1750-1850 | Angleterre | 33,34 | 4,35 | 0,131 |
Source : Campbell B. M. S., Ó Gráda C., « Harvest shortfalls, grain prices, and famines in pre-industrial England », 2010.
22L’incertitude subsiste quant à la manière précise dont cette amélioration s’est produite, mais on peut l’expliquer par l’innovation biologique que représentent la sélection et l’utilisation de grains plus résistants. À partir du XVIe siècle, l’imprimerie a multiplié les remèdes conseillés pour les dommages occasionnés aux récoltes par la pluie, les champignons, les mauvaises herbes et les insectes. Tandis que dans l’Angleterre médiévale, on manque de preuves de l’existence d’un commerce de semences spécialisé, on en a davantage à partir du XVIIe siècle. Tout ceci ne pouvait que se traduire par une moindre vulnérabilité de la population aux crises frumentaires. Une baisse du coefficient de variation des rendements de blé de 0,165 à 0,125 (comme ci-dessus) équivaudrait à une réduction de 12 % à 5 % des risques de voir les récoltes diminuer d’un cinquième ou plus, et cela pour n’importe quelle année.
232) Adam Smith considérait la variété croissante des marchandises comme un des bienfaits de la croissance économique. Ces marchandises, la plupart d’origine coloniale ou étrangère, peu ou pas connues au Moyen Âge mais largement disponibles quelques siècles plus tard, allaient de la pomme de terre au tabac, de la noix de muscade au thé et au café, de la poudre à canon aux publications imprimées. Les gains économiques qui y sont associés ont été soulignés par Herschet Voth44, qui estiment que le thé, le café et le sucre ont, à eux seuls, contribué à ajouter un sixième environ au bienêtre du consommateur dans la Grande-Bretagne du XVIIIe siècle.
243) L’alphabétisation a progressé de façon sensible au cours de la même période. En Angleterre, la proportion des époux capables de signer le registre de mariage – un indicateur d’alphabétisation couramment accepté – s’éleva de 6 % seulement en 1500 à plus des trois cinquièmes en 1750, et était déjà significative vers 165045. Le fait qu’on dépense de plus en plus pour l’école indique aussi une élévation du niveau de vie. La hausse de la demande scolaire fait également supposer un accroissement du capital humain investi dans l’économie.
254) La part de la main-d’œuvre employée dans l’agriculture en Angleterre tomba de 61,5 % en 138146 à 43,4 % au début du XVIIIe siècle47. Une hausse de la productivité agricole totale a eu lieu entre ces deux dates puisque l’Angleterre exportait probablement une plus grande part de sa production agricole au XVIIIe qu’au XIVe siècle.
Tableau 2 : Gregory King à propos des revenus en Angleterre vers 1688
(1) Population (en M.) | (2) £ par habitant | (1) x (2) | |
Petits cultivateurs et indigents | 1,018 | 2,0 | 2,04 |
Ouvriers et domestiques | 0,977 | 4,3 | 4,29 |
Autres | 3,684 | 13,1 | 48,26 |
Total | 5,689 | 9,57 | 54,44 |
Source : Lindert P. H. et Williamson J. G., « Revising England’s Social Tables, 1688-1812 », Explorations in Economic History, vol. 19, no 4, 1982, p. 385-408.
265) Bien que les données sur les salaires réels laissent supposer une stagnation, la part de la population salariée a décliné sur l’ensemble de la période (fig. 1). Cette évolution pourrait expliquer les mouvements divergents des salaires réels et du PIB par habitant, suggérés par les reconstitutions récentes – et à ce jour non publiées – des comptes nationaux par Alexander Apostolides et ses coauteurs48 (fig. 3). En 1688, les indigents, les travailleurs et les domestiques représentaient un tiers de la population et touchaient seulement un neuvième des revenus (tab. 2). Les deux tiers restants recevaient en moyenne quatre fois plus. Cependant, Clark49 plaide pour une augmentation beaucoup plus modeste du PIB par habitant qu’Apostolides.
Figure 3 : Salaires et PIB par habitant, 1300-1700

Sources : Apostolides A. et alii, art. cit. (n. 48), 2008 ; Clark G., « The Long March of History : Farm wages, Population, and Economic Growth, England, 1209-1869 », Economic History Review, vol. 60, no 1, 2007, p. 97-135.
27Pris ensemble, les points 1 à 5 supposent que la demande de main-d'œuvre s’est accrue plus vite que la population, ce qui permit une amélioration très progressive mais durable des conditions de vie à l’époque préindustrielle.
2. France et Angleterre : des évolutions divergentes
28Weir découvre que le frein positif était plus fort dans la France d’Ancien Régime que dans l’Angleterre géorgienne, ce qui ne devrait pas constituer une surprise pour les lecteurs de Meuvret50, Goubert ou Labrousse. L’avantage anglais est manifeste également dans l’espérance de vie à la naissance. En Angleterre et au Pays de Galles, elle était de 36,4 ans dans la première moitié du XVIIIe siècle et de 40,3 ans dans la seconde51. En France, elle était de 25 ans environ dans les années 1740, et de 28,1 entre 1750 et 1789 (voir tableaux 3 et 4). Le gros de la différence était dû à des taux de mortalité infantile et enfantine plus élevés en France qu’en Angleterre. Mais on peut raisonnablement supposer que les gens qui arrivaient à l’âge adulte en France avaient été marqués par les maladies qui ont emporté leur fratrie. La différence sensible de taille moyenne des adultes entre la France et l’Angleterre avant la Révolution industrielle pourrait bien être liée au fait que les Français ont davantage subi les conséquences de ces maladies. Il ne serait d’ailleurs pas exagéré de s’interroger sur un écart comparable dans le développement cognitif. La plus grande taille et la force physique supérieures des Anglais permettent, en retour, de rendre compte d’une productivité plus grande et de salaires plus élevés à la veille de la Révolution industrielle52.
Tableau 3 : Espérance de vie en Angleterre et au Pays de Galles, 1740-1789
e0 | e1 | e25 | |
1740-1749 | 37,3 | 46,2 | 34,5 |
1750-1759 | 42,1 | 50,5 | 36,6 |
1760-1769 | 39,0 | 47,2 | 34,4 |
1770-1779 | 39,4 | 47,3 | 35,3 |
1780-1789 | 39,2 | 47,4 | 33,9 |
Source : Adapté de Wrigley E. A. et alii, op. cit. (n. 51), 1997, p. 295, 224, 291.
Tableau 4 : Espérance de vie en France, 1740-1789
e0 | e1 | e5 | e10 | e25 | |
1740-1749 | 24,8 | 34,0 | 40,8 | 40,4 | 31,3 |
1750-1759 | 27,9 | 37,4 | 44,5 | 43,4 | 33,7 |
1760-1769 | 27,7 | 37,4 | 44,8 | 43,7 | 33,8 |
1770-1779 | 28,9 | 38,6 | 45,8 | 44,8 | 34,9 |
1780-1789 | 27,8 | 37,4 | 44,4 | 43,5 | 33,5 |
Source : Adapté de Blayo Y., « Mortalité en France de 1740 à 1829 », Population, no spécial, novembre 1975, p. 141-142.
29Il faut aussi noter que, en ce qui concerne la fécondité, les comportements étaient différents en Angleterre et en France. Avant 1750 environ, les Anglais étaient moins enclins à se marier et, quand ils le faisaient, avaient tendance à avoir des familles plus réduites. En France, la proportion d’adultes de plus de 50 ans recensés comme célibataires dans les registres de décès des paroisses sélectionnées dans l’échantillon de l’INED nous donne une indication sur la proportion d’hommes et de femmes qui ne se sont jamais mariés53. Les registres paroissiaux anglais ne fournissent généralement pas les informations nécessaires à de tels calculs. Aussi les estimations découlent-elles de rétroprojections ; elles concernent des années pour lesquelles les cohortes atteignent l’âge de 40-44 ans et ne distinguent pas hommes et femmes54.
30Le graphique (fig. 4) compare les données françaises et anglaises. Deux caractéristiques s’imposent. D’une part, l’écart énorme qui sépare les deux pays au XVIIe siècle en ce qui concerne la proportion de célibataires. D’autre part, les évolutions divergentes de la nuptialité dans les deux pays au XVIIIe siècle, les Anglais hésitant moins à se marier que les Français. En Angleterre, les taux élevés de célibat au XVIIe siècle et leur réduction au XVIIIe siècle peuvent, l’un comme l’autre, être liés à l’ancienne loi sur les pauvres. Steve Hindle55 a montré comment au XVIIe siècle les élites locales intervenaient pour restreindre l’accès au mariage des paroissiens les plus démunis ; cependant, au XVIIIe siècle, bien des observateurs, à commencer par Malthus, attribuèrent à une application plus lâche de la loi sur les pauvres la montée de la nuptialité. Néanmoins, il faut le souligner, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la proportion des célibataires fut plus importante en Angleterre qu’en France.
31Les âges moyens au mariage ont suivi des trajectoires divergentes dans les deux pays. En Angleterre, l’âge moyen des femmes au premier mariage diminua entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, alors que, en France, ce fut le contraire. Si au XVIIe siècle, les Français se mariaient plus tôt que les Anglais, à partir du début du XVIIIe siècle, ce sont les Anglais qui agirent ainsi.
32Mais les mariages plus tardifs et moins fréquents n’étaient pas les seuls freins préventifs utilisés par les Anglais. Le fait que les mariages anglais donnaient moins d’enfants a eu encore plus d’importance. En Angleterre, la fécondité des couples entre 1600 et 1799 était inférieure d’environ un cinquième à celle de la France entre 1670 et 1769. L’écart allait de 0,94 naissance pour les femmes se mariant pour la première fois entre 25 et 29 ans à 1,33 naissance pour celles âgées de 15 à 19 ans (tab. 5). D’après ces chiffres, l’Angleterre peut se prévaloir d’avoir abaissé avant la France la fécondité des couples mariés56.
Tableau 5 : Taux de fécondité selon l’âge des femmes au mariage
Région | 15-19 ans | 20-24 ans | 25-29 ans |
France du N.-O. | 7,54 | 6,03 | 4,29 |
France du N.-E. | 8,79 | 6,90 | 4,94 |
France du S.-E. | 7,25 | 6,33 | 4,55 |
France du S.-O. | 6,49 | 5,75 | 4,20 |
Moyenne | 7,52 | 6.25 | 4,50 |
Angleterre | 6,19 | 5,02 | 3,56 |
Source : Wrigley E. A. et Schofield R., op. cit. (n. 9), 1981, p. 173. (Les données anglaises se rapportent à 1600-1799, et les françaises à 1670-1769. La moyenne française est la moyenne non pondérée de quatre régions).
33Il est très probable que ces « avantages » démographiques – plus faible nuptialité, plus forte espérance de vie, plus faible fécondité des couples mariés – donnèrent à l’Angleterre préindustrielle une avance économique sur la France. Selon une étude de Kelly, Mokyr et moi-même, ces avantages expliquent la meilleure productivité et le capital humain supérieur des ouvriers anglais. Cela s’est traduit par une taille et une force physique supérieures, ainsi que par une plus grande rapidité dans l’exécution de leur travail57.
Figure 4 : Proportion de célibataires en France et en Angleterre, 1660-1810

III. Conclusion
34Lorsque les économistes William Nassau Senior et Thomas Malthus discutaient de l’impact du développement économique sur la condition des pauvres à la fin des années 1820, ils le faisaient dans un vide empirique. Aujourd’hui, grâce surtout aux recherches des historiens économistes quantitativistes menées depuis les années 1980, nous avons une bien meilleure compréhension de la relation entre niveaux de vie et population dans le passé. Mais est-ce vraiment le cas ? Le récent débat sur le niveau de vie suscité par Gregory Clark et son Farewell to Alms n’en est qu’à ses débuts. La version de Clark d’une histoire immobile est âprement contestée, principalement dans des recherches si récentes qu’elles ne sont encore disponibles que sous la forme de documents de travail58. Mais il y a assez de matière pour occuper les directeurs de revues et les referees pendant un bon bout de temps. La discussion va donc se poursuivre.
Notes de bas de page
1 Cette communication s’appuie sur les recherches présentées dans Kelly M. et Ó Gráda C., « Mortality and living standards since the Middle Ages », Working paper, Centre for Economic Research, University College Dublin, 2010, et Kelly M., Mokyr J. et Ó Gráda C., « High wages, human capital, and the Industrial Revolution », 2010, en cours de publication. Elle a été traduite par Denis McKee, professeur agrégé d’histoire.
2 Malthus T. R., An Essay on the Principle of Population, London, J. Johnson, 1798, XVI, p. 8.
3 Senior N. W., Two Lectures on Population, Oxford, Saunders & Otley, 1828.
4 Clark G., Farewell to Alms : a Brief Economic History of the World, Princeton, Princeton University Press, 2007.
5 Sur Messance, cf. Spengler J., « Messance : founder of French demography », Human Biology, no 1, 1940, p. 77-94 ; Brian E. et Théré C., « Fortune et infortunes de Louis Messance (2 janvier 1734-19 avril 1796) », Population, vol. 53, no 1-2, 1998, p. 45-70 ; Chevet J.-M. et Ó Gráda C., « Grain prices and mortality : a note on ′La Michodière’s Law′ », European Journal of the History of Economic Thought, vol. 13, no 2, 2006, p. 183-194.
6 Messance L., Recherches sur la population des généralités d’Auvergne, de Lyon, et de Rouen et de quelques provinces et villes du royaume, Paris, Durand, 1766, p. 292.
7 Cabourdin G., « Qu’est-ce qu’une crise ? », in Dupâquier J. (éd.), Histoire de la population, Paris, PUF, 1988, p. 175-191.
8 Cabourdin G., art. cit. (n. 7), 1988, p. 180-181.
9 Lee R. D., « Short-term variation : vital rates, prices, and weather », in Wrigley E. A. et Schoield R., The Population History of England 1539-1871 : A Reconstruction, Londres, Edward Arnold, 1981, p. 356-401.
10 Weir D. R., « Life under pressure : France and England 1670-1870 », Journal of Economic History, no 44, 1984, p. 27-47.
11 Galloway P. R., « Annual variations in deaths by age, cause, prices, and weather in London 1670 to 1830 », Population Studies, vol. 39, no 3, 1985, p. 487-505 ; « Differentials in demographic responses to annual price variations in pre-revolutionary France : a comparison of rich and poor areas in Rouen, 1681 to 1787 », European Journal of Population, vol. 2, no 4, 1987, p. 269-305 ; « Basic patterns in annual variations in fertility, nuptiality, mortality, and prices in pre-industrial Europe », Population Studies, vol. 42, no 2, 1988, p. 275-303 ; « A reconstruction of the population of North Italy from 1650 to 1881 using annual inverse projection with comparisons to England, France, and Sweden », European Journal of Population, vol. 10, no 3, 1994, p. 223-274 ; « Secular changes in the short-term preventive, positive, and temperature checks to population growth in Europe, 1460 to 1909 », Climate Change, vol. 26, no 1, 1994, p. 3-63. Dans « Annual variations… », art. cit., et « A reconstruction… », art. cit., Galloway a également étudié le rôle du climat comme facteur ayant une influence indépendante sur l’évolution de la population.
12 Lee R. D., art. cit. (n. 9), p. 399.
13 Lee R. D. et Anderson M., « Malthus in State Space : Macro Economic-Demographic Relations in English History », Journal of Population Economics, vol. 15, no 2, 2002, p. 195-220.
14 Pour une application de cette approche à l’Italie moderne, cf. Fernihough A., « Malthusian dynamics in a diverged Europe : Northern Italy 1650-1881 », Working Paper no 2010/39, UCD Centre for Economic Research, Dublin, University College Dublin, 2010. Pour une approche plus traditionnelle, cf. Di Barolomeo A., Lapucci E., Ferrari G. et Vitali A., « Vital events and economic conditions : testing the Malthusian theory on Northern Italy’s historical data (1650-1860) », Draft paper prepared for the XXVI IUSSP International Population Conference, Marrakech, 2009, disponible en ligne sur : <http://iussp2009.princeton.edu/download.aspx?submissionId= 90726>.
15 Nicolini E., « Was Malthus right ? A VAR analysis of economic and demographic interactions in pre-industrial England », European Review of Economic History, vol. 11, no 1, 2007, p. 99-121.
16 Møller N. F. et Sharp P., « Malthus in cointegration space : a new look at living standards and population in pre-industrial England », Discussion Paper 08-16, Copenhague, University of Copenhagen, 2008.
17 Crafts N. F. R. et Mills T. C., « From Malthus to Solow : how did the Malthusian economy really evolve ? », Journal of Macroeconomics, vol. 31, no 1, 2009, p. 68-93.
18 Crafts N. F. R. et Mills T. C., art. cit. (n. 17), 2009 ; Nicolini E., art. cit. (n. 15), p. 120.
19 Rathke A. et Sarferaz S., « Malthus Was Right : New Evidence from a Time-Varying VAR », Working Paper no 477, Institute for Empirical Research in Economics, Zurich, université de Zurich, 2010.
20 Kelly M. et Ó Gráda C., « Mortality and living standards… », art. cit. (n. 1).
21 Kelly M. et Ó Gráda C., « The Poor Law of Old England. Institutional Innovation and Demographic Regimes », The Journal of Interdisciplinary History, vol. 40, no 3, 2011, p. 339-366.
22 Mokyr J., Ó Gráda C., « What do people die of during famines ? The Great Irish Famine in comparative perspective », European Review of Economic History, vol. 6, no 3, 2002, p. 339-363 ; plus largement, cf. Ó Gráda C., Famine : A Short History, Princeton, Princeton University Press, 2009.
23 Post J. D., Food Shortage, Climatic Variability, and Epidemic Disease in Preindustrial Europe : The Mortality Peak in the early 1740s, Ithaca, Cornell University Press, 1985.
24 Kelly M. et Ó Gráda C., « The Poor Law of Old England. Institutional Innovation and Demographic Regimes », The Journal of Interdisciplinary History, vol. 40, no 3, 2011, p. 339-366.
25 Notre travail corrobore celui de Smith R., « Social Security as a Developmental Institution ? Extending the Solar Case for the Relative Efficacy of Poor Relief Provisions under the English Old Poor Law », Working Paper 56, Brooks World Poverty Institute, Manchester, University of Manchester, 2008, disponible en ligne sur : <http://www.bwpi.manchester.ac.uk/resources/Working-Papers/bwpi-wp-5608.pdf>.
26 Smith R., art. cit. (n. 25), 2008 ; Hindle S., « The Problem of Pauper Marriage in Seventeenth-Century England », The Transactions of the Royal Historical Society, 6th ser., vol. 8, 1998, p. 71-89.
27 Weir D. R., « Family income, mortality, and fertility on the eve of the demographic transition : a case study of Rosny-sous-Bois », Journal of Economic History, vol. 55, no 1, 1995, p. 1-26.
28 Casutt J., Woitek U., « Grain Prices and Mortality in Vienna, 1648-1754 », communication présentée à la EHES Conference, Lund, 2007.
29 Lee R., « Short-term variation… », art. cit. (n. 9), 1981.
30 Weir D., « Life under pressure… », art. cit. (n. 10), 1984.
31 Galloway P. R., « Differentials in demographic response… », art. cit. (n. 11), 1987.
32 Bengtsson T. et Dribe M., « Deliberate control in a natural fertility population : southern Sweden, 1766-1864 », Demography, vol. 43, no 4, 2006, p. 727-746.
33 Snowdon B., op. cit.
34 Lucas R., « The Industrial Revolution : past and future », Estudios Públicos, no 64, 1996, p. 1-15.
35 Clark G., A Farewell to Alms : a brief economic history of the world, Princeton/Oxford, Princeton University Press, 2007.
36 Ces études peuvent être téléchargées sur : <http://www.econ.ku.dk/europe/earlygrowth.htm>. La position de Clark prête à controverse. Pour des points de vue différents, cf. McCloskey D. N., « The Inheritance of Gregory Clark », Munich, Munich University, 2009, disponible en ligne sur : <http://mpra.ub.uni-muenchen.de/21326/> ; et Persson K.-G., « The End of the Malthusian Stagnation Thesis », Copenhague, University of Copenhagen, 2010, disponible en ligne sur : <http://www.econ.ku.dk/europe/earlygrowth.htm>.
37 Clark G., « 1381 and the Malthus delusion », 2010, non publié.
38 Clark G., « The consumer revolution : turning point in human history, or statistical artifact ? », 2010, non publié.
39 Vries J. (de), The Industrious Revolution : Consumer Behavior and the Household Economy, 1650 to the Present, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 73-121.
40 Clark G., « The surprising wealth of pre-industrial England », 2010, non publié.
41 Kelly M. et Ó Gráda C., « Mortality and living standards… », art. cit. (n. 1).
42 Kelly M. et Ó Gráda C., « The Poor Law of Old England… », art. cit. (n. 21), p. 341.
43 Campbell B. M. S., Ó Gráda C., « Harvest shortfalls, grain prices, and famines in pre-industrial England », 2010, compte rendu à paraître. Voir aussi Campbell B. M. S., « Four famines and a pestilence : harvest, price, and wage variations in England, 13th to 19th centuries », in Liljewall B., Flygare I. A., Lange U., Ljunggren L. et Söderberg J. (éds), Agrarhistoria på många sätt : 28 studier om manniskan och jorden, Festskrift till Janken Myrdal på hans 60-årsdag, Stockholm, KSLAB, 2009, p. 23-56.
44 Hersh J. et Voth H.-J., « Sweet diversity : colonial goods and the rise of European living standards after 1492 », 2009, disponible en ligne : <http://ssrn.com/abstract=1402322>.
45 Allen R. C., The British Industrial Revolution in Global Perspective, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 12 ; Houston R. A., « The development of literacy : Northern England, 1640-1750 », Economic History Review, no 35, 1982, p. 199-216.
46 Renseignements fournis par Bruce Campbell sur la base de travaux en cours.
47 Shaw-Taylor L., Wrigley E. A., Davies R. S., Kitson P. M., Newton G. et Satchell A. E. M., « The occupational structure of England c. 1710 to c. 1871 : Work in progress », 2010, disponible en ligne : <http://www.hpss.geog.cam.ac.uk/research/projects/occupations/britain19c/papers/paper3.pdf>.
48 Apostolides A., Broadberry S. N., Campbell B. M. S., Van Leeuwen B. et Overton M., « English GDP, 1300-1700 : some preliminary estimates », 2008, disponible en ligne : <http://www2.warwick.ac.uk/fac/soc/economics/staff/academic/broadberry/wp/agriclongrun4.pdf>.
49 Clark G., « The macroeconomic aggregates for England, 1209-1869 », Research in Economic History, no 27, 2010, p. 51-140.
50 Meuvret J., « Les crises de subsistances et la démographie de la France d’Ancien Régime », Population, no 4, 1946, p. 643-650, réimprimé dans les Annales, no 32, 1971, p. 271-278.
51 Wrigley E. A. et alii, English population history from family reconstitution, 1580-1837, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 295.
52 Kelly M., Mokyr J. et Ó Gráda C., « High wages, human capital, and the Industrial Revolution », 2010, en cours de publication.
53 Henry L., Houdaille J., « Célibat et âge au mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles. I, Célibat définitif », Population, no 1, 1978, p. 43-84.
54 Wrigley E. A. et Schofield R., op. cit. (n. 9), 1981.
55 Hindle S., « The Problem of Pauper Marriage… », art. cit., (n. 26).
56 Le projet de Princeton considérait que la transition de la fécondité commence lorsque l’indice de fécondité dans le mariage baisse durablement de 10 %.
57 Kelly M., Mokyr J. et Ó Gráda C., « High wages, human capital… », art. cit. (n. 48).
58 Apostolides A. et alii, « English GDP, 1300-1700… », art. cit. (n. 48) ; Persson K.-G., An Economic History of Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2010 ; McCloskey D. N., « The Inheritance of Gregory Clark », art. cit. (n. 36) ; Clark G., « 1381… », art. cit. (n. 37) ; « The consumer revolution… », art. cit. (n. 38), 2010, non publié ; et « The surprising wealth… », art. cit. (n. 40).
Auteurs
Professeur d’économie, University College Dublin
Professeur d’économie, University College Dublin
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