Eléments pour une logique de la description et du raisonnement spatial1
p. 15-31
Texte intégral
Introduction
1Le propos de cet article est de présenter quelques notions qui devraient servir de base pour l’analyse du discours descriptif et, plus généralement, pour une théorie de la description et des rapports entre espace et discours.
2Il est frappant de constater que la plupart des études consacrées à la description sont fortement imprégnées du statut même de leur objet, à savoir, presque toujours, un statut essentiellement littéraire. Il n’est dès lors guère surprenant que ces travaux accordent souvent un rôle central à la dimension esthétique du discours descriptif, et cela d’une manière qui n’est ni toujours avouée, ni probablement toujours consciente. Les publications les plus récentes n’échappent pas semble-t-il à ce constat. Or l’activité descriptive n’est pas, de toute évidence, l’apanage exclusif de l’œuvre littéraire. Elle constitue bien au contraire une part importante de nos actes de communication.
3Il ne sera donc pas question ici de sémiotique littéraire (le but n’étant pas de voir comment une description en vient à produire du sens), non plus que de sémiotique de l’espace (le but n’étant pas d’analyser pourquoi et comment telle configuration spatiale se voit attribuer telle interprétation). Mon projet est plutôt d’examiner, dans une optique qui se veut à la fois cognitive et discursive, comment on analyse un espace quand on se propose d’en entreprendre la description en langue naturelle et, accessoirement, comment on utilise la langue naturelle pour engendrer des représentations spatiales chez un auditeur ou un lecteur. Je m’attacherai en particulier, à travers la notion de parcours, à mettre en évidence ce qui peut fonder la logique interne d’une procédure descriptive et, partant, sa cohérence. A ce titre le présent article peut également être lu comme une contribution à l’étude de la pensée discursive.
1. Image et discours
4Aborder le problème de la description, c’est à coup sûr se trouver confronté, à un moment ou à un autre, à la question des rapports entre images et discours. J’admettrai ici avec Rio (1978) que ces rapports peuvent être de quatre types.
5Images et discours peuvent ou non être issus d’un même ensemble de productions. Si c’est le cas, il convient de distinguer si on se trouve en présence de : (i) deux produits différents et autonomes (deux sémiotiques), ou (ii) un seul et même produit complexe (une seule sémiotique). Si ce n’est pas le cas, deux situations peuvent se présenter, soit que (iii) l’image est postérieure au discours et en constitue alors une sorte d’illustration, soit que (iv) le discours est postérieur à l’image. Les possibilités sont donc les suivantes :
Image et discours sont deux produits distincts, co-issus d’une même culture à un moment donné de son histoire (par exemple deux manifestations, l’une iconique l’autre discursive, d’un même mythe).
Image et discours coexistent dans un même produit, et en sont des parties constitutives (par exemple, la bande dessinée).
L’image sert à visualiser, illustrer, représenter un discours.
Le discours prend en charge l’image et se construit à partir d’elle (par exemple, la description).
6Sans doute la description n’est qu’une façon parmi d’autres de prendre en charge une image. L’historien d’art qui analyse et interprète un tableau construit lui aussi un discours à partir d’une image - et pas seulement à partir d’elle bien évidemment. Mais son propos n’a que peu à voir avec une description, même si la plupart du temps il commencera par un travail descriptif. C’est ainsi que tout ce qui relève du visuel et du spatial peut constituer le support d’activités discursives diverses, comme celles qui consistent à décrire, interpréter, analyser, élucider, évoquer, etc.
7Les quatre points ci-dessus valent pour l’image à deux dimensions. Or, il est vraisemblable qu’on ne décrit pas de la même manière une représentation bidimensionnelle et une représentation tridimensionnelle. Les différences sont toutefois moins importantes qu’on pourrait le penser. J’en veux pour preuve qu’il est fréquent de trouver des descriptions qui parlent d’une image, d’un tableau, etc. comme s’il s’agissait du référent réel, en occultant complètement l’interposition de l’image comme système de représentation.
8Du point de vue des opérations de description, les configurations bidimensionnelles et tridimensionnelles présentent néanmoins quelques différences que je voudrais brièvement rappeler :
La description d’une image ne sollicite le plus souvent de son objet que des informations visuelles, du moins si elle se borne à la dimension iconique (il est bien sûr toujours possible de toucher, renifler, etc.).
Elle ne peut, à moins d’inférer, que rendre compte d’un statisme.
Dans l’image, le point de vue sur l’objet est donné une fois pour toutes, et il est impossible de modifier ce point de vue.
L’image est spatialement délimitée.
On peut décrire une image du point de vue de son iconicité, mais aussi de sa plasticité (trace de passage du pinceau, granulation, etc.). C’est ainsi que le Groupe Mu (1980) distingue très justement deux systèmes de signes dans l’image : l’iconique proprement dit, de nature analogique, et le plastique.
On ne peut pas agir sur l’image, tandis qu’on peut manipuler l’objet pour voir ce qu’il y a derrière, dessous, dedans.
9Je ne m’intéresserai dans ce qui suit qu’à des exemples qui concernent les perceptions visuelles, dans deux ou trois dimensions.
2. Décrire
10Une configuration spatiale se présente toujours à nos yeux comme un tout. Cela signifie qu'elle nous apparaît globalement, que les parties qui la constituent s’offrent à notre regard simultanément et comme un continuum. Or, une description en langue naturelle exige une disposition linéaire et, si longue soit-elle, ne peut jamais épuiser son objet. Il nous faudra donc prendre en considération trois types d’opérations au moins : des opérations de découpage (dans le continuum), de sélection (dans la globalité), et d’ordonnancement (de ce qui est simultané)2. Il va de soi qu’aucune de ces opérations n’est effectuée indépendamment des deux autres. Par exemple les opérations de sélection induisent progressivement des principes d’ordre (surtout s’il s’agit de sélection directe plutôt que de sélection par élimination), et réciproquement tout principe d’ordonnancement a pour conséquence de réduire les possibilités de choix, donc d’induire une certaine prévisibilité. Quant au découpage, nous verrons plus loin qu’il obéit la plupart du temps à une logique de l’objet. Je considère rai par conséquent que nous sommes en présence d’une activité complexe et je tenterai d’en rendre compte au moyen de la notion de parcours.
11Nous avons tous, intuitivement au moins, une idée assez claire de ce qu’est une description. Ainsi sommes-nous capables de sauter les passages descriptifs d’un roman pour rejoindre plus vite le cours du récit proprement dit. On peut donc se demander s’il existe des signes démarcatifs, introductifs et conclusifs, des procédures descriptives. Ce problème a été posé par Hamon (1972) dans le cadre d’une étude de la description dans les textes littéraires. Ayant examiné plus particulièrement des textes de Zola, Hamon distingue trois paradigmes de séquences introductives, suivant qu’il s’agit : (a) de regarder l’objet, (b) d’en parler (par exemple en expliquer le fonctionnement), ou encore (c) d’agir sur l’objet. Ces séquences introductives sont toutes de nature narrative ; par exemple : (a) machinalement, il laissa errer son regard à travers la fenêtre... (suit une description) ; (b) il rencontra X qui lui expliqua le fonctionnement de... (idem) ; (c) devant X qui le regardait, l’ouvrier réparait la locomotive... (idem). Hamon indique en outre que cette façon d’introduire les descriptions est caractéristique des esthétiques réaliste et naturaliste. On pourrait la comparer, dans le domaine du cinéma, au rôle que joue souvent le mouvement du regard d’un personnage, comme amorce d’un mouvement de la caméra ou d’un changement de plan (le nouveau cadre ou le nouveau plan décrivant alors ce que regarde le personnage).
12Indépendamment de la question de savoir par quels éléments elle est bornée, on peut se demander ce qui fonde une description en tant que séquence homogène et singularisable à l’intérieur d’un texte. Ceci revient entre autres à se poser le problème de sa cohérence. Je considérerai ici que, de façon générale, une description résulte d’une sorte de mise en équivalence d’éléments qui ont été prélevés sur l’objet et qui sont comme autant de points d’ancrage de prédicats descriptifs, ces derniers pouvant eux-mêmes contenir des éléments susceptibles à leur tour de servir de points d’ancrage d’autres prédicats descriptifs, et ainsi de suite. Cet état de fait a plusieurs conséquences. Les plus importantes me paraissent être les trois suivantes : En premier lieu, il est toujours possible de continuer une description, car il s’agit d’un type de séquence où la fin n’apparaît jamais comme une nécessité – ce qui est en revanche systématiquement le cas dans un récit. Tout se passe comme si l’expansion d’une description s’arrêtait là où son auteur estime en avoir dit assez pour les besoins de son propos.
13En second lieu, une description manifeste très souvent une structure arborescente, mode d’organisation privilégié lorsqu’il est nécessaire de penser simultanément partition, expansion et totalité.
14Enfin, il me semble des plus fructueux, pour rendre compte de l’élaboration discursive de telles structures, d’avoir recours à la notion de classe-objet, que j’emprunte à la logique naturelle de Grize (1979). Par ce terme, je désigne une classe non ensembliste dans laquelle peuvent entrer un nombre a priori indéterminé et non calculable d’éléments, qui ont pour seul point commun d’avoir tous quelque chose affaire avec la dénomination générique de la classe. Je nommerai ces éléments les aspects de l’objet. Ensemble, ils constituent un faisceau. Imaginons que je décrive une maison. Sa façade, ses fenêtres, ses portes, son jardin, mais aussi sa couleur, son volume, son prix, son propriétaire, etc., toutes ces choses et bien d’autres encore constituent son faisceau d’aspect. Un concept de classe proche de celui-ci a été élaboré et axiomatisé sous le nom de classe collective ou méréologique par le logicien Lesniewski3.
3. L’idée de parcours
15Greimas et Courtés (1979, 269 et 146) définissent le parcours comme une disposition linéaire et ordonnée des éléments entre lesquels il s’effectue une perspective dynamique, suggérant une progression d’un point à un autre, grâce à des instances intermédiaires. Sous l’entrée « parcours figuratif », ils indiquent encore que cet enchaînement, fondé sur l’association des figures – propre à un univers culturel déterminé –, est en partie libre, en partie contraint, dans la mesure où, une première figure étant posée, elle n’en appelle que certaines, à l’exclusion des autres. Je retiendrai de ces définitions l’idée de linéarité, et celle de contrainte ou d’ordre (l’un supposant l’autre). De plus, dans un contexte descriptif, parcourir c’est également s’arrêter, et fixer son regard comme sa pensée sur des aspects de l’objet. Je partirai donc de l’hypothèse que les différentes phases de la description que constituent ces arrêts ne se suivent pas de façon quelconque, que leur succession obéit donc à une logique interne.
16Dans le cas qui nous occupe, les principes organisateurs résultent d’une multitude de contraintes. J’en mentionnerai trois.
17D’abord, l’activité descriptive subit souvent des contraintes imposées par les objets eux-mêmes. C’est ainsi, par exemple, que lorsque j’ai à décrire une configuration spatiale caractérisée par un certain type de symétrie, il est des plus probable qu’apparaissent dans mon discours des expressions comme de chaque côté de..., de part et d’autre, à gauche comme à droite, etc.
18Autre source importante de contraintes : ce sont les représentations que le sujet décrivant a de son objet ; elles conditionnent le travail de description, fonctionnant comme un système de pré-catégorisation. Sans elles, il serait impossible de décrire en signalant des éléments absents ou toute autre sorte d’anomalie. Elles vont donc de pair avec une certaine permanence de l’objet, bref avec l’existence d’invariants. Une partie du travail de description consiste d’ailleurs justement à identifier et à extraire ces invariants4.
19Il y a également les contraintes que le descripteur adopte, soit comme principes systématiques délibérément choisis (par exemple, commencer par le centre et rayonner progressivement vers les zones périphériques), soit comme schémas déterminés par la culture (dedans-dehors, gauche-droite, premier plan - arrière-plan, etc.). Je les qualifierai de géométriques. Alors que les deux premiers types de contraintes sont en quelque sorte dictés par les objets décrits, les contraintes du troisième type sont indépendantes des objets.
20Cette énumération n’est bien sûr pas complète. Il conviendrait encore de signaler les contraintes qui ressortissent à la situation même dans laquelle a lieu l’acte descriptif, à la finalité de cet acte, à la position respective du descripteur et de l’objet, aux mouvements de l’un et/ou de l’autre, etc. Toutes ces contraintes, cela va de soi, agissent de façon simultanée.
4. Quelques opérations
21Je partirai ici des notions de classe-objet et d’aspect, telles que je les ai définies plus haut. Mon hypothèse est que l’activité du sujet descripteur peut être décomposée en micro-activités, qui constituent comme les unités discrètes du travail de description. Les opérations que je définirai dans cette section visent à capter certaines de ces micro-activités.
22Une classe-objet sera désignée par un Ό’ majuscule, indicé d’une lettre rappelant sa dénomination, suivie de deux accolades (ouvrante et fermante) entre lesquelles viendront figurer, sous forme de lettres minuscules, les aspects de la classe-objet, au fur et à mesure de la progression de la description ; par exemple la classe : Om{a, b}. Les opérations que je vais présenter permettent de décrire des manipulations de ces symboles et, par suite, certaines activités logico-discursives5.
23Soit le texte suivant :
Quartier de Spacca-Napoli. — C’est le cœur de la Naples ancienne. Avec ses multiples églises, ses petits métiers, ses menus négoces, ses vieilles rues où fourmille un peuple plein de vie et de secret, c’est sans doute aussi le quartier le plus attachant de la ville. Son axe principal, formé par les rues Benedetto Croce et San Biagio ai Librai que prolonge, au-delà de la via del Duomo, la via Vicaria Vecchia, suit le tracé du « Decumanus Maximus » romain. (Guide Michelin - Italie, 1978)
4.1. Opération d’aspectualisation (γ)
24Il s’agit de l’opération par laquelle sont introduits dans le discours les différents aspects de l’objet, cette notion étant entendue comme signalé plus haut dans un sens très large, et incluant aussi bien des parties concrètes physiquement isolables que des propriétés, des qualités, ainsi que toutes sortes d’éléments associés. Il y a aspectualisation chaque fois qu’il est question d’appréhender et de montrer l’objet sous (et par) certains de ses aspects. On peut donc dire que chaque opération de ce type enrichit la représentation que le discours donne de son ou de ses objets. C’est ainsi que, dans notre exemple, le quartier de Spacca-Napoli est décrit par ses églises, ses métiers, ses négoces, son peuple, ses rues, dont la rue B. Croce, etc.
25Si 'Os{}’ désigne une classe-objet (‘s’pour Spacca-Napoli), l’opération γ appliquée à cette classe aura formellement l’effet suivant :
26γ (Os{}) = Os{e}
27Il est bien entendu possible de l’appliquer récursivement :
28γ (Os{e}) = Os{e, m}
29Les minuscules ‘e’, ‘m’, etc. désignent les aspects. Dans l’exemple ci-dessus, ‘Os’ représente la classe-objet « le quartier de Spacca-Napoli », et ‘e’ et ‘m’ respectivement « ses églises » et « ses métiers ». D’autres applications de cette opération permettraient d’introduire successivement « ses négoces », « ses rues », etc. – bref tout élément fonctionnant comme point d’arrêt du parcours descriptif effectué dans la classe-objet « le quartier de Spacca-Napoli ».
4.2. Opération de thématisation (τ)
30Tout aspect est susceptible, à un moment ou à un autre, d’être thématisé. Cela demeure vrai même si, dans la pratique, il est souvent difficile de décider si un objet donné constitue un nouveau thème (une nouvelle classe-objet) ou un aspect d’un objet déjà en cours d’élaboration.
31Cette opération est en quelque sorte une quasi inverse de la précédente. Son effet consiste à transformer un aspect en une classe-objet, en le thématisant. Un nouvel objet est ainsi créé. Ce qui revient, formellement, à extraire une lettre des accolades pour en faire l’indice d’un nouveau symbole d’objet. Reprenons notre texte et imaginons qu’il continue ainsi :
« Toutes les églises de ce quartier présentent de nombreux éléments baroques. »
32Si le discours poursuit sur les églises, nous admettrons qu’il s’agit d’un nouveau thème, et qu’un nouvel objet a donc été créé. On a alors :
33τ (Os{e, m,...}) = Oe{}
34‘Oe{}’ désignant le nouvel objet « les églises ». N’importe quel aspect peut être ainsi thématisé.
35Il convient encore de préciser que, pour la pensée naturelle, rien n’est jamais perdu (alors que beaucoup de choses se créent, se construisent). La conséquence de ce principe est que la classe Os{e, m,...} n’a été ni détruite, ni même modifiée par l’application de τ. Il est donc toujours possible d’y revenir pour introduire de nouveaux aspects ou lui faire subir d’autres transformations.
4.3. Opération d'affectation (φ)
36Elle a pour effet de transformer une ou plusieurs classes-objets en aspect(s) d’une nouvelle classe. Les aspects de l’ancienne ou des anciennes classes deviennent alors aspects de la nouvelle classe-objet. Ce dernier point s’explique par le fait que la relation « être aspect de » est transitive.
37Soit par exemple les deux classes Oa et Ob munies chacune de leurs aspects (indiqués ci-dessous seulement par trois points). L’opération d’affectation de tous ces éléments à une nouvelle classe, disons On, sera formulée ainsi :
38φ (Oa{...}, Ob{...}) = On {a{...}, b{...}}
39L’action de φ se laisse donc décomposer en deux sortes d’effets : transformer d’abord le statut d’un objet de pensée (qui, de classe-objet, devient aspect) ; affecter ensuite le résultat de cette transformation à une nouvelle classe-objet. Voici un exemple de cette opération :
« En entrant, on remarque d’abord une haute et vaste coupole, comme un ciel intérieur, d’où la lumière tombe obliquement. Tout alentour se trouvent des chapelles latérales, disposées en cercle le long du mur. C’est le Panthéon d’Agrippa. »
40Ce texte présente d’abord deux classes-objets : « la coupole » (Oc) et « les chapelles » (Ok), chacune avec ses aspects : pour la coupole, « le ciel » (i) et « la lumière » (1) ; pour les chapelles, « le mur » (m). Ce qu’on notera :
41Oc{i, l} =df « la coupole6 »
42Ok{m} =df « les chapelles »
43Cependant, le texte nous indique ensuite que ces deux classes ne sont que des aspects d’une entité plus générale, qu'elles contribuent à constituer, et qui est donnée à la fin du fragment comme en guise de solution à une énigme : le Panthéon d’Agrippa. Notons ̒Op’ ce nouvel objet. On dira alors que le texte affecte Oc{i, 1} et Ok{m} a Op. Cette opération se traduit comme suit dans notre notation :
44φ (Oc{i, l}, Ok{m}) = Op{c, i, l, k, m}
45Dans la mesure où il y a, comme pour l’opération T, engendrement d’une nouvelle classe-objet, cette opération comporte elle aussi une dimension de thématisation.
46Avant de présenter l’opération suivante, je ferai deux remarques. Premièrement, il serait intéressant d’étudier le rôle que joue l’affectation dans les discours explicatifs. Nous avons vu dans l’exemple qui précède qu’entre autres effets, elle peut lever un doute, supprimer une incertitude.
47Deuxièmement, elle permet, composée avec l’opération de thématisation, d’engendrer une autre opération peut-être plus fondamentale encore, celle d’analogie. On peut en effet, dans la terminologie qui est la nôtre, décrire le mécanisme de l’analogie comme consistant typiquement à rapprocher les faisceaux d’aspects de deux objets a priori étrangers l’un à l’autre. Or, si on applique successivement τ et φ à une classe-objet, on obtient une nouvelle classe dont le faisceau, précisément, partage certains de ses aspects avec celui de la classe de départ. Soit par exemple la classe-objet Ox{a, b}.
48Une application de τ (thématisation) permet d’extraire Ob{}. Puis, par φ, on obtient Oy{b}.
49L’aspect ‘b’ est désormais un élément du faisceau de la classe Οx et de la classe Oy. Dans l’intervalle, la classe transitoire Ob{} peut elle-même avoir subi plusieurs applications de γ avant d’être affectée à une nouvelle classe.
50Comme cette opération intervient, outre l’analogie, dans toutes sortes de procédures comparatives, je la nommerai assimilation7.
4.4. Opération d’assimilation (μ)
51Nous pouvons maintenant définir cette opération comme suit. Soit ̒Ox{a, b, c,...}’une classe-objet. L’opération d’assimilation permettra d’ouvrir un nouvel objet Oy, sous considération qu’il partage quelque aspect avec Ox. Soit :
52μ (Ox{a, b, c,...}) = Oy{b}
53Il va de soi que ‘b’ peut correspondre à un unique aspect aussi bien qu’à un amalgame d’aspects ! Pour des raisons évidentes, l’opération d’assimilation ne peut opérer que sur une classe enrichie d’un aspect au moins.
54Je m’en tiendrai ici à ces quatre opérations. Il apparaît clairement que chacune d’elles permet de réaliser un certain type de transformation des objets du discours. Rappelons que toute transformation revêt toujours une double dimension : elle consiste en un changement, bien sûr, mais aussi en une conservation. Pour qu’on puisse dire d’un objet qu’il a été transformé, il faut nécessairement, en effet, que quelque chose de son identité ait été conservé. Dans le cas contraire, on serait en présence de deux entités différentes (Grize, 1964, 75). Les opérations que je viens de définir comportent toujours ces deux dimensions.
55Par ailleurs si nous considérons que l’activité de raisonnement consiste, entre autres choses, à opérer sur des objets de discours, alors il y a de bonnes raisons de penser que les opérations qui viennent d’être présentées saisissent une des dimensions – et peut-être pas la moins importante – de l’activité de raisonnement.
56Quant aux parcours descriptifs qui obéissent aux contraintes qualifiées plus haut de géométriques, ils ne relèvent pas à proprement parler d’une logique de l’objet. C’est pourquoi je ne chercherai pas à en donner une analyse de type opératoire. Il est possible, en revanche, d’en rendre compte au moyen d’un modèle de la spatialité qui comporterait, par exemple, trois axes orthogonaux, déterminant deux à deux trois séries de plans : soit les axes latéral, vertical et perspectif déterminant les plans frontaux, horizontaux et fuyants8. Les parcours sont alors décrits comme des déplacements sur ces axes et/ou sur ces plans, et consistent en procédures quasi formelles, donc fortement détachées de leurs objets.
5. Quelques exemples
57Il serait assurément peu réaliste de penser que ces quatre opérations suffisent pour décrire les multiples aspects des procédures descriptives. J’aimerais néanmoins maintenant examiner quelques exemples à la lumière des éléments qui viennent d’être posés.
Exemple 1
« Sur le bois verni de la table, la poussière a marqué l’emplacement occupé pendant quelques temps [...] par de menus objets, déplacés depuis [...]. Ainsi la trace circulaire a-t-elle été visiblement laissée par un cendrier de verre [...]. De même, un peu à l’écart, le carré qui occupe le coin gauche de la table, vers l’arrière, correspond au pied d’une lampe en cuivre placée maintenant dans le coin droit [...]. L’abat-jour projette au plafond un cercle de lumière. Mais ce cercle n’est pas entier : un de ses bords se trouve coupé, à la limite du plafond, par la paroi verticale, celle qui est située derrière la table. Cette paroi [...] est dissimulée par d’épais rideaux rouges, faits d’un tissu lourd, velouté. » (A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe)
58Ce fragment illustre de manière tout à fait caractéristique ce glissement d’objet à objet qui résulte de la succession alternée d’opérations d’aspectualisations et de thématisations. Le parcours procède essentiellement par contiguïté, de sorte qu’on pourrait parler ici, avec Hamon (1981, 475), de métonymie filée. D’autre part, les aspects qui articulent les transitions entre les objets ressortent clairement : les traces dans la poussière permettent de passer du cendrier à la lampe, donc à son abat-jour et à la lumière qu'elle projette, cette dernière servant de fil conducteur entre la lampe et la paroi, etc. De là, sans doute, cette impression d’un cheminement naturel comme guidé par les objets eux-mêmes. Dans notre notation, et en indiquant objets et aspects en toutes lettres, cela donne :
la table {}
la table {la poussière, des menus objets} par γ
les menus objets {} par τ
les menus objets {la trace,..., la lampe} par γ
etc.
Exemple 2
« Un peu de neige s’est accumulée à la partie supérieure du dernier anneau saillant qui enserre la base élargie du réverbère [...]. Mais le bas de la capote a balayé quelques-uns de ces menus amas, de même que les chaussures [...] ont tassé la neige dans leurs alentours immédiats, laissant par endroit des taches plus jaunes, des morceaux durcis à demi soulevés, et les marques profondes des têtes de clous rangées en quinconces. Devant la commode, les chaussons de feutre ont dessiné dans la poussière une large zone brillante, et une autre devant la table [...]. De l’une à l’autre est tracé un étroit chemin de parquet luisant ; un second chemin va de la table jusqu’au lit. Parallèlement au mur des maisons, [...] un chemin rectiligne marque aussi le trottoir enneigé. » (A. Robbe-Grillet, op. cit.)
59Hormis plusieurs exemples d’aspectualisations et de thématisations, cette séquence comporte deux cas remarquables d’assimilations, grâce auxquels le discours opère un changement de lieu (de l’univers de la rue à l’univers de la chambre, et vice versa). Admettons que le début du texte consiste à décrire un trottoir. Nous avons alors, après plusieurs applications de l’opération d’aspectualisation, la classe suivante :
60le trottoir {la neige, le réverbère, la capote, les chaussures, des taches,...}
61Puis, par μ, sous considération implicite des équivalences : neige < poussière, chaussures < chaussons, taches < zone brillante :
62la chambre {la commode, les chaussons, la poussière, une large zone brillante}
63Plus loin, l’application de la même opération permet de retourner à l’objet de départ, enrichi ensuite d’autres aspects :
64le trottoir {la neige, le réverbère, la capote, les chaussures, des taches,... les maisons...}
65Cet exemple montre que l’opération d’assimilation peut fonctionner comme sa propre inverse. Cette réversibilité est d’ailleurs imparfaite puisque, comme je l’ai indiqué plus haut, les objets de la construction discursive ne s’effacent jamais. On revient bien à l’entité initiale, mais celle-ci a entre-temps été transformée, enrichie. De plus un nouvel objet, dans l’intervalle, a vu le jour.
66Cet exemple montre aussi que l’opération d’assimilation peut être fondée sur des équivalences approximatives. Cela aussi, me semble-t-il, est caractéristique de la pensée discursive. Il se trouve que dans ce contexte particulier, à cet endroit précis du texte, la poussière est équivalente à la neige, les chaussons aux chaussures, et les taches à une zone brillante.
67Je ferai une remarque encore à propos de ces exemples. Les analyses qui viennent d’être esquissées montrent que mon point de vue ici est très différent de celui du spécialiste de la littérature. Ainsi, le fait que les mécanismes de transition entre le monde de la rue et celui de la chambre soient déclenchés par l’occurrence de lexèmes comme tache, marques, ou chemin n’est pas pertinent pour mon approche. En revanche ce point ne laisserait peut-être pas indifférent un spécialiste de l’univers de Robbe-Grillet.
Exemple 3
« Imaginez plusieurs milliers de mini-ordinateurs, à fonctions multiples, reliés les uns aux autres par des millions de lignes, chaque ensemble pouvant être comprimé dans l’espace de 1 mm3. Ajoutez à cela un élégant système de conduits, apportant des matières premières et emportant des déchets, une patrouille mobile de sécurité et une énorme industrie chimique capable de synthétiser ou de détruire des milliers de substances en une seconde. Assemblez cette masse d’environ 1400 grammes dans la moitié supérieure du crâne humain. Cette description est, en fait, un modèle bien pâle et terriblement simplifié du cerveau. » (L’Illustré, 3.2.1982, 32)
68Ce texte illustre une procédure que nous avons déjà rencontrée dans la description du Panthéon d’Agrippa : c’est l’opération que j’ai désignée par le terme d’affectation. Je rappelle que l’effet de cette opération est de réduire une ou plusieurs classes-objets, enrichies ou non, au statut d’aspects, ceux-ci étant affectés à une nouvelle classe créée à cette occasion. Son effet psychologique a été décrit par la rhétorique classique sous le nom de suspension (par exemple Fontanier 1977, 364 et suiv.).
69L’exemple 3 présente toutefois deux particularités. La première est que les classes-objets destinées à être rassemblées par l’affectation sont toutes ancrées dans le discours sous une forme métaphorique. La seconde est que la description se présente comme une séquence d’instructions : Imaginez... Ajoutez... Assemblez... Le mode instructionnel est une des nombreuses manifestations du genre descriptif. Ceci devrait nous rendre attentif au fait que la description ne saurait être considérée comme un genre essentiellement statique, ainsi qu’on a souvent tendance à le faire.
70Ce texte est intéressant pour une autre raison encore. Il présente en effet deux affectations successives, la première manifestée par l’expression cette masse d’environ 1400 grammes, la seconde par l’expression le cerveau, phénomène qui laisse l’impression d’un dévoilement par paliers.
71Une fois engendrées et enrichies, les classes-objets sont les suivantes :
les mini-ordinateurs {les fonctions,...} = df OO
un syst. de conduits {les matières prem.,...} = df Os
une patrouille de sécurité {} = df Op
une industrie chim. {des substances,...} = df Oi
72Une première application de φ donne :
73φ (Oo, Os, Op, Oi) = cette masse {o, s, p, i} =df Om
74Puis, par γ et à nouveau par φ :
75γ (Om) = cette masse {o, s, p, i, la moitié supérieure du crâne humain}
76φ (Om) = le cerveau {cette masse, o, s, p, i, la moitié supérieure...}
77= df Oc
78La classe-objet « le cerveau » (Oc) comprend désormais tous les éléments, dénominations génériques et aspects, qui sont apparus depuis le début de la séquence. Le passage des majuscules aux minuscules indique formellement que, si les classes Oo, Os, Op, et Oi existent toujours (il est possible de les reprendre pour développer certains points des analogies), elles ont maintenant par rapport à Om et à la nouvelle classe « le cerveau » une relation « être un aspect de ». Ceci est important. Seul en effet un examen de la nature des relations qui existent entre les éléments nous permet de décider du statut des objets de la pensée discursive (classe, aspect, recatégorisation). De plus, comme nous venons de le voir, ce statut n’est pas nécessairement univoque, et un même élément peut avoir, vis-à-vis d’objets différents, des statuts différents.
79Avant de conclure, j’aimerais présenter un exemple encore qui illustrera ce que j’ai qualifié plus haut de parcours géométrique. Ce texte est à nouveau extrait de Dans le labyrinthe.
Exemple 4
« Le tableau [...] représente une scène de cabaret. [...] Un grand nombre de personnages emplit toute la scène : une foule de consommateurs assis ou debout, et, tout à fait sur la gauche, le patron, légèrement surélevé derrière son comptoir.
Le patron est un gros homme chauve, en tablier. [...]
Sur la droite, c’est-à-dire au centre du tableau, plusieurs groupes de buveurs sont assis autour de tables irrégulièrement disposées [...].
A l’extrême droite, une masse d’hommes, vêtus presque tous en ouvriers comme ceux qui sont assis aux tables, tournent le dos à ces derniers [...]. Un peu en avant, entre ces dos tournés et la première rangée de buveurs tournée dans l’autre sens, un gamin est assis à même le sol [...]. Il y a en outre, non loin de là, au premier plan, une chaise renversée qui gît sur le sol.
A l’écart, comme séparés de la foule qui les entoure par une zone inoccupée -étroite certes, [...] suffisante en tout cas pour les signaler au regard bien qu’ils se situent à l'arrière-plan - trois soldats [...]. Tout à fait au fond, les dernières tablées se mélangent plus ou moins à des gens debout [...]. » (A. Robbe-Grillet, op. cit.)
80Un rapide examen des localisateurs spatiaux montre que le parcours auquel procède cette description a un caractère hautement systématique. Soit :
tout à fait sur la gauche
sur la droite, c’est-à-dire au centre du tableau
à l’extrême droite
un peu en avant
non loin de là, au premier plan
à l’écart,... à l’arrière-plan
tout à fait au fond.
81Exprimé dans les termes que j’ai proposés plus haut, le balayage s’effectue d’abord sur l’axe latéral selon un parcours gauche-droite. Le descripteur vient ensuite, en deux étapes, fixer son attention au premier plan, selon un mouvement qui suit un axe résultant de la composition des axes perspectif et latéral, combinant ainsi un parcours arrière-avant et droite-gauche. Enfin, suivant l’axe perspectif de l’avant vers l’arrière, il s’arrête sur trois plans frontaux (premier plan, arrière-plan, tout à fait au fond). Soit schématiquement :
82Cette géométrisation du parcours n’explique pas toute la description. Elle confère cependant une cohérence externe à une suite d’étapes, d’arrêts du regard et de la pensée. Chacune de ces étapes est le lieu d’une procédure descriptive dont la cohérence est réglée par les objets eux-mêmes et, par suite, analysable en termes d’opérations. Par souci d’économie, j’ai remplacé ces développements dans le texte par des crochets Nous y aurions retrouvé les opérations décrites plus haut.
Conclusion
83Cette étude ne visait nullement une analyse générale du phénomène de la description. Son apport est beaucoup plus modeste, et on peut le résumer de la façon suivante.
84Il s’est agi, d’une part, de mener des observations systématiques sur un petit corpus de textes descriptifs, afin d’en extraire quelques mécanismes fondamentaux au plan de la logique discursive. Dans un deuxième temps, j’ai tenté de rendre compte de ces mécanismes au moyen d’un système de quatre opérations.
85J’ai également été amené à distinguer deux grandes familles de descriptions. D’un côté celles qui, de quelque manière que ce soit, ont toujours affaire avec une logique de l’objet ; de l’autre celles qui sont régies par des modèles abstraits de nature géométrique ou logique. Dans les deux cas, la notion fondamentale me semble être celle de parcours, et c’est essentiellement dans la logique même de ces parcours que diffèrent ces deux familles de descriptions.
86Ainsi qu’on l’aura constaté, cette étude a considérablement simplifié son objet. Ainsi, j’ai conduit mes analyses en ignorant complètement les prédicats, la construction des propositions et leur articulation en énoncés. J’ai en quelque sorte fait comme si mes exemples étaient des énumérations d’objets. Or, il est bien clair qu’une description ne peut être réduite à une simple énumération...
87Par ailleurs, les objets décrits dans les textes que nous avons examinés sont tous des configurations spatiales statiques. Il serait évidemment intéressant d’étudier comment on décrit un objet en transformation, ou un objet en mouvement, et de mettre en évidence les implications que ces situations peuvent avoir sur les opérations discursives de la description.
88Enfin, une question essentielle reste à débattre. C’est celle de préciser ce que recouvre au juste le terme de description qui, pour Greimas et Courtés (1979, 93), doit être considéré comme une dénomination provisoire d’un objet qui reste à définir.
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Notes de bas de page
1 Cet article est paru dans la revue Degrés, no 35-36, 1983, b1-b19, dans une livraison intitulée « Approches de l’espace ». Il est repris ici avec quelques modifications mineures, touchant en particulier aux notations symboliques. Je remercie André Helbo, directeur de Degrés, d’avoir autorisé sa réédition, et Yves Reuter de m’avoir proposé de le reprendre dans le présent ouvrage.
2 ce propos, Louis Marin (1981) parle de principe de pertinence du prélèvement descriptif.
3 Pour une interprétation de la notion de classe-objet comme classe méréologique, voir Miéville (1981). Sur la méréologie de Lesniewski, on consultera avec profit la présentation de Grize (1973, 77 et suiv.).
4 La psychologie cognitive nous a appris que ces invariants sont moins le résultat de processus perceptifs, que de la coordination d’actions répétées sur l’objet. C’est ainsi que pour Piaget, l’image spatiale unit étroitement le figuratif et l’opératif. Voir à ce propos Piaget et Inhelder (1966, 22-25), et Paillard (1971).
5 Pour plus d’informations sur ce modèle, voir Grize (1983).
6 ‘= df’ signifie simplement « égale par définition ». Mon analyse est en réalité ici quelque peu simplifiée. L’expression un ciel intérieur ne désigne pas à proprement parler un aspect, mais une recatégoration de l’objet « une coupole ». Une analyse plus fine devrait évidemment distinguer aspectualisation et recatégorisation.
7 L’analogie consiste bien à assimiler provisoirement un objet problématique (celui à propos duquel on entreprend par exemple de construire un certain savoir) à un objet supposé mieux connu ou plus familier. Sur l’analogie, voir également Borel, Grize et Miéville (1983, chap. 4).
8 Je m’inspire ici de Petitot-Cocorda (1979, 145).
Auteur
Université de Fribourg (Suisse)
Séminaire de linguistique française
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