L’histoire économique italienne à la recherche d’une nouvelle identité1
p. 273-281
Texte intégral
1Tout commence avec les marchands italiens des XIIIe et XIVe siècles, une période de grande prospérité pour l’économie italienne, qui – grâce à ses manufactures florissantes, au développement du commerce et à son système financier moderne – devient le leader en Europe. L’intérêt – ou la nostalgie ? – pour cette époque de splendeur économique a probablement contribué à légitimer la naissance de l’histoire économique en Italie en tant que domaine d’étude spécifique. L’exemple des pères fondateurs de l’histoire économique, allemands, anglais et français, a sans doute joué dans le même sens. Ce n’est pas par hasard, donc, si, en Italie, l’histoire économique est née comme histoire de l’économie du Moyen Âge et qu’elle est devenue une discipline d’enseignement dans les Scuole Superiori di Commercio (Écoles supérieures de commerce) où les futurs comptables et les commerçants pouvaient s’identifier aux marchands du Moyen Âge et, par là même, trouver une légitimité sociale et une source de fierté.
2Il s’agit peut-être d’une histoire moins noble que celle enseignée dans les universités – l’histoire de l’Antiquité ou celle du Moyen Âge –, mais pour l’histoire économique s’ouvrent alors des perspectives prometteuses. La création dans les années 1930 des Facoltà di Economia e Commercio (Facultés d’économie et de commerce) marque un tournant pour l’histoire économique et pose les bases de sa situation actuelle. Elle s’y affirme comme une discipline constitutive de la formation de base pour tous les étudiants pour qui elle devient obligatoire, ce qui a orienté toute son évolution, tant en ce qui concerne les versants académique et institutionnel que les orientations de recherche.
3Cette situation lui a donné une position de force, mais comporte aussi des éléments de faiblesse. Ainsi, si depuis 80 ans, l’histoire économique jouit d’une excellente position dans les facultés d’économie, d’un autre côté, elle entretient un rapport toujours plus difficile, et parfois conflictuel, avec les autres disciplines qui étudient l’économie et qui y sont enseignées.
I. Une identité institutionnelle forte
4Voyons à présent les facteurs positifs.
5L’introduction de l’histoire économique comme discipline d’enseignement et donc obligatoire dans toutes les facultés d’économie s’est traduite par un accroissement significatif du nombre de postes d’enseignants qui, actuellement au nombre de 204, se répartissent ainsi : 66 professori ordinari (professeurs), 65 professori associati (maîtres de conférences), et 73 ricercatori (assistants) dont respectivement 43, 46 et 56 dans les facultés d’économie. Ces chiffres sont positifs car ils sont le résultat de l’augmentation continue du nombre des professeurs d’histoire économique pendant les trente dernières années. De plus, la création de nombreux doctorats en histoire économique a contribué de manière décisive à la formation des étudiants.
6Les récentes réformes du système universitaire italien ont accordé plus de liberté de décision aux facultés en ce qui concerne le choix des disciplines d’enseignement. Toutefois, il y a peu d’exemples de facultés où l’histoire économique ait été retirée de la liste des matières obligatoires : en effet, dans la plupart des facultés d’économie, elle a maintenu sa position de discipline contribuant à la formation de base des étudiants, les cours étant généralement donnés en première ou deuxième année.
7Cette capacité de résistance de l’histoire économique est liée sans doute à la combativité des collègues qui ont sans cesse défendu la valeur formatrice de l’histoire économique dans les différentes universités, mais aussi au grand nombre de professeurs que le retrait de l’histoire économique de la liste des disciplines enseignées ou la réduction du nombre d’heures de cours aurait laissé inactifs. Il s’agit là d’un exemple intéressant de ce que les économistes appellent la « dépendance du sentier » (path dependance) !
8Soulignons aussi la force académique de l’histoire économique au niveau scientifique pour ce qui est des concours aux postes d’assistants, maîtres de conférences et professeurs. Dans le système universitaire italien, le recrutement des professeurs est réalisé au moyen de concours publics ouverts dans chaque secteur scientifique. En 2007, on comptait plus de 300 secteurs scientifiques. En histoire, par exemple, l’histoire de l’Antiquité, l’histoire du Moyen Âge, l’histoire moderne, l’histoire contemporaine, l’histoire du christianisme, l’histoire de l’Asie, etc. constituaient autant de secteurs bien identifiés. De même les sciences économiques se subdivisaient en économie politique, politique économique, économie publique, économétrie, etc. En raison de ce fractionnement, l’histoire économique disposait de son propre secteur scientifique et, en conséquence, de concours spécifiques.
9En 2008, le ministère a réformé l’organisation des secteurs scientifiques en en réduisant le nombre de presque 200. Dans ces conditions, il était difficile d’imaginer que l’histoire économique puisse conserver un secteur spécifique. Deux perspectives s’offraient alors à elle : l’intégration dans le nouveau secteur de l’histoire – avec les historiens de l’Antiquité, du Moyen Âge, de l’époque moderne etc. – ou l’intégration dans le domaine des sciences économiques. Dans le premier cas, tout en partageant avec les autres historiens la méthodologie de la recherche, elle courrait le risque de perdre sa spécificité « économique », ce qui aurait eu de lourdes conséquences sur les relations avec les collègues des autres disciplines enseignées dans les facultés d’économie. Dans le second, le lien originaire de la discipline avec l’économie était maintenu, mais le risque existait alors pour elle de se retrouver « écrasée » par une discipline au statut scientifique très différent. L’histoire économique a réussi à surmonter cette difficile épreuve. Elle a maintenu son identité en s’associant avec l’histoire de la pensée économique. Il s’agit là d’un résultat important si l’on considère que les cinq secteurs entre lesquels la science économique était divisée ont été ramenés à un seul, la même évolution touchant les sciences de gestion qui comptaient également cinq secteurs scientifiques distincts et n’en ont plus qu’un seul aujourd’hui.
10Deux facteurs ont joué en faveur de l’histoire économique : la présence de nombreux historiens de l’économie parmi les doyens des facultés d’économie et, surtout, l’action continue et déterminée de la SISE, la Società Italiana degli Storici dell’Economia (Société italienne des historiens de l’économie) et de son président. La SISE est une jeune association – elle a 25 ans – mais qui est très active, surtout au niveau institutionnel2. Elle compte plus de 300 membres qui se rencontrent deux fois par an : la première, au printemps, pour discuter de la place de l’histoire économique dans l’Université, et la seconde, à l’automne, de questions scientifiques. Tous les quatre ans, la SISE organise un grand colloque auquel tous ses membres participent et c’est à cette occasion que les organes dirigeants de la société (président et conseil) sont renouvelés. L’existence de cette société a très certainement renforcé la position institutionnelle et académique de l’histoire économique en Italie.
11Le développement des relations avec les chercheurs d’autres pays et des travaux sur des questions d’intérêt international est très important pour l’histoire économique italienne : ces relations et ces travaux sont considérés comme une nécessité et une occasion d’améliorer le niveau de la recherche. Les collaborations les plus importantes concernent l’Espagne et la France, alors que les liens sont encore ténus avec le monde anglophone. Ce sont surtout les spécialistes de business history qui entretiennent des relations avec les historiens anglais et américains. Les jeunes sont davantage concernés par ces relations, même si au contraire des économistes qui y sont presque obligés, ils sont peu nombreux à faire leur doctorat en tout ou en partie à l’étranger.
12Le nombre de contributions d’auteurs italiens dans les revues internationales d’histoire économique a augmenté, mais demeure limité. Encore plus réduite, voire presque nulle, est la participation des historiens économistes italiens à des projets de recherche internationaux tel, par exemple, le VIIe programme cadre européen.
13Par ailleurs, la forte réduction du nombre des doctorats en histoire économique constitue une note négative : c’est le résultat de la nouvelle politique du ministère en matière de doctorat, toutes disciplines confondues. De plus, il faut rappeler que les continuelles réductions du budget de l’université décidées par le gouvernement rendent toujours plus difficile le recrutement des jeunes. Toutefois, cela concerne l’ensemble des disciplines. Dès lors, l’évolution de l’histoire économique au sein de l’université italienne peut être vue comme positive car elle possède une forte identité au niveau institutionnel, qui résulte de sa position dans le domaine académique. Naturellement, je ne suis pas en mesure d’imaginer le futur, mais je crains qu’il soit pire que le présent.
II. Une identité menacée
14Voyons à présent les effets de l’insertion de l’histoire économique dans les facultés d’économie sur son statut scientifique.
15En travaillant dans les facultés d’économie, les historiens de l’économie ne sont pas confrontés aux autres historiens avec qui ils partagent les mêmes méthodes de recherche – analyse des sources d’archives, critique des sources, reconstruction détaillée, etc. – mais avec des chercheurs d’autres disciplines, les économistes notamment, dont les paradigmes méthodologiques sont très différents, bien qu’ils appartiennent eux aussi au domaine des sciences sociales.
16En réalité, les interlocuteurs des historiens de l’économie au sein des facultés d’économie sont de deux types : les économistes, qui utilisent beaucoup les mathématiques, les modèles économétriques et les statistiques, et les économistes d’entreprise, qui recourent à des analyses plus empiriques (et donc plus proches de celles des historiens de l’économie) dont les objectifs sont exclusivement pratiques.
17La confrontation est très serrée avec les économistes, qui apprécient l’histoire de l’économie, mais à la recherche dans les archives – qui est la base du travail des historiens de l’économie –, ils opposent leur méthode basée sur la statistique (donc exclusivement quantitative) et sur des « faits stylisés » (c’est-à-dire des reconstructions très schématiques des événements et des changements). Les économistes souhaitent faire « leur » histoire économique. Il faut aussi signaler qu’au sein des facultés d’économie, de nombreux étudiants voient l’histoire économique comme une matière superflue et demandent des leçons plus faciles s'appuyant sur un petit nombre de schémas, moins détaillées et sans analyses approfondies.
18Un autre facteur complique la situation : les institutions chargées d’évaluer la productivité de la recherche scientifique ont rangé l’histoire économique dans le groupe des disciplines économiques et, par conséquent, les travaux des historiens de l’économie sont évalués par des économistes qui utilisent des critères très différents de ceux des historiens. Davantage de points (c’est-à-dire une meilleure évaluation) sont attribués aux articles publiés dans les revues de langue anglaise ayant des referees et des références au Citation Index et à l’Impact Factor, alors que peu d’importance est accordée aux monographies. De plus, les publications non éditées en anglais sont considérées comme nulles, tout simplement bonnes à être mises à la poubelle.
19C’est la même situation pour l’évaluation des projets de recherche nationaux. Ceux présentés par les historiens économistes sont souvent expertisés par les économistes, qui évaluent rarement de manière positive les recherches en histoire économique et, lorsqu’ils le font, uniquement celles qui sont proches de leurs propres centres d’intérêt. Ainsi, en 2008, un seul projet d’histoire économique – dirigé par Tommasso Fanfani de l’université de Pise – a obtenu un financement du ministère : il s’agit d’une recherche sur l’évolution du système bancaire en Italie aux XIXe et XXe siècles. Un projet excellent, cela va sans dire, mais qui, surtout, parlait « la langue des économistes ». Remarquons également que, en général, les projets d’histoire économique financés par le ministère disposent de petits budgets et concernent de petits réseaux de recherche – pas plus de quatre ou cinq universités.
20Ce n’est pas le lieu le plus indiqué pour juger de ces choix qui suivent une tendance internationale ; toutefois, je pense qu’ils sont excessifs et trop rigides. À terme, et c’est inquiétant, on peut craindre que le métier d’historien de l’économie subisse de profonds changements : le long et méticuleux travail de recherche dans les archives deviendra un luxe que plus personne ne pourra se permettre ; on ne pourra plus réaliser les recherches approfondies nécessaires pour écrire un livre d’histoire économique car les livres seront remplacés par des articles en anglais ou de petites synthèses destinées aux étudiants ou au marché des livres de vulgarisation. La formation des jeunes devra elle aussi changer. Inutile de les faire travailler trois ou quatre ans pour une recherche destinée à la rédaction d’une thèse de doctorat : six mois dans une université américaine suffiront pour y étudier des modèles. Cela modifiera tout naturellement les critères de sélection et le recrutement des professeurs d’histoire économique. La discipline sera ainsi véritablement coupée de la « souche » des disciplines historiques. À ce propos, il faut rappeler que si, au moment de sa fondation, la SISE s’appelait Société des historiens de « l’économie » afin d’affirmer l’identité de l’histoire économique face aux autres historiens, nous avons récemment décidé de l ‘ appeler désormais Société des historiens « économistes » afin de souligner que nous sommes avant tout des historiens.
21De plus, l’histoire économique, qui est née comme discipline s’intéressant tout particulièrement à l’étude du Moyen Âge, est de plus en plus orientée vers l’époque contemporaine. Le Moyen Âge a vu son importance reculer à partir des années 1970 lorsque les jeunes historiens de l’économie se sont tournés vers l’époque moderne. Aujourd’hui, les jeunes préfèrent étudier l’époque contemporaine et la business history, alors que l’histoire économique du Moyen Âge et de l’époque moderne est de plus en plus étudiée par les historiens de ces périodes. On a là un changement important par rapport au passé où il existait une division claire des secteurs d’influence : l’histoire économique aux historiens de l’économie et les autres domaines des sciences historiques aux autres historiens. La progressive disparition du binôme « histoire économique et sociale » en faveur de la seule histoire économique est une autre conséquence de l’évolution actuelle : considérée comme une « petite sœur indigne », l’histoire sociale a été abandonnée.
III. Entre deux cultures
22L’histoire économique italienne est donc conditionnée par l’évolution de l’histoire économique au niveau international où le modèle anglo-saxon rencontre toujours plus de succès et où deux modèles différents émergent : l’un conditionné par les sciences économiques et l’autre par l’économie d’entreprise. D’un côté, l’histoire économique contemporaine subordonnée aux sciences économiques dont elle tire les questions à étudier et l’essentiel de ses méthodes de recherche. De l’autre côté, la business history, domaine de la gestion où la recherche dans les archives demeure encore importante, mais limitée aux seules archives d’entreprises.
23L’histoire économique a conquis une forte identité au niveau institutionnel et académique, mais dans le même temps elle court le risque de la perdre sur les plans scientifique et méthodologique. S’agit-il d’une conclusion ou d’un diagnostic négatifs ? Pas forcément, car je crois que cette évolution comporte également des éléments positifs que je vais à présent analyser.
24Je pense que le contact avec la formalisation et les modèles typiques des sciences économiques peut aider l’histoire économique à se débarrasser des excès d’empirisme et à renoncer aux études trop locales en favorisant les recherches concernant de grandes questions d’intérêt international. L’utilisation des sources d’archives est indispensable, mais en Italie, trop de projets de recherche se concentrent sur les sources et non sur les problèmes à analyser ; au contraire, il faut partir des problèmes et les analyser en utilisant les documents trouvés dans les archives. Par ailleurs, l’analyse de thèmes qui intéressent la recherche au niveau international peut donner à l’histoire économique plus de visibilité auprès du public et valoriser sa capacité à expliquer les phénomènes de changement dans la longue durée. À condition, naturellement, que l’on sache appliquer à la matière historique les méthodes et les instruments spécifiques des sciences économiques sans que l’histoire économique en devienne dépendante. Enfin, bienvenue à l’histoire d’entreprise, mais seulement si elle ne se limite pas à une collection de cas plus ou moins significatifs.
25Il est aujourd’hui très important que l’histoire économique diversifie ses thématiques de recherche. L’histoire économique italienne est en effet trop conservatrice pour ce qui est de leur choix, alors que pour obtenir plus de place aux côtés de l’économie politique et de la gestion, il faut qu’elle offre de plus amples perspectives et soit plus créative. Il ne s’agit pas d’inventer de nouveaux thèmes de recherche, mais de renouveler l’analyse des thèmes propres à l’histoire économique en faisant preuve d’un peu d’innovation. Les recherches concernant les districts industriels3 représentent un bon exemple de ce qu’il est possible de faire. Mais je regrette que ce soit un économiste hérétique, Giacomo Becattini, qui ait découvert et donné de la visibilité scientifique et médiatique à cette voie alternative d’industrialisation que sont les districts industriels en proposant un modèle où l’histoire joue un rôle très important4. C’est seulement après lui, et après Charles Sabel et Jonathan Zeitlin au niveau international5, que les historiens économistes ont commencé à réfléchir sur la genèse historique des districts industriels. Un autre exemple intéressant est celui des recherches sur les corporations de métier. Après un demi-siècle de condamnation des corporations pour leur responsabilité dans le déclin économique de l’Italie, on a commencé à réfléchir à la fin des années 1980 sur cette thèse traditionnelle et, de façon un peu timide, à affirmer qu’il était nécessaire d'analyser le phénomène corporatif et de renoncer à une vision des choses qui gêne la recherche. On a formé des groupes de recherche, on a obtenu un peu d’argent du ministère, on a fait un colloque et publié des travaux collectifs6. Mais tout s’est arrêté en l’espace de quelques années. Alors que l’accumulation des connaissances était telle qu’on pouvait vraiment aller plus loin, le sujet – qui n’a peut-être jamais été étudié avec beaucoup de conviction – a été abandonné. Et maintenant, comme on le sait, les historiens anglo-saxons et français produisent des travaux vraiment importants sur les corporations dans l’économie et la société d’Ancien Régime7. Les analyses de la consommation – modèles de consommation et formes de distribution des biens – semblent également donner d’intéressants résultats, mais il ne s’agit pas de nouveautés parce que, on le sait bien, ce sont des chercheurs anglo-saxons qui ont initié les travaux sur le sujet. C’est pourquoi on ne peut pas dire que, actuellement, l’histoire économique italienne se distingue pour avoir ouvert de nouvelles perspectives de recherche et je ne dirai pas non plus qu’il y ait des thématiques porteuses ou particulièrement partagées. À mon avis, ce n’est pas un signe positif, mais avec la fin de ce qu’on appelait les « écoles » – des groupes formés par de vieux maîtres et leurs élèves pendant deux ou trois générations – les thématiques porteuses qui identifiaient chaque groupe ont également disparu.
Conclusion
26L’histoire économique est née comme domaine spécialisé de l’histoire, donc comme une discipline basée sur les méthodes de recherche propres à l’histoire et c’est sur ces bases qu’elle s’est développée, en Italie comme à l’étranger, jusqu’à il y a 15-20 ans. Par la suite, l’idée que l’histoire économique appartient au domaine des sciences économiques a gagné du terrain, ce qui l’a poussée à utiliser les méthodes d’analyse des sciences économiques. Selon ce courant, l’étude, la compréhension et l’explication de l’histoire économique doivent impérativement partir des lois régissant l’évolution de l’économie (mais l’existence de lois gouvernant l’économie est-elle confirmée ?).
27L’histoire économique est donc au milieu du gué : entre son ancrage historique et les ambitions de l’économie. Ayant une physionomie scientifique hybride, elle est à la recherche de sa nouvelle identité. La force de l’histoire économique sur les plans institutionnel et académique est une bonne chose mais n’est pas suffisante ; il faut aussi que, sur les plans scientifique et méthodologique, elle soit capable de définir clairement son identité. Dans le cas contraire, on risque de reculer tant au niveau académique qu’institutionnel.
Notes de bas de page
1 Le texte qui suit est la transcription de l’exposé que Carlo Marco Belfanti a prononcé directement en français devant le conseil scientifique du RTP. Son style oral lui a été conservé.
2 <http://sisenet.it/sise/portalsise.nsf>.
3 Becattini G., Bellandi M. et De Propris L., A Handbook of Industrial Districts, Cheltenham, Edward Elgar, 2009.
4 Becattini G., Mercato e forze locali : il distretto industrial, Bologna, Il Mulino, 1987.
5 Sabel C. et Zeitlin J., « Historical alternatives to mass production : politics, markets and technology in nineteenth industrialization », Past and Présent, no 108, 1985, p. 133-176.
6 Guenzi A., Massa P. et Piola F. (eds), Guilds, Markets and Work Régulations in Italy, 16th-19th Centuries, Alderhsot, Ashgate, 1998 ; Guenzi A., Massa P. et Moioli A., Corporazioni e gruppi professionali nell’ltalia moderna, Milan, Franco Angeli, 1999.
7 Parmi les travaux plus récents, cf. Esptein S. R. et Prak M. (eds), Guilds, Innovations and the Europen Economy, 1400-1800, Cambridge, Cambridge University Press ; Lucassen J., De Moor T. et Van Zanden J. L. (eds), The Return of the Guilds, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.
Auteur
Professeur d’histoire économique, université de Brescia
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