Chapitre VI. L’offre d’école et ses difficultés
p. 153-171
Texte intégral
1Pour construire ou pour étayer une représentation et un exercice stables et satisfaisants de leur fonction sociale, les instituteurs que nous observons doivent affronter deux difficultés principales, deux pôles de mise en échec de l’offre d’école à laquelle ils sont par définition en mesure de procéder : d’abord, du côté de cette offre précisément, l’activité plus ou moins dynamique et menaçante des concurrents, et avant tout des congrégations religieuses, ensuite, du côté de la demande, l’attitude plus ou moins positive ou négative des familles concernées.
1. Le problème de la fréquentation des classes
2Ce qui traduit le plus immédiatement et le plus sensiblement la volonté des familles à l’égard de l’enseignement offert, c’est bien sûr le niveau de la scolarisation, c’est-à-dire à la fois la quantité d’élèves inscrits mais aussi la durée de leur présence en classe, en nombre de mois dans l’année et en nombre d’années dans le cursus. Or, après la question du traitement et celle des locaux, la troisième grande inquiétude des instituteurs porte sur la présence insuffisante et irrégulière des élèves1, qui a de grandes conséquences sur le travail pédagogique quotidien. Le reproche est cette fois adressé aux franges de la population rurale qui demeurent plus ou moins indifférentes à l’instruction, même quand elles envoient pourtant les enfants à l’école. Selon Charles Robert, 830 mémoires sur 1116, soit 74 %, signalent l’inassiduité des élèves, 38 % insistent sur l’inassiduité estivale surtout dans le cas des enfants de huit à dix ans, et 5 % prétendent que les classes ne sont remplies que pendant deux à quatre mois2. En outre, de nombreux maîtres constatent que les enfants quittent définitivement l’école après leur première communion, voire un peu avant, entre dix et douze ans, ce qui fait que la scolarité ne dure pas plus de deux ou trois années. C’est le cas bien sûr dans les régions industrielles comme le Pas-de-Calais, où les enfants sont retenus dès neuf, dix et onze ans par l’industrie houillère, avec la complicité active de parents attirés par les salaires3. Au total, cette situation est diversement appréciée, mais elle est souvent qualifiée de déplorable, de désolante : on en parle comme d’une calamité et pire encore d’un fléau.
3Comme l’abandon précoce, une fréquentation de la classe soit épisodique, soit étalée sur quatre à six mois seulement, fait en réalité partie des manières normales des paysans car, dans les campagnes, l’usage veut qu’on s’adonne plusieurs mois dans l’année à des travaux qui ne peuvent se dispenser d’une participation enfantine. En Beauce nous dit-on par exemple, les enfants délaissent l’école à la belle saison pour les travaux des champs et « la vie libre des campagnes »4. Dans la Sarthe, d’après Césaire Beaudry, les parents retirent les enfants dès le mois de mars, et les classes ne sont donc finalement suivies que pendant les mois d’hiver.
4De plus, à cause d’une sorte de laxisme général, même quand les enfants sont à peu près assidus, ils peuvent aussi bien faire preuve de désinvolture. Selon Eugène Benoit, de Maule (Seine-et-Oise)5 :
« Beaucoup d’élèves n’arrivent pas à l’heure indiquée : ils ne profitent pas des leçons qui ont été faites avant leur entrée, et ne suivent que difficilement celles qui se donnent en leur présence. Pour le plus léger motif, ils manquent ou la classe du matin, ou celle de l’après-midi, ou même les deux séances de la journée, et ce reproche peut s’adresser aux élèves gratuits plus encore qu’aux autres ».
5Les données officielles sont toutefois plus nuancées. Duruy note dans un rapport à Napoléon III du 6 mars 1865 que, pendant la période 1847-1863, le nombre d’élèves a augmenté d’environ 50 000 par an, si bien qu’en 1863 pas plus de 200 000 enfants entre huit et treize ans sont exclus de toute scolarité, sur un total de 4 336 360 enfants effectivement scolarisés6. L’essentiel de la classe d’âge concernée est donc touchée, ce que confirment les chiffres dont on dispose aujourd’hui : en 1850, 47,5 % des enfants de cinq à quinze ans bénéficient de l’instruction (50,7 % de garçons et 44,1 % des filles), mais en 1867 il y en a 70,4 % (73,1 % des garçons et 67,7 % des filles)7. Or, sur le total des enfants scolarisés en 1863, ce sont 34,6 % qui passent à l’école moins de six mois : sur le fond, la frange endémique d’absentéisme est donc sensiblement plus restreinte que prévue. L’étude de F. Furet et J. Ozouf fait ressortir que, si l’on prend pour indicateur d’une bonne fréquentation celle qui a lieu en été, on trouve alors des élèves qui viennent aussi bien l’été que l’hiver : en 1837 ils sont 61,5 % (écart type = 19,3 %), et en 1866 ils sont 79,1 % (écart type = 8,3 %). Ceci confirme que l’absentéisme estival est largement minoritaire. Or il est très souvent pris en compte dans les mémoires, ce qui aurait pu nous conduire à en exagérer l’importance.
6Quelques statistiques annuelles de fréquentation données par les instituteurs eux-mêmes rectifient cependant cette impression. Charles Lainé, de Vernouillet (Seine-et-Oise), donne les chiffres suivants, pour l’année 18608 :
26 | enfants ont fréquenté | 12 mois |
22 | - - | 11 mois |
3 | - - | 10 mois |
2 | - - | 9 mois |
6 | - - | 8 mois |
4 | - - | 7 mois |
5 | - - | 6 mois |
4 | - - | 5 mois |
5 | - - | 4 mois |
4 | - - | 3 mois |
3 | - - | 1 mois |
753 enfants ont suivi la classe de Charles Lainé au moins 9 mois, et seulement 16 l’ont suivi moins de 6 mois : c’est un score tout à fait convenable pour l’époque. Ce tableau est assez comparable à celui que donne Roger Thabault sur son village de Mazières-en-Gâtines, en 1851, 10 ans plus tôt. On y retrouve l’absentéisme des quatre mois, mais une fréquentation assidue le restant de l’année9. Regardons, pour comparaison, une statistique nationale de 1866, qui donne le tableau suivant, pour un total de 4 515 967 élèves10 :
142 480 | enfants ont fréquenté | 1 mois |
208 242 | - - | 2 mois |
300 741 | - - | 3 mois |
228 155 | - - | 4 mois |
237 615 | - - | 5 mois |
267 674 | - - | 6 mois |
266 423 | - - | 7 mois |
310 084 | - - | 8 mois |
296 069 | - - | 9 mois |
411 219 | - - | 10 mois |
1847 265 | - - | 11 mois |
82 554 553 élèves, soit 56,5 % sont venus en classe au moins 9 mois ; 84 4181, soit 18,6 % sont venus entre 6 et 8 mois ; et ils sont 1 117 233, soit 24,7 % à être venu moins de 6 mois. Telle est donc la proportion du groupe résolument absentéiste : de 18,6 %, à 18,6 % + 24,7 %, soit 43 %. Dans son rapport de 1863, Duruy note dans le même sens note que 40 % des enfants sortis de l’école, soit 262 000 sur 657 000, étaient jugés comme ayant des connaissances insuffisantes en calcul, lecture et écriture11. C’est là une situation que l’on peut dire typique de l’école primaire d’avant la Troisième République.
Obligation et gratuité
9Comme remède à l’absentéisme, 457 mémoires sur les 1207 analysés par Ch. Robert, soit 41 % environ, se prononcent pour l’obligation scolaire, parfois sous une forme en quelque sorte indirecte, par transformation de la rétribution en impôt. Il est remarquable que ces mesures soient envisagées non pas dans le cadre sociopolitique d’un progrès de la démocratie par l’enseignement du peuple, mais comme de simples mesures administratives visant à installer le corps des instituteurs dans sa fonction naturelle. 302 mémoires envisagent diverses sanctions à infliger aux parents récalcitrants et 117 prévoient des pénalités directes, amendes, emprisonnement, privations de droits, etc. Quant à la durée de l’école obligatoire, elle est mise à des niveaux qui vont de 10 années (pour les enfants de trois à treize ans, ou de cinq à quinze ans, etc.), jusqu’à 3 années seulement ; mais la plupart proposent 6 années12.
10114 de ces 457 mémoires qui se prononcent pour l’obligation évoquent aussi, pour mesure d’accompagnement, la gratuité absolue. Mais celle-ci est plus généralement souhaitée par 216 instituteurs, soit 19 %. En revanche, 66 la refusent explicitement, surtout à cause de la mauvaise volonté des enfants jusqu’alors admis gratuitement. 43 autres mémoires préconisent un système de demi-gratuité à destination de parents peu aisés mais qui ne se laisseraient pas compter sans honte parmi les indigents13. Et puis il y a des suggestions diverses, par exemple des abonnements annuels – facultatifs ou obligatoires –, le recul de l’âge de la première communion, etc.
11L’absentéisme de 20 à 40 % d’élèves en tout cas, c’est finalement l’écueil sur lequel viennent se briser les espoirs pédagogiques du maître d’école. Eternelle complication, il lui faut occuper en même temps des élèves de niveaux très différents et donc il doit sans cesse recommencer les leçons déjà faites, ce qui apparente sa tâche, selon Pierre Héliès, au supplice de Sysiphe. Quelques élèves apprennent malgré tout un peu de calcul, un peu d'histoire sainte et juste assez d’écriture, mais la plupart de ces dilettantes ne tirent aucun profit des cours et le peu qu’on leur a enseigné – an prix de tant d’efforts – ils ne le retiendront pas. Ainsi Pierre Thieulin, de Condé-sur-Noireau (Calvados), nous fait-il part d’une longue et triste expérience14 :
« ils n’ont pas étudié assez sérieusement pour conserver longtemps ce qu’ils ont appris ; et s’ils reviennent de temps en temps pour passer quelques semaines avec nous, on ne doit guère espérer qu’ils acquerront de nouvelles connaissances ; à peine auront-ils le temps de revoir ce qu’ils ont vu. Mieux vaudrait qu’ils ne revinssent jamais quand ils ont quitté l’école, soit pour entrer dans une filature ou dans un atelier de tissage, soit pour s’embarquer sur un bateau de pêche... »
12Si les instituteurs grossissent un peu le phénomène d’absentéisme (de même que le jugement sur les maisons d’écoles est aussi négatif chez eux qu’il est positif chez leurs supérieurs), c’est pour désigner une instance externe de mise en échec des normes de la vie et du travail scolaires, se prémunissant ainsi contre le reproche qu’on pourrait leur faire, à eux, d’être inefficaces, ou même, dans certains cas, de maintenir par ignorance un reste de méthode individuelle. Sont rendus responsables des difficultés de l’école et des retards de la pédagogie, le laxisme des parents et la désinvolture des enfants. Evidemment, les inspecteurs ne l’entendent pas forcément de cette oreille et jugent parfois les maîtres incapables de retenir les enfants. Un bulletin officiel du Nord et du Pas-de-Calais affirme ainsi, en 1853, que si une école ferme en été, cela doit être attribué davantage à la négligence des instituteurs qu’à l’indifférence des parents. Selon l’auteur de l’article, si « quelques instituteurs trouvent commode de fermer leur école pendant deux, trois et quatre mois de l’été, sous prétexte que les enfants sont employés aux travaux des champs », il ne peut s’agir que des « mauvais instituteurs » ; car le maître « dévoué » garde « toujours des élèves »15.
2. Les congrégations
13Exerçant leur fonction, on l’a vérifié plusieurs fois, les instituteurs publics entrent dans un espace de concurrence avec les congrégations religieuses, porteuses d’une offre semblable à la leur (mais en vue de fins qui ne se répondent pas tout à fait). Les instituteurs de 1861 sont nombreux à regretter l’attitude et plus encore les manœuvres des autorités locales qui favorisent les frères, pour autant que ces derniers montrent une volonté acharnée de conquérir l’instruction publique, et qui plus est de s’emparer des meilleurs postes, c’est-à-dire des grosses écoles, celles où le revenu de la rétribution, s’il n’y avait pas de gratuité, pourrait être le plus intéressant (car, on s’en souvient, les frères des écoles chrétiennes ont obligation, sauf exception, de fonctionner par trois, et s’établissent donc là où le nombre des élèves est assez important). C’est ainsi que s’exprime J. Labarre dans le long passage qu’il consacre à l’« influence invincible » et à l’« irrésistible croisade » déclenchées par les « sociétés religieuses »16.
14A cette époque, dans le quotidien du métier, les phénomènes de concurrence entre écoles (et entre instituteurs) laïques et congréganistes demeurent conformes à ceux que Léopold Charpentier ou Arsène Meunier nous ont fait observer. Louis Ménitrieux raconte des anecdotes du même ordre : quand il a du succès, quand sa classe gagne des élèves, le curé de son village lance une souscription pour que les frères puissent offrir gratuitement leur enseignement, et, dans son église, il installe leurs élèves bien en vue à une place d’honneur, ce qui donne lieu à un incident presqu’identique à celui auquel nous avons assisté à Reims17 (cette petite vexation à l’endroit des laïcs est souvent citée en 1861).
15Quelle que soit la forme de la concurrence congréganiste, soit que les frères se fassent admettre dans l’enseignement public, soit qu’ils s’installent dans des écoles privées explicitement rivales d’une école municipale, le problème posé aux instituteurs laïques reste le même. Or ce problème est posé d’une façon très aiguë dans le contexte de réaction conservatrice du second Empire et de la loi Falloux, car il est clair que cette loi a voulu mettre l’Eglise et le clergé en position d’encadrer l’enseignement, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Etat, afin d’« arracher l’instruction primaire aux influences corruptrices qui commençaient à la rendre suspecte au pays », selon la forte expression d’un rapport de 1867 à l’Empereur18. Même si l’emprise cléricale n’est pas absolument satisfaisante pour les catholiques puisque l’existence du système universitaire n’est toujours pas mise en cause19, les congrégations se voient accorder des moyens d’action et un soutien officiel considérables.
16Après avoir été supprimées sous la Révolution, les congrégations religieuses enseignantes s’étaient reconstituées sous le Consulat, et elles furent formellement reconnues par l’un des décrets fondateurs de l’Université impériale (17 mars 1808). Sous la Restauration, elles purent alors se multiplier, si bien qu’on distingua les congrégations autorisées et les congrégations non autorisées20. Cette distinction, sur laquelle tous les gouvernements ultérieurs allaient se fonder, supposait que l’existence légale des premières les faisait entrer dans la catégorie des associations charitables vouées à l’enseignement, tombant sous le coup de l’ordonnance de 1816, et pouvant bénéficier des fonds de l’instruction publique. Mais de ce fait, à part les frères des écoles chrétiennes qui avaient un statut particulier depuis l’Empire, elles n’obtenaient pas de capacité civile, et les dons et legs qu’on leur destinait étaient reçus par l’Université, qui leur reversait ensuite et devenait alors comme leur maison mère. D’où la première et la plus importante amélioration octroyée par la loi Falloux : dans son article 31, elle donne au gouvernement la faculté de reconnaître les associations, religieuses ou non, comme établissements d’utilité publique, et elle confère par conséquent à ces associations la personnalité civile qui leur faisait défaut auparavant.
17La seconde amélioration du statut des congrégations concerne les brevets de capacité. En 1816, les frères des écoles chrétiennes en furent dispensés, du moins la Commission de l’instruction publique le leur fournit-elle sans exiger d’examen. Cependant, en 1818, le Supérieur de la congrégation, le Frère Gerbaud, demanda aux frères de renvoyer les brevets s’ils les détenaient ou de les refuser s’ils allaient en être pourvus, sous le prétexte qu’ils n’en avaient nul besoin. Après une période de tergiversation, on décida finalement un compromis en 1819, à savoir que le diplôme serait délivré collectivement, ce qui privait en contrepartie les membres de la congrégation de liberté : s’ils quittaient leur association, ils se retrouvaient sans brevet et étaient ipso facto dépossédés de leur droit d’enseigner. Autre problème, très proche : depuis la loi du 10 mars 1818 sur le recrutement des armées, loi du Maréchal de Gouvion-Saint-Cyr, tout membre de l’Université qui se consacre dix ans à l’enseignement est dispensé de service militaire. Mais avec la révolte du Frère Gerbaud les congréganistes refusent aussi l’engagement décennal, donc ne peuvent bénéficier de la dispense. Puis, c’est le compromis cité à l’instant qui leur attribue à nouveau ce droit. En 1833, la loi Guizot impose la possession du brevet à tout directeur d’école, donc les frères comme les autres, mais à l’exception de leurs adjoints, qui sont forcément plus nombreux dans les établissements scolaires. Or la loi de 1850 est nettement moins exigeante : les femmes sont dispensées du brevet, et pour les hommes il est remplacé par un simple certificat de stage délivré après qu’on ait enseigné pendant trois ans dans une école (publique ou libre).
18Pour toutes ces raisons, l’époque que nous considérons est en effet propice au développement de l’enseignement congréganiste. Puisque le gouvernement peut désormais reconnaître les congrégations comme associations d’utilité publique, puisque ces dernières s’affranchissent de la tutelle universitaire, à la fois sur le plan des ressources et sur le plan des grades, de nouvelles autorisations légales sont accordées, la première aux Petits Frères de Marie, fondés en 181621. 6 autres suivent entre 1851 et 1856, date à laquelle ce processus est interrompu à cause d’un retournement de la politique ministérielle. Les congrégations autorisées peuvent désormais étendre leur activité à tout le pays si elles étaient précédemment limitées à une région. En 1861, il existe d’ailleurs 44 noviciats de frères enseignants, dont 17 pour les frères des écoles chrétiennes (et les congrégation féminines autorisées sur tout le territoire sont 95 en 1852, tandis que celles autorisées seulement dans un ou plusieurs diocèses sont 224. Au total, il y a 2155 maisons et 319 noviciats de sœurs.)
19Examinons maintenant la réalité des conquêtes cléricales. Si les progrès sont très nets dans la seconde moitié du XIXe siècle et spécialement sous le second Empire, c’est d’abord dans le domaine de la scolarisation des filles (l’obligation communale des écoles de filles a été décidée en 1850 pour toute commune de 800 habitants, et en 1867 par Duruy pour toute commune de 500 habitants, donc avec un retard de 35 ans sur les garçons par rapport à la loi Guizot). C’est ce qui ressort des chiffres les plus couramment cités22 :
20Le pourcentage des écoles montre que les congrégations féminines, déjà très fortes, sont devenues largement dominantes lorsqu’il s’est agi de répandre l’instruction des filles ; tandis que les congrégations masculines ont seulement pu améliorer leur position, toujours très minoritaire, ne serait-ce que parce que les places sont prises, et c’est bien le problème crucial qui est parfois soulevé dans les villages, on vient de le voir23. Ces chiffres ne répondent pas tout à fait aux impressions données par les témoignages de l’époque concernant d’ailleurs les garçons. Les mémoires de 1861 parlent d’un véritable raz-de-marée ; les rapports des recteurs signalent une progression forte, dangereuse surtout dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et l’Ouest24. Par exemple le recteur de l’académie d’Aix prétend en août 1858 qu’il ne manque plus aux frères que quatre ou cinq écoles riches dans les Bouches-du-Rhône ; de même, le recteur de l’académie de Grenoble affirme que les instituteurs laïques sont voués aux communes pauvres dans l’Ardèche ou la Drôme25.
21L’avancée congréganiste peut être plus précisément évaluée par une comparaison entre les années 1850 et 1861 au niveau d’une part des instituteurs et d’autre part des élèves. Pour les premiers, notons d’abord quelques changements de dénominations entre ces deux dates : 1) les instituteurs « communaux » de 1850 sont « publics » en 1861 ; 2) les écoles primaires élémentaires et les écoles primaires supérieures (regroupées dans les données ci-dessous) sont distinguées en 1850 mais pas en 1861, puisque les secondes ont quasiment disparu, du moins dans les textes ; 3) les institutrices des écoles publiques de filles et les institutrices des écoles mixtes, publiques forcément (regroupées dans les données ci-dessous), sont distinguées en 1861 mais pas en 1850. Précisons surtout que les chiffres utilisés ici ne comprennent ni les adjoints ni les institutrices des salles d’asile, ce qui diminue le total de 30 à 40 000 personnes par rapport à d’autres statistiques26 :
22Première constatation, le nombre des instituteurs laïques diminue dans les écoles privées ou libres (de 4 551 à 3 022) ; mais il est à peu près constant dans les écoles publiques (de 33 063 à 33 253). Ensuite le nombre des institutrices laïques diminue dans les écoles privées ; mais il est cette fois en forte augmentation (de 4321 à 7525) dans les écoles publiques, car on les admet de plus en plus dans les écoles mixtes.
23Seconde constatation, le nombre des instituteurs congréganistes (redisons qu’il s’agit des titulaires) augmente partout : leur progression totale est de 52 % (de 1586 à 2411). Ensuite le nombre des institutrices congréganistes augmente de façon tout aussi importante : leur progression est de 52,9 % ; et en 1861, elles sont même majoritaires dans les écoles publiques de filles et les écoles mixtes (8706 contre 7425). Elles ont donc bien assuré – ou annexé – la scolarisation des filles. La principale tendance en ce domaine est l’augmentation générale du nombre des institutrices.
24Enfin, on peut corréler les chiffres concernant les instituteurs avec ceux concernant les élèves (le total des élèves étant de 3 322 483 en 1850, et 4 286 841 en 1861)27 :
25Première tendance, augmentation du nombre des filles dans les écoles publiques laïques : + 434 434, soit une augmentation de + 201,1 % (la plus forte) ; et augmentation du nombre des filles dans les écoles publiques congréganistes : + 231 562, soit + 49 %. C’est donc la majorité des filles qui est scolarisée en 1861 par les sœurs dans les écoles publiques (703 990 contre 650 416) ; mais en chiffres absolus, la croissance du nombre des filles dans les écoles publiques laïques est la plus forte, elle est même spectaculaire, si bien que ces écoles atteignent presque le niveau des écoles congréganistes. Comme on l’a déjà suggéré, c’est bien la scolarisation des filles qui est la donnée fondamentale.
26Seconde tendance, diminution du nombre de garçons dans les écoles publiques laïques : – 34 172, soit une perte de 2 % ; et augmentation du nombre des garçons dans les écoles publiques congréganistes : + 164 783, soit un gain de 78 %. Ce gain, sur fond d’une augmentation globale du nombre des garçons scolarisés, prouve que les frères se taillent effectivement la part du lion, du moins relativement aux progrès accomplis. C’est ce qui est sans doute le plus visible et le plus douloureux pour les instituteurs du concours. Cependant, la clientèle des frères ne dépasse pas au total un quart des garçons et n’est donc pas à la hauteur du raz-de-marée qu’on nous décrit parfois. Finalement, l’enseignement congréganiste est limité par la demande des familles qui le choisissent essentiellement pour les filles et beaucoup moins pour les garçons. C’est ce qu’on peut vérifier dans la monographie de R. Thabault sur Mazière-en-Gâtines, dans les Deux-Sèvres. Dans ce village, dès lors que l’école est dirigée par un normalien, pour la première fois en 1858, elle accueille tous les garçons du bourg. Par contre, quand il s’agit quelques années plus tard d’ouvrir une école de filles, on appelle unanimement une institutrice congréganiste28. La protestation des instituteurs s’explique donc par le fait que les frères s’installent aux meilleurs endroits, dans les écoles importantes des villes ou des bourgs, ce que traduit la proportion d’adjoints, beaucoup plus forte chez eux que chez les laïcs (en 1863, les congréganistes hommes sont 1966 titulaires et 4 355 adjoints, alors que les instituteurs laïques sont 34767 titulaires et 2 690 adjoints29) Ainsi les maîtres laïques sont privés d’une possibilité d’améliorer leur situation, c’est-à-dire de suivre un bon plan de carrière.
Le contexte politique de 1861
27Si les instituteurs du concours montrent sur ces sujets autant d’audace que d’amertume, c’est qu’ils ont été mis en confiance par l’initiative ministérielle du concours. Celui-ci s’inscrit en effet dans une stratégie du gouvernement et de l’administration pour, sinon mettre un terme, du moins endiguer les progrès de l’Eglise, qui a été largement favorisée dans la première partie du second Empire, depuis le coup d’Etat.
28Au niveau local, les préfets surveillent et évaluent le soutien des instituteurs au gouvernement. Or les laïcs donnent des gages de bonne volonté30, alors qu’il y a des signes d’hostilité chez les congréganistes. Dans la Nièvre par exemple, à l’occasion des élections des conseillers généraux des 12 et 13 juin 1858, quelques frères ont pris le parti de l’opposition. Suite à cela, une recommandation des sous-préfets s’est traduite par une circulaire dans laquelle les inspecteurs incitaient les maîtres à éclairer les électeurs.
29Au niveau national, le gouvernement nourrit quelques inquiétudes à l’égard des congrégations, si bien qu’en décembre 1858 Rouland nomme une commission d’enquête pour savoir si « une plus grande extension des associations religieuses de femmes » ne représente pas « quelque danger pour l’Etat ». Finalement, Napoléon III se voit remettre en 1860 un mémoire sur la politique à suivre vis-à-vis de l’Eglise. L’auteur rappelle, dans la pure tradition gallicane, que le catholicisme romain est animé d’« un esprit de domination séculier »31 et, en ce qui concerne l’enseignement primaire, il juge indispensable de « maintenir le plus qu’il est possible, sans briser la liberté de choix des conseils municipaux, l’enseignement laïque primaire ». Pour agir selon ces vues, Rouland peut s’appuyer sur des textes antérieurs comme le décret du 31 décembre 1853 (du temps de Fortoul), qui impose à tout instituteur communal une période préalable de trois années comme instituteur suppléant, ce qui gêne les congréganistes32 ; et il demande au préfet de fixer pour chaque commune un nombre maximum d’élèves gratuits, ce qui s’oppose au désir des frères des écoles chrétiennes d’accorder la gratuité à tous les enfants. La loi de 1854 également, en rétablissant les académies régionales, avait mis une barrière à la présence du clergé dans ces instances. Rouland a donc les moyens d’infliger aux ordres religieux « mille petites tracasseries », comme dira plus tard Duruy dans une lettre au Cardinal de Bonnechose. C’est ainsi qu’à partir de 1856, plus aucune congrégation d’hommes vouée à l’enseignement primaire n’est reconnue d’utilité publique (et les congrégations non reconnues n’ont pas le droit de diriger d’écoles publiques)33.
30En plus de cela, Rouland étend la surveillance de l’Etat aux écoles libres pour la raison que la loi connaît des individus et pas des associations ; et surtout il s’attaque au problème clef de la nomination des instituteurs, qui relève du préfet, mais une fois « les conseils municipaux entendus », et qui intervient normalement en cas de vacance de poste. La difficulté, c’est que cette vacance de poste, d’une part peut être dissimulée par les congrégations, qui font immédiatement remplacer un frère malade (et chez eux, il n’y a pas d’autres causes de départ, notamment pas de démissions), et d’autre part elle peut être provoquée à l’occasion d’un congé ou d’une fermeture des classes en été. Ceci se produisit par exemple en 1860 à Saint Pierre-du-Champ, en Haute-Loire, village où la municipalité profita un beau jour de l’absence des enfants pour interdire l’accès de l’école au titulaire et installer à sa place des petits frères de Marie. Appelé à la rescousse, l’inspecteur requit les gendarmes, et l’affaire dégénéra en une échauffourée avec la population34. Pour mettre un terme à ces turpitudes, Rouland précise simplement que les vacances de poste ne peuvent s’entendre que comme décès, révocation ou démission (ce dont certains mémoires se félicitent35) puis il incite les préfets à solliciter l’avis des conseils municipaux en cas de mutation chez les frères. A dater de là, les préfets commencent même à outrepasser des avis favorables aux congréganistes. Enfin, une circulaire du 10 avril 1862 interdit certaines donations pour les écoles à cause d’irrégularités manifestes comme celle qui consiste, pour le donateur, à s’arroger un droit de regard sur le choix de l’instituteur ou sur la liste des élèves gratuits.
31Quelles sont les réactions les plus significatives des instituteurs du concours dans cette situation ? Les curés sont les premiers visés, puisqu’après la loi de 1850 ils se sentent encouragés à agir en faveur des congréganistes, et parfois sans faire mystère de leur préférence : en 1857, quand Jacques Le Henaff, qui a 21 ans, rejoint l’école de Pleubian (Côtes-du-Nord), le curé l’accueille assez froidement par ces mots : « Soyez le bienvenu, Monsieur l’instituteur, mais j’aurais préféré un frère »36.
32Certains de ces curés entraînent derrière eux les élus municipaux, et alors tout est simple car, le plus souvent, pour nommer l’instituteur, le préfet se range à l’avis du conseil municipal, qu’il doit consulter de toutes façons. Mais d’autres curés doivent batailler et intriguer, ce dont les mémoires donnent maints exemples. Voici donc la morne légende de l’instruction primaire. Un instituteur de l’Isère parle d’un curé visiblement entêté qui travaillait depuis longtemps, dans l’ombre, à faire remplacer le maître d’école de son village par des frères, mais sans y parvenir à cause d’une vive opposition des habitants. A la suite d’une élection, il fit une tentative de plus, mais qui échoua parce que le nouveau conseil s’appuya sur une consultation officieuse des pères de famille et repoussa à son tour l’idée d’appeler des frères. Nouvelle proposition un an plus tard, et nouvel échec. Or après cela, une rupture se dessina entre le maire et les conseillers municipaux, et ceux-ci, n’obtenant pas le départ du premier magistrat de la commune, suivirent un chemin détourné. Ils firent cause commune avec le curé dans le but de provoquer le départ de l’instituteur dont le maire, peu instruit, ne pouvait se dispenser pour le secrétariat. Du coup, une autre majorité fut réunie et choisit la venue des frères, d’autant que le supérieur de la congrégation offrait de participer au financement d’une route en échange de la nomination. Il y eut bien une protestation résolue des familles, une pétition de 200 signatures qui rappelait les précédentes délibérations, mais rien n’y fit. Voilà comment, dit l’auteur du mémoire, dans plusieurs communes de ma connaissance, « des frères sont ainsi imposés (c’est le mot) aux pères de familles »37.
33De nombreux participants au concours se sont en tout cas vivement – et explicitement – insurgés contre les menées cléricales. Sur la base des critiques contenues dans le corpus des mémoires sélectionnés, un recueil a d’ailleurs été composé, le troisième, sur les Rapports de l’enseignement public avec le clergé et les congrégations, publié seulement en 1866 par ordre de Duruy, c’est-à-dire assez tard pour ne pas engendrer de remous. Il est rempli de propos acides. Il n’est que de lire le premier chapitre, sur les « progrès continus des congrégations qui occupent déjà la plupart des écoles publiques importantes », où de pleines pages évoquent « le torrent envahisseur des congrégations religieuses au fond des plus petites communes », et le sort du malheureux maître laïque, « chassé des villes, des bourgs [...] et de toutes les grandes localités »38 ; ou bien le troisième chapitre, sur les « moyens employés par le clergé et les congrégations pour détruire l’enseignement laïque et le remplacer par l’enseignement clérical », où sont inventoriés tous les accrochages des instituteurs avec les curés, toutes les manœuvres, les calomnies, les ouvertures d’écoles privées concurrentes et gratuites, etc.
34Nous avions eu la surprise de constater que Charpentier mettait à la fin de son livre une note bienveillante et presque solidaire à l’égard du clergé rémois. Tel n’est pas le cas dans les mémoires de 1861. Il est même certain que la situation créée sous le second Empire a forgé l’existence professionnelle des maîtres laïques dans une vision critique de l’Eglise et des congrégations, dont la fonction éducative elle-même pouvait alors être contestée, du moins dans l’espace public.
Notes de bas de page
1 Sont ici analysés les thèmes no 12, 13, 22 et 23.
2 Ch. Robert, De l’ignorance..., op. cit., p. 25.
3 Selon Charles Leconte, de Bully-Grenay (Pas-de-Calais), Arch. Nat. F17 10777.
4 Selon Pierre Martin, de Boynes (Loiret), Arch. Nat. F17 10786.
5 Arch. Nat. F17 10788, Seine-et-Oise.
6 V. Duruy, « Rapport à l’Empereur du 6 mars 1865 », in L’administration de l’instruction publique, Paris 1870, pp.153-156.
7 F. Furet et J. Ozouf, Lire et écrire, op. cit., t. 1, p.276.
8 Arch. Nat. F17 10788, Seine-et-oise.
9 R. Thabault, 1848-1914. L’ascension d’un peuple. Mon village, Paris, 1949, p. 79. F. Furet et J. Ozouf, Lire et écrire, op. cit., t. 1, pp. 284-285, expliquent en outre qu’il peut y avoir une bonne assiduité estivale, mais qui vient alors d’une mauvaise assiduité hivernale, dans des régions d’habitat dispersé, quand les chemins sont mauvais et l’école lointaine, et donc que la fréquentation estivale est dans ce cas associée à une faible fréquentation annuelle. C’est ce qui arrive dans la Drôme où seulement 30,5 % des élèves ont passé 10 mois à l’école en 1865. Inversement, une faible fréquentation estivale peut s’associer à une bonne fréquentation annuelle, ce qui est le cas justement de l’école décrite par R. Thabault.
10 Source : A. Pinet, L’enseignement primaire en présence de l’enquête agricole, Paris, 1873, p. 434.
11 V. Duruy, L’administration..., op. cit., p. 155.
12 Ch. Robert, De l’ignorance..., op. cit., pp. 36-37.
13 Ibid., p. 47. et p. 453.
14 Arch. Nat. F17 10765, Calvados. Ce témoignage indique que certains enfants reviennent périodiquement, comme s’ils avaient l'idée d’une tâche à poursuivre. Jean-François Pellegrin, de Saint-Genis (Hautes-Alpes), nous apprend aussi que les garçons, qui ne fréquentent son école que trois ou quatre mois dans l’année, continuent à venir en moyenne jusqu’à l’âge de 17 ou 18 ans ! Arch. Nat. F17 10779, Hautes-Alpes.
15 Bulletin académique du Nord et du Pas-de-Calais, avril 1853, no 4.
16 Voir en annexe le mémoire de J. Labarre, par. 51 et suiv. Nous abordons ici le thème no 5.
17 Voir L. Ménitrieux, Mémoires d’un vieil instituteur, op. cit., pp. 73 et suiv.
18 Ch. Jourdain, Rapport sur l’organisation et les progrès de l’Instruction publique en France, Paris, 1867, chap. 2.
19 Ce furent Thiers et Cousin, on le sait, qui défendirent l’Université avec le plus de ténacité. Voir sur ce point H. Michel, La loi Falloux, op. cit.
20 Voir F. Buisson, Nouveau dictionnaire..., op. cit., art « Frères » et « frères des écoles chrétiennes ».
21 Voir P. Zind, L’enseignement religieux dans l’Instruction primaire publique en France, de 1850 à 1873, Lyon, Centre d’histoire du catholicisme, 1971, pp. 58 et suiv.
22 D’après F. Furet et J. Ozouf, Lire et écrire, op. cit., t. 1, p. 305.
23 Précisions régionales (entre autres), de F. Furet et J.Ozouf, ibid., p. 305, et la carte n°45 : les congréganistes ont été très actives pour la création des écoles de filles dans les régions à la fois pratiquantes et arriérées, c’est-à-dire l’Ouest, le Sud-Est du massif central ; et l’Est est déjà conquis.
24 Voir P. Zind, L’enseignement religieux..., op. cit., pp. 198 et 204.
25 Arch. Nat. F17 2649.
26 Source : Statistique de l’enseignement primaire, 1850-1861, op.cit.
27 Source : ibid.
28 R. Thabault, 1848-1914. L'ascension d’un peuple..., op. cit.
29 Ministère de l’instruction publique, Statistique de l’enseignement primaire, Paris, 1878, t. 2, 1863, 3e partie. Une autre confirmation est fournie par les taux d’encadrement à la même époque : la moyenne nationale est de 1 maître pour 45 élèves chez les laïques, et de 1 maître pour 80 élèves chez les congréganistes.
30 Un rapport du recteur de Grenoble du1er janvier 1859 annonce que « ces fonctionnaires montrent beaucoup de reconnaissance pour tous les actes de bienveillance dont ils ont été l’objet de la part du gouvernement de l’Empereur et sont presque partout à la dévotion de leurs chefs académiques et des préfets ». Arch. Nat. F17 2649. Nous suivons ici l’analyse de P. Zind, L’enseignement religieux..., op. cit., pp. 194-197.
31 Cité par J. Maurain, Politique ecclésiastique du second Empire, Paris, 1930, p.452.
32 Voir O. Gréard, La législation..., op. cit., t. 3, pp. 563 et 568.
33 Les congrégations d’hommes ainsi reconnues d’utilité publique furent 11 en 1830, 1 en 1851, et 4 sous le second Empire. Voir sur ce point J. Maurain, Politique ecclésiastique..., op. cit., p. 134 ; et P. Zind, L’enseignement religieux..., op. cit., pp. 58-59. En 1861, les noviciats sont au nombre de 44, dont 17 pour les seuls frères des écoles chrétiennes. Les congrégations de femmes par contre se sont multipliées dans cette période : 71 ont été autorisées en 1852, 93 en 1853, 75 en 1854, 71 en 1855, 104 en 1856, 117 en 1857, 149 en 1858 et 137 en 1859 ; voir J. Maurain, ibid., p. 216.
34 Voir J. Maurain ibid., p. 581. Cette anecdote est présente dans le mémoire de René Rémond, d’Orléans, comme un « fait scandaleux » significatif de la volonté malveillante des curés à l’égard de l’enseignement laïque ; voir Arch. Nat. F17 10786, Loiret.
35 Par exemple François Pourrière, de Saint-Bonnet de Chavagne (Isère), Arch. Nat. F17 10779.
36 In J. Le Henaff..., op. cit., p. 16.
37 Ce fait est rapporté par Ruelle, de Saint-Egrève (Isère), Arch. Nat. F17 10779, Isère.
38 Concours ouvert entre les instituteurs primaires communaux en 1861. Rapports de l’enseignement public avec le clergé et les congrégations, op.cit.
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