L’environnement économique de la Russie dans le contexte mondial
p. 205-208
Texte intégral
1Le développement spectaculaire, avec un taux de croissance de + 7 % par an en moyenne depuis 2000 jusqu’à la crise actuelle, a changé la situation économique en Russie d’une façon radicale. Le PIB du pays a augmenté de + 72 % entre 2000 et 2007 en termes réels, rattrapant celui de l’URSS de 1989. En valeur absolue le PIB a atteint 1200 Mds d’euros en 2008, et a permis d’entamer les négociations d’adhésion à l’OCDE.
2Ce développement a eu pour conséquence l’augmentation du niveau de vie de la population avec notamment une amélioration du taux PIB/hab. : 14 600 USD en 2007 contre 4 200 USD en 1999 PPA1 (un peu moins de 50 % de la moyenne OCDE). La hausse des revenus réels (+10 % en 2007) a provoqué une forte croissance de la consommation des ménages et un vrai « boom » du crédit à la consommation (+57 % en 2007).
3Le développement n’a pas permis de résoudre immédiatement un certain nombre de problèmes sociaux, notamment la forte inégalité des revenus et les problèmes démographiques (diminution de la population de 650 000 habitants par an et faible espérance de vie de 67,7 ans en moyenne).
4Il est à noter que la croissance économique a été renforcée par une série de réformes institutionnelles accomplies depuis 1999. Les nouveaux codes ont été adoptés (code fiscal, code foncier, code du travail, code douanier), le système des retraites a été réformé, le soutien aux PME a été introduit, les chemins de fer ont été réorganisés, le secteur de l’électricité a été privatisé et les investissements étrangers ont été encadrés par des normes spécifiques.
5En même temps le gouvernement a mis en avant la nécessité de diversification et d’innovation de l’économie trop dépendante du secteur pétro-gazier. Par exemple la part des entreprises innovantes en Russie est de 9,7 % du nombre total des entreprises tandis qu’en Finlande ce taux est de 44,8 %, en Allemagne de 60,9 %, en Suède de 46,8 %, en Italie de 36,3 %.
6Pour faire face à ce problème les pôles de développement suivants ont été créés :
- Le Fonds d’investissement (13 Mds d’euros jusqu’en 2010)
- La Banque pour le développement des activités économiques internationales (Vnesheconombank)
- Le Russian Venture Company (10 à 12 fonds de capital-risque, 1 Md d’euros)
- Le Fonds d’investissement dans les TIC
- La Russian Agricultural Bank
7Des zones économiques spéciales ont été créées avec un investissement de 1,2 Md d’euros jusqu’en 2010 et 21 corporations publiques ont été formées dans les secteurs stratégiques, notamment :
- L’OAK (aéronautique)
- La Russian Corporation of Nanotechnologies
- La Rostekhnologuii (industries de pointe)
- L’OSK (constructions navales)
- La Rosatom (énergie nucléaire)
8La question des infrastructures, primordiale pour le développement, a fait l’objet de la plus grande attention. Toute une série de projets gouvernementaux pour 2009-2011 a été adoptée prévoyant l’augmentation du réseau routier de 10.500 kms et du réseau ferroviaire de 1.200 kms. Il est également prévu la construction de 21 pistes aéroportuaires et 132 navires, l’achat de 186 aéronefs, 159.000 wagons de marchandises, 3.900 wagons de voyageurs et 3.000 locomotives. Grâce au fonds d’investissement d’État, la réalisation de 7 projets a été prévue pour un montant de 60 Mds d’euros.
9La crise mondiale a affecté l’économie russe et provoqué une baisse du PIB de 8,5 % en 2009 contre une croissance de 5,6 % en 2008 et de 8,1 % en 2007. Par conséquent, les revenus ont évolué faiblement (+0,7 % en 2009 contre + 2,9 % en 2008 en termes réels), les crédits à la consommation se sont épuisés et la consommation a baissé, accompagnée par la dévaluation du rouble (fin 2008 – début 2009). Pour la première fois depuis le début des années 2000, le gouvernement a dû faire face à un déficit budgétaire (6,9 % du PIB en 2009, autour de 7 % du PIB en 2010) et une baisse des échanges internationaux a été enregistrée :-35 % en 2009 pour les exportations et-33 % en 2009 pour les importations.
10Malgré cela, l’économie russe a montré une grande capacité à résister à la crise grâce notamment à la politique budgétaire relativement saine des années précédentes. La Russie est l’un des États les moins endettés au monde (6,8 % du PIB en 2008) avec d’importantes réserves de la Banque centrale qui s’élevaient, dans la phase aiguë de la crise – début 2009 –, à 440 Mds USD. D’autre part, les mesures prises par le gouvernement pour faire face aux difficultés économiques ont été rapides et efficaces, suivant les grandes lignes de la politique précédente. Pour doper la croissance le gouvernement a prévu notamment des crédits, garanties, commandes publiques etc. pour 5 Mds d’euros en 2010, des mesures pour stimuler la demande intérieure (prime à la casse dans le secteur automobile, crédits hypothécaires pour les logements) et des crédits pour le développement des PME.
11La stabilité sociale est devenue une des priorités de la politique économique avec 1 Md d’euros en 2010 de dépenses pour les mesures antichômage et la croissance constante des retraites (+10 % par an).
12Le résultat de ces efforts et le changement de la conjoncture internationale ont permis de commencer l’année 2010 avec de bonnes perspectives de croissance économique2 et de définir les priorités de la modernisation de l’économie russe, à noter :
- l’efficacité énergétique
- l’énergie nucléaire
- l’aéronautique
- l’espace
- les télécommunications
- l’informatique
- la santé et la pharmaceutique.
13Ces secteurs sont appelés à devenir moteurs de la croissance et du développement y compris dans les échanges internationaux, échanges dans lesquels la France occupe une place importante.
14La coopération économique et commerciale russo-française continue de résister aux tendances négatives observées dans l’économie mondiale en 2008-2009. Celle-ci a entamé sa sortie de la crise financière donnant une impulsion supplémentaire au rétablissement des échanges bilatéraux.
15En dépit de la crise qui a provoqué une baisse de 23 % du chiffre d’affaires des échanges russo-français en 2009, la France est passée de la 13e à la 9e position dans le classement des partenaires économiques de la Russie. La part qui lui revient dans la structure du commerce extérieur russe est, elle, passée de 3 % à 3,7 %. Une stabilité face à la crise qui s’explique, premièrement, par une faible dépendance de la France par rapport aux hydrocarbures russes (contrairement à l’Allemagne et à l’Italie) et par la présence dans les exportations françaises d’une série de produits dont la demande est peu élastique (produits pharmaceutiques et certains équipements de haute technologie). En 2010, on prévoit que les échanges franco-russes vont dépasser la barre des 20 milliards de dollars US pour atteindre pratiquement le niveau d’avant la crise.
16La coopération économique russo-française se caractérise par le succès des projets de coopération et d’investissement dans les domaines stratégiques et hautement technologiques, projets qui enrichissent sensiblement les formes traditionnelles du commerce extérieur.
17La France fait partie des premiers partenaires de la Russie dans toute une série de projets économiques et technologiques russo-européens (énergie, espace, aviation, automobile, pharmaceutique).
18La logique de ce partenariat s’inscrit parfaitement dans la stratégie de l’internationalisation de l’économie russe qui prévoit trois dossiers prioritaires : la mise en marche de l’Union Douanière avec la Biélorussie et le Kazakhstan, l’adhésion à l’OMC et l’adhésion à l’OCDE.
Notes de bas de page
Auteur
Chef de la Délégation économique de l’ambassade de Russie
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