La mutation sociale et économique de l’espace urbain de Moscou après la chute de l’URSS
p. 127-150
Texte intégral
1La tumultueuse période postsoviétique a conduit Moscou à intégrer impétueusement les rangs des plus grandes métropoles mondiales en passant de sa vocation de « ville façade du communisme » à celle de ville façade du capitalisme. Après 70 ans de régime communiste, Moscou, cette « ville mondiale naissante »1, s’impose aussi bien dans l’économie du continent européen que du monde. En 2009, elle est la première aire urbaine de l’Europe, devant Londres et Paris, avec 14 838 000 habitants. La ville à elle seule en compte aujourd’hui 10 563 000.
2Le boom de la construction catalysé par l’introduction des mécanismes de marché et de la privatisation a modifié d’une manière spectaculaire l’espace urbain de Moscou. La capitale russe n’a jamais connu une telle ampleur de travaux hormis sans doute pendant la période des années 1930 quand elle a subi une destruction massive qui avait pour objectif la libération de l’espace pour de nouvelles constructions dans l’esprit du « réalisme socialiste ». Les façades restaurées, les nouveaux bureaux et les banques, les rangées de kiosques, les boutiques et les centres commerciaux ont vite changé le visage du centre ville. Le pouvoir moscovite s’est investi pour faire entrer Moscou dans la modernité, dans la période de la Russie capitaliste sans oublier de valoriser l’authenticité de la ville et son histoire tumultueuse.
La gestion de la ville : le phénomène Loujkov
3En juin 1991, Gavriil Popov et Youri Loujkov ont été élus respectivement maire et vice-maire de Moscou avec 65 % des votes. Ils ont aussitôt entamé des réformes structurelles dans la capitale russe en poursuivant l’objectif de mettre davantage à l’écart les soviets dominés par l’opposition. Il s’est agi d’abord de la réforme administrative de 1991 : les 32 arrondissements urbains ont été remplacés par 10 okrougs administratifs dirigés par des préfets nommés par le maire de Moscou. À leur tour, ces derniers ont été divisés en 124 arrondissements municipaux qui n’ont sous leur juridiction que des espaces composés de logements ; les artères principales de communication, les zones industrielles et les vastes espaces verts sont restés sous contrôle des okrougs. Un an plus tard G. Popov a démissionné et le pouvoir est « automatiquement » passé à Y. Loujkov conformément à l’oukase présidentiel. En décembre 1992 et en mars 1993, à deux reprises, le Soviet de Moscou a fixé les dates de nouvelles élections qui n’ont jamais eu lieu2.
4En tant que sujet de la Fédération, la ville, à la place du comité exécutif, s’est retrouvée avec un gouvernement dirigé par un maire. Les pouvoirs de ce dernier dépassaient largement ceux des maires d’autres villes de Russie et d’Europe. Y. Loujkov s’est vu doté de nombreuses prérogatives : de la nomination des préfets à la privatisation de la propriété d’État dans les limites de sa subdivision administrative. Le rôle de la Douma de Moscou (35 conseillers) dans laquelle l’opposition avait initialement de fortes positions, est devenu peu important suite à sa marginalisation par la politique habile de Loujkov. En 1996, Loujkov a récolté 89,6 % des votes à l’élection municipale. Sa manière de voir les choses et celle de l’administration présidentielle ont progressivement divergé. À partir de 1997, le maire moscovite a adopté une ligne politique qui est allée à l’encontre de celle du président Eltsine, menée plutôt par son entourage oligarchique. Convaincu que la « ville contemporaine n’est pas faite pour les révolutions » et que le « pouvoir municipal est apolitique par définition »3, Loujkov ne s’est cependant pas privé de diriger avec Evguéni Primakov, l’ancien premier ministre russe (congédié par Eltsine en mai 1999), la liste du parti d’opposition La Patrie lors des législatives de décembre 1999. Celles-ci se sont soldées par un échec mais, en revanche, Y. Loujkov a obtenu 70 % des voix des Moscovites pour être reconduit dans ses fonctions de maire. Ce succès a permis à Y. Loujkov d’occuper la première place sur la liste des hommes politiques de Russie les plus influents, devançant même Eltsine, ce qui a beaucoup inquiété l’entourage de ce dernier. Les relations avec le Kremlin se sont tendues davantage encore après l’accession de V. Poutine à la présidence russe. Elles ne se sont améliorées qu’après l’« adhésion » de Loujkov au parti du pouvoir. Cette politique de rapprochement avec le pouvoir lui a par ailleurs permis d’assumer un nouveau mandat en 2007 quand les élections directes des chefs des sujets de la Fédération de Russie ont été supprimées et remplacées par des nominations du président.
5Jusqu’à sa destitution le 28 septembre 2010, Youri Loujkov a été un des rares hommes politiques de la Russie postsoviétique à avoir une telle longévité : il a été le maire de Moscou sans interruption depuis 1992. Cette longévité est due à son talent de gestionnaire dans les sphères aussi bien économique que politique et aussi au fait qu’il ne s’est jamais distingué par un discours anticommuniste ni libéral tranché. Pendant toutes ces années, c’est l’administration de la ville qui a eu le quasi-monopole de la prise des décisions concernant les baux immobiliers, y compris ceux des locaux commerciaux, les privatisations et les finances. La symbiose entre argent et pouvoir a rendu opaque le fonctionnement du système de gestion moscovite. Dans ce contexte, le rôle joué dans le domaine de l’immobilier par l’oligarque Elena Batourina4, épouse de Loujkov, a beaucoup discrédité le pouvoir exécutif de Moscou. La gestion du foncier moscovite a, à maintes reprises, été critiquée par l’opposition tout en laissant indifférent le pouvoir fédéral. Elle a également terni les critiques de Loujkov envers le pouvoir central russe avant son limogeage en 2010.
6Moscou a suivi son propre chemin dans le processus de privatisation qui a touché la Russie. En conséquence, le plus gros et influent propriétaire de la capitale russe est devenu le gouvernement de Moscou qui possède un arsenal de leviers efficaces et puissants de contrôle et d’intervention sur les entreprises de la ville. En 2009 a été adoptée une nouvelle loi sur la Privatisation des biens d’État de la ville de Moscou. Elle prévoit, entre autres, la privatisation d’une partie des biens considérés auparavant comme héritage culturel du patrimoine historique à condition que les futurs propriétaires restaurent et conservent ces monuments dont la vente n’est autorisée que dans leur ensemble. Avant l’adoption de cette loi sur la privatisation, le seul vendeur de ces biens immobiliers était un organisme ad hoc spécialisé dans la vente du patrimoine moscovite. Désormais la liste est élargie aux vendeurs professionnels du domaine choisis par concours. Les premières enchères portant sur la privatisation et la vente des monuments historiques de Moscou ont déjà eu lieu en 2009. De nos jours, la ville de Moscou compte 6 500 monuments constituant le patrimoine historique : 1 800 se trouvent sous la gestion de la ville de Moscou, 2 500 – sous la gestion fédérale, 2 000 sont d’importance fédérale et près de 250 monuments sont privés.
7Pendant toute la période soviétique, Moscou a sans cesse grandi au détriment des villes et villages avoisinants. Autrement dit, à la différence des mégapoles occidentales, la capitale russe a toujours absorbé les localités qui se trouvaient dans sa proximité immédiate. Le dernier élargissement date de 1986. Il a porté la superficie de Moscou à 1079 km2 : 30 km d’est en ouest et 40 km du nord au sud. Conformément à la Constitution russe de 1993, Moscou, devenu un des 89 sujets de la Fédération, avait ses limites bien définies. Tout changement de celles-ci devait être soumis à une procédure très complexe, y compris l’organisation d’un référendum en la matière. Depuis le lancement de la réforme fédérale par V. Poutine en 2000, on discute vivement l’option de sa fusion avec la région de Moscou5.
8Par rapport aux autres capitales occidentales, la mairie et le gouvernement de Moscou gèrent ensemble une propriété municipale énorme en matière de terres, d’entreprises, de logements et de services communaux urbains. Cette situation est due au passé communiste durant lequel l’État était quasiment le seul propriétaire. Après l’adoption de la nouvelle Constitution de 1993, des querelles sont apparues entre le pouvoir fédéral et la municipalité moscovite en ce qui concernait l’appartenance des monuments historiques et, par conséquent, leur gestion. Cette question a été définitivement tranchée en novembre 2007 avec la signature de l’accord entre le Ministère de la Culture de la Fédération de Russie et le gouvernement de Moscou sur la Répartition des responsabilités pour les monuments d’importance d’État qui se trouvent dans la capitale. Conformément à ce document, 1 200 des 4 660 monuments répertoriés à cette date sont passés sous la gestion de Moscou. Le centre fédéral a conservé les édifices et sites comme le Kremlin, le théâtre Bolchoï, le théâtre Malyï, le GOUM (grand centre commercial situé sur la Place Rouge), l’Université Lomonossov, toutes les gares, la Maison Blanche (siège du gouvernement russe), le Musée historique, etc. Sur 110 000 hectares de la superficie de Moscou, le centre fédéral voulait avoir la mainmise sur 30 000, tandis que le pouvoir moscovite n’était d’accord que pour 20-25 000 hectares6. Le prix de la vente et de la rente très lucrative de ces biens dépendent, bien évidemment, du volume cédé. Depuis la signature de cet accord, la liste des monuments est en constant renouvellement. Par conséquent, en 2010, l’appartenance de centaines d’autres monuments reste encore incertaine. On ne sait pas non plus le nombre exact des monuments privatisés.
9La métamorphose de l’image de Moscou sous la gouvernance de Y. Loujkov est évidente, notamment après la période de dégradation de la capitale pendant les années de la perestroïka. Le maire de Moscou a également beaucoup privilégié le secteur de la construction. De par son échelle, la principale ville russe est une des mégapoles au monde qui a connu des travaux de construction d’une ampleur importante. Cette transformation n’a pas manqué de symboles : la reconstruction de la basilique du Christ-Sauveur, la célébration pompeuse du 850e anniversaire de Moscou, la statue gigantesque très contestée de Pierre le Grand (90 mètres de hauteur), le réaménagement de la place du Manège adjacente à la Place Rouge (version moscovite du forum des Halles), etc. L’aspect de la ville a spectaculairement changé : de la publicité partout, la prolifération de boutiques de marque, de petits commerces et de marchés spontanés sur des lieux de haute fréquentation, des façades restaurées, la construction de nouveaux immeubles « à l’ancienne », etc. Par sa gouvernance, Y. Loujkov a voulu aussi bien reconstruire, restaurer et rénover le centre historique que « conférer une image dynamique à Moscou »7. Mais tout cela n’était pas suffisant pour répondre à la demande de croissance de Moscou. Le népotisme et la corruption ont été des obstacles qui ont empêché l’arrivée d’investissements étrangers, notamment dans le secteur de la construction des routes soumises à une circulation cauchemardesque. En l’absence de vraie concurrence, le prix de la construction d’un kilomètre de route a été huit fois plus élevé que la moyenne européenne8.
10Les investisseurs étrangers étaient avertis que tout contrat important devait être négocié directement avec le maire tout puissant. Comme le souligne le quotidien Vedomosti, « Loujkov était le chef typique des années 1990 : un pouvoir vertical basé sur une personnalité incontournable et des liens informels. Dans un pays enfoncé dans une bureaucratisation extrême, ce sont précisément les liens informels qui constituent l’instrument principal de gouvernance »9. Chaque projet d’envergure devait être « parrainé » par le maire ou par un fonctionnaire hautement placé dans la mairie de Moscou ou dans le pouvoir fédéral. C’est sans doute pour cette raison qu’IKEA n’a jamais réussi à ouvrir un magasin dans les quartiers proches du centre de Moscou alors que Metro et Auchan ont été privilégiés grâce à leurs bonnes relations avec la municipalité de la ville.
11Le limogeage de Y. Loujkov (septembre 2010) a été considéré par beaucoup d’analystes comme une preuve de la détermination du Kremlin de mettre fin au pouvoir régional trop autonome perçu comme une survivance du temps d’Eltsine. Les autres ont estimé que les ambitions de Y Loujkov de se présenter à la présidentielle de 2012 ont sérieusement inquiété le pouvoir fédéral russe visiblement agacé par ses critiques. Elles concernaient notamment la transformation de la Russie en un « État autoritaire collectif »10 et un recul de jour en jour du niveau déjà faible de la démocratie. C’est la première fois que le président russe a fait usage de son droit de destituer un premier dirigeant d’un sujet de la Fédération pour « perte de confiance ».
Un centre économique incontournable à l’échelle nationale
12La période soviétique a été caractérisée par une forte centralisation des pouvoirs et de la gestion dans la capitale. Depuis la fin de l’URSS, le système politique et économique est devenu moins centralisé, mais le rôle de Moscou en tant que centre financier, d’affaires et puissant pôle économique attractif s’est paradoxalement accru. Le poids économique de Moscou dans l’économie russe est considérable : en 2008 elle a produit 23,1 % du produit régional brut (PRB) de la Fédération de Russie (cf. : 1995 – 10 %, 2002 – 21 %), tandis que les Moscovites ne constituaient que 7,4 % de la population totale. Si on prend l’échelle régionale, l’importance économique de la ville de Moscou dans le district fédéral Centre est encore plus impressionnante : 65 % du PRB de la région en 2008 (39,4 % en 1995) pour seulement 28,4 % de la population du district. Cela donne l’impression que Moscou siphonne « son espace régional en aspirant l’essentiel de la croissance économique »11.
13La capitale russe est non seulement un grand marché de consommation des Moscovites, mais également des Russes qui réalisent environ 25 % de leurs dépenses à Moscou. Quant aux salaires moyens (2008), ils sont environ deux fois plus élevés dans la capitale (708 € par mois) que dans le reste du pays (401 €). Ces chiffres restent néanmoins indicatifs car, en Russie, il existe un écart important entre les revenus officiels et le niveau de consommation. Le taux de chômage (0,3 % de la population active en 2009 contre 6,2 % en FR) ainsi que la grande pauvreté sont faibles à Moscou. En 2009, près de 8,67 millions de Moscovites sont en activité dont 1,63 million sont employés par l’État, 4,78 millions par des compagnies privées et 1,73 million par de petites et moyennes entreprises12.
14En 2009, Moscou a généré 10,7 % de la production industrielle de la Russie, 17,3 % du commerce de détail et 40,5 % du commerce de gros. Sa part dans les exportations et importations du pays s’élève respectivement à 38,2 % et 43,2 %. Quant aux recettes budgétaires (impôts, taxes, autres paiements obligatoires), la part de la capitale est à hauteur de 22,9 %. Les trois aéroports de Moscou ont transporté 81,4 % des passagers de la Russie. Environ 6 800 représentations des sociétés étrangères et plus de 50 % des sociétés mixtes enregistrées dans le pays sont localisées à Moscou. Près de 1 600 organisations de recherche et de développement sont également localisées dans cette ville soit environ 70 % du potentiel de recherche scientifique de la Fédération de Russie13. En 2008, plus de la moitié des banques de commerce de la Fédération de Russie se trouvaient à Moscou, la transformant en un incontournable centre financier du pays regroupant plus de 85 % du capital bancaire russe14. Il faut cependant nuancer ce propos par le fait que le réseau bancaire moscovite sert souvent d’intermédiaire pour le transfert des fonds dont une partie est ensuite dirigée vers les régions.
15La croissance spectaculaire de Moscou est également due à la tradition soviétique de développement inégal des villes et des régions et à l’habitude de concentrer les richesses à Moscou et dans les capitales nationales au détriment des autres villes et régions. Une partie importante de la puissance économique de Moscou provient d’autres régions russes. La capitale russe a la main sur leurs richesses dans la mesure où les sièges sociaux de beaucoup d’entreprises se trouvent simplement à Moscou. Ainsi, tous les géants économiques créés par les oligarques russes y ont leurs représentations principales. La bourse est également située dans la capitale. Tout cela la transforme en un acteur important en matière d’exportation d’hydrocarbures, de métaux, etc. Dans une certaine mesure, la crise financière de 1998 a contribué à ce que la part de Moscou dans l’économie russe s’accroisse encore. En profitant de la crise, les groupes financiers moscovites ont acquis un certain nombre d’entreprises en activité situées dans les autres régions du pays. Tout cela a renforcé le rôle joué par la capitale russe dans le contrôle des activités économiques dans toute la Russie, en dehors de la supervision fédérale.
16Par rapport à 2007, Moscou a reçu deux fois moins d’investissements étrangers (42,4 %) en 2008 : 40 838 000 USD (dont 8 612 000 directs) soit 39,4 % du total reçu par la FR contre 70 873 000 USD (dont 15 656 000 directs) soit 58,6 % du total en 2007. En 2009, en dépit de la crise, elle a enregistré une légère hausse de 1,16 % en matière d’investissements étrangers sur fond d’une baisse de 21 % pour l’ensemble de la FR. Par conséquent, la moitié des investissements étrangers (49,6 %) revient à Moscou.
17En général, l’environnement en matière d’investissements à Moscou est favorable pour les importations. Si, en 2008, les étrangers avaient préféré investir à Moscou dans le commerce, dans l’immobilier et dans les activités financières, en 2009, la préférence a été donnée au commerce de gros et de détail (néanmoins en baisse de 8 %), aux transports et aux communications (multiplié par 5), au secteur de transformation (en hausse de 230 %). Mais le climat entrepreneurial reste défavorable pour la création de nouvelles entreprises étrangères, y compris dans l’industrie de transformation, ou pour la modernisation des anciennes. On a également observé que le secteur de la construction a attiré 3,4 fois moins d’investissements par rapport à 2008, ce qui n’est que la conséquence de la crise économique.
Fig. 2. Les investissements étrangers à Moscou par secteurs (2009)
Secteurs | en Mlds USD | % |
Total | 41,38 | 100 |
dont : | ||
Commerce de gros et de détail | 19,69 | 47,6 |
Transport et communications | 12,76 | 30,9 |
Secteur de transformation | 2,68 | 6,5 |
Construction | 0,2 | 0,5 |
Autres secteurs | 6,05 | 14,5 |
18En 2009, les six principaux pays de provenance des investissements en Russie ont été Chypre, le Japon, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Ceux qui ont investi le plus dans l’économie de Moscou sont répartis ainsi : le Luxembourg (24 %), la Chine (22 %), les Pays-Bas (18 %), la Grande-Bretagne (8 %), Chypre (7 %), l’Allemagne (7 %), la France (2 %), les Îles Vierges (2 %), les États-Unis (1 %), la Corée du Sud (1 %), autres pays (8 %)15. Les cinq premiers pays ont fourni 78 % des investissements dans les secteurs non financiers de l’économie de Moscou. Par rapport à 2008, les investissements chinois ont cru de 280 fois, ce qui a positionné la Chine en deuxième place après le Luxembourg qui a enregistré lui-même une hausse de 2,8 fois. Cependant, la quasi-totalité des investissements chinois (99,8 %) sont autres que directs ou en portefeuille. Les autres investisseurs « traditionnels » de ces dernières années ont tous réduit leur participation par rapport à 2008 : Chypre (moins 3,2 fois), la France (moins 3,1 fois) et la Grande Bretagne (moins 2,5 fois). La présence de Chypre et du Luxembourg parmi les gros investisseurs à Moscou et en Russie suppose que c’est l’argent russe placé dans les paradis fiscaux qui se réinvestit ultérieurement dans l’économie de la Fédération de Russie. Quant aux investissements directs étrangers (IDE), indicateurs d’activité en matière d’investissements, ils sont en chute libre : 11,9 % en 2009 contre 22 % en 2007. Le choix des pays de l’étranger lointain d’investir principalement dans le commerce de gros et de détail (47,6 %), souvent sous forme de crédit pour l’achat de leurs produits, poursuit l’objectif d’appuyer leur propre production, ce qui est moins bénéfique pour l’économie moscovite en général.
19En revanche, en 2008, le volume des investissements des entreprises moscovites à l’étranger, dans environ 60 pays du monde, a été pour la première fois supérieur au montant total des investissements étrangers à Moscou : 68,23 Mlds USD (4 fois plus qu’en 2007) soit 74,2 % (91,934 Mlds USD) du total des investissements russes à l’étranger. En 2009, ce chiffre a baissé de 14 % soit 58,87 Mlds USD dont 26,9 % de directs (15,88 Mlds USD), 72,9 % de divers (42,91 Mlds USD) et 0,2 % en portefeuille (71,6 Mlns USD). Cela représentait 71 % des investissements totaux de la Russie réalisés à l’étranger (82,89 Mlds USD)16. Les principaux pays de destination sont : la Suisse, les Pays-Bas, Chypre, Gibraltar, la Grande-Bretagne et les Îles Vierges. La présence de paradis fiscaux dans cette liste donne une lecture différente quant à l’efficacité et au rendement des investissements moscovites dans les pays de l’étranger lointain. On peut ainsi penser à l’organisation, sous forme d’investissements, d’une évasion fiscale.
Un habitat en mutation
20En 1991, 85 % des logements appartenaient à la municipalité et se trouvaient sous sa gestion, entretien compris. Le reste revenait aux logements en copropriété et à l’habitat appartenant aux entreprises17. Le loyer ne représentait que 0,3 % du montant des dépenses des ménages18. Dès le début des années 1990, une privatisation quasi générale des logements s’est produite. Les locataires, qui occupaient les logements au moment de cette longue campagne dont le délai a été repoussé jusqu’à 2013, les ont privatisés, sans contrepartie monétaire. En 2009, 81 % des logements moscovites avaient ainsi déjà leurs nouveaux propriétaires. Après la privatisation, les soucis ont aussitôt commencé pour les nouveaux gestionnaires, notamment en ce qui concernait les charges et les dépenses liées à l’entretien des immeubles, tâches nouvelles auxquelles la population n’était pas familiarisée. La mise en place de la gestion en copropriété a peiné. De plus, un nombre important de propriétaires n’étaient pas en mesure d’assumer ces dépenses. Les conséquences négatives ont été multiples : la dégradation des immeubles, la vente des appartements et l’installation des plus pauvres dans les provinces avoisinantes où le coût de la vie est moins cher, l’endettement des ménages vis-à-vis des banques qui profitent souvent de la situation précaire de leurs débiteurs et récupèrent ultérieurement les logements.
21La norme de l’espace habitable à la fin de la période soviétique était égale à 18 m2 par habitant19. Le nouveau plan prévoit de la doubler jusqu’à 35 m2. L’émergence d’un marché immobilier après la privatisation massive des logements a généré une hausse spectaculaire des prix, notamment après l’an 2000 où ceux-ci ont quintuplé, passant de 900 USD/m2 (2002) à 4500 USD/m2 (2007). Malgré cette hausse des prix et la crise financière, le nouvel habitat moscovite reste très demandé (5 150 USD/m² en 2009) et l’offre est très loin de satisfaire la demande. Les prix des bureaux sont aussi faramineux. En 2009, dans le centre ville et les quartiers prestigieux, les prix de vente des bureaux ont oscillé entre 6 000 et 8 000 USD/m2. Ces dernières années, le centre de Moscou reste également parmi les plus chers au monde quant au coût moyen de location20.
22En manque d’espace libre pour de nouvelles constructions, les promoteurs valorisent davantage les constructions en mitage en visant notamment les espaces verts, les aires de jeu, les garages, les bâtiments préscolaires en difficulté de financement, etc. Cela provoque l’indignation de la population. Les heurts, souvent couverts par les médias, sont fréquents avec la milice et les promoteurs qui sont loin de respecter les normes et règles d’urbanisme.
23En 2009, Moscou devait clôturer le programme de démolition des immeubles à quatre étages de la première vague de construction industrielle de logements des années 1960. Ces logements ne correspondaient plus aux normes contemporaines du point de vue de leur conception, de la solidité de construction, du système d’assainissement, de la conservation de la chaleur, etc. À la place de ces immeubles rasés on a vu apparaître comme des champignons des tours de plusieurs dizaines d’étages souvent accessibles uniquement à la partie aisée de la population. 30 % de ces nouveaux logements reviennent à la ville de Moscou qui essaye de loger les habitants des anciens immeubles démolis (« opération tiroir »). Cependant, à cause des charges très élevées, une part non négligeable d’entre eux préfère quand même être relogée soit à la périphérie de la ville soit dans les constructions anciennes où les prix des loyers sont plus raisonnables. Il y a aussi plusieurs cas de personnes qui emménagent dans les nouveaux logements, et les revendent aussitôt au prix fort pour déménager dans les banlieues de Moscou. Quant aux maisons traditionnelles russes en bois (izba) ou aux maisons individuelles en général, elles sont quasi absentes du paysage urbain moscovite. On peut les chercher au-delà des limites des quartiers périphériques et, exceptionnellement, dans de rares secteurs de la ville (quartiers ouest).
24Comme toute mégapole, Moscou a aussi ses quartiers privilégiés dont l’apparition remonte à la période soviétique malgré l’égalité déclarée des personnes. Cette tendance continue à se développer de nos jours également et la ségrégation devient plus évidente. Ce sont les quartiers sud et sud-ouest, situés sur les collines surplombant la Moskova, qui sont particulièrement concernés. Les grosses industries en sont pratiquement absentes, excepté une zone d’industrie alimentaire proche de la ceinture périphérique. La situation écologique est donc plus favorable compte tenu aussi de la présence de vents soufflant du sud-ouest. C’est dans ces quartiers que se trouvent les prestigieux établissements supérieurs de la capitale et du pays en général : l’Université Lomonossov, l’Institut d’État de Moscou des Relations Internationales (MGIMO), le siège social de l’Académie des sciences de Russie avec plusieurs de ses divisions de recherche, etc.
25En dépit de la crise financière mondiale, en 2008, Moscou a gagné deux places dans le peloton des 112 villes comportant les logements les plus chers, devançant Londres et Tokyo. Dorénavant, elle ne cède la place qu’à Monte-Carlo (47 578 USD). Le prix moyen d’un mètre carré d’habitation (logement d’élite de 120 mètres carrés) au centre ville est de 20 853 USD21. En 2009, ce prix a été revu à la baisse, car la crise a durement touché le marché des logements de standing. L’accès à ces logements n’est réservé qu’aux « nouveaux riches », étant donné que le salaire moyen mensuel des habitants de la capitale dépasse à peine 700 €. Cela accentue et favorise la ségrégation de la population moscovite, et l’écart entre riches et pauvres s’accroît davantage. Mais on voit également émerger une modeste classe moyenne. Selon le classement de Forbes, en 2008, Moscou a évincé New-York par le nombre de ses milliardaires : 74 (seulement 5 en 2002) dont 13 âgés moins de 40 ans. Des villas très luxueuses ont poussé à l’ouest, tout le long de la route Roubliovka, terres qui étaient auparavant réservées aux hauts fonctionnaires de l’État et du parti communiste. De nos jours, ces zones sont clôturées, d’une manière continue, par de hauts murs. Le public n’y a pas accès ou cet accès est strictement limité et réservé aux seuls invités et au personnel de service.
26On voit également apparaître dans la zone verte, auparavant plus ou moins protégée, des lotissements de standing, plutôt destinés à une classe moyenne émergente, et des résidences fermées et protégées (« gated communities ») avec leurs infrastructures intérieures destinées à l’usage des seuls résidents : écoles, commerces, piscines, restaurants, courts de tennis, surveillance renforcée et continue, etc. En même temps, plusieurs coopératives de jardinage ont vu leurs limites s’étendre et de hautes enceintes s’ériger. Les petites maisons et cabanes en bois sont remplacées par des bâtisses luxueuses en briques de deux à trois étages, appelées communément des cottages. Certaines zones réservées auparavant aux datchas traditionnelles22, prévues pour passer l’été, sont progressivement transformées en résidences secondaires, l’usage étant de plus en plus résidentiel plutôt que saisonnier. Ces constructions sont devenues possibles après l’adoption par le parlement russe de la loi relative à la privatisation des parcelles des datchas, des potagers individuels, des jardins attenants à l’habitat des paysans et ouvriers par des propriétaires et usagers en place.
27Les infrastructures (commerces, écoles, communications, réseaux d’assainissement, routes) quasi absentes durant la période soviétique se développent parallèlement à la fièvre de construction en changeant complètement l’image et l’environnement de ces villages. Le problème d’accès à ces anciennes et nouvelles localités reste primordial, car la capacité des routes existantes n’est plus suffisante pour faire face à la brusque augmentation du trafic et du parc automobile privé. La particularité de cette transformation consiste en ce que la résidence secondaire reste dans les limites urbaines compte tenu du fait qu’un certain nombre de villages de datchas sont aujourd’hui intégrés dans l’espace urbain de Moscou. Rares sont les cas où les Moscovites quittent définitivement leur logement pour une datcha. Trop attachés à l’appartement et longtemps privés de la possibilité de posséder des maisons individuelles dans le proche périmètre de la ville, ils préfèrent le plus souvent avoir les deux pour un usage alterné, d’autant plus que les infrastructures locales et d’accès s’améliorent d’année en année.
La quête de la modernité à travers les traditions
28La Moscou d’aujourd’hui ne se distingue pas beaucoup des capitales occidentales. Les publicités ornent les façades, les rez-de-chaussée des immeubles s’embellissent avec l’installation de nouveaux locataires : bureaux, agences, commerces, services. À cause du manque de surfaces commerciales disponibles, les rangées de kiosques bien ordonnées font désormais partie intégrante du paysage moscovite dans les nœuds vitaux des quartiers de la ville. À côté de cela, les symboles idéologiques de la période soviétique, certes en nombre réduit, sont toujours présents dans la ville. Dans le centre historique même de Moscou, il se produit une sorte de symbiose des styles des périodes anciennes (impériale, soviétique) et moderne (postsoviétique). Les nouvelles solutions architecturales sont chargées de symboles et d’éléments du passé impérial, ce qui « a davantage pour objet de rompre avec l’héritage soviétique » et est « en relation avec la renaissance d’une idéologie néo-impériale »23.
29Au 19e siècle, le ministre de l’éducation de Nicolas 1er Sergueï Ouvarov (1833-1849) a formulé et lancé le fameux triptyque « Orthodoxie, autocratie, esprit national » qui incarnait les valeurs idéologiques de l’Empire russe de son temps. La réédification des lieux de culte orthodoxe (la cathédrale du Christ-Sauveur, l’église de l’icône de Notre-Dame-de-Kazan, la chapelle d’Ibérie, etc.) démontre, d’une manière évidente, le penchant, au moins de façade, du nouveau pouvoir russe vers l’orthodoxie. Comme le remarque la diplomate Olga Morel, qui a animé un groupe d’étude sur l’architecture de Moscou pendant son séjour de huit ans dans cette ville, la « reconstruction à l’identique des monuments disparus est moralement édifiante. […] Les variations « à la russe » sauraient-elles tenir lieu d’architecture moderne ? Il est certes très difficile d’inventer une ville moderne dans une ville si ancienne et déjà si malmenée. Je doute pour ma part que le folklore ou l’historicisme composite soient une réponse. Même s’ils plaisent à beaucoup, ils ferment au lieu d’ouvrir »24.
30Les travaux de rénovation et de restauration, aussi bien intérieurs qu’extérieurs, des anciens bâtiments administratifs du Kremlin dont le Sénat, construit sur l’ordre de la Grande Catherine et devenu aujourd’hui le palais présidentiel, ou encore l’édification de la statue gigantesque de Pierre le Grand dans les eaux de la Moskova font une référence à l’autocratie, à l’image du pouvoir d’Empire fort d’antan.
31Quant à « l’esprit national », le troisième « ingrédient » du triple principe, il a toujours été perçu et compris d’une manière très floue à cause de son caractère plus abstrait. Le complexe du centre commercial de luxe de la place du Manège incarne le mieux cet « esprit national » avec un ensemble de fontaines et des statues de personnages tirées des contes russes (le vieux pêcheur et le poisson d’or, l’ours des forêts, etc.), au voisinage du jardin Alexandre qui abrite la Tombe du soldat inconnu, de la statue équestre du héros de la Seconde Guerre mondiale Joukov érigée récemment, du mausolée de Lénine et de l’hôtel Moscou symbole de l’architecture stalinienne. À ce propos, l’historien d’art russe Dimitri 142 Garik Galstyan Chvidkovski écrit : « Tout cela se mélange allègrement et, au lieu de l’ode architecturale solennelle à l’histoire russe tant escomptée, on se trouve en présence d’une comédie kitsch, très amusante, il faut bien le reconnaître »25. L’ensemble d’un tel mélange de styles (art nouveau, néo-classicisme stalinien, postmodernisme, etc.), de symboles à forte connotation historique et idéologique, de bâtiments anciens « relookés » avec des éléments ajoutés (tourelles, frontons, bas-reliefs, statues) et d’édifices modernes constitue le style moscovite moderne. Comme le souligne Annie Allain, le « postmodernisme ouvert à toutes les traditions nationales est souvent défini comme le style moscovite ou de Loujkov, qui s’est imposé en 1996, dans la mesure où dominent des stylisations pseudo-historiques, encouragées par la municipalité »26. On peut également penser que dans cette nouvelle recherche architecturale concomitante à la restauration des anciens quartiers les plus européens des 18e–19e siècles, Moscou essaie de retrouver sa « vocation européenne ». Selon D. Chvidkovski, « bien que toutes ces œuvres ne puissent être qualifiées de réussies, elles reflètent cependant une tendance importante de l’architecture russe moderne, à savoir la recherche d’un nouveau langage esthétique susceptible de conférer aux édifices un style national, plus précisément moscovite, et de traduire les valeurs idéologiques essentielles pour le nouvel État russe »27. Donc, « il s’agit en même temps de faire « national » et de faire « riche » et « international » »28.
32Ainsi, la nouvelle vague de construction est caractérisée aussi bien par la recherche de la modernité dans l’esprit mégalomaniaque stalinien que par un retour aux traditions russes dans les choix architecturaux des statues et maisons de style traditionnel, classique, Renaissance, etc. Ces recherches modernes sont souvent discutables et critiquées tous azimuts par les spécialistes et dans les médias. Beaucoup de polémiques sont liées à la personnalité de l’architecte russe « en cour » d’origine géorgienne Zourab Tsereteli, proche de l’ancien maire Y. Loujkov et auteur d’un nombre important de statues et d’ensembles architecturaux, contestés par beaucoup de Moscovites. Le nouveau maire de Moscou Sergueï Sobianine, nommé le 21 octobre 2010, s’est déjà prononcé en faveur du démontage de la statue de Pierre le Grand, un des symboles de l’« architecture loujkovienne », et de son transfert dans un autre endroit. Certaines associations proposent même de démonter les œuvres de Tsereteli et de les réunir dans un parc spécial, à l’instar d’une partie des statues de personnalités de la période soviétique qui ont été démontées et ensuite réinstallées dans le parc des Statues à proximité du centre ville.
Espace urbain en transformation, réaménagement des territoires
33Les activités économiques et administratives de Moscou ne se distinguent pas par une répartition homogène. L’okroug du Centre occupe 6 % de la superficie de la ville et ne compte que 7,2 % de la population moscovite (760 500 habitants en 2009), mais il abrite 39,5 % des entreprises et des établissements de la capitale : plus de 200 entreprises industrielles dont le géant automobile ZIL, plus de 400 instituts de recherche scientifique dont l’Académie des Sciences de Russie, environ 350 établissements administratifs et toutes les structures financières, commerciales et d’affaires les plus importantes. Plus de la moitié des commerces et des infrastructures culturelles et de loisirs y sont également concentrés : 67 des 93 théâtres, 41 des 61 musées, etc. En d’autres termes, plus de 27 % de la population active moscovite se déplace quotidiennement vers le centre ville pour y travailler, en plus des personnes qui viennent pour les activités ludiques, ce qui ramène la population « journalière » du centre de Moscou à 3 millions de personnes29. Cela implique des axes de transport dirigés vers le centre, ce qui est en partie à l’origine d’importants embouteillages. La décentralisation des administrations, des services et des emplois est toujours à améliorer, les efforts entrepris jusqu’à présent n’étant pas suffisants.
34En règle générale, tout développement d’une ville à vocation mondiale dépend largement du niveau de développement de son réseau de communications. Tous les changements urbanistiques entamés à Moscou pourraient être encore plus bénéfiques si son réseau de transport s’améliorait. La ville possède neuf gares ferroviaires, trois ports fluviaux, trois aéroports, un métro souterrain avec de luxueuses stations et un vaste réseau routier. Les gares sont desservies, entre autres, par le célèbre Transsibérien. Par la voie fluviale, la capitale russe est reliée aux mers, ce qui est à l’origine de son appellation de « port des cinq mers » : Baltique, Caspienne, Noire, Blanche et d’Azov. En 2009, les aéroports de Moscou ont drainé plus de 41 millions de passagers.
35La planification stalinienne de Moscou a privilégié le transport collectif. Le niveau de développement des transports en commun était commode mais pas optimum, car les automobiles, considérées comme moyen de transport plutôt de luxe tout au long de la période soviétique, n’étaient pas prises en compte. Ainsi, les infrastructures existantes de Moscou dotées, à première vue, d’axes de transport très larges hérités de l’époque stalinienne, se sont avérées totalement inadaptées après l’augmentation exponentielle du nombre de véhicules qui a quintuplé en 20 ans (plus de trois millions de véhicules individuels en 2009), asphyxiant la ville.
36Le manque de voies rapides, de rocades, de contournements et de tunnels constitue le handicap majeur du réseau moscovite. Le grand périphérique de Moscou (MKAD) de 109 km, en exploitation depuis 1962, a été secondé par deux autres voies de diamètre inférieur : 54 km et 39 km. Les avenues qui lient ces trois anneaux sont très larges et possèdent parfois 16 voies. Afin de diminuer la pollution, le bruit et de rendre l’environnement plus agréable à vivre, les municipalités des villes occidentales se mobilisent pour limiter la circulation des véhicules en privilégiant le métro, le tramway et les espaces verts, tandis que Moscou, au contraire, déplace la ceinture ferroviaire au-delà des limites de la ville en la remplaçant par une autoroute qui traverse le centre ville. Les autorités de la ville ont déjà entamé la construction d’un quatrième réseau autoroutier de contournement d’une longueur totale de 61 km, dont l’achèvement est prévu en 2012. Malgré ces efforts incontestables de modernisation du réseau de transport, dont le principal artisan a été l’ancien maire de la ville Y. Loujkov, la circulation à Moscou ressemble souvent à un cauchemar. La situation a encore empiré avec le ralentissement du développement du réseau de transports collectifs (tramway, métro, RER). Ainsi, dans les années à venir, la capitale russe va être confrontée aux problèmes de stationnement et à la pollution atmosphérique qui s’amplifient progressivement.
37L’élargissement des limites de la ville, l’accroissement des banlieues et le boom de la construction des habitats individuels ont atteint la ceinture forestière auparavant contrôlée et préservée pour un aménagement ultérieur. La diminution des espaces verts et des aires de repos afin de libérer des surfaces constructibles pour des logements dans le périmètre de Moscou a déjà un impact négatif sur l’environnement, donc sur la qualité de vie des Moscovites.
38Cependant, avec la disparition de la pénurie des produits alimentaires et manufacturiers, la ville n’accueille plus les dizaines de milliers de personnes qui visitaient chaque semaine la capitale pour s’approvisionner. En outre, ces dernières années, on a vu apparaître les premiers hypermarchés près du MKAD, comme Auchan, IKEA, Leroy Merlin, Métro, magasins de matériaux de construction et de vente d’automobiles. Cela a également contribué au processus de décentralisation des services et commerces, ce qui finalement devrait moins saturer le centre ville.
39Dans le réaménagement des espaces urbains, la délocalisation de plusieurs industries et entreprises encore fort présentes notamment dans le centre ville reste prioritaire. La mairie se montre ferme et entend poursuivre l’ancien plan de délocalisations qui date de la période soviétique. Selon ce plan, les industries implantées en grand nombre par Staline afin de « débarrasser Moscou de son âme rustique et religieuse »30, doivent quitter la ville et pratiquement disparaître du centre ville d’ici à 2020. Cela s’insère dans la politique de rééquilibrage des activités économiques et de peuplement qui, cependant, est encore très loin des résultats escomptés. Plus de 400 entreprises industrielles ont déjà été contraintes de céder leur place sous peine d’être liquidées, et 300 autres attendent leur tour pour être délocalisées ou définitivement fermées. Cela ne signifie pas pour autant que l’ensemble de la ville sera privé d’espaces industriels. À la place des 83 zones de production de Moscou (19,2 % de la superficie urbaine), concentrées principalement dans les quartiers est et sud-est, ne resteront que 26 zones qui correspondront mieux à l’organisation moderne des zones industrielles, basée sur le principe du mixed-use : la cohabitation des affaires, de la recherche et de la production, de préférence « écologiquement propre ». Certaines délocalisations sont même profitables aux entreprises, car les terrains à Moscou deviennent de plus en plus chers, ce qui permet, tout en se délocalisant, de vendre ou louer les surfaces à des prix avantageux. Selon le Plan général de développement de Moscou jusqu’en 2025, la libération de nouvelles surfaces suite à la désaffectation industrielle doit ainsi permettre de déployer la construction de nouveaux logements prestigieux, de salles d’exposition, de bureaux et d’établissements de commerce dont la demande reste toujours forte dans la capitale. Le plan prévoit de réduire de 27,5 % (5 500 hectares) la surface occupée par des zones de production qui occupe aujourd’hui environ 20 000 hectares. Par ailleurs, ces 50 dernières années, Moscou a vu baisser la part de l’industrie dans l’emploi total de la ville, part qui est passée de 37 % à 11 %31. En dépit de tout cela, le pouvoir moscovite ne poursuit pas l’objectif de se débarrasser complètement des industries qui donnent encore de l’emploi à des centaines de milliers de personnes. C’est dans ce contexte qu’il faut traiter le rachat par la municipalité de la gigantesque usine ZIL privatisée en 1992, qui, à l’époque soviétique, comptait 103 000 employés32 contre 24 000 de nos jours.
40La délocalisation de certains sites reste problématique car elle demande de gros investissements. Il s’agit notamment de la raffinerie de Moscou qui est une des sources importantes de pollution de l’atmosphère de la ville. Selon le plan existant, une fois délocalisée, une « ville-jardin » devrait être construite à sa place. La désaffectation du territoire de l’usine nécessite l’arrivée d’importants moyens financiers qui manquent cruellement. Pour résoudre le problème, la raffinerie a été dotée d’équipements modernes qui ont sensiblement amélioré son impact sur l’environnement.
41Les Moscovites de souche sont contraints de s’éloigner du centre, tandis que la nouvelle nomenklatura, les hommes d’affaires, les provinciaux enrichis et des ressortissants de l’étranger proche pourvus de moyens, s’installent massivement à leur place. Il se produit une sorte de gentrification du centre parallèlement à la densification de l’espace constructible de la ville. La disparition progressive des appartements communautaires que le centre ville possédait en grand nombre est également à l’origine du dépeuplement des quartiers centraux de Moscou. En 1995, environ 30 000 familles vivaient dans ce type de logements dans le centre ville. En 2000, leur nombre est passé à 22 000 pour arriver à 9 850 familles en 2009. Seules 5 % d’entre elles ont obtenu des logements dans le centre de Moscou, les 95 % restants ont été relogés en dehors de leurs anciens quartiers de résidence. Par conséquent, en 2009, 1 km2 dans le centre abritait 10 700 habitants contre 51 000 en 195933.
42Sous le prétexte justifié de délocalisation, une partie des entreprises est définitivement ou partiellement liquidée. Étant donné que, traditionnellement, les entreprises se chargeaient des fonctions de résolution des problèmes de logements, de santé publique et d’autres prestations sociales, leur « reconversion » ou fermeture a automatiquement entraîné la disparition de ces services auxquels l’ensemble de la population moscovite était tant attaché.
43En matière d’aménagement encore, la capitale russe manquait d’un Central Business District. La conception par la municipalité de la ville du projet Moscou-City (1992), le diminutif du Centre d’affaires internationales de Moscou, a répondu à ce besoin. Ce sont les transformations économiques rapides qui se trouvent à l’origine des mutations urbaines à grande échelle, dont la réalisation de ce projet-géant. Le futur quartier d’affaires, version russe du quartier de La Défense ou de Manhattan, est actuellement en intense développement. Il a une superficie d’un kilomètre carré qui s’étend sur les vieux terrains industriels situés au cœur de Moscou, près du troisième périphérique. Les premiers travaux ont débuté quelques années plus tard, car la maquette de gratte-ciel de style constructiviste proposée a été refusée par la mairie de Moscou en raison de son aspect « bolchevique ». Celle-ci a par ailleurs demandé à concevoir les futurs gratte-ciel « dans le style moscovite »34. Il reste à deviner ce que cela voulait dire.
44Plus de vingt gratte-ciel sont conçus à Moscou-City. Ils doivent « préfigurer la ville du futur et incarner une vitrine de Moscou aux yeux du monde »35 et symboliser la transformation de Moscou en « géant capitaliste ». Après la crise financière de 1998, les travaux de construction ont été ralentis. Dix ans plus tard, une nouvelle crise a retardé l’achèvement des chantiers. Ainsi, la construction de la tour « Russie » (612 mètres), censée être le plus haut gratte-ciel d’Europe et le deuxième au monde, a d’abord été reportée de 2012 à 2016 pour être définitivement abandonnée ultérieurement. Pour l’instant, c’est la tour de la « Fédération » (506 mètres) du quartier d’affaires qui devrait être la plus haute d’Europe. Son inauguration est prévue pour 2012. On doit également avoir un complexe dédié aux deux capitales, Moscou et Saint-Pétersbourg. Il s’agit de deux tours montées sur un podium, qui symboliseront ces deux villes : Moscou, 72 étages, 268 mètres de hauteur et Saint-Pétersbourg, 62 étages, 234 mètres de hauteur.
45Moscou-City n’est pas uniquement un centre d’affaires, c’est une petite ville à l’intérieur d’une grande ville. Il est prévu de combiner dans cette zone des établissements administratifs (Cité administrative de la ville de Moscou) et d’affaires, de divertissements (Parc aquatique, hôtels cinq étoiles, restaurants, centre commercial, espaces de stationnement, salles de concert, jardin d’hiver, Palais des mariages, autres complexes récréatifs…) et des espaces résidentiels. C’est la première expérience en Russie et en Europe de l’Est de ce type. Une ligne directe de RER va relier le quartier à l’aéroport international Cheremetièvo de Moscou. Cependant, le fait que ce quartier d’affaires se trouve en plein cœur de Moscou risque d’aggraver encore la circulation des moyens de transports en occultant en partie les efforts entrepris et prévus.
46La récession économique des années 1990 a largement contribué aux réformes structurelles qui ont davantage valorisé les secteurs du tourisme et des services qui étaient toujours dans « l’ombre » des industries. Étant donné que le développement du tourisme est l’une des sphères prioritaires pour la capitale russe, les autorités moscovites veulent également utiliser les espaces libérés pour la construction d’hôtels, notamment bon marché, dont la ville manque chroniquement. Jusque dans les années 1980, Moscou accueillait 5 millions de touristes par an. Après avoir vu baisser leur nombre jusqu’à un million de personnes, depuis l’an 2000, l’industrie touristique a repris : 2 Mlns en 2002, 3,5 Mlns en 2005, 4,1 Mlns en 2008.
La reprise de la croissance démographique
47Depuis la chute de l’URSS, la croissance naturelle de la population moscovite est négative. Entre 1989 et 1999, Moscou a perdu plus de 340 000 habitants. Cette perte démographique a été la conséquence de la crise économique et de la baisse des activités industrielles. Pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne de leurs ménages, des dizaines de milliers de personnes ont quitté la capitale pour s’installer à la campagne. Cependant, de facto, la population moscovite n’est pas devenue moins importante, car des centaines de milliers de personnes, installées récemment, y ont été enregistrées temporairement, donc n’ont pas été comptabilisées.
48Cette tendance migratoire vers les banlieues a été nettement ralentie et depuis 2000, la population s’accroît sans cesse : 10 425 000 en 2005, et 10 562 000 en 201036. L’accroissement démographique est dû à l’apport de migrants en dépit de tous les obstacles créés par la municipalité de la capitale. Les actions des autorités vis-à-vis des nouveaux migrants, notamment de l’étranger proche, ont été de pair avec la naissance d’une xénophobie sans précédent et maladroitement dissimulée à Moscou. Elle est accompagnée de nombreux cas d’assassinat et d’agressions, devenus habituels et à caractère raciste. Les mesures de l’administration moscovite envers les personnes non enregistrées ont même été déclarées anticonstitutionnelles. La fameuse propiska soviétique (autorisation de résidence) a été, en fin de compte, remplacée par un enregistrement administratif d’une efficacité douteuse. La hausse démographique de Moscou a été, en grande partie, alimentée par les régions centrales de Russie qui ont vu leurs populations constamment baisser ces dernières années. C’est la raison pour laquelle la croissance démographique de la plupart des grandes villes du district fédéral du Centre (2002-2009) est presque partout négative : Iaroslavl, Riazan, Lipetsk, Briansk, Ivanovo, Kalouga, Orel, Smolensk, Kostroma, etc. Mais la croissance naturelle reste presque partout négative, Moscou compris (-0,28 % en 2009).
49Tout en restant une ville cosmopolite, Moscou souffre néanmoins de la fracture entre Russes et allogènes. Le maintien de la propiska sous une autre forme devait, entre autres, limiter l’installation chaotique des étrangers en provenance notamment des anciennes républiques soviétiques. Parmi ces « nouveaux étrangers » on pouvait rencontrer un certain nombre de Russes en provenance des pays de la CEI qui se sont heurtés aux mêmes types de problèmes d’installation à Moscou, voire plus, que les représentants des peuples titulaires de leurs pays de départ. La ville fait en permanence appel à la main d’œuvre notamment de l’étranger proche vu la constante décroissance naturelle et les besoins du marché du travail moscovite. Cependant, il ne s’agit pas seulement de main d’œuvre non qualifiée qui occupe des emplois non demandés par les Moscovites. À l’instar de l’époque impériale et de la période soviétique, une partie des élites politiques, économiques et culturelles nationales du vaste espace postsoviétique aspire à s’installer à Moscou en contribuant, entre autres, à la prospérité de leur nouveau lieu de résidence. Ainsi, Moscou reste toujours attrayante comme marché d’emplois, déclarés ou non, en dépit de la délocalisation et de la liquidation des entreprises industrielles. Le rapide développement des services, entrepris par le pouvoir local a, en partie, pris la place de ces dernières. Les mesures restrictives envers les allogènes n’ont pas empêché, en fin de compte, que certains des secteurs de l’économie moscovite soient largement contrôlés par des non-Moscovites. Cela s’est produit sur fond de montée de la xénophobie et de l’insécurité, le talon d’Achille de la capitale.
50Un autre problème est lié à la ghettoïsation de certains quartiers, impensable pendant la période soviétique. La distribution des logements d’antan ne pouvait en aucun cas tenir compte de l’appartenance ethnique des nouveaux locataires, de surcroît cela pouvait aller à l’encontre de la politique d’homogénéisation des populations. Avec l’apparition du marché immobilier suite à la privatisation quasi générale des logements d’État, on a pu observer dans certains quartiers de la ville une tendance au regroupement ethnique dont on ignore encore l’ampleur.
Conclusion
51Pendant la période postsoviétique, aucune ville de Russie n’a connu une ampleur de développement aussi importante que Moscou. Pour le reste du pays, elle pourrait servir de modèle de « modernisation capitaliste » pendant la période de transition avec l’introduction des standards occidentaux de consommation et de mode de vie. Malgré les succès apparents, elle le cède encore aux capitales européennes quant à la qualité de la vie, aux réseaux de transport, à l’écologie et au niveau des services. La société moscovite est devenue de plus en plus polarisée avec des écarts socio-économiques très importants. Cependant, il faut tenir compte du point de départ initial (1991) et de l’état atteint en 200937 pour apprécier le travail colossal réalisé.
Notes de bas de page
1 Jean-Pierre Paulet, « Les villes de la Fédération de Russie », dans La Russie (sous la direction de Gabriel Wackermann), Paris, Ellipses, 2007, p. 232-245.
2 La première a été annulée par la cour de Moscou à l’initiative de Loujkov. La deuxième a tout simplement été ignorée par le maire de Moscou tout comme l’exigence du Soviet suprême de la Fédération de Russie, peu avant sa dissolution en 1993, d’éviction de Loujkov qui occupait son poste « illégitimement ».
3 Youri Loujkov, Moscou ne croit pas aux larmes. Réflexions du maire, Paris, Authropos, 1996, p. 191.
4 Elena Batourina est la femme la plus riche de Russie dont la fortune est estimée par Forbes à environ 2,9 milliards USD.
5 À la clôture du présent article, en juin 2011, le président russe D. Medvedev a proposé d’élargir les frontières administratives de la ville de Moscou avec la création du district fédéral de la capitale sans pour autant organiser le référendum prévu par la Constitution.
6 Roï Medvedev, Moskovskaâ model’ Juriâ Lužkova [Le modèle moscovite de Youri Loujkov], Moscou, Vremja, 2005, p. 30.
7 La Tribune, le 8 novembre 2010.
8 Ibid.
9 Vlada Traven, « Moscou, reflet de l’histoire russe », dans Les très grandes villes, (Ed.) Marie-Anne Gervais-Lambony, Paris, Atlande, 2001, p. 137-140.
10 “Former Moscow mayor Yuri Luzhkov : ‘I fear for my family’”, 7 November 2010, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/russia/8114663/Former-Moscowmayor-Yuri-Luzhkov-I-fear-for-my-family.html.
11 Yann Richard, « Les évolutions de l’espace en Russie », dans La Russie, Ed. Annette Ciattoni, Paris, Sedes, 2007, p. 140.
12 Service fédéral des statistiques d’État : http://www.gks.ru, consulté le 15 novembre 2010.
13 Site de la ville de Moscou : http://government.moscow.ru, consulté le10 novembre 2010.
14 Site de la ville de Moscou, lien économie http://moscow.ru/fr/infrastructure/business_finance/infrastructure/banks_main,consultéle15novembre2010.
15 http://www.investinmoscow.dev.diogenes.ru/guide/taxation/page22.php.
16 Service fédéral des statistiques d’État : http://www.gks.ru, consulté le 10 novembre 2010.
17 C’est dans les quartiers prestigieux du sud et du sud-ouest que le pouvoir soviétique a commencé, depuis les années 1960, à déployer la construction d’immeubles en copropriété afin de satisfaire le besoin grandissant de la population en logements. C’était une grande nouveauté, car les habitants pouvaient accéder à la propriété immobilière, ce qui n’était pas le cas avant. Les futurs propriétaires devaient apporter environ un tiers du coût de construction du logement, le reste étant couvert par un crédit d’État à taux zéro sur 15 ans. Pour pouvoir accéder à ces logements, il fallait avoir un certain statut social, un emploi bien rémunéré dans une entreprise qui avait des moyens et des quotas pour construire de tels types d’immeubles.
18 Youri Loujkov, op. cit., p. 188.
19 Il faut cependant noter que certains groupes privilégiés (les hauts et moyens fonctionnaires, les artistes, les héros communistes et les scientifiques renommés, ou tout simplement les personnes proches du pouvoir) avaient droit à des mètres carrés supplémentaires.
20 La Tribune, le 11 juin 2008.
21 Site du secteur de l’immobilier : http://www.globalpropertyguide.com, consulté le 17 novembre 2010.
22 Selon certaines estimations, les deux tiers des Moscovites, directement ou par leur parentèle, possèdent une datcha, leur accès a été beaucoup démocratisé avec la perestroïka. Philippe Haeringer, « De Moscou à Shanghai : deux sorties contrastées de l’ordre urbain communiste », Les très grandes villes dans le monde, (Ed.) Gabriel Wackermann, Paris Ellipses, 2000, p. 117-123.
23 Dimitri Chvidkovski, « En avant vers le passé ! L’architecture à Moscou », Critique, janvier-février 2001, no 644-645, p. 20-30.
24 Olga Morel, Moscou, mémoire d’une ville, Paris, Imprimerie Nationale, 2002, p. 229.
25 Dimitri Chvidkovski, op. cit., p. 28.
26 Annie Allain, « Moscou, histoire d’une ville », Conférence donnée à la médiathèque de Marcq-en-Barœul le 16 mai 2009.
27 Dimitri Chvidkovski, op. cit., p. 30.
28 Olga Morel, op. cit., p. 15.
29 Le site officiel de l’okroug du Centre de Moscou : http://cao.dsmp.mos.ru/district, consulté le 20 novembre 2010.
30 Isabelle Hausser, « Moscou est-elle une ville ? », Moscou généreuse et brutale, Autrement revue, no 40, septembre 1989, p. 244-247.
31 Site du Département des sciences et de la politique industrielle de la ville de Moscou : http://dnpp.mos.ru, consulté le 20 novembre 2010.
32 Roï Medvedev, op. cit., p. 51-52.
33 Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Paris, Armand Colin, 2007, p. 297.
34 Dimitri Chvidkovski, op. cit., p. 28.
35 La Tribune, le 11 juin 2008.
36 Service fédéral des statistiques d’État : http://www.gks.ru.
37 L’article clos en décembre 2010.
Auteur
Docteur en civilisation russe, Maître de conférences à l’Université de Lille 3
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