L’emporium protomédiéval de Walcheren-Domburg : une mise en perspective
p. 133-147
Note de l’éditeur
Publié dans Peasants and Townsmen in Medieval Europe. Studia in honorem Adriaan Verhulst, éd. Jean-Marie Duvosquel et Erik Thoen, Gand, Snoek-Ducaju & Zoon, 1995, p. 73-89.
Texte intégral
1Dans les nombreux travaux qu’il a consacrés, surtout dans les années 1980, au développement urbain de l’Europe du Nord au cours du très haut Moyen Âge, Adriaan Verhulst a toujours accordé une attention particulière, parmi les emporia apparus dans les milieux littoraux au cours des VIe -VIIIe siècles, à celui de Domburg sur l’île de Walcheren, connu seulement par des découvertes archéologiques le plus souvent fortuites1. Mais, préciset-il après beaucoup d’autres2, si Domburg tire son nom – qui, à vrai dire, n’apparaît pas dans les textes avant les environs de 12003 – d’une fortification circulaire élevée à la fin du IXe siècle4, à une époque où les découvertes faites in situ suggèrent la disparition de l’agglomération marchande, le nom que portait la vroeg-middeleeuwse handelsplaats zélandaise, et, par le fait même, son histoire, demeurent totalement inconnus des textes5.
2Je voudrais dans les pages qui suivent d’une part rappeler6 qu’on connaît le nom de l’emporium protomédieval de Domburg ; d’autre part remettre son histoire en perspective, grâce précisément à la confrontation des quelques textes parvenus jusqu’à nous et du matériel archéologique découvert.
Rappel des découvertes archéologiques faites sur le site de Domburg
3C’est sur la plage de Domburg, au pied de la longue dune qui regarde en direction du nord-ouest, qu’ont été effectuées les découvertes les plus importantes, à l’occasion des raz-de-marée exceptionnels qui, en 1687, 1749, 1817, labourèrent la plage et permirent le dégagement à marée basse de diverses structures ainsi que la collecte d’un abondant mobilier – naturellement en l’absence de tout encadrement scientifique, jusqu’à ce qu’en 1866 des relevés pussent en être faits par J. C. Fredriks sous l’égide du Zeeuws Genootschap der Wetenschappen7. Et c’est sur cette plage, surtout dans le secteur de Westhove, que continuent d’être faites, presque chaque année, des trouvailles significatives de matériel céramique, de pièces d’orfèvrerie et de monnaies8.
4Ainsi ont été découverts à un kilomètre au nord de l’actuelle agglomération de Domburg les restes d’un temple romain que de nombreuses stèles votives permettent d’attribuer à la déesse Nehalennia – dont de récentes découvertes montrent qu’elle était également honorée près de Colijnsplaat, sur l’île voisine de Noord-Beveland9. La poterie et surtout les monnaies découvertes sur le site du temple de Domburg ou dans ce qui fut peut-être l’établissement contemporain situé au sud/sud-ouest du temple, suggèrent une occupation et une activité très importantes entre c. 69 et c. 273 après Jésus-Christ, même si quelques espèces de la République et du IVe siècle ont été retrouvées sur place ou dans les environs immédiats10. L’abandon paraît avoir été total à la fin du IIIe siècle, peut-être précipité par la pression de la piraterie franque et frisonne, en tout cas entériné par les dégâts de la deuxième transgression dunkerquienne11.
5Plus à l’est, au large du hameau de Westhove et toujours au pied septentrional de la grande dune de Domburg, ont été reconnus les restes d’une agglomération, organisée le long d’une unique rue orientée d’ouest en est et longue de plus d’un kilomètre, consistant en petites structures de bois de 4 mètres sur 3, parfois en maisons de 14 mètres sur 5, mais aussi en dépotoirs et fosses à ordures contenant une grande quantité d’os d’animaux et de coquilles de moules12. Un abondant mobilier y fut découvert, céramique, métallique13, mais surtout monétaire. Près de 2300 trientes mérovingiens, quelques thrymsas anglo-saxons, près de 1000 protopennies ou soi-disant sceattas longtemps considérés comme étant d’origine anglosaxonne, mais dont beaucoup sont de type désormais réputé frison, enfin quelques deniers carolingiens14 disent d’une part une occupation continue depuis la fin du VIe siècle jusqu’à une date indéterminée aux alentours de 800, mais marquée par un apogée situé à peu près au milieu du VIIIe siècle, d’autre part une position d’intermédiaire entre la Gaule (surtout l’Austrasie), la Frise et l’Angleterre.
6Enfin un troisième pôle d’occupation a été reconnu un peu à l’est du précédent, avec son habitat, mais aussi son cimetière. La céramique est carolingienne, au même titre que les monnaies, toutes des deniers, dont l’éventail va de Pépin le Bref à Charles le Simple, dont un ( !) spécimen a été retrouvé15. Les sépultures, cercueils de chêne généralement, recèlent un mobilier abondant, ce qui est un phénomène rare dans l’Occident du IXe siècle, comprenant en particulier un torque d’argent de coupe carrée et décoré au poinçon, des aiguilles de bronze décorées de triangles eux aussi poinçonnés, des appliques de bronze ornées de masques d’animaux… – tous objets dont les plus sûrs équivalents ont été retrouvés dans les sites vikings de Scandinavie ou d’Europe occidentale16, et auxquels on peut ajouter une belle garniture de toilette en argent découverte en 198917. Si ce nouvel établissement n’a peut-être pas été fondé par les Scandinaves, il est clair qu’il a été occupé par eux dans le courant du IXe siècle. En tout cas, de même que c’est sans doute l’ensablement, précipité par les courants dominants venus du sud-ouest, qui a chassé les derniers occupants de l’établissement précédent pour les amener à en créer un nouveau à proximité, de même est-ce l’ensablement qui, dans la seconde moitié du IXe siècle, a achevé celui-ci.
7C’est désormais à l’abri, donc immédiatement au sud, de la nouvelle dune en formation, que, sans doute à l’extrême fin du IXe siècle, a été créé le dispositif défensif ou burgus qui allait fixer l’habitat et donner à Duinburcht son nom définitif18. Est-ce à dire que l’établissement protomédiéval, partagé en ces deux pôles successifs que nous avons distingués, n’avait pas de nom ?
Situation et site de Walchernen/Domburg

Les principales occurrences du nom de Walcheren dans les sources écrites des VIIe -XIe siècles19
8Le nom de Walcheren, dont l’origine pose bien des problèmes aux linguistes20, apparaît sous plusieurs formes dans les textes du très haut et du haut Moyen Âge. C’est lui, bien sûr, que l’on doit reconnaître dans l’ensemble des sources derrière les leçons Wal(a)c(h)ra, de loin la plus répandue, Walic(h)rum, ou encore Gualacrae21.
Extrait de la Vita Willibrordi (c. 14), écrite vers 790 par Alcuin, sur l’évangélisation de Walcheren par Willibrord : Quodam igitur tempore, dum venerabilis vir iter evangelizandi more solito egisset, venit at quandam villam Walichrum nomine, in qua antiqui erroris idolum remansit…
Extrait des Annales Xantenses (a°837) relatif à un raid viking sur Walcheren :… Et pagani vastaverunt Walicrum multasque feminas inde abduxerunt captivas cum infinita diversi generis pecunia…
Extrait des Annales de Fulda (a° 837) relatif à un raid viking sur Walcheren : Nordmanni tributum exactantes in Walchram insulam venerunt ibique Eggihardum eiusdem loci comitem et Hemmingum Halpdani filium cum aliis multis XV Kal. Iulii occiderunt et Dorestadum vastaverunt ; acceptoque a Frisionibus tributo reversi sunt…
Extrait de la Vita Hludowici imperatoris écrite vers 837 par Thegan qui, sans citer Walcheren, développe la relation précédente : Illi vero Dani nave venientes ad unam sedictionem, et interfecerunt ibi innumerabilem multitudinem Christianorum ; et ibi cecidit Hemminch qui erat ex stirpe Danorum, dux christianissimus, et Eccihardus alius dux, et multi optimates imperatoris ; et aliqui comprehensi sunt et postea redempti…
Extraits des Annales de Saint-Bertin (a° 837 et a° 841) relatifs au même raid viking et à l’installation des Danois à Walcheren : Ea tempestate Nordmanni inruptione solita Frisiam inruentes, in insula quae Walacra dicitur nostros imparatos adgressi, multos trucidaverunt, plures depraedat sunt. Et aliquamdiu inibi commorantes, censu prout libuit exacto, ad Dorestadum eadem furia pervenerunt, tributa similiter exegerunt… (L’empereur Lothaire) Herioldo qui cum ceteris Danorum pyratis per aliquot annos Frisiae aliisque christianorum maritimis incommoda tanta sui causa ad patris iniuriam invexerat, Gualacras aliaque vicina loca huius meriti gratia in beneficium contulit…
Extrait des Gesta episcoporum Virdunensium racontant comment l’évêque Hatto, ancien maître de Lothaire II, reçut de lui (avant 870) Walcheren et d’autres fiscs : Insuper etiam obtinuit apud regem Lotharium iuniorem Marcelliacum fiscum et Arbereivillam et Maureium ad opus fratrum, et Mercuringas et Brasaidam et Walacres et per precarias Metganis villam et Commenarias et Gaugiacum…
Extrait de l’acte de constitution de Morgengabe, ou de douaire, d’Otton II en faveur de Theophano, mentionnant les provinces de Walcheren, Wigle (Wichelen sur l’Escaut), et l’abbaye de Nivelles qui, ensemble, comprenaient 14000 mansi (Rome, 14 avril 972) : Noverit igitur omnium sancte Dei eclesie nostrorumque fidelium presentium ac futurorum industria, qualiter eidem dilectissime sponse nostre dote legitima more maiorum nostrorum quedam tam infra Italicos fines, quam et in transalpinis regnis nostris habenda et iure perpetuo concedimus possidenda :… trans Alpes provintias Walacra, Wigle, cum abbatia Nivelle, quattuordecim milibus eo pertinentibus mansis… (Koch 1970 no 42, p. 79).
Extrait d’un diplôme par lequel Otton II confirme le 18 janvier 976 la possession par l’abbaye Saint-Bavon de Gand de divers biens en Zélande : … hoc est in pago Scaldis possessionem vocabula Creka et Papingalant… ; et in pago Bevelanda omnem terram a Suthera Suthflita usque Curtagosum et Campan, et quicquid ex ditione sancti Bavonis in Walacra contineri dinoscitur, et in Brumsale (Borsele) similiter… (Koch 1970 no 44, p. 83).
Extrait d’un diplôme par lequel Henri II confirme en 1005 la concession de divers biens et revenus faite par Otton III à l’église Saint-Adalbert d’Aix-la-Chapelle : … decimam ex Walacre et Goslar et Trutmannie reditibus in omni re que regalibus nunc usque subiacebat usibus… ad usum fratrum Aquisgrani in ecclesia sancti Adalberti habitantium… (Koch 1970 no 68, p. 126).
Extrait de la Passio Frederici episcopi Traiectensis (c. 9 et 11) écrite au début du XIe siècle par Odbert : Louis le Pieux demande à l’évêque d’Utrecht Frédéric (820-838) d’aller convertir les maritimas gentes : est enim insula Walachran nominata, tibi, ut reor, satis nota, in qua, proch dolor ! quod ad meas nuper devenit aures, quisquis neptem aut, quod peius est, sororem vel ipsam in matrimonio ducit genetricem… Frédéric arrive en effet à Walcheren : navim conscendit episcopus et vento prospereo, ut libuit, Walachran applicuit, ingrediens insulam, causa orandi perrexit ad acclesiam et interim viridibus in pratis suum figi jussit tentorium…
L’équation Domburg = Walcheren
9Il apparaît clairement que si, dans presque tous les textes anciens, Walcheren est comme aujourd’hui qualifiée du terme d’insula, elle est considérée dans la plus ancienne occurrence (à la fin du VIIIe siècle) comme une villa, soit comme un lieu de concentration de l’habitat, alors indifféremment rural ou proto-urbain : Dorestad en 847 et Deventer en 896 ne furent-elles pas, elles aussi, qualifiées de villae22 ? D’ailleurs, un peu plus tard, lors du raid viking de 837, l’île dévastée paraît se réduire à un idem locus (Annales Fuldenses), fortement peuplé (Annales Bertiniani), entre autres de femmes (Annales Xantenses), et dont les habitants se montrèrent capables d’acheter par un tribut le départ des pillards (Annales Fuldenses et Xantenses).
10Puisque sur l’île de Walcheren, seul le site de Domburg, en particulier celui dit de la plage de Domburg, a donné lieu à des découvertes significatives de structures et de matériel protomédiéval, on est en droit d’affirmer que la Walcheren des textes anciens coïncide avec la Domburg des archéologues ; et que son nom, qui a d’abord servi à désigner sa seule véritable agglomération, a naturellement été étendu à l’ensemble de l’île à partir du moment où la reconquête du sol à l’abri de la grande dune du nord-ouest y eut multiplié le nombre des sites habités lors du recul des eaux qui a suivi la deuxième transgression dunkerquienne.
11Du coup, la relecture des sources écrites évoquant le nom de Walcheren permet de jeter un éclairage nouveau sur les découvertes archéologiques.
L’histoire de Walcheren-Domburg en perspective
12Alors qu’à Domburg et dans son immédiate proximité on n’a retrouvé aucune trace d’occupation et pratiquement pas de trouvailles isolées d’époque préromaine23, le site fut abondamment fréquenté pendant le Haut-Empire. L’existence de deux temples dédicacés à la déesse Nehalennia à Walcheren d’une part et à Colijnsplaat d’autre part, et la découverte ici et là de stèles votives offertes par des marchands de vin, de garum ou de sel24 confirmeraient les suggestion de la pédologie suivant lesquelles c’est entre Walcheren et Beveland que le principal bras de l’Escaut, constituant la frontière entre les provinces de la Belgica secunda et de la Germania inferior, rejoignait la mer du Nord25 et rencontrait ainsi la grande voie côtière qui assurait les liaisons entre le bassin rhéno-mosan et la Grande-Bretagne26. Dès les Ier-IIIe siècles, donc, le site de Walcheren paraît avoir constitué, pour qui venait d’un très vaste hinterland drainé par les vallées de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin, comme un ultime marchepied sur la route de la Grande-Bretagne.
13La réouverture d’une activité portuaire à la fin du VIe siècle – en totale discontinuité, donc, avec celle du Haut-Empire27 – fut liée aussi bien aux premiers frémissements d’une économie marchande sur les rivages des mers du Nord28 qu’aux conditions locales provoquées par le premier reflux des eaux après le paroxysme de la deuxième transgression. En l’absence de toute stratigraphie, il est difficile de dire si l’agglomération au plan étiré le long d’une unique rue date de l’origine même du nouvel emporium. Mais, quoique cet habitat n’ait en tout état de cause jamais été installé sur une dénivellation artificielle29, son dispositif rappelle celui des habitats sur buttes allongées – Handelsterpen ou Langwurten – des régions côtières de la Frise, ainsi que ceux, plus proches, de Staveren et surtout de Medemblik30. Je suis donc enclin à penser que, à Walcheren-Domburg comme à Medemblik, Staveren et autres lieux situés plus à l’est, ce sont les Frisons qui ont créé le nouvel établissement, lui donnant la même fonction que celle que le site avait eue à l’époque romaine : celui d’une tête de pont en direction de la Grande-Bretagne devenue l’Angleterre. Or, précisément, on a retrouvé de l’autre côté de la mer, exactement à Ipswich dans le Suffolk, les traces d’un établissement proto-urbain et commercial dont l’origine remonte également au début du VIIe siècle, et dont les poteries importées (relativement peu importantes dans un site qui allait devenir un des hauts-lieux de la production céramique de l’Angleterre du sud-est) consistent majoritairement en productions rhénanes, « flamandes » et mosanes31. On peut donc considérer, au moins à titre d’hypothèse, que l’emporium de Walcheren-Domburg apparut dès son origine comme un lieu de convergence des routes de la Frise, du Rhin, de la Meuse, de l’Escaut et de l’Angleterre, spécialement de l’East Anglia. Bientôt, avec l’émergence de nouveaux emporia d’une rive à l’autre de la mer du Nord (en particulier Dorestad ou Medemblik de ce côté-ci ; Lundenwich et les wiks du Kent de ce côté-là), Walcheren-Domburg ne serait plus qu’un maillon parmi d’autres dans le système des relations entre le sud-est britannique et le continent, maillon éventuellement soumis à la concurrence de ses nouveaux voisins, surtout de Dorestad32.
14S’il est impossible de savoir si le renouveau du site donna aussitôt lieu à la création d’un habitat permanent, il est certain que, dès le cours du VIIe siècle, il en acquit le caractère. Car la première occurrence écrite, passage de la Vita Willibrordi composée par Alcuin, dit que l’évêque des Frisons (c’était alors le titre porté par Willibrord, ce qui – si besoin en était – suffirait à montrer le caractère frison de Walcheren) vint dans la villa Walichrum, sans doute au début du VIIIe siècle, à l’occasion d’une campagne d’évangélisation. Qu’importe l’anecdote, qui donne à penser que quelque chose était encore debout du temple de Nehalennia, l’important est que le missionnaire anglo-saxon vint dans la villa pour y prêcher l’Évangile, et que la tradition transmise jusqu’à Alcuin près d’un siècle plus tard avait gardé le souvenir précis de son toponyme – ce qui suggère la notoriété du lieu. Notoriété sans doute due à l’importance et à la permanence de sa population, que tout démontre – dimensions du vicus découvert, abondance des déchets alimentaires, présence même sur le site de fusaïoles en terre cuite33, qui suggèrent l’existence d’une population féminine à laquelle fait écho l’allégation des Annales Xantenses suivant lesquelles les Vikings y firent en 837 beaucoup de captives. Notoriété due également à la prospérité de l’emporium, puisqu’on sait, toujours suivant les Annales Xantenses, que les mêmes Vikings y trouvèrent infinita pecunia, et où – toutes les Annales s’accordent à le dire – ils vendirent chèrement leur départ.
15Porte ouverte sur l’Angleterre, l’emporium prospéra : les conditions étaient réunies pour qu’on y trouvât un atelier monétaire, et, au moins à partir du moment où la conquête franque de la Frise cisrhénane – achevée vers 72034 – intégra définitivement Walcheren dans le dispositif administratif carolingien, une douane. Mais les sources numismatiques et documentaires semblent au premier regard muettes sur ce double plan. Est-ce à dire qu’on ne frappa jamais monnaie et qu’on ne perçut jamais de tonlieu à Walcheren-Domburg ? En réalité il a été récemment proposé, et avec de très bons arguments, qu’un type particulier de soi-disant sceattas, le « Continental runic type » (c’est-à-dire la Série D de Rigold, copie d’espèces anglaises frappées, il convient de le souligner, en East Anglia et dans le Kent) dont quelque 200 spécimens ont été retrouvés sur la plage de Domburg, y a été frappé dans les premières années du VIIIe siècle35 : voici qui confirmerait l’intimité des contacts noués entre l’emporium de Walcheren et le sudest britannique. Mais, curieusement, passée cette série, on ne voit plus que Walcheren-Domburg ait possédé un atelier de frappe permanent. Quant à une douane éventuelle, aucun texte n’en porte la trace explicite. Pourtant, on pourrait croire en lisant les Annales Fuldenses à l’année 837 que Walcheren avait son propre administrateur, puisqu’il y est question d’un certain Eggihard, comte de la dite place (eiusdem loci comes). Mais à partir du moment où Thegan donne à ce personnage le titre de dux, et où, de surcroît, il précise qu’il a été mis à mort par les Vikings aux côtés d’un autre dux christianissimus (Hemming, fils de Halfdan, Danois baptisé que Louis le Pieux utilisa contre les autres Danois36) et d’autres optimates de l’empereur, tout suggère que l’autorité de ce comte/duc et de ses compagnons était plus militaire que fiscale. Sans doute Eggihard était-il responsable de la défense du secteur, une défense qui, peut-être dès 836, reposait sur un système de places fortes qualifiées par Thegan de sedictiones37, et dont, si l’on juxtapose les données de l’Annaliste de Fulda et celles de Thegan, un élément paraît avoir été édifié à Walcheren même.
16En d’autres termes, les ducs, comtes et autres optimates évoqués dans les Annales Fuldenses ou dans la Vita Hludowici à propos de Walcheren n’ont rien à voir avec les procuratores ou ministeriales connus des textes qui sont les responsables des tonlieux de Quentovic et Dorestad38. Par contre, on doit relever que si, en 841, l’empereur Lothaire concéda Walcheren in beneficium au Danois Herioldus, si, peu avant 870, passé l’épisode viking, Lothaire II donna Walcheren et d’autres fiscs à l’évêque de Verdun, et si, en 972, Otton II intégra la provincia Walacra dans le douaire de l’impératrice Theophano, c’est que le site, ou plutôt (vu le peu qu’il devait en rester à la fin du IXe et au Xe siècle) l’île de Walcheren alors en pleine expansion, appartenaient au fisc. Telle ou telle portion avait pu en être concédée à une institution comme Saint-Bavon, dont on sait bien, grâce à Adriaan Verhulst, qu’elle avait acquis des pâturages en Zélande, en fait l’État carolingien ou ottonien garda longtemps la haute main sur Walcheren. Peut-être était-ce lié au fait qu’il en tirait, comme il est dit dans l’acte de 1005 pour Saint-Adalbert d’Aixla-Chapelle, decimam… in omni re que regalibus nunc usque subiacebat usibus – formulaire dans lequel C. Verkerk a reconnu la terminologie employée pour les revenus des douanes ou tonlieux évoqués dans l’inventaire – établi vers 930 ( ?) – des biens et revenus de la cathédrale d’Utrecht39. Ce qui pourrait laisser entendre qu’au début du XIe siècle encore, un tonlieu était perçu à Walcheren, à un moment où le site originel, celui de l’emporium protomédiéval, avait été noyé sous les sables. Il est donc étonnant qu’on n’en ait gardé aucune trace explicite dans la littérature des VIIIe -IXe siècles, au moment de l’apogée du site de la plage de Domburg, pas plus qu’on n’a gardé la trace d’un éventuel atelier monétaire, passé le début du VIIIe siècle. C’est peut-être parce qu’à ce moment-là la douane comme la monnaie de Walcheren avaient été subordonnées à celles de Dorestad. Car, si l’on s’autorise – comme tout nous y invite40 – à établir un parallèle entre Quentovic et Dorestad, qui occupaient, l’un au débouché maritime de la Neustrie, l’autre au débouché maritime de l’Austrasie, une position et une fonction en tout point comparables dans la deuxième moitié du VIIIe et dans le premier tiers du IXe siècle, on peut penser que, comme Quentovic pour laquelle on dispose de textes explicites41, les bureaux de Dorestad s’étaient vu attribuer par l’administration carolingienne l’autorité sur les douanes et sur les monnaies de leur sphère d’influence respective.
17Au point qu’on peut penser que c’est l’importance acquise par Dorestad, et sa présence multiple dans les sources écrites, qui a jeté dans l’ombre de l’histoire le port de Walcheren-Domburg, tout comme ceux de Witla, de Medemblik ou de tels autres sites qui ne sont connus que par une lapidaire mention dans les sources écrites, ou par la découverte archéologique. Comme tous ceux-ci, Walcheren est sans doute devenue, dans le programme de réorganisation administrative du regnum Francorum entrepris par Pépin le Bref et surtout par Charlemagne, une simple dépendance de Dorestad, le vicus famosus ou nominatissimus des sources du temps42.
18Seule l’intrusion des Vikings a été capable de faire sortir de l’ombre l’emporium de Walcheren – comme plusieurs des sites évoqués – dans le deuxième tiers du IXe siècle. Quatre ans après la violente attaque de 837, dont fut victime non pas le premier établissement, abandonné depuis les environs de 800, mais le second, Lothaire le donna donc en bénéfice au Danois Herioldus (suivant les Annales de Saint-Bertin), qu’on identifie avec le fameux Harald Klak, baptisé en 826 et connu par bien d’autres sources43. Agissant ainsi, l’empereur carolingien renouait avec la pratique romaine de l’intégration de contingents fédérés dans l’Empire. Il ne semble pas, si l’on se réfère aux découvertes de la plage, que l’occupation danoise fût traumatisante pour la population autochtone ; même, elle put contribuer à ranimer la fonction portuaire de Walcheren en élargissant ses horizons, en donnant une intensité nouvelle à la route de l’est (jusqu’à présent peu exploitée), et en alimentant son marché en ces joyaux de l’orfèvrerie scandinave qu’on a retrouvés, il y a encore très peu de temps, sur la plage de Domburg. Il est possible d’ailleurs que les formes d’un paganisme persistant ou que la pratique de mariages incestueux évoqués dans le dernier texte cité aient été revigorées par la cohabitation des autochtones avec les Scandinaves – car les comportements reprochés aux insulaires par le prêtre Odbert ne datent peut-être pas seulement du temps de l’évêque Frédéric44. Même, on peut se demander si ce n’est pas la cohabitation dans des sites comme Walcheren – ou d’ailleurs comme Dorestad qui, à son tour en 850, fut donnée en bénéfice au Danois Rorik, sans doute le neveu d’Harald Klak – qui détermina la participation de contingents frisons à l’attaque générale de l’Angleterre par les « grandes armées » danoises dans les années 860-87045. Peut-être les hommes de Walcheren, Danois et Frisons confondus, trouvèrent-ils dans l’aventure lointaine une compensation à l’irréversible déclin de leur port d’attache, dont l’ensablement devenait à la fin du IXe siècle dramatique46.
19Sans les découvertes fortuites de la plage de Domburg, on n’aurait guère eu la curiosité de s’intéresser à la Walcheren des sources écrites. Car si l’ensablement a été fatal à la première, l’ombre de Dorestad a été préjudiciable à la seconde. Du moins, avec les quelques épaves qui nous sont restées de l’une et de l’autre, a-t-on pu tenter de mettre en perspective l’éphémère destin d’un emporium protomédiéval qui, ultime tête de pont tournée vers le nord-ouest au débouché conjoint de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin, joua pendant deux ou trois siècles un rôle de premier plan dans les relations entre le continent et la Grande-Bretagne. Il surgit aux alentours de 600, sans véritable continuité par rapport à l’établissement romain qui l’avait précédé, et disparut aux alentours de 900, sans véritablement passer le relais au burgus nouvellement édifié à l’abri de la dune qui l’avait peu à peu enseveli. Mais si c’en fut fini, alors, de l’emporium de Walcheren, il n’en fut pas de même de l’île à laquelle il avait donné son nom, qui continua de se développer. D’abord grâce au drainage des argiles marines étalées à l’abri de la grande dune du nord-ouest, dont témoignent aussi bien les innombrables mansi du document de 972 que l’évocation des vertes prairies dans la Passion de l’évêque Frédéric écrite quelques dizaines d’années plus tard. Puis grâce à ces nouveaux pôles de fixation de l’habitat que devinrent les burchten, élévations circulaires bâties à la fin du IXe siècle qui, à Souburg, à Middelburg, et bien sûr à Domburg, réussirent là où les premières tentatives de Louis le Pieux s’étaient avérées infructueuses. Ensuite avec la première amorce d’un encadrement paroissial, absolument indispensable dans une île dont on a vu qu’elle était restée longtemps terre de mission47. Enfin avec la persistance d’une certaine activité maritime qui, si elle justifia la perpétuation de la levée des anciens tonlieux, était maintenant plus éclatée, et surtout relativement moins importante, puisque la fonction internationale de l’ancien emporium avait été entretemps relevée par des sites de la nouvelle génération portuaire – Bruges au premier chef, comme l’a judicieusement proposé Adriaan Verhulst48.
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10.1016/0304-4181(77)90019-7 :A. Verhulst 1986a : « Zur Entstehung der Städte in Nordwest-Europa », Forschungen zur Stadtgeschichte : Drei Vorträge, Gerda Henkel Vorlesung, Opladen, p. 25-53.
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10.1093/past/122.1.3 :A. Verhulst 1995 : « De Kustvlakte langs de Noordzee », chapitre 1 de Landschap en Landbouw in Middeleeuws Vlaanderen, Bruxelles (je remercie particulièrement Adriaan Verhulst de m’avoir donné son texte dactylographié) [Note additionnelle (2010) : l’ouvrage a paru sous ce titre, Bruxelles (Gemeentekrediet), 1995].
A. Verhulst et R. De Bock-doehaerd 1981 : « Nijverheid en Handel », Algemene Geschiediensis der Nederlanden, vol. 1, Middeleeuwen, Haarlem/Bussum, p. 183-215.
C. L. Verkerk 1988 : « Les tonlieux carolingiens et ottoniens aux Pays-Bas septentrionaux, aux bouches des grandes rivières », Tonlieux, foires et marchés avant 1300 en Lotharingie, actes des 4e Journées Lotharingiennes, Publications de la section historique de l’Institut grand-ducal de Luxembourg, 104, p. 159-180.
K. Wade 1988, « Ipswich », in R. Hodges et B. Hobley éd., op. cit., p. 93-10.
Notes de bas de page
1 Voir en particulier Verhulst et De Bock-Doehaerd 1981, p. 207-208 ; Verhulst 1986b, p. 196-197 ; Verhulst 1989, p. 20-21.
2 Voyez par exemple Braat 1954b, p. 222 ; Dhondt 1962, p. 233 ; Jankuhn 1974, p. 192 ; Sarfatij 1973, p. 369.
3 Dans une liste de biens de l’abbaye d’Echternach (v. 1200) et dans une charte du comte Floris de Hollande en faveur de la ville (1223). Voir par exemple Van Heeringen 1992, p. 63.
4 Voir en dernier lieu la contribution de l’archéologue Van Heeringen 1992.
5 Ainsi dans Verhulst 1986b, p. 197 ; ou Verhulst 1989, p. 21.
6 J’avais déjà insisté sur le rapprochement à faire entre la Domburg des archéologues et la Walcheren des occurrences écrites dans Lebecq 1983, vol. 1, p. 144. L’équation Walcheren = Domburg se retrouve aussi bien dans Verkerk 1988, p. 175 (note 54) que dans Van Heeringen 1992, p. 60.
7 L’histoire des découvertes et la chronologie approximative de l’occupation sont compilées dans M. De Man 1899 ; Braat 1954a et 1954b ; Roes 1954-1955 ; Jankuhn 1958, p. 464-472, et Jankuhn 1986, p. 25-27 ; Lebecq 1983, vol. 1., p. 142-144 ; Van Heeringen 1992, p. 59-63.
8 Il faut se reporter aux bilans annuels établis par les archéologues zélandais, par exemple Trimpe Burger 1970, ou Van Heeringen 1987, 1988a, 1989a, 1990a…
9 Découvertes faites en 1970-1971. Voir Trimpe Burger 1973, p. 139.
10 Voir Boersma 1967, en part. les p. 68-70 ; et les travaux cités ci-dessus note 7, principalement Jankuhn 1958, p. 464-465, et Jankuhn 1986, p. 25.
11 C’est Boersma 1967, p. 80, qui met en avant le facteur humain aux origines de l’abandon de Domburg et des autres sites zélandais à la fin du IIIe siècle. La plupart des auteurs, dont moi-même (Lebecq 1983, vol. 1, p. 142), continuons cependant de mettre en avant l’explication hydrologique ; voir Van der Feen 1952, ou, pour la côte flamande toute proche, Verhulst, à paraître.
12 Cf. Jankuhn 1986, p. 27.
13 Seul le matériel métallique a fait l’objet d’une publication systématique, sous la plume d’A. Roes d’abord (1954 et 1955), sous celle de T. Capelle ensuite (1976).
14 Voir De Man 1926 et 1936 ; Op den Velde et al. 1984 ; Jankuhn 1958 et 1986. Herbert Jankuhn avait accordé une grande attention aux monnaies de Domburg et publié des cartes de provenance des spécimens découverts sur la plage ; c’est l’étude d’Op den Velde et al. 1984 qui oblige à corriger à la hausse le nombre des soi-disant sceattas découverts à Domburg, à répartir l’origine de leur frappe entre la Frise et l’Angleterre, et à souligner l’importance des trouvailles de pièces frappées entre 725 et 760 (en part. p. 118, 124, 135, 140-141).
15 Braat 1954a et 1954b ; Jankuhn 1958 et 1986.
16 Roes 1954 et 1955, en part. 1955, p. 82-83 ; et Capelle 1976, en part. p. 42-43.
17 Van Heeringen 1990b.
18 Van Heeringen 1992, en part. p. 62.
19 On trouvera la plupart des textes narratifs cités avec toutes leurs références dans Dekker 1971 (notes des p. 45-59), et dans Lebecq 1983, vol. 2 (se reporter à l’Index, p. 459). Comme il est indiqué dans le texte, les sources diplomatiques ont été éditées par Koch 1970.
20 Voir Blok 1987, qui propose d’interpréter le toponyme comme une crête sableuse dans un milieu humide.
21 Liste, non exhaustive, des références dans Gysseling 1960, vol. 2, p. 1035.
22 Dorestadum cum aliis duabus villis (Annales Xantenses, a° 846) ; in Daventra villa (diplôme de Zwentibold de 896) : textes cités dans Lebecq 1983, vol. 2, p. 336 et 413.
23 Voyez Van Heeringen 1988b.
24 Boersma 1971.
25 Van Der Feen 1952 ; Trimpe Burger 1973, p. 138-140.
26 Jankuhn 1958, p. 465, cite l’ex-voto du marchand Marcus Secundinius Silvanus qui rend grâce à la déesse pour l’heureux voyage qu’il a effectué en Bretagne.
27 Adriaan Verhulst a beaucoup insisté, contre la tradition historiographique, sur la continuité entre Antiquité et Moyen Âge dans l’histoire de l’origine des villes flamandes (Verhulst 1977), puis plus généralement dans celle des villes des anciens Pays-Bas (Verhulst 1989). Mais, contrairement à ce qu’il écrit (1989, p. 14), je ne pense pas qu’il faille invoquer le passé romain du site pour expliquer l’apparition du nouvel emporium de Domburg : son « exceptional geographical position » (ibid., p. 14) est une explication largement suffisante.
28 Sur le redémarrage d’une économie commerciale dans le bassin des mers du Nord, voir Lebecq, à paraître.
29 Non seulement aucune élévation artificielle n’a été constatée de visu, mais encore on peut considérer que, s’il y en avait eu une, son laminage par l’érosion marine n’aurait en aucune manière permis de retrouver en place toutes les structures découvertes depuis le XVIIe siècle.
30 Voir Sarfatij 1973, p. 391-403 (Staveren) ; Besteman 1974 (Medemblik) ; ou, pour résumer, Sarfatij 1990, p. 184, et Sarfatij 1991, p. 73-74 et 78.
31 Voir Hodges 1982, p. 70-74 ; Wade 1988, p. 96 ; ou Hodges 1989, p. 97-101.
32 Je pense que, dans son interprétation des trouvailles de soi-disant sceattas faites respectivement à Domburg et à Dorestad (cf. Op den Velde et al. 1984), Hodges (1989, p. 72) conclut à tort que Domburg a éclipsé Dorestad dans le deuxième quart du VIIIe siècle).
33 Roes 1955, p. 82.
34 Sur l’histoire de la conquête franque de la Frise cisrhénane, voir Blok 1979, ou, pour aller vite, Lebecq 1983, vol. 1, p. 111-116.
35 Voir Op Den Velde et al. 1984, p. 136 ; ou Grierson et Blackburn 1986, p. 152-153 et 176.
36 Braat 1954b, p. 222.
37 Suivant la savante analyse du texte de Thegan par Blok 1979, p. 131.
38 Voir Lebecq 1991, p. 422-423
39 Verkerk 1988, p. 175-176 ; on trouvera dans Lebecq 1983, vol. 2, p. 377-379, de nombreux extraits de l’inventaire des biens de la cathédrale d’Utrecht.
40 Lebecq 1991.
41 Dhondt 1962 ; Lebecq 1991, p. 423-425 ; et Lebecq 1993, p. 79.
42 Lebecq 1983, vol. 1, p. 150 ; ou Lebecq 1991, p. 416.
43 Voir Roesdahl 1991 (à mon sens la meilleure synthèse actuelle sur les Vikings), p. 197.
44 Voir Roesdahl 1991, p. 200-201.
45 Voir Lebecq 1989, p. 54.
46 Suivant le relevé établi par Jankuhn (1958, p. 468), on n’avait retrouvé que 9 deniers de Pépin III, 12 de Charlemagne, 25 de Louis le Pieux, 5 de Lothaire, 3 de Charles le Chauve et 1 de Charles le Simple, roi de Francie occidentale en 898. Le même auteur confirma trente ans plus tard (1986, p. 27) qu’on n’avait retrouvé aucune monnaie du Xe siècle.
47 Voir la carte des plus anciennes églises de Zélande dressée par Dekker 1971, p. 339.
48 Verhulst 1977, p. 194.
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