Entre les invasions et le grand essor du XIe siècle : vrai ou faux départ de la croissance urbaine dans l’espace rhéno-mosan ?1
p. 109-122
Note de l’éditeur
Publié dans Les petites villes en Lotharingie, actes des 6e Journées Lotharingiennes, Luxembourg, Centre luxembourgeois d’études médiévales, 1992, p. 21-40.
Texte intégral
1« Disparition de la vie urbaine au VIIIe siècle » : tel est le titre de la première subdivision de l’important chapitre sur « Les Villes » qu’Henri Pirenne donna au tome VIII de L’Histoire du Moyen Âge de la collection Glotz, paru en 19332. Son lecteur aurait donc été autorisé à ne voir que provocation dans la tenue à Londres, en 1986, d’un colloque sur « the rebirth of Towns in the West (700-1050) »3 : c’est au moment précis où le vieux maître situait l’étiage absolu de la vie urbaine en Occident que les animateurs de la nouvelle école archéologique britannique voyaient les premiers signes d’un renouveau que Pirenne n’apercevait pas avant le XIe siècle. En fait les archéologues du Nord, qui ont à l’occasion clamé bien haut la dette contractée à l’égard du grand médiéviste belge4, ne pouvaient que voir les choses différemment – d’abord parce qu’ils étaient archéologues ; ensuite parce qu’ils étaient du Nord, ou plutôt parce que leur regard se portait davantage sur les rivages de la mer du Nord que sur ceux de la Méditerranée ; enfin parce que, à la convergence des deux derniers paramètres, ils ont pu bénéficier des progrès considérables de la recherche archéologique dans l’Europe septentrionale au cours des cinquante dernières années. En réalité, c’est plutôt dans le refus persistant de certains chercheurs de reconnaître le moindre signe de redémarrage de l’économie d’échanges et de renouveau de la croissance urbaine dans les premiers siècles du Moyen Âge que se situerait aujourd’hui la provocation5. Car ce que montrent les sources propres à l’espace nord-européen, en particulier rhéno-mosan, c’est la multiplication, au plus tard à partir du VIIe siècle, des signes d’un renouveau des échanges, d’une économie de marché, donc de la ville – dans des structures certes précaires dont certaines n’allaient pas résister aux bouleversements de la seconde moitié du IXe siècle et du début du Xe, mais qui allaient définitivement ancrer la basse Lotharingie dans l’espace économique et culturel nord-européen.
2C’est du moins ce que je voudrais essayer de montrer par les quelques remarques qui suivent, en m’inspirant des travaux d’auteurs ici présents, mais aussi de quelques absents dont l’ombre toute proche plane sur ce colloque. Si j’aurai toujours présent à l’esprit le questionnaire qu’ils ont mis au point, ou au moins qui les a guidés (continuité ou rupture de la topographie et du réseau urbain ? nature et importance des relations avec la campagne ? agents de mutation principalement exogènes ou endogènes ?), j’inscrirai ma démarche dans un plan qui se voudra plus chronologique que thématique.
Le legs de Rome et le relais ecclésial
3Rome a légué à la future Lotharingie un réseau urbain assez dense, principalement axé le long des voies d’eau, et consistant surtout – si l’on excepte les grosses bourgades ou vici – en civitates et en castella6. Dotées d’une fonction administrative mais aussi économique, les civitates étaient, sur le Rhin, Mayence et Cologne ; sur la Moselle, Toul, Metzet surtout Trèves, métropole de la Belgique Première et capitale d’Empire ; sur la Meuse, Verdun (récemment encore simple oppidum, et mué au IVe siècle en chef-lieu de cité), mais aussi, sise à une vingtaine de kilomètres à l’ouest du fleuve sur la voie Cologne-Boulogne, Tongres. Les castella ou castra, à vocation essentiellement militaire, mais non dépourvus, pour cette raison même, d’activités de transformation et de services, installés sur des points évidemment stratégiques et quelquefois dotés d’une véritable monumentalité, ce qui pouvait en faire – idée chère à Pirenne7 – les points d’ancrage d’une urbanisation à venir, étaient surtout nombreux le long du limes rhénan (Bingen, Boppard, Coblence, Andernach, Bonn, Neuss, Colonia Trajana – Xanten –, Noviomagus – Nimègue –, Levefanum, Fectio, Utrecht…), mais on en trouvait aussi à l’intérieur (Maastricht, Arlon, Sarrebourg, peutêtre Namur…). Il faut ajouter que l’enfermement des cités dans les murailles souvent étroites de la fin du IIIe et du IVe siècle, bien souvent au prix de la destruction d’une partie de leur parure monumentale, a contribué à les rapprocher morphologiquement des castella et castra. Ce n’était certes pas le cas de Trèves et de Cologne, dont les enceintes de haute époque contenaient respectivement 285 et 90 hectares8, ni même de Metz, dont la muraille de la fin du IIIe siècle contenait 72 hectares, mais il est frappant de voir que, murées, les cités de Verdun (11 hectares) et de Toul (6 hectares) étaient plus petites que le castrum de Sarrebourg (14 hectares)9.
4Dans les siècles de transition (IVe -VIe siècles), la présence d’une autorité civile a pu contribuer à entretenir une certaine animation de la vie urbaine, au moins dans les plus grandes cités, qui gardèrent parfois la fonction de sedes regiae : le praetorium de Cologne, superbe bâtiment installé au bord du Rhin, abrita plusieurs générations de rois des Francs rhénans, avant Clovis d’une part et sa victoire sur Sigebert le boiteux, sous Thierry et ses successeurs ensuite, comme l’illustre la découverte de tombes princières du temps de Théodebert Ier sous la première cathédrale10 ; et Metz, « la belle, l’étincelante » comme dit avec emphase le poète Fortunat, devint au cours du VIe siècle la capitale des rois francs de l’Est : Childebert put y organiser en 555 des jeux à l’antique ; et le mariage de Sigebert et de Brunehaut put y être célébré en 56611. Mais ce que donnent plutôt à connaître les sources, c’est la préférence de plus en plus marquée des princes, et de leurs représentants dans les cités – les comtes –, pour des résidences rurales. À leur palais messin (peut-être la « Maison carrée » d’origine romaine que montrent encore des gravures du XVIIe siècle), les rois préférèrent leur villa de Lauriacum (Lorry)12 : et le comte de Trèves quitta au VIIe siècle les murs de la cité pour aller résider dans le modeste castrum de Bittburg, le Stadtcomes se muant en Landcomes13.
5C’est que – et le cas de Trèves, bien connu grâce à Eugen Ewig, le montre bien –, c’est l’évêque qui, désormais, assure dans les cités la permanence de la vie urbaine : plus d’évêque, plus de cité, comme le montre l’histoire de Tongres aux Ve -VIe siècles14. C’est l’évêque en effet qui assure l’entretien des bâtiments (comme Nicetius de Trèves, célébré par Fortunat), et la survie des pauvres (une Armenmatrikel est encore connue à Trèves aux VIIe -VIIIe siècles)15. C’est l’évêque qu’on voit construire intra muros le chantier du groupe cathédral, et c’est lui qui, bien souvent, crée ou, au moins, préside aux destinées des basiliques suburbaines élevées sur le tombeau de ses prédécesseurs, comme Aper de Toul ou Agericus de Verdun au cours du VIe siècle16. Certaines de ces basiliques, originellement gérées par des collèges de clercs (fratres) parfois appelés moines et parfois dirigés par des abbés, allaient devenir au cours du VIIe siècle de véritables monastères, donnant naissance à ces nouveaux faubourgs que l’archéologie aide à reconnaître, par exemple autour de Saint-Arnoul (originellement les Saints-Apôtres) ou de Saint-Symphorien de Metz17. Il apparaît clairement que dans la Cologne du VIIe siècle les principaux foyers de vie désertent la cité murée (où, à part la Hohe- et la Breitestrasse, anciens cardo et decumanus, la vieille voirie est peu à peu abandonnée), pour se fixer autour des grands établissements suburbains de Saint-Séverin, de Saint-Géréon, de Saint-Pantaléon ou de Sainte-Ursule18.
6Quant aux castella, si certains végétèrent ou même périclitèrent, d’autres bénéficièrent, eux aussi, de la présence de l’Église, qui sut même parfois assurer leur promotion. Il est vrai qu’il y avait de nombreux chrétiens dans les armées romaines, et que très tôt des églises s’élevèrent à l’ombre de leurs murs. Certains castella furent même promus au rang d’évêchés : ainsi Utrecht qui, dotée d’une ecclesiola in castro par Dagobert vers 630, devint en 695 le siège du nouvel évêché des Frisons19. Ainsi surtout Maastricht, où les évêques de Tongres s’installèrent vers la fin du Ve ou au début du VIe siècle, et où, fait significatif des temps nouveaux, ce n’est pas la cathédrale Notre-Dame située in castello qui devint le principal pôle d’attraction et de développement de la ville, mais bien plutôt l’église suburbaine de Saint-Servais20. Le cas n’est pas isolé : ce furent souvent les églises « subcastrales » qui assurèrent le renouveau des anciens sites castraux : à Xanten (l’église connue plus tard sous le nom de Saint-Victor), à Neuss (Sanctus Quirinus), à Bonn surtout (où l’église suburbaine des saints Cassius et Florentius située, suivant un texte de 691, sub oppido castro Bonna, éclipsa la « Dietkirche » sise intra muros)…, presque partout l’on voit l’église cimétériale devenir le foyer du nouveau dynamisme, et à terme parfois le noyau de la ville médiévale21.
7Par cette remarquable inversion qui voulut que la cité des morts devînt la cité des vivants, c’est autour de ces églises, bientôt muées en monastères puissants et richement dotés, que se concentra l’essentiel de l’activité culturelle et économique. C’est désormais le suburbium qui, plus que la ville murée, attira à lui la population, la production, l’échange. Ainsi à Metz, c’est entre la muraille et la Seille, tout près de son confluent avec la Moselle, que se développa entre le VIe et le VIIIe siècle le grand marché du sel22.
Du VIIe au IXe siècle, les formes du renouveau
8Entre la fin du VIe siècle et la première moitié du IXe, on voit dans l’espace rhéno-mosan une multiplication des signes du renouveau urbain. On pourra distinguer par commodité trois principaux types de structures nouvelles, correspondant plus ou moins à trois principaux foyers géographiques. Le premier type, surtout répandu dans le vaste bassin rhénan, est celui des agglomérations développées autour des palais royaux d’époque carolingienne23. Outre Aix, exemple connu depuis longtemps, et Paderborn, exemple révélé par les fouilles récentes, situés l’un et l’autre à l’écart du grand axe fluvial, on trouve, dans la vallée même, Ingelheim, Duisburg et Nimègue. Partout le palais, généralement installé à proximité de structures préexistantes – comme celui de Nimègue bâti par Charlemagne dans le fort romain de Valkhof24 – a appelé à lui les hommes, l’habitat et les activités de transformation et de service. Rien ne le montre mieux que les fouilles de Duisburg, qui ont révélé de nombreuses structures de bois remontant au IXe siècle et une grande quantité de tessons de céramique dite de Badorf25.
9Un autre type de structure nouvelle est le portus ou le vicus développé au bord d’un fleuve – le Rhin par exemple, mais surtout la Meuse, où le cas a été particulièrement bien étudié. Ici, plusieurs localités émergent dans le courant du VIIe siècle, jamais totalement ex nihilo, parfois à proximité d’un castrum le plus souvent oublié par les textes. C’est généralement la numismatique qui signale le véritable « décollage » du lieu : entre le cours du VIIe siècle et le début du VIIIe, on connaît successivement sept monétaires différents à Dinant, cinq à Namur, douze à Huy (c’est-à-dire autant qu’à Maastricht, dont l’histoire fut, on l’a vu, différente)26. Des textes postérieurs – souvent du IXe siècle – enregistrent sur ces sites l’existence de sedilia, c’est-à-dire de parcelles loties qui suggèrent une planification du développement urbain27. L’archéologie permet parfois de reconnaître les formes de cet habitat ; surtout, elle permet d’identifier certaines formes d’activités artisanales : ainsi à Huy et dans le quartier de Batta qui lui fait face sur l’autre rive du fleuve, ont été repérés parmi des traces d’occupation consistant en fonds de cabanes, en fondations de huttes et en fosses à détritus, des fours de potiers, des restes d’activités métallurgiques et spécialement d’orfèvrerie, et des ateliers de travail de l’os et du bois de cervidés28. Certains de ces sites, Dinant et Huy en l’occurrence, étaient dotés d’un tonlieu au plus tard en 744, ce qui achève de montrer leur importance économique29.
10Le troisième type de structure nouvelle est constitué par les wiks, ces ports qu’on considérera comme ports de mer, même s’ils étaient souvent situés loin de la côte, comme Dorestad, le plus fameux d’entre eux, situé à la tête du grand delta du Rhin. Qualifié par les textes des VIIIe -IXe siècles de portus, d’emporium ou surtout de vicus (d’où provient sans doute la forme germanisée en wik), Dorestad apparaît aux environs de 690 comme castrum, mais l’archéologie y a révélé l’existence d’un grand complexe portuaire à partir de 675, et la numismatique prouve que des monétaires venus de Maastricht y ont frappé des trientes d’or dès avant le milieu du siècle30. Ainsi est-il clair que le plus grand port du Septentrion carolingien – siège en tout cas de sa principale douane et de son atelier monétaire le plus prolifique – est apparu dans le courant du VIIe siècle. C’est le moment – un peu avant, un peu après – où ont connu leur premier développement les autres ports du grand delta, tantôt connus par les textes, comme Witla sur l’île de Voorne, tantôt connus par la fouille, comme Medemblik au débouché de l’Aelmere dans la Vlie, tantôt connus par les deux à la fois, comme le Domburg des archéologues qui correspond au Walcheren de la tradition écrite31. La comparaison avec Quentovic donne à penser qu’au moment de l’apogée de Dorestad (soit vers 750-850), celui-ci commandait économiquement et institutionnellement, par ses procuratores, ministeriales et autres monétaires, les autres ports du grand delta32.
11L’existence d’un castrum à Dorestad – sans doute le Levefanum de la table de Peutinger –, la proximité des ruines du temple de Nehalennia à Walcheren… tout cela montre que les sites des nouveaux ports étaient connus de longue date. Mais convient-il de parler de continuité ? Cela me paraît superfétatoire, et même tout à fait abusif. À Walcheren, du fait sans doute d’un grand raz-de-marée, on ne voit plus de trace de vie entre la fin du IIIe siècle et la fin du VI33 ; à Dorestad, les traces – indubitables – d’occupation des époques romaine tardive et « mérovingienne » sont insignifiantes par rapport à celles de la période 675-85034. C’est dans un long VIIe siècle que se produisit le décollage de ces ports, à une époque où ils étaient sous dominium frison, et où, grâce à ces mêmes Frisons, mais aussi aux Anglo-Saxons et aux Vieux-Saxons, a commencé de se développer une très importante ligne de navigation entre les îles Britanniques et la Scandinavie en passant par les côtes continentales de la mer du Nord35. Que le développement de Walcheren ait précédé de quelques décennies celui de Dorestad montre qu’au départ cet axe d’échanges suivait tangentiellement la côte sans vraiment concerner l’arrière-pays. Mais l’orientation du grand delta a tôt fait de connecter les bassins de la Meuse et du Rhin sur la voie maritime et sur son animation, surtout à partir du moment où, grâce aux efforts successifs de Pépin II et de Charles Martel, toute cette zone fut enfin intégrée dans le royaume franc36 : ses élites désormais voulurent tirer parti de l’existence de la voie maritime ; on comprend qu’à terme (vers 825-830), les Vosges et l’Alsace aient eu à se plaindre, par l’entremise d’un poème très rhétorique d’Ermold le Noir, de ce que les Frisons et « autres peuples marins » vinssent les dépouiller, en échange de beaux draps et autres marchandises, de leur blé, de leur vin et de leurs arbres37. La spécificité des poutres et planches de bois retrouvées dans les fouilles de Dorestad38, dont l’essentiel provenait de l’arrière-pays rhénan, suffit à montrer la justesse du discours d’Ermold.
12Georges Despy a cependant mis en garde les historiens contre la tentation d’attribuer le développement économique et urbain de l’hinterland au seul éveil de la grande voie maritime et aux mouvements des bateaux frisons. Il n’a pas tort : assurément les nouvelles villes mosanes furent plus des marchés régionaux que des étapes de batellerie39. Il n’empêche qu’on peut se demander si l’ouverture de la mer du Nord et de ses marchés – patente au VIIe siècle – n’a pas agi comme un électrochoc sur les économies de l’arrière-pays. De même qu’on a vu les monétaires de Maastricht aller frapper (sinon s’y installer définitivement) des deniers à Dorestad dès que cela leur fut possible, on doit savoir qu’ont été retrouvés côte à côte sur la plage de Domburg de nombreux trientes frappés dans l’ensemble des bassins rhénomosans et un nombre considérable de pseudo-sceattas d’origine anglo-saxonne40. Surtout, les sources relatives à l’axe rhéno-mosellan montrent l’installation des Frisons, parfois sous forme de véritables colonies marchandes, partout où s’offrait à eux une réelle opportunité : à Worms, grand marché du vin ; à Mayence, grand marché du blé dont le cours était connu par l’Annaliste de Fulda en 850 ; à Duisburg, aux portes du palais royal ; à Trèves, où un marchand frison s’est mis au VIIIe siècle au service de l’église suburbaine de Saint-Maximin41 ; à Cologne, cœur d’une région grosse productrice de verrerie, de céramique et de métallurgie, où le quartier frison paraît (cette fois on rentre dans le domaine de l’hypothèse fondée sur l’étude de la microtoponymie urbaine) s’être développé non sur les bords du fleuve, mais à l’ombre de l’église, elle aussi suburbaine, de Saint-Géréon42. Les deux derniers exemples suggèrent que les agents extérieurs, animateurs du commerce septentrional, ont pu contribuer au développement des suburbia, nés avant tout de la création et de la prospérité des églises périphériques – de même qu’ils ont pu contribuer à la réanimation des vieux castella du limes : en effet, si les pierres à meules de Niedermendig ou les belles cruches noires dites de Tating, mais en fait de Mayen, sont parvenues aussi nombreuses en Grand-Bretagne et en Scandinavie, c’est que des structures portuaires et marchandes s’étaient développées à Coblence et à Andernach43.
13Ainsi le développement des wiks côtiers et celui des suburbia, portus ou bourgs castraux de l’arrière-pays furent-ils complémentaires. Les marchés et les marchands du Nord ont assurément stimulé les activités de production de l’arrière-pays, et la concentration de ses productions dans des marchés régionaux ou locaux44.
Le temps des reclassements (fin IXe – Xe siècle)
14Il n’empêche que les wiks du grand delta sont morts dans la seconde moitié du IXe siècle, tandis que la plupart des portus de l’intérieur, et donc des villes – avec leurs structures nouvelles ou héritées – auxquelles ils étaient accrochés, ont tenu bon. Pourquoi ? Bien sûr les wiks ont souffert – Dorestad surtout – de l’acharnement des Vikings45. Mais les villes de l’intérieur aussi, quand ce ne fut pas des Hongrois – cités dans l’espace lotharingien en 917, 919, 926, 937 et 95446. En fait, l’occupation durable de certains wiks par les Scandinaves – attestée à Dorestad grâce aux sources écrites, et à Walcheren grâce aux découvertes archéologiques47 – a plutôt contribué à les couper de leur arrière-pays, auquel n’étaient plus réservés que les raids prédateurs, et à les connecter sur une mer du Nord devenue vers 900 une mer scandinave. Surtout ce sont les phénomènes hydrologiques propres au grand delta qui ont modifié les conditions de développement des anciens wiks : si les marchands de Dorestad, chassés par l’ultime raid viking de 863, ne revinrent pas, ou guère, c’est que le processus d’ensablement du port était déjà largement entamé48. Dorestad, comme la plupart des wiks, était suivant le mot de Jan Dhondt une « ville-champignon », toute de bois (sauf une piscine baptismale !), comme posée sur le pays et sans enracinement véritable49, malgré la présence – sans doute ruinée depuis longtemps – du castrum romain, et l’élévation récente d’une ou deux églises50. C’est désormais ailleurs – dans des lieux situés plus en amont, ou en tout cas mieux protégés – que s’est déplacée l’activité économique et administrative de Dorestad : un temps peut-être à Meinerswijk, plus durablement à Tiel et Deventer, qui héritèrent, au plus tard en 896, des attributions fiscales de la villa quondam Dorsteti nunc autem Wic nominata, comme dit un diplôme de 94851.
15Tiel et Deventer allaient durer, et l’on sait fermement que les marchands de la première seraient présents sur le marché londonien dès les premières années du XIe siècle52. Tout comme ceux de telle autre ville qui a connu son premier développement entre la fin du VIIIe siècle et le milieu du IXe – Liège en l’occurrence, au départ simple villa dans laquelle l’évêque de Tongres/Maastricht Lambert fut assassiné vers 700, où fut bientôt élevée une basilique mémoriale et où fut enfin transféré, sans doute dans la seconde moitié du VIIIe siècle, le siège épiscopal. Le lieu, d’abord qualifié de vicus publicus, avait en 858 un aspect résolument urbain, avec ses murs et ses maisons de pierre. On y trouvait du vin de Worms en 960, et ses marchands aussi allaient être présents sur le marché londonien au tout début du XIe siècle. Apparemment la jeune cité, qui avait attiré en 881 la rapacité des Normands, avait su se relever53.
16Visé, entre Liège et Maastricht, apparut dans la seconde moitié du IXe siècle : un pont sur la Meuse, puis un atelier monétaire prolifique, puis le siège d’un tonlieu, enfin celui d’une foire annuelle – explicitement citée en 983 –, où s’échangeaient des produits de la métallurgie, des vêtements, des animaux, les uns venus par bateau, les autres par la route54. La nature des produits échangés, les moyens de transport utilisés suggèrent l’existence d’une économie d’échanges à deux niveaux : marché local et commerce à longue distance. C’est bien la même chose que montrent les sources du Xe siècle relatives à de vieux sites mosans que l’insécurité de la fin du IXe siècle n’a pas empêché de prospérer : Maastricht, où il est question en 987 – et sûrement bien plus tôt – d’un tonlieu perçu tam in navibus et ponte quam foro ; ou Dinant qui, s’il apparaît parfois comme statio navium, était capable de tenir ses nundinae (ou foires) vers 950, même quand la Meuse était bloquée par les glaces55.
17Partout donc où il (ré)apparaît, le grand commerce mosan semble associé à des marchés à vocation locale ou régionale. C’est que, si les échanges à vaste rayon d’action ont pu être perturbés par le climat d’insécurité entretenu par les raids vikings ou hongrois, le commerce local n’a jamais disparu. C’est lui qui, dès le VIIe siècle, a permis la concentration dans les grands marchés mosans, mais aussi rhénans et mosellans, d’une production agricole et artisanale d’origine rurale, qu’un essor démographique jamais démenti dans cette vaste région depuis les environs de 600 n’a pu que stimuler56, et que le renouveau des échanges maritimes a mise à la disposition des peuples riverains de la mer du Nord qui en étaient demandeurs.
18On comprend du même coup la prolifération des marchés intermédiaires, que, me rappelant que vicinus vient de vicus, je suis tenté d’appeler vicinaux, et qui, si certains peuvent remonter aux VIIe -VIIIe siècles, voire même à une date antérieure, nous sont surtout connus par des textes des IXe -Xe siècles. Ainsi les archives de Prüm nous apprennent-elles que l’abbaye fut autorisée à en créer à Rommersheim et à Münstereifel (tous deux dans l’Eifel) au cours de la seconde moitié du IXe siècle57. Ainsi entrevoit-on, grâce à Georges Despy, les conditions de la fondation des marchés de Saint-Hubert (avant 850), de Bastogne (avant 887), et de Fosses (en 974)58. Ainsi Chantal Zoller et Jean-Pierre Devroey viennent-ils de nous expliquer comment « si l’existence d’un marché n’est pas attestée à Lobbes ou à Thuin [aux alentours de 868-869], il y eut bien circulation, mouvement, échange, en un mot animation autour d’un point focal vers lequel convergeaient par le réseau des chemins ruraux, les paysans venus prier, flâner, faire moudre ou brasser, échanger peut-être… »59. Car ces marchés ruraux, à l’instar des anciens vici ou autres portus, ont de préférence été installés à l’ombre des murs protecteurs de la puissance initiatrice, monastère par exemple (comme à Saint-Hubert ou à Lobbes), ou encore château – comme à Luxembourg après 960-963, à moins que, si l’on suit l’hypothèse qui vient d’être judicieusement formulée par Michel Margue et Michel Pauly, le marché, indispensable à la bonne organisation domaniale des propriétés de Saint-Maximin de Trèves dans le bassin de l’Alzette, y précédât l’érection du castellum quod dicitur Lucilinburhuc60.
19Car il y eut partout depuis le VIIe siècle des échanges à horizon local ou régional, sans lesquels on n’expliquerait pas la concentration et l’acheminement des productions rurales jusqu’aux grands marchés interrégionaux et internationaux qui se sont développés ici et là, en particulier sur les rives des grands fleuves. La fermeture de la route de mer à la fin du IXe siècle n’a fait mourir ni les marchés locaux, ni même les grands marchés. Mayence, Cologne, Trèves, Maastricht et quelques autres, toujours accrochés à leurs murailles et à leurs équipements administratifs et religieux, ont continué de fonctionner comme marchés régionaux, ne fût-ce que pour assurer l’approvisionnement de leur propre population, et parfois comme marchés internationaux : à lire le témoignage d’Ibrahim b. Yaqub, on a même l’impression que Mayence n’a jamais été aussi prospère qu’en 965 !61 Or que voit-on, dès qu’au tournant du Xe et du XIe siècle revient la paix de la mer, et avec elle la réouverture de la route du Nord ? D’une part, les marchands de Tiel et de Liège dont on a déjà parlé, mais aussi ceux de Huy et de Nivelles, et plus généralement les homines imperatoris, occupés à commercer sur le marché de Londres62. D’autre part, la diffusion dans l’ensemble de la Scandinavie et bientôt de la Baltique la plus orientale, des monnaies de Cologne, de Deventer, de Trèves, de Coblence, d’Andernach, de Verdun, de Toul, de Metz… ou encore d’Echternach63.
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20Ainsi on voit aux alentours de l’an mil les vieilles cités héritées de l’Antiquité aussi bien que les villes nées de la nouvelle expansion du VIIe siècle renouer les liens que, par l’intermédiaire des peuples marins et des wiks de la mer du Nord et du grand delta, elles avaient tissés avec les marchés d’un lointain Septentrion, et qu’avait distendus la thalassocratie scandinave. Cela revient à dire que, dès les VIIe -VIIIe siècles, les vastes bassins du Rhin et de la Meuse étaient déjà dotés du réseau urbain et des horizons économiques qui allaient les caractériser au temps de l’apogée médiéval. Aux villes héritées de Rome ces siècles avaient déjà ajouté le chapelet des villes nouvelles qui, sur la Meuse en particulier, allaient donner autant de chefs-lieux de principautés. Et leur population marchande s’était déjà faite l’intermédiaire entre les riches campagnes environnantes et les plus lointains marchés de consommation. Bien sûr, ce premier décollage n’a pas grand chose à voir avec celui du XIe siècle : l’archéologie montre un urbanisme rudimentaire, fait le plus souvent de structures de bois relativement discordantes par rapport aux murailles héritées et aux édifices religieux ; la population citadine paraît bien souvent encore bridée par les dépendances seigneuriales ; et les bateaux qui fréquentaient les eaux portuaires étaient rarement capables d’emporter plus de vingt tonnes de fret. Mais les perturbations et l’insécurité de la fin du IXe siècle et du début du Xe, si elles ont contribué (mais contribué seulement) à la disparition des wiks les moins enracinés dans leur environnement, elles n’ont fait ailleurs que différer une expansion à laquelle la première impulsion avait été donnée dès les environs de 600 grâce à la convergence de deux phénomènes : le renouveau démographique et économique du bassin rhéno-mosan, et le début de l’exploitation de la grande voie maritime du Nord.
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Il faudrait des centaines de pages pour rassembler la bibliographie exhaustive de la question esquissée ici, dans laquelle les publications récentes, informées par l’archéologie, la numismatique, la topographie urbaine, mais aussi la relecture critique des vieux textes, sont en train de prendre le pas sur celles, considérables en qualité autant qu’en quantité, laissées par les vieux maîtres, depuis Pirenne, Rousseau, Vercauteren, Ganshof, jusqu’à Planitz, Petri, Schlesinger, Ennen… On ne trouvera cidessous que la bibliographie utile, c’est-à-dire celle qui a été effectivement consultée, ou à laquelle des renvois ont été donnés en notes. On trouvera dans les travaux cités les prolongements bibliographiques nécessaires : par exemple, en mentionnant Verwers 1988 et Van Es 1990, je me suis cru autorisé à ne pas citer les autres travaux, indispensables à toute étude approfondie, de ces deux auteurs sur Dorestad.
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Notes de bas de page
1 Je tiens à remercier pour leur invitation à Luxembourg Michel Margue et Michel Pauly ; pour sa contribution matérielle, Jean-Claude Hocquet, directeur de l’URA 1252 du CNRS ; et pour ses conseils aussi amicaux que judicieux, Alains Dierkens.
2 Cf. la réédition dans Pirenne 1963.
3 Hodges et Hobley 1988.
4 Par exemple Hodges et Whitehouse 1983.
5 Cf. la position limite de R. Fossier 1979.
6 Par exemple Ennen 1975 ; Mertens 1990 ; Vercauteren 1934.
7 Thèses de Pirenne commodément résumées par A. Verhulst 1989.
8 Pour Trèves, voir Ewig 1954 ; pour Cologne, voir par exemple Borger-Seiler-Meier-Arendt 1977, ou Doppelfeld 1970 et 1973.
9 Voir Delestre 1988, p. 33 ; ou Parisse 1990, p. 33-34.
10 Doppelfeld 1960 et 1963.
11 D’après Grégoire de Tours. Cf. Delestre 1988 ou Parisse 1990.
12 Delestre 1988, p. 40.
13 Ewig 1954 ; Claude 1964.
14 Mertens 1990, p. 71-74.
15 Ewig 1954.
16 Delestre 1988, p. 36-37, et Gauthier 1980.
17 Delestre 1988 ; Parisse 1990.
18 Borger-Seiler-Meier-Arendt 1977.
19 Van Winter 1972 ; Lebecq 1978. [Note additionnelle (2010) : il n’est pas sûr, en fait que le siège épiscopal de l’évêché des Frisons ait été d’emblée fixé à Utrecht : voir Marco Mostert, « Les moines à Utrecht au temps de Willibrord », dans Jean Heuclin et al. éd., Les Moines dans la ville, Lille 1996, p. 33-46].
20 Panhuysen 1990.
21 Ennen 1975, p. 39.
22 Delestre 1988, p. 39-40.
23 Brühl 1958 ; Janssen 1988, p. 47 et 50.
24 Sarfatij 1990, p. 184.
25 Krause 1983 et 1985.
26 Despy 1968 : Devroey et Zoller 1991.
27 Verhulst et De Bock-Doehaerd 1981, p. 202 ; Verhulst 1986a, p. 190-191.
28 Dierkens 1990, p. 401-402.
29 Despy 1968 ; Devroey et Zoller 1991, p. 238 et 240.
30 Lebecq 1983 ; Van Es 1990, p. 166 ; pour la monnaie, voir en dernier lieu Pol 1989, p. 44 ; Pol 1990, p. 85-92.
31 Lebecq 1983, t. 1, p. 144.
32 Lebecq 1991.
33 Jankuhn 1958 ; Lebecq 1983, t. 1, p. 142-144.
34 Van Es 1990 ; Verwers 1988.
35 Hodges 1978 ; Lebecq 1983.
36 Lebecq 1978 ; Blok 1979.
37 Lebecq 1983, t. 2, p. 26-28.
38 Van Es 1990 ; Verwers 1988.
39 Despy 1968.
40 Jankuhn 1958 ; Jankuhn 1986, p. 34-35 ; Lebecq 1983, t. 1, p. 142-144.
41 Lebecq 1983, t. 1.
42 Lebecq 1983, t. l, p. 39-41 ; Doppelfeld 1973.
43 Lebecq 1983, t. 1 ; Jankuhn 1986.
44 Devroey 1985.
45 Lebecq 1983, t. 1, en part. p. 273.
46 Récapitulation dans Margue et Pauly 1987, p. 15.
47 Lebecq 1983, t. 1.
48 Van Es, 1990.
49 Dhondt 1962.
50 Van Es 1990 ; Verwers 1988.
51 Lebecq 1983, t. 2, p. 416.
52 Grâce à Alpert de Metz : Lebecq 1983, t. 2, p. 285.
53 Kupper l990.
54 Despy l968.
55 Despy 1968 ; Devroey et Zoller 1991.
56 Despy 1968 ; Devroey 1985.
57 Devroey 1979.
58 Despy 1968.
59 Devroey et Zoller 1991, p. 259.
60 Margue et Pauly 1987, en particulier p. 72-78.
61 Lebecq 1983, t. 2, p. 220.
62 Lebecq 1983, t. 2, p. 442-444.
63 Lebecq 1983, t. 1, p. 68-73 ; ou Weiller 1988.
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