Le rôle des monastères dans les systèmes de production et d’échanges du monde franc entre le VIIe et le début du IXe siècle
p. 47-71
Note de l’éditeur
Publié en anglais dans The Long Eighth century. Production, Distribution and Demand, éd. Inge Lyse Hansen et Chris Wickham, Leiden-Boston-Köln, Brill, 2000, p. 121-148.
Texte intégral
1Dans l’histoire monastique des royaumes francs, le VIIIe siècle fait un peu pâle figure : c’est au VIIe siècle que se sont multipliées, en grande partie sous l’impulsion de Colomban et de ses disciples, les fondations monastiques et les transformations d’églises anciennes en monastères, et c’est au IXe siècle que s’imposeraient, sous l’autorité de Benoît d’Aniane, la réforme et l’uniformisation bénédictines.
2Il en va à peu près de même pour la documentation et sa contribution à l’histoire économique du mouvement monastique : c’est le VIIe siècle qui nous a laissé le plus grand nombre de chartes de fondation ou de donations foncières, et c’est au IXe siècle qu’ont été élaborés ces documents normatifs ou normalisés que furent les Statuta d’Adalhard de Corbie ou le plan dit de Saint-Gall, et que furent rédigés les premiers grands polyptyques, reflets du souci d’une gestion plus rationnelle des temporels en accord avec la réforme entreprise.
3Heureusement, quelques fonds d’archives, quelques cartulaires, ou encore quelques Gesta abbatum ou chroniques monastiques bien informés comblent en partie ce hiatus documentaire, en particulier en ce qui concerne la Gaule du Nord : c’est le cas du fonds de Saint-Denis, particulièrement riche en documents originaux du VIIIe siècle, mais aussi de ceux de Saint-Germain-des-Prés, de Fontenelle, de Corbie et de quelques autres1 : c’est assurément grâce à eux qu’on peut esquisser une histoire économique du mouvement monastique dans le monde franc du VIIIe siècle, même s’il paraît impossible de faire l’économie de la documentation qui se multiplie au début du IXe siècle.
4Il est clair d’autre part, si l’on veut apprécier sous l’angle économique la constitution des patrimoines monastiques, que s’impose un retour en arrière dans les sources du VIIe siècle. D’emblée, il apparaît que, dans la majeure partie des cas, le désert revendiqué par le mouvement monastique est un désert plus intérieur qu’extérieur.
Les patrimoines monastiques : un désert plus intérieur qu’extérieur
5Si l’on se place au tournant du VIIe et du VIIIe siècle, on peut dire que le paysage monastique de la Gaule franque procède d’une triple origine ou d’un triple cheminement2.
Il y a d’abord les plus anciennes fondations (IVe -VIe siècles), de traditions très différentes les unes des autres (martinienne, cassianite, lérinienne…)3.
Il y a ensuite les fondations du VIIe siècle, dont la plupart se situent dans le sillage ou au moins dans l’influence du mouvement colombanien. Colomban, ses disciples et ses arrière-disciples ont en effet multiplié les créations : on a pu estimer qu’aux VIIe -VIIIe siècles le nombre des monastères était passé dans l’ensemble des royaumes francs, certes alors en perpétuelle dilatation, d’environ 215 à près de 6504. Suivant l’exemple de Luxeuil, les monastères colombaniens ont troqué dès le milieu du VIIe siècle le modèle irlandais pour un modèle « mixte », qui, s’il a été longtemps considéré comme iro-bénédictin ou iro-franc, cache en réalité un ralliement presque total au modèle bénédictin5.
Enfin, il convient de faire une place singulière aux anciennes basiliques, le plus souvent funéraires et presque toujours suburbaines, qui, jusqu’alors régies par des collèges de clercs sous la houlette plus ou moins proche des évêques, ont presque toutes adopté, en ce même VIIe siècle, le mode de vie monastique, généralement dans sa forme bénédictine. L’exemple le mieux étudié est peut-être celui de la basilique de Saint-Denis, fondée par sainte Geneviève à la fin du Ve siècle et transformée en abbaye vers 6556.
Le compromis économique et/ou environnemental
6Comme on le sait, la vocation monastique implique par définition une rupture radicale d’avec le monde, qui devrait en principe signifier le choix d’implantations « au désert », et par voie de conséquence la nécessité pour les moines de travailler de leurs propres mains. De fait, si la pratique irlandaise, en particulier à l’ouest de l’île, montre un certain penchant à installer les monastères à l’écart des espaces les plus humanisés7, la tradition bénédictine insiste sur ce que le chapitre 48 de la Regula appelle en son titre même « le travail manuel de chaque jour » (de opera manuum cotidiana).
7Or il n’est pas sans intérêt de relire ce chapitre.
8« (Ch. 48.1). L’oisiveté (otiositas) est l’ennemie de l’âme. Les frères doivent donc s’occuper à certains moments au travail des mains (labore manuum)… (Ch. 48.7) Mais si la nécessité ou la pauvreté du lieu (necessitas loci aut paupertas) exigent que les frères s’emploient eux-mêmes à faire les récoltes (ad fruges recolligendas), qu’ils ne s’en affligent pas, (Ch. 48.8) car c’est alors qu’ils sont vraiment moines (tunc vere monachi sunt), s’ils vivent du travail de leurs mains (labore manuum suarum), comme nos pères et les apôtres (sicut et patres nostri et apostoli). (Ch. 48.9) Que tout, cependant, soit fait avec juste mesure, à cause des faibles »8.
9Ainsi, s’il apparaît clairement que pour saint Benoît, le vrai moine est celui qui vit du travail de ses mains et qui assure lui-même la récolte des fruits de la terre, tout moine peut, si les conditions locales le lui permettent, échapper aux plus lourds travaux des champs, c’est-à-dire, si on lit entre les lignes, vivre du travail d’autrui : par où l’on voit que le compromis économique, qui intègre le monastère dans l’économie et la société de son temps, est aussi consubstantiel au monachisme bénédictin que le refus du monde. Le désert des textes (desertum, ou solitudo ou encore vasta) est avant tout un désert intérieur9 ; on peut dire en exagérant à peine qu’il est plus métaphorique que réel.
10On le voit bien dès qu’on étudie les sites d’implantations monastiques, à commencer, naturellement, par ceux qui résultent de la transformation institutionnelle des basiliques suburbaines : proches des cités, ils s’inscrivent d’emblée dans un tissu de peuplement plus ou moins dense, ils côtoient un marché urbain qui peut avoir gardé une certaine activité, et ils bénéficient du système de communications terrestre ou fluvial qui, depuis l’Antiquité, dessert chaque caput civitatis. L’exemple vient de loin, puisque l’un des plus anciens monastères de Gaule est celui qui a été créé vers 416 sur la tombe du martyr Victor dans le suburbium le plus immédiat de Marseille, alors le port le plus important de la Gaule méditerranéenne10. Il a été suivi par ces autres basiliques funéraires qui ont été transformées en monastères : Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Denis, les Saints-Apôtres de Paris (devenu Sainte-Geneviève), Sainte Croix-Saint-Vincent de Paris (devenu Saint-Germain-des-Prés), Saint-Médard de Soissons, Saint-Vaast d’Arras, Saint-Maximin de Trèves, Saint-Géréon de Cologne et tant d’autres…, tous et toutes installés à l’ombre d’importantes cités.
Les fondations des VIIe -VIIIe siècles entre saltus et ager
11Quant aux fondations des VIIe -VIIIe siècles, souvent dues à l’initiative de la famille royale ou de palatins proches d’elle, elles étaient souvent assises sur une portion de fisc, parfois considérable. Certes, il se pouvait que l’objet principal de la donation s’inscrivît dans le saltus, et consistât encore majoritairement en espaces sauvages : c’était le cas, sans doute, de l’île atlantique de Heriou où Philibert, soucieux de trouver « la solitude du désert », fonda vers 675-677 le monastère de Noirmoutier11. C’était le cas, sûrement, du fisc que Sigebert III donna vers 648 à Remacle in foreste nostra nuncupante Arduinna pour qu’il y fondât le monastère double de Stavelot-Malmédy. Ici l’enquête palynologique la plus récente fait écho à l’emploi du mot forestis (qui signifiait alors une réserve royale normalement inculte) et confirme la sauvagerie du lieu, puisqu’y dominaient dans la première moitié du VIIe siècle l’arbre, le buisson, la bruyère, la fougère12.
12Mais chacun sait qu’il faut se méfier de la rhétorique des actes et surtout du discours hagiographique, qui tend toujours à accentuer le caractère désolé des implantations : ainsi le lenta palus Elnoni évoqué par Jonas de Bobbio, dans lequel Amand fonda peu avant 639 le monastère d’Elnone-Saint-Amand, était selon toute vraisemblance un domaine fiscal de près de 10 000 hectares, obtenu grâce à une gratification de Dagobert et déjà largement occupé13 ; ainsi, même dans la Germanie profonde alors en voie d’intégration dans le monde franc, l’horrendum desertum dans lequel, suivant son biographe Eigil, Sturm fonda en 743 l’abbaye de Fulda correspondait-il à un domaine fiscal dont le centre de gravité était occupé par un complexe monumental mérovingien calqué sur le modèle d’une villa romaine14.
13En effet presque tous ces fiscs étaient déjà dotés de centres de gestion, d’équipements, et surtout d’hommes voués à leur exploitation. Le domaine fiscal de Solignac, qui fut donné par Dagobert à Eloi en 632 pour qu’y fût fondé un monastère, comportait déjà des aedificia, des adiacentia, des servi, et des acolani15. L’abbaye de Corbie reçut dès sa fondation en 659 par la reine Bathilde et son fils Clotaire III le fisc et la villa du même nom, ainsi que plusieurs villae des environs, cum adiacentias [sic] vel appendiciis suis, soit au total quelque 20 000 hectares : le tout fut offert au monastère cum terris, domibus, mancipiis, edificiis, vineis, silvis, pratis, pascuis, farinariis… Même si cette liste ressemble à celle d’un formulaire tout fait, il apparaît qu’on a affaire ici à une région densément peuplée, où peut-être même subsistaient des traces de centuriation romaine16.
Monastères et communications
14Suivant l’acte de fondation de Corbie, l’une des villae offertes aux moines, celle de Templum Martis (Talmas, dans le pagus d’Amiens), dont le toponyme même suffit à suggérer la présence d’un fanum antique, était longée par une via publica, une voie romaine donc, sans doute celle qui allait d’Amiens à Arras17. C’est que les nécessités de la communication avec le monde extérieur jouaient un rôle souvent essentiel dans les stratégies de fondation, au point que le monastère qui aurait été vraiment fondé au désert, par exemple au fin-fond d’une forestis, devait obligatoirement être raccordé au système de communication régional. C’est ainsi qu’on peut expliquer l’origine d’une chaussée qui longeait sur sa bordure orientale le domaine monastique de Stavelot-Malmédy, et qui permettait de le relier aux villes proches de Trèves au Sud et de Maastricht au Nord. Des fouilles et des analyses récentes ont en effet montré que cette route, dont les caractères (tracé, adaptation à la topographie locale, matériaux) étaient d’une qualité telle qu’elle avait été longtemps considérée comme romaine, remontait en réalité au très haut Moyen Âge, peut-être aux environs de 70018.
15Mais le raccordement des sites monastiques au monde extérieur se faisait aussi par la voie d’eau : c’est d’ailleurs souvent en bateau que les fondateurs – surtout s’ils s’inscrivaient dans la tradition colombanienne – étaient arrivés sur le site où ils choisirent finalement de s’installer, comme, suivant la tradition, Amand à Elnone et à Gand19. D’ailleurs de nombreux monastères ont été fondés au bord de la mer, au fond d’estuaires, ou sur les basses rivières qui s’y jetaient : sans parler des monastères brittoniques, aux origines souvent obscures, créés sur les côtes ou au fond des rias armoricaines – de Alet-Saint-Malo à Saint-Gildas de Rhuys, en passant par Landévennec et les îles du Trieux autour de Bréhat20 –, on peut citer Centula-Saint-Riquier (fondé vers 625) près de l’estuaire de la Somme, Saint-Pierre et Saint-Bavon de Gand (fondés respectivement aux environs de 630-639, et peu avant 676) au confluent de l’Escaut et de la Lys, Fontenelle-Saint-Wandrille (649) et Jumièges (654) sur la basse vallée de la Seine, Saint-Bertin (vers 650) au fond du golfe de l’Aa, Heriou-Noirmoutier (vers 660) sur une île de l’Atlantique, et tant d’autres encore…21.
16Ce n’est pas seulement parce que ces milieux humides et éventuellement répulsifs encourageaient l’ascèse qu’ils ont été choisis par les fondateurs. C’est aussi parce que la voie d’eau leur offrait des opportunités de développement. C’est en tout cas ce que revendiquent les auteurs des Gesta de Fontenelle et de la Vita Filiberti à propos des abbayes – presque jumelles et installées à quelques kilomètres l’une de l’autre – de Fontenelle et de Jumièges :
17« De l’Est surgit le plus grand des fleuves, égal au Geon [une des rivières du Paradis, cf. Genèse II 13], la Seine, fameuse par le trafic de ses navires, excellente par l’abondance de ses poissons, et seulement distante de 800 pas du monastère… »22.
18« Voie pour les vaisseaux, commodité d’échanges pour beaucoup (…), [la Seine] fournit des poissons marins de 50 pieds de long, qui complètent la nourriture [des frères] et servent à chasser les ténèbres, car le liquide qu’ils contiennent nourrit de son huile le feu de la lampe (…). La largesse royale et la générosité des fidèles donnèrent [à Philibert] beaucoup d’argent (…). Il pouvait envoyer ses moines outre-mer avec des navires chargés de marchandises… »23.
19Si l’on en croit les moines rédacteurs d’un récit des origines avant tout destiné à exalter l’héroïsme des fondateurs, les monastères étaient donc voués à développer leur prospérité. Ils avaient un patrimoine foncier qui, dès leur fondation, était le plus souvent doté d’équipements et exploité par des paysans – souvent, mais pas toujours, esclaves – qui faisaient partie intégrante de la donation initiale. Et ils étaient déjà raccordés – ou allaient l’être sans tarder – au monde extérieur grâce à une voirie terrestre, fluviale ou maritime qui devait leur permettre non seulement d’accomplir leur mission évangélisatrice, mais aussi de s’ouvrir au marché économique.
Les monastères comme centres économiques
20On vient de voir que, dès l’acte fondateur de 659, de nombreuses villae et plusieurs farinaria ou moulins avaient été donnés au monastère de Corbie. À une échelle plus réduite, c’est ce qui s’est passé à Faremoutiers, dans la Brie, quand Burgundofara eut légué par testament en 633 au monastère qu’elle venait d’y fonder « l’ensemble des biens qu’elle possédait dans le siècle », c’est-à-dire ses parts de villae à Champeaux, à Chelles, à Augers-en-Brie et dans le suburbium de Meaux – chaque fois cum terris, domibus, vineis, silvis, pratis, pascuis, aquis et mancipiis – ainsi que deux farinaria situés sur les rivières Marne et Aubetin24. Dans les deux cas, on entrevoit comment, dès leur fondation, les monastères ont pu devenir des centres économiques :
un domaine composé de plusieurs centres d’exploitation, dont les donations à venir allaient souvent multiplier le caractère éclaté, et qui allait faire du monastère lui-même un centre de gestion relié à ses différentes composantes par l’incessant mouvement des hommes et des biens ;
un domaine riche de ces équipements (par exemple, dans les cas cités plus haut, les farinaria ou moulins) qui allaient faire du monastère lui-même ou de certaines de ses dépendances des lieux de transformation des productions agricoles.
Constellations domaniales
21À première vue, les constellations domaniales de chaque établissement paraissent le produit du hasard des donations : c’est surtout vrai dans le cas des monastères issus des basiliques funéraires, dont le temporel a souvent été enrichi par les oblations de pèlerins venus d’horizons géographiques lointains et divers. Mais en fait nombre de donations ont selon toute évidence été provoquées, de façon à doter l’institution de sites à aptitudes particulières (pâturages, espaces forestiers riches en bois ou en minerais…), de productions originales (vin, sel, poisson…), ou encore de connexions sur les grands systèmes de communications.
22Sans revenir sur le souci des monastères du nord de la Gaule franque de rechercher des vignobles dans les zones de production plus méridionales, qui a fait l’objet, il y a déjà bien longtemps, d’une enquête devenue classique25, penchons-nous sur les raisons et les modalités de l’implantation des grandes abbayes dans les régions littorales. Qu’elles fussent situées dans le milieu côtier, ou à l’écart des rivages marins, ou encore dans un plus lointain hinterland, toutes, ou presque, éprouvèrent le désir d’acquérir du bien au bord de la mer :
soit des prés-salés favorables à l’élevage extensif : ainsi Saint-Bavon dans les îles de Zélande26 ;
soit des secteurs littoraux propices à la récolte du sel, que ce fût par combustion artificielle ainsi Jumièges à Honfleur, Fontenelle dans le Talou27, ou Lorsch en Zélande, qui y acquit en 776 des culinas ad sal faciendam28 ; ou par évaporation – ainsi Saint-Denis dans les baies de Guérande et de Bourgneuf, d’après des documents contenus dans les tardifs Gesta Dagoberti29.
soit encore des piscationes, indispensables pour le ravitaillement de la table monastique – ainsi Elnone en Flandre maritime, Ferrières dans la basse vallée de la Canche, Jumièges et Fontenelle dans les domaines littoraux évoqués ci-dessus30 ; ou, plus précisément, des lieux d’embarquement favorables à la chasse aux mammifères marins, qui étaient très recherchés pour leur chair, pour leurs os, et surtout pour leur graisse – ainsi Noirmoutier ou Jumièges sur les eaux voisines du monastère, Saint-Vaast sur les côtes du Pas-de-Calais, ou Saint-Denis dans le Cotentin31. Partout, si l’on se réfère à un exemple contenu dans les Miracula sancti Vedasti rédigés à Arras au IXe siècle32, elles disposaient des infrastructures, des hommes et des embarcations nécessaires.
23En effet, ce n’étaient pas seulement les conditions naturelles favorables, mais aussi la présence d’équipements et d’une main d’œuvre qualifiée qui déterminaient la spécialisation économique de tel ou tel domaine monastique. Ainsi sait-on grâce à l’acte constitutif de la mense conventuelle de Saint-Denis (22 janvier 832) que certaines de ses villae, dont celles de Villiersle-Sec et Baillet-en-France, devaient fournir le monastère en vêtements de toutes sortes. Or les fouilles récentes qui ont été effectuées dans ces villages ont montré, grâce à la découverte d’un matériel abondant (forces, peignes, fusaïoles, poinçons, aiguilles, broches, pierres à affûter, pierres à carder, lissoirs…), que de nombreuses cabanes du type Grubenhäuser ou sunken huts y abritaient la production de fils et de tissus, autant de laine que de lin – ce qui montre à quel point les données des textes peuvent être prises au sérieux33.
24Il est un fait très intéressant à noter dès à présent : quand, après que Boniface, martyrisé en Frise, eut été inhumé à Fulda, dans le bassin de la haute Weser, en 754, et que Liudger, de naissance frisonne, l’eut été à Werden, sur la Ruhr, en 809, ces monastères furent gratifiés d’importantes aumônes mémoriales par de pieux Frisons. Or seules quelques-unes parmi ces aumônes consistèrent en unités foncières, dont la superficie était toujours exprimée en nombre de têtes de bétail susceptibles d’y paître – ainsi, comme on le lit dans les archives de Fulda, des pascua XIIII pecorum (« des prés à quatorze moutons ») ou des terrae X boum (« terres à dix bœufs »). Car, comme la propriété privée de la terre était très peu répandue dans les contrées littorales de l’ancienne Frise, où le pré-salé était le plus souvent propriété collective des communautés villageoises, la plupart des aumônes consistèrent en rentes annuelles exprimées en une certaine quantité de draps34.
25Quoi qu’il en fût, il convient de faire une distinction dans le domaine monastique entre :
d’une part le noyau foncier constitué autour des bâtiments conventuels, formé par la donation initiale, mais souvent enrichi par la donation de terres mitoyennes ou proches ; usuellement, ce noyau qui, dans la mesure du possible, gardait un important espace boisé, était livré à la polyculture, du moins dans les limites autorisées par les conditions naturelles ; et c’est là que se trouvaient en tout cas les vergers et jardins spécialisés dans la production de plantes rares, par exemple potagères ou médicinales, qui devaient permettre aux moines d’accomplir leur mission d’assistance charitable et hospitalière, et qu’on voit représentés sur le fameux plan de Saint-Gall35.
d’autre part, des domaines dispersés au loin suivant le hasard des donations ou le choix délibéré des acquisitions, souvent organisés en villae dirigées par un moine, parfois dotés d’une église qui allait devenir le centre des futures paroisses, et pouvant présenter la même structure polycole que le centre monastique lui-même ; mais une certaine spécialisation (textile, métallurgique…) leur était éventuellement demandée, suivant leurs aptitudes naturelles ou humaines propres ; et dans certains cas – par exemple terres à vignoble sur les coteaux les mieux exposés ou exploitations salines en bord de mer –, leur vocation même était de ravitailler le monastère en un type de produit particulier36.
Monastères et grands équipements domaniaux
26Ainsi, il apparaît que, loin des centres monastiques comme en leur cœur même, toute une main d’œuvre travaillait pour transformer les produits du sol à l’avantage des abbayes, souvent à l’aide de ces équipements sophistiqués qu’on a aperçus en cours de route et dans lesquels seuls les plus grands producteurs avaient la capacité d’investir37 : fours à sel dans les contrées les plus septentrionales où l’ensoleillement était insuffisant pour développer l’exploitation de marais salants, métiers à filer et à tisser peut-être confiés à ces genicia dont parle le capitulaire De Villis, qui put offrir un modèle de gestion aux monastères38, mais encore forges (les fouilles ont ainsi montré la spécialisation métallurgique du village san-dyonisien de Belloy-en-France), et surtout, plus universellement répandus, moulins, pressoirs et brasseries.
27Les quelques molendina, ou plutôt (puisque ce mot tend à l’emporter dans les sources du très haut Moyen Âge) les quelques farinaria attestés au VIIe siècle ont indiscutablement été multipliés dans les domaines monastiques au cours du long VIIIe siècle : toutes les vallées de Neustrie en ont alors été équipées, parfois au prix de travaux considérables, incluant des détournements de cours d’eau et des constructions sous l’eau (de fabrica in aqua, comme disent certains manuscrits du VIIIe siècle). La prouesse technique était telle parfois qu’on a pu se demander si les moines n’avaient pas utilisé les œuvres de Vitruve, dont on sait en tout cas qu’elles étaient recopiées dans les scriptoria de Corbie et de Saint-Médard de Soissons39. Aussi ne s’étonne-t-on pas qu’au début du IXe siècle Corbie possédait au moins quinze moulins40, Fontenelle trente-neuf41, Saint-Germain-des-Prés quatre-vingt-quatre42, et que, plus tard dans le siècle, les abbayes austrasiennes de Wissembourg, Montier-en-Der et Prüm en posséderaient respectivement douze, dix-huit et quarante-cinq43. D’ailleurs le polyptyque d’Irminon insiste tellement sur la vétusté de certains d’entre eux qu’on est en droit de penser que leur construction remontait au cœur du VIIIe siècle.
28Dans les régions viticoles, il y avait de plus en plus de pressoirs (torcularia), qui commençaient de substituer l’usage du pressurage mécanique à l’antique pratique du foulage à pieds. Ici encore, le capitulaire De Villis se fait, à l’extrême fin du VIIIe siècle, l’écho de cette progressive substitution : « Que les torcularia de nos villae soient en bon état ; et que nos intendants veillent à ce que notre vendange ne soit pas foulée avec les pieds, mais que tout soit fait proprement et convenablement »44. Les polyptyques du début du IXe siècle suggèrent que certaines grandes institutions monastiques, même septentrionales, avaient suivi, et peut-être même anticipé, l’exemple royal : ainsi les villae que Saint-Remi de Reims avait acquises à Aigny, Muizon, Petit-Fleury et Aubilly possédaient-elles chacune son propre pressoir dès les années 810-82045. Et le fait que, d’après l’acte constitutif de la mense conventuelle de 832, des carpentarii étaient réquisitionnés par l’abbaye de Saint-Denis à l’occasion des vendanges (vindemiae) permet de se demander si elle ne les utilisait pas pour la construction ou la réparation de ses pressoirs46.
29Plus typiques des contrées septentrionales, cependant, seraient les brasseries (cambae ou cammae), auxquelles les statuts d’Adalhard de Corbie accordent une attention spéciale, puisqu’ils consacrent tout un chapitre de cambis quoque et bracibus (« aux brasseries et aux malts »)47. Mais les quelques mentions recueillies à travers les grands polyptyques et inventaires du IXe siècle – à Saint-Germain-des-Prés, à Saint-Bertin, à Saint-Remi de Reims (deux mentions), à Montier-en-Der (sept mentions), à Lobbes, à Prüm, à Lorsch, à Fulda –, qui, toutes, suggèrent l’association étroite des brasseries et des moulins, ne permettent pas d’affirmer que les premières y étaient installées depuis longtemps48.
30Toujours est-il que ces grands équipements, qui avaient été mis en place à l’ombre des monastères eux-mêmes – y compris lorsque ceux-ci ne constituaient pas de véritables centres domaniaux49 –, ainsi que dans les plus importantes de leurs villae ou curtes, allaient devenir non seulement des centres de transformation de biens ouverts sur le marché, mais aussi ce que Pierre Toubert a appelé des « points stratégiques du prélèvement seigneurial »50, lieux de convergence obligés des populations paysannes dépendantes et points d’ancrage de la tutelle économique exercée sur eux par les grandes abbayes.
Logistique des transports et concentration de l’activité économique dans les centres monastiques
31Des services de transport allaient être requis de ces mêmes populations paysannes pour assurer les connexions non seulement entre les foyers de production et les centres de transformation de la matière brute, mais aussi entre les domaines excentriques et les centres monastiques. En effet, la grande entreprise de rentabilisation engagée par les abbés avec les encouragements de l’autorité carolingienne en vint à leur imposer un système de charges de transport de plus en plus rigoureux51. Plus que les textes gestionnaires comme les Statuta d’Adalhard de Corbie, ce sont les grands polyptyques qui nous informent sur le caractère et la périodicité des réquisitions de service – celui de Prüm en particulier, avec ses scarae (transports de tous ordres), ses angariae (charrois) et ses navigia (transports fluviaux)52, et surtout, plus intéressant pour nous du fait de sa date précoce, celui de Saint-Germaindes-Prés.
32Ici, suivant le polyptyque d’Irminon53, toutes sortes d’angariae et de carropera (mot à mot : services de charroi) étaient exigés des tenanciers. Mais, parmi ces services, de nombreuses distinctions étaient faites en fonction du produit transporté (vinericia, charrois de vin), de la date de la contrainte (magisca, en mai, spécialement pour le transport des voliges nécessaires à la viticulture), de la destination (wichariae, en direction du Wich, à savoir le port de Quentovic), voire des variations du mode de transport (portatura à l’aide de parafredi ou palefrois, pour les transports légers à cheval, ou encore navigia pour les transports par bateau effectués depuis la villa que l’abbaye possédait supra mare, sans doute à Quillebeuf sur l’estuaire de la Seine)54.
33Pour les trajets à longue distance, en particulier ceux qui acheminaient les productions des domaines excentriques ou en tout cas acquises sur les marchés lointains, les monastères obtenaient du pouvoir royal des facilités qui allaient de la possibilité d’utiliser la logistique des transports publics à toutes les formes d’exemption de tonlieux. C’était le cas des moines de Corbie, qui se virent, en 716 encore, confirmer par Chilpéric II le droit d’affréter gratuitement (absque dispendio monasterii) entre le cellier fiscal de Fos-sur-Mer, près de Marseille, et le monastère lui-même quinze chars qu’ils trouveraient pro loca consuetudinaria, dans les gîtes d’étapes habituels55 ; c’était aussi celui des moines de Saint-Denis, qui obtinrent de Thierry III en 680-688 une exemption de tonlieu dans l’ensemble des royaumes francs pour leurs transports tam carrale quam navigale56, ou de ceux de Saint-Germain-des-Prés, qui obtinrent de Charlemagne en 779 que leurs negociantes fussent dispensés du paiement de tout tonlieu nec de saumas nec de carrigine neque de navigio (« que ce fût sur leurs bêtes de somme, sur leurs charrois, ou sur leurs navires »)57.
34Le résultat de cette activité de transports fut que les centres monastiques devinrent les lieux de concentration d’une quantité énorme de produits. Or, à ceux qui provenaient de leurs propres réserves ou encore du prélèvement seigneurial sur les exploitations paysannes dépendantes, s’ajoutait le revenu des rentes qui leur avaient été accordées. Celles-ci pouvaient être d’origine privée, comme les pallia de Frise donnés à Fulda ou Werden dont il a été question plus haut58, mais elles pouvaient aussi être d’origine publique, comme les rentes offertes en 691-716 à Saint-Denis ou en 716 à Corbie sur les douanes de Marseille ou de Fos-sur-Mer59, ou comme le produit de certains tonlieux concédés à titre saisonnier – ainsi à Saint-Denis à l’occasion des foires annuelles60 –, ou à titre définitif – ainsi le revenu de tonlieux sauniers de la basse Loire offerts par Sigebert III à Stavelot-Malmédy vers 652-65361. Bientôt d’ailleurs s’ajouterait à ces multiples rentes le produit des dîmes dont la législation carolingienne du VIIIe siècle, celle en particulier de Pépin III en 765 et de Charlemagne en 779, entendit imposer le paiement à tous les sujets de leur royaume, et qui allaient être très profitables aux promoteurs de l’évangélisation des campagnes que furent les monastères62.
35Ces produits pouvaient avoir fait l’objet d’une transformation sur le lieu de production. Dans le cas contraire, c’est dans le centre monastique, ou dans ses immédiats parages, qu’ils étaient traités si besoin était, car c’est là que se trouvait normalement la plus forte concentration de grands équipements et de main d’œuvre spécialisée. C’est du moins ce que suggèrent des documents aussi normatifs et/ou normalisés que le plan dit de Saint-Gall, expression idéale (composée vers 825) d’un monastère inspiré par la réforme de Benoît d’Aniane et les décisions du concile d’Aix-la-Chapelle de 816, et les pièces justificatives du Chronicon Centulense ou Chronique de Centula/Saint-Riquier d’Hariulf, notamment l’Institutio de diversitate officiorum que l’abbé Angilbert écrivit pour cette abbaye dont Charlemagne avait voulu faire le laboratoire de sa réforme monastique. Le plan de Saint-Gall place en effet à proximité de l’église abbatiale des moulins, des brasseries, des boulangeries, des pressoirs, des tonnelleries, des forges, des tanneries, des cordonneries…63, tandis que les documents de Saint-Riquier révèlent la présence, dans le bourg monastique qui s’est développé autour de l’abbaye picarde, de plusieurs quartiers d’artisans, incluant des forgerons, des foulons, des peaussiers, des cordonniers ou encore des boulangers64.
Cités et monastères dans le monde franc

36L’exemple de Saint-Riquier, où un recensement de 831 dénombrait quelque 2 500 maisons et quelque 7 000 habitants ( !), montre comment les monastères, même relativement isolés, ont pu devenir, grâce à leurs nombreuses activités périphériques, les noyaux d’agglomérations nouvelles. Les cas des villes de Gand et de Saint-Omer, situées aux deux extrémités de la plaine flamande, sont tout aussi remarquables, car elles doivent l’origine de leur développement urbain à la juxtaposition de deux églises monastiques fondées au VIIe siècle – Saint-Bavon et Saint-Pierre-au-Mont-Blandin à Gand ; Sithiu/Saint-Bertin et Notre-Dame à Saint-Omer. Si les deux premières furent dès l’origine deux institutions séparées, les deux dernières appartinrent d’abord à l’institution bertinienne, jusqu’à ce que l’application de la réforme monastique et canoniale du IXe siècle provoquât leur séparation65.
Les monastères dans le grand circuit économique
37Dans tous les cas, la masse de productions ainsi accumulées et éventuellement transformées dans les centres monastiques était bien trop considérable pour n’être destinée qu’au seul usage des communautés et à la satisfaction de leurs obligations sociales66. Il n’y a par conséquent aucun doute qu’une part importante de ce produit était vouée au marché : d’ailleurs, il se trouvait au IXe siècle un forum, c’est-à-dire un marché, dans le bourg de Saint-Riquier ; Sithiu/Saint-Bertin obtint le sien en 873 ; et il est vraisemblable que le portus Ganda, signalé vers 865 au pied même de l’abbaye de Saint-Bavon, ne consistait pas seulement en un débarcadère, mais aussi en une agglomération marchande67.
38Ces trois exemples sont ceux de monastères situés sur la frange septentrionale, presque maritime, du monde franc. Qu’ils aient disposé de ports ou de marchés n’est guère étonnant, car ce sont les mers du Nord qui, dans le courant du VIIe siècle, sont devenues les principaux vecteurs des grands échanges. Et c’est vers elles que, dès le VIIIe siècle, l’économie monastique de la Gaule et de la Germanie allait se tourner pour trouver marchés et débouchés.
Marchés et foires monastiques
39L’histoire de l’origine des marchés monastiques médiévaux n’en est qu’à ses balbutiements68. Il n’est pas inutile de rappeler que les Carolingiens revendiquèrent le monopole régalien de la création des marchés, et que par conséquent seule une concession royale pouvait permettre à une abbaye d’en ouvrir un. On sait cependant que, dès le VIIIe siècle, Saint-Denis fut autorisée à équiper de marchés ruraux certaines de ses villae, à commencer par Faverolles et Néron, dans la Beauce du côté de Maintenon, dont un diplôme de 774 – de trois ans postérieur à la date de leur acquisition – dit explicitement qu’elles étaient dotées de mercata ouverts à ceux qui viendraient pour y commercer (sive mercandi gratia convenientibus)69. Mais il faudrait attendre le IXe siècle pour voir d’autres créations de marchés sur les domaines san-dyonisiens, en particulier à Cormeilles-en-Vexin, Pontoise, Saclas (près d’Etampes), Chaourse (près de Laon), et même Esslingen (près de Stuttgart)70.
40En dehors de Saint-Denis, nous sommes très mal documentés pour les plus hautes époques : le faux diplôme de 786 qui attribue à Saint-Germain-des-Prés un marché à Marolles-sur-Seine (près de Montereau) plaide seulement pour la date de fabrication du faux, soit le milieu du IXe siècle71 ; et les concessions par le roi de ce que les historiens allemands appellent Markturkunden, c’est-à-dire des diplômes concédant le droit de marché, nombreux dans la Germanie transrhénane, mais exceptionnels à l’ouest du Rhin (ainsi sur les domaines que Prüm possédait à Romersheim et Münstereifel), ne se sont vraiment multipliés que dans la seconde moitié du IXe siècle72.
41Ce qui est sûr cependant, c’est que le développement de ces marchés ruraux, lieux médians entre les cellules de production et les marchés urbains, a permis aux paysans disposant de surplus ou de produits spécifiques d’accéder à un marché rémunérateur, et d’acquérir du numéraire en retour. Celui-ci, qui était indispensable pour se procurer les produits rares, fit son apparition dans les grands polyptyques du IXe siècle, de façon encore parcimonieuse au début du siècle – par exemple dans celui de Saint-Germain-des-Prés, où le maire de Palaiseau devait à l’abbaye, parmi d’autres redevances exprimées en nature, quatre deniers pour le droit d’usage du bois73 –, mais de manière beaucoup plus systématique à la fin du siècle – par exemple dans le polyptyque de Prüm, où les tenanciers libres de Villance devaient à l’abbaye entre quatorze et dix-sept denarii74. En même temps, le développement des marchés ruraux permit aux institutions monastiques de diffuser non seulement les productions ensilées dans leurs greniers, celliers et autres ateliers, mais aussi ces monnaies dont le droit de frappe leur était concédé en même temps que le droit de marché75.
42On cerne mieux l’existence des grandes foires monastiques, saisonnières ou annuelles. Certaines pouvaient être des foires très anciennes, à l’origine éventuellement gallo-romaine, dont le contrôle a été octroyé tardivement à un monastère : ainsi la foire du 1er août à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, concédée en 775 à l’abbaye de Flavigny, distante de deux kilomètres76. D’autres avaient une origine vraisemblablement récente, comme, quoi qu’on en ait dit77, les foires de Saint-Denis. Bien que ce soit un acte faux, le plus souvent daté de la fin du IXe siècle, qui en attribue nommément la création à Dagobert, l’analyse minutieuse du fonds san-dyonisien permet de penser qu’elle a en effet été créée vers 634-63578. Ouverte chaque année le 9 octobre (jour de la fête du saint patron de l’abbaye) entre le monastère et les berges de la Seine, la foire de Saint-Denis, dont la date coïncide avec la fin des vendanges en Ile-de-France, était avant tout une foire au vin, même si, comme l’atteste un diplôme authentique de 753, on y vendait d’autres produits (ad negociandum vel necocia plurima exercendum et vina conparandum), parmi lesquels figuraient peut-être ceux que mentionne explicitement le faux tardif, comme le miel et la garance, une plante tinctoriale rouge très prisée dans l’artisanat textile79.
43Comme les rois avaient octroyé aux moines – privilège exorbitant, le premier de cette sorte dans l’histoire de la royauté mérovingienne – l’ensemble des tonlieux de la foire pendant toute sa durée et dans tout le ressort du comté de Paris, les comtes s’en estimèrent lésés et contestèrent leur attribution à l’abbaye. Or, c’est à la suite de cette contestation qu’ont été émis les jugements royaux de 710 et de 753, qui constituent les premiers actes authentiques relatifs aux foires de Saint-Denis qu’on ait conservés80 : ils confirment les droits du monastère, et, ce faisant, nous révèlent l’ampleur du succès des foires dans la première moitié du VIIIe siècle, ainsi que la force d’attraction qu’elles exerçaient sur une clientèle nombreuse et variée, faite d’une part des autres producteurs (éventuellement monastiques) de la région parisienne, d’autre part d’acheteurs venus de loin, parfois même du grand Nord.
L’ouverture des marchés monastiques au grand commerce septentrional
44En 710, en effet, les foires de Saint-Denis étaient déjà fréquentées par omnes neguciantes aut Saxonis vel quascumquelibit nacionis, et, en 753, elles l’étaient par omnes necuciantes, tam Saxsones quam Frisiones vel alias naciones promiscuas81. En d’autres termes, dès le début du VIIIe siècle les marchands saxons avaient pris position sur le grand marché parisien ; et au milieu du siècle, les Frisons, qui se cachaient peut-être parmi les autres et anonymes « nations » présentes en 710, les y avaient assurément rejoints.
45Il n’y a aucun doute, si on se réfère à la terminologie du temps, que les Saxons de Saint-Denis étaient en fait des Anglo-Saxons ; et que la majorité d’entre eux venaient plus précisément du Wessex, car ce sont des West-Saxons qui, dans la documentation tant écrite qu’archéologique, apparaissent comme les initiateurs de la connexion entre le Wessex et la Seine via Hamwich et Rouen. D’une part en effet, la Vita Willibaldi écrite par la nonne Hugeburc montre l’existence aux alentours de 720 d’une ligne de navigation régulière entre le mercimonium que dicitur Hamwih (ou Hamwich, à l’extrémité sud de la moderne agglomération de Southampton, débouché du Wessex sur la mer) et l’urbs que vocatur Rotum (« la ville qu’on appelle Rouen »)82. D’autre part, les fouilles du site forestier de La Londe, sur la Seine en aval de Rouen, ont permis d’exhumer les fours de potiers, les entrepôts et les embarcadères du VIIIe siècle d’où sont parties la majorité des céramiques neustriennes découvertes dans le site même de Hamwich83.
46La formulation des diplômes san-dyonisiens suggère que ces West-Saxons étaient parmi les étrangers qui tinrent à la foire de Saint-Denis une position dominante tout au long du VIIIe siècle (et encore au IXe, si l’on se fie au faux diplôme de Dagobert, qui leur accorde lui aussi une mention spéciale), et que les Frisons s’y trouvaient un peu à leur remorque (peut-être d’ailleurs parce qu’ils avaient pris l’habitude de fréquenter le marché de Hamwich84), même si les textes suggèrent l’existence d’une connexion directe entre la basse Seine et la Frise85, et si la découverte dans le bourg monastique de Saint-Denis de tessons de la belle céramique rhénane dite de type Tating peut leur être imputée86.
47Car on sait bien que les Frisons explorèrent surtout la route de leur immédiat hinterland, c’est-à-dire la route rhénane, jalonnée d’importants marchés artisanaux et viticoles, entre autres monastiques. Tout commence avec l’histoire, relatée dans la Vita (ou plutôt les Miracula) de saint Maximin de Trèves, du Frison Ibbo, qui, dans le courant du VIIIe siècle, s’est donné au monastère de Saint-Maximin avec ce que la Vita prima appelle omnibus quae habebat, et ce que la Vita secunda, écrite par Loup de Ferrières, appelle sua substantia, ce qui signifie toute sa fortune, en d’autres termes son capital, son ou ses bateaux, peut-être ses esclaves, et qui effectua désormais pour ce monastère les voyages marchands outre-mer qu’il faisait jusqu’alors pour son propre compte87. Il est fort probable qu’avant cet acte d’auto-dédition, Ibbo était déjà en relations d’affaires avec le monastère, et que ce sont ces relations qui l’ont déterminé à mettre sa personne et ses biens à la disposition du saint de Trèves.
48Peut-être cette anecdote permet-elle d’éclairer le développement, attesté plus tard dans le Moyen Âge grâce à la microtoponymie urbaine, mais dont on peut penser qu’il remonte à une date plus précoce, du quartier frison de Cologne, qui s’est développé dans l’immédiate proximité du monastère suburbain de Saint-Géréon, connu pour avoir été un important marché viticole88. Peut-être permet-elle aussi d’expliquer l’évocation dans le polyptyque de Prüm, au bref de Dusburhg (Duisburg, au confluent de la Ruhr et du Rhin), de Frisons qui, à la différence de la plupart des autres tenanciers, devaient au monastère des redevances formulées en argent, et payables d’une part à la Saint-Martin, d’autre part à Pâques89.
49Ainsi apparaît-il que, dès l’aube du VIIIe siècle, les peuples marins du Nord furent attirés par les marchés et les foires monastiques du cœur de la Neustrie et de l’Austrasie, et que, si certains n’y venaient que de façon saisonnière (ainsi les Anglo-Saxons à Saint-Denis), d’autres s’y installaient de façon durable (ainsi les Frisons à Trèves et peut-être à Cologne). Pour acheter le vin et les autres produits qu’ils venaient éventuellement y chercher, ils avaient besoin d’une monnaie d’échange. Celle-ci pouvait bien être la monnaie d’argent, plus précisément les soi-disant sceattas qu’ils diffusèrent au cœur du continent et dont la prolifération allait précipiter la conversion monétaire de celui-ci à la frappe du denier d’argent90.
50Il n’est donc pas étonnant que les archéologues aient retrouvé un sceatta présumé anglo-saxon dans les fouilles de Villiers-le-Sec, en pleine terre sandyonisienne, qui y est arrivé au moment précis où l’abbaye commençait à émettre ses propres denarii, frappés à la légende de « SCI DIONVSII »91. Du coup, l’historien se prend à rêver : peut-être la foire de Saint-Denis avait-elle été cette année-là le lieu de rencontre entre un marchand anglo-saxon et un paysan dépendant du monastère qui avait obtenu de confortables surplus ; peut-être, avec la ponction opérée sur cette transaction et mille autres, la puissante abbaye avait-elle recyclé l’argent dans ses propres deniers.
Les monastères sur les marchés lointains
51Non seulement les plus grands monastères de Neustrie et d’Austrasie attirèrent les marchands venus des horizons les plus lointains, mais il leur arriva d’envoyer sur les routes leurs propres hommes, parfois même leurs propres marchands. Je ne parlerai plus ici de ces envoyés (missi, comme il est dit à Corbie en 716) des monastères qui allaient prélever leurs rentes de produits rares, par exemple sur les cellaria fisci du Midi – privilèges normalement destinés au seul usage du couvent, comme l’huile que Saint-Denis allait chercher à Marseille, et qui était vouée à l’approvisionnement du luminaire monastique, ou comme les multiples produits exotiques que Corbie allait chercher à Fos-sur-Mer92. De toute façon, ces avantages étaient alors en train de perdre leur efficacité, car le VIIIe siècle a vu le commerce méditerranéen s’étioler peu à peu93.
52En revanche, suivant le diplôme donné en 779 par Charlemagne à Saint-Germain-des-Prés, c’était bien les negociantes ipsius sancti loci qui parcouraient les routes ubicumque in regna nostra, avec leurs bêtes de somme, leurs chars ou leurs bateaux. Ils y étaient dispensés de tout tonlieu non seulement sur les routes terrestres et fluviales intérieures, mais aussi à Rouen, Quentovic, Amiens, Maastricht et Dorestad94. C’est que ces sites – anciens comme Rouen, Amiens et, à un moindre degré, Maastricht, ou neufs comme Quentovic et Dorestad95 – étaient en train de devenir les principales portes de la Gaule septentrionale, et que c’est là que les gens de Saint-Germain allaient chercher les produits que d’autres sources signalent sur les marchés de production du Nord et du Nord-Est : métaux, draps, fourrures, ambre et autres matières précieuses, peut-être venues d’un lointain Orient par le canal des fleuves russes96, sans oublier les livres produits par les scriptoria insulaires, de plus en plus créatifs depuis la fin du VIIe siècle, et dont certains étaient expressément destinés aux monastères du continent97.
53Le cas de Quentovic, vicus de la Canche, fenêtre de la Neustrie sur la mer, est particulièrement instructif : de nombreux monastères s’y dotèrent de bases foncières qui étaient autant d’accès à la mer et à ses trafics. Il ne s’agit pas seulement de monastères des environs, comme Centula/Saint-Riquier, qui possédait dans la première moitié du IXe siècle deux lopins de terre dans le vicus même, ou Saint-Bertin et Saint-Vaast, qui acquirent du bien dans les campagnes alentour, mais aussi d’établissements beaucoup plus éloignés, comme Ferrières-en-Gâtinais et Fontenelle98. Ce dernier cas est remarquable, car Fontenelle, qui avait déjà son propre portus sur la Seine, possédait, d’après des sources du IXe siècle, d’une part une église Saint-Pierre quae vicina est emporio Quentouico, d’autre part plusieurs manses in portu Wiscus99. L’existence de cette antenne de Fontenelle à Quentovic, dont on a les meilleures raisons de croire qu’elle remonte au VIIIe siècle, explique bien des choses, aussi bien la désignation par Charlemagne vers 789-796 de son abbé Geroald comme procurator à Quentovic et autres ports du voisinage100, que l’itinéraire suivi par les moines lors de la translation des reliques de saint Wandrille en 858 sous la pression de la menace viking, qui les amena tout naturellement à stationner dans la dite église Saint-Pierre101.
54Or Saint-Germain-des-Prés, qui n’avait pas de biens à Quentovic, semble avoir bien profité de l’exemption de tonlieu que le roi lui avait accordée dans le port du Nord, puisque, suivant le polyptyque d’Irminon, les paysans de deux de ses villae, Villemeult et Combs-la-Ville, lui devaient régulièrement des wichariae, ce qui a été interprété comme des obligations de transport jusqu’au Wich, c’est-à-dire Quentovic102. La tâche ainsi confiée à des paysans suggère que les moines ne cherchaient pas seulement à s’y procurer des produits d’importation, mais aussi à y écouler une partie de leurs surplus domaniaux.
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55Alors, à l’instar de Saint-Germain-des-Prés, les plus grands monastères du monde franc étaient assurément devenus tributaires de la nouvelle économie commerciale qui était en train de se développer au nord de l’Europe. Ils étaient eux-mêmes devenus, par l’intermédiaire de leurs moines, de leurs marchands et tout simplement de leurs hommes, des agents actifs des échanges, des grands échanges même.
56Les sources du VIIe siècle, souvent récits de fondation, nous avaient montré les conditions écologiques de l’implantation des monastères et leur nécessaire ouverture sur le monde. Celles du IXe, en particulier les polyptyques, nous ont montré leur épanouissement économique, atteint grâce à un modèle de gestion de plus en plus normalisé et grâce à un environnement politique temporairement pacifié par l’État carolingien. Celles du VIIIe, quant à elles, en fin de compte peu nombreuses et guère loquaces, nous ont quand même permis d’entrevoir :
les premières tentatives des monastères francs de faire de leurs principales bases foncières des centres économiques dotés d’équipements nécessaires à la transformation de leurs productions et susceptibles de les faire rayonner sur les pays et les paysanneries environnantes ;
leur souci de disposer des systèmes de communications et des protections publiques et fiscales nécessaires au transport de leurs productions entre leurs domaines et ces centres, et entre ces centres et les marchés – transports pour lesquels ils mobilisaient les services de leurs hommes, dont certains étaient considérés comme des marchands spécialisés ;
leur ouverture sur les routes et marchés d’un commerce interrégional et international, qui tournait de plus en plus le dos à l’horizon méditerranéen et se greffait sur les voies maritimes, alors en plein développement, de l’Europe du Nord, où ils allaient à la rencontre, et d’où ils attiraient les marchands libres venus des îles Britanniques ou de la Frise.
57Peut-être est-ce cette ouverture aux marchés de production et aux débouchés du grand Nord qui caractérise le plus la politique économique des monastères francs du VIIIe siècle, en tout cas de ceux qui étaient les plus proches des centres du pouvoir montant et enfin accompli de la maison pippinide. Que parmi eux se distinguent surtout dans nos sources ceux de Saint-Denis, de Saint-Germain-des-Prés, ou encore de Saint-Maximin de Trèves, c’est-à-dire des monastères suburbains, voisins d’importantes cités qui étaient à la fois des lieux centraux du pouvoir franc et de gros marchés viticoles, n’est sûrement pas l’effet du hasard.
Notes de bas de page
1 Je cite dès à présent les collections de sources et les études fondamentales sur la documentation qui vont être mises à contribution dans les pages qui suivent : Chartae Latinae Antiquiores, vol. 13-19, H. Atsma et J. Vezin éd., Dietikon-Zurich, 1981-1987 ; Das Polyptychon von Saint-Germain-des-Prés. Studienausgabe, D. Hägermann éd., avec la coll. de K. Elmshäuser et A. Hedwig, Cologne-Weimar-Vienne, 1993 ; L. Levillain, Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l’abbaye de Corbie, Paris 1902 ; Hariulf (1060-1143). Chronique de l’abbaye de Saint-Riquier (Ve siècle-1104), F. Lot éd., Paris 1894 ; F. Lot, Études critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille, Paris 1913.
2 Voir l’ouvrage fondamental de F. Prinz, Frühes Mönchtum im Frankenreich. Kultur und Gesellschaft in Gallien, den Rheinlanden und Bayern am Beispiel der monastischen Entwicklung (4. bis 8. Jahrhundert), Munich-Vienne 1965 ; ou la synthèse récente de A. Angenendt, Das Frühmittelalter. Die abendländische Christenheit von 400 bis 900, 2e éd., Stuttgart-Berlin-Cologne, 1995, en part. p. 97-111 et 213-222.
3 Ch. Courtois, « L’évolution du monachisme en Gaule de saint Martin à saint Colomban », dans Il monachesimo nell’alto medioevo e la formazione della civiltà occidentale, 4e Settimana di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, Spolète 1957, p. 47-72.
4 H. Atsma, « Les monastères urbains du nord de la Gaule », Revue d’histoire de l’Église de France, 62, 1976, pp. 163-187, en part. p. 168.
5 A. Dierkens, « Prolégomènes à une histoire des relations culturelles entre les îles Britanniques et le continent pendant le haut Moyen Âge. La diffusion du monachisme dit colombanien ou iro-franc dans quelques monastères de la région parisienne au VIIe siècle et la politique religieuse de la reine Bathilde », dans H. Atsma éd., La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, actes du colloque de Rouen, Beihefte der Francia no 16, 2 vol., Sigmaringen 1989, vol. 2, p. 371-94.
6 J. Semmler, « Saint-Denis : von der bischöflichen Coemeterialbasilika zur königlichen Benedikterabtei », dans La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, op. cit. supra, vol. 2, p. 75-123.
7 Si ce n’est pas nécessairement le cas des grands monastères fondés au VIe siècle comme Clonard, Clonmacnoise, Bangor ou Durrow, c’est le cas des petites unités fondées, souvent plus tard (aux VIIe -VIIIe siècles), dans l’extrême Ouest. Voir N. Edwards, The Archaeology of Early Medieval Ireland, Londres 1990, en part. p. 104-105 et 114-21.
8 Benedicti Regula, ch. 48 ; voir La Règle de saint Benoît, texte latin selon le manuscrit de St-Gall et trad. française par Henri Rochais, Paris 1980, p. 104-107.
9 Ch. Wickham, « European forests in the early middle ages : landscape and clearance », dans L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, 37e Settimana di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, Spolète 1990, p. 479-545, en part. p. 483-484.
10 Voir, en attendant son livre à paraître sur Marseille in Late Antiquity and the early Middle Ages, S. T. Loseby, « Marseille : a late antique success story ? », Journal of Roman Studies, 82, 1992, p. 165-85, et « Marseille and the Pirenne thesis, I », dans R. Hodges and W. Bowden éd., The Sixth Century. Production, Distribution and Demand, Leiden 1998, p. 203-29. Je remercie Simon Loseby de m’avoir suggéré de ne pas établir de lien évident entre l’action de Jean Cassien et la fondation de Saint-Victor.
11 « Cum… sanctus Philibertus semper desideraret heremi vastitatem … » : telles furent les circonstances précises de la fondation de Noirmoutier selon le ch. 21 de la Vita Filiberti du VIIIe siècle : voir R. Poupardin, Monuments de l’histoire des abbayes de Saint-Philibert (Noirmoutier, Grandlieu, Tournus), Paris 1905, p. 13 ; sur la date de fondation du monastère, ibid., p. XX-XXII.
12 R. Noël, « Moines et nature sauvage dans l’Ardenne du haut Moyen Âge », dans J.-M. Duvosquel et A. Dierkens éd., Villes et campagnes au Moyen Âge. Mélanges Georges Despy, Liège 1991, p. 563-97, en part. p. 577 ; S. Lebecq, « Entre Antiquité tardive et très haut Moyen Âge : permanence et mutations des systèmes de communication dans la Gaule et ses marges », Morfologie sociali e culturali in Europa fra Tarda Antichità e Alto Medioevo, 45e, Settimana di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, Spolète 1998, p. 461-502, en part. p. 490-492.
13 H. Platelle, Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris 1962, p. 36 et 47-48.
14 Ch. Wickham, « European forests », article cité supra note 9, p. 481-82.
15 D’après la charte de fondation de Solignac, ajoutée par B. Krusch à son édition de la Vita Eligii episcopi Noviomagensis, dans MGH, Scriptores Rerum Merowingicarum, IV, Hanovre-Leipzig 1902, p. 634-761, en part. p. 746.
16 L. Levillain, Examen critique, op. cit. supra note 1, p. 212-17. Sur les traces possibles d’une centuriation romaine, voir M. Rouche, « La dotation foncière de l’abbaye de Corbie (657-661) d’après l’acte de fondation », dans Revue du Nord, 55, 1973, p. 219-26.
17 M. Rouche, « La dotation foncière », op. cit. ci-dessus ; voir également R. Agache, « L’archéologie aérienne et la découverte des voies », Histoire et archéologie. Les dossiers, no 67, octobre 1982, p. 20-31.
18 M.-H. Corbiau, La ‘Via Mansuerica’. Étude archéologique du tracé et des structures, Archaeologica Belgica, 235, Bruxelles 1981 ; et R. Noël, « Moines et nature sauvage », op. cit. supra note 12, p. 588-591.
19 Pour Elnone/Saint-Amand, voir H. Platelle, Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand, op. cit. supra note 13, p. 36 ; pour les abbayes gantoises, voir A. Verhulst, De Sint-Baafsabdij te Gent en haar grondbezit (VIIe -XIVe eeuw), Bruxelles 1958 ; ou A. Verhulst et G. Declercq, « Du VIIe au XIe siècle, Gand entre les abbayes et la fortification comtale », dans J. Decavele éd., Gand. Apologie d’une ville rebelle, Anvers 1989, p. 37-59, en part. p. 37.
20 Voir J.-C. Cassard, Les Bretons et la mer au Moyen Âge, Rennes 1998, p. 98-105 ; sur les pièges de l’hagiographie bretonne, voir B. Merdrignac, Les Vies de saints bretons durant le haut Moyen Âge, Rennes 1993, passim.
21 Récapitulation dans S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », dans H. Atsma éd., La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, vol. 1, Sigmaringen 1989, p. 405-40, en part. p. 409-10.
22 Gesta des abbés de Fontenelle, l. I, ch. 5 : voir Gesta Sanctorum Patrum Fontanellensis Coenobii, F. Lohier et J. Laporte éd., Rouen-Paris 1936, p. 6-7.
23 Vita Filiberti, ch. 8, 9 et 23 : voir R. Poupardin, Monuments de l’histoire des abbayes de Saint-Philibert, op. cit. supra note 11, p. 6-7 et 14.
24 J. Guérout, « Le testament de sainte Fare. Matériaux pour l’étude et l’édition critique de ce document », Revue d’histoire ecclésiastique, 60, 1965, p. 761-821.
25 H. Van Werveke, « Comment les établissements religieux belges se procuraient-ils du vin au haut Moyen Âge ? », Revue belge de philologie et d’histoire, 2, 1923, p. 643-62.
26 Voyez A. Verhulst, De Sint-Baafsabdij te Gent, op. cit. supra note 19 ; A. Verhulst, « Das Besitzverzeichnis der Genter Sankt-Bavo-Abtei von ca. 800. Ein Beitrag zur Geschichte und Kritik der karolingischen Urbarialaufzeichnungen », Frühmittelalterliche Studien, 5, 1971, p. 193-234 ; C. Dekker, « Saint-Bavon en Zélande », dans J.-M. Duvosquel et E. Thoen éd., Peasants and Townsmen in Medieval Europe. Studia in honorem Adriaan Verhulst, Gand 1995, p. 379-98.
27 S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », article cité supra note 21, p. 410.
28 B. C. Besteman, « Frisian salt and the problem of salt-making in north Holland in the Carolingian period », Berichten van de Rijksdienst voor het Oudheidkundig Bodemonderzoek, 24, 1974, p. 171-74.
29 Gesta Dagoberti, éd. B. Krusch, MGH, Scriptores Rerum Merowingicarum, IV, Hanovre-Leipzig 1902, p. 413-14.
30 S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », article cité supra note 21, p. 410-411.
31 S. Lebecq, « Scènes de chasse aux mammifères marins (mers du Nord, VIe -XIIe siècles) », dans E. Mornet et F. Morenzoni éd., Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, Paris 1997, p. 241-254, en part. p. 243-246.
32 Miracula sancti Vedasti, éd. O. Holder-Egger, MGH, Scriptores, XV (2), Hanovre 1888, p. 400. Voir S. Lebecq, « Scènes de chasse aux mammifères marins », article cité supra, p. 251-252.
33 Voyez R. Guadagnin éd., Un village au temps de Charlemagne. Moines et paysans de l’abbaye de Saint-Denis du VIIe siècle à l’an mil, catalogue d’exposition, Paris 1988, en part. p. 275-276.
34 Voir S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons du haut Moyen Âge, 2 vol., Lille 1983, vol. 1, p. 132-133, et vol. 2, p. 381-387. Voir aussi S. Lebecq, « Entre terre et mer : la mise en valeur des contrées littorales de l’ancienne Frise », Histoire. Économie et Société, 16, 1997, p. 361-376, en part. p. 367.
35 Voir W. Horn and E. Born, The Plan of St Gall. A study of the architecture and economy of, and life in, a paradigmatic Carolingian monastery, 3 vol., Berkeley-Los Angeles-Londres 1979 ; W. Vogler éd., L’abbaye de Saint-Gall. Rayonnement spirituel et culture, Lausanne 1991, ou, plus précisément, M. Rey-Delque éd., Un plan modèle d’architecture monastique, catalogue d’exposition, Toulouse 1994, en part. p. 13 ; sans oublier C. Heitz, L’architecture religieuse carolingienne. Les formes et leurs fonctions, Paris 1980.
36 Voir à ce propos E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, vol. 6, Les églises et les monastères, centres d’accueil, d’exploitation et de peuplement, Lille 1943, passim ; L. Musset, « Signification et destinée des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié septentrionale de la Gaule jusqu’au XIe siècle », dans Sous la règle de saint Benoît. Structures monastiques et sociétés en France du Moyen Âge à l’époque moderne, Genève-Paris 1982, p. 167-182 ; et P. Toubert, « La part du grand domaine dans le décollage économique de l’Occident (VIIIe -Xe siècles) », dans La croissance agricole du haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, actes du 10e colloque de Flaran, Auch 1990, p. 53-86, en part. p. 76-80.
37 Sur les monastères comme centres d’activités artisanales, voir l’importante étude de F. Schwind, « Zu karolingischerzeitlichen Klöstern als Wirtschaftsorganismen und Stätten handwerklicher Tätigkeit », dans Institutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein, Sigmaringen 1984, en part. p. 101-123.
38 Capitulare de villis vel curtis imperialibus, chapitres 31 et 43, éd. A. Boretius, MGH, Leges, Sectio II, Capitularia Regum Francorum, Hanovre 1883 ; traduction française dans G. Fourquin, Histoire économique de l’Occident mediéval, Paris 1969, p. 112-120.
39 D. Lohrmann, « Le moulin à eau dans le cadre de l’économie rurale de la Neustrie (VIIe - IXe siècles) », dans H. Atsma éd., La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, op. cit. supra, vol. 1, p. 367-404, en part. p. 397-398.
40 Voir, outre D. Lohrmann, « Le moulin à eau », p. 386-89, A. Verhulst et J. Semmler, « Les statuts d’Adalhard de Corbie de l’an 822 », Le Moyen Âge, 68, 1962, p. 91-123 et 233-269, en part. p. 122.
41 D. Lohrmann, « Le moulin à eau », p. 373.
42 D. Lohrmann, « Le moulin à eau », p. 373 ; K. Elmshäuser et A. Hedwig, Studien zum Polyptychon von Saint-Germain-des-Prés, Cologne-Weimar-Vienne 1993, en part. p. 436-453.
43 É. Champion, Moulins et meuniers carolingiens dans les polyptyques entre Loire et Rhin, Paris 1996, p. 32.
44 Capitulare de Villis, op. cit. supra note 37, chapitres 41 et surtout 48.
45 Voir J.-P. Devroey éd., Le Polyptyque et les listes de cens de l’abbaye de Saint-Remi de Reims (IXe -XIe siècles), Reims 1984, p. 3, 5, 6 et 7.
46 Archives Nationales, Paris (K9 no 5). À moins que les dits charpentiers ne fussent réquisitionnés que pour la confection des tonneaux, comme le propose J.-P. Brunterc’h, dans R. Guadagnin éd., Un village, op. cit. supra note 33, p. 125-128, en part. p. 128.
47 Adalhard, Statuta, II, ch. 15 ; voyez A. Verhulst et J. Semmler, « Les statuts », article cité supra note 40, p. 237.
48 J. Deckers, « Recherches sur l’histoire des brasseries dans la région mosane au Moyen Âge », Le Moyen Âge, 76, 1970, p. 445-91 ; et P. Toubert, « La part du grand domaine », en part. p. 68-69. Pour les mentions de Saint-Remi, voyez J.-P. Devroey, Le Polyptyque, op. cit. supra, p. 16 (Courtisols) ; pour les mentions de Montier-en-Der, auxquelles il convient d’ajouter une camba deserta, voir C. Droste, « Die Grundherrschaft Montierender im 9. Jahrhundert », dans A. Verhulst éd., Le Grand Domaine aux époques mérovingienne et carolingienne, Gand 1985, p. 101-111, en part. p. 105.
49 Voir J.-P. Devroey, « Ad utilitatem monasterii. Mobiles et préoccupations de gestion dans l’économie monastique du monde franc », dans Le monachisme à Byzance et en Occident du VIIIe au Xe siècle. Aspects internes et relations avec la société, actes du colloque de Bruxelles, Revue Bénédictine, 103, 1993, p. 224-240 ; et id., « Courants et réseaux d’échange dans l’économie franque entre Loire et Rhin », dans Mercati et Mercanti nell’alto Medioevo : l’area euroasiatica e l’area mediterranea, 40e Settimana di studio del Centro italiano di Studi sull’Alto Medioevo, Spolète 1993, p. 327-389, en part. p. 337.
50 P. Toubert, « La part du grand domaine », article cité supra, en part. p. 69.
51 Aux articles de P. Toubert, « La part du grand domaine », article cité supra, en part. p. 80-84, et de F. Schwind, « Zu karolingischerzeitlichen Klöstern », on ajoutera celui de D. Hägermann, « Der Abt als Grundherr. Kloster und Wirtschaft im frühen Mittelalter », dans F. Prinz éd., Herrschaft und Kirche. Beiträge zur Entstehung und Wirkungsweise episkopaler und monstischer Organisationsformen, Stuttgart 1988, p. 345-385.
52 J.-P. Devroey, « Les services de transport à l’abbaye de Prüm au IXe siècle », Revue du Nord, 61, 1979, p. 543-569.
53 Voir l’édition de D. Hägermann, avec la collaboration de K. Elmshäuser and A. Hedwig, citée supra note 1.
54 Voir J.-P. Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges : les services de transport à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés au IXe siècle », dans Annales. Économies. Sociétés. Civilisations, 39, 1984, p. 570-589 ; et K. Elmshäuser et A. Hedwig, Studien, op. cit. supra note 1, en part. p. 406-420.
55 Edité par L. Levillain, Examen critique, op. cit. supra note 1, p. 235-7 (no 15) ; commentaire par S. Lebecq, « Entre Antiquité tardive et très haut Moyen Âge », article cité supra note 12, p. 466.
56 Chartae Latinae Antiquiores, éd. H. Atsma and J. Vezin, vol. 13, p. 78-9 (no 568). Commentaire par J.-P. Devroey, « Courants et réseaux d’échange », article cité supra note 49, en part. p. 359, 362 et 367.
57 Edité par E. Mühlbacher, MGH, Diplomata Karolinorum, I, p. 170-171 (no 122).
58 Voir ci-dessus note 34. On ajoutera aux cas de Fulda et de Werden celui de Saint-Bavon de Gand, dont les hommes installés en Zélande devaient livrer au monastère un manteau chaque année aux alentours de 800 : voyez A. Verhulst, « Das Besitzverzeichnis der Genter Sankt-Bavo-Abtei von ca. 800 », article cité supra note 26.
59 Pour Corbie, voir le diplôme de 716 édité par L. Levillain, Examen critique ; pour Saint-Denis, voir par exemple les diplômes de 691 et 716 étudiés par H. Atsma and J. Vezin, Chartae Latinae Antiquiores, vol. 14, p. 6-8 (no 574) et p. 63-65 (no 589). Commentaire par D. Claude, « Der Handel im westlichen Mittelmeer während des Frühmittelalters », dans K. Düwel, H. Jankuhn, H. Siems et D. Timpe éd., Untersuchungen zu Handel und Verkehr der vor- und frühgeschichtlichen Zeit in Mittel- und Nordeuropa, vol. 2, Göttingen 1985, en part. p. 75-77.
60 Voir L. Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne. Les documents d’histoire économique », Bibliothèque de l’École des chartes, 91, 1930, p. 5-65 ; ou S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », article cité supra, en part. p. 423.
61 Voir F.-L. Ganshof, « À propos du tonlieu sous les Mérovingiens », dans Studi in onore di Amintore Fanfani, vol. 1, Milan 1962, p. 293-315, en part. p. 311 ; et D. Claude, « Aspekte des Binnenhandels im Merowingerreich auf Grund der Schriftquellen », dans K. Düwel, H. Jankuhn, H. Siems and D. Timpe éd., Untersuchungen zu Handel und Verkehr der vor-und frühgeschichtlichen Zeit in Mittel-und Nordeuropa, vol. 3, Der Handel des frühen Mittelalters, Göttingen 1985, p. 9-99, en part. p. 41.
62 Sur la dîme, voir E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, op. cit. supra note 36, passim ; ou, plus récemment, J. Paul, L’Église et la culture en Occident, vol. 1, La sanctification de l’ordre temporel et spirituel, Paris 1986, p. 82.
63 Voir les travaux de W. Horn et E. Born et de M. Rey-Delque cités supra note 35.
64 Voir l’édition de F. Lot citée supra note 1. Voir aussi les commentaires de J. Hubert, « Saint-Riquier et le monachisme bénédictin en Gaule à l’époque carolingienne », dans Il monachesimo nell’alto medioevo e la formazione della civiltà occidentale, 4e Settimana di studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, Spolète 1957, p. 293-390 ; J. Hubert, dans J. Hubert, J. Porcher and W.-F. Volbach, L’Empire carolingien, L’Univers des Formes, Paris 1968, p. 1-4 ; J. Décarreaux, Moines et monastères à l’époque de Charlemagne, Paris 1980, en part. p. 238-44 ; et C. Heitz, « Saint-Riquier en 800 », Revue du Nord, 69, 1986, p. 335-42.
65 Pour Saint-Omer, voyez A. Derville, Saint-Omer des origines au XIVe siècle, Lille 1995, en part. p. 17-28. Pour Gand, aux travaux de A. Verhulst et de A. Verhulst et G. Declercq cités supra note 19, il faut ajouter A. Verhulst, « Saint Bavon et les origines de Gand », Revue du Nord, 69, 1986, p. 455-69 ; et id. « Les origines et l’histoire ancienne de la ville de Gand », dans La Genèse et les premiers siècles des villes médiévales dans les Pays-Bas méridionaux. Un problème archéologique et historique, actes du colloque de Spa, Bruxelles 1990, p. 293-297.
66 Ainsi, les pallia de Frise acheminés vers Fulda ou Werden au IXe siècle, au total près d’un millier de pièces par an : c’était bien plus qu’il n’en fallait pour la seule consommation monastique. Voir S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, op. cit. supra note 34, vol. 1, p. 132-133.
67 Pour Saint-Riquier (Chronicon Centulense), voir les travaux cités à la note 64, en part. J. Hubert, J. Porcher et W.F. Volbach, L’Empire carolingien, Paris 1968, p. 3 ; pour Sithiu/Saint-Bertin/Saint-Omer, voir A. Derville, Saint-Omer, op. cit. supra, p. 55 ; et pour Gand/Saint-Bavon (et le Martyrologe d’Usuard), voir A. Verhulst et G. Declercq dans Gand. Apologie d’une ville rebelle, op. cit. supra note 19, en part. p. 49.
68 Malgré les travaux de T. Endemann, Markturkunde und Markt in Frankreich und Burgund vom 9. bis 11. Jahrhundert, Constance-Stuttgart 1964 ; de M. Mitterauer, Markt und Stadt im Mittelalter. Beiträge zur historischen Zentralitätsforschung, Stuttgart 1980 ; et de P. Johanek, « Der Aussenhandel des Frankenreiches der Merowingerzeit nach Norden und Osten im Spiegel der Schriftquellen », dans K. Düwel, H. Jankuhn, H. Siems et D. Timpe éd., Untersuchungen zu Handel und Verkehr der vor-und frühgeschichtlichen Zeit in Mittel-und Nordeuropa, vol. 4, Der Handel der Karolinger-und Wikingerzeit, Göttingen 1987, p. 7-68, en part. p. 23-26 et 50-51 (sur les Märkten des Klosters). On trouvera un bilan historiographique des dernières recherches sur la question dans A. Verhulst, « Marchés, marchands et commerce au haut Moyen Âge dans l’historiographie récente », dans Mercati e Mercanti nell’alto Medioevo, 40e Settimana di studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo, Spolète 1993, p. 23-43.
69 Édité par E. Mühlbacher, MGH, Diplomata Karolinorum, I, p. 125-127 (no 87) ; voir J.-P. Devroey, « Courants et réseaux d’échange », article cité supra note 49, p. 386.
70 D’après le registre établi par T. Endemann, Markturkunde und Markt in Frankreich und Burgund, op cit. supra note 68 ; voir aussi P. Johanek, « Der Aussenhandel », article cité supra note 68, p. 51 ; et S. Tange, « Production et circulation dans un domaine monastique à l’époque carolingienne : l’exemple de l’abbaye de Saint-Denis », Revue belge de philologie et d’histoire, 75, 1997, p. 943-955, en part. p. 951.
71 J.-P. Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges », article cité supra, p. 581.
72 T. Endemann, Markturkunde und Markt in Frankreich und Burgund, op. cit. supra, passim ; J.-P. Devroey, « Les services de transport », article cité supra, p. 553 ; et A. Verhulst, « Marchés, marchands », p. 33-34.
73 Voir l’édition de D. Hägermann, K. Elmshäuser et A. Hedwig citée supra note 1 (bref no 2) ; et le commentaire de K. Elmshäuser et A. Hedwig, Studien, op. cit. supra note 54, p. 41-47.
74 G. Despy, « Villes et campagnes aux IXe et Xe siècles. L’exemple du pays mosan », Revue du Nord, 50, 1968, p. 145-168.
75 J.-P. Devroey, « Les services de transport », article cité supra, p. 553 ; P. Toubert, « La part du grand domaine », article cité supra, p. 83 ; et S. Tange, « Production et circulation », article cité supra, p. 952-953.
76 J.-P. Devroey, « Courants et réseaux d’échange », article cité supra, p. 379, d’après M. Mitterauer, Markt und Stadt im Mittelalter, op. cit. supra, p. 87-93.
77 A. Lombard-Jourdan, « Les foires de l’abbaye de Saint-Denis. Revue des données et révision des opinions admises », Bibliothèque de l’École des chartes, 145, 1987, p. 273-336. J’avoue n’avoir pas été convaincu par cette étude, qui privilégie la thèse de l’origine gauloise des foires de Saint-Denis.
78 Je renvoie à la belle étude critique de L. Levillain, « Études », article cité supra note 60, en part. p. 14 ; ou à S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », p. 423. La charte fausse de Dagobert a été éditée par G. H. Pertz, dans les MGH, Diplomata regum Francorum, I, p. 140-41 (no 23), et reproduite dans S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, vol. 2, p. 404-405.
79 Diplôme de 753 éd. par E. Mühlbacher, dans les MGH, Diplomata Karolinorum, vol. 1, p. 9-11 (no 6), et reproduit par S. Lebecq dans Marchands et navigateurs frisons, vol. 2, p. 401-402.
80 Pour le diplôme de 753, voir supra note 79 ; pour celui de 710, voir G.H. Pertz éd., MGH, Diplomata regum Francorum, vol. 1, p. 68-9 (no 77) ; ou encore S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, vol. 2, p. 401-402.
81 Voir les références ci-dessus notes 79 et 80.
82 Vita Willibaldi par Hugeburc (troisième quart du VIIIe siècle), ch. 3, éd. O. Holder-Egger, MGH, Scriptores, XV (1), p. 91 ; voir aussi S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, vol. 1, p. 88-90.
83 Voyez R. Hodges, The Hamwih Pottery : the local and imported wares from 30 years’ excavations at Middle Saxon Southampton and their European context, CBA Research Report, Londres 1981 ; R. Hodges, « The eighth-century pottery industry at La Londe, near Rouen, and its implications for cross-Channel trade with Hamwic, Anglo-Saxon Southampton », Antiquity, 65, 1991 ; et N. Roy, « Un atelier de poterie du haut Moyen Âge en forêt de La Londe, près de Rouen (Seine-Maritime). État de la recherche”, dans D. Piton éd., La céramique du IVe au Xe siècle dans l’Europe du Nord-Ouest, actes du colloque d’Outreau, Nord-Ouest Archéologie, no hors-série, 1993, p. 341-354.
84 Sur la présence des Frisons à Hamwich, voir S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, vol. 1, p. 90-91.
85 Suivant la Vita Vulframni par le pseudo-Jonas, éd, W. Levison, MGH, Scriptores Rerum Merowingicarum, V, Hanovre-Leipzig 1910, p. 657-673 ; voir S. Lebecq, « Vulfran, Willibrord et la mission de Frise : pour une relecture de la Vita Vulframni », dans M. Polfer éd., L’Evangélisation des régions entre Meuse et Moselle et la fondation de l’abbaye d’Echternach (Ve-IXe siècle), actes du colloque de Luxembourg-Echternach, Luxembourg 2000, p. 429-452.
86 N. Meyer-Rodrigues, « Tessons de céramique dite de Tating découverts à Saint-Denis », dans La céramique du IVe au Xe siècle dans l’Europe du Nord-Ouest, op. cit. supra note 83, p. 267-274.
87 Vita prima Maximini, ch. 14, dans AA SS, Mai VII, p. 24 ; Loup de Ferrières, Vita secunda, éd. B. Krusch, MGH, Scriptores Rerum Merowingicarum, III, Hanovre 1896, p. 80-81 ; voir aussi S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, op. cit. supra, vol. 2, p. 142-45, et les commentaires dans le vol. 1, p. 28-29.
88 S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, op. cit. supra, vol. 1, p. 39-41.
89 S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, op. cit. supra, vol. 2, p. 388-390, et commentaires dans le vol. 1, p. 29.
90 Voir D. Hill et D. M Metcalf éd.., Sceattas in England and on the continent, BAR British Series, 128, Oxford 1984 ; ou Ph. Grierson et M. Blackburn, Medieval European Coinage, vol. 1, The Early Middle Ages (5th-10th centuries), Cambridge 1986, en part. p. 149-189.
91 Voyez R. Guadagnin, Un village au temps de Charlemagne, op. cit. supra note 33, p. 307-308 (pour le sceatta de Villiers-le-Sec) et p. 310-312 (pour les deniers mérovingiens et carolingiens de Saint-Denis).
92 Mêmes références que supra, note 59.
93 Voir D. Claude, « Der Handel im westlichen Mittelmeer », article cité supra note 59, passim.
94 Même référence que supra, note 57.
95 Voir S. Lebecq, « Pour une histoire parallèle de Quentovic et Dorestad », dans J.-M. Duvosquel et A. Dierkens éd., Villes et campagnes au Moyen Âge. Mélanges Georges Despy, Liège 1991, p. 415-428.
96 Voir S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons, op. cit. supra, vol. 1, par exemple p. 269.
97 Comment ne pas penser aux Echternach Gospels, évangéliaire fait vraisemblablement à Lindisfarne vers 700, et destiné au monastère continental d’Echternach ? Voir M. P. Brown, Anglo-Saxon Manuscripts, Londres 1991, p. 63.
98 Voyez S. Lebecq, « La Neustrie et la mer », article cité supra note 21, en part. p. 426-428 ; et S. Lebecq, « Quentovic : un état de la question », Studien zur Sachsenforschung, 8, 1993, p. 73-82.
99 S. Lebecq, « Quentovic », article cité ci-dessus, p. 77 (pour l’église Saint-Pierre, connue par les Miracula sancti Wandregisili, éd. O. Holder-Egger, MGH, Scriptores XV (1), p. 408) et p. 80 (pour les manses in portu Wiscus, cités dans un diplôme de 854, éd. F. Lot, Études critiques, op. cit. supra note 1, p. XIV et p. 34).
100 S. Lebecq, « Quentovic », article cité ci-dessus, p. 79 (d’après les Gesta sanctum patrum Fontanellensium, a ° 787, éd. F. Lohier and J. Laporte, Paris-Rouen 1936, p. 86).
101 S. Lebecq, « Quentovic », article cité ci-dessus, en part. p. 79-80.
102 Voir l’édition de D. Hägermann, K. Elmshäuser et A. Hedwig, citée supra note 1, p. 58 et 139, et les commentaires de J.-P. Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges », article cité supra note 54, en part. p. 573 et 577.
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