Scènes de chasse aux mammifères marins (mers du Nord, VIe-XIIe siècles)
p. 239-252
Note de l’éditeur
Première publication dans : Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, édité par Elisabeth Mornet et Franco Morenzoni, Paris, Publications de la Sorbonne, 1997, p. 241-254.
Texte intégral
« Like noiseless nautilus shells, their light prows sped through the sea, but only slowly they neared the foe » « Telles de silencieuses coquilles de nautiles, les légères étraves fendaient la mer, mais il leur fallut du temps pour atteindre l’ennemi »
Herman Melville, Moby Dick, ch. 133.
1Comme on peut s’y attendre, la littérature des premiers siècles médiévaux, tout entière pétrie de culture scripturaire et plus spécialement vétéro-testamentaire, accorda une attention particulière au mythe de Jonas, cité par exemple dans les Miracles de saint Vaast (voir ci-dessous, pièce justificative [PJ] 7), où sont suggérées, comme dans une géographie tellurique, les diverses régions constituant les entrailles de la bête. Comme dans le précédent biblique, le cétacé fait parfois figure d’animal monstrueux – ainsi dans la Vita Columbae (PJ 2a), où il surgit telle une île au milieu des flots, en l’occurrence métaphore du mal, dont n’a aucune raison de s’effrayer le moine pieux et obéissant. Mais dans la plupart des textes qu’on lira ci-dessous, les mammifères marins apparaissent comme le gibier privilégié d’une véritable chasse, c’est-à-dire d’une opération qui est, suivant Robert Delort1, « généralement ressentie comme un combat individuel où l’homme peut même risquer sa vie », pas tellement au nom d’un héroïque dépassement de soi contre les forces du mal, mais plus simplement au nom des impératifs économiques.
2Les textes ici rassemblés sont le produit d’une quête quelque peu empirique, qui a beaucoup emprunté aux indications données par Jean Lestocquoy et Lucien Musset dans leurs articles respectifs sur la chasse à la baleine dans les eaux de la France septentrionale au Moyen Âge2, mais qui en a élargi le champ d’une part à l’ensemble des eaux de l’Atlantique Nord, du cap Nord au Vinland, d’autre part aux autres espèces de mammifères marins, puisqu’il sera aussi bien question de pinnipèdes que de cétacés3. Par leur genre, les documents ici présentés vont de la tradition hagiographique irlandaise (PJ 1 et 2), c’est-à-dire d’un mode narratif qui donne volontiers prise au merveilleux, à l’inventaire de biens ou au tarif de tonlieu (PJ 6 et 10), c’est-à-dire aux plus sèches appréciations matérielles ou comptables. Mais tous nous parlent des rapports – économiques autant que mythiques – entre les hommes et les mammifères marins.
Questions de terminologie
3Dans les textes qu’on va lire, ces animaux sont parfois présentés, par exemple sous la plume de l’auteur anonyme de la Vita Filiberti (PJ 5 a, b et c), comme des poissons. Cela ne doit pas nous étonner dans la mesure où Isidore de Séville, dans ses Étymologies dont on sait que presque toutes les bibliothèques monastiques les avaient à leur disposition, classe non seulement les ballenae, cete (cétacés), et delfines, mais aussi les vituli marini (veaux marins), dans la vaste famille des poissons4. D’ailleurs, ne faudra-t-il pas attendre la dixième édition du Systema naturae de Linné (1758) pour que les cétacés soient définitivement intégrés parmi les mammifères5 ?
4Celui qui, parmi nos auteurs, établit la distinction la plus claire entre ces différents animaux, tout en les regroupant dans un même ensemble, est Bède le Vénérable – qui brille une fois de plus par ses connaissances pratiques et par son sens de l’observation6. Dans le tableau introductif qu’il donne de la Grande-Bretagne (PJ 4), il évoque en effet dans une même énumération les veaux marins, les dauphins et les baleines. Distinguant ces deux dernières catégories, veut-il séparer délibérément les odontocètes (cétacés porteurs de dents comme les dauphins) et les mysticètes (cétacés porteurs de fanons comme les baleines), ou veut-il plus probablement marquer la différence entre les gros et les petits gabarits ? Ce qui est sûr, c’est que, parlant de veaux marins comme les hagiographes irlandais l’ont fait avant lui (PJ 1, où l’auteur de la Vita Brigidae évoque en fait un taurus marinus ; PJ 2 b), il veut signifier les pinnipèdes. Le grammairien Servius l’avait déjà dit au IVe siècle : phocae sunt boves marini7, et Adomnan d’Iona lui-même établit explicitement la synonymie entre les veaux marins et les phocae (PJ 2 b).
5Il faut aller dans le grand Nord pour constater, non sans étonnement, que le même concept pouvait englober certains cétacés et certains pinnipèdes. Alors que le Norvégien Ohthere distinguait clairement (PJ 9) les phoques (sioles) et les baleines (hwaeles), il englobait les morses (aucun doute sur leur identité, car il s’agit d’animaux qui « avaient dans leurs défenses un excellent ivoire ») parmi les secondes : les appelant hors/hwaelum – mot à mot « baleines-cheval », le préfixe hors-résultant peut-être d’une mauvaise interprétation du mot par l’auditoire anglo-saxon qui nous en a conservé le récit8 –, il les considérait assurément comme des baleines, s’empressant de préciser que cette espèce-ci de baleine (hwael) était beaucoup plus petite que les autres baleines (othre hwalas).
Économie des mammifères marins
6Les cétacés font parfois l’objet de descriptions assez précises, même dans les documents hagiographiques. Ainsi, quand Adomnan d’Iona (PJ 2 a) évoque les mâchoires et la dentition de l’énorme créature (bellua), on peut penser qu’il a la vision d’un cachalot. Et quand l’auteur anonyme des Miracles de saint Arnoul d’Oudenbourg (PJ 12) parle des jets d’eau crachés par la baleine, on ne peut manquer de penser qu’il a déjà vu de ses propres yeux des évents en action. Mais plus nombreux sont les textes – c’est le cas en particulier de tous les documents à finalité explicitement économique – qui soulignent le caractère graisseux des mammifères marins. Au point qu’une locution toute faite apparut au plus tard au début du IXe siècle (PJ 6 a et 6 b), qui parlait de crassus piscis, ce qui allait donner en ancien français, spécialement en Normandie, « craspois » (mot à mot : poisson graisseux), mot générique qui pouvait englober toutes espèces de cétacés.
7C’est en effet pour se procurer plus aisément du craspois que les moines de Saint-Denis possédaient en 832 un domaine dans le Cotentin (PJ 6 a), et c’est pour y vendre du vin et du craspois que les marchands de Rouen fréquentaient assidûment au début du XIe siècle le marché de Londres (PJ 10). Les extraits cités de la Vita de saint Philibert, fondateur des abbayes de Jumièges et de Noirmoutier, disent on ne peut plus clairement l’usage que des moines pouvaient faire de la graisse extraite de ces énormes pisces marini qui remontaient le cours de la Seine (PJ 5 a), ou de ces muscula9 qui s’échouaient sur les plages atlantiques (PJ 5 b) : leur graisse était une source de ravitaillement essentielle pour le luminaire monastique.
8Il est clair aussi que les mammifères marins étaient recherchés pour leur valeur nutritionnelle. On mangeait du phoque : c’est de taurus marinus que sainte Brigitte entendait nourrir ses hôtes fraîchement débarqués en Irlande (PJ 1). On mangeait du marsouin : c’est de marsuppae échoués sur le rivage que les moines de Noirmoutier tirèrent leur alimentation pendant près d’une année (PJ 5 c). On mangeait du dauphin : c’est grâce à de la delfini carnis miraculeusement échouée sur une plage du nord-est de la Grande-Bretagne que saint Cuthbert et ses compagnons échappèrent à la faim qui les tenaillait (PJ 3 a et 3 b). On mangeait de la baleine : c’est de chair de hvalr que se nourrirent Karlsefni et ses compagnons après avoir débarqué dans le lointain Vinland (PJ 11 a etb), quitte à s’en rendre malades – ce qui ne saurait étonner s’ils s’étaient contentés d’un animal échoué de longue date. En tout cas, on sait par d’autres sources que ces diverses espèces étaient à ce point considérées comme variétés de poissons que les chrétiens n’hésitaient pas à les consommer même par temps de carême10.
9Leur graisse, leur chair n’étaient pas les seuls atouts économiques des mammifères marins. Le récit du norvégien Ohthere (PJ 9) montre le profit qu’on pouvait tirer de leur peau, qu’il s’agît de phoques, de morses ou de baleines (on en faisait en particulier, après l’avoir cisaillée et torsadée, d’excellents cordages de navires) ; des os de baleines (nulle précision n’est donnée par le texte, mais l’archéologie montre à l’envi la matière première de choix qu’ils offraient à toutes sortes d’artisans11) ; et de l’ivoire de morse (matériau privilégié des artistes scandinaves12, mais aussi anglais : il n’est de ce point de vue pas sans intérêt de relever qu’Ohthere en a ramené en cadeau au roi Alfred de Wessex (PJ 9), et qu’à partir de la fin du IXe siècle a commencé de se développer un Winchester Style en matière de sculpture de l’ivoire13).
La chasse aux mammifères marins
10Les richesses recelées par ces animaux étaient telles que, dès les origines, les hommes firent le maximum pour en tirer profit. Leur chance voulait parfois que des cétacés s’échouent sur les littoraux, et que, tels des naufrageurs, ils n’aient qu’à s’emparer de la manne ainsi offerte, en attendant que les autorités seigneuriales n’imposent leur droit de préemption sur toutes les formes d’épaves, animales aussi bien que nautiques14. Nos textes en offrent plusieurs exemples – depuis les côtes de Noirmoutier au VIIe siècle (PJ 5 b et c) jusqu’aux rivages du Vinland aux alentours de l’an mil (PJ 11 a et b) – et l’on peut penser que les morceaux de dauphin miraculeusement offerts (par la marée ?) à Cuthbert et à ses compagnons affamés (PJ 3 a et b) sont comme une réminiscence de cette bonne fortune éventuellement accordée aux populations littorales.
11Mais, au-delà de l’exploitation hasardeuse des ressources animales, on voit certaines autorités considérer comme de véritables réserves destinées à la reproduction des espèces tels secteurs de la côte qu’elles revendiquaient comme étant de leur ressort, ou, comme dit Adomnan d’Iona, de leur droit (jus) : c’est ainsi (PJ 2 b) que les phoques qui se reproduisaient sur un îlot proche du monastère fondé par Columba à Iona étaient considérés comme la propriété des moines, et que celui qui aurait voulu s’en emparer, les tuer et les emmener sur sa propre embarcation, était traité comme un voleur (en l’occurrence le voleur fut sauvé par la mansuétude de l’abbé). La facilité avec laquelle Ohthere, qui – il est vrai – joue peut-être ici les Tartarin de Tarascon (PJ 9), fut amené à tuer les baleines sur la côte de son Halogaland norvégien – soixante en deux jours avec seulement cinq hommes d’équipage (mais s’agissait-il vraiment de baleines ? ou celles-ci n’étaient-elles pas venues s’échouer comme tant d’autres sur la plage ?) – peut donner à penser que, lui aussi, disposait de réserves sur lesquelles il revendiquait une espèce de monopole.
12Mais, habituellement, la chasse à la baleine, voire au phoque, impliquait qu’on s’éloignât de la côte. L’entreprise pouvait être individuelle, comme celle du pêcheur qui s’est mis au service de sainte Brigitte (PJ 1). Elle pouvait impliquer de petits équipages, comme ces deux seuls navires de Saint-Vaast qui partirent ensemble à l’aventure après l’échec de négociations pour partir plus nombreux (PJ 7). Enfin elle pouvait mobiliser une flotte entière, comme l’auraient voulu les marins de Saint-Vaast ; comme sans doute réussirent à s’organiser les Flamands dont il est question dans les Miracles de saint Bavon et les Miracles de saint Arnoul d’Oudenbourg, qui réussirent le moment venu à encercler (circumdare) une baleine (PJ 8, 12) ; et comme sûrement devaient procéder les hommes des monastères de Saint-Denis ou de Jumièges (PJ 6 a et b, PJ 5 a), qui disposaient d’emplacements idéaux sur les côtes normandes.
13Partir à plusieurs, quand se trouvaient prêts à l’embarquement les hommes de plusieurs patrons, en l’occurrence de plusieurs églises, cela pouvait signifier des discussions préalables que nous montre, dans une forme certes difficile à interpréter, le passage cité des Miracles de saint Vaast (PJ 7). Il semble que c’étaient les premiers prêts au port qui, suivant le droit, devaient organiser le consortium de l’expédition, peut-être parce qu’ils avaient été les premiers à repérer au large le banc de cétacés. Chaque élément nouveau venu devait payer une participation pour avoir le droit de se joindre au groupe et de participer au partage des prises. Comme les hommes des autres églises, exigeant de l’argent pour participer à l’entreprise commune (contubernium), refusèrent finalement de se joindre à eux, ceux de Saint-Vaast partirent seuls. Ils réalisèrent une belle prise, semblable à celle dont saint Pierre fut un jour gratifié15. Mais ce fut grâce à l’intervention de leur saint patron, car la réussite appartenait plutôt à ceux qui partaient nombreux.
14En effet les Miracles de saint Bavon et ceux de saint Arnoul d’Oudenbourg (PJ 8, 12) le montrent bien, la manœuvre idéale était d’encercler le cétacé avec de nombreux navires pour avoir quelque chance de l’atteindre. Alors, les marins armaient leur lance ou leur harpon, hasta marina (PJ 1), uncus (PJ 5 a), ferrum (PJ 8), jaculum ou lancea (PJ 12). Le harponneur devait tenir fermement la corde attachée à l’extrémité de l’arme meurtrière (PJ 1), car il arrivait que la bête, touchée, plonge au plus profond puis resurgisse brusquement, au risque de la casse des navires (PJ 8, 12). Quand enfin elle était vaincue, éventuellement entravée par une multitude de cordages (PJ 12), on la ramenait au port, on la dépeçait, on la partageait entre les marins suivant un usage strict (partes quae unicuique piscantium ex more debebantur miserunt, PJ 7), en réservant au commanditaire la part qui lui était due, par exemple les nageoires (pennulas, PJ 8). Quant à la part de la prise qui n’était pas partagée entre les marins ou expédiée au commanditaire, elle était envoyée sur un marché – celui de Londres par exemple, au tournant du Xe et du XIe siècle (PJ 10).
15Pour conclure, on doit s’interroger sur les effets de cet acharnement précoce contre les phoques, les morses, les baleines et toutes les autres espèces de mammifères marins. Si l’on prend au sérieux le chiffre de soixante baleines tuées en deux jours par le Norvégien Ohthere et ses cinq équipiers, à quel massacre purent aboutir les expéditions collectives des plus puissantes abbayes de la France du Nord ? On a pu écrire que le stock des baleines des mers du Nord avait commencé de s’épuiser aux XIIe-XIIIe siècles16. Peut-être cela fut-il aussi le cas de ces phoques et de ces morses de l’Arctique auxquels l’homme a, dès le début du Moyen Âge, obstinément demandé de la viande et des graisses, de la peau et de l’ivoire, et dont la presque disparition au seuil du XXe siècle a été évoquée par Robert Delort17. Après s’être ainsi acharné pendant des siècles à venger Jonas – comme le capitaine Achab entêté à détruire Moby Dick –, le prédateur universel a-t-il enfin compris qu’il était de son intérêt de sauver les baleines et les autres mammifères marins ?
Pièces justificatives
1 – Vita prima sanctae Brigidae, ch. 73. Sainte Brigitte de Kildare (VIe siècle). Plus ancienne vie écrite vers 650, AA SS, Février, t. 1, p. 118-129, en part. p. 128.
16Un autre jour, des hôtes qui étaient gens de religion arrivèrent au bord de la mer (d’Irlande). Alors Brigitte demanda à un de ses serviteurs qui était pêcheur et qui avait l’habitude de tuer les taureaux marins (tauros marinos) : « Va en mer, et tâche de trouver quelque chose pour nos hôtes ». L’homme partit donc, emmenant avec lui une lance de mer (hasta marina). Très vite un taureau marin apparut, et l’homme lança sa lance et la planta dans le taureau. Avec la corde qui pendait accrochée à l’extrémité de la lance, l’homme fit plusieurs fermes tours autour de sa main. Mais le taureau, grièvement blessé, entraîna l’homme et son navire, fonçant droit devant lui à travers la mer, sans s’arrêter jusqu’au rivage de la [Grande-] Bretagne. Alors la corde céda contre les rochers du rivage, et l’homme resta dans son navire sur le bord de la plage. Le taureau repartit en mer avec la lance dans le corps, et, allant droit devant lui par le même chemin, parvint au rivage où se trouvait sainte Brigitte : c’est là qu’il mourut. Quant à l’homme, il revint après un heureux voyage à la sixième heure, et trouva sur le rivage le taureau mort avec la lance. Rentré à la maison, il raconta son aventure, et chacun rendit grâces à Dieu et à Brigitte.
2 – Adomnan d’Iona, Vita Columbae abbatis, livre I, ch. 19 et 41. Columba est mort en 591. Vie écrite vers 700. Éditions : AA SS, Juin, t. 2, p. 197-236 ; A. O. Anderson et M. O. Anderson, Adomnan’s Life of Columba, 2e éd., Oxford, 1991 ; trad. angl., R. Sharpe, Life of St Columba, Londres, 1995.
a) livre I, ch. 19
17Un jour, tandis que le saint homme se trouvait à Iona, un frère du nom de Berach, qui souhaitait embarquer pour l’île d’Ethica (Tiree), vint le matin trouver Columba afin de recevoir sa bénédiction. Le saint le regarda dans les yeux et lui dit : « Mon fils, tu devras être très prudent aujourd’hui, et ne pas essayer d’aller directement par la pleine mer à Ethica ; fais plutôt un détour par les petites îles ; sinon, tu risques de rencontrer un monstre des profondeurs, auquel tu auras du mal à échapper ». Après avoir reçu la bénédiction du saint, il embarqua dans le navire mais, prenant à la légère la parole du saint, il n’obéit pas. Tandis qu’il était sur la pleine mer en direction d’Ethica, lui et les matelots qui l’accompagnaient virent un cétacé (cetus) d’une taille merveilleuse et gigantesque, qui surgit comme une montagne sur l’eau, et nageait mâchoires grand ouvertes et toutes dents dehors. Les hommes aussitôt sortirent les avirons, affalèrent la voile, firent demi-tour, et parvinrent tout juste à éviter la vague provoquée par le mouvement de l’énorme bête (belluino). Ils reconnurent avec émerveillement le caractère prophétique de la parole du saint. Le même matin, le saint prévint aussi Baithene, qui devait aussi embarquer pour l’île en question, de la présence du cétacé : « Au milieu de la nuit dernière, lui dit-il, un énorme cétacé est remonté des profondeurs de l’océan, et aujourd’hui il se trouvera sur la surface de l’eau entre Iona et l’île d’Ethica ». Baithene lui répondit : « Moi et cette créature (bellua) sommes tous les deux à la merci de Dieu ». « Va en paix, dit le saint, ta foi dans le Christ te protégera contre ce péril ». Baithene reçut la bénédiction du saint et quitta le port. Ses compagnons et lui avaient déjà navigué sur une longue distance quand ils aperçurent le cétacé. Tandis que tous étaient pris de terreur, lui seul, sans la moindre peur, leva les deux mains et bénit et la mer et la baleine. Aussitôt l’énorme créature disparut sous les flots et ne revint jamais plus.
b) livre I, ch. 41
18Une autre fois, tandis que le saint se trouvait dans l’île d’Iona, il appela deux frères, Luigbe et Silnan, et leur donna ses instructions : « Traversez le détroit jusqu’à l’île de Mull, et allez chercher dans les terres voisines du rivage un voleur du nom d’Erc. La nuit dernière, il est venu de l’île de Coll seul et en cachette, et si pendant la journée il essaie de se dissimuler sous son bateau recouvert de foin au milieu de l’étendue sableuse, il espère la nuit venue pouvoir naviguer jusqu’à la petite île où sont reproduits et se reproduisent les veaux marins (marini vituli) qui sont de notre droit (nostri juris). Ce voleur avide souhaite, après les avoir tués, en remplir son embarcation pour les amener jusque chez lui ». Après avoir entendu tout cela, les deux hommes se mirent en route ; ils trouvèrent le voleur caché au lieu même où Columba le leur avait dit, et, ainsi qu’ils en avaient reçu l’ordre, ils l’amenèrent devant le saint. Les voyant arriver, celui-ci demanda au voleur : « Pourquoi, violant la loi divine, t’acharnes-tu à dérober le bien d’autrui ? Si tu es dans le besoin, viens à nous, et tu recevras ce dont tu as besoin ». Aussitôt il ordonna qu’on tue un mouton, et que celui-ci soit donné à la place des phoques (pro phocis) au pauvre voleur afin qu’il ne reparte pas les mains vides. Au bout de quelque temps, le saint eut à l’esprit la vision de la mort prochaine du voleur ; il envoya Baithene, qui alors était prévôt de Campo-Iunge (Mag Luinge) pour qu’il remette au voleur comme nouveaux cadeaux un mouton (pecus) bien gras et six mesures (de grain). Baithene fit ce que le saint avait ordonné, et les cadeaux arrivèrent le jour même où le pauvre voleur fut frappé d’une mort subite. Ils furent utilisés pour ses funérailles.
3 – Vitae Cuthberti (saint Cuthbert de Lindisfarne, mort en 687) : Vita prima par un moine anonyme de Lindisfarne (écrite vers 700), livre II, ch. 4 ; et Vita secunda par Bède le Vénérable (écrite vers 721), ch. 11, B. Colgrave éd., Two Lives of saint Cuthbert, Cambridge, 1985, p. 82-85 et 192-195.
a) Vita prima, livre II, ch. 4
19(En plein hiver, de retour du pays des Pictes, Cuthbert et ses deux compagnons se sont trouvés bloqués dans le nord de la Northumbrie, et ils furent bientôt menacés par la faim). Alors ils se levèrent et se mirent en route. (Cuthbert) étant parti au devant en éclaireur, ils parvinrent à la mer. Et aussitôt ils aperçurent trois morceaux de chair de dauphin (delfini carnis), comme s’ils avaient été découpés par une main humaine et avaient été lavés avec de l’eau. Aussi l’homme de Dieu s’agenouilla, rendit grâces à Dieu et dit à ses compagnons : « Emportez-les et remerciez le Seigneur, car ces trois morceaux doivent suffire à nourrir trois hommes pendant trois nuits et trois jours. Quant au quatrième jour, la mer sera assez calme pour qu’on reprenne la navigation ». Alors ils emportèrent les morceaux et se mirent à les cuire ; ils purent ainsi déguster le merveilleux moelleux de la viande…
b) Vita secunda par Bède, ch. 12
20À ces mots, il les dirigea vers le rivage où il avait l’habitude de veiller la nuit entière en prière. Et quand ils y parvinrent, ils trouvèrent trois morceaux de chair de dauphin (delphininae carnis), qui paraissaient avoir été coupés et apprêtés pour la cuisson par une intervention humaine. Alors, fléchissant le genou, ils rendirent grâces au Seigneur. Et Cuthbert dit : « Voyez, très chers frères, ce qui arrive à ceux qui ont foi et espèrent dans le Seigneur. Voyez comme Il a préparé de la nourriture pour ses serviteurs, et comment, avec ces trois morceaux, Il nous a indiqué le nombre de jours que nous devions passer ici… »
4 – Bède le Vénérable, Historia ecclesiastica gentis Anglorum, livre I, ch. 1, B. Colgrave et R. A. B. Mynors éd., Bede’s ecclesiastical History of the English People, Oxford, 1969, p. 14.
21(Sur les côtes de Grande-Bretagne) on attrape fréquemment des veaux marins, des dauphins et des baleines (et vituli marini et delfines nec non et ballenae), sans oublier toutes sortes de coquillages, parmi lesquels des moules…
5 – Vita Filiberti abbatis Gemeticensis et Heriensis, ch. 9, 27-28. Saint Philibert, abbé de Jumièges et de Hériou (Noirmoutier), mort vers 685. Rédaction du VIIIe siècle, intégrée dans la Vie et les Miracles de saint Philibert compilés au IXe siècle par le moine Ermentaire. B. Krusch et W. Levison éd., MGH, Scriptores Rerum Merovingicarum, t. V ; ou R. Poupardin, Monuments de l’histoire des abbayes de Saint-Philibert (Noirmoutier, Grandlieu, Tournus), Paris, 1905 (Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire), p. 7-8 et 16-17.
a) ch. 9
22II y eut une chose merveilleuse comme on n’en avait jamais entendu de pareille : ils eurent la chance de trouver (à proximité du monastère de Jumièges) d’énormes poissons marins (pisces marini). En effet, avec des harpons (uncis), des filets et des embarcations, ils pouvaient attraper des poissons de mer de cinquante pieds de long, qui donnaient aux frères un complément de nourriture, et qui pouvaient, par l’intermédiaire des lampes, chasser les ténèbres de la nuit car, par un paradoxe de la nature, leur liquide, plutôt que de servir à éteindre le feu, nourrissait par sa graisse le feu de la lampe.
b) ch. 27
23… Une autre fois, comme il manquait de graisse pour assurer le luminaire (du monastère de Noirmoutier), et que, par une prière fervente, (Philibert) demanda à Dieu de bien vouloir combler leur indigence par sa générosité, un moine, arrivant soudain, annonça que la marée avait déposé sur le rivage un de ces énormes poissons morts qu’on appelle musculum. De sa chair les moines parvinrent à extraire trente mesures de graisse pour leur luminaire.
c) ch. 28
24Une autre fois, comme une grave disette commençait à sévir en Poitou, et que l’homme de Dieu, inquiet pour la survie de ses frères, s’adonnait avec la plus grande application à la prière, le lendemain matin une multitude de poissons qu’on appelle marsouins (marsuppas) apparurent dans le golfe (dans la baie de Bourgneuf, proche de Noirmoutier ?), et quand la mer se fut retirée, deux cent trente-sept d’entre eux restèrent sur le rivage, en sorte que pendant toute une année non seulement les frères (de Noirmoutier) en tirèrent avantage, mais plusieurs monastères et nombre de pauvres y trouvèrent leur nourriture.
256a – Charte de l’abbé Hilduin de Saint-Denis relative au partage des biens entre mense abbatiale et mense capitulaire. Saint-Denis, 22 janvier 832. Original : AN, K9 no 5, J. Tardif éd., Monuments Historiques, Paris, 1866, p. 84-86, en part. p. 85. Analyse par J.-P. Brunterc’h, dans Un village au temps de Charlemagne. Moines et paysans de l’abbaye de Saint-Denis du VIIe siècle à l’an mil, catalogue d’exposition, Paris, 1988, p. 125-128, en part. p. 128.
26… et à Gahareium en Bessin (tel domaine) en totalité avec ses dépendances qui s’étendent dans le pagus Constantinus (Cotentin) pour attraper du poisson gras (crassum piscem = craspois)…
276b – Confirmation de la charte précédente par Louis le Pieux. Saint-Denis, 26 août 832. AN, LL 1156, fol. 37v (cartulaire du XIIIe siècle), Dom Bouquet éd., Recueil des Historiens de la Gaule et de la France, t. VI, no 176, p. 579-581.
28[...] et des manses à Bracium, et Gabaregium en Bessin en totalité avec ses dépendances dont certaines s’étendent dans le pagus Constantinus (= le Cotentin) pour attraper du poisson gras (crassum piscem = craspois).
7 – Miracula sancti Vedasti, ch. 6 : Miracles de saint Vaast d’Arras. Fin du IXe siècle, O. Holder-Egger éd., MGH, Scriptores, t. XV (2), p. 400.
29C’est en l’an 875 de l’Incarnation du Seigneur qu’eut lieu le miracle de notre bienheureux père Vaast que je vais raconter maintenant. Dans la mer Britannique, qui se trouve tout près de chez nous, les pêcheurs ont l’habitude de partir ensemble pour aller attraper la baleine (balenam). Survint une altercation pour une question de priorité entre les nôtres et les matelots d’autres patrons, ceux-ci refusant de rejoindre le consortium des nôtres à moins qu’on ne leur donnât des sous pour l’entreprise commune (contubernium). Comme les nôtres refusèrent, tous les autres qui appartenaient à diverses églises et étaient venus là pour pêcher, se moquèrent des nôtres, en disant, tels les enfants de Bethel se moquant d’Élisée le chauve (II Rois 2, 23) : « Alors, quand votre pêche apparaîtra et que vous l’aurez toute entière attrapée, pourquoi la remettre à vos moines, eux qui ne l’auront même pas vue et n’auront pas mérité d’en obtenir le dixième, et tout cela grâce à notre contribution ? ». Ils s’en allèrent donc vers le large, confiants dans la multitude de leurs navires et dans le nombre de leurs marins ; mais l’espoir de ces hommes fut bientôt frustré, non seulement parce qu’ils n’attrapèrent aucun poisson, mais aussi parce qu’ils furent mis en grand péril. Quant aux nôtres, après s’être recommandés à Dieu et à saint Vaast, forts de leur vœu et de deux navires, ils n’hésitèrent pas à confier leur vie à la fortune des vents. Et Celui qui en vérité répond toujours à ceux qui l’invoquent, et qui à Pierre en train de pêcher a donné un poisson avec de l’or, donna à ses serviteurs un énorme poisson (piscem immanen). Alors, ils fixèrent selon la coutume la part qui était due à chacun des pêcheurs, et, comme ils en avaient fait le vœu, ils décidèrent d’adresser deux sous d’argent aux frères et à saint Vaast. Et, pour celui qui ne le croirait pas, cela eut lieu la première année de l’avènement à l’Empire du très glorieux Charles, fils de l’empereur Louis, en la trente-cinquième année de son règne, indiction neuf (875). Ceux qui ne le croiraient pas ne croiraient pas non plus que Jonas, dans sa désobéissance, a été englouti dans le ventre de la bête jusqu’à des régions insoupçonnées.
8 – Miracula sancti Bavonis, livre III, ch. 14 : Miracles de saint Bavon, compilés aux Xe-XIe siècles, O. Holder-Egger éd., MGH, Scriptores, t. XV (2), p. 596.
30Les autres pénétrèrent dans la mer pour attraper des baleines (ballenas). Quand ils eurent aperçu une bête énorme (immani belua), ils l’encerclèrent du mieux qu’ils purent. Mais celle-ci, leur glissant à plusieurs reprises entre les mains, en vint finalement à s’enfoncer (dans les flots). Mais il advint qu’un serviteur du saint père (Bavon) lui avait planté un fer (ferrum) dans le corps, et que, soupirant profondément, il s’écria : « Ohé, saint Bavon, fais-moi cette grâce que, mon vœu se réalisant, je puisse m’acquitter auprès des tiens de l’offrande que je leur promets ». Il pria, et des profondeurs le poisson ressurgit. Dès qu’il le vit, il sauta de joie et il maintint solidement le fer dans la bête. Quand il revint sur le rivage, il envoya les nageoires (pennulas) au monastère du saint.
9 – Les Voyages du Norvégien Ohthere. Récit des voyages du Norvégien Ohthere recueilli par le roi Alfred de Wessex vers 890. Édition du texte original en vieil-anglais et traduction anglaise par N. Lund et C. E. Fell, Two Voyagers at the Court of King Alfred, York, 1984. Traduction française par S. Lebecq, « Ohthere et Wulfstan : deux marchands-navigateurs dans le Nord-Est européen à la fin du IXe siècle », in Horizons marins, itinéraires spirituels (Ve-XVIIIe siècles), Mélanges Michel Mollat, H. Dubois, J.-C. Hocquet, et A. Vauchez éd., t. 2, Paris, 1987, p. 167-182.
31Si (Ohthere) était allé là-bas (le long de la côte norvégienne jusqu’au cap Nord et au-delà), c’était surtout, en plus du désir d’explorer cette terre, pour les horshwaelum (les « baleines-cheval »), parce qu’elles avaient dans leurs défenses un excellent ivoire – d’ailleurs ils en apportèrent quelques-unes au roi Alfred –, et que leur peau était très bonne pour les cordages des navires. Cette baleine (hwael) est beaucoup plus petite que les autres baleines (othre hwalas) : elle n’a pas plus de sept aunes de long. Mais c’est dans son propre pays (= l’Halogaland) que la chasse à la baleine est la plus fructueuse : elles y ont quarante-huit aunes de long, les plus grandes cinquante aunes ; il dit qu’avec cinq équipiers lui-même réussit à en tuer soixante en deux jours. (...) Il comptait parmi les hommes les plus importants de son pays (...) : leur richesse provient surtout du tribut que leur paient les Finnas (les Lapons) : ce tribut consiste en peaux d’animaux, en plumes d’oiseaux, en os de baleines, en cordages de bateaux faits avec des peaux de baleines et des peaux de phoques. Chacun paie selon son rang : un homme du plus haut rang doit verser quinze peaux de martre, cinq de rennes, une d’ours, dix balles de plumes, un manteau de peau d’ours ou de loutre, et deux cordages de navires, dont chacun doit avoir soixante aunes de long, l’un fait de peau de baleine (of hwaeles hyde), l’autre de peau de phoque (other of sioles).
10 – Extrait du tarif de tonlieu de Londres, début du XIe siècle, F. Libermann éd, Die Gesetze der Angelsachsen. Herausgegeben im Auftrage der Savigny-Stiftung, t. 1, Text und Übersetzung, Halle, 1903, p. 232.
32Les hommes de Rouen, qui sont venus (sur le port de Londres) avec du vin ou du craspois (craspice), doivent une redevance de six sous pour un grand navire et une part d’un vingtième de craspois.
11 – Sagas du Vinland, récits, mis par écrit vers 1200, de la découverte du Groenland et du Vinland faite aux alentours de l’an mil par Éric le Rouge et son fils Leif. Édition bilingue par M. Gravier, La Saga d’Éric le Rouge. Le Récit des Groenlandais, Paris, 1955.
a) Le Récit des Groenlandais, ch. 7, op. cit., p. 142-143
33(Tandis que Karlsefni, venu du Groenland, débarquait avec ses compagnons dans le Vinland) ils eurent bientôt l’occasion de faire des provisions abondantes et excellentes, car une grosse et superbe baleine (hvalinn) était venue s’échouer sur le rivage, ils se mirent à l’ouvrage et la dépecèrent, dès lors la nourriture ne leur fit pas défaut.
b) La Saga d’Éric le Rouge, ch. 8, op. cit., p. 84-85.
34(Mêmes circonstances) Un peu plus tard, une baleine (hvalr) vint s’échouer sur la côte. Ils allèrent l’examiner et la dépecèrent, nul ne savait quelle sorte de baleine c’était là ; quand les cuisiniers eurent fait cuire les morceaux, ils en mangèrent et par la suite ils éprouvèrent tous de graves malaises.
12 – Gloria posthuma sancti Arnulficonfessoris, ch. 124. Miracles d’Arnoul évêque de Soissons et abbé d’Oudenbourg en Flandre (mort en 1087). XIIe siècle ? AA SS, Août, t. 3, p. 256.
35Vers la même époque, des pêcheurs, partis de ce secteur de la côte flamande, encerclèrent une énorme baleine (balenam) et la blessèrent à coups de piques et de javelots de façon à la tracter, vaincue, vers la terre ferme, et à se partager les richesses de la bête morte. Mais, bien qu’elle fût grièvement touchée par les javelots (jaculis) et les piques (lanceis), elle ne put jamais être prise et se rendre. Pire ! affolée par la douleur, tantôt elle crachait de l’eau vers le ciel, tantôt elle s’enfonçait dans les profondeurs, tantôt, ressurgissant des profondeurs, elle brisait par la force de sa queue et de ses nageoires les superstructures (armamenta) des navires. Au milieu de tant de difficultés, un des matelots dit à ses compagnons : « Invoquons saint Arnoul d’Oudenbourg, promettons-lui une part de notre pêche, et je suis sûr que grâce à son intervention immédiate nous avaincrons cette bête ». Ils firent ainsi, et aussitôt la baleine cessa de se cabrer et se calma au point qu’elle put être prise et entravée par les cordes.
Notes de bas de page
1 R. Delort, Les animaux ont une histoire, Paris, 1984, p. 128.
2 J. Lestocquoy, « Baleine et ravitaillement au Moyen Âge », Revue du Nord, 30 (1948), p. 39-43 ; L. Musset, « Quelques notes sur les baleiniers normands du Xe au XIIIe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, 42 (1964), p. 147-161.
3 Ce sont en effet les deux grands ordres de mammifères marins que distingue après d’autres F. Audoin-Rouzeau dans son indispensable enquête sur Hommes et animaux en Europe de l’époque antique aux temps modernes. Corpus de données archéozoologiques et historiques, Paris, 1993, p. 453.
4 Isidore de Séville, Étymologies, Livre XII, De Animalibus, ch. 12, De Piscibus, J. André éd., Paris, 1986, p. 183 (vituli), 187 (ballenae, cete), 189 (delfines).
5 Voir R. Manaranche, « Cétacés », in Encyclopaedia Universalis, Corpus, t. 5, Paris, 1993, p. 268-270.
6 Voir à ce propos S. Lebecq, « Les saints anglais et le milieu marin. Contribution de quelques textes hagiographiques à la connaissance du milieu littoral dans l’Angleterre du début du Moyen Âge », Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, janvier-mars 1995, p. 43-56.
7 Commentaire sur les Géorgiques de Virgile, IV, 394 ; cf. J. André, op. cit., p. 184, n. 324.
8 Voir C. E. Fell, « Some questions of language », in N. Lund et C. E. Fell, Two Voyagers at the court of King Alfred, York, 1984, p. 58.
9 Mot curieux, qui renvoie plus vraisemblablement au sens de muscle qu’à celui de moule, sans parler naturellement de celui de souris (cf. le dictionnaire latin-français de F. Gaffiot). Dans ce cas, il pourrait désigner ou le sexe de la baleine mâle (qu’Isidore de Séville appelle musculus, doublet de masculus, dans le Livre XII de ses Étymologies [op. cit., p. 187]) ou, moins vraisemblablement, le puissant appendice caudal de la baleine. Le nom savant de la grande baleine bleue reste Balaenoptera musculus (R. Manaranche, op. cit.).
10 Voir B. Colgrave, Two Lives of saint Cuthbert. A Life by an Anonymous Monk of Lindisfarne and Bede’s Prose Life, Cambridge, 1985, p. 321.
11 « Le seul matériau en os de grande dimension est l’os de baleine, qui est plus grossier et qui fut utilisé – surtout dans le nord de la Scandinavie – pour fabriquer de nombreux instruments, par exemple des navettes de métiers à tisser, des planches à repasser, et même quelques meubles de petite taille », N. K. Liebgott, in Les Vikings, Les Scandinaves et l’Europe (800-1200), catalogue d’exposition, Paris, 1992, p. 202. Voir ibid., le no 28 (p. 235), le no 50 (p. 241), le no 53 (p. 242). Cf. aussi J. Graham-Campbell, Viking Artefacts. A Select Catalogue, Londres, 1980 ; et L. Webster, in The Making of England. Anglo-Saxon Art and Culture (AD 600-900), catalogue d’exposition, L. Webster et J. Backhouse éd., Londres, 1984, en part. no 70, p. 101-103 (« Franks casket »), et no 138, p. 177-179 (« Gandersheim casket »).
12 Voir dans Les Vikings, catalogue d’exposition cité ci-dessus, les commentaires généraux de D. Gaborit-chopin, p. 204-205, et les no 71 (p. 246), 600 (p. 387) et 609-615 (p. 389-391) du catalogue.
13 Voir L. Webster, in The Golden Age of Anglo-Saxon Art, catalogue d’exposition, J. Backhouse, D. H. Turner et L. Webster éd., Londres, 1984, p. 19 et les no 112-130 (p. 113-126) du catalogue.
14 Ainsi dans la Normandie ducale, cf. L. Musset, « Quelques notes… », p. 153.
15 Évoquant la prise par saint Pierre d’un piscis cum aura, qui n’a rien à voir avec la pêche miraculeuse rapportée par les quatre Évangiles, l’auteur des Miracula Vedasti renvoie-t-il à un apocryphe ? Ce qui est sûr, c’est que la capture d’une baleine aux dents d’or est un thème familier de l’hagiographie irlandaise, cf. S. Thompson, Motif-Index of Folk-Literature, 6 vol., Bloomington (Indiana University), 1955-1958, t. 1, p. 375.
16 L. Musset, « Quelques notes… », p. 161. Cf. aussi S. Lebecq, « L’homme et le milieu marin dans le bassin des mers du Nord au début du Moyen Âge », in L’homme et la nature au Moyen Âge. Paléoenvironnement des sociétés occidentales. Actes du congrès de Grenoble, M. Colardelle éd., Paris, 1996, p. 180-188, en particulier p. 185-186.
17 R. Delort, Les animaux ont une histoire, p. 135.
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