Avant-Propos
p. 13-15
Dédicace
À Jean Heuclin et Charles Mériaux, un juste retour des choses
Texte intégral
1La dédicace qu’on a lue en tête de ces deux volumes ne suffira pas à dire ma reconnaissance à l’égard de mes amis Jean Heuclin, doyen de la Faculté Libre des Lettres et Sciences Humaines de Lille, et Charles Mériaux, maître de conférences à l’Université de Lille 3 – Charles-de-Gaulle. Ce sont eux qui ont voulu et pensé cette publication, et qui en ont été, pendant près de deux ans, les inlassables artisans. C’est à eux seuls que je dois de présenter aujourd’hui ce recueil d’articles que j’ai publiés dans diverses revues, actes de colloques ou volumes de mélanges entre 1984 et 2010.
2Même si en ont été d’emblée exclues les contributions, souvent générales, que j’ai données à des magazines historiques, à des catalogues d’exposition, à des encyclopédies, ou encore les introductions ou conclusions qui m’ont été demandées à l’occasion de nombreux colloques, il m’a fallu faire un tri ; laisser par exemple de côté telle étude dont j’avais repris – et, j’espère, mieux traité – le sujet dans une publication ultérieure ; ou ne garder de telle autre que la traduction originale d’un document peu ou mal connu qui y était donnée en pièce justificative. Je pense néanmoins qu’on trouvera dans les pages qui suivent un reflet fidèle de ce qui a été pendant toutes ces années l’essentiel de mes préoccupations de chercheur et de mes centres d’intérêt historiographiques.
3Il y est exclusivement question de ces temps anciens que la terminologie française a coutume d’appeler le haut Moyen Âge, mais dans lesquels je souhaite, en particulier pour faire écho à la chronologie plus subtile de nos collègues anglo-saxons, allemands ou néerlandais, faire le partage entre un « très haut Moyen Âge », qui correspondrait à la période (Ve-VIIe siècles) qu’on qualifie volontiers aujourd’hui de romano-barbare, et un « haut Moyen Âge » stricto sensu, qui engloberait les temps (fin VIIe – début XIe siècle) de l’éclosion, de la maturité, et du déclin de la puissance carolingienne, matrice – à plus d’un titre – de ce que nous convenons d’appeler la « civilisation de l’Occident médiéval ».
4Même si je me suis autorisé quelques excursions dans un espace dilaté jusqu’à l’ensemble de la Gaule, voire de sa périphérie orientale et méridionale, c’est l’histoire des élites, des peuples et des sociétés du Nord qui a le plus retenu mon attention – celle des Frisons des plaines maritimes de la Germanie, vers lesquels m’avaient attiré mes premières recherches ; celle, incontournable, des Francs, qui, à partir de l’Escaut, puis du bassin de Paris, enfin des régions rhéno-mosanes, ont construit autour d’eux une société politique puissante en réinterprétant le legs de la romanité et en créant grâce à l’apport du christianisme de nouveaux modèles qui allaient féconder l’ensemble de la culture médiévale ; celle des Anglo-Saxons et des Celtes insulaires, qui, grâce au dynamisme de leurs églises, ont été les premiers à intégrer les îles dans l’orbe de la culture chrétienne d’Occident ; et celle des Scandinaves, qui, après un à deux siècles de contacts où alternèrent la menace et la destruction, finirent par se rallier au christianisme, et par lui, aux modèles culturels dominants de l’Europe occidentale.
5On aura compris que le trait d’union matériel, véritable médiateur, entre ces élites, ces peuples, ces sociétés, fut l’ensemble des mers du nord de l’Europe, dont on ne sera pas étonné qu’elles occupent une place centrale dans ce livre. Il faut dire que, dès le très haut Moyen Âge, elles connurent une animation jusqu’alors inouïe, même aux plus beaux temps de l’apogée romain. C’est le moment (très précisément au tournant du VIe et du VIIe siècle) où se réveilla l’activité des vieilles cités maritimes, où se multiplièrent les nouveaux ports, wiks et autres emporia, et où le mouvement désormais incessant des bateaux facilita le transport des biens, le voyage des hommes, et le transfert des modèles culturels, au premier rang desquels figure le christianisme. C’est de tout cela qu’il sera question ici.
6La matière a été partagée en deux volumes. Dans le premier, plus axé sur l’histoire sociale, on trouvera, rassemblés sous le titre « Peuples, cultures, territoires », les articles qui parlent des peuples et des sociétés du Nord, de leurs rituels funéraires, de leur christianisation et plus généralement de leurs mutations culturelles ; puis ceux qui parlent des paysages littoraux et des modes de vie des populations maritimes. Dans le second, plus axé sur l’histoire économique, on trouvera, réunies sous le titre « Centres, communications, échanges », les études relatives aux anciennes et nouvelles polarités (vieilles cités, monastères, emporia) et celles qui concernent les systèmes de communication (terrestres autant que maritimes) et les diverses formes de l’activité marchande. La ligne de partage n’est cependant pas évidente entre les deux volumes, puisqu’il y est partout question de la mer, des fleuves et des routes de terre, des voyages, des contacts de peuples et des échanges de biens culturels autant que matériels : aussi le lecteur sera-t-il sans cesse invité à en faire une lecture croisée.
7Les articles ont été pour l’essentiel reproduits dans l’état même où ils avaient été initialement édités, car un recueil d’articles dûment datés doit rester une collection d’études inscrites dans le temps, et ne pas donner lieu à réécriture. Je dis « pour l’essentiel », car certains articles, qui avaient été publiés en anglais ou en allemand, sont pour la première fois donnés ici dans leur version française ; et car tous ont fait l’objet d’un nettoyage, où les éventuelles fautes de frappe, certaines lourdeurs stylistiques, voire de manifestes erreurs de détail ont été rectifiées. Je me suis cependant interdit de les corriger sur le fond, même si, ici ou là, je ne suis plus d’accord avec ce que j’ai pu écrire il y a quinze ou vingt ans – d’un article à l’autre, d’ailleurs, on aura parfois l’occasion de constater l’évolution de ma pensée ou l’expression de mes repentirs. Mais, sur des sujets où la recherche a particulièrement évolué et est venue démentir telle de mes propositions ou telle de mes allégations, je me suis autorisé à en faire état dans des notes additionnelles, qu’on verra ajoutées à la suite des notes infra-paginales correspondantes précédées de la mention : Note additionnelle (2010).
8Il me reste à remercier tous ceux qui, aux côtés de Jean Heuclin et de Charles Mériaux, ont rendu possible la réalisation matérielle de cet ouvrage : Laure Heuclin et Guillaume Heuclin, rompus à l’art du scanning ; Sylvie Joye, maître de conférences à l’Université de Reims, pour la reproduction des tableaux généalogiques ; Jean-Claude Fossey, dessinateur du Centre de recherches archéologiques et historiques, anciennes et médiévales (CRAHAM Centre Michel-de-Boüard) de Caen, pour la cartographie ; la Faculté Libre des Lettres et Sciences Humaines de Lille et l’Institut des recherches historiques du Septentrion de l’Université de Lille 3 – Charles-de-Gaulle pour leur soutien financier ; le Centre Michel-de-Boüard (CRAHAM) de Caen et les Presses Universitaires du Septentrion pour leur assistance technique.
Stéphane Lebecq
Lille, le 1er février 2011.
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Hommes, mers et terres du Nord au début du Moyen Âge. Volume 1
Ce livre est cité par
- Gelichi, Sauro. (2022) Comacchio and Early Medieval Urbanism in Italy. Journal of Urban Archaeology, 6. DOI: 10.1484/J.JUA.5.131736
Hommes, mers et terres du Nord au début du Moyen Âge. Volume 1
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