Les stratégies tiers-mondistes des deux Allemagnes
p. 43-56
Texte intégral
1Si l’on définit aujourd’hui la notion de « tiers-monde »1 en fonction de critères presque exclusivement socio-économiques, ce concept eut jusqu’aux années 1960 une acception politique beaucoup plus prononcée dans la mesure où il regroupait l’ensemble des États qui n’avaient adhéré ni au camp occidental, ni au camp socialiste. Dans le sillage du processus de décolonisation, le concept s’imposa comme le terme collectif regroupant les pays en voie de développement d’Asie, du Proche-Orient et d’Afrique2. Bien qu’en définitive le tiers-monde regroupât la majeure partie des États du monde, les stratégies politico-diplomatiques des États des deux camps antagonistes étaient essentiellement axées sur l’évolution des rapports entre les deux camps. En d’autres termes, la place du tiers-monde dans les stratégies de Guerre froide des pays des deux blocs ne fut pas prioritaire. Néanmoins, passer sous silence le rôle effectif de la majeure partie des États du monde dans la stratégie mondiale des Occidentaux, et à plus forte raison du camp socialiste, reviendrait à ignorer l’objectif final des deux parties : la victoire idéologique mondiale, celle d’un modèle socio-économique, d’une culture politique.
2Si la place du tiers-monde dans les politiques extérieures des deux États allemands fondés en 1949 – et affiliés aux deux camps dominés par les puissances tutélaires américaine et soviétique – a longtemps été considérée comme marginale, il serait erroné d’en sous-estimer l’importance politique ou économique. Disons-le tout de suite, les stratégies de la République fédérale comme de la République démocratique furent largement tributaires des politiques tiers-mondistes des États-Unis et de l’Union soviétique et, partant, aussi des aléas du conflit Est-Ouest. Nous nous proposons d’analyser les caractéristiques des politiques ouest-et est-allemandes de la phase de détente introduite par l’Ostpolitik de Brandt au début des années 1970 jusqu’aux années charnières 1989/90 en fonction des intérêts particuliers des deux États. Jusqu’à cette période, les deux États allemands se livrèrent à une véritable compétition dans les pays du tiers-monde. Cette opposition marqua le pas sur le plan politico-diplomatique après le changement de cap opéré par le gouvernement Brandt/Scheel dans le domaine de la Deutschlandpolitik. Par conséquent, après avoir caractérisé les constantes de la rivalité politique et économique entre Bonn et Berlin-Est, nous observerons successivement les politiques des deux capitales en direction des pays en voie de développement.
L’opposition de deux intérêts nationaux antagonistes des années 1950 à la fin des années 1960
3Dès les années 1950, les relations des deux États avec le tiers-monde furent presque exclusivement dictées par leurs aspirations particulières sur la scène politique internationale. La République démocratique, intégrée au Pacte de Varsovie et au Conseil d’aide économique mutuelle sous tutelle soviétique, cherchait à élargir sa sphère d’influence internationale par l’établissement de relations diplomatiques avec des États qui reconnaîtraient au préalable son existence, sa légitimité et ses frontières. Pour la RFA qui, au titre du Alleinvertretungsanspruch, niait l’existence de la RDA, réduite au statut de « zone d’occupation soviétique », il s’agissait d’isoler le « régime de Pankow » en circonscrivant sa marge de manœuvre en politique étrangère aux relations avec les pays du bloc de l’Est ; si bien qu’il faut partir du postulat d’une rivalité, induite par la division dès 1949, entre les deux systèmes politico-économiques antagonistes3, qui visaient à gagner, aux dépens de l’autre, des partenariats, des marchés, mais surtout une influence politique dans la zone non-engagée dans le conflit Est-Ouest.
4Ce rapport concurrentiel s’est exprimé le plus clairement dans le domaine politique. Les gouvernements successifs de Bonn ont ainsi contribué à la politique de containment dictée par Washington depuis l’immédiat après-guerre. Mais surtout, la stratégie ouest-allemande visait à empêcher la reconnaissance diplomatique internationale de la RDA qui aurait entériné le caractère définitif des frontières de la RDA et de facto approfondi la division. La célèbre « doctrine Hallstein »4 entrée en vigueur en 1955 constitue clairement le fondement de la stratégie politico-diplomatique ouest-allemande à l’égard du tiers-monde. Elle indiquait que la reconnaissance internationale de la République démocratique serait perçue à Bonn comme un « geste inamical » et pourrait conduire à un réexamen, voire à la rupture des relations diplomatiques avec Bonn. Aussi critiquable que soit la « doctrine Hallstein » dans la globalité de la politique étrangère de Bonn5, sa capacité de dissuasion parmi les États du tiers-monde est toutefois avérée : seuls la Yougoslavie titiste et le Cuba castriste osèrent accomplir le « geste inamical », respectivement en 1957 et 1963, et la première visite de Walter Ulbricht dans un pays extérieur au bloc socialiste n’intervint qu’en 1965. Avant la mise en place de la « doctrine Hallstein », le tiers-monde constituait l’unique débouché pour une diplomatie est-allemande en quête de légitimité internationale à l’extérieur du camp soviétique : la République démocratique était parvenue à sortir de son isolement international en ouvrant une représentation économique au Caire en 1953 et deux l’année suivante, à Bombay et Calcutta. Elle conclut même avec l’Inde son premier accord commercial avec un pays extérieur au bloc de l’Est6. Jusqu’à la fin des années soixante, le rayonnement international de la RDA fut fort limité7.
5Les relations économiques et commerciales de Belgrade et de Cuba avec la République fédérale ne furent pas affectées par les turbulences politiques, ce qui aurait pu inciter les autres capitales restées à l’écart du conflit bipolaire à franchir le pas de la reconnaissance. Dans l’ensemble des pays en voie de développement, on cautionnait bien plus l’orientation politique et socioéconomique de la RDA que le modèle occidental en RFA. Mais on ne voulait pas risquer de froisser le partenaire économique ouest-allemand. Pour preuve l’attitude de la Conférence inaugurale des pays non-alignés à Belgrade au début du mois de septembre 1961, quelques semaines seulement après la construction du Mur de Berlin : malgré les pressions de Tito, arguant de ce que la reconnaissance de la RDA n’avait en rien modifié les échanges économiques avec la RFA, et d’autres dirigeants du tiers-monde, l’Inde et l’Égypte usèrent de leur influence pour que le communiqué final ne mentionne aucune référence à l’existence de deux États allemands. De même, lorsque le président du conseil de l’État est-allemand et premier secrétaire du SED se rendit en Égypte en février 1965, on s’employa au Caire à souligner la nuance entre cette visite d’amitié et une visite d’État, c’est-à-dire entre États souverains au regard du droit international. Enfin, la vague de reconnaissance consécutive au revirement ouest-allemand durant les années Brandt s’est déroulée sous l’étroite surveillance du gouvernement ouest-allemand8 qui parvint à limiter la reconnaissance diplomatique pour ne pas compromettre le déroulement des négociations du Traité fondamental signé en décembre 1972. Manifestement, dans les pays arabes, la République démocratique jouait un rôle politique moins significatif : même après la vague de reconnaissance en 1973/1974, Berlin-Est dut constater que ces pays accordaient la priorité aux relations avec Bonn.
6La crise diplomatique entre la République fédérale et les pays arabes en 19659 marqua une césure dans la rivalité ouverte entre Bonn et Berlin-Est depuis 1949 autant qu’elle amorça un revirement de la politique ouest-allemande, qui par ailleurs perdit foi en sa propre influence parmi les pays du tiers-monde10. Pourtant, la République fédérale prit sans grande difficulté l’ascendant dans cette compétition germano-allemande11. Le succès de l’économie sociale de marché et la puissance du Mark en fut le principal motif : les tentatives de percée est-allemandes en Afrique noire ou au Moyen-Orient par l’octroi de crédit au développement furent systématiquement contrecarrées par des offres ouest-allemandes bien supérieures12. En outre, l’étroite collaboration de Bonn avec les anciennes puissances coloniales européennes permit, durant les années 1960, l’implantation de représentations diplomatiques dans les capitales des anciennes colonies en échange d’aides financières suffisamment conséquentes pour dissuader les pays bénéficiaires d’un rapprochement avec Berlin-Est.
7Néanmoins, face à l’échec de la politique d’aide mondiale lancée par le président américain John F. Kennedy au début des années 1960, les sociaux-démocrates ouest-allemands s’engagèrent en faveur d’une moralisation des relations Nord-Sud et d’un engagement accru dans les pays en voie de développement. Dans le sillage de la nouvelle stratégie de développement adoptée par les Nations Unies en 1970, censée favoriser l’intégration des pays du tiers-monde dans l’économie mondiale, le gouvernement fédéral adopta en 1971 une « conception globale de l’aide au pays en voie de développement » mettant l’accent sur les priorités ouest-allemandes13 : il s’agissait de concentrer l’aide par régions et par secteurs et de l’adapter aux besoins spécifiques et au niveau de développement de chaque pays. De son côté, la République démocratique, souligna, lors du 8e Congrès du SED du 15 au 19 juin 1971, la nécessité d’intensifier les luttes de libération nationale, considérées comme un front important dans la lutte contre l’impérialisme, afin d’affaiblir les positions internationales de l’impérialisme et de modifier le rapport de force en faveur des États de communauté des États socialistes. À cette fin, la coopération économique devait soutenir les efforts politiques de normalisation des relations avec ces pays. Durant la première moitié des années 1970, la République démocratique adopta une position beaucoup plus idéologique que sa voisine de l’Ouest. Elle s’engagea également en faveur d’un nouvel ordre économique mondial prenant en compte l’ensemble des pays en voie de développement, tandis qu’à Bonn, la politique tiers-mondiste était avant tout envisagée à travers le prisme de l’économie et du commerce. En témoigne l’échec du ministre social-démocrate Erhard Eppler à imposer son ambition de faire du ministère de la Coopération à Bonn une véritable représentation des intérêts du tiers-monde.
8Le changement de cap opéré dans le domaine de la Deutschlandpolitik par le gouvernement de Grande coalition (1966 – 1969), symbolisé par l’abandon progressif de la « doctrine Hallstein »14 au profit de la « doctrine Scheel »15, voulant retarder la reconnaissance internationale de la RDA jusqu’à l’aboutissement des négociations interallemandes, déclencha, après la signature du Traité fondamental en décembre 1972, la reconnaissance quasi immédiate de la République démocratique. Ainsi, la page de la confrontation germano-allemande dans le tiers-monde, répondant depuis 1949 au principe légitimation vs. isolement international, fut tournée. Jusqu’à ce moment décisif, l’esprit de concurrence entre Bonn et Berlin-Est fut total au plan politique. Au plan économique, la supériorité ouest-allemande a complètement étouffé les tentatives est-allemandes d’intensifier leurs échanges avec les pays en voie de développement. Pour autant, le tiers-monde demeura pour les deux États un objet de convoitise internationale jusqu’à la fin des années 1980.
Le Proche-et Moyen-Orient au cœur de la politique tiers-mondiste de Bonn
9L’élaboration d’une politique tiers-mondiste homogène fut rendue difficile par l’hétérogénéité croissante, tant politique qu’économique, du « troisième monde », durant les années 1970 et 1980 : si les pays pétroliers tirèrent largement profit des crises des années 1970, les autres pays en voie de développement en subirent les conséquences la décennie suivante. La relance du dialogue Est-Ouest initiée au début des années 1970 et la prise en considération accrue des problèmes du tiers-monde apportèrent leur écot au dialogue Nord-Sud, rendu d’autant plus nécessaire après la crise pétrolière de 1973 : la flambée du prix de l’or noir démontra en effet de manière flagrante que la dépendance énergétique des pays occidentaux avait des conséquences économiques fort préjudiciables pour les pays riches du Nord.
10L’attitude de l’Allemagne fédérale, dont le succès économique repose essentiellement sur la capacité d’exportation16, à l’égard du tiers-monde était essentiellement liée à la politique commerciale et devait servir à assurer l’approvisionnement en matières premières : les « 25 thèses pour la politique de coopération avec les pays en voie de développement » adoptées par le gouvernement Schmidt en 1975 dictèrent cette orientation. Si l’on considère les résultats de la politique extérieure commerciale, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, aucune de ces trois grandes zones ne se démarqua de l’autre. Le chiffre d’affaires des firmes industrielles ouest-allemandes resta faible au regard des résultats réalisés sur les continents européen et nord-américain17.
11Le continent africain occupa en effet une place marginale dans la politique tiers-mondiste de Bonn. Bien que la majeure partie des fonds consacrés à l’aide au développement lui fut attribuée en raison de sa situation économique délicate, les produits finis du secteur industriel à forte valeur ajoutée y trouvèrent difficilement preneur. Partant, l’Afrique subsaharienne18 perdit rapidement de son intérêt aux yeux des gouvernements Schmidt et Kohl comme des entrepreneurs ouest-allemands : mise à part l’Afrique du Sud, fournisseur de matières premières minérales, et le Nigéria riche en ressources en pétrole brut de première qualité, les pays de l’Afrique noire ne bénéficièrent d’aucune attention particulière. La part de l’Afrique dans le commerce ouest-allemand n’excédait pas 2 %, dont la moitié pour la seule Afrique du Sud, durant les années 1970 et 1980. Par ailleurs, les marchandises concernées – principalement de l’or et des diamants, du platine, mais aussi du cuivre et du nickel – étaient disponibles en grande quantité sur le marché mondial. De ce fait, il n’existait aucune relation de dépendance ouest-allemande en termes d’approvisionnement19.
12Par sa situation géographique et géopolitique l’Amérique latine relevait du point de vue de l’Auswärtiges Amt de la sphère d’intérêts des États-Unis. Par ailleurs, elle était considérée comme une zone du globe « exotique », voire « imprévisible », caractérisée par une succession de putschs, de révoltes, de guérillas ou encore de « manœuvres politiques opaques »20. Les fondations politiques y pratiquèrent longtemps une diplomatie complémentaire qui forgea des liens particuliers, relayés par la présence de citoyens issus des époques d’immigration du XIXe siècle au plus haut niveau des sphères politique, économique et culturelle21. La République fédérale était le pays de la Communauté européenne le plus présent dans cette partie du globe22. Néanmoins, l’adoption des principes de l’économie de marché dans la plupart des pays latino-américains au cours des 1980 ne permit guère l’intensification des échanges, qui n’avaient cessé de faiblir depuis les années 1950 et n’excédaient pas 5 % du volume total du commerce extérieur ouest-allemand. Si bien que, comme l’Afrique, le continent latino-américain n’eut qu’un rôle secondaire dans la politique tiers-mondiste de la République fédérale.
13Si l’on constate un intérêt faible à l’égard du continent noir après la décolonisation ou encore le caractère quasiment anecdotique de l’Amérique latine ou du continent asiatique, c’est au Proche-et au Moyen-Orient que Bonn concentra ses efforts. Partant, après une diplomatie dictée essentiellement par le principe de l’arrosoir (« Gießkannenprinzip »23) jusqu’à la phase de Détente, l’approche ouest-allemande est dorénavant surtout conditionnée par la crise économique internationale résultant du choc pétrolier. Car l’un des fondements qui permettait d’atteindre l’« objectif suprême de la politique allemande » inscrit dans le préambule de la Loi fondamentale demeurait le succès de l’économie sociale de marché. Or, à l’aube du choc pétrolier, la République fédérale était tributaire des pays de la région pour 40 % de son approvisionnement en hydrocarbures, ce qui la contraignit à assurer les livraisons en provenance d’une région qui jouait un rôle stratégique capital pour le développement de l’ensemble des pays industrialisés. En outre, la région proche-et moyen-orientale constituait tout autant un champ d’expansion industrielle essentiel24 que « le théâtre privilégié extra-européen de son affirmation politique en tant que puissance de premier plan »25.
14Partant, après les crises de 1952 et 196526, l’obligation pour le gouvernement d’Helmut Schmidt de pratiquer au Proche-et au Moyen-Orient une politique équilibrée fut encore plus patente que pour son prédécesseur Willy Brandt, qui l’avait initiée en affichant d’emblée la neutralité ouest-allemande face au conflit. La position délicate de la République fédérale résultait des contraintes du multilatéralisme au sein du camp occidental, en l’occurrence des contradictions entre ses partenaires européens et les États-Unis. Mais elle tenait compte aussi de la responsabilité particulière de Bonn à l’égard d’Israël. D’une part, le gouvernement Brandt dut faire profil bas face aux invectives américaines après ses protestations contre l’utilisation des bases allemandes pour approvisionner les forces israéliennes27. D’autre part, il fut contraint de se rallier à la ligne pro-palestinienne de la France et à s’engager dans le dialogue euro-arabe28. Brandt concéda à ses hôtes israéliens en juin 1973 « des relations normales avec un caractère spécial » tout en refusant parallèlement les contraintes d’une politique « esclave du passé »29. Mais il fut amené à « équilibrer »30 son inflexion pro-arabe en favorisant la conclusion d’un important accord commercial entre la CEE et l’État hébreu en 1975 après s’en être distancé à la suite des menaces d’embargo des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). La politique ouest-allemande fut donc tiraillée entre ses propres intérêts nationaux et internationaux, d’un côté, et, de l’autre, les contraintes résultant de son héritage.
15La diplomatie de Hans-Dietrich Genscher, en quête d’affirmation internationale, tenta de prôner une politique responsable au service de la paix, perceptible lors des conflits israélo-arabes ou de la guerre Iran-Irak (1980 – 1988). Et bien qu’elle dût composer avec les aspirations de ses partenaires, elle sut prendre en parallèle des initiatives qui illustraient l’évolution de la politique allemande dans la région à partir de 198031. La région proche-et moyen-orientale fut la zone du tiers-monde qui suscitait le plus grand intérêt à Bonn en raison de sa situation géostratégique, mais aussi de son potentiel économique. La normalisation des relations diplomatiques en 1974 et la politique pro-arabe du gouvernement Schmidt relancèrent les échanges économiques et commerciaux jusqu’à la crise financière dans les pays de l’OPEP en 1983/1984. En outre, l’Iran, premier débouché industriel et l’un des premiers fournisseurs de pétrole durant les deux décennies qui précédèrent l’unification, redevint en 1987 le premier client allemand qu’il était avant la révolution islamique en 1979.
16La République fédérale était la troisième puissance importatrice et la deuxième puissance exportatrice occidentale de la région moyen-orientale et la part des exportations absorbées par les pays de la zone ne correspond qu’à 2,8 % de ses exportations. Mais il faut observer cette statistique dans une perspective globale : les entrepreneurs ouest-allemands (8,6 milliards de dollars) se plaçaient juste derrière les Américains (9,1) mais devant leurs voisins européens (7,8 pour les Britanniques et 4,8 pour les Français). Tout porte ainsi à croire que le positionnement ouest-allemand répondait à la logique concurrentielle interne au camp occidental, ce qui explique parfois aussi les divergences de vues de ses partenaires et certaines de ses initiatives politiques, en marge de la politique multilatérale. Cela dit, les prises de positions unilatérales de la diplomatie ouest-allemande ne remirent jamais en cause la solidarité occidentale que lui imposait sa situation particulière.
17Enfin, on ne peut traiter la politique tiers-mondiste de la RFA en occultant l’exemple singulier de la République socialiste fédérative de Yougoslavie (RSFY). Si son appartenance au groupe des pays du tiers-monde est discutable au regard de son développement économique jusqu’au début des années 1980, elle n’en demeure pas moins l’un des pères-fondateurs du mouvement des non-alignés et elle fut membre du Groupe des 77 fondé en 196432. Tributaire de l’aide économique occidentale, et qui entretenait de surcroît des relations politiques et économiques particulièrement étroites avec les États satellites de Moscou. En effet, conformément à la stratégie dictée par Washington à la fin des années 1940, Bonn multiplia très tôt les contacts avec la RSFY, en particulier au plan économique, dans le but d’impulser à terme un revirement idéologique au profit du modèle économique et social libéral. Depuis les années 1960, les gouvernements successifs à Bonn avaient encouragé les velléités indépendantistes des Croates, que Tito maîtrisa jusqu’à sa disparition en 1980. Une fois la Yougoslavie orpheline de son président, la République fédérale intensifia par tous les moyens sa politique de déstabilisation jusqu’à la fin des années 1980, espérant déclencher dans ce pays européen du troisième monde une remise en cause du modèle socialiste susceptible de provoquer une réaction en chaîne dans les pays du bloc de l’Est33. Le cas yougoslave est le seul cas flagrant d’une véritable stratégie politique placée directement au service de la question allemande.
La République démocratique entre ambitions extérieures et contraintes internes
18La politique extérieure de Berlin-Est mit à profit le désintérêt soviétique croissant à partir du milieu des années 1970. Une fois la reconnaissance diplomatique acquise auprès des pays occidentaux et neutres, le régime du SED utilisa sa participation aux travaux de l’UNESCO pour soutenir « l’offensive idéologique du socialisme »34. Cette ambition s’inscrit dans l’un des fils conducteurs de la diplomatie est-allemande : la « solidarité anti-impérialiste », définie comme le soutien à la consolidation de l’indépendance politique ainsi qu’à l’établissement de l’indépendance économique des États postcoloniaux. L’objectif fixé lors du VIIIe Congrès du SED, qui se déroula du 15 au 19 juin 1971, fut d’empêcher que les pratiques néo-colonialistes ne s’imposent et de permettre une refonte démocratique des relations économiques internationales35. Ainsi, le régime de Berlin-Est mit-il l’accent sur les États qui donnaient la preuve de leur « orientation socialiste », c’est-à-dire les pays dans lesquels le pouvoir appartenait déjà à un parti marxiste-léniniste et dont le secteur économique était déjà nationalisé. Au second rang des priorités, la RDA prévoyait de gagner à sa cause les pays non-alignés. Les pays souhaitant tourner la page du capitalisme devaient constituer le troisième groupe-cible.
19Dans les faits, la République démocratique chercha d’abord à exploiter les revers essuyés par les Occidentaux et à consolider les positions socialistes dans le tiers-monde. D’ailleurs, jusqu’au tournant des années 1970/1980, elle s’engagea sur tous les fronts, sans que ses efforts fussent pour autant couronnés de succès. En Asie, l’Inde, qui fut un partenaire de premier rang en tant que pilier du mouvement non-aligné, perdit de son importance stratégique. La tentative de percée asiatique à la fin de l’année 1977, au Vietnam et aux Philippines, n’eut pas la portée escomptée en raison du manque de réciprocités des échanges économiques. En Asie comme en Amérique latine, la seconde moitié des années 1970 a été fatale à l’approfondissement des relations politiques. Après le putsch militaire contre le gouvernement de Salvador Allende au Chili en 1973, les contacts furent rompus sous l’ère Pinochet, et Cuba demeura par la suite le seul partenaire politique et économique stable du continent sud-américain. Berlin-Est poursuivit ses efforts de soutien au Nicaragua jusqu’à la fin des années 1980 en accordant même en 1984 un crédit supplémentaire au gouvernement sandiniste qui avait renversé le dictateur Somoza en 1979 alors qu’elle venait d’opposer un refus à la demande de l’Afghanistan. À l’inverse, malgré des échanges commerciaux relativement soutenus, jamais l’Inde et le Brésil ne furent susceptibles de répondre aux ambitions politiques est-allemandes36. Les statistiques du commerce extérieur de la République démocratique avec les pays du tiers monde durant les années 1980 montrent une relative stabilité des échanges avec les pays d’Amérique latine et d’Asie, contrairement à l’Afrique dont les exportations furent divisées par deux et les importations par trois entre 1985 et 198937.
20Pourtant, c’est le continent africain qui constitua l’axe principal de sa stratégie tiers-mondiste. Dans cette perspective, l’entrée à l’Organisation des Nations Unies en 1973 facilita considérablement la percée est-allemande à partir de 1977. Si la « coopération sélective » aux organismes constitutifs de l’ONU aux dépens des organisations financières montre de prime abord une volonté de coopération a minima, elle se justifie en réalité par la crainte d’une contradiction entre socialisme et impérialisme qu’aurait pu faire apparaître la participation à la politique d’aide internationale38. En outre, c’est sur le terrain politique que Berlin-Est souhaitait s’affirmer. La diplomatie de Berlin-Est considérait que l’Afrique offrait la meilleure opportunité de faire avancer le processus révolutionnaire à l’échelle mondiale39. Aussi, elle mit à profit l’abandon par le Portugal de son empire colonial en 1974/7540 en mettant en marche « l’offensive idéologique du socialisme ». Après avoir vainement soutenu les fronts de libération nationale au titre de la solidarité anti-impérialiste durant les années soixante, la RDA s’engagea en 1975 aux côtés du Mouvement populaire de Libération de l’Angola (MPLA) comme du Front de libération du Mozambique (FRELIMO). Ensuite, elle apporta en 1977 un soutien politique puis économique à l’Administration militaire provisoire dirigée par Mengistu Hailé Mariam pour stabiliser l’Éthiopie après le renversement d’Hailé Sélassié, le dernier monarque africain. Du point de vue des dirigeants de Berlin-Est, les affinités marxistes au MPLA étaient indiscutables et les évolutions au Mozambique comme en Éthiopie laissaient présager un changement structurel important dans ces deux pays. Jusqu’en 1980, la République démocratique apporta son soutien aux mouvements d’indépendance en Zambie, en Namibie, au Zimbabwe ou encore en Afrique du Sud. Ainsi, elle contribua au succès des mouvements révolutionnaires en Afrique subsaharienne et approfondit ses relations politico-diplomatiques avec ces pays41.
21La diplomatie est-allemande bénéficia de ces avancées pour élargir sa marge de manœuvre politique : elle proposa par exemple de jouer un rôle de médiateur entre les partisans de Mengistu et ses opposants de l’Érythrée lors de la guerre civile en Éthiopie. Dans ce cadre, elle se rapprocha en 1977/78 de la Libye du colonel Kadhafi qui souhaitait de son côté une révolution du monde arabe et de l’Afrique. Aux perspectives de coopération politique s’ajouta un projet – avorté – d’ouverture économique tripartite en 1977/78 qui prévoyait la mise en commun des matières premières africaines, des capitaux libyens et du savoir-faire industriel est-allemand. Dans l’ensemble, les débuts de la politique africaine de Berlin-Est furent couronnés de succès prometteurs.
22Mais les réalités économiques internes contraignirent le régime à une succession d’inflexions par rapport au projet politique initial : au cours des années 1980, Berlin-Est eut de moins en moins les moyens de ses ambitions. Dès 1981, le poids des contraintes économiques conduisit d’ailleurs à l’adoption d’un « Programme d’urgences en matière d’exportations » axé sur les pays en voie de développement disposant de solides ressources financières : dans les faits, il s’agit presque exclusivement de pays capitalistes42. Les aspirations initiales de la politique tiers-mondiste étaient dorénavant en porte-à-faux avec les objectifs de la politique extérieure commerciale, à savoir l’acquisition d’excédents commerciaux et de devises. D’ailleurs, dès 1981, Berlin-Est concentra ses importations de pétrole sur les pays importateurs de produits est-allemands. En outre, malgré la crise de l’endettement à partir du début des années 1980, l’accord de crédits commerciaux supplémentaires fut assorti de conditions de rentabilité immédiate et limité à des projets lucratifs dans le domaine des machines-outils et de l’électrotechnique. La qualité des relations politiques devint progressivement tributaire de l’approfondissement des relations commerciales. La coopération avec le Mali, qui fut dans les années 1960 un pays fort convoité dans la perspective de la reconnaissance diplomatique, est un exemple significatif de cette nouvelle approche : puisque Bamako ne représentait plus un intérêt stratégique et économique, les relations furent rompues dans les faits par la diminution de l’aide de solidarité et le départ des brigades de la « Freie Deutsche Jugend » ainsi que des enseignants et formateurs43. Pour autant, Berlin-Est poursuivit son soutien aux pays du tiers-monde en difficulté, qui rapportaient tout au plus des matières premières, mais pas de de vises.
23La crise de l’endettement et du développement dans les pays du tiers-monde, particulièrement en Afrique, s’ajouta aux difficultés croissantes à aider les partenaires africains44, alors que Moscou appelait ses satellites à la coopération dans ce domaine. Tout au plus Honecker plaida-t-il en 1985 en faveur de l’adhésion au CAEM du Mozambique et de l’Éthiopie. Mais il se heurta au refus de Moscou, qui croyait de moins en moins en l’avenir du socialisme en Afrique et, du fait de l’incapacité des États-satellites à intensifier leurs efforts, ne souhaitait pas s’exposer au risque d’alourdir ses charges financières. Par la suite, le soutien aux mouvements révolutionnaires recula au profit de la consolidation des positions du socialisme. Tiraillée entre ses aspirations politiques et les nécessités du commerce extérieur, la diplomatie est-allemande opéra au milieu des années 1980 un revirement de la politique tiers-mondiste au profit d’une diplomatie plus pragmatique, placée dorénavant sous le signe de la Friedenspolitik. Sans abandonner le principe de l’« orientation socialiste », elle rechercha avant tout des soutiens politiques à ses initiatives en faveur d’une résolution pacifique des conflits armés dans le tiers-monde. Mais sa participation de plus en plus faible à l’aide au développement des pays les plus pauvres comme les contradictions de la Friedenspolitik portèrent un coup fatal à la crédibilité de ses intentions dans la seconde moitié des années 1980. Les critères d’attribution de l’aide accordée aux pays en voie de développement ne correspondaient plus aux besoins des pays les plus pauvres parmi lesquels la RDA comptait le plus grand nombre de partenaires au sein du tiers-monde : au contraire, les méthodes se rapprochaient de plus en plus de celles des pays capitalistes qui utilisaient l’aide dans le but de favoriser les exportations. Finalement, le régime est-allemand était en contradiction totale avec l’idéal prôné depuis le milieu des années 1970 de bâtir un nouvel ordre économique mondial.
Conclusion
24L’analyse successive des politiques de Bonn et de Berlin-Est aboutit à un constat qui ne surprendra personne au regard des bouleversements des années charnières qui consacrèrent la « victoire du modèle occidental » et la chute du système socialiste. De 1975 à 1990, autant la République fédérale eut les moyens de tirer profit de ses relations avec les pays du tiers-monde sur les plans politique et économique par-delà les divergences idéologiques, autant la République démocratique échoua sur les deux plans en se cramponnant à des objectifs politiques rendus irréalistes par la faillite du système. Les revirements des années 1980 en faveur d’une plus forte sélection de ses partenaires n’ont pas permis à Berlin-Est de trouver l’équilibre entre ses ambitions politiques initiales et ses besoins économiques. À l’inverse, Bonn réussit non seulement à redorer son blason au plan politique auprès de ses partenaires européens après les années délicates consécutives à l’ouverture à l’Est, mais aussi assurer les conditions indispensables de son succès économique.
25Durant les deux décennies qui précédèrent l’unification, les deux États allemands ont pratiqué à l’égard du tiers-monde deux politiques qui devaient contribuer à une plus grande prise en considération des besoins des pays en voie de développement et à une stabilisation progressive du différentiel Nord-Sud. Malgré les multiples appels, notamment de la part de la Commission Brandt, la politique tiers-mondiste des deux pays demeura dans une large mesure une politique à sens unique dont le fil conducteur fut tracé par les intérêts économiques nationaux. Même la République démocratique qui, par-delà ses ambitions révolutionnaires souhaita contribuer à la rénovation du système économique international, céda aux pressions économiques internes et adopta des pratiques similaires à celles de la République fédérale et des autres pays occidentaux.
26Mais il ne faut pas perdre de vue que le tiers-monde, même s’il représente la partie du monde la plus importante en termes géographique et démographique, doit son appellation originelle à son positionnement politico-économique en marge des blocs. Et durant les deux dernières décennies de Guerre froide, son rôle dans la confrontation Est-Ouest fut bien marginal.
Notes de bas de page
1 Cf. Uwe Andersen, « Entwicklungspolitik/-hilfe », ainsi que Dieter Nohlen, « Nord-Süd-Konflikt », in : Wichard Woyke (éd.), Handwörterbuch Internationale Politik, Bonn, 2000, respectivement pp. 79 – 82 et 339 – 347.
2 Durant les années 1970, on utilisa également l’expression « pays du Sud », par opposition aux sociétés industrialisées du Nord. Nous emploierons ici indifféremment les notions de pays du tiers-monde, de pays en voie de développement ou de « pays du Sud ».
3 Amit Das Gupta, « Ulbricht am Nil. Die deutsch-deutsche Rivalität in der Dritten Welt », in : Udo Wengst, Hermann Wentker (éd.), Das doppelte Deutschland. 40 Jahre Systemkonkurrenz, Bonn, 2008, pp. 111 – 133.
4 Bien qu’attribuée au secrétaire d’État aux Affaires étrangères Walter Hallstein, cette doctrine fut conçue par Wilhelm Grewe.
5 On se reportera avec profit à l’ouvrage de Werner Kilian, Die Hallstein-Doktrin. Der diplomatische Krieg zwischen der BRD und der DDR 1955 – 1973, Berlin, 2001.
6 Amit Das Gupta, Handel, Hilfe, Hallstein-Dokrin. Die bundesdeutsche Südasienpolitik unter Adenauer und Erhard, 1949 – 1966, Husum, 2004, pp. 112 – 114.
7 Elle installa à l’étranger sept consulats, dix représentations commerciales et dix-sept représentations non gouvernementales de la Chambre du commerce extérieur de Berlin-Est.
8 La levée de la doctrine d’endiguement de Bonn mit un terme aux réserves des pays du tiers-monde dès 1969 : l’Irak en mai, l’Égypte en juillet, la République centrafricaine, la Somalie et l’Algérie en mai 1970, Ceylan en juin et la Guinée en septembre. Cf. Hermann Weber, DDR. Grundriß der Geschichte, Hannover, 1991, p. 125.
9 . La visite d’Erich Honecker en Égypte en 1965 déclencha entre la République fédérale et les pays arabes une crise diplomatique sans précédant. En effet, l’irritation suscitée à Bonn conduisit Ludwig Erhard à normaliser les relations diplomatiques avec l’ennemi héréditaire du Caire, l’État d’Israël. Bien que la République fédérale jouît jusqu’alors d’une excellente réputation et même d’une certaine influence politique parmi les pays arabes, Bonn dut faire face à un véritable affront : dix d’entre eux réagirent en rompant leurs relations diplomatiques avec Bonn sans toutefois reconnaître la République démocratique. Cf. Sven Olaf Berggötz, Nahostpolitik in der Ära Adenauer. Möglichkeiten und Grenzen (1949 – 1963), Düsseldorf, 1998, pp. 35 – 48 ; Der Spiegel, 24.2.1965, p. 25.
10 Cf. Das Gupta (note 3), p. 115.
11 Déjà au milieu des années cinquante, elle avait accrédité 53 ambassadeurs dans le monde, contre 11 pour la RDA. Et la diplomatie ouest-allemande était déjà bien implantée dans tous les pays qui reconnurent la légitimité du gouvernement de Berlin-Est en 1972. Ibidem.
12 Cf. les exemples de l’Égypte en 1957, de la Guinée en 1958 comme des pays africains accédant à l’indépendance dans les années soixante.
13 Werner Zettelmeier, « L’aide allemande au développement », in : Henri Ménudier (éd.), La République fédérale d’Allemagne dans les relations internationales, Bruxelles, 1990, pp. 243 – 257, ici p. 252.
14 Symboliquement, la Yougoslavie titiste, premier pays ayant subi les conséquences de la « doctrine Hallstein », fut le premier État avec lequel Bonn renoua des liens diplomatiques en 1968.
15 Notons qu’avant de devenir ministre des Affaires étrangères du gouvernement Brandt (1969 – 1974), Walter Scheel fut le premier titulaire du ministère de la Coopération (1961 – 1966).
16 Wolfgang Hager, « L’Allemagne, un commerçant hors du commun », in : Politique étrangère, 1 (1979), pp. 33 – 50.
17 Cf. les données chiffrées mises en relief par Raymond Poidevin, L’Allemagne et le monde au XXe siècle, Paris, 1983, pp. 204 – 209.
18 Rolf Hofmeier, « Das subsaharische Afrika : Stiefkind der außenpolitischen Aufmerksamkeit », in : Karl Kaiser, Joachim KRAUSE (éd.), Deutschlands neue Außenpolitik (vol. 3 : Interessen und Strategien), Munich, 1996, pp. 203 – 210, ici pp. 203 – 204.
19 Rolf Hofmeier, « Afrikas Bedeutung für die Bundesrepublik Deutschland : Entwicklungstendenzen und gegenwärtiger Stellenwert », in : Nord-Süd-Aktuell, 4 (1991), pp. 527 – 533.
20 Manfred Mols, « Deutschland und Lateinamerika. Ansätze zu einer neuen Partnerschaft », in : Kaiser, Krause (note 18), pp. 211 – 218, ici, pp. 211 – 213.
21 Christoph Wagner, « Die offiziöse Außen-und Entwicklungspolitik der deutschen politischen Stiftungen in Lateinamerika », in : Manfred MOLS, Christoph Wagner (éd.), Deutschland – Lateinamerika. Geschichte, Gegenwart, Perspektiven, Francfort/M., 1994, pp. 167 – 228.
22 Le réseau de chambres de commerce germano-latino-américaines implanté depuis le début du XXe siècle contribue à cette performance.
23 Cette notion désigne le processus selon lequel la distribution des subventions d’aide financière est principalement conditionnée par le montant et non par l’urgence des subventions. La distribution des aides financières s’effectue sans examen préalable des besoins des destinataires.
24 Cf. Poidevin (note 17), pp. 264 – 267.
25 Sylvie Lemasson, « La présence allemande au Moyen-Orient », in : Ménudier (note 13), pp. 209 – 226, ici p. 210.
26 Ces crises avaient mené les gouvernements Adenauer et Erhard à prendre le parti de l’État hébreu et de facto coupé les liens diplomatiques avec dix des pays de la région.
27 Gregor Schöllgen, Die Außenpolitik der Bundesrepublik Deutschland. Von den Anfängen bis zur Gegenwart, Hambourg, 2004, pp. 130ss.
28 Karl Kaiser, Udo Steinbach, Deutsch-arabische Beziehungen, Munich, 1981, pp. 128 – 152.
29 Cité par Lemasson (note 25), pp. 212 – 213.
30 Ibidem.
31 La diplomatie ouest-allemande fit preuve de fermeté à l’égard du problème palestinien en votant en 1980 les résolutions de l’ONU sur la violation es Droits de l’Homme par Israël dans les territoires occupés et sur la reconnaissance des droits de tous les réfugiés palestiniens à retrouver leurs biens d’avant 1967. En 1987, durant la présidence ouest-allemande de la CEE, Bonn condamna la répression israélienne de l’Intifada.
32 Ces deux organisations, constituées exclusivement de pays qui restaient en dehors de la confrontation Est-Ouest, eurent pour objectif de solidariser les pays participants afin de mieux faire entendre les intérêts politiques (Mouvement des non-alignés lancé à la Conférence de Bandung en 1955 et fondé au 1er Congrès à Belgrade en 1961) ou de mieux défendre les intérêts économiques des pays du tiers-monde auprès des Nations Unies (Groupe des 77 fondé en 1964).
33 Cf. Julien Thorel, La France, la République fédérale d’Allemagne et la politique européenne de sécurité à l’épreuve de la question yougoslave, (Thèse de doctorat, Université de Paris III) 2004 (Première partie).
34 Jürgen Grosse, Amerikapolitik und Amerikabild der DDR 1974 – 1989, Bonn, 1999, p. 139.
35 Werner Hänisch, Geschichte der Außenpolitik der DDR. Abriß, Berlin-Est, 1984, p. 24a.
36 Selon les chiffres fournis par Siegfried Schulz pour les années 1980 et de 1985 à 1988 en continu, les deux pays comptent parmi les cinq principaux partenaires commerciaux de la RDA. Cf. Siegfried Schulz, « Caracteristics of East Germany’s Third World Policy : Aid and Trade », in : Konjunkturpolitik, 5 (1990), p. 325 ; cependant, si la balance commerciale avec l’Inde profite à la RDA durant la seconde moitié des années 1980, ce n’est pas le cas avec le Brésil : sauf en 1986, la balance commercial est-allemande présente un déficit commercial largement supérieur à l’excédent réalisé avec New-Dehli. Cf. le tableau établi par Benno-Eide Siebs, Die Außenpolitik der DDR 1976 – 1989. Strategien und Grenzen, Paderborn, 1999, p. 424.
37 Cf. Statistisches Bundesamt (éd.), Statistisches Jahrbuch für das vereinte Deutschland, Wiesbaden, 1991, p. 297.
38 Hermann Wentker, Außenpolitik in engen Grenzen. Die DDR im internationalen System 1949 – 1989, Munich, 2007, p. 443.
39 Selon une conversation d’Honecker avec Fidel Castro du 3 avril 1977, citée par Jochen Staadt (éd.), Auf höchster Stufe. Gespräche mit Erich Honecker, Berlin, 1995, p. 66.
40 L’indépendance de la Guinée-Bissau fut proclamée le 10.9.1974, du Cap Vert le 5.7.1975, de Sao Tomé et Principe le 12.7.1975, du Mozambique le 25.6.1975 et de l’Angola le 11.11.1975.
41 Cf. Wentker (note 38), pp. 462ss.
42 Algérie, Égypte, Argentine, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Kenya, Colombie, Koweït, Libye, Malaisie, Mexique, Nigéria, Arabie Saoudite, Zimbabwe, Singapour, Corée du Sud, Taiwan, Venezuela et Émirats arabes unis. Cf. Siebs (note 37), p. 291.
43 Siebs (note 37), p. 290.
44 Siebs (note 37), pp. 280ss.
Auteur
Né en 1975 ; Maître de conférences en études germaniques à l’Université Jean Monnet, Saint-Étienne
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