« Utopie apolitique dans l’espace olympique » L’histoire de l’équipe olympique panallemande de 1956 à 1969
p. 321-337
Texte intégral
« Tout le monde hochait la tête devant la petite guerre menée par l’Allemagne pour obtenir des fanions, des supports, des écussons, des repères, des symboles, des invitations, des hiérarchies et des passeports diplomatiques. C’était l’âge d’or des juristes ; le procès-verbal avait valeur de fait politique ; […] l’inutilité n’était plus dépassée que par la gêne1 ».
1Alors que l’existence d’une équipe olympique panallemande a été célébrée par le mouvement olympique comme un exemple éclatant de la morale apolitique du sport, elle apparaît rétrospectivement comme un paradoxe ou plutôt comme la pomme de discorde par excellence dans les relations entre les deux Allemagnes2. Cela était dû, d’un côté, aux contradictions internes des Jeux Olympiques, qui prétendaient certes posséder une dimension internationale et servir de lien entre les peuples, mais dont la symbolique invitait surtout à l’autoreprésentation nationale avec hymne et drapeau. D’un autre côté, elle était, même du point de vue de la politique allemande, soit un symbole national de lien et d’unité, malgré l’existence de deux États, soit précisément la scène de manœuvres politiques antagonistes de ces deux États3.
2Depuis la première tentative, en vue de donner naissance à une telle équipe, au début des années 1950, et jusqu’à sa division en 1965 et aux querelles protocolaires qui ne cessèrent d’y être associées pour perdurer jusqu’en 1969, l’équipe olympique panallemande fut une sorte d’arène de diplomatie sportive. Les responsables des sports de RDA, d’abord autour de Kurt Edel et, depuis le milieu des années 1950, autour du président de la « Fédération allemande de gymnastique et des sports) (« Deutscher Turnund Sportbund »), Manfred Ewald, et du président du Comité national olympique (« Nationales Olympisches Komitee » – NOK) de RDA, Heinz Schöbel, tentèrent résolument de mettre en œuvre dans le domaine sportif les principes du SED en matière de politique allemande. Ils travaillèrent à saboter la prétention panallemande à la représentation exclusive dans l’espace culturel. Ce faisant, ils suivirent à la lettre les directives du SED qui visaient au départ l’ensemble de l’Allemagne mais qui, au cours des années 1950, changèrent radicalement pour se concentrer strictement sur la reconnaissance et l’égalité des droits de la RDA Ainsi comprend-on que la politique de Bonn ait pressé les responsables des sports réunis autour du président de la « Fédération sportive allemande » (« Deutscher Sportbund »), Willi Daume, et du président du NOK depuis 1951, Karl Ritter von Halt, de maintenir à un niveau aussi bas que possible la liberté de manœuvre de la RDA au sein du sport international. Toutefois, les responsables des sports de l’Allemagne de l’Ouest s’opposèrent de plus en plus, au cours des années 1950, à la prise d’influence de la politique. Cette zone conflictuelle le devint encore davantage du fait que le Comité international olympique (CIO) associait totalement ses propres intérêts à l’équipe olympique panallemande.
3Dans la première partie de cet article, il sera question de la naissance et des premières entrées en scène de l’équipe olympique panallemande aux Jeux Olympiques de 1956, quand les responsables du sport ouest-allemand dominaient encore clairement le champ de la diplomatie sportive. La deuxième partie traitera de la façon dont la RDA s’est battue à l’intérieur du mouvement olympique pour acquérir de la considération par ses performances sportives remarquables et a, de plus en plus, profité de la renommée déclinante des responsables des sports au niveau fédéral qui reprirent à la RDA le rôle de trouble-fête en matière de politique sportive. La dernière partie analysera les conséquences de la division de l’équipe olympique panallemande en 1965 sur la politique allemande au plan fédéral, en ce qui concerne le rapport aux symboles de la RDA dans le domaine du sport.
Harmonie mais difficultés initiales : Le chemin menant à l’équipe olympique panallemande
4La course à la réintégration du mouvement olympique débuta par la fondation des deux Comités olympiques nationaux allemands. Le NOK de la RFA, créé en 1949, afficha dès le début sa prétention à la représentation exclusive, ne voyant aucune contradiction dans la mise en avant de sa neutralité politique et, en même temps, son adhésion aux valeurs politiques fondamentales de la République fédérale nouvellement créée4. D’autant plus grande fut la stupéfaction des olympiens d’Allemagne de l’Ouest lorsqu’en avril 1951 un NOK vit le jour en RDA, présidé par Kurt Edel. Ce NOK ne dévia pas non plus de la ligne du SED en matière de politique allemande et s’en tint à son acte constitutif : vouloir travailler à la fondation d’un Comité national olympique panallemand, ce qui correspondait à la ligne fixée par le bureau politique : « Les Allemands autour d’une même table »5.
5De fait, il fallut attendre jusqu’en 1955 pour voir la RDA enregistrer ses premiers succès sur le terrain politico-sportif. Jusqu’alors les olympiens ouest-allemands avaient réussi à faire jouer leurs bonnes relations au sein du CIO et à mettre la RDA à l’écart par des propositions de compromis inacceptables. Après la reconnaissance, en 1951, par le CIO uniquement, du NOK ouest-allemand mais pas du NOK est-allemand, la première participation olympique de la RDA, en 1952, fut un échec du fait qu’elle n’était pas prête à se soumettre à un capitanat d’équipe ouest-allemand6.
6Mais qu’un pays disposant d’un Comité olympique propre fût exclu pour des raisons manifestement politiques de la participation aux Jeux contredisait la morale apolitique du mouvement, et c’est ainsi qu’après l’entrée en fonction de l’Américain Avery Brundage en 1952, le besoin se fit de plus en plus sentir au sein du mouvement olympique d’intégrer malgré tout la RDA Dans cet esprit on décida de fonder en 1955 une équipe olympique panallemande qui devait occuper, au cours des années suivantes, le gouvernement fédéral à Bonn, le bureau politique à Berlin-Est, l’OTAN et le CIO, et qui ne fut, à aucun moment, « apolitique ».
7Lors de sa séance parisienne du 13 au 18 juin 1955 le CIO décida de reconnaître, au moins provisoirement, le NOK de la RDA, ce qui perdrait toutefois sa validité s’il s’avérait impossible d’envoyer une équipe olympique panallemande aux Jeux Olympiques de 1956 à Melbourne7. Étant donné que la RDA avait, depuis 1952, acquis une reconnaissance au sein d’un nombre croissant d’associations du sport professionnel internationales, la constitution d’une équipe commune restait le seul pas encore imaginable avant une reconnaissance complète de son NOK. Ainsi Brundage avait-il donné naissance au projet qui lui tenait le plus à cœur. Ce projet était né de sa ferme conviction qu’il fallait tenir le sport à l’écart des conflits politiques et en faire un espace d’entente entre les peuples8. Mais le difficile compromis d’une équipe olympique panallemande déclencha une phase de luttes et de manoeuvres du côté ouest- comme est-allemand, phase qui entra dans l’histoire du mouvement olympique sous le nom de « querelles allemandes »9.
8Avec la conférence parisienne les deux États allemands avaient pris pied sur la scène olympique. Une reconnaissance provisoire des deux Comités olympiques nationaux issus d’un même pays contredisait les statuts du CIO Connaissant ces règlements, la délégation de RDA se rendit en août 1955 à Hinterzarten aux premières négociations sur la constitution d’une équipe panallemande et de son protocole sportif : hymne, drapeau et direction d’équipe. Mais même les responsables du sport d’Allemagne de l’Ouest purent se présenter presque sans faire de compromis, car, après l’expérience de 1952, les représentants de RDA devaient éviter à tout prix d’être à nouveau exclus des Jeux Olympiques du fait de leur propre entêtement10.
9On trancha sans trop de heurts la question du drapeau, dans la mesure où les deux États affichaient encore les couleurs noir – rouge – or. La constitution de l’équipe sur la base de la performance sportive fut également réglée d’une façon unanime. Seule la question de l’hymne suscita des oppositions insurmontables entre les deux délégations sportives11. Celle de RDA tenta d’abord d’imposer que l’on renonçât aux deux hymnes en faveur d’un motif classique neutre. Les représentants de l’Allemagne de l’Ouest n’ignoraient pourtant pas que la RDA argumentait, d’une part en sachant pertinemment qu’elle ne gagnerait de toute façon aucune médaille d’or au cours des futurs Jeux d’hiver et, d’autre part, qu’un hymne olympique neutre eût constitué un pas symbolique vers l’égalité des droits entre les deux parties de l’équipe. La délégation d’Allemagne de l’Ouest finit par imposer sa proposition : préserver les deux hymnes, mais, en cas de victoire commune de l’équipe, on ne jouerait aucun des deux12.
10S’ensuivirent d’autres négociations, le 12 novembre 1955 à Berlin-Est et le 7 janvier 1956 à Garmisch, pour clarifier la question de la direction de l’équipe. Pour la première fois on fit appel à l’arbitrage d’Avery Brundage. Tandis que la délégation de la République fédérale d’Allemagne persistait à vouloir mener l’équipe commune dans les deux stades, étant donné qu’elle en fournissait la plus grande partie, les représentants de la RDA exigèrent de désigner le chef de mission pour les Jeux d’hiver, la République fédérale le faisant pour les Jeux d’été. Représentation exclusive contre parité : tel était le cœur du conflit, et Brundage imposa la solution proposée par la RFA. À l’avenir l’équipe fournissant la plupart des membres actifs devait aussi prendre la tête de l’équipe13.
11Lors des Jeux d’hiver à Cortina d’Ampezzo en 1956, la République fédérale présenta effectivement au monde entier son hymne national, officiellement en vigueur depuis 1952. On joua l’hymne ouest-allemand pour Ossi Reichert, première médaillée d’or olympique d’Allemagne fédérale après son succès en slalom géant. L’unique médaille olympique est-allemande revint à Harry Glas, en saut à ski, mais elle ne fut que de bronze14. Bien que les choses eussent pris un tour positif du point du vue du gouvernement fédéral la question des hymnes soulevée à propos des Jeux à Cortina d’Ampezzo devint au cours des mois suivant le sujet central du conflit. Car, d’après le règlement en vigueur à cette époque, il était également possible d’honorer le succès d’un athlète de RDA en jouant son propre hymne.
12Cela inquiéta profondément Bonn, car les sportifs très performants de RDA étaient pour ainsi dire sûrs d’obtenir une médaille d’or aux Jeux Olympiques d’été à Melbourne. Mais l’idée qu’on jouerait l’hymne national de RDA lors d’une cérémonie protocolaire olympique à laquelle participerait l’ensemble du corps diplomatique du pays hôte ne correspondait en aucune façon à la doctrine Hallstein15. Même si le ministère des Affaires étrangères et de hauts représentants de l’OTAN s’immisçaient de plus en plus souvent dans la discussion16, le NOK ouest-allemand eut de plus en plus de difficultés à tirer le signal d’alarme : lors de la séance du CIO de Cortina d’Ampezzo, le représentant ouest-allemand, von Halt, ne parvint pas en effet à amener le CIO à revenir sur la reconnaissance provisoire du NOK de RDA17.
13Aussi les deux Comités nationaux olympiques étaient-ils dans l’obligation de s’accorder sur la question de l’hymne. Le 15 octobre 1956, ils finirent par opter pour la proposition est-allemande, rejetée au départ par la République fédérale, optant avec « L’hymne à la joie » de Beethoven pour un motif classique et neutre. À cette époque, les responsables des sports d’Allemagne fédérale subissaient déjà une forte pression politique, étant donné que leur gouvernement envisageait de ne pas participer aux Jeux Olympiques de Melbourne18. Il y renonça toutefois pour empêcher une représentation sportive de l’Allemagne par la seule RDA. On s’accorda sur la constitution d’une équipe olympique réunissant l’ensemble de l’Allemagne19. Lors de l’ouverture des Jeux Olympiques à Melbourne, Avery Brundage célébra la création de l’équipe allemande unique avec l’idéalisme qui lui était propre : « En l’occurrence, un exemple convaincant de la force olympique constitue la réponse à un problème qui préoccupe les hommes politiques du monde entier »20.
Les haies se font plus hautes : La conscience de soi croissante de la RDA au sein du monde olympique
14À peine l’équipe olympique allemande était-elle née que les aspirations à l’unité baissèrent nettement d’intensité du côté de la RDA car, depuis 1955, les responsables du sport de RDA ne devaient plus œuvrer en vue de l’« unité » mais l’« autonomie » ou, plus précisément, de la reconnaissance internationale de la RDA. Ce changement de paradigme avait été induit par l’Union Soviétique d’un côté, avec la proclamation de la théorie des deux États, et de l’autre par Khrouchtchev lui-même et ses déclarations sur la « coexistence pacifique » devant le 20e Congrès du parti communiste de l’Union Soviétique21. Pour affirmer l’autonomie de la RDA, son NOK tenta, au cours des années suivantes, de sortir peu à peu de l’ombre du sport ouest-allemand. Le succès devait passer par une « mobilisation générale » du sport de compétition en RDA, les performances sportives étant un capital majeur sur le chemin semé d’embûches qui mènerait à une pleine reconnaissance olympique. La RDA s’efforça aussi d’afficher son propre protocole sportif lors de compétitions européennes et mondiales, et de faire en sorte que des manifestations sportives internationales d’importance se passent en RDA22.
15Le NOK est-allemand fit un petit pas de plus vers la reconnaissance olympique lors de la 55e session du CIO, en mai 1959. Certes, ses délégués n’avaient pas pouvoir de modifier la reconnaissance provisoire de la RDA, mais Avery Brundage les assura qu’il soulèverait à nouveau cette question en 1960 à Rome ou à Squaw Valley. Il souligna toutefois que, même si les conceptions devaient évoluer, il s’en tiendrait au principe d’une équipe allemande unique23. Cette nouvelle perspective aida la RDA au plus fort des querelles protocolaires, en octobre 1959.
16Le 1er octobre 1959, la RDA compléta son drapeau24. Dès lors, le drapeau noir-rouge-or ne pouvait plus être commun à l’équipe olympique. Des voix s’élevèrent, dans la presse ouest-allemande, annonçant un éventuel renoncement aux Jeux Olympiques. Même l’opinion publique d’Allemagne fédérale commençait à se lasser des affrontements politiques permanents que Berlin-Est provoquait à propos du sport25. Après que le NOK fédéral eut signalé au Comité international olympique que ce dernier devait accepter même un drapeau olympique neutre, Avery Brundage intervint de nouveau dans le conflit et décida en sa qualité de médiateur d’utiliser en guise de drapeau olympique les cinq anneaux blancs olympiques situés dans la partie rouge du drapeau allemand26. Face à cette décision contraignante du CIO prise dans leur dos, les représentants du NOK fédéral rencontrèrent à nouveau les délégués de RDA le 18 novembre. Le nouveau président du NOK Est, Heinz Schöbel, et ses compagnons Manfred Ewald, Rudi Reichert, Alfred Heil et Helmut Behrendt protestèrent certes contre la décision du CIO tout en sachant que la partie de l’équipe qui ne se plierait pas à la décision du CIO risquerait son billet pour Squaw Valley et Rome.
17Mais la décision du CIO concernant le drapeau eut d’abord des conséquences négatives considérables sur le NOK fédéral. Le 20 novembre 1959 parut dans la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » une glose27 qui suscita l’impression que l’Allemagne de l’Ouest était,, prête à céder sur cette question. Le gouvernement du chancelier Adenauer réagit immédiatement par un décret dans lequel le il désigna le drapeau fédéral comme l’unique drapeau olympique allemand possible. Prendre pour drapeau de l’équipe olympique allemande un drapeau noir-rouge-or doté de cinq anneaux olympiques « était inconciliable avec la dignité nationale »28.
18Ce geste maladroit du point de vue tactique tenait au fait que Bonn n’avait perçu ni le prestige croissant du NOK de la RDA ni le danger de voir la RDA se rendre seule à Squaw Valley et à Rome si la République fédérale en venait à rejeter l’arbitrage de Brundage29. Le NOK Est perçut aussitôt sa chance. Le président Heinz Schöbel télégraphia dès le 23 novembre à Brundage pour lui signaler que la RDA donnait son assentiment au drapeau qu’elle avait jusque-là refusé avec véhémence30. Le large écho propagandiste dans la presse de RDA poussa définitivement le NOK fédérale vers une position défensive. L’ultime espoir des représentants sportifs fédéraux était un entretien personnel avec le chancelier Adenauer, le 25 novembre 1959.
19Mais même cet entretien au Palais Schaumburg, auquel étaient conviés les ministres Heinrich von Brentano et Gerhard Schröder, le chef du service de presse Felix von Eckart et le secrétaire d’État Hans Globke ainsi que les deux représentants sportifs Daume und von Halt, n’apporta aucune avancée31. Adenauer ne voulait pas exclure l’idée d’un renoncement aux Jeux Olympiques et resta inflexible, même s’il redoutait la trivialisation d’un symbole d’État : « Si vous intégrez maintenant les anneaux olympiques dans le drapeau, le cirque Sarrasani rappliquera et voudra mettre un éléphant, la corporation des bouchers une tête de porc sur le drapeau »32.
20Les dirigeants sportifs d’Allemagne fédérale assurèrent certes avoir pris connaissance de l’attitude de leur gouvernement tout en voulant, néanmoins, résoudre de manière autonome le problème du drapeau lors de la conférence sur le sport de Hanovre, en décembre 1959. C’est là que les comités directeurs du DSB et du NOK décidèrent d’accepter l’arbitrage du CIO Le NOK fédéral avait, expressément et conformément à la règle 25 du CIO qui exige sa neutralité politique, prouvé son indépendance vis-à-vis du gouvernement fédéral, geste qui eût été impensable en RDA.
21Dans l’année qui suivit l’entrée de l’équipe olympique allemande dans le stade de Rome la construction du Mur de Berlin créa de nouvelles réalités politiques allemandes qui ne manquèrent pas de toucher le sport. Trois jours plus tard seulement le mouvement sportif fédéral réagit. Le 16 août 1961, les représentants généraux du comité directeur du DSB et NOK se réunirent à Düsseldorf ; ils proclamèrent peu après, lors d’une conférence de presse, la rupture de toute relation sportive avec la RDA33. Cela signifiait qu’à l’avenir les athlètes ouest-allemands ne participeraient plus à des compétitions nationales et internationales sur le sol est-allemand et qu’on n’accorderait à aucun sportif est-allemand l’autorisation de participer à des compétitions nationales en République fédérale. Cette décision des dirigeants sportifs fédéraux cédait aussi bien à l’opinion publique qu’aux revendications de la classe politique, formulées par Willy Brandt et Heinrich von Brentano34. Même l’OTAN réagit, sur le conseil du gouvernement fédéral, et empêcha jusqu’en 1964 l’entrée des sportifs de RDA dans les pays qu’il regroupait, l’Allied Travel Office de Berlin-Ouest leur refusant les documents nécessaires35.
22Ainsi débuta une phase politico-sportive de la cohabitation germano-allemande marquée essentiellement par des inconséquences fatales, fruit des divergences croissantes entre le déclin des sentiments panallemands des deux sociétés et la rigidité du gouvernement fédéral en matière de politique allemande. Elles furent attisées par le Comité international olympique qui rejeta de nouveau, lors de sa session de juin 1961 à Athènes, la demande est-allemande de reconnaissance totale, obligeant les deux NOK à une-chose presque impossible : malgré la rupture des relations sportives interallemandes, ils étaient censés, une fois de plus, mettre sur pied une équipe olympique allemande commune pour les Jeux Olympiques de 1964.
23Conformément aux directives du Comité international olympique le secrétaire général du CIO Mayer invita les deux NOK en mai 1962 à reprendre les négociations dans ce but. Mais cette fois Willi Daume hésita et se montra prêt à tenir compte de l’opinion publique36. En revanche, le gouvernement fédéral se prononça le 28 novembre 1962 en faveur d’une équipe unique qui, selon lui, cachait l’existence de la RDA et représentait ainsi un « revers pour Ulbricht »37.
24Au cours de la phase préparatoire à la première rencontre des délégations des deux NOK, en décembre 1962 à Lausanne, Willi Daume ébaucha une proposition de compromis pour les futurs Jeux Olympiques qui prévoyait que deux parties d’équipe séparées se présenteraient, réunies par un hymne et un drapeau. On tomba effectivement d’accord sur ce compromis. Mais Daume avait sous-estimé à la fois le gouvernement fédéral et Avery Brundage. De retour à Bonn, on lui fit remarquer sans aménité lors d’un entretien au ministère de l’Intérieur que cette proposition n’était rien d’autre que la mise en œuvre dans le domaine politico-sportif du modèle de confédération que Walter Ulbricht venait d’inscrire sur l’agenda de la RDA en matière de politique allemande38. La proposition de compromis de Willi Daume finit par échouer à cause du président du CIO qui plaça les deux Comités nationaux olympiques face à la quadrature du cercle en leur demandant de préserver l’équipe olympique allemande. Après cet acte d’autorité il ne fallut pas moins de 96 séances pour les associations professionnelles, 15 pour les NOK et, au total, plus de 1 000 heures de négociations pour parvenir à une véritable équipe. À cela s’ajoutèrent 60 compétitions éliminatoires acharnées qui ne concernèrent pas seulement l’identité des athlètes de l’Est et de l’Ouest qui pourraient participer, mais aussi l’identité de celui qui porterait le drapeau commun en entrant dans le stade de Tokyo. Les rares réactions attestées du public lors des compétitions éliminatoires à l’Est et à l’Ouest témoignent clairement d’une tension et d’une rivalité croissantes entre les deux nations sportives allemandes. Ainsi le gymnaste Kurt Friedrich, qui s’était enfui à l’Ouest, fut-il hué lors des qualifications à Magdebourg, en République fédérale, on jeta des œufs sur les gymnastes de RDA39.
La diplomatie du sport soumise à rude épreuve : La fin de l’équipe olympique panallemande et les Jeux de Munich
25Si l’équipe olympique allemande tournait de plus en plus à la farce, le Comité international olympique, compte tenu des fondements de la « politesse olympique », se voyait dans l’impossibilité de traduire dans les faits la séparation des deux équipes allemandes envisagée en 1963/64. Le 60e congrès du CIO, initialement prévu à Nairobi, fut déplacé au dernier moment en raison des tensions liées à la politique intérieure. La délégation ouest-allemande perçut immédiatement sa chance et proposa de le faire à Baden-Baden. Lorsque les olympiens les plus éminents s’y rencontrèrent effectivement, à l’automne 1963, il ne leur fut guère possible de brusquer leur hôte en décidant de se séparer. De plus, le président du CIO ne renonçait pas à une équipe réunissant les deux Allemagnes40.
26Évaluant la situation avec réalisme la RDA indiqua les difficultés41 liées à un tel projet, et travailla juste avant les Jeux Olympiques de Tokyo à sa reconnaissance complète. Un catalogue de mesures, de juillet 1964, prévoyait aussi, en marge d’une rencontre à Moscou avec les membres russes du CIO, de consulter tous les autres dirigeants sportifs des pays socialistes42. En outre, il était prévu de voyager dans les pays de la délégation olympique : au Japon, en Égypte, en Finlande, en Suède et éventuellement en Islande. À cette occasion, on devait en appeler à l’influence du représentant égyptien au CIO, irrité par la politique du gouvernement fédéral en faveur d’Israël. De plus, toutes les associations sportives et les organes de propagande étrangère furent associés à la lutte pour la reconnaissance43.
27Dans le même temps commença du côté de l’Allemagne fédérale une campagne semblable contre la reconnaissance du Comité national olympique de RDA Le ministère des Affaires étrangères exigea de ses ambassadeurs d’agir dans un sens panallemand sur les membres du CIO de leurs pays respectifs. Ce fut un succès, car les représentants du CIO des 22 pays finirent par accepter de voter à Tokyo contre une pleine reconnaissance du Comité national olympique de RDA Mais contrairement à ce qui se passait en RDA, des voix critiques s’élevèrent des rangs du sport ouest-allemand contre cette intervention politique. C’est pourquoi Willi Daume n’envoya la liste des membres du CIO dont il était question qu’après y avoir été sommé à plusieurs reprises par le ministère des Affaires étrangères44. Il savait que la famille olympique réagirait vivement à une politisation si évidente de sa sphère d’influence. Finalement, on régla le problème à Tokyo dans le sens du ministère des Affaires étrangères. La demande de reconnaissance complète du Comité national olympique de RDA, présentée par Andrianov, membre russe du CIO, fut rejetée et reportée à la session suivante, en 196545.
28En juin 1965, Avery Brundage en appela une dernière fois, dans une lettre personnelle, aux deux Comités olympiques allemands, leur demandant de s’en tenir à la solution qui avait fait ses preuves. Il y soulignait d’un côté son lien personnel à l’équipe olympique panallemande, tout en y voyant une victoire de l’idée olympique sur la politique46. Les réactions à cette lettre furent conformes aux attentes des deux côtés du Mur. Tandis que Willi Daume accepta immédiatement l’offre de Brundage et proposa, en outre, de débattre de la reprise des relations sportives interallemandes, la réponse de Berlin-Est fut plutôt froide47. Heinz Schöbel se réclama dans sa réponse de la règle 7 du règlement olympique d’après laquelle non seulement les pays et les nations mais également les territoires et les régions peuvent acquérir une pleine reconnaissance olympique à condition que ce territoire ait disposé pendant un laps de temps raisonnable d’un gouvernement stable48. Il démontra de nouveau à Brundage, en faisant référence à l’influence croissante du gouvernement fédéral et du ministère des Affaires étrangères sur le sport, qu’une équipe allemande unique n’était plus appropriée depuis longtemps aux relations entre les deux États allemands. Le Comité national olympique de la RDA inscrivit même à l’ordre du jour de la 63e Session du CIO, le 8 octobre 1965 à Madrid, le problème de sa reconnaissance49. C’est là que le CIO décida certes de reconnaître pleinement le Comité national olympique de la RDA, mais les deux équipes, désormais séparées, devraient, lors des Jeux Olympiques de 1968, se présenter une fois encore sous le même drapeau, avec le même hymne et le même emblème50. Le procès-verbal, qui ne compte que cinq voix défavorables, montre la large acceptation de cette solution51.
29La décision prise à Madrid faisait cas de la réalité des deux Allemagnes. Les 1000 heures de négociations avant Tokyo avaient montré qu’il n’était plus possible de constituer une équipe commune par-delà le Mur de Berlin. Tandis que le sport de RDA consolida logiquement par la suite sa reconnaissance, par exemple en élisant Heinz Schöbel en avril 1966 premier membre est-allemand du CIO, les olympiens d’Allemagne fédérale reçurent la même année un lot de consolation d’importance : Munich fut choisie comme ville olympique pour les Jeux de 1972.
30Le compromis de Madrid, qui assurait certes à la RDA le droit de devenir équipe autonome mais qui continuait à la lier au drapeau et à l’hymne olympiques, ne fut pour les diplomates sportifs est-allemands qu’une étape. Ils restèrent fidèles, même après la décision de Madrid, à leur tactique efficace et ils mirent à l’ordre du jour la question du drapeau avant chaque manifestation sportive internationale. Leur action connut un succès grandissant étant donné que le climat politique international donnait des signes de détente et que le sport international se lassait aussi de plus en plus au cours des années 1960 de ces formes diverses de « querelles allemandes ».
31Dès 1963 la fédération internationale de ski attribua le championnat du monde de ski nordique à Oslo au lieu de Garmisch, les responsables du sport fédéral étant certes en mesure de garantir que toutes les équipes étrangères pourraient participer sans réserve, mais cette déclaration excluant la délégation de RDA Le ministère des Affaires étrangères pria les responsables du sport de bien vouloir comprendre cette décision, car les États membres de l’OTAN n’avaient trouvé un accord sur la fermeture de leurs frontières aux sportifs de RDA qu’à la demande pressante de Bonn, en septembre 1961. Désormais, il était impossible à la République fédérale de délivrer elle-même un visa52. Ce cercle vicieux, que l’ingérence du ministère des Affaires étrangères dans l’organisation des manifestations sportives internationales avait créé même à l’étranger, pesait pourtant de plus en plus fréquemment sur les dirigeants sportifs ouest-allemands eux-mêmes. C’est pourquoi, dans le flot des querelles protocolaires, la RDA était devenue le lieu phare de divers grands événements sportifs. Elle comblait le vide laissé par la République fédérale comme lieu de rencontres sportives. Même les associations fédérales du sport professionnel étaient pour la première fois prêtes à quitter le front diplomatico-sportif anti-RDA qui les isolait de plus en plus au sein du sport international. Lorsque le gouvernement fédéral somma la fédération allemande d’athlétisme de renoncer à participer au championnat d’Europe de Budapest en 1966, son organisateur ayant accordé à la RDA le droit de participer aux compétitions en tant qu’équipe autonome dotée de son propre drapeau et de son propre hymne, le président Max Danz opposa une fin de non-recevoir53. L’année suivante, la fédération allemande de hockey sur glace se retrouva sous le feu de la critique du ministère des Affaires étrangères pour ne pas s’être, selon lui, suffisamment efforcée d’empêcher, en appliquant le protocole à la lettre, une rencontre entre les deux équipes allemandes lors du championnat du monde Vienne54.
32Dans le monde du sport international aussi, une résistance à de telles frasques germano-allemandes se fit sentir. Cela valut en particulier pour le CIO Lors de l’ouverture de son 66e congrès, à Rome, le 24 avril 1966, Avery Brundage invita les associations professionnelles à déplacer les manifestations internationales dans les pays non membres de l’OTAN, étant donné que les restrictions d’entrée fixées par l’alliance à l’égard des sportifs de RDA seraient toujours en vigueur. En réalité, il suffisait d’attendre que la meilleure réputation de la RDA dans le monde du sport international conduise à la pleine reconnaissance de celle-ci au sein du mouvement olympique. C’est pourquoi Avery Brundage, dès le mois de décembre 1967, laissa entrevoir à la délégation est-allemande qu’elle pourrait, même sans renouveler sa demande, acquérir sa pleine souveraineté en 196855. Or cela concernait aussi la question, soulevée depuis longtemps, du protocole de 1972 au stade olympique de Munich.
33Le 12 octobre 1968, le CIO montra une fois de plus qu’il était moins intéressé par la politique pragmatique que par la politique de force interne au sport. Malgré la présence des blindés soviétiques à Prague la question allemande fut inscrite à l’ordre du jour après que la Corée du nord et Formose (Taïwan) eurent à nouveau insisté pour se présenter à l’avenir sous les noms de « République populaire de Corée du Nord » ou de « République de Chine »56. Par ce biais, le CIO eut la possibilité de se libérer d’un seul coup de toutes ses querelles protocolaires. Lors des élections qui suivirent, le NOK de RDA obtint par 44 voix contre 4 le droit de disposer en propre d’un hymne, d’un drapeau et d’un emblème. La future équipe porterait le nom « Allemagne-RDA ». En outre, le CIO invita le Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Munich à remettre, au plus tard à la fin de l’année, un texte sur la question du déroulement sans encombre des Jeux dans le cadre de cette nouvelle réglementation.
34En étant pleinement reconnue par le mouvement olympique, la RDA avait atteint son but. Désormais, les responsables sportifs de l’Allemagne fédérale devaient agir s’ils ne voulaient pas perdre les Jeux. À Bonn, après le choix de Mexico, les responsables se sentirent abusés par le NOK et se voyaient dorénavant placés dans une situation difficile en matière de politique allemande. Spontanément, ils envisagèrent de renoncer aux Jeux. Pourtant, malgré les fortes réserves du ministère des Affaires étrangères et de la Chancellerie, le gouvernement fédéral adopta le 18 décembre 1968 un projet du ministère de l’Intérieur et remit le lendemain au CIO une déclaration sur le déroulement optimal des Jeux. Derrière cette décision se trouvaient surtout les ministres Willy Brandt et Herbert Wehner qui voulaient régler définitivement le problème de l’hymne et du drapeau57. Bien que l’on pût reconnaître déjà ici les débuts de la nouvelle politique envers les États de l’Europe de l’Est, le ministère fédéral de l’Intérieur souligna encore que cette déclaration en faveur de Munich représentait une exception absolue. Le projet du gouvernement mettait en outre l’accent sur le fait que cette décision n’aurait aucune répercussion sur la politique de non-reconnaissance de la République fédérale. Car, en fin de compte, la RDA n’était reconnue sur le plan olympique que comme territoire, et non comme État ou nation58.
35Toutefois, ces subtilités allemandes ne pouvaient guère être déjà communiquées à la population. C’est pourquoi la presse se demanda le lendemain, légitimement, pourquoi un règlement valable à l’été 1972 devait être proscrit jusque-là. Ainsi la question protocolaire des Jeux de Munich finit-elle par devenir exactement ce que l’on avait redouté : un tournant politique pour l’Allemagne dans le domaine du sport. Car même les Länder renouvelèrent lors de la réunion de leurs ministres de l’Intérieur du 6 février 1969 leurs réserves sur l’action du gouvernement fédéral. Ils constatèrent qu’il y avait de l’inconséquence à traiter différemment les Jeux Olympiques et d’autres manifestations sportives internationales59. Le 22 juin 1969, le gouvernement fédéral finit par prendre la seule décision encore possible : il se déclara disposé à tolérer le drapeau et l’hymne de la RDA lors des manifestations sportives internationales sur le sol de la République fédérale. Ainsi prit fin l’histoire des tensions interallemandes dans le domaine du sport.
Conclusion
36L’histoire de l’équipe olympique allemande montre à quel point la politique des deux États s’axait sur les symboles et les représentations. Le sport, en particulier le mouvement olympique, s’avérera propice à ces querelles protocolaires. Le CIO n’eut certes de cesse de souligner qu’il offrait un espace culturel « apolitique », mais il tenta en même temps de fournir des contrepoints aux faits politiques. Ce faisant il ouvrit toute grande la porte à une politisation progressive.
37Tandis que le sport fédéral allemand se dégagea au cours des années 1950 de son fardeau politique allemand et se défendit avec succès contre des tentatives d’influence du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères, les responsables des sports de RDA n’eurent de cesse de chercher à séduire par leur fidélité idéologique au parti. L’efficacité croissante du sport de RDA contribua à une plus grande renommée olympique.
38L’histoire, riche en tensions, des deux États allemands dans le domaine du sport, oscille entre les deux pôles de la démarcation et de l’entrelacement. En cela elle est exemplaire d’une démarche d’histoire intégrée des deux Allemagnes.
Notes de bas de page
1 Peter Bender, Episode oder Epoche ? Zur Geschichte des geteilten Deutschland, Munich, 1996, p. 170.
2 La contribution qui suit constitue un résumé de : Uta Andrea Balbier, Kalter Krieg auf der Aschenbahn. Deutsch-deutscher Sport 1950 – 1972. Eine politische Geschichte, Paderborn, 2006. L’auteur remercie chaleureusement les éditions Schoening d’avoir autorisé la publication ainsi que les traducteurs, Ingrid et Marc Lacheny.
3 Sur l’histoire de l’équipe olympique panallemande, voir Martin H. Geyer, « Der Kampf um nationale Repräsentation. Deutsch-deutsche Sportbeziehungen und die ›Hallstein-Doktrin‹ », in : Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, 44 (1996) 1, pp. 55 – 86 ; Andreas Höfer, « Querelles d’Allemands. Die gesamtdeutsche Olympiamannschaft (1956 – 1964) », in : NOK (éd.), Deutschland in der Olympischen Bewegung. Eine Zwischenbilanz, Francfort/M., 1999, pp. 209 – 260 ; Tobias Blasius, Olympische Bewegung, Kalter Krieg und Deutschlandpolitik : 1949 – 1972, Francfort/M., 2001. Sur la dimension symbolique de la politique allemande, voir les réflexions stimulantes de Johannes Paulmann, « Deutschland in der Welt. Auswärtige Repräsentationen und reflexive Selbstwahrnehmung nach dem Zweiten Weltkrieg – eine Skizze », in : Hans Günter Hockerts (éd.), Koordinaten deutscher Geschichte in der Epoche des Ost-West-Konflikts, Munich, 2004, pp. 63 – 78.
4 À ce sujet, voir Giselher Spitzer, « Die Gründung des Nationalen Olympischen Komitees », in : NOK (éd.), Rückkehr nach Olympia, Munich, 1989, pp. 110 – 126 ; sur les antécédents de cette fondation, voir Blasius (note 3), pp. 7 – 61.
5 « Gründungsurkunde des NOK der DDR », 22 avril 1951, in : Wolfhard Frost et al., Studienmaterial zu Sportwissenschaft. Quellenauszüge zur Sportgeschichte Teil II : 1945 – 1970 (DDR-Sport), Braunschweig, Magdebourg, 1991, p. 89.
6 Ce contexte est présenté de manière exhaustive dans Balbier (note 2), pp. 76 – 79.
7 Minutes of the 50st Session of the International Olympic Committee, Paris, June 13 – 18, 1955; IOC Historical Archives, Samaranch Olympic Studies Centre, Olympic Museum, Lausanne, Suisse.
8 Sur le personnage controversé et contradictoire de Brundage, voir Allen Guttmann, The Games must go on. Avery Brundage and the Olympic Movement, New York, 1984 ; Astrid Engelbrecht, Avery Brundage. « The all-American boy ». Die amerikanische Antwort auf die olympische Frage, Göttingen, 1997.
9 Höfer (note 3).
10 Voir Peter Kühnst, Der mißbrauchte Sport. Die politische Instrumentalisierung des Sports in der SBZ und DDR 1945 – 1957, Cologne, 1982, p. 87.
11 Voir à ce sujet Geyer (note 3), pp. 65 – 70.
12 Voir le communiqué commun : « Gesamtdeutsche Mannschaften nach Cortina und Melbourne », in : Theorie und Praxis der Körperkultur 4 (1955), pp. 721ss.
13 Blasius (note 3), pp. 137 – 142.
14 Ulrich Pabst, Sport – Medium der Politik ? Der Neuaufbau des Sports in Deutschland nach dem 2. Weltkrieg und die innerdeutschen Sportbeziehungen bis 1961, Berlin, 1980, p. 239.
15 La doctrine Hallstein, nommée ainsi d’après Walter Hallstein, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, codifia en 1955 que le gouvernement fédéral réagirait de son côté, vis-à-vis de tout pays reconnaissant diplomatiquement la RDA, par un refus ou une rupture des relations diplomatiques avec lui. Sur les antécédents, voir Rüdiger M. Booz, Hallsteinzeit. Deutsche Außenpolitik 1955 – 1972, Bonn, 1995.
16 Krapf (suppléant de Blankenhorn) Paris (OTAN) à AA, 14 décembre 1955 ; cité dans Geyer (note 3), p. 67. Voir aussi le compte rendu de la réunion du 20 février 1956 dans le BMI, p. 8 ; Bundesarchiv Koblenz (BAKo), B 136/5551.
17 Geyer (note 3), p. 68.
18 Kühnst (note 10), p. 88 ; le ministre de l’Intérieur Gerhard Schröder envisageait de supprimer les subventions de l’équipe olympique pour montrer avec ostentation la distance séparant le gouvernement fédéral des décisions prises par le NOK. Voir à ce sujet Geyer (note 3), p. 69.
19 Pabst (note 14), p. 243.
20 Cité dans « Deutschland als Beispiel », in : FAZ, 20 novembre 1956, p. 16.
21 Sur la nouvelle orientation insidieuse de la politique allemande de la RDA au milieu des années 1950, voir Michael Lemke, Einheit oder Sozialismus ? Die Deutschlandpolitik der SED 1949 – 1961, Cologne, Weimar, Vienne, 2001, pp. 338 – 414.
22 Adjonction du marteau et de la faucille. NOK de la RDA, texte de la présidence, numéro du 2 mai 1959 concernant l’ébauche d’une conception sur le travail continu dans le domaine olympique, 20 janvier 1959, pp. 143 – 159, ici p. 154 ; Stiftung Archiv der Parteien und Massenorganisationen der DDR im Bundesarchiv Berlin-Lichterfelde (SAPMO-BArch), DY12/758.
23 Avery Brundage au NOK de la RDA et au NOK pour l’Allemagne, 29 mai 1959 ; SAPMO-BArch, DY30/IV 2/18/27.
24 Directive visant à imposer le drapeau d’État de la RDA dans les États qui ne font pas partie du camp socialiste ou n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec la RDA Directive confirmée par la séance de la Commission de la politique extérieure du 18 novembre 1959 ; SAPMO-BArch, DY30/IV 2/18/34. Au point 5, la directive réglemente explicitement le fait de hisser le drapeau d’État lors de manifestations sportives à l’étranger.
25 Pabst (note 14), p. 250.
26 Cité dans « Kanzler Mayers Irrtum », in : Der Spiegel, 49 (1959), pp. 21 – 23, ici p. 22.
27 « Heraldische Spitzfindigkeiten », in : FAZ, 20 novembre 1959, p. 1.
28 Citation tirée de Martin H. Geyer, « On the Road to a German ›Postnationalism‹ », in : German Politics and Society, 25 (2007), pp. 140 – 167. Dans cette attitude se reflétait aussi une nouvelle conscience de soi de la République fédérale, comme Geyer le montre avec précision dans ces pages.
29 Geyer (note 3), p. 72. Voir aussi le compte rendu du débat par la direction de la CDU dans Konrad Adenauer, « … um den Frieden zu gewinnen ». Die Protokolle des CDU-Bundesvorstands 1957 – 1961, remanié par Günter Buchstab, Düsseldorf, 1994, pp. 556 – 573. Pourtant, le chancelier du CIO Mayer avait très clairement menacé : « L’équipe qui refuse de marcher derrière ce drapeau doit renoncer à participer », in : « Kanzler Mayers Irrtum », in : Der Spiegel, 49 (1959), pp. 21 – 23, ici p. 23.
30 Texte imprimé dans Neues Deutschland, 24 novembre 1959, p. 3.
31 Voir la présentation proposée dans « Keine Einigung beim Flaggengespräch mit dem Kanzler », in : FAZ, 26 novembre 1959, p. 1. Sur l’attitude du gouvernement fédéral sur la question du drapeau, voir aussi « Zur Frage der Olympia-Flagge », in : Bulletin des Presse- und Informationsamtes der Bundesregierung, 28 novembre 1959, p. 2255.
32 Cette citation provient d’un rapport que Willi Daume remit au directoire du NOK à la suite de l’entretien. La citation figure dans Pabst (note 14), p. 252.
33 Sur les pourparlers, voir PABST (note 14), pp. 297 – 299. L’ensemble du texte figure dans Walter Umminger, « Stadion hinter Stacheldraht », in : Olympisches Feuer, 11 (1961), pp. 1 – 3, ici p. 1.
34 Cités dans Pabst (note 14), p. 296.
35 Gunter Holzweissig, Diplomatie im Trainingsanzug. Sport als politisches Instrument der DDR, Munich, Vienne, 1981, p. 20. Lorsque des athlètes de RDA se présentaient dans des pays de l’OTAN, c’était uniquement dans le cadre d’équipes panallemandes. À cette époque, les sportifs de RDA ne participèrent pas, en tout, à douze championnats du monde couvrant des disciplines olympiques.
36 Willi Daume à von Halt, 10 septembre 1962 ; archives du Comité national olympique 4a/10, citées dans Blasius (note 3), p. 226.
37 Courrier du secrétaire d’État Lahr au ministre des Affaires étrangères, 8 novembre 1962 ; PA/AA, 604/no 1069, cité dans GEYER (note 3), p. 82. Un changement d’attitude s’amorça dès 1960 du côté du gouvernement. Voir « Heckenschützenkrieg gegen die Olympia-Mannschaft », in : Bulletin des Presse- und Informationsamtes der Bundesregierung, 2 août 1960, pp. 1405ss.
38 Blasius (note 3), p. 240.
39 Grit Hartmann, Goldkinder. Die DDR im Spiegel ihres Spitzensports, Leipzig, 1997, p. 53.
40 Mayer s’adressant au NOK de RDA le 8 juillet 1964, p. 235 ; SAPMO-BArch, DY12/519.
41 Schöbel à Mayer, s.d., pp. 236ss. ; SAPMO-BArch, DY12/519.
42 DTSB/Secrétaire aux relations internationales, voir la feuille du secrétariat no 25/1/64 concernant les mesures de soutien de notre demande, adressée au congrès du CIO à Tokyo, de participation autonome aux Jeux Olympiques, le 9 juillet 1964, pp. 39 – 42, ici p. 40 ; SAP-MO-BArch, DY12/519.
43 Ibid., pp. 41ss.
44 Blasius (note 3), p. 253.
45 Proposition de M. Constantin Andrianov, annexe no 5. Minutes of the 62nd Session of the International Olympic Committee, Tokyo, 6 – 8 octobre 1964 ; IOC Historical Archives, Samaranch Olympic Studies Centre, Olympic Museum, Lausanne, Suisse.
46 Brundage aux deux NOK allemands, 3 juin 1965, pp. 394 – 398, ici p. 395 ; SAPMO-BArch, DY12/780.
47 Sid, « bieten umfassenden Neubeginn an ». Première déclaration de Willi Daume, 14 juin 1965, p. 399 ; SAPMO-BArch, DY12/780.
48 Schöbel à Brundage, 23 juin 1965, pp. 400 – 405, ici p. 401 ; SAPMO-BArch, DY12/780.
49 Voir aussi Minutes of the 63rd Session of the International Committee, Madrid, 6 – 8 octobre 1965, pp. 9ss. ; IOC Historical Archives, Samaranch Olympic Studies Centre, Olympic Museum, Lausanne, Suisse.
50 Ibid., p. 3.
51 Par cette sage décision, le CIO alla en particulier à l’encontre de l’organisateur français des Jeux d’hiver. Car, dès avant la session de Madrid, le ministre français des sports Maurice Herzog avait déclaré que seule une équipe panallemande aurait le droit de participer aux Jeux d’hiver à Grenoble. Avec la scission complète de cette équipe, le CIO aurait déjà engendré un autre problème. Voir à ce sujet « Letzte Brücke », in : Der Spiegel, 41 (1965), pp. 132 – 135, ici p. 135.
52 Overbeck à BMI concernant le championnat du monde de ski nordique à Garmisch-Partenkirchen en 1966, 6 avril 1963 ; BAKo, B 106/17778. Sur la décision du conseil de l’OTAN, voir aussi Holzweissig (note 35), pp. 37ss.
53 Sid, Daume : Keine Stellungnahme, 31 août 1966 ; BAKo, B 106/17779.
54 AA au service des sports du BMI concernant la question du drapeau, 15 mars 1967 ; BAKo, B 106/17784.
55 Récit d’un voyage du président du CIO, Avery Brundage, ayant eu lieu du 11 au 22 décembre 1967, p. 3 ; SAPMO-BArch, DY30/IV A2/18/6.
56 À côté des deux NOK allemands, la Chine et Taïwan, ainsi que deux NOK coréens, luttèrent pour acquérir du crédit et obtenir une représentation exclusive. Sur ces deux cas, voir la brève présentation proposée dans Höfer (note 3), p. 212.
57 Ébauche de note au gouvernement, s.d. ; BAKo, B 136/5565.
58 Projet de loi du BMI concernant les répercussions de la décision du CIO du 17 octobre 1968 sur la préparation et l’organisation des Jeux Olympiques de 1972, ainsi que sur les relations sportives au niveau international et panallemand, 17 décembre 1968, p. 7 ; BAKo, B 136/5565.
59 BMI à AA, BMG et au chef de la Chancellerie fédérale au sujet des répercussions de la décision du CIO du 12 octobre 1968, s.d. ; BAKo, B 136/5565.
Auteurs
Balbier, Uta Andrea, née en 1974 ; Chercheuse à l’Institut historique allemand de Washington.
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