Querelles allemandes d’historiens : la science historique entre internationalité et pensée binaire
p. 305-319
Texte intégral
1Alors que, dans les années 1950, les historiens allemands, avaient réussi leur retour au niveau international dans la « Communauté œcuménique des historiens », on observe en Allemagne, à partir du milieu de cette même décennie, la « désagrégation de cette communauté œcuménique »1. Les sciences historiques en République fédérale et en République démocratique allemande se sont éloignées l’une de l’autre parallèlement à la division du pays. Dans les pages suivantes, nous analyserons ce processus de séparation dans une double perspective comparative et relationnelle en suivant l’exemple concret des congrès internationaux des historiens organisés par le Comité international des sciences historiques (CISH), qui furent à partir de 1960 un des rares lieux où historiens est-et ouest-allemands se rencontraient encore2. La présence conjointe d’historiens Allemands de l’Est et de l’Ouest sur la scène internationale n’offre pas seulement la possibilité de mettre en lumière, comparativement, les similitudes et les différences dans leur façon respective de se mettre en scène, mais permet aussi, par le biais de la perspective extérieure, d’en tirer des conclusions sur leurs dépendances mutuelles, qui, avec la division de l’Allemagne en une histoire asymétriquement imbriquée3, ont oscillé entre répulsion et rapprochement. De surcroît, cette thématique permet de contribuer à la question de la « science historique à l’âge des extrêmes » (Lutz Raphael), qui, dans le cadre de la CISH, tente de combiner la norme méthodologique de l’internationalité et celle de ses propres méthodes de communication et de coopération. Alors que l’Est et l’Ouest se sont affrontés pendant la Guerre froide en un schéma binaire ami-ennemi en proclamant comme objectif idéologique la victoire sur le modèle de société de l’autre, le CISH perpétuait la représentation de la science comme bien collectif qui, par l’exigence d’accessibilité universelle, combinait la transnationalité et l’internationalisation. En conjuguant les évolutions de la discipline et celles de la politique et de la société, nous essaierons de contribuer à une histoire croisée des historiens allemands4.
Le 11e Congrès international des historiens, Stockholm 1960
De l’opposition concurrentielle à la démarcation institutionnelle
2Même si le maintien de « l’unité de la corporation des historiens allemands selon les conceptions scientifiques occidentales »5 restait en 1949 l’objectif de l’Association des historiens de l’Allemagne (« Verband der Historiker Deutschlands » – VHD), on ne pouvait ignorer les tendances à la division à partir du milieu des années 1950. Du point de vue de la RDA, cette situation correspondait « à la concurrence ouverte entre des idéologies et des méthodes différentes, confirmant chaque jour davantage la supériorité scientifique du marxisme »6. La science historique est-allemande avait été chargée par le SED de légitimer historiquement et de développer le marxisme-léninisme7. L’objectif de la décision de la 30e réunion plénière du Comité central du SED (30 janvier au 1er février 1957) était d’établir en RDA une science historique autonome et conforme à la ligne du parti, qui fût un contre-modèle à la science historique bourgeoise. Cette décision visait à en poser le fondement, à faire de l’utilité politique le critère le plus important de la science, afin de ne pas brader les « acquis » des années précédentes.
3Face à la « théorie des deux États » prônée par la RDA, la République fédérale fit en décembre 1955 de la « doctrine Hallstein » la nouvelle ligne directrice de la politique allemande et de la politique étrangère, par laquelle elle entendait éviter une acceptation voilée de la partition8. Aussi, le VHD chercha, dans le cadre de la CISH, à rester le seul représentant légitime et reconnu de la science historique allemande et à maintenir la prétention à représenter seul l’Allemagne dans son ensemble sur la scène internationale9.
4De son côté, la partie est-allemande rechercha la démarcation institutionnelle, comme en témoigne la fondation de l’Association des historiens allemands (« Deutsche Historiker-Gesellschaft » – DHG) à Leipzig le 18 mars 195810, contestant les statuts du VHD en tant que représentation nationale de la totalité de la communauté historienne allemande11 et, selon Martin Sabrow, « donnant une nouvelle impulsion institutionnelle au développement de l’historiographie marxiste comme système scientifique »12. Parallèlement à la démarcation par rapport au VHD, les historiens est-allemands furent impliqués dans la politique de reconnaissance de la RDA, tentant de briser l’isolement diplomatique et d’acquérir le statut d’instance souveraine en droit international. Aussi les historiens devaient-ils « développer et approfondir des contacts avec tous les historiens pacifiques »13.
La démarcation par l’institutionnalisation
5Concernant la relation entre science et politique, conçue officiellement comme une unité dialectique, il est significatif que le secrétaire d’État est-allemand à l’Enseignement supérieur (section des facultés des lettres et de théologie) ait proposé dès octobre 1957 la création d’un comité chargé de préparer la participation des historiens est-allemands au congrès international des historiens de Stockholm14, « afin de prendre contact avec des scientifiques étrangers ou bien de les approfondir et de montrer, par les contributions et la participation aux discussions, l’état de la science historique en République démocratique allemande »15. La perspective de ce congrès accéléra le processus de démarcation de la science historique est-allemande tout comme son internationalisation, car ce congrès représentait une occasion immédiate de réfléchir et de créer un Comité national (« Nationalkomitee » – NK) des historiens est-allemands16.
6Lors de la première séance de la commission préparatoire en vue de la fondation du Comité national, en novembre 1958, les participants s’occupèrent surtout des réactions possibles à l’étranger. Avant de prendre une telle décision, il fallait clarifier d’abord « si un comité national ou bien la société des historiens serait candidat au CISH »17. Aussi, au tournant des années 1958/59, Ernst Engelberg et Rolf Rudolph se rendirent à Paris et rencontrèrent le secrétaire général du CISH, l’historien français Michel François, auquel ils firent part des intentions des Allemands de l’Est de déposer une demande d’admission au CISH18. L’historien de Kiel Karl Dietrich Erdmann rapporta même que lors de ces entretiens, Engelberg, aurait émis de « lourdes accusations contre le soi-disant expansionnisme et militarisme de la science historique en République fédérale »19. Cependant, François ne donna guère d’espoir aux deux historiens est-allemands, car il défendait la « doctrine » de n’accepter dans le CISH qu’une seule organisation par pays20.
7Les historiens ne se laissèrent toutefois pas décourager, car ils n’étaient pas seuls à préparer la création d’un comité national ; la politique de reconnaissance de la RDA imposait aux responsables de la politique scientifique de mener une action concertée dans toutes les disciplines du savoir. C’était là un pas supplémentaire dans l’interpénétration de la science et de la politique, fondé sur une décision du secrétariat d’État pour l’Enseignement supérieur et spécialisé, imposant de mettre sur pied avant la fin de l’année 1959 toute une série de comités nationaux ayant ouvertement pour objectif la division de la science en Allemagne et la démarcation de chacune des disciplines face à la concurrence ouest-allemande. En règle générale, trois à quatre scientifiques de renom composaient par spécialité chacune de ces nouvelles institutions chargées de s’occuper de la préparation des congrès internationaux pour la RDA, afin de s’assurer que la délégation est-allemande serait reconnue comme représentation statutairement autonome21.
8Lors des préparatifs, il fallut tenir compte du paysage politique toujours hétérogène au sein de la communauté historienne est-allemande, car on ne pouvait pas contourner trop vite les professeurs qui n’étaient pas membres du parti22. Mais l’exemple des pays frères socialistes, dont les comités nationaux avaient été progressivement acceptés au CISH, et la proximité du congrès de Stockholm incitèrent la plus grande partie des historiens est-allemands, en novembre 1950, à franchir le pas et à créer leur propre comité national, afin de mieux représenter « les intérêts des historiens de notre république dans le cadre international » :
« En raison notamment de l’objectif fixé par les statuts, qui va être considéré par les historiens bourgeois dirigeant le comité international des historiens comme politique et non scientifique, et après toutes les expériences passées, il y a peu de chances de parvenir à l’admission de la société des historiens allemands. La quasi-totalité des États socialistes est représentée dans cette organisation internationale sous la forme d’un comité national »23.
9Lors de la fondation du « Comité national des historiens de la République démocratique allemande », le 27 novembre 195924, Ernst Engelberg, président de la DHG, fut finalement élu aussi président de ce Comité national ; Karl Obermann (1905 – 1987) et Walter Markow (1909 – 1993) en devinrent les vice-présidents25. Au centre des préoccupations, il y avait, à côté des discussions sur les statuts26, la question de la demande d’admission au CISH27, ce qui était censé donner à la communauté historienne est-allemande « de nouvelles possibilités de coopération scientifique pacifique avec tous les historiens étrangers sur la base de l’égalité des droits ». Mais la fondation du Comité national eut avant tout un caractère utilitaire, comme le montre cette information émanant de l’appareil du parti (SED) :
« La création du comité national n’est qu’une mesure tactique afin de pouvoir exiger avec plus de force la reconnaissance internationale. Ce sont surtout les camarades soviétiques qui nous ont fait ces recommandations […]. Le statut du comité national […] est neutre, comme celui du comité soviétique notamment »28.
10Se démarquer de la RFA, telle était la devise, comme en atteste une lettre de Rolf Rudolph écrite quelques jours avant la fondation officielle du Comité :
« Nos relations régulières avec le CISH contribuent à attirer l’attention de la communauté internationale des historiens sur la différence fondamentale entre le pouvoir des ouvriers et des paysans en RDA et l’autorité clérico-militaire d’Allemagne de l’Ouest. Nous pouvons montrer que l’historiographie est-allemande a su tirer les vraies leçons du passé de l’Allemagne et qu’elle poursuit son travail dans un esprit humaniste et démocratique, car la domination de l’impérialisme et du militarisme a été éliminée une fois pour toutes en RDA »29.
11De tels récits fondateurs, passés au moule idéologique, constituaient des points de repère pour l’action d’historiens comme Engelberg et Rudolph, visant très précisément à diviser institutionnellement la communauté historienne allemande et à « accroître la solidarité de sa propre communauté historienne en se démarquant de celle d’Allemagne de l’Ouest »30. Certes, le travail d’information à l’étranger impliquait le contact avec les historiens occidentaux, mais il s’agissait, par ces relations, de suivre les directives fixées par le parti, qui ne considéraient pas les échanges scientifiques comme un terrain de libre concurrence par-delà le fossé idéologique. Les propos de Rolf Rudolph laissent transparaître la manière par laquelle il fallait consolider la doctrine idéologique et par conséquent scientifique : « Notre appartenance au CISH contribuera à renforcer les historiens socialistes et progressistes au sein du comité international et à prouver la supériorité du camp socialiste »31.
12Pour les représentants de la RDA, il s’agissait avant tout d’obtenir l’admission dans le plus grand nombre possible d’organisations internationales, pour soutenir efficacement la politique de reconnaissance poursuivie par le parti et l’État. Ainsi Ernst Engelberg adressa-t-il, le 7 décembre 1959, une lettre officielle à Michel François, lui demandant « de présenter au bureau du CISH, lors de sa prochaine session, notre demande d’adhésion pour qu’il l’examine, la soutienne et la transmette, de sorte que l’assemblée plénière puisse prendre une décision lors du deuxième congrès international à Stockholm »32.
13Dans les semaines précédant Stockholm, la communauté historienne est-allemande, comptant à sa tête la « plus forte organisation de cadres marxistes dans le domaine de la science historique », accéléra sa mobilisation idéologique, afin de « mener les controverses sur les principes avec l’historiographie impérialiste, en particulier avec les apologistes ouest-allemands de l’impérialisme et du militarisme et de présenter de manière convaincante les résultats de recherche obtenus sur la base du matérialisme historique »33. Mais, comme le montre un document destiné au secrétariat du SED, l’entrée sur la scène internationale impliquait encore, à ce moment là, d’inclure des historiens non marxistes dans la délégation, afin de ne pas donner d’argument à la partie ouest-allemande pour demander le maintien de l’exigence de représenter seule l’Allemagne dans son ensemble :
« Ainsi, en outre, on détruira l’affirmation des forces réactionnaires de l’Association des historiens ouest-allemands, selon laquelle notre société des historiens ne représente qu’une partie des historiens, les marxistes, alors qu’elle même devrait représenter aussi les intérêts des historiens non marxistes de RDA ».
14En coulisse se déroula cependant un dernier combat34 entre ceux qui, à l’instar d’Alfred Meusel, gardaient « un espoir toujours plus ténu au fil des ans d’une compréhension scientifique au nom de l’unité nationale » et ceux qui étaient partisans « d’une acceptation sans illusion d’une nette séparation au nom de la consolidation de la RDA comme État partiel allemand »35, représentés par Ernst Engelberg. La mort de Meusel quelques jours avant le congrès fit que cet affrontement masqué ne dégénéra pas en querelle ouverte. Son décès, le 10 septembre 1960 symbolisa la fin des illusions panallemandes et des espoirs de pluralisme au sein de la communauté historienne est-allemande.
15Mais même les historiens soumis au parti étaient peu enclins à se laisser complètement déposséder de leur autonomie ; le contrôle exercé par le SED le prouve. Les commissions du parti que Jürgen Kocka a qualifiées de « structures parallèles pas tout à fait symétriques » garantissaient tant le lien au parti, à l’État et aux organisations de société36 que le pouvoir de décision et la domination du politique, ce qu’attestent les deux séances préparatoires du comité national. Rolf Rudolph, à la fois secrétaire du Comité national et président du groupe SED, réunissait ainsi en sa personne la double compétence scientifique et politique. Le matin du 2 juin, il arrangea d’abord les choses en petit comité37 pour trouver un accord, l’après-midi, à l’assemblée générale du Comité avec les participants au congrès de Stockholm38. En séance du matin, on annonça une autre réunion obligatoire pour le 13 août, au cours de laquelle les « camarades » devaient être répartis pour participer aux différentes manifestations à Stockholm. De surcroît, il fut décidé que « certains camarades historiens devraient encore se mettre en relation, en Suède, avec des historiens originaires de certains pays »39, en se concentrant en particulier sur les historiens « progressistes » des pays occidentaux, dont la RDA escomptait qu’ils exercent une influence croissante dans les instances du CISH. Face aux historiens ouest-allemands, la direction du SED prescrivait toutefois de maintenir l’image de l’ennemi qui avait été forgée au cours des années précédentes40.
16Les préparatifs de Stockholm se déroulèrent toujours en accord étroit avec les comités nationaux des pays frères socialistes. Lors d’une première séance à Bratislava, le 4 mai 1960, les participants discutèrent de la séance suivante, à Leipzig les 27 et 28 juin 1960, au cours de laquelle il fallait coordonner « les prises de position des historiens socialistes jusque dans les moindres détails » :
« Les camarades soviétiques nous ont instamment recommandé, de mener les discussions prévues à Leipzig en petit cercle […] et d’une manière telle que l’opinion publique ne puisse pas percevoir qu’il s’agit d’une discussion préparatoire en vue du congrès de Stockholm. Aussi nous recommandent-ils de mettre en avant le prétexte d’un symposium dans l’une des institutions pour la science historique à Leipzig ou tout autre ›manifestation‹ ».
17Cette proposition fut retenue et « la tenue de ce colloque ne fut pas connue de l’opinion publique »41.
Le 12e congrès international des historiens, Vienne 1965
La science historique est-allemande et la construction d’une identité disciplinaire autonome42
18Le 12e congrès international des historiens, du 29 août au 5 septembre 1965 à Vienne, ne fut certes pas épargné par les » querelles allemandes « , mais entre temps les données avaient changé. Après avoir dépassé les différentes crises dans le conflit Est-Ouest, qui avaient à plusieurs reprises mené le monde au bord de l’enfer nucléaire, entre 1958 et 1962, le Mur de Berlin était devenu le symbole de la coexistence consolidée. Selon Karl Dietrich Erdmann, « dans un domaine politiquement aussi sensible que celui des sciences historiques, malgré l’impossibilité de mélanger des idéologies incompatibles, il fallait rechercher un modus vivendi ou mieux encore un modus parlandi »43.
19Dans les deux États allemands, la préparation fut à nouveau marquée par la volonté de gagner du terrain sur les opposants idéologiques et de démontrer la supériorité de son propre système scientifique, et par conséquent politique. Comme dans le cas de Stockholm, les comités nationaux des pays socialistes s’étaient réunis en séance préparatoire à Prague avant le congrès de Vienne, les 16 et 17 novembre 1961. Ernst Engelberg en rendit compte en séance du bureau du Comité national de la RDA le 3 janvier 1962 à Leipzig. Une nouvelle fois, les historiens est-allemands s’avérèrent partisans de la ligne dure, du point de vue idéologique, car, tandis qu’ils pratiquaient la fermeture hermétique de leur discipline et « donnaient résolument la priorité à l’autodéfense par rapport à l’offensive sur l’ennemi »44, les historiens des autres pays de l’Est voulaient avant tout éviter des confrontations inutiles en acceptant de se situer dans le cadre d’une communauté scientifique au sein de laquelle il fallait rechercher le duel argumentatif45.
20Lors du Comité national de la RDA, il s’agit cependant moins de régler des questions de contenu que d’établir une ligne de conduite face au VHD au sujet de la remise des propositions thématiques en vue du congrès de Vienne. Fallait-il envoyer les propositions à Hans Rothfels, président du VHD depuis 1958, et reconnaître ainsi sa prétention à représenter l’Allemagne dans son ensemble ? Engelberg en particulier s’éleva contre un tel procédé, car le président du VHD n’avait jamais informé le Comité national est-allemand de ses échanges de lettre avec le CISH, et il suggéra de passer outre. En revanche, Walter Markov ne considérait pas comme opportun de mêler le CISH aux querelles interallemandes et qualifia la proposition de Engelberg de « non diplomatique, car la directive du bureau international précise qu’il faut passer par le président de l’association des historiens ouest-allemands dans les relations avec le CISH. Pourtant nous voulons défendre notre autonomie. Il faut prendre acte que le VHD existe, mais nous ne voulons pas lui être soumis ». En fin de compte, le bureau du comité décida de ne pas soumettre de demande d’adhésion au CISH dans l’immédiat et, étant donné le temps qui pressait, de transmettre directement les propositions de thèmes à Paris, tout en informant Rothfels et d’autres historiens étrangers de ces thèmes, « en raison de l’intérêt général ».
21Respectant les délais, Ernst Engelberg transmit sa liste à Michel François le 15 janvier 1962 et lui demanda par la même occasion de confier des interventions au congrès de Vienne à des historiens est-allemands46. Dans sa réponse, François promit de présenter les propositions est-allemandes lors de la prochaine réunion du bureau en juin 196247. Comme, au même moment, l’historien français Georges Castellan avait accepté une invitation en RDA48 et que le secrétaire général français du CISH s’était adressé directement et cordialement au président du comité national de la RDA, la partie est-allemande nota qu’elle avait franchi avec succès une étape dans cette affaire, ce qu’elle considéra aussi comme le résultat positif de sa politique de reconnaissance en France, par laquelle elle avait précisément cherché à sensibiliser des historiens. Par ses livres sur la RDA49, Castellan n’avait pas une mince influence sur l’image de « l’autre » Allemagne en France : « nous prenons acte que les publications du professeur Castellan font leur effet avec le temps, y compris sur le professeur François »50.
22Un jour avant Michel François, Rothfels avait déjà réagi et assuré Engelberg « que le ›Verband der Historiker Deutschlands‹, en tant que comité national des historiens allemands, serait prêt à transmettre au bureau international les propositions que vous ferez au sujet des conférences et des conférenciers en vue du prochain congrès international des historiens, sans faire parmi elles aucun choix, ce que nous faisons pour les propositions qui émanent de notre association »51.
23Comme Gerhard Ritter, au congrès de Stockholm, avait encouragé la controverse du côté ouest-allemand suivant une ligne délibérément dure et en raison de son attitude anticommuniste résolue, « plaçant la politique nationale et internationale du « Verband » au service de la défense du monde occidental contre le danger du système bolchevique du parti unique »52, l’historien de Fribourg se retrouva avant Vienne dans la ligne de mire de ses collègues de RDA. La discussion sur la manière de procéder reflète ainsi l’aggravation de la fermeture face à la République fédérale et, parallèlement à cela, la marginalisation croissante de certains historiens allemands : ceux qui, sans remettre en cause le rapport entre la guerre et les forces impérialistes à l’œuvre dans l’Empire – le rapport entre la politique et l’économie – et par conséquent la théorie de l’impérialisme de Lénine53, mais qui, à la suite de la « controverse Fischer », au début des années 1960, considéraient de manière différenciée l’historiographie ouest-allemande.
24En réalité, après cette querelle entre une nouvelle histoire critique et historiographie allemande traditionnelle, on put démasquer le cercle des « traditionnalistes », avec leur présupposé national, ce que fit l’opinion publique de RFA et plus précisément la jeune génération, pour faire avancer les nouvelles conceptions historiographiques émergentes en Allemagne de l’Ouest54. L’historien est-allemand Fritz Klein, de l’Académie berlinoise des Sciences, sembla avoir pris conscience de cette « érosion du consensus conservateur »55. Il se prononça pour une ouverture partielle lors du congrès de Vienne et pensa isoler Ritter au sein de son propre camp au profit de Fischer par des « stratégies ciblées de contournement » :
« Dans ce contexte, il faudra se fixer pour tâche particulière pour Vienne, entre autres, de coopérer dans une certaine mesure avec des historiens occidentaux, en particulier autrichiens et américains, qui, sur les questions fondamentales, soit partagent le point de vue de Fritz Fischer, soit, pour le moins, montrent quelque sympathie pour ce point de vue. Ainsi, nous parviendrons à isoler, dans une certaine mesure, les historiens ouest-allemands réactionnaires (Ritter, Erdmann, Zechlin etc.) »56.
25Si, au début de 1964, des cadres du parti en vue, tel Kurt Hager, purent encore s’exprimer de la sorte et en appeler à une attitude offensive dans la concurrence avec l’Allemagne de l’Ouest, expression d’une assurance accrue au lendemain de la construction du Mur, le chef de la SED, Walter Ulbricht,, mit un terme à la fin de cette même année à ces tendances vers plus de flexibilité : il « mit en garde contre la tactique d’embrassement du capital monopolistique ouest-allemand et répliqua à toutes les illusions de compréhension en exigeant que ›le travail vers l’Allemagne de l’Ouest‹ ait pour principal objet de ›démasquer le système de domination de l’impérialisme ouest-allemand‹ »57. Une fois encore, ce fut Engelberg qui imposa cette directive au sein de la communauté historienne de RDA et continua à ciseler l’image d’un « front uni » des historiens « impérialistes et bourgeois » en République fédérale. En le condamnant, il entendait accroître l’unité intérieure en projetant une image manichéenne de l’ennemi et baliser clairement le chemin de l’isolement idéologique.
26Mais, face au CISH, de telles paroles n’étaient pas le meilleur moyen de parvenir à ses fins, ce que Engelberg, d’ailleurs, savait, lui qui connaissait les faibles chances qu’avait la demande d’adhésion d’être retenue, en raison de la « majorité réactionnaire » au Bureau : « C’est sûr, notre demande sera rejetée au bureau déjà et ne parviendra même pas à l’assemblée générale, où les chances seraient meilleures »58. Aussi fallait-il se contenter, dans un premier temps, de miner pas à pas la prétention du VHD à représenter l’Allemagne dans son ensemble, et de contribuer à « accroître le prestige international de la RDA, spécialement de l’historiographie marxiste de la RDA ; de parvenir à l’admission du Comité national de la RDA dans le comité international ou tout au moins de préparer le terrain pour une telle admission59.
27Pour cela, il fallait sans cesse assurer le CISH qu’on encourageait « de toutes ses forces » les préparatifs du congrès et envoyer directement les propositions de communications à Michel François sans passer par le VHD, ce que fit Karl Obermann en janvier 196360. Que le CISH, dans son programme, confiât à des historiens est-allemands quatre conférences, trois présidences de séances ainsi que le rapport général sur le thème « évolution et révolution dans l’histoire mondiale » (Ernst Engelberg) peut être considéré d’une part comme une défaite de Gerhard Ritter, dont la politique à la tête du Verband avait visé, comme l’a écrit Christoph Cornelißen, « à donner la priorité au combat contre l’avancée des conceptions historiques marxistes »61. D’autre part, la décision du CISH était un signe de la disposition croissante à accepter les historiens est-allemands comme membres à part entière sur la scène internationale. La rencontre du 2 avril 1965 à Moscou, entre Karl Obermann et Aleksandr A. Guber, seul représentant socialiste et alors vice-président du CISH, répondait à cet objectif. Ce dernier assura son hôte qu’il s’emploierait auprès de Michel François à faire que, « dans la liste des participants, les participants des deux États allemands soient séparés et non pas présentés ensemble sous la mention ›Allemagne‹ comme à Stockholm ». L’URSS et la RDA avaient pour autre objectif qu’aucun nouveau représentant de la RFA ne fût admis dans le bureau du CISH après le retrait attendu de Gerhard Ritter62 ; ceci n’arriva pas, au grand dam de Ritter63. Les présidents des comités nationaux des pays socialistes se concertèrent à plusieurs reprises, qui évoquèrent des solutions alternatives en attendant la pleine admission du comité est-allemand au CISH et entendaient les présenter à Vienne64.
Conclusion
28La division idéologique et institutionnelle de la communauté historienne allemande fut un long processus de démarcation mutuelle, caractérisé tant par la cristallisation des blocs à l’extérieur que par la scission intérieure. Si la démarcation resta caractéristique de la partie est-allemande au cours de la période traitée ici, en raison du déficit permanent de légitimité de la RDA, le regard des historiens et diplomates ouest-allemands resta rivé vers l’Est malgré l’orientation à l’Ouest de la RFA : La conscience universaliste de la science avec sa prétention supranationale freina l’éloignement mutuel qui aurait pu être plus rapide encore. Même si, à partir du milieu des années 1960, la « doctrine Hallstein » passa pour un instrument toujours plus anachronique dans un monde aspirant à la détente entre l’Est et l’Ouest, celle-ci n’encourageait pas seulement à rester focalisé vers l’Est, mais donna à la science historique, en tant qu’expression du « conflit allemand spécifique », une place particulière. Pour les deux parties, il en allait de sa capacité à prouver sa supériorité, ce qui allait de pair avec le jugement dévalorisant porté sur l’adversaire. Ainsi, les deux historiographies restaient en communication l’une avec l’autre.
29En cherchant la légitimation de sa politique et de sa suprématie, la communauté historienne de RDA, liée au parti, se retrouvait en position de funambule. D’une part la SED tendait à la reconnaissance disciplinaire et à la démarcation par rapport à l’idéologie adverse de la RFA ; d’autre part, dans le cadre de sa politique de reconnaissance diplomatique sur la scène internationale, dans les années 1960, elle abandonna soudain des catégories de pensée dogmatiques par « stratégie de politique étrangère »65, si bien qu’elle mina elle-même des éléments centraux de sa propre identité. L’entrée des historiens est-allemands sur la scène internationale est ainsi un exemple du fossé entre intention et réalité, c’est-à-dire de la prétention dictatoriale totalitaire du SED à jamais restée inachevée.
30En qualifiant l’interaction entre politique et science en RDA, dans le cadre d’une histoire sociale du politique, de « relation symbiotique par influence et pression mutuelle »66, l’historien berlinois Jürgen Kocka dépassa la question posée depuis longtemps par les sociologues et les philosophes des sciences de savoir dans quelle mesure les facteurs internes et externes déterminaient l’évolution de la science. Dans cette perspective sociologique, qui comprend la science comme un élément qu’il n’est plus possible d’abstraire de la société67, l’historiographie est-allemande, vue à travers le prisme de l’entrée des historiens de RDA dans les congrès internationaux, apparaît elle aussi comme une « manifestation sociétale » (Peter Weingart), bornée par la „dictature des frontières « est-allemande. Dans toutes les évolutions contradictoires de la relation entre science et politique en RDA, il ne faut jamais perdre de vue qu’on ne peut séparer nettement les différentes rationalités systémiques de la politique et de la science, ni les mettre en harmonie au sein de l’identité idéologique du SED. Si, selon l’idéaltype formulé par Niklas Luhmann, le système politique tranche la question du décider ou du savoir en fonction du code du pouvoir, et le système scientifique en fonction de celui de la vérité, force est de constater qu’en RDA le « parti dominant » mobilisa des ressources considérables et exigea de ses scientifiques qu’ils dépassent dialectiquement cet antagonisme.
Notes de bas de page
1 Cf. Martin Sabrow, Das Diktat des Konsenses. Geschichtswissenschaft in der DDR 1949 – 1969, Munich, 2001, p. 341.
2 Karl Dietrich Erdmann ne disposait pas encore des documents des archives de la RDA et du « Politisches Archiv des Auswärtigen Amtes » (PA/AA) pour la période après 1945 quand il a rédigé son étude : Die Ökumene der Historiker. Geschichte der internationalen Historikerkongresse und des Comité International des Sciences Historiques, Göttingen, 1987.
3 Christoph Klessmann, « Verflechtung und Abgrenzung. Aspekte der geteilten und zusammengehörigen deutschen Nachkriegsgeschichte », in : Aus Politik und Zeitgeschichte, B 29/30 (1993), pp. 30 – 41 ; Id. et al. (éd.), Deutsche Vergangenheiten – eine gemeinsame Herausforderung. Der schwierige Umgang mit der doppelten Nachkriegsgeschichte, Berlin, 1999.
4 Voir aussi Martin Sabrow, « Die deutsch-deutschen Historikerbeziehungen zwischen Abschließung und Öffnung » et Ulrich Pfeil, « Deutsche Historiker auf den internationalen Historikertagen von Stockholm (1960) und Wien (1965). Geschichtswissenschaft zwischen Internationalität und Freund-Feind-Denken im Kalten Krieg », in : Id. (éd), Die Rückkehr der deutschen Geschichtswissenschaft in die » Ökumene der Historiker « . Ein wissenschaftsgeschichtlicher Ansatz, Munich, 2008, pp. 287 – 304 et pp. 305 – 325 ; Martin Sabrow, « L’histoire comme formation des consciences. Un regard rétrospectif sur la science historique en RDA », in : Allemagne d’aujourd’hui, 169 (2004), pp. 99 – 115.
5 Thomas Etzemüller, Sozialgeschichte als politische Geschichte. Werner Conze und die Neuorientierung der westdeutschen Geschichtswissenschaft nach 1945, Munich, 2001, p. 304.
6 Martin Sabrow, « Ökumene als Bedrohung. Die Haltung der DDR-Historiographie gegenüber den deutschen Historikertagen von 1949 bis 1962 », in : Comparativ, 6 (1996) 5/6, pp. 178 – 202, ici p. 179.
7 Cf. Renate Mayntz, « Die Folgen der Politik für die Wissenschaft in der DDR », in : Jürgen Kocka, Renate Mayntz (éd.), Wissenschaft und Wiedervereinigung. Disziplinen im Umbruch, Berlin, 1998, pp. 461 – 483.
8 Cf. Peter Bender, Episode oder Epoche ? Zur Geschichte des geteilten Deutschland, Munich, 1996, p. 80 ; Ulrich Pfeil, « Von der Hallstein-Doktrin zur Ulbricht-Doktrin. Die deutschdeutschen Beziehungen (1955 – 1969) », in : Jean-Paul Cahn et al. (éd.), La République fédérale d’Allemagne. De la souveraineté retrouvée à la souveraineté partagée (1955 – 1974), Paris, 2005, pp. 106 – 118.
9 Cf. Winfried Schulze, Deutsche Geschichtswissenschaft nach 1945, Munich, 1989, p. 191 ; Christoph Cornelissen, Gerhard Ritter. Geschichtswissenschaft und Politik im 20. Jahrhundert, Düsseldorf, 2001, p. 452 ; Sabrow (note 1), p. 269.
10 La cérémonie d’inauguration retint aussi l’attention du ministère des Affaires étrangères à Bonn qui, d’une part, prit note de la profession de foi des historiens allemands fidèles au parti, exprimée lors de la conférence principale de Ernst Engelberg, parlant de « reconnaissance inconditionnelle de la conception marxiste-léniniste de l’histoire », mais sut aussi tirer un bilan nuancé : « Il faut cependant insister sur le fait que, malgré ces proclamations officielles, il y a encore en zone soviétique un nombre certain de chercheurs, qui accomplissent un travail objectif et sérieux dans leur champ de spécialité, qui se font remarquer par des publications de qualité et qui, dans la mesure du possible veulent rester en contact avec recherche libre de l’Ouest […]. Il faut dans tous les cas recommander de faire la différence parmi les historiens de zone soviétique, entre les chercheurs objectifs et ceux qui, à l’instar du Prof. Engelberg se sont prescrits de s’en tenir sans condition à une conception de l’histoire partisane et propagandiste » ; « Vermerk zur Gründung der DHG der DDR », 16 mars 1959 ; PA/AA, B 118, vol. 246.
11 Cf. Sabrow (note 1), pp. 274s.
12 Sabrow (note 5), p. 191.
13 « Arbeits- und Perspektivplan der DHG für die Jahre 1960 – 1965 » [1960] ; cf. aussi : « Die Auslandsbeziehungen der DHG », 19 octobre 1966 ; Archiv der Berlin-Brandenburgischen Akademie der Wissenschaften [ABBAW], DHG, Nr. 157 ; voir pour les contacts entre historiens français et est-allemands : Ulrich Pfeil, Die ›anderen‹ deutsch-französischen Beziehungen. Die DDR und Frankreich 1949 – 1990, Cologne, 2004, pp. 346s.
14 Cf. « Programm des 11. Internationalen Historikerkongresses in Stockholm (21. – 28. August 1960) », in : Gesellschaft in Wissenschaft und Unterricht, 9 (1958), pp. 46s.
15 Staatssekretariat für Hochschulwesen, Abt. Philosophische und Theologische Fakultäten, au CC du SED, Abt. Wissenschaft, 17 octobre 1957 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144.
16 Cf. Heinz Heitzer, « Zur Konstituierung einer Vorbereitungskommission für den XI. Internationalen Historikerkongreß », in : Zeitschrift für Geschichtswissenschaft [ZfG], 7 (1959) 3, p. 681 ; Rolf Rudolph, « XI. Internationaler Historikerkongreß in Stockholm », in : ZfG, 8 (1960) 8, p. 1791.
17 « Protokoll der 1. Sitzung der Vorbereitungskommission für den Internationalen Historikerkongreß in Stockholm am 7.11.1958 » ; ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986.
18 Cf. « Bericht von Ernst Engelberg über eine Reise nach Paris (26.12.1958 – 5.1.1959) zur Kontaktaufnahme mit dem Generalsekretär des ›Comité International des Sciences Historiques‹ (CISH), Herrn Michel François » ; ABBAW, DHG, Nr. 157.
19 Erdmann (note 2), p. 339.
20 Cf. « Protokoll der 2. Sitzung der Vorbereitungskommission für den Internationalen Historikerkongreß in Stockholm am 21.1.1959 » ; ABBAW, NK der Historiker, Nr. 45.
21 À l’occasion d’une publication brève de Klaus Baltruschat, haut-fonctionnaire au « Staatssekretariat für das Hoch- und Fachschulwesen » dans la revue est-allemande « Deutsche Außenpolitik » (10/Oktober 1958), la « Dienststelle Berlin » du ministère des Affaires étrangères ouest-allemand exposa cette nouvelle stratégie du « gouvernement de la zone » dans un courrier à la centrale le 6 novembre 1958 ; cf. PA/AA, B 94, vol. 487.
22 Rolf Rudolph à Heinz Heitzer, 7 juillet 1959 ; ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986.
23 « Information der Abt. Wissenschaften an das Sekretariat des ZK », 1er décembre 1959 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, ff. 269s.
24 Lettre de la commission préparant le XIe congrès international des historiens aux membres élus du Comité national, 12 novembre 1959 ; ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986.
25 Voir la liste des membres avec leurs fonctions in : SAPMO-BArch, DY 30/IV2/9.04/121, f. 273.
26 Voir les statuts in : SAPMO-BArch, DY 30/IV2/9.04/121, ff. 274s.
27 Cf. les brouillons et la version définitive des statuts in : ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986. Avec la fondation du Comité national, la commission cessa d’exister en tant que commission indépendante.
28 Cf. la note du bureau « Wissenschaften » au secrétariat du Comité Central, 1er décembre 1959 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, ff. 269s. ; voir aussi la lettre du comité national des historiens soviétiques au comité national des historiens de RDA, 6 octobre 1959 ; SAP-MO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144.
29 Note de Rolf Rudolph « Zur Gründung des Nationalkomitees der Historiker der DDR », 23 novembre 1959 ; ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986.
30 Sabrow (note 1), pp. 274s.
31 Note de Rolf Rudolph « Zur Gründung des Nationalkomitees der Historiker der DDR », 23 novembre 1959 ; ABBAW, NK der Historiker, Struktur und Arbeitsweise, Grundsatzdokumente 1958 – 1986.
32 Ernst Engelberg à Michel François, 7 décembre 1959 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, f. 277.
33 Note préparatoire du bureau « Wissenschaft » au secrétariat du Comité Central du SED au sujet de la participation des historiens de RDA au XIe congrès international des historiens à Stockholm du 16 au 28 septembre 1960, 7 décembre 1959 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144, ff. 49s.
34 Voir à ce sujet la lettre de Rolf Rudolph à Ernst Diehl du 12 février 1960, dans laquelle il exposa ses réserves par rapport à Meusel.
35 Sabrow (note 1), p. 284.
36 Jürgen Kocka, « Wissenschaft und Politik in der DDR », in : Id., Mayntz (note 7), pp. 435 – 459, ici p. 443.
37 « Einladung zur Parteigruppensitzung », 7.5.1960 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144, f. 73.
38 « Einladung zu einer Tagung des NK der Historiker der DDR und aller Teilnehmer am XI. Internationalen Historiker-Kongreß in Stockholm », 7.5.1960 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144, f. 74.
39 « Beschlußprotokoll der Parteigruppensitzung am 2.6.1960 in Berlin », 8.6.1960 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/144, f. 99s.
40 Cf. « Protokoll der Auswertung des XI. Internationalen Historiker-Kongresses in Stockholm », 30 août 1960 ; SAPMO-BArch, DY 30, IV 2/9.04/144.
41 « Bericht über die Beratung zur Vorbereitung des internationalen Historikerkongresses in Stockholm », Bratislava, 4 mai 1960 ; ABBAW, NK der Historiker, Nr. 45.
42 Voir surtout Sabrow (note 1), p. 328.
43 Erdmann (note 2), pp. 344s.
44 Sabrow (note 1), p. 318.
45 « Präsidiumssitzung des Nationalkomitees der Historiker der DDR am 3.1.1962 in Leipzig, Hotel Astoria » ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, ff. 303 – 307, ici f. 304.
46 Ernst Engelberg à Michel François, 15 janvier 1962 ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 46. La lettre de Ernst Engelberg à Hans Rothfels du 15 janvier 1962 se trouve également dans ce dossier.
47 Michel François à Ernst Engelberg, 30 janvier 1962 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, f. 312.
48 Georges Castellan à Ernst Engelberg, 29 janvier 1962 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, ff. 310s.
49 Georges Castellan, DDR – Allemagne de l’Est, Paris, 1955 ; Id., La République Démocratique Allemande, Paris, 1961 ; cf. pour les réactions à ces publications, Pfeil (note 13), pp. 416ss.
50 Rolf Rudolph au CC du SED, Abt. Wissenschaft, 2 mars 1962 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, f. 308.
51 Hans Rothfels à Ernst Engelberg, 29 janvier 1962 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/121, f. 303.
52 Cornelissen (note 9), p. 452.
53 Cf. Fritz Klein, « Die Weltkriegsforschung der DDR », in : Gerhard Hirschfeld et al. (éd.), Enzyklopädie Erster Weltkrieg, Paderborn, 2003, pp. 315 – 319.
54 Cf. Ernst Schulin, « Zur Entwicklung der deutschen Geschichtswissenschaft nach dem Zweiten Weltkrieg. Versuch eines Überblicks », in : Jürgen Kocka et al. (éd.), Von der Arbeiterbewegung zum modernen Sozialstaat. Festschrift für Gerhard A. Ritter zum 65. Geburtstag, Munich, 1994, pp. 831 – 846, ici p. 838.
55 Konrad H. Jarausch, « Der nationale Tabubruch. Wissenschaft, Öffentlichkeit und Politik in der Fischer-Kontroverse », in : Martin Sabrow et al. (éd.), Zeitgeschichte als Streitgeschichte. Große Kontroversen seit 1945, Munich, 2003, pp. 20 – 40, ici p. 24.
56 Note de Fritz Klein sur une réunion à l’Institut d ‘ histoire le 4 mars 1965, 9 mars 1965 ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 21.
57 Sabrow (note 1), p. 317.
58 « Fragen zur Beschlußvorlage für den XII. Internationalen Historikerkongreß », 17 novembre 1963 ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 46.
59 « Beschlußvorlage zur Teilnahme von Historikern der DDR am XII. Internationalen Historikerkongreß in Wien (29.8. – 5.9.1965) », 15 octobre 1963 ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 21.
60 Karl Obermann à Michel François, 23 janvier 1963 ; SAPMO-BArch, DY 30/IV 2/9.04/142, ff. 112 – 116.
61 Cornelissen (note 9), p. 457.
62 Rapport de Karl Obermann sur un entretien avec le professeur Aleksandr Guber à Moscou le 2 avril 1965 ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 21.
63 Cornelissen (note 9), p. 457.
64 Cf. « Sitzung des erweiterten Präsidiums des Nationalkomitees am 17. Juni 1965 in Berlin » ; ABBAW, NK der Historiker, vol. 21.
65 Edgar Wolfrum, Geschichte als Waffe. Vom Kaiserreich bis zur Wiedervereinigung, Göttingen, 2001, pp. 121s.
66 Kocka (note 36), p. 439.
67 Peter Weingart, Wissenschaftssoziologie, Bielefeld, 2003, p. 65.
Auteur
Pfeil, Ulrich, né en 1966 ; Professeur d’études germaniques à l’Université Jean Monnet, Saint-Étienne.
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