1 Spinoza, Éthique, Partie II, Définition 6, « Par réalité et perfection, j’entends la même chose ».
2 « Ainsi tout se confond et s’aplanit pour la métaphysique des hauteurs : bien et mal, individus et espèces, espèces et milieux ; il n’y a plus rien de vil, comme disait l’optimiste Spinoza, “dans la maison de Jupiter” », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 16.
3 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 16.
4 « Il y a deux sortes de phénomènes vitaux en apparence opposés, les uns de rénovation organique qui sont cachés en quelque sorte, les autres de destruction organique qui se manifestent toujours par le fonctionnement ou l’usure des organes. Ce sont ces derniers que l’on qualifie généralement du nom de phénomènes de la vie, de sorte que ce que nous appelons "vie" est en réalité la mort. », Claude Bernard, De la physiologie générale, Paris, 1872, pages 327-328, note 219.
5 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 27.
6 « La tristesse qu’apporte avec elle l’idée de temps subsistera toujours : – se perdre soi-même, s’échapper à soi-même, laisser quelque chose de soi tout le long de la route, comme le troupeau laisse des flocons de laine aux buissons. […] Quand on se retourne en arrière, on se sent le cœur fondre, comme le navigateur emporté dans un voyage sans fin et qui apercevrait en passant les côtes de sa patrie. Les poètes ont senti cela cent fois. Mais ce n’est pas un désespoir personnel : toute l’humanité en est là. Le désir de l’immortalité n’est que la conséquence du souvenir : la vie, en se saisissant elle-même par la mémoire, se projette instinctivement dans l’avenir. Nous avons besoin de nous retrouver et de retrouver ceux que nous avons perdus, de réparer le temps. […] L’homme s’attache à tout ce qu’il touche, à sa maison, à un morceau de terre ; il s’attache à des êtres vivants, il aime : le temps lui arrache tout cela, taille au vif en lui. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 28. « Nous ne pouvons penser le temps sans en souffrir, En se sentant durer, l’homme se sent mourir. », Vers d’un philosophe, Le temps, page 67.
7 « La quantité de croyance dont quelqu’un a besoin pour se développer, la quantité de “stable” auquel il ne veut pas qu’on touche parce qu’il y prend appui, – offre échelle de mesure de sa force (ou, pour m’exprimer plus clairement, de sa faiblesse. […] Il me semble qu’aujourd’hui encore, dans la vieille Europe, la plupart des gens ont besoin du christianisme : c’est pourquoi aussi on continue de lui accorder foi. Car l’homme est ainsi fait : on peut bien lui avoir réfuté à mille reprises un article de foi, – à supposer qu’il lui soit nécessaire, il continuera toujours à le tenir pour “vrai” – conformément à cette célèbre “épreuve de force” dont parle la Bible. […] On désire toujours la croyance de la manière la plus vive, on en a toujours besoin de la manière la plus pressante là où l’on manque de volonté : car la volonté est, en tant qu’affect du commandement, le signe le plus décisif de la maîtrise de soi et de la force. », Nietzsche, Le gai savoir, §347, page 292.
8 Telle qu’elle est définie au §382 du Gai savoir, comme santé que l’on conquiert, norme de vie supérieure, opposée à la santé que l’on a, et qui témoigne d’une existence simplement normale : « La grande santé. – Nous, nouveaux, sans-nom, difficiles à comprendre, nous, enfants précoces d’une avenir encore non assuré, - nous avons besoin pour un nouveau but d’un nouveau moyen aussi, à savoir d’une nouvelle santé, plus forte, plus rusée, plus opiniâtre, plus téméraire que ne l’ont été toutes les santés jusqu’à présent. Celui dont l’âme a soif d’avoir vécu tout le spectre des valeurs et des choses jugées désirables jusqu’à présent, et navigué sur toutes les côtes de cette “Méditerranée” idéale, celui qui veut, à partir des aventures de son expérience la plus personnelle, connaître les sentiments d’un conquérant et d’un découvreur d’idéal, et même d’un artiste, d’un saint, d’un législateur, d’un sage, d’un savant, d’un homme pieux, d’un devin, d’un homme vivant divinement à l’écart dans le style antique : celui-là a avant tout besoin d’une chose pour ce faire, de la grande santé – une santé que l’on ne se contente pas d’avoir, mais que l’on conquiert encore et doit conquérir continuellement, parce qu’on la sacrifie et doit la sacrifier sans cesse !... […] »
9 « Il y a d’autres lois psychologiques selon lesquelles les plaisirs futurs apparaissent toujours comme ayant une valeur supérieure aux peines qu’on supportera pour les atteindre. […] On espère toujours quelque chose de l’avenir, même quand la considération du passé porte à désespérer », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 32.
10 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 35.
11 « Est-il possible, au point de vue biologique, que, dans la sensibilité interne, les sentiments de malaise et de souffrance l’emportent en moyenne sur ceux de bien-être ? », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 37.
12 « Dans le rythme de l’existence, le bien-être correspond ainsi à l’évolution de la vie, la douleur à sa dissolution », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 37.
13 En un sens, Nietzsche s’accorde avec Guyau sur ce jugement que Schopenhauer n’était réellement pessimiste – comment Schopenhauer aurait-il pu l’être, raille Nietzsche, s’il jouait régulièrement de la flûte ?
14 « Ils sont condamnés d’avance par la nature et pour ainsi dire par eux-mêmes : la pleine conscience de leur malheur n’est que la conscience vague de leur impossibilité de vivre. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 40.
15 « Si le pessimisme s’implantait assez avant dans le cœur humain, il pourrait en diminuer par degrés la vitalité et amener […] un affaissement lent et continu de la vie : une race pessimiste, et réalisant en fait son pessimisme, c’est-à-dire augmentant par l’imagination la somme de ses douleurs, une telle race ne subsisterait pas dans la lutte pour l’existence », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 41.
16 Nietzsche, Le crépuscule des idoles, La morale comme contre-nature, §5, page 149.
17 « L’optimiste et le pessimiste, au lieu de chercher simplement à comprendre, sentent comme les poètes, sont émus, se fâchent, se réjouissent, mettent dans la nature du bien ou du mal, du beau ou du laid, des qualités », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 42.
18 « Écoutez le savant, au contraire ; il n’y a, pour lui, que des quantités, toujours équivalentes. La nature, à son point de vue, est une chose neutre, inconsciente du plaisir comme de la souffrance, du bien comme du mal », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 42.
19 L’irréligion de l’avenir, page 37.
20 « Au fond du mécanisme universel on peut supposer une sorte d’atomisme moral, la mise en lutte d’une infinité d’égoïsmes. Il pourrait y avoir alors dans la nature autant de centres que d’atomes, autant de fins qu’il y a d’individus, ou du moins autant de fins qu’il y a de collections conscientes, de sociétés, et ces fins pourraient être opposées ; l’égoïsme serait alors la loi essentielle et universelle de la nature. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, pages 44-45.
21 « L’amour de tout être déterminé, dans cette doctrine, serait aussi illusoire que peut l’être l’amour de soi. L’amour, rationnellement, n’a pas plus de valeur que l’égoïsme ; l’égoïste en effet se trompe sur sa propre importance qu’il exagère, l’amant ou l’ami sur celle de l’être aimé. À ce point de vue encore le bien et le mal demeurent, pour “l’indifférentiste”, des choses tout humaines, toutes subjectives, sans rapport fixe avec l’ensemble de l’univers », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 45.
22 « C’est l’indifférence de la nature au bien ou au mal qui intéresse la morale ; or, de cette indifférence une foule de raisons peuvent être données », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 42.
23 « La première [raison] est l’impuissance de la volonté humaine relativement au tout, dont elle ne peut pas changer d’une manière appréciable la direction », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 42.
24 « Une seconde raison que l’“indifférentisme” peut opposer à l’optimisme, c’est que le grand tout, dont nous ne pouvons la direction, n’a lui-même aucune direction morale ».
25 « L’effort universel ne ressemble guère à un travail régulier, ayant son but ; il y a longtemps qu’Héraclite l’a comparé à un jeu ; – ce jeu, c’est celui de la bascule, qui provoque si bien les éclats de rire des enfants. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 44. Guyau se réfère ici au fragment 52 d’Héraclite, que Pierre Hadot traduit ainsi : « l’Aîon est un enfant qui joue aux dés », Le voile d’Isis, page 32, et où Aîon peut désigner aussi bien le temps de la vie, le temps cosmique que le destin.
26 « Le vrai, je sais, fait souffrir ; Voir, c’est peut-être mourir ; N’importe ! ô mon œil, regarde ! », Vers d’un philosophe, La douce mort, page 44.
27 « Supprimer Dieu, serait-ce amoindrir l’univers ? / Les cieux sont-ils moins doux pour qui les croit déserts ? / Si les astres, traçant en l’air leur courbe immense, / M’emportent au hasard dans l’espace inconnu, / Si j’ignore où je vais et d’où je suis venu, / Si je souffre et meurs seul, du moins dans ma souffrance / Je me dis : - Nul ne sait, nul n’a voulu mes maux ; / S’il est des malheureux, il n’est pas de bourreaux, / Et c’est innocemment que la nature tue. / Je vous absous, soleil, espaces, ciel profond, / Étoiles qui glissez, palpitant dans la nue ! … / Ces grands êtres muets ne savent ce qu’ils font. », Vers d’un philosophe, Question, pages 65-66.
28 « Pour mieux dire, les lois de la nature, comme telles, sont immorales, ou, si l’on veut, a-morales, précisément parce qu’elles sont nécessaires ; elles sont d’autant moins saintes et sacrées, elles ont d’autant moins de sanction véritable, qu’elles sont en fait plus inviolables. L’homme n’y voit qu’une entrave mobile qu’il tâche de reculer. Toutes ses audaces contre la nature ne sont que des expériences heureuses ou malheureuses, et le résultat de ces expériences a une valeur scientifique, nullement morale », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 163.
29 « Au fond le véritable dieu adoré par le christianisme, c’est Jésus, c’est-à-dire une providence médiatrice chargée de réparer la dureté des lois naturelles, une providence qui ne donne rien que le bien et le bonheur, tandis que la nature distribue les biens et les maux avec une pleine indifférence. », L’irréligion de l’avenir, page 61.
30 « Entre les trois hypothèses d’une nature bonne, d’une nature mauvaise et d’une nature indifférente, comment choisir et décider ? », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 48.
31 « C’est une chimère que de donner pour but à l’homme : conforme-toi à la nature. Cette nature, nous ne savons pas ce qu’elle est. Kant a donc eu raison de dire qu’il ne faut pas demander à la métaphysique dogmatique une loi certaine de conduite. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 48.
32 « Il n’y a peut-être rien qui offre à l’œil et à la pensée une représentation plus complète et plus attristante du monde que l’océan […] On dirait parfois que la mer est animée, qu’elle palpite et respire, que c’est un cœur immense dont on voit le soulèvement puissant et tumultueux ; mais ce qui en elle désespère, c’est que tout cet effort, toute cette vie ardente est dépense en pure perte ; ce cœur de la terre bat sans espoir. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 45.
33 « Le vrai, je sais, fait souffrir : / Voir, c’est peut-être mourir. / Qu’importe ? ô mon œil, regarde ! », Vers d’un philosophe, La douce mort, page 44.
34 Vers d’un philosophe, Spinoza, page 194.
35 Nietzsche, Crépuscule des idoles, Maximes et flèches, §2.
36 « Je mets à part, avec un grand respect, le nom d’Héraclite. […] Héraclite conservera éternellement raison sur ce point que l’être est une fiction vide. Le monde “apparent” est le seul : le “vrai monde” n’est qu’ajouté par mensonge… », Nietzsche, Crépuscule des idoles, La « raison » en philosophie, §2, page 138.
37 Nietzsche, Le gai savoir, §109, pages 162-163.
38 Cette belle expression apparaît dans le Crépuscule des idoles, Les quatre grandes erreurs, §8, page 160, dans un contexte qui exprime bien l’entreprise de démystification que doit entreprendre le philosophe : « Que nul ne soit plus rendu responsable, que l’on n’ait plus le droit de ramener le mode d’être à une causa prima, que le monde ne soit plus une unité ni comme sensorium, ni comme “esprit”, c’est cela seul qui est la grande libération, – c’est par cela seul qu’est restaurée l’innocence du devenir… »
39 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 47.
40 Pierre Hadot, Le voile d’Isis, page 32.
41 Pierre Hadot, Le voile d’Isis, page 32.
42 Nietzsche, Troisième considération inactuelle, Schopenhauer éducateur, §2.
43 Montaigne, Essais, II, 12.
44 Dans Ecce homo, Pourquoi je suis si malin, §10, page 90, Nietzsche écrit ainsi « Je ne connais pas d’autre manière d’avoir commerce avec les grandes tâches que le jeu : c’est, pour indiquer la grandeur, une condition essentielle. La moindre contrainte, la mine sinistre, une quelconque dureté de ton dans la voix, autant d’objections contre un homme, a fortiori contre son œuvre ! »
45 Outre les analyses déjà présentées dans La morale d’Épicure, on trouve dans Éducation et hérédité des analyses sur le jeu qui vont dans le même sens.
Ainsi, par exemple : « Est-ce que la vie est un jeu ? Kant a eu raison de dire : “C’est une chose funeste d’habituer l’enfant à tout regarder comme un jeu… Il est d’une haute importance d’apprendre aux enfants à travailler : l’homme est le seul animal qui soit dans la nécessité de le faire.” […] La vie n’est autre chose qu’un travail et une soumission à des règles ; ne la représentez pas aux enfants comme un jeu de boules ou de quilles : ce serait les démoraliser et, au lieu de faire des hommes, préparer à la société de grands enfants. Celui qui ne sait que jouer et juge tout d’après son plaisir est un égoïste et un paresseux. », Éducation et hérédité, pages 119-120.
46 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 45.
47 Nietzsche, L’Antéchrist, §12, traduction modifiée.
48 « Qu’on ne s’y laisse pas tromper : les grands esprits sont des sceptiques. Zarathoustra est un sceptique. La force, la liberté issue de la puissance et du surplus de puissance de l’esprit se prouve par le scepticisme. », Nietzsche, L’Antéchrist, §54, page 116.
49 [19] [P. 75], in Esquisse, 2012, page 250.
50 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 45.
51 Par exemple dans ce fameux §109 du Gai savoir, pages 161-162 : « Gardons-nous déjà de croire que le tout est une machine ; il n’est certainement pas été construit pour atteindre un but, nous lui faisons bien trop d’honneur en lui appliquant le terme de “machine”. » ; ou encore le §8 du chapitre Les quatre grandes erreurs du Crépuscule des idoles, pages 159-160 : « C’est nous qui avons inventé le concept de “but” : dans la réalité, le but est absent… »
52 « Au fond du mécanisme universel, on peut supposer une sorte d’atomisme moral, la mise en lutte d’une infinité d’égoïsmes », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 44.
53 « Qu’importe au tout, qu’importe au profond océan ces peuples que promènent au hasard ses flots amers ? Lui-même nous donne le spectacle d’une guerre, d’une lutte sans trêve : ses lames qui se brisent et dont la plus forte recouvre et entraine la plus faible, nous représentant en raccourci l’histoire des mondes, l’histoire de la terre et de l’humanité. C’est pour ainsi dire l’univers devenu transparent aux yeux. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 47.
54 Nietzsche écrit « moi » à côté de ce passage : « L’océan, lui, ne travaille pas, ne produit pas, il s’agite ; il ne donne pas la vie, il la contient ; ou plutôt il la donne, et la retire avec la même indifférence : […] », [20] [p. 77] in Esquisse, 2012, page 250.
55 Friedrich Nietzsche, Fragments Posthumes XI 38 [12] (juin-juillet 1885), tr. Michel Haar et Marc B. de Launay, pages 343-344.
56 « L’aspiration à la destruction, au changement, au devenir peut être l’expression de la force surabondante, grosse d’avenir (mon terminus pour la désigner est, comme on le sait, le terme de “dionysiaque”) […] », Nietzsche, Le gai savoir, §370, page 335.
57 « Le dire oui à la vie jusque dans ses problèmes les plus singuliers et les plus durs ; la volonté de vie se réjouissant en sacrifiant ses types suprêmes à sa propre inépuisabilité – c’est cela que j’ai appelé dionysiaque, c’est en cela que j’ai deviné un pont conduisant à la psychologie du poète tragique. Non pas pour se libérer de la terreur et de la pitié, non pas pour se purger d’un affect dangereux en le faisant se décharger violemment […] mais pour au contraire, dépassant la terreur et la pitié, être soi-même le plaisir éternel du devenir, – ce plaisir qui englobe encore le plaisir pris à détruire… », Nietzsche, Crépuscule des idoles, Ce que je dois aux anciens, §5, page 223.
58 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 48.
59 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 215.
60 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 94. Remarquons à quel point Guyau appréhende la doctrine kantienne d’un point de vue non kantien : on sait en effet que Kant était hostile à la psychologie. Rappelons que dans les paralogismes de la Critique de la raison pure, Kant critique le projet d’une psychologie rationnelle, qui entend traiter de l’âme comme unité absolue du sujet pensant. Dès lors, la seule psychologie possible est empirique, partant a posteriori et contingente (le seul élément a priori est tautologique : « je pense »), et ne saurait constituer une science. En revanche, la morale de l’impératif catégorique prétend à l’universalité, à la nécessité – à l’instar de la logique. Aussi rapporter l’impératif catégorique à la psychologie revient à inverser le projet kantien. Comme le rappelle J. Cavaillès au début de son œuvre Sur la logique et la théorie de la science, Vrin, 1997, page 17 : « Recourir à la psychologie est-il dit dans le Cours de logique [de Kant] serait “aussi absurde que tirer la morale de la vie” ». Or, bien loin d’être absurde, le projet de comprendre la morale à partir du mouvement de la vie est bien celui de Guyau.
61 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 56.
62 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 58.
63 « Le devoir de croire n’existe donc que pour ceux qui croient déjà : en d’autres termes la foi, lorsqu’elle est donnée, donne elle-même, comme toute habitude puissante et enracinée, le sentiment d’obligation qui semble y être attaché ; mais l’obligation ne précède pas la foi, ne la commande pas, du moins rationnellement parlant. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 62.
64 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 63.
65 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 58.
66 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 67.
67 L’irréligion de l’avenir, page 371.
68 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 9.
69 Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, pages 8-9.
70 L’irréligion de l’avenir, page 437.
71 « Ainsi formulé, le sentiment religieux demeure ultra-scientifique, mais il n’est plus antiscientifique. », L’irréligion de l’avenir, page 440.
72 Patrick Tort, Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, in L’effet Darwin, page 77.
73 « Les consciences, arrivées toutes ensemble à un degré supérieur de complexité et d’unité interne, pourraient se pénétrer beaucoup plus intimement qu’aujourd’hui sans qu’aucune d’elles disparaît par cette pénétration. […] “Tout est un, un est tout” », L’irréligion de l’avenir, page 470.
74 « Si l’on suppose que l’union des consciences individuelles va sans cesse en se rapprochant de cet idéal, la mort de l’individu rencontrera évidemment une résistance toujours plus grande de la part des autres consciences qui voudront le retenir. », L’irréligion de l’avenir, page 471.
75 « Dans cette hypothèse, le problème serait d’être tout à la fois assez aimant et assez aimé pour vivre et survivre en autrui », L’irréligion de l’avenir, page 471.
76 « Le dix-neuvième siècle finira par des découvertes encore mal formulées, mais aussi importantes peut-être dans le monde moral que celles de Newton ou de Laplace dans le monde sidéral : attraction des sensibilités et des volontés, solidarité des intelligences, pénétrabilité des consciences. », L’art au point de vue sociologique, Préface, XLV.
77 « Certains de ces individus tiendraient l’un à l’autre, s’attacheraient assez pour ne se séparer jamais. S’il pouvait suffire de s’aimer assez pour s’unir ! Cette union serait alors l’éternité : l’amour nous rendrait éternels. », Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, page 22.