Suivre les idées maîtresses

1Après avoir présenté les principes qui régissent la compréhension des doctrines passées, il est temps désormais de nous intéresser au contenu proprement dit de cette histoire, laquelle est à la fois continue et polémique.

2Continue d’une part, car toute doctrine, en tant qu’elle est porteuse d’idées vivantes, tend à susciter l’enthousiasme de disciples qui la consacreront en tradition. Une idée maîtresse étant donnée, elle tend à devenir système sous l’effet résistant du milieu historique, qui met à l’épreuve sa viabilité par le jeu des objections, et la contraint, pour survivre, à tisser un réseau d’idées secondaires, à la manière d’une ceinture protectrice. Or les systèmes sont comme des organismes vivants, soumis, comme tout ce qui vit, à la règle de l’évolution – avec cette différence notable que les doctrines ne connaissent pas la finitude de l’individualité, et peuvent donc survivre à leur auteur voire à leur réfutation. Guyau écrit dans La mora