1 L’article a été repris dans le recueil Truth, Language and History, Clarendon Press, 2005, p. 107.
2 Même s'il peut être en même temps un piège pour l’historien.
3 Les Mots et les Choses, op. cit., 1990, chap. « L’homme et ses doubles », p. 318-323.
4 Ibid., p. 16.
5 Ibid., p. 31.
6 Archéologie du savoir, p. 134.
7 Ibid., p. 130.
8 De cette impossibilité pourrait témoigner la manière dont la définition de l’énoncé s’achève dans l’Archéologie du savoir sur un recours à l’intuition : « c’est une fonction d’existence qui appartient en propre aux signes et à partir de laquelle on peut décider, ensuite, par l’analyse ou l’intuition, selon quelles règles ils se succèdent… » (p. 115).
9 Puisque c’est le fini qui est désormais défini négativement, par une impossibilité. C’est, bien sûr, la caractérisation bolzanienne de l’infini comme ensemble susceptible d’une correspondance biunivoque avec l’une de ses parties propres.
10 Les Mots et les Choses, p. 77-78 : « Cependant, la propriété des signes la plus fondamentale pour l’épistémè classique n’a pas été énoncée jusqu’à présent (…) En lui le signifiant n’a pour tout contenu, toute fonction et toute détermination que ce qu’il représente : il lui est entièrement ordonné et transparent ; mais ce contenu n’est indiqué que dans une représentation qui se donne comme telle, et le signifié se loge sans résidu et sans opacité dans la représentation du signe ». Et plus loin, au début de la deuxième partie, Foucault évoque « cet événement profond qui, vers la fin du XVIIIe siècle a détaché de l’espace des représentations la possibilité de la synthèse. »
11 Dans des pages très étonnantes de l'Archéologie du savoir (p. 243-248),Foucault met explicitement les mathématiques hors de toute archéologie possible. C'est alors par cette exception nécessaire qu'il tente de garantir la positivité des règles. Là-dessus, voir Langage, Visibilité, Différence, op. cit., p. 305 à 325.
12 De là la tentation, dans les Mots et les Choses, d’aller chercher dans le savoir des lieux qui se tiendraient précisément aux points de pivotement de l’épistémè, là où coexistent en quelque sorte les règles de ce qui disparaît et celles de ce qui vient, comme s’il y avait dans ces points de passage la clé de l’épistémè, qui permettrait enfin d’en saisir la nature : rêve en même temps que l’épistémè se donne à voir là où la loi que le savoir énonce se lie à celle qui le régit. C’est, dans les Mots et les Choses, la place de la littérature. Dans les figures de Don Quichotte et du Marquis de Sade à l’aube et à la fin de l’épistémè classique, viennent tout à coup se nouer les deux versants de la loi dite et de la loi qui domine, dans une discordance qui montre en même temps l’épistémè en train de basculer dans celle qui la suit. Dans le Don Quichotte de Cervantès, il y a le récit d’un homme voué aux similitudes, et suivant tout entier la course des signes du semblable au semblable de l’ancienne épistémè, mais selon une expérience du langage qui suit la loi de la représentation et tourne en dérision le semblable. Dans la Juliette de Sade, il y a le tableau des sourdes puissances du désir, minant de l’intérieur la représentation et la renvoyant en silence à sa condition silencieuse et brûlante, selon une loi qui demeure pourtant encore celle de la représentation : « Juliette, elle, n’est rien de plus que le sujet de tous les désirs possibles ; mais ces désirs sont repris sans résidu dans la représentation qui les fonde raisonnablement en discours et les transforme volontairement en scènes ». En ces points de bascule, le récit raconte une loi qui n’est pas la sienne, et qu’il peut énoncer précisément parce qu’elle n’est pas la sienne et qu’il se tient pourtant sur sa rive. Si bien que c’est idéalement à l’instant du pivotement, au moment où l’épistémè s’efface derrière une autre qui la suit, qu’elle se dit dans le savoir, dans l’écart d’avec sa propre parole. En ce pivotement, la loi de l’épistémè est énoncée, elle peut bien être chose dite.
13 Martine Pécharman, « La signification dans la philosophie du langage d’Antoine Arnauld », dans Antoine Arnauld, philosophie du langage et de la connaissance, sous la direction de Jean-Claude Pariente, Vrin, 1995. Sylvain Auroux, La sémiotique des Encyclopédistes, Payot, 1979.
14 Les Mots et les Choses, p. 72.
15 Logique, I, IV, Flammarion, 1970, p. 80.
16 De sorte que Martine Pécharman rejoint d’une certaine manière Foucault en concluant son article par la citation suivante d’Arnauld, extraite de la Défense de M. Arnauld contre la réponse au livre Des vraies et des fausses idées, 1684. Dans celle-ci Arnauld affirme en effet des mots représenter et représentation qu’ils « ne conviennent proprement et premièrement qu’aux perceptions de l’esprit qui sont les représentations formelles de leurs objets, et ce n’est que par rapport à nos perceptions que les autres choses comme les tableaux, les images, les caractères de l’écriture, sont dit représenter ou sont appelés représentatifs » (Défense, cinquième partie, quinzième exemple). Ce qui répond à la fin du chapitre 4 des Mots et les Choses : « Si le signe, c’est la pure et simple liaison d’un signifiant et d’un signifié (liaison qui est arbitraire ou non, volontaire ou imposée, individuelle ou collective), de toute façon le rapport ne peut être établi que dans l’élément de la représentation : le signifiant et le signifié ne sont liés que dans la mesure où l’un et l’autre sont - ou ont été ou peuvent être - représentés, et où l’un représente actuellement l’autre » (p. 81).
17 Là-dessus, voir p. 70.