1 Il me semble que les considérations développées ici rencontrent en partie certaines propositions de Pierre Macherey sur l’histoire de la philosophie dans Avec Spinoza, PUF, 1992. Voir surtout le chapitre « Spinoza au présent », p. 12-18.
2 La Recherche de la vérité, III, 2e partie, chap. 1. Le texte sera cité dans l’édition de la Pléiade, Gallimard, 1979. Malebranche ajoute aussitôt : « afin que l’esprit aperçoive quelque objet, il est absolument nécessaire que l’idée de cet objet lui soit actuellement présente » (p. 320). Si bien que l’idée est en même temps pour l’âme objet et présence unie à elle.
3 Essai sur l’entendement humain, II, 8, § 8. La connaissance est alors « la vue que l’esprit a de ses propres idées » (IV, 2).
4 Locke, Essai, trad. Coste, Avant-propos, p. 6 : l’idée est « tout ce qui est l’objet de notre entendement lorsque nous pensons ». Malebranche, Recherche de la vérité, III-II-1 : « Par ce mot d'idée, je n'entends ici autre chose que ce qui est l'objet immédiat ou le plus proche de l'esprit lorsqu'il aperçoit quelque objet ».
5 Ibid.
6 C’est pourquoi l’étendue est ce qui dans les choses répond naturellement à la question de la vérité. La connaissance de la vérité, c’est en effet la perception d’un rapport, dont l’idée nous est présente à la manière dont nous sont présentes les idées des choses sensibles, « de sorte que toutes les opérations de l’entendement ne sont que pures perceptions » (I, chap. 2, p. 29).
7 Essai, II, 2.
8 Ibid., II, 12.
9 Là-dessus, il faut renvoyer aux analyses de Jean-Michel Vienne : « Locke et l’intentionnalité : le problème de Molyneux », Archives de philosophie, 55, 1992 ; et Marc Parmentier : Introduction à l’Essai sur l’entendement humain de Locke, PUF, 1999.
10 Locke, Essai, II, 9, § 8.
11 Marc Parmentier, ouvrage cité, p. 32.
12 Marc Parmentier recense dans son ouvrage les expressions qui rendent compte chez Locke de cette dimension intentionnelle.
13 Ibid., II, 9.
14 « Quand on ne regarde un certain objet que comme en représentant un autre, l’idée qu’on en a est une idée de signe », Arnauld et Nicole, op. cit., p. 80.
15 Locke, ibid., II, 9, p. 100.
16 Ibid., p. 100-101.
17 Ibid., II, 9, § 8.
18 Ibid., II, 29, § 4, p. 289.
19 Ibid., II, 29, § 6.
20 Ibid., II, 29, § 10.
21 Ibid., II, 29, § 8.
22 Ibid.
23 Ibid.
24 Ibid., II, 29, § 6.
25 Ibid., II, 29, § 11.
26 Ibid., III, 2, § 1.
27 En particulier : « quand vous aurez reçu le tableau, écrit le peintre à son ami et marchand Chantelou, je vous supplie si vous le trouvez bon de l’orner d’un peu de corniche car il en a besoin afin que, en le considérant en toutes ses parties, les rayons de l’œil soient retenus et non point épars au dehors », lettre du 28 avril 1639, dans Lettres et Propos sur l’art, éd. Anthony Blunt, Hermann, 1964. Voir aussi le livre de Louis Marin, Sublime Poussin, Le Seuil, 1995.
28 Ce serait, par exemple, dans le cas du tableau de Holbein, « Portrait de deux ambassadeurs devant qui flotte un os de seiche ».
29 Locke évoque ici les anamorphoses cylindriques, produites par la réflexion de miroirs courbes déformants. Le principe est différent de celui du tableau évoqué des Ambassadeurs, où c’est la latéralité du point de vue qui déforme l’image.
30 Selon la caractérisation que Locke donne de l’idée comme image dans la préface de l’Essai, trad. Coste, Vrin, 1998, p. XXXVI : « J’entends donc par une idée déterminée un certain objet dans l’esprit, et par conséquent un objet déterminé, c’est-à-dire tel qu’il y est vu et actuellement aperçu. C’est là je pense ce qu’on peut communément appeler une idée déterminée, lorsque telle qu’elle est objectivement dans l’esprit en quelque temps que ce soit, et qu’elle y est par conséquent déterminée, elle est attachée et fixée sans aucune variation à un certain nom ou son articulé ».
31 « Qu’est-ce donc qui fait que le premier tableau passe pour confus, si le manque de symétrie n’en est pas la cause, comme il ne l’est pas certainement, puisqu’un autre tableau, fait simplement à l’imitation de celui-là, ne serait point appelé confus » (Essai, II, 29, § 8).
32 « L’entendement ne ressemble pas mal à un cabinet entièrement obscur, qui n’aurait que quelques petites ouvertures pour laisser entrer par dehors les images extérieures et visibles, ou, pour ainsi dire, les idées des choses » (Essai, II, 11, § 17).
33 Ibid., IV, 1, § 2.
34 Ibid., IV, 2, § 1. La citation suivante est extraite du même passage.
35 Ibid., IV, 3, § 2.
36 “Agreement or disagreement”, IV, 2, p. 432. En II, 11, Locke faisait de la faculté de distinguer deux idées (« percevoir que deux idées sont les mêmes ou différentes entre elles ») un pouvoir particulier de l’esprit, différent de celui de la perception qui peut me donner une idée sans que je sache son identité avec une autre. C’est par cette faculté singulière que je distingue l’idée confuse et l’idée claire, ce que Locke élucide en II, 29.
37 Quelques lignes plus loin, c’est l’image de la vision du blanc et du noir de l’écriture sur la page qui vient figurer, dans le texte de Locke, le modèle de la connaissance intuitive. Et ce qui donne à voir cette vérité, c’est « la lumière réfléchie de dessus ce papier ». Lumière, écriture, réflexion.
38 Ibid., IV, 2, § 6.
39 « Après avoir été éloignée plusieurs fois, elle devient fort confuse », écrit Locke.
40 Ibid., IV, 7, p. 489 et suivantes. Dans ce chapitre sur les axiomes, Locke reprend sa critique des « idées innées ».
41 Ibid., IV, 7, § 6, p. 492.
42 On reconnaît pourtant dans la critique des idées innées chez Locke la réfutation d’une thèse cartésienne, ce qu’elle est sans aucun doute mais en partie seulement.
43 « À chaque pas que la raison fait dans une démonstration, il faut qu’elle aperçoive par une connaissance de simple vue la convenance ou disconvenance de chaque idée qui lie ensemble les idées entre lesquelles elle intervient pour montrer la convenance ou disconvenance des deux idées extrêmes » (IV, 2, § 7).
44 L’esprit « ne peut joindre ces idées dont il cherche la convenance et la disconvenance en sorte que cela seul la lui fasse connaître » (Ibid., IV, 2 § 2).
45 III, 29, § 5. Et, plus loin : « c’est là je pense la confusion qui convient aux idées, et qui a toujours un secret rapport aux noms ». Ce thème est récurrent dans l’Essai.
46 Voir ibid., préface, XXXVI.